Quand on a une maladie qu'aucun médecin n'arrive à diagnostiquer
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0:05 - 0:06Bonjour.
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0:08 - 0:09Merci.
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0:09 - 0:11[Jen Brea est sensible au bruit.
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0:11 - 0:14On a demandé au public d'applaudir
en langue des signes.] -
0:14 - 0:17C'est moi, il y a cinq ans.
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0:18 - 0:20Je faisais mon doctorat à Harvard,
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0:20 - 0:22et j'adorais voyager.
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0:22 - 0:26Je venais tout juste de me fiancer
à l'homme de ma vie. -
0:27 - 0:31J'avais 28 ans et, comme tant de gens
en bonne santé, -
0:31 - 0:33je me sentais invincible.
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0:34 - 0:38Et puis un jour, j'ai commencé
à avoir 40 de fièvre. -
0:39 - 0:41J'aurais sûrement dû consulter un médecin,
-
0:41 - 0:43mais je n'avais jamais
été vraiment malade de ma vie. -
0:43 - 0:46Je savais que
quand on attrape un virus, -
0:46 - 0:49il faut rester chez soi,
se faire une bonne soupe, -
0:49 - 0:51et attendre quelques jours
pour que ça passe. -
0:52 - 0:54Mais cette fois, ça n'est pas passé.
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0:56 - 0:57Après la fièvre,
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0:57 - 1:01de forts vertiges m'ont confinée chez moi
pendant trois semaines. -
1:01 - 1:04Je me cognais
dans les embrasures des portes. -
1:04 - 1:07Je devais me tenir au mur
juste pour aller aux toilettes. -
1:09 - 1:11Au printemps, j'ai fait
infection sur infection, -
1:12 - 1:14et à chaque visite chez le médecin,
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1:14 - 1:16il me disait que
je n'avais absolument rien. -
1:18 - 1:19Les analyses prescrites
-
1:19 - 1:21ne montraient jamais rien d'anormal.
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1:22 - 1:24J'avais pour seule preuve mes symptômes,
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1:24 - 1:26que je pouvais décrire,
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1:26 - 1:28mais qui étaient invisibles.
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1:29 - 1:31Ça semble idiot,
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1:31 - 1:34mais on a besoin de trouver
une explication à ce genre de choses -
1:34 - 1:38et donc, je me disais que
c'était parce que je vieillissais. -
1:38 - 1:42Voilà peut-être ce que ça donne
d'avoir plus de 25 ans. -
1:42 - 1:44(Rires)
-
1:45 - 1:47Et puis, les symptômes
neurologiques sont apparus. -
1:48 - 1:51Parfois, je me retrouvais à ne plus
savoir dessiner un simple cercle. -
1:52 - 1:56Parfois, je n'arrivais plus du tout
à parler ou à marcher. -
1:58 - 2:00J'ai vu tous les spécialistes :
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2:00 - 2:03maladies infectieuses,
dermatologues, endocrinologues -
2:03 - 2:04cardiologues.
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2:05 - 2:07J'ai même vu un psychiatre.
-
2:08 - 2:11Il m'a dit : « Il est évident
que vous êtes vraiment malade -
2:11 - 2:13mais ce n'est pas
une maladie psychiatrique. -
2:14 - 2:17J'espère qu'ils vont réussir à
trouver ce qu'il se passe. » -
2:18 - 2:22Le lendemain, mon neurologue
m'a diagnostiqué un trouble de conversion. -
2:23 - 2:25Il m'a dit que tout -
-
2:25 - 2:28les accès de fièvre, les maux de gorge,
les sinusites, -
2:29 - 2:32les symptômes gastro-intestinaux,
neurologiques et cardiaques - -
2:33 - 2:35tout venait d'un traumatisme lointain
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2:35 - 2:37dont je n'avais pas le souvenir.
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2:38 - 2:40Selon lui, les symptômes étaient réels
-
2:41 - 2:43mais n'avaient aucune cause organique.
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2:45 - 2:47J'allais devenir sociologue.
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2:47 - 2:50J'avais étudié les statistiques,
les probabilités, -
2:50 - 2:53les modèles mathématiques,
les plans expérimentaux. -
2:55 - 2:59J'avais l'impression de ne pas pouvoir
rejeter ce diagnostic de but en blanc. -
3:00 - 3:01Il ne me semblait pas vrai,
-
3:01 - 3:05mais je savais de par ma formation
que la vérité est souvent contre-intuitive, -
3:05 - 3:08si souvent éclipsée
par ce que nous voulons croire. -
3:09 - 3:11J'ai donc dû envisager la possibilité
qu'il avait raison. -
3:14 - 3:16Ce jour-là, j'ai fait une expérience.
-
3:17 - 3:20Je suis rentrée chez moi
en faisant les 3 km à pied, -
3:21 - 3:25mes jambes enveloppées dans une douleur
étrange, presque électrique. -
3:26 - 3:28J'ai médité,
-
3:28 - 3:32en contemplant l'hypothèse que mon esprit
puisse avoir créé tout ça. -
3:33 - 3:35Dès que je suis rentrée chez moi,
-
3:35 - 3:36je me suis effondrée.
-
3:37 - 3:40Mon cerveau et ma colonne vertébrale
étaient en feu. -
3:41 - 3:44Ma nuque était si raide
que je n'arrivais pas à baisser la tête -
3:45 - 3:47et le son le plus ténu -
-
3:47 - 3:49le froissement des draps,
-
3:49 - 3:52mon mari qui marchait
pieds nus dans la pièce à côté - -
3:52 - 3:54pouvait déclencher
une douleur insoutenable. -
3:56 - 3:58J'allais passer presque deux ans alitée.
-
3:59 - 4:02Comment mon médecin avait-il
pu se tromper à ce point ? -
4:03 - 4:05J'ai pensé à une maladie rare,
-
4:05 - 4:08à quelque chose que les médecins
ne connaissaient pas. -
4:08 - 4:09Et puis, grâce à internet,
-
4:09 - 4:12j'ai trouvé des milliers de gens
dans le monde entier -
4:12 - 4:14avec les mêmes symptômes,
-
4:14 - 4:16tout aussi isolés que moi,
-
4:16 - 4:17qu'on refusait aussi
de croire. -
4:18 - 4:19Certains travaillaient
-
4:19 - 4:22mais devaient rester au lit
sur leur temps libre -
4:22 - 4:24pour être en état de travailler
le lundi suivant. -
4:24 - 4:26A l'opposé du spectre,
-
4:26 - 4:28d'autres étaient si malades
-
4:28 - 4:31qu'ils vivaient dans le noir complet,
-
4:31 - 4:34incapables de supporter
le son d'une voix humaine -
4:34 - 4:36ou le toucher d'un être cher.
-
4:37 - 4:41On m'a diagnostiqué
une encéphalomyélite myalgique, -
4:43 - 4:46plus connue sous le nom de
syndrome de fatigue chronique. -
4:47 - 4:49A cause de ce nom, cela fait des années
-
4:49 - 4:51que l'on imagine généralement ça
-
4:52 - 4:53alors que cette maladie
-
4:53 - 4:56peut être aussi grave que ça.
-
4:57 - 4:59Le symptôme que nous avons tous,
-
4:59 - 5:03c'est que, lorsque nous nous fatiguons -
physiquement ou mentalement - -
5:03 - 5:05nous en payons le prix fort.
-
5:06 - 5:09Si mon mari va courir,
il risque seulement quelques courbatures. -
5:09 - 5:13Si je fais un tour dehors,
je risque l'alitement pendant une semaine. -
5:13 - 5:16C'est une vraie prison sur mesure.
-
5:16 - 5:19Je connais des danseurs
qui ne peuvent plus danser, -
5:19 - 5:21des comptables qui ne peuvent
plus compter, -
5:21 - 5:24des étudiants en médecine qui ne sont
jamais devenus médecins. -
5:24 - 5:27Peu importe ce que vous étiez autrefois,
-
5:27 - 5:29vous n'êtes plus la même personne.
-
5:29 - 5:31Cela fait quatre ans
-
5:31 - 5:34et je ne me suis toujours pas
totalement remise -
5:34 - 5:37de cette marche depuis
le cabinet du neurologue. -
5:39 - 5:42Selon les estimations, entre 15 et 30
millions de gens dans le monde -
5:42 - 5:43ont cette maladie.
-
5:44 - 5:47Aux États-Unis, d'où je viens,
c'est environ un million de gens. -
5:47 - 5:51Cela en fait une maladie deux fois plus
courante que la sclérose en plaques. -
5:52 - 5:55Ces gens peuvent vivre des années
dans l'état de quelqu'un -
5:55 - 5:57qui souffre d'insuffisance cardiaque.
-
5:57 - 6:0025% des patients sont
alités ou à mobilité réduite, -
6:01 - 6:05et 75 à 85% d'entre nous ne peuvent
même pas travailler à temps partiel. -
6:05 - 6:07Pourtant, les médecins
ne nous traitent pas -
6:08 - 6:10et la science ne nous étudie pas.
-
6:11 - 6:15Comment une maladie aussi courante
et aux effets aussi dévastateurs -
6:15 - 6:17a-t-elle pu être oubliée par la médecine ?
-
6:19 - 6:22Quand mon médecin a évoqué
un trouble psychosomatique, -
6:22 - 6:24il invoquait des théories
sur le corps des femmes -
6:25 - 6:27qui sont nées il y a plus de 2 500 ans.
-
6:27 - 6:29Le médecin romain Galien pensait
-
6:29 - 6:32que l'hystérie était causée
par le manque de sexe -
6:32 - 6:34chez les femmes très passionnées.
-
6:35 - 6:38Les Grecs pensaient que
l'utérus se desséchait, -
6:38 - 6:40et bougeait dans le corps
à la recherche d'humidité, -
6:40 - 6:42compressant les organes -
-
6:42 - 6:43oui -
-
6:45 - 6:47causant des symptômes
allant des émotions extrêmes -
6:47 - 6:50aux vertiges et à la paralysie.
-
6:51 - 6:53Le remède était le mariage
et la maternité. -
6:55 - 6:59Ces idées sont restées largement
inchangées jusqu'à la fin du XIXe siècle, -
6:59 - 7:03quand des neurologues ont essayé
de moderniser la théorie de l'hystérie. -
7:04 - 7:05Sigmund Freud pensait que
-
7:05 - 7:08l'inconscient pouvait créer
des symptômes physiques -
7:08 - 7:10lorsque des souvenirs ou des émotions
-
7:10 - 7:13étaient trop durs à gérer
pour la conscience. -
7:13 - 7:16Il convertissait ces émotions
en symptômes physiques. -
7:17 - 7:20Les hommes pouvaient donc
aussi être atteints -
7:20 - 7:22mais bien sûr, les femmes
restaient plus touchées. -
7:23 - 7:27Lorsque j'ai commencé à faire
des recherches sur ma propre maladie, -
7:27 - 7:30j'étais ébahie de voir
comme ces idées sont tenaces. -
7:31 - 7:32En 1934,
-
7:32 - 7:37198 médecins et infirmières
de l'hôpital de Los Angeles -
7:37 - 7:39sont tombés gravement malades.
-
7:39 - 7:43Ils présentaient une faiblesse musculaire,
une raideur de la nuque, de la fièvre - -
7:43 - 7:46exactement les mêmes symptômes que moi
au moment de mon diagnostic. -
7:47 - 7:50Les médecins pensaient
à une nouvelle forme de polio. -
7:50 - 7:53Depuis, on a documenté
plus de 70 épidémies -
7:53 - 7:54partout dans le monde
-
7:54 - 7:57d'une maladie post-infectieuse
très similaire. -
7:57 - 8:01Toutes ces épidémies touchaient
particulièrement les femmes -
8:01 - 8:05et avec le temps, quand la médecine
n'a pas réussi à identifier de cause, -
8:05 - 8:09elle a décidé qu'il s'agissait
d'hystérie collective. -
8:09 - 8:12Pourquoi cette idée était-elle
aussi persistante ? -
8:14 - 8:15A mon avis, il s'agit bien de sexisme
-
8:15 - 8:19mais je pense aussi que, fondamentalement,
les médecins veulent aider. -
8:19 - 8:21Ils veulent connaître la réponse
-
8:21 - 8:26et ce diagnostic leur permet de traiter
ce qui sinon serait incurable -
8:26 - 8:28et d'expliquer des maladies
qui n'ont pas d'explication. -
8:29 - 8:32Mais cette attitude peut
faire beaucoup de dégâts. -
8:32 - 8:36Dans les années 50, un psychiatre
du nom d'Eliot Slater -
8:36 - 8:40a étudié une cohorte de 85 patients,
tous supposés hystériques. -
8:41 - 8:45Neuf ans plus tard, 12 étaient morts
et 30 handicapés. -
8:45 - 8:48Beaucoup avaient en fait des maladies
comme la sclérose en plaques, -
8:48 - 8:50l'épilepsie ou des tumeurs cérébrales.
-
8:51 - 8:55En 1980, l'hystérie a officiellement été
rebaptisée « trouble de conversion ». -
8:56 - 8:59Quand mon neurologue m'a donné
ce diagnostic en 2012, -
8:59 - 9:02il répétait les mots de Freud,
-
9:02 - 9:03et même aujourd'hui,
-
9:03 - 9:07les femmes recoivent ce diagnostic
2 à 10 fois plus fréquemment. -
9:08 - 9:12Le problème,
avec cette théorie de l'hystérie, -
9:13 - 9:15c'est qu'elle est invérifiable.
-
9:15 - 9:17C'est, par définition,
l'absence de preuves, -
9:18 - 9:20et dans le cas de l'EM,
-
9:20 - 9:23les explications psychologiques
ont freiné la recherche médicale. -
9:23 - 9:27Partout dans le monde, l'EM est l'une
des maladies les moins étudiées. -
9:27 - 9:34Aux États-Unis, on dépense par an
2 500 dollars par patient atteint du SIDA, -
9:35 - 9:38250 dollars par patient atteint
d'une sclérose en plaques, -
9:38 - 9:41et seulement 5 dollars
par patient atteint d'une ME. -
9:42 - 9:44Ce n'était pas
la faute à pas de chance. -
9:44 - 9:46La malchance n'était pas le seul facteur.
-
9:46 - 9:50Cette ignorance au sujet de ma maladie
était un choix, -
9:50 - 9:54un choix de la part des institutions
censées nous protéger. -
9:56 - 9:58Nous ignorons pourquoi l'EM
semble parfois héréditaire, -
9:58 - 10:01pourquoi elle peut survenir
après une infection, -
10:01 - 10:05des entérovirus
à Epstein-Barr ou la fièvre Q, -
10:05 - 10:08ou pourquoi elle affecte
deux à trois fois plus souvent les femmes. -
10:09 - 10:12Et le problème va bien
au-delà de ma maladie. -
10:12 - 10:14Quand tout a commencé,
-
10:14 - 10:16d'anciens amis m'ont contactée.
-
10:16 - 10:19J'ai trouvé une cohorte
de jeunes femmes de plus de 25 ans -
10:19 - 10:21dont le corps s'effondrait.
-
10:22 - 10:25Il était frappant de constater
que personne ne nous prenait -
10:25 - 10:26vraiment au sérieux.
-
10:26 - 10:28J'ai entendu l'histoire d'une femme
-
10:28 - 10:30souffrant de sclérodermie,
-
10:30 - 10:33qu'on a ignorée pendant des années.
-
10:33 - 10:36Le retard de prise en charge
-
10:36 - 10:38a tellement endommagé son œsophage
-
10:38 - 10:40qu'elle ne pourra plus jamais remanger.
-
10:41 - 10:43Une femme qui souffrait
d'un cancer de l'ovaire -
10:43 - 10:46à qui on a dit que c'était juste
une ménopause précoce. -
10:47 - 10:49Une amie de fac,
-
10:49 - 10:53dont la tumeur cérébrale a été prise
pour de l'anxiété pendant des années. -
10:54 - 10:56Voici pourquoi je suis inquiète :
-
10:57 - 11:01depuis les années 50, la prévalence de
bien des maladies auto-immunes -
11:01 - 11:03a doublé, voire triplé.
-
11:03 - 11:0645% des patients à qui
on finit par diagnostiquer -
11:06 - 11:08une maladie auto-immune
-
11:08 - 11:10sont initialement accusés d'hypocondrie.
-
11:11 - 11:14Comme pour l'hystérie d'autrefois,
il s'agit de sexisme -
11:14 - 11:16et de qui nous voulons bien croire.
-
11:17 - 11:2070% des cas de maladie auto-immune
sont des femmes, -
11:21 - 11:24et dans le cas de certaines maladies,
le chiffre monte à 90%. -
11:25 - 11:28Bien que ces maladies affectent
bien plus les femmes, -
11:28 - 11:30elles ne sont pas les seules concernées.
-
11:30 - 11:34L'EM touche des enfants
et des millions d'hommes. -
11:34 - 11:35Et comme un patient me l'a dit,
-
11:35 - 11:37ça va dans les deux sens -
-
11:37 - 11:40on dit aux femmes
qu'elles exagèrent, -
11:40 - 11:44et aux hommes
qu'ils doivent s'endurcir, se blinder. -
11:45 - 11:48Les hommes ont peut-être encore
plus de mal à obtenir un diagnostic. -
11:57 - 12:00Mon cerveau n'est plus ce qu'il était.
-
12:14 - 12:16Il y a aussi du positif :
-
12:17 - 12:19malgré tout, j'ai encore de l'espoir.
-
12:20 - 12:24Tant de maladies étaient autrefois
considérées comme psychologiques -
12:24 - 12:27jusqu'à ce que la science découvre
leur mécanisme biologique. -
12:27 - 12:30Les épileptiques pouvaient
être internés de force -
12:30 - 12:35avant que l'EEG ne puisse mesurer
les anomalies électriques cérébrales. -
12:35 - 12:40La sclérose en plaques pouvait être prise
pour de l'hystérie -
12:40 - 12:43avant que le scanner et l'IRM
ne découvrent les lésions cérébrales. -
12:44 - 12:46Récemment, nous pensions
-
12:46 - 12:48que seul le stress causait
les ulcères de l'estomac -
12:48 - 12:51avant de découvrir qu'H.pylori
était le coupable. -
12:53 - 12:56L'EM n'a jamais bénéficié
du même effort de recherche -
12:56 - 12:58que d'autres maladies
-
12:58 - 13:00mais tout ça est en train de changer.
-
13:01 - 13:04En Allemagne, des chercheurs ont
trouvé des preuves d'auto-immunité, -
13:04 - 13:06et au Japon, d'inflammation cérébrale.
-
13:07 - 13:11Aux Etats-Unis, des chercheurs de Stanford
ont trouvé des anomalies -
13:11 - 13:12du métabolisme énergétique
-
13:12 - 13:16qui sont 16 fois supérieures à la normale.
-
13:16 - 13:21Et en Norvège, des chercheurs
mènent un essai clinique -
13:21 - 13:25sur un médicament anti-cancer qui
peut entraîner une rémission totale. -
13:26 - 13:28Ce qui me donne aussi de l'espoir,
-
13:29 - 13:30c'est la résilience des patients.
-
13:32 - 13:34Sur internet, on s'est réunis
-
13:34 - 13:36et on s'est raconté notre vécu.
-
13:37 - 13:40On a dévoré la recherche existante.
-
13:41 - 13:43On a fait des expériences sur nous-mêmes.
-
13:43 - 13:46On a endossé le rôle de chercheur,
de médecin -
13:46 - 13:48parce qu'on n'avait pas d'autre choix.
-
13:48 - 13:52Et très lentement, j'ai progressé
-
13:52 - 13:54jusqu'à ce que finalement, les bons jours,
-
13:54 - 13:56je sois capable de sortir de chez moi.
-
13:58 - 14:00J'étais encore forcée
de faire des choix absurdes. -
14:01 - 14:04Aujourd'hui, je sors un peu dans le jardin
ou bien je me lave les cheveux. -
14:05 - 14:07Mais ça m'a redonné espoir.
-
14:08 - 14:10Mon corps était malade, c'est tout.
-
14:11 - 14:14Et peut-être qu'avec le bon traitement,
je pourrais un jour aller mieux. -
14:16 - 14:19Je me suis unie à d'autres patients
du monde entier -
14:20 - 14:21et ensemble, on se bat.
-
14:22 - 14:25Nous avons changé le vide
en quelque chose de merveilleux, -
14:26 - 14:27mais tout ça ne suffit pas.
-
14:29 - 14:32Je ne sais toujours pas si je pourrai
un jour reprendre la course à pied -
14:32 - 14:34ou même marcher,
-
14:35 - 14:38ou bouger comme j'en rêve la nuit.
-
14:39 - 14:42Mais je suis si reconnaissante
de tout le chemin parcouru. -
14:44 - 14:46La route est longue,
-
14:46 - 14:47on va mieux,
-
14:48 - 14:49puis moins bien,
-
14:49 - 14:54mais mon état s'améliore un peu
de jour en jour. -
14:54 - 14:58Je me souviens de tout ce temps
que j'ai passé coincée au fond de mon lit, -
14:58 - 15:01quand je n'avais pas vu la lumière du jour
depuis des mois. -
15:03 - 15:06Je croyais que j'allais mourir comme ça.
-
15:07 - 15:09Et pourtant, me voici, aujourd'hui
-
15:09 - 15:10avec vous,
-
15:11 - 15:13et ça, c'est un vrai miracle.
-
15:16 - 15:20Je ne sais pas ce qui serait arrivé
si j'avais été moins chanceuse, -
15:20 - 15:23si j'étais tombée malade avant internet,
-
15:23 - 15:25si je n'avais pas trouvé ma tribu.
-
15:26 - 15:28Je me serais déjà probablement suicidée,
-
15:29 - 15:31comme tant d'autres avant moi.
-
15:32 - 15:35Combien de vies aurions-nous
pu sauver, il y a des années, -
15:36 - 15:38si nous avions posé les bonnes questions ?
-
15:39 - 15:41Combien pourrait-on en sauver aujourd'hui
-
15:42 - 15:44si l'on décidait de changer les choses ?
-
15:45 - 15:48Même quand on découvrira
la véritable cause de ma maladie, -
15:49 - 15:52si nous ne changeons pas
nos institutions, notre culture, -
15:52 - 15:55nous recommencerons
avec une autre maladie. -
15:56 - 15:58Vivre avec cette maladie m'a appris
-
15:58 - 16:00que la science et la médecine
sont fondamentament humaines. -
16:01 - 16:03Les médecins, les scientifiques
et les décideurs -
16:04 - 16:07ne sont pas immunisés
contre les biais cognitifs -
16:08 - 16:09qui nous affectent tous.
-
16:11 - 16:14Il faut nuancer notre vision
de la santé des femmes. -
16:15 - 16:19Notre système immunitaire est
tout autant un enjeu féministe -
16:19 - 16:20que le reste de notre corps.
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16:21 - 16:23Il faut écouter les patients,
-
16:24 - 16:27et être capable de dire :
« Je ne sais pas. » -
16:28 - 16:30Oser dire « Je ne sais pas »,
c'est formidable. -
16:31 - 16:34C'est là que les découvertes naissent.
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16:35 - 16:37Si nous réussissons à envisager
-
16:37 - 16:41l'étendue de notre ignorance,
-
16:41 - 16:43alors, plutôt que de la craindre,
-
16:43 - 16:46nous pourrons accueillir
cette incertitude avec émerveillement. -
16:46 - 16:47Merci.
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16:52 - 16:53Merci.
- Title:
- Quand on a une maladie qu'aucun médecin n'arrive à diagnostiquer
- Speaker:
- Jen Brea
- Description:
-
Il y a 5 ans, Jen Brea a progressivement développé une encéphalomyélite myalgique, que l'on connaît plus généralement sous le nom de syndrome de fatigue chronique. Cette maladie invalidante a un impact sévère sur le quotidien et, les mauvais jours, va jusqu'à rendre insupportable le simple bruit du froissement des draps. Dans cette conférence poignante, Jen Brea décrit les obstacles rencontrés dans la recherche d'un traitement à sa maladie, dont les causes fondamentales et les effets physiques sont toujours mal compris, ainsi que son projet de filmer et documenter la vie des patients que la médecine peine à traiter.
- Video Language:
- English
- Team:
closed TED
- Project:
- TEDTalks
- Duration:
- 17:43
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eric vautier approved French subtitles for What happens when you have a disease doctors can't diagnose | |
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eric vautier edited French subtitles for What happens when you have a disease doctors can't diagnose | |
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Francois POTTIEZ commented on French subtitles for What happens when you have a disease doctors can't diagnose | |
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olivier masson commented on French subtitles for What happens when you have a disease doctors can't diagnose | |
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Francois POTTIEZ accepted French subtitles for What happens when you have a disease doctors can't diagnose | |
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Francois POTTIEZ edited French subtitles for What happens when you have a disease doctors can't diagnose | |
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Emma Yanatchkov edited French subtitles for What happens when you have a disease doctors can't diagnose | |
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olivier masson
c'est quasi fini on dirait ^^
Francois POTTIEZ
OUi effectivement