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Les inventions de la mémoire

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    Je voudrais vous parler d'un cas juridique
    sue lequel j’ai travaillé
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    impliquant un homme nommé Steve Titus.
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    Titus était responsable d’un restaurant.
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    Il avait 31 ans, il vivait à Seattle
    dans l'état de Washington,
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    il était fiancé à Gretchen,
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    il allait se marier, elle était l'amour de sa vie.
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    Et une nuit, le couple est sorti
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    pour un diner romantique.
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    Sur la route du retour,
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    ils ont été arrêtés par un policier.
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    La voiture de Titus ressemblait un peu à
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    une voiture conduite plus tôt dans la soirée
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    par un homme qui avait violé
    une femme qui faisait l’autostop,
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    et Titus ressemblait un peu à ce violeur.
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    La police a pris une photo de Titus,
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    ils l'ont mise dans une série de photos,
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    qu’ils ont ensuite montrée à la victime,
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    et elle a identifié Titus.
  • 0:54 - 0:58
    Elle a dit, « C’est celui
    qui lui ressemble le plus. »
  • 0:58 - 1:02
    La police et l’accusation sont
    allés en justice.
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    et lorsque Steve Titus a été jugé pour viol,
  • 1:05 - 1:07
    la victime a témoigné
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    et a dit, « je suis absolument sûre
    que c’est cet homme. »
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    Et Titus a été déclaré coupable.
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    Il a proclamé son innocence,
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    sa famille a crié aux jurés,
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    sa fiancée s'est effondrée en sanglotant,
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    et Titus a été emmené en prison.
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    Alors que feriez-vous à ce stade ?
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    Que feriez-vous ?
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    Eh bien, Titus a perdu toute foi
    dans le système juridique,
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    et pourtant il a eu une idée.
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    Il a appelé le journal local,
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    il a retenu l'attention
    d'un journaliste d'investigation,
  • 1:42 - 1:47
    et ce journaliste a effectivement
    trouvé le véritable violeur,
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    un homme qui a finalement
    avoué le viol,
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    un homme qui était soupçonné
    avoir commis 50 viols
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    dans la région,
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    et quand cette information
    a été donnée au juge,
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    le juge a libéré Titus.
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    C’est là où cette affaire aurait dû se terminer.
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    Elle aurait dû se terminer.
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    Titus aurait dû voir ça comme une année horrible,
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    une année d’accusation et de procès, mais terminée.
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    Ça ne s’est pas terminé comme ça.
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    Titus était si amer.
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    Il avait perdu son emploi.
    Il n’a pas pu le récupérer.
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    Il a perdu sa fiancée.
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    Elle n'a pas pu supporter
    sa colère persistante.
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    Il a perdu toutes ses économies,
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    et il a décidé d'intenter un procès
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    contre la police et ceux qu’il selon lui
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    étaient responsables de sa souffrance.
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    Et c'est là que j' ai vraiment commencé
    à travailler sur cette affaire,
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    pour essayer de comprendre
  • 2:41 - 2:43
    comment cette victime était passée de
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    « C’est celui qui lui ressemble le plus »
  • 2:44 - 2:49
    à « Je suis absolument sûre que c’est lui. »
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    Titus était dévoré par son affaire civile.
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    Il y pensait à chaque instant,
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    et quelques jours avant le jour du procès
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    il s'est réveillé un matin,
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    plié en deux par la douleur,
  • 3:03 - 3:06
    et est mort d'une crise cardiaque liée au stress.
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    Il était âgé de 35 ans.
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    Alors on m'a demandé
    de travailler sur le cas de Titus
  • 3:14 - 3:17
    parce que je suis psychologue scientifique.
  • 3:17 - 3:20
    J'étudie la mémoire.
    J'étudie la mémoire depuis des décennies.
  • 3:20 - 3:24
    Si je rencontre quelqu'un dans un avion --
  • 3:24 - 3:26
    c’est arrivé en venant ici en cosse --
  • 3:26 - 3:28
    si je rencontre quelqu'un dans un avion,
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    quand on se demande mutuellement
    ce qu'on fait dans la vie,
  • 3:31 - 3:32
    je dis que j'étudie la mémoire.
  • 3:32 - 3:36
    En général, il veut me raconter le mal qu’il a
    à se souvenir des noms,
  • 3:36 - 3:38
    ou il a un parent atteint d'Alzheimer
  • 3:38 - 3:40
    ou une sorte de problème de mémoire,
  • 3:40 - 3:43
    mais je dois lui dire
  • 3:43 - 3:46
    que je n'étudie pas ce que les gens oublient.
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    J'étudie le contraire : quand ils se souviennent,
  • 3:49 - 3:52
    quand ils souviennent de ce qui n'est pas arrivé
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    ou se souviennent de choses différentes
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    de ce qui est vraiment arrivé.
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    J'étudie les faux souvenirs.
  • 4:01 - 4:05
    Malheureusement, Steve Titus
    n'est pas la seule personne
  • 4:05 - 4:09
    déclarée coupable sur la base de faux souvenirs.
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    Dans une cité aux États-Unis,
  • 4:13 - 4:15
    on a recueilli des informations
  • 4:15 - 4:19
    sur 300 personnes innocentes
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    300 accusés reconnus coupables
    de crimes qu'ils n'ont pas commis.
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    Ils ont fait 10, 20, 30 ans
    de prison pour ces crimes,
  • 4:28 - 4:30
    et maintenant les tests ADN ont prouvé
  • 4:30 - 4:33
    qu'ils sont en fait innocents.
  • 4:33 - 4:36
    Lorsque ces cas ont été analysés,
  • 4:36 - 4:38
    trois quarts d'entre eux
  • 4:38 - 4:44
    étaient dus à une mémoire défaillante
    de témoins oculaires.
  • 4:44 - 4:45
    Eh bien, pourquoi ?
  • 4:45 - 4:48
    Comme les jurés qui ont condamné
    ces innocents
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    et les jurés qui ont reconnu Titus coupable,
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    beaucoup de gens croient que la mémoire
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    fonctionne comme un appareil d'enregistrement.
  • 4:54 - 4:57
    Vous enregistrez l'information,
  • 4:57 - 4:59
    puis vous la récupérez et vous la repassez
  • 4:59 - 5:03
    lorsque vous voulez répondre à
    des questions ou identifier des images.
  • 5:03 - 5:05
    Mais des décennies de travail en psychologie
  • 5:05 - 5:08
    ont montré que ce n'est tout simplement pas vrai.
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    Nos souvenirs sont constructifs.
  • 5:11 - 5:12
    Ils sont reconstructifs.
  • 5:12 - 5:16
    Nos souvenirs fonctionnent un peu
    comme une page de Wikipédia :
  • 5:16 - 5:21
    vous pouvez les changer,
    mais d’autres peuvent le faire aussi.
  • 5:21 - 5:26
    J'ai commencé à étudier
    ce processus de mémoire constructive
  • 5:26 - 5:28
    dans les années 1970.
  • 5:28 - 5:33
    J'ai fait mes expériences en montrant à des personnes
  • 5:33 - 5:35
    des accidents et des crimes simulés
  • 5:35 - 5:39
    et à leur poser des questions
    sur ce dont ils se souviennent.
  • 5:39 - 5:43
    Dans une étude, nous avons montré
    une simulation d'accident
  • 5:43 - 5:44
    et nous avons demandé,
  • 5:44 - 5:47
    à quelle vitesse allaient les voitures lors de l’impact.
  • 5:47 - 5:49
    Et nous avons demandé à d’autres personnes,
  • 5:49 - 5:52
    à quelle vitesse allaient les voitures lors du choc.
  • 5:52 - 5:55
    Et en posant la question du « choc »,
  • 5:55 - 5:59
    les témoins nous disaient
    que les voitures allaient plus vite,
  • 5:59 - 6:03
    et qui plus est, sur la question du choc
  • 6:03 - 6:05
    les personnes avaient plus de probabilité de dire
  • 6:05 - 6:08
    qu'ils avaient vu des éclats de verre
    sur les lieux de l'accident
  • 6:08 - 6:12
    là où il n’y avait pas de verre du tout.
  • 6:12 - 6:15
    Dans une autre étude, nous avons
    montré une simulation d'accident
  • 6:15 - 6:19
    où une voiture traversait un croisement
    avec un panneau stop,
  • 6:19 - 6:24
    et si nous posions la question qui insinuait
    qu’il y avait un panneau « cédez le passage »,
  • 6:24 - 6:28
    de nombreux témoins disaient
    avoir vu le panneau « cédez le passage »
  • 6:28 - 6:31
    au croisement, pas un panneau stop.
  • 6:31 - 6:33
    Et vous pensez peut-être,
  • 6:33 - 6:35
    que ce sont des événements filmés,
  • 6:35 - 6:36
    ils ne sont pas particulièrement stressants.
  • 6:36 - 6:39
    Est-ce qu’avec un évènement vraiment stressant
  • 6:39 - 6:42
    on aurait le même genre d’erreurs ?
  • 6:42 - 6:45
    Dans une étude publiée il y a quelques mois
  • 6:45 - 6:48
    nous avons une réponse à cette question,
  • 6:48 - 6:50
    parce que ce qui était inhabituel
    dans cette étude
  • 6:50 - 6:56
    c’est que nous avons fait en sorte
    qu'elle soit très stressante pour les gens.
  • 6:56 - 6:58
    Les sujets de cette étude
  • 6:58 - 7:01
    étaient membres de l’armée américaine
  • 7:01 - 7:05
    qui subissaient un exercice d'entraînement
    particulièrement pénible
  • 7:05 - 7:08
    destiné à leur apprendre ce que c'est
  • 7:08 - 7:12
    que d'être prisonniers de guerre.
  • 7:12 - 7:14
    Et dans le cadre de cet exercice d'entraînement,
  • 7:14 - 7:18
    ces soldats sont interrogés de manière
  • 7:18 - 7:23
    agressive, hostile et physiquement violente
    pendant 30 minutes,
  • 7:23 - 7:26
    et par la suite ils doivent essayer d'identifier
  • 7:26 - 7:29
    la personne qui a conduit l'interrogatoire.
  • 7:29 - 7:33
    En leur donnant des suggestions
  • 7:33 - 7:35
    qui insinuaient que c'était
    une personne différente,
  • 7:35 - 7:39
    beaucoup d'entre eux
    se trompaient sur leur interrogateur,
  • 7:39 - 7:43
    en identifiant souvent quelqu'un
    qui ne ressemblait pas du tout
  • 7:43 - 7:46
    au véritable interrogateur.
  • 7:46 - 7:49
    Et donc ce que montrent ces études
  • 7:49 - 7:52
    c'est qu’en passant de fausses informations
  • 7:52 - 7:56
    sur certaines expériences
    qu'ils auraient pu avoir,
  • 7:56 - 8:01
    vous pouvez déformer, contaminer
    ou changer leurs souvenirs.
  • 8:01 - 8:04
    Eh bien dans le monde réel,
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    la désinformation est partout.
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    Nous avons de la désinformation
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    non seulement en interrogeant
    d’une certaine façon
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    mais si nous parlons à d’autres témoins
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    qui pourraient consciemment
    ou par mégarde nous passer
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    des informations erronées,
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    ou si nous voyons une couverture médiatique
    sur certains événements que nous aurions pu vivre,
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    tout cela rend possible
  • 8:26 - 8:30
    ce genre de contamination de la mémoire.
  • 8:30 - 8:34
    Dans les années 90, nous avons commencé à voir
  • 8:34 - 8:39
    un genre encore plus extrême
    de problème de mémoire.
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    Certains patients allaient
    en thérapie avec un problème --
  • 8:42 - 8:45
    peut-être souffraient-ils de dépression,
    d'un trouble de l'alimentation --
  • 8:45 - 8:48
    et ils sortaient de la thérapie
  • 8:48 - 8:50
    avec un problème différent.
  • 8:50 - 8:54
    Des souvenirs extrêmes
    d’horribles traitements violents,
  • 8:54 - 8:56
    parfois dans des rituels sataniques,
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    parfois avec des éléments
    vraiment bizarres et inhabituels.
  • 9:01 - 9:03
    Une femme est sortie de la psychothérapie
  • 9:03 - 9:06
    croyant qu'elle avait enduré des années
  • 9:06 - 9:09
    d’abus ritualistes,
    où elle avait été forcée à la grossesse
  • 9:09 - 9:12
    et que le bébé a été prélevé de son ventre.
  • 9:12 - 9:14
    Mais il n'y avait aucune cicatrice physique
  • 9:14 - 9:16
    ni aucun genre de preuve physique
  • 9:16 - 9:19
    qui aurait pu étayer son histoire.
  • 9:19 - 9:22
    En commençant à analyser ces cas,
  • 9:22 - 9:24
    je me suis demandé,
  • 9:24 - 9:26
    d'où viennent ces souvenirs bizarres ?
  • 9:26 - 9:30
    Et c'est ce que j'ai découvert
    c’est que la plupart de ces situations
  • 9:30 - 9:36
    sont associées à une forme
    particulière de psychothérapie.
  • 9:36 - 9:38
    Alors j'ai demandé,
  • 9:38 - 9:41
    si certaines choses liées à cette psychothérapie,
  • 9:41 - 9:44
    comme les exercices d'imagination
  • 9:44 - 9:46
    ou l'interprétation des rêves,
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    ou l’hypnose dans certains cas,
  • 9:48 - 9:52
    ou dans certains cas une exposition
    à de fausses informations,
  • 9:52 - 9:55
    entraînaient ces patients
  • 9:55 - 9:57
    à développer
  • 9:57 - 10:00
    ces souvenirs improbables très bizarres.
  • 10:00 - 10:02
    J'ai conçu une série d'expériences
  • 10:02 - 10:07
    pour essayer d'étudier les processus utilisés
  • 10:07 - 10:10
    dans cette psychothérapie pour pouvoir étudier
  • 10:10 - 10:14
    le développement de ces faux souvenirs très complexes.
  • 10:14 - 10:16
    Dans l'une des premières études
    que nous avons faites,
  • 10:16 - 10:19
    nous avons utilisé la suggestion,
  • 10:19 - 10:23
    une méthode inspirée de la psychothérapie
    que nous avons vue dans ces cas,
  • 10:23 - 10:25
    nous avons utilisé ce genre de suggestion
  • 10:25 - 10:27
    et implanté un faux souvenir
  • 10:27 - 10:30
    où lorsque vous étiez enfant,
    à cinq ou six ans,
  • 10:30 - 10:32
    vous vous êtes perdus dans un centre commercial.
  • 10:32 - 10:35
    Vous avez eu peur. Vous avez pleuré.
  • 10:35 - 10:37
    Une personne âgée vous a finalement sauvé
  • 10:37 - 10:39
    et ramené à votre famille.
  • 10:39 - 10:42
    Nous avons réussi à implanter ce souvenir
  • 10:42 - 10:46
    dans l'esprit d'environ un quart de nos sujets.
  • 10:46 - 10:48
    Et vous pourriez penser,
  • 10:48 - 10:50
    que ce n'est pas particulièrement stressant.
  • 10:50 - 10:53
    Mais, avec d’autres enquêteurs,
    nous avons implanté
  • 10:53 - 10:56
    de faux souvenirs de choses qui étaient
  • 10:56 - 10:59
    beaucoup plus rares et stressantes.
  • 10:59 - 11:02
    Ainsi, dans une étude réalisée au Tennessee,
  • 11:02 - 11:04
    des chercheurs ont implanté le faux souvenir
  • 11:04 - 11:07
    où lorsque vous étiez enfant,
    vous vous êtes presque noyés
  • 11:07 - 11:09
    et vous avez dû être secouru par un sauveteur.
  • 11:09 - 11:11
    Dans une étude effectuée au Canada,
  • 11:11 - 11:14
    les chercheurs ont implanté le faux souvenir
  • 11:14 - 11:15
    où lorsque vous étiez enfant,
  • 11:15 - 11:19
    vous avez été attaqué
  • 11:19 - 11:20
    par un animal féroce,
  • 11:20 - 11:24
    avec succès sur environ la moitié des sujets.
  • 11:24 - 11:26
    Dans une étude réalisée en Italie,
  • 11:26 - 11:29
    les chercheurs ont implanté le faux souvenir,
  • 11:29 - 11:34
    où lorsque vous étiez enfant,
    vous avez assisté à une possession diabolique.
  • 11:34 - 11:36
    Je veux ajouter qu’il semblerait
  • 11:36 - 11:40
    que nous traumatisons ces sujets d’expérience
  • 11:40 - 11:42
    au nom de la science,
  • 11:42 - 11:46
    mais nos études ont passé
    une évaluation approfondie
  • 11:46 - 11:48
    de comités d'éthique de recherche
  • 11:48 - 11:50
    qui ont pris la décision
  • 11:50 - 11:54
    que l'inconfort temporaire que certains
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    de ces sujets ont pu rencontrer
    au cours de ces études
  • 11:57 - 12:01
    est compensé par l'importance de ce problème
  • 12:01 - 12:04
    de compréhension des processus de la mémoire
  • 12:04 - 12:07
    et la maltraitance de la mémoire qui se produit
  • 12:07 - 12:10
    dans certains endroits du monde.
  • 12:10 - 12:13
    Eh bien, à ma grande surprise,
  • 12:13 - 12:17
    quand j'ai publié ce travail
    et j’ai commencé à m'exprimer
  • 12:17 - 12:21
    contre ce type particulier de psychothérapie,
  • 12:21 - 12:25
    ça m’a créé de gros problèmes :
  • 12:25 - 12:30
    de l'hostilité, principalement de la part
    des thérapeutes des souvenirs refoulés,
  • 12:30 - 12:31
    qui se sont senti attaqués,
  • 12:31 - 12:35
    et par les patients qu’ils avaient influencés.
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    J'avais parfois des gardes armés aux discours
  • 12:38 - 12:40
    que j’étais invitée à donner,
  • 12:40 - 12:44
    des gens qui tentaient d'organiser
    des pétitions pour me faire licencier.
  • 12:44 - 12:46
    Mais sans doute le pire
  • 12:46 - 12:49
    est que je soupçonne qu’une femme
  • 12:49 - 12:51
    n’était pas coupable des violences
  • 12:51 - 12:54
    dont l’accusait sa fille adulte.
  • 12:54 - 12:57
    Elle accusait sa mère d'abus sexuels
  • 12:57 - 12:59
    en se basant sur un souvenir refoulé.
  • 12:59 - 13:02
    Et cette fille accusatrice
    avait permis que son histoire
  • 13:02 - 13:05
    soit filmée et présentée dans des lieux publics.
  • 13:05 - 13:08
    J'avais des doutes sur cette histoire,
  • 13:08 - 13:10
    alors j'ai commencé à enquêter,
  • 13:10 - 13:15
    et finalement j’ai trouvé
    les informations qui m'ont convaincue
  • 13:15 - 13:17
    que cette mère était innocente.
  • 13:17 - 13:20
    J'ai publié un exposé sur l'affaire,
  • 13:20 - 13:23
    et un peu plus tard, la fille accusatrice
  • 13:23 - 13:25
    a déposé plainte.
  • 13:25 - 13:27
    Même si je n'avais jamais mentionné son nom,
  • 13:27 - 13:32
    elle m'a poursuivi pour diffamation
    et violation de vie privée.
  • 13:32 - 13:34
    Et j’ai passé près de cinq ans
  • 13:34 - 13:41
    à traiter ce contentieux compliqué et désagréable,
  • 13:41 - 13:45
    mais enfin c'était fini et j'ai pu vraiment
  • 13:45 - 13:47
    en revenir à mon travail.
  • 13:47 - 13:49
    Cependant, dans le processus,
    je suis devenue partie
  • 13:49 - 13:52
    d'une tendance inquiétante en Amérique
  • 13:52 - 13:54
    où les scientifiques sont poursuivis
  • 13:54 - 13:59
    simplement en parlant de sujets
    publiquement très controversés.
  • 13:59 - 14:02
    Quand je me suis remise à mon travail,
    j'ai posé cette question :
  • 14:02 - 14:05
    si j’implante un faux souvenir dans votre esprit,
  • 14:05 - 14:06
    cela a-t-il des répercussions ?
  • 14:06 - 14:08
    Cela affecte-t-il vos pensées,
  • 14:08 - 14:10
    vos comportements plus tard ?
  • 14:10 - 14:13
    Notre première étude a implanté un faux souvenir
  • 14:13 - 14:16
    d’avoir été malade enfant
    en mangeant certains aliments :
  • 14:16 - 14:19
    œufs durs, cornichons à l'aneth, glace à la fraise.
  • 14:19 - 14:22
    Et nous avons constaté que,
    une fois implanté ce faux souvenir,
  • 14:22 - 14:24
    les gens ne voulaient pas manger ces aliments
  • 14:24 - 14:27
    lors d'un pique-nique en plein air.
  • 14:27 - 14:31
    Les faux souvenirs ne sont pas
    nécessairement mauvais ou désagréables.
  • 14:31 - 14:33
    Si nous implantions un souvenir joli, flou
  • 14:33 - 14:36
    sur un aliment sain comme des asperges,
  • 14:36 - 14:39
    nous pourrions amener les gens
    à vouloir manger plus d’asperges.
  • 14:39 - 14:42
    Ce que montrent ces études
  • 14:42 - 14:44
    est qu'on peut implanter de faux souvenirs
  • 14:44 - 14:45
    et qu'ils ont des répercussions
  • 14:45 - 14:50
    qui affectent le comportement
    longtemps après qu'on les ait installés.
  • 14:50 - 14:53
    Eh bien, cette capacité
  • 14:53 - 14:56
    d’implanter des souvenirs
    et de contrôler le comportement
  • 14:56 - 15:00
    implique évidemment
    des questions éthiques importantes,
  • 15:00 - 15:03
    comme, quand devrions-nous utiliser
    cette technologie de l’esprit ?
  • 15:03 - 15:07
    Et devrions-nous interdire son utilisation ?
  • 15:07 - 15:10
    Les thérapeutes ne peuvent pas sur le plan éthique
    implanter de faux souvenirs
  • 15:10 - 15:11
    dans l'esprit de leurs patients
  • 15:11 - 15:14
    même si cela peut aider le patient,
  • 15:14 - 15:15
    mais il n'y a rien pour arrêter un parent
  • 15:15 - 15:20
    d'essayer ça sur son adolescent
    en surpoids ou obèse.
  • 15:20 - 15:22
    Et lorsque je l'ai suggéré publiquement,
  • 15:22 - 15:26
    ça a créé à nouveau un tollé.
  • 15:26 - 15:30
    « La voilà. Elle préconise que les parents
    mentent à leurs enfants. »
  • 15:30 - 15:32
    Bonjour, Père Noel. (Rires)
  • 15:32 - 15:41
    Une autre façon de voir ça, --
    (Applaudissements)
  • 15:41 - 15:43
    c'est qui préféreriez-vous avoir,
  • 15:43 - 15:47
    un enfant obèse, avec du diabète,
    une durée de vie raccourcie,
  • 15:47 - 15:48
    tout ce qui va avec,
  • 15:48 - 15:51
    ou un enfant avec
    un petit faux souvenir en plus ?
  • 15:51 - 15:54
    Je sais ce que je choisirais pour mon enfant.
  • 15:54 - 15:58
    Mais peut-être que mon travail m'a rendue
    différente de la plupart des gens.
  • 15:58 - 16:01
    La plupart des gens chérissent leurs souvenirs,
  • 16:01 - 16:03
    savent qu'ils représentent leur identité,
  • 16:03 - 16:05
    qui ils sont, d'où ils viennent.
  • 16:05 - 16:08
    Et je le comprends. Je le ressens moi aussi.
  • 16:08 - 16:10
    Mais je sais par mon travail
  • 16:10 - 16:14
    combien de fiction est déjà présente.
  • 16:14 - 16:17
    Si j'ai appris quelque chose
    ces dernières décennies
  • 16:17 - 16:19
    en travaillant sur ces problèmes, c'est la suivante :
  • 16:19 - 16:22
    juste parce que quelqu'un
    nous dit quelque chose
  • 16:22 - 16:23
    et le dit avec assurance,
  • 16:23 - 16:26
    juste parce qu'il le dit avec beaucoup de détails,
  • 16:26 - 16:29
    juste parce qu’il exprime de l'émotion en le disant,
  • 16:29 - 16:32
    ça ne veut pas dire que c'est vraiment arrivé.
  • 16:32 - 16:36
    Nous ne pouvons pas à coup sûr faire
    la distinction entre les vrais et les faux souvenirs.
  • 16:36 - 16:39
    Nous avons besoin d'une confirmation indépendante.
  • 16:39 - 16:42
    Une telle découverte m'a rendu plus tolérante
  • 16:42 - 16:44
    aux fautes de mémoire de tous les jours
  • 16:44 - 16:47
    que font mes amis et ma famille.
  • 16:47 - 16:52
    Une telle découverte aurait pu sauver Steve Titus,
  • 16:52 - 16:55
    l'homme dont l'avenir a été arraché
  • 16:55 - 16:58
    par un faux souvenir.
  • 16:58 - 17:01
    Mais en même temps,
    nous devons tous garder à l'esprit,
  • 17:01 - 17:02
    il vaudrait mieux,
  • 17:02 - 17:06
    que la mémoire, comme la liberté,
  • 17:06 - 17:10
    est une chose fragile.
  • 17:10 - 17:13
    Merci. Merci.
  • 17:13 - 17:15
    Merci.
    (Applaudissements)
  • 17:15 - 17:19
    Merci beaucoup.
    (Applaudissements)
Title:
Les inventions de la mémoire
Speaker:
Elizabeth Loftus
Description:

La psychologue Elizabeth Loftus étudie les souvenirs. Plus précisément, elle étudie les faux souvenirs, quand les gens se souviennent de choses qui ne se sont pas produites ou s'en souviennent différemment de la façon dont elles se sont passées. C'est plus fréquent que vous ne le pensez, et Elizabeth Loftus partage des histoires surprenantes et des statistiques, et soulève des questions éthiques importantes que nous devrions tous considérer.

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English
Team:
closed TED
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TEDTalks
Duration:
17:36
Elisabeth Buffard accepted French subtitles for How reliable is your memory?
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