-
Fouteurs et fouteuses de Trouble,
salut.
-
Mon nom n'est pas important.
-
Qu'on les considère comme
des sites d'isolement punitif,
-
conçus pour protéger le public
et réprimer les criminels,
-
ou comme des institutions
profondément illégitimes
-
qu'il faut abolir
et détruire systématiquement...
-
il est clair que les prisons
sont des lieux abominables
-
à éviter autant que possible.
-
Avec la police et les tribunaux,
-
la prison est un pilier
de cet appareil de contrôle d'État
-
qu'on appelle
le système de justice pénale.
-
Et ce si ce système à trois têtes
n'était pas assez intimidant,
-
il n'est qu'une partie
du complexe carcéral industriel,
-
ce gigantesque convoyeur
de misère humaine,
-
dont les seuls à tirer parti
sont les politiciens, lobbyistes,
-
syndicats de gardiens (les screws),
agents de probation,
-
entreprises de construction
et entrepreneurs privés.
-
Lorsque nos actions
transgressent sérieusement
-
les règles
établies par les autorités,
-
nous nous exposons
à toute une série de punitions,
-
de l'arrestation brutale
aux procédures judiciaires
-
souvent très longues
et toujours stressantes,
-
qui mènent parfois
à de longues peines de réclusion.
-
C'est une perspective intimidante.
-
Mais si nous espérons
gagner la lutte,
-
il nous faut
prendre conscience
-
des risques
qu'entraînent nos actions.
-
Que ce soit au sein
de groupes d'affinité,
-
ou de réseaux plus large,
faisons preuve d'initiative,
-
et préparons-nous d'avance
à la répression.
-
Faute de préparation,
-
nous risquons d'être monté-e-s
les un-e-s contre les autres,
-
puis d'être
isolé-e-s et paralysé-e-s,
-
ce qui est exactement
ce que souhaite l'ennemi.
-
Au fil des trente
prochaines minutes,
-
nous donnerons la parole
à des gens
-
qui guident les accusé-e-s à travers
des situations juridiques complexes,
-
offrent du soutien
aux camarades incarcéré-e-s,
-
aident à bâtir une infrastructure
de défense collective...
-
... et foutent un char de Trouble!
-
Le climat politique actuel
aux États-Unis,
-
est malsain pour la gauche radicale,
-
et très dangereux aussi.
-
Non seulement à cause
de la répression d'État,
-
mais aussi parce que la droite
est de plus en plus menaçante,
-
que ce soit les trolls
et le doxxing de l'alt-right
-
les diffusions en direct des manifs
-
pour identifier les gens
et les attaquer en ligne,
-
ou les actes ultraviolents
-
comme ce qu'on a vu
à Portland récemment.
-
Il y a aussi la menace
que pose la police,
-
qui travaille manifestement
main dans la main
-
avec l'extrême droite
pour cibler
-
les militant-e-s
de la gauche radicale.
-
Actuellement, les enjeux sont
très élevés pour les gens.
-
La résistance populaire
est très forte,
-
non seulement
à l'administration Trump,
-
mais aussi à la montée
du suprémacisme blanc
-
et du fascisme partout au pays.
-
Une forte résistance
à la brutalité policière...
-
aux projets d'extraction.
-
Au fur et à mesure
que la résistance s'amplifie,
-
la répression d'État
augmente également.
-
Depuis l'élection,
-
des centaines d'accusations criminelles
ont été portées partout au pays,
-
que ce soit dans le cadre
de la résistance à Standing Rock,
-
ou de l'inauguration à Washington.
-
De nombreuses arrestations aussi
le 1er mai, dans plusieurs villes.
-
Lorsque les arrestations
sont politiques,
-
les accusations sont maintenant
plus sévères
-
que ce à quoi
nous étions habitué-e-s.
-
J20 (l'inauguration de Trump)
en est un bon exemple.
-
Le 20 janvier 2017,
-
lors d'une marche anticapitaliste
et antifasciste à Washington,
-
plus de 200 personnes,
dont je fais partie,
-
ont été attaquées
aux armes chimiques,
-
encerclées, capturées en souricière,
et arrêtées.
-
L'accusation initiale,
d'avoir participé à une émeute
-
s'est multipliée
en 8 accusations distinctes,
-
soit, participation à une émeute,
-
incitation à l'émeute,
complot,
-
et diverses accusations
de méfait.
-
La somme de ces accusations
-
entraîne une peine maximale
de 75 ans de prison.
-
Bref, nous risquons
de passer le reste de notre vie
-
en prison pour avoir participé
à une manif.
-
L'accusation de complot
est un outil prisé du procureur
-
parce que c'est essentiellement
un crime de pensée.
-
C'est un moyen pour la poursuite
d'accuser un groupe de personnes
-
en les rendant toutes
également responsables
-
d'une action posée
par une seule personne.
-
En somme, ils disent
que 200 personnes
-
sont également responsables
d'avoir pété quelques vitrines.
-
Les accusations de complot
sont utilisées
-
dans le cadre de la prétendue
Guerre au terrorisme,
-
surtout contre les musulmans,
ici aux États-Unis.
-
Elles sont aussi utilisées
dans la Guerre contre la drogue,
-
contre les populations urbaines
défavorisées
-
et les populations rurales.
-
Les arrestations et procès de masse
n'ont rien de nouveau.
-
Ce qui fait exception,
dans notre cas,
-
est le nombre
de manifestant-e-s accusé-e-s
-
et le nombre
d'accusations criminelles.
-
C'est la première
arrestation politique
-
de la présidence Trump.
-
L'objectif est d'accroître
le pouvoir du gouvernement
-
de criminaliser
et supprimer la dissidence.
-
Au début, nous répondions
à des questions à propos des droits
-
et nous donnions des conseils
aux gens
-
à propos des risques et conséquences
des actions...
-
puis quand il y a eu
la première arrestation de masse,
-
c'est devenu beaucoup plus intense.
-
Au cours de l'année,
-
plus de 800 personnes
ont été arrêtées,
-
et les accusations
sont très variées.
-
Au début, c'était des choses
comme intrusion criminelle,
-
quand les gens se rendaient
sur les chantiers
-
et tentaient de perturber
le travail sur l'oléoduc.
-
Au fil des mois,
-
les arrestations
se sont multipliées,
-
et les accusations
se sont aggravées.
-
Le procureur spécial, Ladd Erickson,
a écrit dans une motion :
-
Il n'y a aucune pertinence
aux preuves et témoignages
-
relatifs aux traités historiques,
à la souveraineté tribale,
-
aux mérites de l'oléoduc
aux changements climatiques,
-
aux sites sacrés, au pouvoir
des entreprises et des médias
-
ou à toute autre cause
sociale ou politique.
-
Autrement dit, il discrédite
la résistance
-
des défenseur-e-s de l'eau,
-
et le pouvoir des prières
-
et le devoir de protéger
le premier et principal remède...
-
notre eau.
-
Sept personnes sont sous le coup
d'accusations fédérales,
-
dont Red Fawn Fallis,
-
qui risque jusqu'à 25 ans
dans un pénitencier fédéral.
-
Elle est actuellement détenue
en attente de procès,
-
elle attend son procès,
-
détenue par les US marshals
au Dakota du Nord.
-
Six autres personnes
sont accusées au fédéral.
-
Elles sont toutes accusées
de désordre public
-
et d'utilisation du feu
dans un désordre public.
-
Elles risquent jusqu'à 15 ans
dans un pénitencier fédéral.
-
Elles sont toutes
des défenseur-e-s autochtones.
-
Alors que celles
accusées au niveau de l'État,
-
ont des identités très variées.
-
Il semble que l'appareil
de répression fédéral
-
soit centré sur
les personnes autochtones,
-
leur résistance et l'affirmation
de leur souveraineté
-
sur les territoires
et les cours d'eau.
-
Le cours normal de la loi
ne sera pas garanti à ces gens,
-
vu la manière dont les procès
sont organisés.
-
Un grand jury a été formé
-
pour examiner les activités
des défenseurs de l'eau.
-
Historiquement, les grands jurys
ont servi à la répression politique,
-
à étouffer la résistance.
-
à déchirer les communautés
en répandant la paranoïa,
-
la méfiance,
et en menant les gens à s'isoler.
-
L'une des victoires
que nous avons eues
-
dans le mouvement de défense
qui s'est organisé à Standing Rock,
-
concerne ce grand jury.
-
Nous avons appris son existence
et nous sommes organisé-e-s très vite,
-
non seulement avec la personne
qui a été convoquée,
-
mais aussi en diffusant
le jour même
-
de l'information et des ressources
partout dans le campement.
-
Nous avons aussi organisé
une tournée d'un mois
-
pour joindre les défenseurs de l'eau
partout au pays.
-
Le procureur général des É.-U.,
le FBI, l'ATF, le JTTF,
-
et d'autres organisations fédérales
avaient une vision claire
-
de la manière dont le grand jury
allait se dérouler.
-
On les a complètement fourrés,
et je crois qu'on a bien fait ça.
-
La plupart des gens
qui n'ont pas une expérience directe
-
en tant qu'accusé-e
dans le système de justice
-
ont une idée déformée
de ce à quoi s'attendre.
-
Vu la manière dont
le processus judiciaire est illustré
-
au cinéma, à la télévision,
et dans les grands médias,
-
il n'est pas étonnant
que le public s'imagine
-
deux avocats tirés à quatre épingles
débattant dans une salle d'audience,
-
défendant leurs arguments
devant un juge à l'air sévère,
-
et un jury indécis et inquiet.
-
-J'ordonne par conséquent
la libération de Ruben Carter--
-
En fait, ça ressemble moins
à un roman de John Grisham
-
qu'à un délire de Franz Kafka.
-
Si vous avez la chance
d'être libéré-e sous caution,
-
privilège que la plupart des gens
n'ont pas,
-
attendez-vous à une longue période
-
où votre vie sera bouleversée
par votre dossier juridique.
-
Ça peut prendre des mois...
-
ou même, si vous choisissez
d'aller en procès, des années.
-
Dans tous les cas,
il faut s'attendre
-
à une longue série d'audiences
plus ou moins inutiles,
-
et à de fréquentes rencontres
avec votre avocat-e.
-
Plus souvent qu'autrement,
-
ce processus est super déroutant,
stressant et dispendieux.
-
Si vous avez des coaccusé-e-s,
-
vous ne pourrez communiquer
qu'en présence d'un-e avocat-e...
-
même si c'est votre partenaire
ou un-e ami-e proche.
-
Avec un peu de chance, votre avocat
respectera votre indépendance,
-
et sera même sympathique
à vos idées politiques.
-
Avec le soutien
de camarades solides,
-
vous trouverez peut-être le moyen
-
de faire avancer
votre cause en cour.
-
Les accusations pourraient
même être retirées subitement,
-
parfois de manière inexplicable.
-
Pour simplifier à outrance,
-
une défense juridique
est ce qu'une personne répond
-
aux allégations de l'État
à l'effet qu'elle a enfreint la loi.
-
Si une personne est accusée
de destruction de propriété,
-
d'avoir cassé des vitres,
disons,
-
la défense pourrait être
« non coupable »,
-
c.-à-d.,
elle ne l'a pas fait.
-
Une défense politique,
au contraire,
-
consiste à examiner
le climat politique et à chercher
-
les leviers qui pourraient
être utilisés
-
pour politiser l'affaire
-
et mettre de l'avant
la cause du mouvement ciblé.
-
Une défense politique s'appuie
-
sur les objectifs politiques
d'un mouvement,
-
alors qu'une défense juridique
s'appuie sur l'objectif
-
de minimiser l'impact négatif
de l'épreuve du système pénal.
-
Qu'il soit question de se battre
contre des flics racistes,
-
ou de s'enchaîner
à une machine destructrice,
-
vous n'êtes pas seul-e
à être mis-e en procès...
-
... votre cause l'est aussi.
-
Une défense réussie combine
des tactiques juridiques et politiques
-
pour limiter les effets négatifs
que peut avoir un dossier
-
sur les individus
et sur le mouvement.
-
La défense juridique est balisée
par les limites du système,
-
et le but de la défense
est de démentir les accusations,
-
de faire en sorte
d'être acquitté-e au procès,
-
ou de négocier une entente
favorable à la défense
-
pour éviter d'aller en procès
si cela est jugé préférable
-
dans une situation
en particulier.
-
Tandis qu'une défense politique
peut parfois
-
entrer en conflit avec
une défense juridique normale.
-
L'investissement est différent.
-
Mais il y a aussi beaucoup à gagner
d'une approche plus politique.
-
Cette approche s'éloigne
-
de ce qui considéré légal
par les législateurs
-
et se rapproche de considérations
éthiques et morales,
-
comme la libération
de toute forme d'oppression.
-
Des accusé-e-s
peuvent aussi décider de refuser
-
de coopérer avec les procédures
engagées contre eux ou elles.
-
Par exemple, des militant-e-s
pour l'indépendance de Puerto Rico
-
et de la Black Liberation Army,
dans les années 1970 et 1980,
-
ont choisi de se représenter
comme des prisonniers de guerre,
-
en rejetant la légitimité
du gouvernement américain
-
à les poursuivre en justice,
-
et en refusant totalement
de coopérer aux procédures.
-
Ces prisonniers de guerre
ont été condamnés
-
malgré leur refus de participer.
-
Bon nombre ont passé
des décennies en prison,
-
et plusieurs s'y trouvent
encore aujourd'hui.
-
Ça peut aussi vouloir dire de mettre
de la pression sur le système.
-
Les campagnes d'appels
au bureau du procureur ou au juge.
-
Les campagnes d'envoi de lettres
à un juge,
-
de partout au pays
ou de partout dans le monde,
-
en appui à un-e accusé-e
ou à un groupe de coaccusé-e-s.
-
Au cours des dernières années,
-
on a eu quelques réussites
en matière de défense politique.
-
Malheureusement, la plupart
des réussites sont mitigées.
-
On a gagné à certains égards
et perdus à d'autres égards.
-
Prenons le cas de Cece McDonald,
au Minnesota.
-
Cece est une femme trans noire
qui a été attaquée
-
en se rendant au marché
tard le soir.
-
Dans l'empoignade
qui s'en est suivie,
-
l'un des assaillants
a été poignardé près du cœur
-
et est mort sur le coup.
-
On a su plus tard qu'il avait
un swastika tatoué sur la poitrine
-
depuis qu'il s'était impliqué
dans un gang néonazi en prison.
-
Cece était initialement
la seule personne accusée,
-
et elle risquait 20 ans de prison
pour meurtre.
-
Après un certain temps,
-
la poursuite lui a fait une offre
pour dix ans.
-
Elle a refusé,
-
alors les procureurs ont ajouté
une accusation plus grave,
-
qui faisait grimper
la peine maximale à 40 ans.
-
Je participais
à son comité de défense
-
et nous avons recueilli
beaucoup d'aide et de solidarité
-
partout au pays
et ailleurs dans le monde
-
en démontrant que le procès
était une extension
-
de la violence raciste
et transphobe
-
que les suprémacistes
avaient déchainée dans la rue,
-
en attaquant Cece et ses ami-e-s.
-
Suite à cette campagne de pression,
-
combinée à la défense menée
par son équipe de défense,
-
elle a accepté
une entente négociée
-
de plaidoyer de culpabilité
pour meurtre involontaire.
-
Elle a passé une autre année
en prison.
-
Elle est libre depuis
quelques années maintenant
-
et milite activement,
notamment en faisant des conférences
-
où elle réclame justice
pour les personnes trans,
-
les femmes trans noires,
en particulier.
-
Parce qu'un nombre élevé
de personnes trans,
-
et de femmes trans noires
en particulier,
-
sont ciblées, agressées
et assassinées dans les rues.
-
Le système judiciaire cherche
à individualiser les gens
-
et à les isoler les uns des autres.
-
Il excelle à ça.
-
Alors, plus nous sommes capables
-
de maintenir la communication
entre nous,
-
plus nous pouvons
préserver notre solidarité.
-
Il est fréquent que des gens
accusés au criminel
-
dénoncent quelqu'un
pour sauver leur propre peau.
-
Mais si ça s'inscrit en faux
contre vos valeurs et convictions,
-
vous devez trouver un avocat
qui respectera vos valeurs
-
et n'essaiera pas de vous pousser
à faire un coup foireux
-
simplement parce que
c'est bon pour votre propre cause.
-
Si vous avez des coaccusé-e-s,
-
assurez-vous
que votre entente négociée
-
ou que l'énoncé des faits
que vous signez
-
n'incrimine personne d'autre,
-
notamment si vous avez
des coaccusé-e-s connu-e-s,
-
– et surtout s'il y a
des complices inconnu-e-s.
-
Si l'État ignore certains faits,
on veut que ça reste comme ça.
-
Il est important de comprendre
les implications
-
et les conséquences
de la délation
-
et de faire en sorte
que tous les accusé-e-s
-
se sentent soutenu-e-s
et évitent le piège tendu par l'État
-
pour leur faire accepter
ses conditions.
-
Une entente de non coopération
établit la confiance
-
et la solidarité
entre les coaccusé-e-s
-
et confirme que les accusé-e-s
refuseront d'aider l'État
-
dans ses efforts
pour les poursuivre.
-
Dans le cas de J20,
-
plus de la moitié des accusé-e-s
adhèrent à une base d'unité
-
comportant une entente
de non coopération,
-
un rejet de la délation
et de la coopération avec l'État,
-
et le refus de cibler ou d'isoler
des coaccusé-e-s.
-
L'entente inclus un engagement
à partager les ressources
-
et à contribuer
à la défense collective.
-
Des gens sont visés
par des accusations partout au pays.
-
Des gens qui ne se connaissaient
peut-être pas avant ça,
-
et des communautés qui n'étaient
peut-être pas connectées,
-
sont maintenant mieux connectées.
-
Si l'État croit qu'il peut
utiliser ces tactiques
-
pour nous diviser,
-
c'est pour nous l'occasion
de nous consolider
-
si nous osons essayer.
-
Le romancier russe
Fiodor Dostoïevski a écrit :
-
« On peut mesurer le degré
de civilisation d'une société
-
en visitant ses prisons. »
-
Lui-même ancien prisonnier,
-
il savait que la manière
dont le pouvoir fonctionne
-
dans une société donnée
détermine qui l'État enferme,
-
dans quelles conditions,
et à quelles fins.
-
Prenons les États-Unis.
-
Sa position dominante
au sommet de l'économie mondiale
-
découle du lucratif
système de plantations
-
érigé sur le travail non payé
de générations d'esclaves africains.
-
L'esclavage n'est jamais
vraiment disparu aux É.-U.,
-
il a seulement changé de forme.
-
Il y a littéralement une exception
au 13e amendement...
-
Checkez ça :
-
« Ni l'esclavage,
ni la servitude involontaire,
-
sauf en cas de punition
pour un crime,
-
ne seront permis aux États-Unis. »
-
Cela se traduit aujourd'hui
-
par un système
d'incarcération massive,
-
où un homme noir sur trois
-
se retrouve enfermé
à un moment de sa vie,
-
et est forcé de travailler
contre un salaire dérisoire
-
pour garnir la marge de profit
d'entreprises prospères
-
comme McDonald's et Verizon.
-
Le système carcéral américain
-
est le sous-produit
d'une société donnée
-
avec une histoire donnée,
-
comme le sont les prisons
partout ailleurs.
-
Mais où qu'elles soient situées,
-
toutes les prisons ont au moins
une chose en commun :
-
elles sont remplies de personnes
qui ont toutes sortes de raisons
-
pour détester l'État.
-
L'histoire de
la Croix noire anarchiste
-
commence en Russie,
entre 1900 et 1905,
-
pour soutenir les camarades
-
qui étaient persécutés
et emprisonnés
-
dans le contexte de la lutte
contre le tsarisme.
-
Ici au Mexique, le premier groupe
est fondé au milieu des années 1990.
-
La manière dont nous décidons
quel-le-s camarades soutenir
-
repose principalement
sur l'affinité politique.
-
Si un-e camarade anarchiste
est emprisonné-e,
-
peu importe qu'iel soit
« coupable » ou «innocent-e »,
-
coupable ou non,
-
pour nous,
ça n'a pas d'importance.
-
Ce qui importe, c'est que ce soit
un-e camarade anarchiste
-
qui est en prison.
-
L'un d'eux est Fernando Barcenas,
-
un jeune qui tire trois ans
de prison,
-
pour avoir cramé
un sapin de noël de Coca Cola.
-
Parmi les choses que nous faisons
avec les camarades détenu-e-s,
-
nous faisons le suivi
de comment ça se passe
-
pour eux et elles en dedans,
-
physiquement et émotionnellement.
-
Nous les visitons pour établir
un rapport de solidarité.
-
L'intention est de lutter contre
l'érosion de la personnalité
-
qui tend à se produire
en prison.
-
Nous essayons de maintenir
la communication
-
en écrivant des lettres.
-
Parmi les actions qui ont été menées
depuis l'intérieur de la prison,
-
et que nous avons soutenues,
-
il y a eu des grèves de la faim.
-
Par exemple,
une grève de la faim coordonnée
-
entre différentes prisons
-
par quatre camarades anarchistes
-
qui étaient
dans différentes prisons.
-
L'objectif de la grève de la faim
était de dénoncer
-
l'existence des prisons
en tant que telles,
-
ainsi que la fonction sociale
des prisons
-
au sein du régime disciplinaire
-
de la société en général.
-
Nous essayons aussi de soutenir
des projets d'organisation
-
qui concernent
la vie quotidienne en prison.
-
Il y avait un collectif
qui se concentrait sur ça,
-
qui animait des ateliers de musique,
de création littéraire,
-
et des ateliers
sur les soins de santé,
-
et des choses comme ça,
qui ont donné des résultats.
-
Un recueil de chroniques
a été produit.
-
Ils ont même enregistré
un album punk.
-
Nous sommes le groupe de coordination
anticarcérale La Fuga (la fuite).
-
Nous sommes actifs depuis 2015
-
et avons commencé en tant que
comité de coordination
-
entre petits groupes et individus
-
partageant une perspective
anticarcérale et antisystème.
-
Nous organisons surtout
des actions de sensibilisation
-
en particulier des actions de rue
comme des marches,
-
et des assemblées
à différents endroits.
-
Des journées de sensibilisation.
-
Sur les places publiques,
-
dans les universités
ou les écoles secondaires.
-
Les manifestations sont surtout
dans les rues et les lieux publics.
-
Nous mobilisons aussi
contre le terrorisme d'État.
-
À partir du principe
de solidarité internationale,
-
nous avons manifesté
devant différentes ambassades
-
pour sensibiliser les gens
à la réalité des prisonnier-e-s,
-
mais aussi au terrorisme d'État
et à la répression.
-
Nous avons une structure
horizontale, flexible et affinitaire.
-
Notre fonctionnement est dynamique.
-
Aucun rôle n'est prédéterminé,
-
tout repose plutôt
sur l'initiative des individus,
-
et sur ce que chaque personne
veut apporter à chaque action.
-
Nous sommes davantage
une coordination de bénévoles
-
qu'une structure fixe.
-
Le Comité d'organisation
des travailleur-euses incarcéré-e-s
-
est un comité des IWW.
-
Il est inspiré de l'appel
de George Jackson
-
pour la formation d'un syndicat
des travailleur-euses en milieu carcéral,
-
- c'est un prisonnier Black Panther
-
qui a été tué par les gardiens
en Californie –
-
et par les récents soulèvements.
-
Il y a eu une grosse grève
en Georgie en 2010,
-
le Free Alabama Movement
-
paralysait des prisons
un peu partout
-
et quelques membres des IWW
qui avaient déjà fait de la prison
-
ont saisi l'idée de former
-
le Comité d'organisation
des travailleur-euses incarcéré-e-s.
-
Nous avons plus de 800 membres
actuellement en dedans,
-
et quand les gens sortent,
-
ils restent dans le syndicat
et continuent de participer
-
et d'enrichir l'organisation.
-
La structure est très expérimentale
-
et les activités quotidiennes
varient d'un État à l'autre,
-
et d'un établissement à l'autre.
-
À certains endroits, nous essayons
de créer des sections locales
-
en mettant les détenu-e-s
en contact à l'échelle de l'État.
-
Ailleurs, nous nous concentrons
sur des communautés en particulier,
-
ou sur une prison,
ou même sur un bloc de cellules.
-
Une grande partie
du travail quotidien
-
consiste à gérer
les correspondances.
-
Écrire et faciliter la communication
-
au-delà des barreaux
et des clôtures.
-
Le 9 septembre 2016
-
a eu lieu la plus grosse
grève des détenu-e-s de l'histoire.
-
Des dizaines de milliers
de détenu-e-s
-
y ont participé partout au pays,
-
ont mené diverses actions
et employé diverses tactiques.
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L'appel avait été lancé
par des détenu-e-s
-
d'Alabama, d'Ohio et d'ailleurs.
-
Ils ont d'abord rédigé
un appel à l'action,
-
que nous avons ensuite relayé
aussi largement que possible,
-
et des détenu-e-s de partout au pays
l'ont reçu.
-
En même temps,
nous avons organisé en dehors,
-
pour multiplier les manifs
et les actions d'appui.
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Plusieurs prisons ont été paralysées
-
à cause de la grève
ou des rumeurs de grève,
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ou parce que
des détenu-e-s ont mené
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des actions spontanées
ou inattendues.
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Il y a eu des grèves de la faim
en Ohio et au Wisconsin
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et des arrêts de travail au Texas,
dans la région Pacifique nord-ouest.
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En Floride et au Michigan,
il y a eu des actions
-
où les prisonniers
ont pété une coche
-
et se sont mis à tout
décrisser dans la prison.
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Chaque individu
a une expérience unique
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du système pénal,
-
et les probabilités
que nous nous retrouvions en prison
-
sont déterminées
par plusieurs facteurs.
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Certains des principaux facteurs
sont liés à l'identité,
-
comme la nationalité,
la race et le genre,
-
qui nous sont assignés
à la naissance.
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D'autres sont liés à nos expériences
personnelles de traumatisme,
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les conditions de santé,
la pauvreté et la position sociale,
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qui conditionnent souvent
nos habitudes
-
et limitent sévèrement nos options.
-
D'autres sont liés à la force
de nos convictions politiques,
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et à notre refus de les trahir.
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Mais il y a un facteur
dont nous avons le contrôle...
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À savoir si, le temps venu,
-
nous nous soutiendrons
mutuellement.
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Le système de justice pénal
est conçu de manière à nous diviser,
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car lorsque nous sommes isolé-e-s,
nous sommes affaibli-e-s.
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Il le fait par un mélange grossier
de peur,
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d'égoïsme et de glorification
des hiérarchies sociales
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formées et renforcées
par l'oppression systémique.
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Si nous voulons vraiment
bâtir des mouvements
-
capables de démanteler
les institutions idéologiques
-
que sont la suprématie blanche,
le patriarcat, le capacitisme,
-
et les États capitalistes
qui les soutiennent,
-
il faut nous tourner vers les
institutions physiques
-
où elles se déploient.
-
Cela implique de bâtir des mouvements
offrant une solidarité réelle
-
à celles et ceux qui sont le plus durement
affecté-e-s par l'appareil répressif de l'État,
-
tout en renforçant une infrastructure
de défense collective
-
qui nous permettra
de survivre aux luttes à venir.
-
Lorsqu'on confronte l'État,
-
la réaction immédiate de l'État
est la répression,
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et l'éthique élémentaire
de nos mouvements doit en tenir compte.
-
Tenir compte de la nécessité
de soutenir
-
et d'inclure les camarades
qui sont persécuté-e-s.
-
C'est en fait
vraiment contre-intuitif,
-
lorsqu'on est visé
par ce genre de répression,
-
mais l'un des meilleurs outils
dont on dispose,
-
dans nos mouvements,
-
est de rendre
ces causes publiques.
-
Les accusé-e-s ont besoin
de beaucoup de soutien,
-
nous sommes confronté-e-s
à de longues batailles juridiques,
-
à des milliers de dollars
en amendes,
-
et à de possibles
peines d'emprisonnement.
-
Nous avons été placé-e-s
ensemble par l'État
-
dans une situation
incroyablement stressante,
-
et devons maintenant
trouver le moyen
-
de combiner des stratégies
politiques et juridiques
-
qui nous permettront
d'éviter la prison.
-
Ce soutien peut se traduire
par un kiosque à un événement,
-
une campagne de financement,
-
ou une campagne d'info
dans les médias sociaux
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pour faire connaître la cause
-
et tenir les gens au courant.
-
Expliquer quelles sont
les implications de cette affaire
-
pour les gens partout au pays.
-
Cette cause est très importante,
ne serait-ce que par son ampleur,
-
et son caractère sans précédent,
le fait que ça se soit produit
-
au premier jour
de la présidence Trump.
-
Ce n'est pas une coïncidence
-
s'ils mettent le paquet comme ça
contre ces accusé-e-s.
-
Ce n'est pas un hasard
s'ils essaient de donner le ton
-
de ce à quoi ressemblera
la répression sous Trump.
-
Les accusations qu'a porté
le procureur d'État de Morton County
-
contre les défenseurs de l'eau...
-
il y a plus de 569
dossiers en instance
-
dans les comtés
de Morton and Burleigh.
-
Lorsqu'on parle d'un aussi grand
nombre de personnes,
-
et des coûts exorbitants
des frais d'avocat,
-
des cautions, des voitures
mises en fourrière,
-
des chevaux mis en fourrière,
-
des chiens mis en fourrière,
-
des canots confisqués...
-
en plus des frais de déplacement...
-
Nous avons besoin
de l'aide des gens
-
pour qui cette cause est importante,
-
qui veulent détruire
le capitalisme,
-
qui veulent éroder...
qui croient en la stratégie
-
consistant à corroder
le ciment qui tient le capitalisme,
-
la suprématie blanche
et le patriarcat ensemble,
-
-- soit, le système carcéral.
-
Notre stratégie est de maintenir
une bonne coordination,
-
d'éviter le sectarisme,
-
et de chercher à établir
-
entre différents
groupes et individus
-
la possibilité d'organisations
permanentes efficaces.
-
Il y aura rarement
un mode d'emploi
-
ou un programme à suivre
qui dira :
-
« en faisant A, B et C,
vous aiderez les accusé-e-s,
-
iels gagneront leur procès,
et seront libres comme l'air. »
-
J'encourage les gens
à ne pas se laisser intimider
-
par tout le jargon juridique,
-
et toutes les particularités
du système judiciaire.
-
C'est compliqué.
-
Et même si les avocats
se présentent comme des experts,
-
même eux ne le sont pas vraiment.
-
Parce que l'État essaie constamment
-
de changer la manière dont
elle utilise le jargon et les règles
-
à son propre avantage.
-
Les situations dans les prisons
varient d'un État à l'autre,
-
et d'un établissement à l'autre.
-
Il n'y a pas une seule
marche à suivre,
-
qui fonctionnerait partout au pays.
-
Il faut plutôt participer
aux efforts d'organisation locaux,
-
trouver ce qui est approprié
et se brancher sur le travail
-
qui est mené en-dedans
là où vous vous trouvez.
-
Souvent, j'ai l'impression
que les gens s'épuisent facilement
-
ou sont vite accablés
par la somme d'information
-
qu'il faut assimiler
sur le système de justice pénale,
-
et se sentent paralysés
dans leur travail.
-
Alors, quand les gens s'engagent
dans la défense collective,
-
ils doivent adopter une optique
où ils plongent dans l'inconnu
-
pour livrer une bataille
-
qui est à la base
biaisée contre les accusé-e-s
-
afin de trouver les moyens
et trouver l'espace
-
pour empêcher
l'État de gagner complètement,
-
ou, idéalement,
remporter la victoire.
-
Pour nous,
l'une des meilleurs façons
-
de se solidariser avec
les camarades détenu-e-s
-
est de se rappeler que c'est la lutte
qui les a mené-e-s là.
-
Ne jamais oublier
qu'iels sont là
-
parce qu'iels ont choisi
de combattre le système,
-
et qu'il est nécessaire
de poursuivre la lutte
-
et de continuer
à combattre le système.
-
Il faut que les gens comprennent
que la solidarité,
-
ne se limite pas
à réagir à la répression
-
en faisant du financement
et de la sensibilisation.
-
Il faut aussi poursuivre la lutte.
-
Les gens ne doivent pas
se laisser intimider
-
par ce qui nous arrive.
-
La résistance n'est pas
moins nécessaire
-
parce que quelque 200 personnes
sont accusées au criminel.
-
En fait, ça ne fait que confirmer
que le système est pourri.
-
Nous sommes visé-e-s
par la répression d'État.
-
Nous sommes visé-e-s
par les violences de la droite.
-
Mais, par contre, nous organisons
la résistance et la solidarité,
-
de manière
remarquablement efficace.
-
Il y a toujours
matière à amélioration,
-
on pourrait mieux collaborer,
améliorer la manière
-
dont on répond à ces menaces...
-
mais de nombreuses
actions inspirantes sont menées,
-
qui solidarisent les gens
face à toutes ces menaces...
-
Et espérons-le,
nous en ressortirons plus fort-e-s.
-
La même ardeur
qui motive les gens
-
à prendre la rue,
-
planifier des actions,
-
accrocher des bannières
au milieu de la nuit,
-
ou saboter quelque chose,
-
est la même ardeur qui
les motive
-
à protéger les gens
qui résistent.
-
Au fur et à mesure que la résistance
à la réaction nationaliste,
-
aux inégalités grandissantes
-
et à l'extraction des ressources
gagnera en vigueur,
-
nos mouvements seront
de plus en plus réprimés par l'État.
-
La question de savoir
si la répression
-
renforcera ou anéantira
nos mouvements,
-
dépendra en bonne partie
de notre capacité à développer
-
les outils, les ressources
et l'infrastructure nécessaires
-
pour renforcer
notre défense collective
-
et notre capacité à contrecarrer
les efforts de l'État
-
visant à isoler nos camarades
-
derrière des murs
de béton et d'acier.
-
Pour conclure,
nous vous rappelons
-
que Trouble est conçu
pour être visionné en groupe
-
et favoriser la discussion
et l'organisation collective.
-
S'il n'y a aucun projet
de défense juridique
-
ou de soutien aux détenu-e-s
dans votre région,
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envisagez la possibilité
de vous réunir entre camarades
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pour visionner ce film
et discuter des étapes
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Les événements de financement
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et de rédaction de lettres
aux prisonnier-e-s politiques
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