Fouteurs et fouteuses de Trouble,
salut.
Mon nom n'est pas important.
Qu'on les considère comme
des sites d'isolement punitif,
conçus pour protéger le public
et réprimer les criminels,
ou comme des institutions
profondément illégitimes
qu'il faut abolir
et détruire systématiquement...
il est clair que les prisons
sont des lieux abominables
à éviter autant que possible.
Avec la police et les tribunaux,
la prison est un pilier
de cet appareil de contrôle d'État
qu'on appelle
le système de justice pénale.
Et ce si ce système à trois têtes
n'était pas assez intimidant,
il n'est qu'une partie
du complexe carcéral industriel,
ce gigantesque convoyeur
de misère humaine,
dont les seuls à tirer parti
sont les politiciens, lobbyistes,
syndicats de gardiens (les screws),
agents de probation,
entreprises de construction
et entrepreneurs privés.
Lorsque nos actions
transgressent sérieusement
les règles
établies par les autorités,
nous nous exposons
à toute une série de punitions,
de l'arrestation brutale
aux procédures judiciaires
souvent très longues
et toujours stressantes,
qui mènent parfois
à de longues peines de réclusion.
C'est une perspective intimidante.
Mais si nous espérons
gagner la lutte,
il nous faut
prendre conscience
des risques
qu'entraînent nos actions.
Que ce soit au sein
de groupes d'affinité,
ou de réseaux plus large,
faisons preuve d'initiative,
et préparons-nous d'avance
à la répression.
Faute de préparation,
nous risquons d'être monté-e-s
les un-e-s contre les autres,
puis d'être
isolé-e-s et paralysé-e-s,
ce qui est exactement
ce que souhaite l'ennemi.
Au fil des trente
prochaines minutes,
nous donnerons la parole
à des gens
qui guident les accusé-e-s à travers
des situations juridiques complexes,
offrent du soutien
aux camarades incarcéré-e-s,
aident à bâtir une infrastructure
de défense collective...
... et foutent un char de Trouble!
Le climat politique actuel
aux États-Unis,
est malsain pour la gauche radicale,
et très dangereux aussi.
Non seulement à cause
de la répression d'État,
mais aussi parce que la droite
est de plus en plus menaçante,
que ce soit les trolls
et le doxxing de l'alt-right
les diffusions en direct des manifs
pour identifier les gens
et les attaquer en ligne,
ou les actes ultraviolents
comme ce qu'on a vu
à Portland récemment.
Il y a aussi la menace
que pose la police,
qui travaille manifestement
main dans la main
avec l'extrême droite
pour cibler
les militant-e-s
de la gauche radicale.
Actuellement, les enjeux sont
très élevés pour les gens.
La résistance populaire
est très forte,
non seulement
à l'administration Trump,
mais aussi à la montée
du suprémacisme blanc
et du fascisme partout au pays.
Une forte résistance
à la brutalité policière...
aux projets d'extraction.
Au fur et à mesure
que la résistance s'amplifie,
la répression d'État
augmente également.
Depuis l'élection,
des centaines d'accusations criminelles
ont été portées partout au pays,
que ce soit dans le cadre
de la résistance à Standing Rock,
ou de l'inauguration à Washington.
De nombreuses arrestations aussi
le 1er mai, dans plusieurs villes.
Lorsque les arrestations
sont politiques,
les accusations sont maintenant
plus sévères
que ce à quoi
nous étions habitué-e-s.
J20 (l'inauguration de Trump)
en est un bon exemple.
Le 20 janvier 2017,
lors d'une marche anticapitaliste
et antifasciste à Washington,
plus de 200 personnes,
dont je fais partie,
ont été attaquées
aux armes chimiques,
encerclées, capturées en souricière,
et arrêtées.
L'accusation initiale,
d'avoir participé à une émeute
s'est multipliée
en 8 accusations distinctes,
soit, participation à une émeute,
incitation à l'émeute,
complot,
et diverses accusations
de méfait.
La somme de ces accusations
entraîne une peine maximale
de 75 ans de prison.
Bref, nous risquons
de passer le reste de notre vie
en prison pour avoir participé
à une manif.
L'accusation de complot
est un outil prisé du procureur
parce que c'est essentiellement
un crime de pensée.
C'est un moyen pour la poursuite
d'accuser un groupe de personnes
en les rendant toutes
également responsables
d'une action posée
par une seule personne.
En somme, ils disent
que 200 personnes
sont également responsables
d'avoir pété quelques vitrines.
Les accusations de complot
sont utilisées
dans le cadre de la prétendue
Guerre au terrorisme,
surtout contre les musulmans,
ici aux États-Unis.
Elles sont aussi utilisées
dans la Guerre contre la drogue,
contre les populations urbaines
défavorisées
et les populations rurales.
Les arrestations et procès de masse
n'ont rien de nouveau.
Ce qui fait exception,
dans notre cas,
est le nombre
de manifestant-e-s accusé-e-s
et le nombre
d'accusations criminelles.
C'est la première
arrestation politique
de la présidence Trump.
L'objectif est d'accroître
le pouvoir du gouvernement
de criminaliser
et supprimer la dissidence.
Au début, nous répondions
à des questions à propos des droits
et nous donnions des conseils
aux gens
à propos des risques et conséquences
des actions...
puis quand il y a eu
la première arrestation de masse,
c'est devenu beaucoup plus intense.
Au cours de l'année,
plus de 800 personnes
ont été arrêtées,
et les accusations
sont très variées.
Au début, c'était des choses
comme intrusion criminelle,
quand les gens se rendaient
sur les chantiers
et tentaient de perturber
le travail sur l'oléoduc.
Au fil des mois,
les arrestations
se sont multipliées,
et les accusations
se sont aggravées.
Le procureur spécial, Ladd Erickson,
a écrit dans une motion :
Il n'y a aucune pertinence
aux preuves et témoignages
relatifs aux traités historiques,
à la souveraineté tribale,
aux mérites de l'oléoduc
aux changements climatiques,
aux sites sacrés, au pouvoir
des entreprises et des médias
ou à toute autre cause
sociale ou politique.
Autrement dit, il discrédite
la résistance
des défenseur-e-s de l'eau,
et le pouvoir des prières
et le devoir de protéger
le premier et principal remède...
notre eau.
Sept personnes sont sous le coup
d'accusations fédérales,
dont Red Fawn Fallis,
qui risque jusqu'à 25 ans
dans un pénitencier fédéral.
Elle est actuellement détenue
en attente de procès,
elle attend son procès,
détenue par les US marshals
au Dakota du Nord.
Six autres personnes
sont accusées au fédéral.
Elles sont toutes accusées
de désordre public
et d'utilisation du feu
dans un désordre public.
Elles risquent jusqu'à 15 ans
dans un pénitencier fédéral.
Elles sont toutes
des défenseur-e-s autochtones.
Alors que celles
accusées au niveau de l'État,
ont des identités très variées.
Il semble que l'appareil
de répression fédéral
soit centré sur
les personnes autochtones,
leur résistance et l'affirmation
de leur souveraineté
sur les territoires
et les cours d'eau.
Le cours normal de la loi
ne sera pas garanti à ces gens,
vu la manière dont les procès
sont organisés.
Un grand jury a été formé
pour examiner les activités
des défenseurs de l'eau.
Historiquement, les grands jurys
ont servi à la répression politique,
à étouffer la résistance.
à déchirer les communautés
en répandant la paranoïa,
la méfiance,
et en menant les gens à s'isoler.
L'une des victoires
que nous avons eues
dans le mouvement de défense
qui s'est organisé à Standing Rock,
concerne ce grand jury.
Nous avons appris son existence
et nous sommes organisé-e-s très vite,
non seulement avec la personne
qui a été convoquée,
mais aussi en diffusant
le jour même
de l'information et des ressources
partout dans le campement.
Nous avons aussi organisé
une tournée d'un mois
pour joindre les défenseurs de l'eau
partout au pays.
Le procureur général des É.-U.,
le FBI, l'ATF, le JTTF,
et d'autres organisations fédérales
avaient une vision claire
de la manière dont le grand jury
allait se dérouler.
On les a complètement fourrés,
et je crois qu'on a bien fait ça.
La plupart des gens
qui n'ont pas une expérience directe
en tant qu'accusé-e
dans le système de justice
ont une idée déformée
de ce à quoi s'attendre.
Vu la manière dont
le processus judiciaire est illustré
au cinéma, à la télévision,
et dans les grands médias,
il n'est pas étonnant
que le public s'imagine
deux avocats tirés à quatre épingles
débattant dans une salle d'audience,
défendant leurs arguments
devant un juge à l'air sévère,
et un jury indécis et inquiet.
-J'ordonne par conséquent
la libération de Ruben Carter--
En fait, ça ressemble moins
à un roman de John Grisham
qu'à un délire de Franz Kafka.
Si vous avez la chance
d'être libéré-e sous caution,
privilège que la plupart des gens
n'ont pas,
attendez-vous à une longue période
où votre vie sera bouleversée
par votre dossier juridique.
Ça peut prendre des mois...
ou même, si vous choisissez
d'aller en procès, des années.
Dans tous les cas,
il faut s'attendre
à une longue série d'audiences
plus ou moins inutiles,
et à de fréquentes rencontres
avec votre avocat-e.
Plus souvent qu'autrement,
ce processus est super déroutant,
stressant et dispendieux.
Si vous avez des coaccusé-e-s,
vous ne pourrez communiquer
qu'en présence d'un-e avocat-e...
même si c'est votre partenaire
ou un-e ami-e proche.
Avec un peu de chance, votre avocat
respectera votre indépendance,
et sera même sympathique
à vos idées politiques.
Avec le soutien
de camarades solides,
vous trouverez peut-être le moyen
de faire avancer
votre cause en cour.
Les accusations pourraient
même être retirées subitement,
parfois de manière inexplicable.
Pour simplifier à outrance,
une défense juridique
est ce qu'une personne répond
aux allégations de l'État
à l'effet qu'elle a enfreint la loi.
Si une personne est accusée
de destruction de propriété,
d'avoir cassé des vitres,
disons,
la défense pourrait être
« non coupable »,
c.-à-d.,
elle ne l'a pas fait.
Une défense politique,
au contraire,
consiste à examiner
le climat politique et à chercher
les leviers qui pourraient
être utilisés
pour politiser l'affaire
et mettre de l'avant
la cause du mouvement ciblé.
Une défense politique s'appuie
sur les objectifs politiques
d'un mouvement,
alors qu'une défense juridique
s'appuie sur l'objectif
de minimiser l'impact négatif
de l'épreuve du système pénal.
Qu'il soit question de se battre
contre des flics racistes,
ou de s'enchaîner
à une machine destructrice,
vous n'êtes pas seul-e
à être mis-e en procès...
... votre cause l'est aussi.
Une défense réussie combine
des tactiques juridiques et politiques
pour limiter les effets négatifs
que peut avoir un dossier
sur les individus
et sur le mouvement.
La défense juridique est balisée
par les limites du système,
et le but de la défense
est de démentir les accusations,
de faire en sorte
d'être acquitté-e au procès,
ou de négocier une entente
favorable à la défense
pour éviter d'aller en procès
si cela est jugé préférable
dans une situation
en particulier.
Tandis qu'une défense politique
peut parfois
entrer en conflit avec
une défense juridique normale.
L'investissement est différent.
Mais il y a aussi beaucoup à gagner
d'une approche plus politique.
Cette approche s'éloigne
de ce qui considéré légal
par les législateurs
et se rapproche de considérations
éthiques et morales,
comme la libération
de toute forme d'oppression.
Des accusé-e-s
peuvent aussi décider de refuser
de coopérer avec les procédures
engagées contre eux ou elles.
Par exemple, des militant-e-s
pour l'indépendance de Puerto Rico
et de la Black Liberation Army,
dans les années 1970 et 1980,
ont choisi de se représenter
comme des prisonniers de guerre,
en rejetant la légitimité
du gouvernement américain
à les poursuivre en justice,
et en refusant totalement
de coopérer aux procédures.
Ces prisonniers de guerre
ont été condamnés
malgré leur refus de participer.
Bon nombre ont passé
des décennies en prison,
et plusieurs s'y trouvent
encore aujourd'hui.
Ça peut aussi vouloir dire de mettre
de la pression sur le système.
Les campagnes d'appels
au bureau du procureur ou au juge.
Les campagnes d'envoi de lettres
à un juge,
de partout au pays
ou de partout dans le monde,
en appui à un-e accusé-e
ou à un groupe de coaccusé-e-s.
Au cours des dernières années,
on a eu quelques réussites
en matière de défense politique.
Malheureusement, la plupart
des réussites sont mitigées.
On a gagné à certains égards
et perdus à d'autres égards.
Prenons le cas de Cece McDonald,
au Minnesota.
Cece est une femme trans noire
qui a été attaquée
en se rendant au marché
tard le soir.
Dans l'empoignade
qui s'en est suivie,
l'un des assaillants
a été poignardé près du cœur
et est mort sur le coup.
On a su plus tard qu'il avait
un swastika tatoué sur la poitrine
depuis qu'il s'était impliqué
dans un gang néonazi en prison.
Cece était initialement
la seule personne accusée,
et elle risquait 20 ans de prison
pour meurtre.
Après un certain temps,
la poursuite lui a fait une offre
pour dix ans.
Elle a refusé,
alors les procureurs ont ajouté
une accusation plus grave,
qui faisait grimper
la peine maximale à 40 ans.
Je participais
à son comité de défense
et nous avons recueilli
beaucoup d'aide et de solidarité
partout au pays
et ailleurs dans le monde
en démontrant que le procès
était une extension
de la violence raciste
et transphobe
que les suprémacistes
avaient déchainée dans la rue,
en attaquant Cece et ses ami-e-s.
Suite à cette campagne de pression,
combinée à la défense menée
par son équipe de défense,
elle a accepté
une entente négociée
de plaidoyer de culpabilité
pour meurtre involontaire.
Elle a passé une autre année
en prison.
Elle est libre depuis
quelques années maintenant
et milite activement,
notamment en faisant des conférences
où elle réclame justice
pour les personnes trans,
les femmes trans noires,
en particulier.
Parce qu'un nombre élevé
de personnes trans,
et de femmes trans noires
en particulier,
sont ciblées, agressées
et assassinées dans les rues.
Le système judiciaire cherche
à individualiser les gens
et à les isoler les uns des autres.
Il excelle à ça.
Alors, plus nous sommes capables
de maintenir la communication
entre nous,
plus nous pouvons
préserver notre solidarité.
Il est fréquent que des gens
accusés au criminel
dénoncent quelqu'un
pour sauver leur propre peau.
Mais si ça s'inscrit en faux
contre vos valeurs et convictions,
vous devez trouver un avocat
qui respectera vos valeurs
et n'essaiera pas de vous pousser
à faire un coup foireux
simplement parce que
c'est bon pour votre propre cause.
Si vous avez des coaccusé-e-s,
assurez-vous
que votre entente négociée
ou que l'énoncé des faits
que vous signez
n'incrimine personne d'autre,
notamment si vous avez
des coaccusé-e-s connu-e-s,
– et surtout s'il y a
des complices inconnu-e-s.
Si l'État ignore certains faits,
on veut que ça reste comme ça.
Il est important de comprendre
les implications
et les conséquences
de la délation
et de faire en sorte
que tous les accusé-e-s
se sentent soutenu-e-s
et évitent le piège tendu par l'État
pour leur faire accepter
ses conditions.
Une entente de non coopération
établit la confiance
et la solidarité
entre les coaccusé-e-s
et confirme que les accusé-e-s
refuseront d'aider l'État
dans ses efforts
pour les poursuivre.
Dans le cas de J20,
plus de la moitié des accusé-e-s
adhèrent à une base d'unité
comportant une entente
de non coopération,
un rejet de la délation
et de la coopération avec l'État,
et le refus de cibler ou d'isoler
des coaccusé-e-s.
L'entente inclus un engagement
à partager les ressources
et à contribuer
à la défense collective.
Des gens sont visés
par des accusations partout au pays.
Des gens qui ne se connaissaient
peut-être pas avant ça,
et des communautés qui n'étaient
peut-être pas connectées,
sont maintenant mieux connectées.
Si l'État croit qu'il peut
utiliser ces tactiques
pour nous diviser,
c'est pour nous l'occasion
de nous consolider
si nous osons essayer.
Le romancier russe
Fiodor Dostoïevski a écrit :
« On peut mesurer le degré
de civilisation d'une société
en visitant ses prisons. »
Lui-même ancien prisonnier,
il savait que la manière
dont le pouvoir fonctionne
dans une société donnée
détermine qui l'État enferme,
dans quelles conditions,
et à quelles fins.
Prenons les États-Unis.
Sa position dominante
au sommet de l'économie mondiale
découle du lucratif
système de plantations
érigé sur le travail non payé
de générations d'esclaves africains.
L'esclavage n'est jamais
vraiment disparu aux É.-U.,
il a seulement changé de forme.
Il y a littéralement une exception
au 13e amendement...
Checkez ça :
« Ni l'esclavage,
ni la servitude involontaire,
sauf en cas de punition
pour un crime,
ne seront permis aux États-Unis. »
Cela se traduit aujourd'hui
par un système
d'incarcération massive,
où un homme noir sur trois
se retrouve enfermé
à un moment de sa vie,
et est forcé de travailler
contre un salaire dérisoire
pour garnir la marge de profit
d'entreprises prospères
comme McDonald's et Verizon.
Le système carcéral américain
est le sous-produit
d'une société donnée
avec une histoire donnée,
comme le sont les prisons
partout ailleurs.
Mais où qu'elles soient situées,
toutes les prisons ont au moins
une chose en commun :
elles sont remplies de personnes
qui ont toutes sortes de raisons
pour détester l'État.
L'histoire de
la Croix noire anarchiste
commence en Russie,
entre 1900 et 1905,
pour soutenir les camarades
qui étaient persécutés
et emprisonnés
dans le contexte de la lutte
contre le tsarisme.
Ici au Mexique, le premier groupe
est fondé au milieu des années 1990.
La manière dont nous décidons
quel-le-s camarades soutenir
repose principalement
sur l'affinité politique.
Si un-e camarade anarchiste
est emprisonné-e,
peu importe qu'iel soit
« coupable » ou «innocent-e »,
coupable ou non,
pour nous,
ça n'a pas d'importance.
Ce qui importe, c'est que ce soit
un-e camarade anarchiste
qui est en prison.
L'un d'eux est Fernando Barcenas,
un jeune qui tire trois ans
de prison,
pour avoir cramé
un sapin de noël de Coca Cola.
Parmi les choses que nous faisons
avec les camarades détenu-e-s,
nous faisons le suivi
de comment ça se passe
pour eux et elles en dedans,
physiquement et émotionnellement.
Nous les visitons pour établir
un rapport de solidarité.
L'intention est de lutter contre
l'érosion de la personnalité
qui tend à se produire
en prison.
Nous essayons de maintenir
la communication
en écrivant des lettres.
Parmi les actions qui ont été menées
depuis l'intérieur de la prison,
et que nous avons soutenues,
il y a eu des grèves de la faim.
Par exemple,
une grève de la faim coordonnée
entre différentes prisons
par quatre camarades anarchistes
qui étaient
dans différentes prisons.
L'objectif de la grève de la faim
était de dénoncer
l'existence des prisons
en tant que telles,
ainsi que la fonction sociale
des prisons
au sein du régime disciplinaire
de la société en général.
Nous essayons aussi de soutenir
des projets d'organisation
qui concernent
la vie quotidienne en prison.
Il y avait un collectif
qui se concentrait sur ça,
qui animait des ateliers de musique,
de création littéraire,
et des ateliers
sur les soins de santé,
et des choses comme ça,
qui ont donné des résultats.
Un recueil de chroniques
a été produit.
Ils ont même enregistré
un album punk.
Nous sommes le groupe de coordination
anticarcérale La Fuga (la fuite).
Nous sommes actifs depuis 2015
et avons commencé en tant que
comité de coordination
entre petits groupes et individus
partageant une perspective
anticarcérale et antisystème.
Nous organisons surtout
des actions de sensibilisation
en particulier des actions de rue
comme des marches,
et des assemblées
à différents endroits.
Des journées de sensibilisation.
Sur les places publiques,
dans les universités
ou les écoles secondaires.
Les manifestations sont surtout
dans les rues et les lieux publics.
Nous mobilisons aussi
contre le terrorisme d'État.
À partir du principe
de solidarité internationale,
nous avons manifesté
devant différentes ambassades
pour sensibiliser les gens
à la réalité des prisonnier-e-s,
mais aussi au terrorisme d'État
et à la répression.
Nous avons une structure
horizontale, flexible et affinitaire.
Notre fonctionnement est dynamique.
Aucun rôle n'est prédéterminé,
tout repose plutôt
sur l'initiative des individus,
et sur ce que chaque personne
veut apporter à chaque action.
Nous sommes davantage
une coordination de bénévoles
qu'une structure fixe.
Le Comité d'organisation
des travailleur-euses incarcéré-e-s
est un comité des IWW.
Il est inspiré de l'appel
de George Jackson
pour la formation d'un syndicat
des travailleur-euses en milieu carcéral,
- c'est un prisonnier Black Panther
qui a été tué par les gardiens
en Californie –
et par les récents soulèvements.
Il y a eu une grosse grève
en Georgie en 2010,
le Free Alabama Movement
paralysait des prisons
un peu partout
et quelques membres des IWW
qui avaient déjà fait de la prison
ont saisi l'idée de former
le Comité d'organisation
des travailleur-euses incarcéré-e-s.
Nous avons plus de 800 membres
actuellement en dedans,
et quand les gens sortent,
ils restent dans le syndicat
et continuent de participer
et d'enrichir l'organisation.
La structure est très expérimentale
et les activités quotidiennes
varient d'un État à l'autre,
et d'un établissement à l'autre.
À certains endroits, nous essayons
de créer des sections locales
en mettant les détenu-e-s
en contact à l'échelle de l'État.
Ailleurs, nous nous concentrons
sur des communautés en particulier,
ou sur une prison,
ou même sur un bloc de cellules.
Une grande partie
du travail quotidien
consiste à gérer
les correspondances.
Écrire et faciliter la communication
au-delà des barreaux
et des clôtures.
Le 9 septembre 2016
a eu lieu la plus grosse
grève des détenu-e-s de l'histoire.
Des dizaines de milliers
de détenu-e-s
y ont participé partout au pays,
ont mené diverses actions
et employé diverses tactiques.
L'appel avait été lancé
par des détenu-e-s
d'Alabama, d'Ohio et d'ailleurs.
Ils ont d'abord rédigé
un appel à l'action,
que nous avons ensuite relayé
aussi largement que possible,
et des détenu-e-s de partout au pays
l'ont reçu.
En même temps,
nous avons organisé en dehors,
pour multiplier les manifs
et les actions d'appui.
Plusieurs prisons ont été paralysées
à cause de la grève
ou des rumeurs de grève,
ou parce que
des détenu-e-s ont mené
des actions spontanées
ou inattendues.
Il y a eu des grèves de la faim
en Ohio et au Wisconsin
et des arrêts de travail au Texas,
dans la région Pacifique nord-ouest.
En Floride et au Michigan,
il y a eu des actions
où les prisonniers
ont pété une coche
et se sont mis à tout
décrisser dans la prison.
Chaque individu
a une expérience unique
du système pénal,
et les probabilités
que nous nous retrouvions en prison
sont déterminées
par plusieurs facteurs.
Certains des principaux facteurs
sont liés à l'identité,
comme la nationalité,
la race et le genre,
qui nous sont assignés
à la naissance.
D'autres sont liés à nos expériences
personnelles de traumatisme,
les conditions de santé,
la pauvreté et la position sociale,
qui conditionnent souvent
nos habitudes
et limitent sévèrement nos options.
D'autres sont liés à la force
de nos convictions politiques,
et à notre refus de les trahir.
Mais il y a un facteur
dont nous avons le contrôle...
À savoir si, le temps venu,
nous nous soutiendrons
mutuellement.
Le système de justice pénal
est conçu de manière à nous diviser,
car lorsque nous sommes isolé-e-s,
nous sommes affaibli-e-s.
Il le fait par un mélange grossier
de peur,
d'égoïsme et de glorification
des hiérarchies sociales
formées et renforcées
par l'oppression systémique.
Si nous voulons vraiment
bâtir des mouvements
capables de démanteler
les institutions idéologiques
que sont la suprématie blanche,
le patriarcat, le capacitisme,
et les États capitalistes
qui les soutiennent,
il faut nous tourner vers les
institutions physiques
où elles se déploient.
Cela implique de bâtir des mouvements
offrant une solidarité réelle
à celles et ceux qui sont le plus durement
affecté-e-s par l'appareil répressif de l'État,
tout en renforçant une infrastructure
de défense collective
qui nous permettra
de survivre aux luttes à venir.
Lorsqu'on confronte l'État,
la réaction immédiate de l'État
est la répression,
et l'éthique élémentaire
de nos mouvements doit en tenir compte.
Tenir compte de la nécessité
de soutenir
et d'inclure les camarades
qui sont persécuté-e-s.
C'est en fait
vraiment contre-intuitif,
lorsqu'on est visé
par ce genre de répression,
mais l'un des meilleurs outils
dont on dispose,
dans nos mouvements,
est de rendre
ces causes publiques.
Les accusé-e-s ont besoin
de beaucoup de soutien,
nous sommes confronté-e-s
à de longues batailles juridiques,
à des milliers de dollars
en amendes,
et à de possibles
peines d'emprisonnement.
Nous avons été placé-e-s
ensemble par l'État
dans une situation
incroyablement stressante,
et devons maintenant
trouver le moyen
de combiner des stratégies
politiques et juridiques
qui nous permettront
d'éviter la prison.
Ce soutien peut se traduire
par un kiosque à un événement,
une campagne de financement,
ou une campagne d'info
dans les médias sociaux
pour faire connaître la cause
et tenir les gens au courant.
Expliquer quelles sont
les implications de cette affaire
pour les gens partout au pays.
Cette cause est très importante,
ne serait-ce que par son ampleur,
et son caractère sans précédent,
le fait que ça se soit produit
au premier jour
de la présidence Trump.
Ce n'est pas une coïncidence
s'ils mettent le paquet comme ça
contre ces accusé-e-s.
Ce n'est pas un hasard
s'ils essaient de donner le ton
de ce à quoi ressemblera
la répression sous Trump.
Les accusations qu'a porté
le procureur d'État de Morton County
contre les défenseurs de l'eau...
il y a plus de 569
dossiers en instance
dans les comtés
de Morton and Burleigh.
Lorsqu'on parle d'un aussi grand
nombre de personnes,
et des coûts exorbitants
des frais d'avocat,
des cautions, des voitures
mises en fourrière,
des chevaux mis en fourrière,
des chiens mis en fourrière,
des canots confisqués...
en plus des frais de déplacement...
Nous avons besoin
de l'aide des gens
pour qui cette cause est importante,
qui veulent détruire
le capitalisme,
qui veulent éroder...
qui croient en la stratégie
consistant à corroder
le ciment qui tient le capitalisme,
la suprématie blanche
et le patriarcat ensemble,
-- soit, le système carcéral.
Notre stratégie est de maintenir
une bonne coordination,
d'éviter le sectarisme,
et de chercher à établir
entre différents
groupes et individus
la possibilité d'organisations
permanentes efficaces.
Il y aura rarement
un mode d'emploi
ou un programme à suivre
qui dira :
« en faisant A, B et C,
vous aiderez les accusé-e-s,
iels gagneront leur procès,
et seront libres comme l'air. »
J'encourage les gens
à ne pas se laisser intimider
par tout le jargon juridique,
et toutes les particularités
du système judiciaire.
C'est compliqué.
Et même si les avocats
se présentent comme des experts,
même eux ne le sont pas vraiment.
Parce que l'État essaie constamment
de changer la manière dont
elle utilise le jargon et les règles
à son propre avantage.
Les situations dans les prisons
varient d'un État à l'autre,
et d'un établissement à l'autre.
Il n'y a pas une seule
marche à suivre,
qui fonctionnerait partout au pays.
Il faut plutôt participer
aux efforts d'organisation locaux,
trouver ce qui est approprié
et se brancher sur le travail
qui est mené en-dedans
là où vous vous trouvez.
Souvent, j'ai l'impression
que les gens s'épuisent facilement
ou sont vite accablés
par la somme d'information
qu'il faut assimiler
sur le système de justice pénale,
et se sentent paralysés
dans leur travail.
Alors, quand les gens s'engagent
dans la défense collective,
ils doivent adopter une optique
où ils plongent dans l'inconnu
pour livrer une bataille
qui est à la base
biaisée contre les accusé-e-s
afin de trouver les moyens
et trouver l'espace
pour empêcher
l'État de gagner complètement,
ou, idéalement,
remporter la victoire.
Pour nous,
l'une des meilleurs façons
de se solidariser avec
les camarades détenu-e-s
est de se rappeler que c'est la lutte
qui les a mené-e-s là.
Ne jamais oublier
qu'iels sont là
parce qu'iels ont choisi
de combattre le système,
et qu'il est nécessaire
de poursuivre la lutte
et de continuer
à combattre le système.
Il faut que les gens comprennent
que la solidarité,
ne se limite pas
à réagir à la répression
en faisant du financement
et de la sensibilisation.
Il faut aussi poursuivre la lutte.
Les gens ne doivent pas
se laisser intimider
par ce qui nous arrive.
La résistance n'est pas
moins nécessaire
parce que quelque 200 personnes
sont accusées au criminel.
En fait, ça ne fait que confirmer
que le système est pourri.
Nous sommes visé-e-s
par la répression d'État.
Nous sommes visé-e-s
par les violences de la droite.
Mais, par contre, nous organisons
la résistance et la solidarité,
de manière
remarquablement efficace.
Il y a toujours
matière à amélioration,
on pourrait mieux collaborer,
améliorer la manière
dont on répond à ces menaces...
mais de nombreuses
actions inspirantes sont menées,
qui solidarisent les gens
face à toutes ces menaces...
Et espérons-le,
nous en ressortirons plus fort-e-s.
La même ardeur
qui motive les gens
à prendre la rue,
planifier des actions,
accrocher des bannières
au milieu de la nuit,
ou saboter quelque chose,
est la même ardeur qui
les motive
à protéger les gens
qui résistent.
Au fur et à mesure que la résistance
à la réaction nationaliste,
aux inégalités grandissantes
et à l'extraction des ressources
gagnera en vigueur,
nos mouvements seront
de plus en plus réprimés par l'État.
La question de savoir
si la répression
renforcera ou anéantira
nos mouvements,
dépendra en bonne partie
de notre capacité à développer
les outils, les ressources
et l'infrastructure nécessaires
pour renforcer
notre défense collective
et notre capacité à contrecarrer
les efforts de l'État
visant à isoler nos camarades
derrière des murs
de béton et d'acier.
Pour conclure,
nous vous rappelons
que Trouble est conçu
pour être visionné en groupe
et favoriser la discussion
et l'organisation collective.
S'il n'y a aucun projet
de défense juridique
ou de soutien aux détenu-e-s
dans votre région,
envisagez la possibilité
de vous réunir entre camarades
pour visionner ce film
et discuter des étapes
nécessaires pour en créer un.
Les événements de financement
et de rédaction de lettres
aux prisonnier-e-s politiques
sont un bon point de départ.
Jetez un coup d'œil
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de voir des camarades
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Richard, Dark, Badger,
BJ, Tino, Filip, Thomas,
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