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Persona (1966) [MultiSub] [Film] - (Ingmar Bergman)

  • 6:31 - 6:33
    Vous vouliez me voir, Docteur ?
  • 6:33 - 6:36
    - Avez-vous vu Mme Vogler ?
    - Non, pas encore.
  • 6:36 - 6:38
    Je vais vous décrire son cas
  • 6:39 - 6:42
    et vous expliquer
    pourquoi je vous la confie.
  • 6:43 - 6:47
    Comme vous savez, Mme Vogler
    est actrice et jouait Électre.
  • 6:49 - 6:53
    Au milieu de la pièce, elle a
    regardé autour d'elle, surprise.
  • 6:53 - 6:56
    Elle est restée silencieuse
    un instant.
  • 7:08 - 7:13
    Plus tard, elle a expliqué qu'elle
    avait été prise d'un fou rire.
  • 7:14 - 7:18
    Le lendemain, le théâtre l'a
    attendue en vain pour la répétition.
  • 7:19 - 7:22
    Sa gouvernante l'a trouvée
    éveillée, dans son lit.
  • 7:22 - 7:25
    Elle ne bougea pas, ne répondit
    à aucune question.
  • 7:27 - 7:29
    Elle est comme ça depuis 3 mois
  • 7:29 - 7:32
    et a subi
    tous les examens possibles.
  • 7:32 - 7:35
    Le résultat est clair :
    elle est en bonne santé
  • 7:36 - 7:37
    physique et mentale.
  • 7:38 - 7:41
    Et il ne peut s'agir
    d'une réaction hystérique.
  • 7:41 - 7:44
    Des questions, Alma ?
  • 7:44 - 7:47
    Non ?
    Alors rejoignez Mme Vogler.
  • 7:56 - 7:58
    Bonjour, Mme Vogler.
  • 7:59 - 8:01
    Je m'appelle Alma.
  • 8:01 - 8:04
    Je suis l'infirmière
    chargée de s'occuper de vous.
  • 8:07 - 8:11
    Je devrais peut-être me présenter.
    J'ai 25 ans et je suis fiancée.
  • 8:12 - 8:15
    Je suis infirmière depuis deux ans.
  • 8:16 - 8:19
    Mes parents sont agriculteurs.
  • 8:19 - 8:22
    Ma mère était infirmière
    avant son mariage.
  • 8:24 - 8:28
    Je vais chercher votre dîner :
    foie et salade de fruits.
  • 8:28 - 8:30
    Ça a l'air bon.
  • 8:31 - 8:33
    Je remonte la tête du lit ?
  • 8:33 - 8:34
    Vous êtes bien ?
  • 8:41 - 8:44
    Quelle est votre première
    impression, Alma ?
  • 8:45 - 8:47
    Je ne sais pas quoi dire, docteur.
  • 8:48 - 8:51
    Son visage semble doux,
    presqu'enfantin.
  • 8:51 - 8:53
    Mais il y a ses yeux...
  • 8:54 - 8:56
    Je trouve que son regard est dur.
  • 8:58 - 9:01
    - Je devrais peut-être...
    - Que vouliez-vous dire ?
  • 9:02 - 9:04
    Je devrais refuser ce travail.
  • 9:04 - 9:06
    Quelque chose vous fait peur ?
  • 9:07 - 9:11
    Non, mais il lui faudrait
    une infirmière plus âgée,
  • 9:11 - 9:16
    plus expérimentée, qui connaisse
    la vie. Je ne suis pas à la hauteur.
  • 9:16 - 9:18
    À la hauteur ?
  • 9:18 - 9:20
    - Mentalement.
    - Mentalement ?
  • 9:21 - 9:25
    Son silence et son immobilité
    sont le fruit d'une décision,
  • 9:25 - 9:28
    - puisqu'elle est en bonne santé.
    - Et alors ?
  • 9:29 - 9:32
    Cette décision prouve
    une grande force d'âme.
  • 9:32 - 9:34
    Je ne pourrai peut-être pas.
  • 9:36 - 9:40
    Je les fermerai plus tard,
    que vous voyez le crépuscule.
  • 9:43 - 9:45
    Je vous allume la radio ?
  • 9:45 - 9:47
    Il y a une dramatique, je crois.
  • 9:49 - 9:52
    Pardonne-moi, mon amour.
  • 9:52 - 9:55
    Je t'en supplie, pardonne-moi.
  • 9:55 - 9:59
    Je ne désire plus rien
    que recevoir ton pardon.
  • 10:00 - 10:04
    Qu'est-ce qui vous fait rire,
    Mme Vogler ? C'est l'actrice ?
  • 10:05 - 10:09
    Que sais-tu de la compassion ?
    Dis-moi, que sais-tu ?
  • 10:10 - 10:12
    Que sais-tu de la compassion ?
  • 10:18 - 10:20
    Je ne vois pas les choses ainsi,
    Mme Vogler.
  • 10:21 - 10:25
    J'aime le cinéma et le théâtre,
    mais je n'y vais pas souvent.
  • 10:26 - 10:29
    J'ai beaucoup d'admiration
    pour les artistes.
  • 10:29 - 10:33
    Je pense que l'art joue
    un grand rôle dans nos vies.
  • 10:33 - 10:37
    Surtout pour les gens
    qui ont des problèmes.
  • 10:39 - 10:43
    Je ne devrais pas vous parler de ça.
    C'est un terrain glissant.
  • 10:44 - 10:46
    Il doit y avoir de la musique.
  • 10:47 - 10:49
    Cela vous plaît ?
  • 10:51 - 10:54
    Bonne nuit, Mme Vogler.
    Dormez bien.
  • 12:40 - 12:42
    Mince !
  • 12:50 - 12:52
    C'est étrange.
  • 12:52 - 12:54
    On peut aller n'importe où.
  • 12:55 - 12:57
    On peut faire n'importe quoi.
  • 13:00 - 13:04
    J'épouserai Karl-Henrik,
    nous aurons des enfants.
  • 13:04 - 13:06
    Je les élèverai.
  • 13:07 - 13:10
    Tout cela est décidé.
    Ça fait partie de moi.
  • 13:11 - 13:13
    Je n'ai plus de raison
    d'y réfléchir.
  • 13:14 - 13:16
    C'est un grand sentiment
    de sécurité.
  • 13:17 - 13:20
    J'ai un métier que j'aime,
    qui me satisfait.
  • 13:22 - 13:23
    C'est bien aussi.
  • 13:24 - 13:26
    Mais différemment.
  • 13:27 - 13:28
    Mais c'est bien...
  • 13:29 - 13:30
    C'est bien.
  • 13:32 - 13:34
    C'est bien.
  • 13:41 - 13:44
    Je me demande ce qu'elle a vraiment.
  • 13:47 - 13:49
    Elisabet Vogler.
  • 13:51 - 13:53
    Elisabet.
  • 15:26 - 15:28
    J'ouvre votre lettre, Mme Vogler ?
  • 15:35 - 15:37
    Voulez-vous que je la lise ?
  • 15:43 - 15:45
    Voulez-vous que je vous la lise ?
  • 15:53 - 15:55
    "Chère Elisabet,
  • 15:55 - 15:58
    "comme je ne peux pas te voir,
    je t'écris.
  • 15:58 - 16:02
    "Tu peux décider
    de ne pas lire ma lettre.
  • 16:04 - 16:08
    "Je ne peux m'empêcher
    de rechercher ce contact avec toi
  • 16:09 - 16:12
    "parce que je suis tourmenté
    par une question :
  • 16:12 - 16:15
    "t'ai-je fait du mal ?
  • 16:15 - 16:17
    "T'ai-je blessée sans le savoir ?
  • 16:18 - 16:22
    "Un terrible malentendu
    s'est-il immiscé entre nous ?"
  • 16:28 - 16:30
    Dois-je continuer à lire ?
  • 16:38 - 16:41
    "Nous étions heureux
    ces derniers temps, non ?
  • 16:42 - 16:43
    "Nous n'avons jamais...
  • 16:44 - 16:46
    "été aussi proches."
  • 16:48 - 16:50
    "T e souviens-tu m'avoir dit :
  • 16:50 - 16:54
    "Maintenant je comprends
    ce qu'est le mariage" ?
  • 16:55 - 16:57
    "Tu m'as appris que..."
  • 16:58 - 17:00
    Je n'arrive pas à lire la suite.
  • 17:00 - 17:03
    "Tu m'as appris..."
    Ah oui, ça y est.
  • 17:03 - 17:07
    "Tu m'as appris que nous devions
    nous considérer
  • 17:07 - 17:10
    "comme deux enfants anxieux,
  • 17:10 - 17:14
    "pleins de bonne volonté
    et des meilleures intentions,
  • 17:14 - 17:16
    "mais gouv..."
  • 17:17 - 17:19
    J'y suis : "gouvernés par des forces
  • 17:20 - 17:22
    "que nous ne contrôlons pas
    entièrement."
  • 17:23 - 17:25
    "T e souviens-tu avoir dit cela ?
  • 17:27 - 17:29
    "Nous marchions dans les bois.
  • 17:29 - 17:32
    "Tu t'es arrêtée
    et as agrippé ma ceinture."
  • 17:40 - 17:43
    Il y a une photographie
    avec la lettre.
  • 17:44 - 17:47
    C'est une photographie
    de votre fils. Je ne sais...
  • 17:48 - 17:50
    La voulez-vous, Mme Vogler ?
  • 17:52 - 17:54
    Il a l'air très mignon !
  • 18:25 - 18:30
    Elisabet, je ne pense pas qu'il
    faille que tu restes à l'hôpital.
  • 18:30 - 18:34
    Ce n'est pas bon.
    Tu ne veux pas rentrer chez toi,
  • 18:34 - 18:37
    mais tu pourrais aller
    dans ma maison du bord de la mer.
  • 18:38 - 18:38
    Non ?
  • 18:41 - 18:43
    Tu ne crois pas que je comprends ?
  • 18:44 - 18:46
    Rêver vainement d'exister.
  • 18:47 - 18:49
    Ne pas avoir l'air, être réellement.
  • 18:51 - 18:55
    À chaque instant,
    consciente, vigilante.
  • 18:56 - 19:00
    Mais un abîme sépare ce qu'on est
    pour les autres et pour soi-même.
  • 19:01 - 19:06
    Sensation de vertige et désir
    constant d'être enfin découverte.
  • 19:08 - 19:11
    D'être mise à nu,
    découpée en morceaux
  • 19:12 - 19:13
    et peut-être même anéantie.
  • 19:15 - 19:19
    Chaque intonation, un mensonge,
    chaque geste, une tromperie,
  • 19:19 - 19:20
    chaque sourire, une grimace.
  • 19:22 - 19:23
    Se suicider ?
  • 19:24 - 19:26
    Oh, non !
  • 19:26 - 19:27
    C'est affreux.
  • 19:28 - 19:29
    Ça ne se fait pas.
  • 19:30 - 19:33
    Mais on peut être immobile.
    Et silencieuse.
  • 19:33 - 19:35
    Au moins, on ne ment pas.
  • 19:36 - 19:39
    On peut se replier,
    on peut s'enfermer en soi.
  • 19:39 - 19:42
    Alors plus de rôle à jouer,
    plus de grimace à faire,
  • 19:43 - 19:45
    plus de geste mensonger.
    Du moins, on croit.
  • 19:47 - 19:49
    Mais la réalité est obstinée.
  • 19:49 - 19:52
    Ta cachette n'est pas étanche.
  • 19:52 - 19:55
    La vie s'infiltre partout.
  • 19:58 - 20:00
    Tu es obligée de réagir.
  • 20:01 - 20:04
    Personne ne se demande
    si c'est réel ou non,
  • 20:04 - 20:07
    si tu es vraie ou fausse.
  • 20:07 - 20:12
    Il n'y a qu'au théâtre que
    ces questions comptent. Et encore...
  • 20:13 - 20:15
    Je te comprends, Elisabet.
  • 20:16 - 20:18
    Je comprends que tu te taises,
    que tu sois immobile.
  • 20:19 - 20:23
    Que tu aies monté cette apathie
    en un système fantastique.
  • 20:24 - 20:26
    Je te comprends et je t'admire.
  • 20:27 - 20:32
    Tu devrais jouer ce rôle
    jusqu'à ce qu'il soit épuisé.
  • 20:32 - 20:36
    Qu'il ait perdu tout intérêt.
    Alors tu l'abandonneras.
  • 20:36 - 20:38
    Comme, petit à petit,
  • 20:39 - 20:41
    tu as quitté tes autres rôles.
  • 20:45 - 20:50
    Mme Vogler et Alma arrivent à la
    maison du docteur à la fin de l'été.
  • 20:50 - 20:54
    Le séjour au bord de la mer
    a un effet bénéfique sur l'actrice.
  • 20:55 - 20:59
    L 'apathie qui la paralysait cède
    devant les longues promenades,
  • 20:59 - 21:03
    Les excursions en bateau, la cuisine
    et autres distractions.
  • 21:04 - 21:06
    Alma apprécie
    la solitude de la campagne
  • 21:07 - 21:09
    et prend grand soin
    de sa patiente.
  • 21:50 - 21:53
    Ça porte malheur
    de comparer ses mains.
  • 22:11 - 22:13
    Elisabet ?
  • 22:13 - 22:17
    Je peux te lire quelque chose ?
    Je ne te dérange pas ?
  • 22:17 - 22:20
    Il est écrit :
    "Toute l'anxiété
  • 22:20 - 22:23
    "que nous portons en nous,
    tous nos rêves contrariés,
  • 22:24 - 22:28
    "la cruauté incompréhensible,
    notre peur de disparaître,
  • 22:28 - 22:31
    "la terrible notion
    de notre condition
  • 22:32 - 22:37
    "ont lentement érodé notre espoir
    de salut dans un autre monde.
  • 22:38 - 22:41
    "Le cri de notre foi
    et de nos doutes dans la nuit
  • 22:42 - 22:46
    "est l'une des preuves les plus
    terribles de notre abandon
  • 22:46 - 22:49
    "et de notre savoir
    terrifié et inexprimé."
  • 22:52 - 22:52
    Qu'en dis-tu ?
  • 22:58 - 22:59
    Je ne suis pas d'accord.
  • 23:01 - 23:04
    Changer... Le pire chez moi,
    c'est que je suis paresseuse.
  • 23:05 - 23:07
    Ça me donne mauvaise conscience.
  • 23:07 - 23:09
    Karl-Henrik me voudrait
    plus ambitieuse.
  • 23:09 - 23:13
    Il dit que je vis comme
    une somnambule. C'est injuste.
  • 23:13 - 23:16
    Je suis sortie première
    de ma promotion.
  • 23:17 - 23:18
    Il veut dire autre chose.
  • 23:21 - 23:23
    Tu sais... Oh, pardon.
  • 23:23 - 23:26
    Tu sais à quoi je pense parfois ?
  • 23:26 - 23:29
    À l'hôpital,
    il y a une maison de retraite
  • 23:30 - 23:32
    réservée aux infirmières,
  • 23:32 - 23:36
    celles qui n'ont toujours vécu
    que pour leur travail.
  • 23:37 - 23:39
    Elles ont une petite chambre.
  • 23:39 - 23:42
    Ah, consacrer sa vie
    à une seule chose !
  • 23:43 - 23:47
    Je veux dire croire,
    réaliser quelque chose.
  • 23:47 - 23:49
    Croire que sa vie a un sens.
  • 23:50 - 23:51
    J'aime cette idée.
  • 23:52 - 23:55
    S'y tenir obstinément,
    sans conditions.
  • 23:55 - 23:56
    On devrait vivre ainsi.
  • 23:57 - 24:00
    Compter pour les autres.
    Tu ne trouves pas ?
  • 24:05 - 24:09
    Je sais que ça a l'air puéril,
    mais j'y crois.
  • 24:11 - 24:13
    Mon Dieu, il pleut à verse !
  • 24:14 - 24:17
    Oh oui. Il était marié.
  • 24:17 - 24:19
    Nous avons été amants cinq ans.
  • 24:19 - 24:21
    Puis il s'est lassé, bien sûr.
  • 24:22 - 24:26
    J'étais très amoureuse.
    Et il était mon premier.
  • 24:26 - 24:29
    Je m'en souviens
    comme d'un long supplice.
  • 24:31 - 24:34
    De longs épisodes douloureux
    et de courts instants...
  • 24:35 - 24:40
    J'y pense parce que tu m'as appris
    à fumer. Il fumait énormément.
  • 24:41 - 24:45
    Avec du recul, je me dis
    que c'est un vrai roman de gare.
  • 24:47 - 24:50
    Bizarrement,
    ça n'a jamais vraiment existé.
  • 24:52 - 24:54
    Je ne sais pas comment décrire ça.
  • 24:55 - 24:57
    Je n'existais pas vraiment pour lui.
  • 24:59 - 25:01
    Mais mon chagrin était bien réel.
  • 25:03 - 25:07
    C'est comme s'il faisait
    douloureusement partie de tout ça.
  • 25:08 - 25:10
    Comme si ça devait se passer ainsi.
  • 25:12 - 25:14
    Même ce que nous nous disions.
  • 25:21 - 25:25
    On me dit souvent que je sais
    écouter. C'est drôle, non ?
  • 25:26 - 25:28
    On ne m'a jamais vraiment écoutée.
  • 25:29 - 25:31
    Comme toi, tu m'écoutes maintenant.
  • 25:32 - 25:35
    Tu es la première personne
    qui m'écoute.
  • 25:35 - 25:40
    Ça ne doit pas être intéressant.
    Tu pourrais lire à la place.
  • 25:40 - 25:43
    Je remets ça !
    Je ne t'énerve pas ?
  • 25:43 - 25:47
    C'est agréable de parler.
    Ça fait chaud au cœur.
  • 25:47 - 25:50
    Je n'avais jamais ressenti ça
    de toute ma vie.
  • 25:52 - 25:57
    J'ai toujours voulu avoir une sœur.
    Mais j'ai sept frères.
  • 25:57 - 25:59
    C'est drôle, je suis la dernière.
  • 25:59 - 26:02
    J'ai toujours été
    entourée de garçons.
  • 26:03 - 26:05
    J'aime bien les garçons.
  • 26:06 - 26:09
    Tu dois savoir cela,
    avec ton expérience d'actrice.
  • 26:11 - 26:13
    Je tiens beaucoup à Karl-Henrik.
  • 26:14 - 26:17
    Mais, tu sais,
    on n'aime qu'une fois.
  • 26:17 - 26:19
    Je lui suis fidèle.
  • 26:19 - 26:22
    Avec mon métier,
    on a des occasions, tu sais.
  • 26:26 - 26:29
    Karl-Henrik et moi
    sommes allés à la mer.
  • 26:30 - 26:32
    C'était en juin,
    il n'y avait que nous.
  • 26:34 - 26:39
    Un jour Karl-Henrik est allé
    en ville et moi, à la plage.
  • 26:39 - 26:42
    Il faisait très beau, très chaud.
  • 26:43 - 26:45
    Il y avait une autre fille.
  • 26:46 - 26:49
    Elle venait d'une île
    mais avait choisi notre plage
  • 26:49 - 26:52
    qui était orientée au sud
    et décontractée.
  • 26:54 - 26:57
    Nous nous sommes allongées,
    nues, côte à côte.
  • 26:58 - 27:02
    Nous avons dormi, puis
    nous avons mis de l'huile solaire.
  • 27:03 - 27:07
    Nous portions toutes deux
    un chapeau de paille bon marché.
  • 27:08 - 27:10
    Le mien était orné d'un ruban bleu.
  • 27:13 - 27:16
    Je regardais à travers mon chapeau,
  • 27:16 - 27:20
    admirant le paysage,
    la mer et le soleil.
  • 27:21 - 27:23
    C'était très curieux.
  • 27:28 - 27:32
    Soudain, je vis deux silhouettes
    derrière les rochers.
  • 27:34 - 27:37
    Elles se cachaient
    et nous observaient.
  • 27:38 - 27:42
    "Deux garçons nous regardent",
    dis-je à Katarina, ma voisine.
  • 27:44 - 27:47
    "Laisse-les regarder", dit-elle
    en se mettant sur le dos.
  • 27:49 - 27:51
    C'était un sentiment très étrange.
  • 27:52 - 27:56
    Je voulais courir mettre mon
    maillot, mais je restais immobile,
  • 27:56 - 27:59
    sur le ventre, les fesses à l'air,
  • 27:59 - 28:02
    nullement gênée et totalement calme.
  • 28:05 - 28:08
    Et Katarina était à côté de moi,
  • 28:08 - 28:11
    avec ses seins
    et ses cuisses épaisses.
  • 28:11 - 28:15
    Immobile, elle gloussait un peu
    à la dérobée.
  • 28:18 - 28:23
    Je vis que les garçons s'étaient
    rapprochés et nous regardaient.
  • 28:24 - 28:26
    Ils étaient terriblement jeunes.
  • 28:28 - 28:31
    Puis l'un des deux,
    le plus courageux,
  • 28:32 - 28:36
    approcha et s'accroupit
    à côté de Katarina.
  • 28:37 - 28:41
    Il faisait mine d'être occupé
    à jouer avec son pied dans le sable.
  • 28:44 - 28:46
    Je me sentais toute drôle.
  • 28:48 - 28:50
    Soudain, j'entendis Katarina dire :
  • 28:51 - 28:54
    "Pourquoi ne viens-tu pas ?"
  • 28:55 - 28:59
    Puis elle lui prit la main
    et l'aida à se déshabiller.
  • 29:00 - 29:02
    Brusquement, il fut sur elle.
  • 29:03 - 29:06
    Elle l'aida à la pénétrer
    en lui tenant les fesses.
  • 29:08 - 29:10
    L'autre garçon s'assit
    et les regarda.
  • 29:12 - 29:15
    J'entendis Katarina
    murmurer et rire.
  • 29:16 - 29:19
    Le visage du garçon
    était proche du mien.
  • 29:20 - 29:22
    Il était tout rouge et gonflé.
  • 29:26 - 29:30
    Je me mis brusquement sur le dos
    et lui dis : "Et moi ?"
  • 29:31 - 29:34
    Katarina lui dit : "Va sur elle."
  • 29:34 - 29:36
    Il se retira d'elle et...
  • 29:36 - 29:39
    il tomba sur moi, très dur.
  • 29:39 - 29:43
    Il attrapa un de mes seins.
    Ça m'a fait très mal !
  • 29:45 - 29:49
    J'étais prête et je vins
    immédiatement. Tu comprends ça ?
  • 29:50 - 29:54
    J'allais dire : "Fais attention
    que je ne tombe pas enceinte",
  • 29:55 - 29:57
    quand il vint. Je ressentis...
  • 29:58 - 30:01
    Je n'avais jamais ressenti
    auparavant
  • 30:01 - 30:03
    cette façon de répandre
    sa semence en moi.
  • 30:04 - 30:07
    Il attrapa mes épaules et se cambra.
  • 30:07 - 30:09
    Je vins encore et encore.
  • 30:13 - 30:17
    Katarina était sur le côté,
    nous regardant et lui tenant le dos.
  • 30:20 - 30:22
    Lorsqu'il vint, elle l'enlaça
  • 30:23 - 30:25
    et se masturba avec sa main.
  • 30:26 - 30:28
    Et lorsqu'elle vint,
  • 30:28 - 30:30
    elle cria comme une folle.
  • 30:36 - 30:39
    Puis on se mit à rire
    tous les trois.
  • 30:39 - 30:42
    On appela l'autre garçon,
    assis sur la pente.
  • 30:42 - 30:44
    Il s'appelait Peter.
  • 30:49 - 30:52
    Il arriva, gêné, tremblant de froid
    malgré le soleil.
  • 30:56 - 30:59
    Katarina déboutonna son pantalon
    et joua avec lui.
  • 31:00 - 31:03
    Lorsqu'il jouit,
    elle le prit dans sa bouche.
  • 31:05 - 31:07
    Il se pencha et lui embrassa le dos.
  • 31:08 - 31:12
    Elle se tourna, lui prit la tête
    et lui offrit sa poitrine.
  • 31:12 - 31:16
    Alors l'autre garçon et moi,
    nous recommençâmes.
  • 31:18 - 31:20
    Ce fut comme la première fois.
  • 31:22 - 31:25
    Puis on nagea et on se sépara.
  • 31:25 - 31:28
    Lorsque je rentrai,
    Karl-Henrik était déjà là.
  • 31:31 - 31:35
    Nous dînâmes et bûmes
    le vin rouge qu'il avait apporté.
  • 31:37 - 31:39
    Puis nous fîmes l'amour.
  • 31:40 - 31:44
    Ça n'a jamais été aussi bon,
    ni avant ni après.
  • 31:44 - 31:45
    Tu comprends ça ?
  • 31:46 - 31:48
    Évidemment,
    je suis tombée enceinte.
  • 31:50 - 31:55
    Karl-Henrik, qui étudie la médecine,
    me fit avorter par un ami.
  • 31:56 - 32:00
    Nous étions heureux,
    nous ne voulions pas d'enfant.
  • 32:00 - 32:03
    Pas à ce moment-là, en tout cas.
  • 32:09 - 32:11
    Ça n'a aucun sens.
  • 32:12 - 32:14
    Rien de tout ça n'est cohérent.
  • 32:15 - 32:20
    Après, on a mauvaise conscience
    pour des détails. Tu comprends ?
  • 32:20 - 32:23
    Que devient tout
    ce en quoi on croit ?
  • 32:24 - 32:26
    N'est-ce pas nécessaire ?
  • 32:28 - 32:32
    Peut-on n'être qu'une seule
    et même personne à la fois ?
  • 32:32 - 32:34
    Je veux dire,
    étais-je deux personnes ?
  • 32:34 - 32:36
    Mon Dieu, je suis ridicule...
  • 32:37 - 32:41
    Je n'ai aucune raison
    de me mettre à pleurnicher.
  • 32:41 - 32:44
    Je vais chercher un mouchoir.
  • 33:05 - 33:07
    C'est presque le matin...
  • 33:07 - 33:09
    et il pleut toujours.
  • 33:16 - 33:21
    J'ai parlé sans m'arrêter.
    J'ai parlé et tu m'as écoutée.
  • 33:21 - 33:23
    Tu as dû t'ennuyer !
  • 33:23 - 33:25
    En quoi ma vie
    peut-elle t'intéresser ?
  • 33:26 - 33:28
    Il faudrait être comme toi.
  • 33:30 - 33:34
    Tu sais ce que j'ai pensé après
    avoir vu ton film, l'autre soir,
  • 33:35 - 33:37
    en me voyant dans le miroir ?
  • 33:37 - 33:39
    "Nous sommes pareilles."
  • 33:41 - 33:42
    Tu es bien plus jolie,
  • 33:42 - 33:44
    mais nous nous ressemblons
    dans un sens.
  • 33:45 - 33:47
    Je crois
    que je pourrais devenir toi.
  • 33:47 - 33:49
    Si j'en faisait vraiment l'effort.
  • 33:49 - 33:51
    Je veux dire, à l'intérieur.
  • 33:53 - 33:56
    Toi, tu pourrais devenir moi
    en un clin d'œil.
  • 33:57 - 34:02
    Mais ton âme serait beaucoup trop
    grande et déborderait de partout !
  • 34:06 - 34:10
    Tu devrais aller te coucher
    ou tu vas t'endormir sur la table.
  • 34:23 - 34:26
    Oui, je devrais
    aller me coucher.
  • 34:26 - 34:28
    Ou je vais m'endormir ici.
  • 34:28 - 34:30
    Ça ne serait pas confortable.
  • 34:34 - 34:35
    Bonne nuit.
  • 37:29 - 37:31
    Dis, Elisabet...
  • 37:33 - 37:35
    Tu m'as parlé cette nuit ?
  • 38:05 - 38:06
    Tu es venue me voir ?
  • 38:49 - 38:51
    Je prends ton courrier aussi ?
  • 38:52 - 38:54
    Je peux boire ?
  • 38:56 - 38:57
    Au revoir.
  • 40:01 - 40:05
    Chère amie, j'aimerais
    vivre toujours ainsi.
  • 40:05 - 40:06
    Le silence, la solitude,
  • 40:07 - 40:11
    ce sentiment que l'âme maltraitée
    recommence enfin à se redresser.
  • 40:16 - 40:19
    Alma me gâte d'une façon
    tout à fait émouvante.
  • 40:21 - 40:26
    Je pense qu'elle s'amuse
    et qu'elle a de l'amitié pour moi,
  • 40:26 - 40:30
    et même de l'amour, d'une façon
    inconsciente et adorable.
  • 40:30 - 40:32
    Je m'amuse à l'étudier.
  • 40:42 - 40:44
    Elle pleure parfois
    sur d'anciens péchés,
  • 40:44 - 40:47
    une orgie épisodique
    avec un garçon étrange
  • 40:47 - 40:50
    qui s'est terminée
    par un avortement.
  • 40:50 - 40:53
    Elle se plaint de ne pas suivre
    ses principes.
  • 46:23 - 46:26
    Je vois que tu lis une pièce.
  • 46:26 - 46:29
    C'est bon signe,
    je le dirai au docteur.
  • 46:32 - 46:34
    Nous devrions rentrer, non ?
  • 46:34 - 46:36
    La ville me manque un peu.
  • 46:37 - 46:38
    Pas à toi ?
  • 46:54 - 46:56
    Veux-tu me faire vraiment plaisir ?
  • 46:58 - 47:01
    C'est un sacrifice,
    mais j'ai besoin de ton aide.
  • 47:02 - 47:06
    Ça n'a rien de dangereux :
    je veux que tu me parles.
  • 47:06 - 47:08
    Rien de spécial.
  • 47:08 - 47:12
    De n'importe quoi,
    de notre dîner de ce soir,
  • 47:12 - 47:14
    si l'eau est froide après l'orage,
  • 47:15 - 47:17
    trop froide pour y nager.
  • 47:17 - 47:20
    Ne parlons que quelques minutes.
    Qu'une minute.
  • 47:20 - 47:24
    Lis un passage de ton livre.
    Juste quelques mots.
  • 47:26 - 47:30
    Je ne dois pas me fâcher. Tu restes
    silencieuse, ça te regarde.
  • 47:31 - 47:34
    Mais j'ai besoin que tu me parles.
  • 47:37 - 47:38
    Chère dame, ne peux-tu dire
  • 47:38 - 47:40
    un seul mot ?
  • 47:42 - 47:45
    Je savais que tu refuserais.
  • 47:46 - 47:48
    Tu ignores ce que je ressens.
  • 47:49 - 47:52
    Je pensais
    que les artistes ressentaient
  • 47:52 - 47:54
    de la compassion pour les autres.
  • 47:55 - 48:00
    Qu'ils créaient grâce à leur
    humanité et leur désir d'être utile.
  • 48:00 - 48:02
    J'étais vraiment bête !
  • 48:05 - 48:07
    Tu t'es servie de moi.
  • 48:07 - 48:11
    Mais tu n'as plus besoin de moi,
    alors tu me jettes.
  • 48:12 - 48:15
    Oui, j'entends ! J'entends
    combien ça sonne faux.
  • 48:16 - 48:19
    Tu t'es servie de moi,
    et tu me jettes. Chaque mot !
  • 48:19 - 48:21
    Et ces lunettes !
  • 48:30 - 48:31
    Tu m'as vraiment blessée.
  • 48:32 - 48:35
    Tu t'es moquée de moi
    dans mon dos.
  • 48:37 - 48:39
    J'ai lu ta lettre pour le docteur.
  • 48:39 - 48:41
    Elle n'était pas fermée !
  • 48:41 - 48:43
    Et je l'ai lue minutieusement.
  • 48:45 - 48:47
    Tu m'as fait parler
  • 48:47 - 48:49
    et dire des choses intimes.
  • 48:50 - 48:54
    Et tu le racontes. Quel sujet
    d'étude, hein ? Tu n'es pas...
  • 48:55 - 48:56
    Maintenant tu vas parler !
  • 48:56 - 48:59
    Ce que tu as à dire,
    je te conseille de...
  • 49:12 - 49:14
    Non, arrête !
  • 49:25 - 49:27
    Tu as vraiment eu peur, hein ?
  • 49:29 - 49:33
    Tu as eu peur, un instant,
    c'est pas vrai ?
  • 49:34 - 49:36
    Une réelle peur de mourir, hein ?
  • 49:37 - 49:39
    Tu t'es dit : "Alma est folle."
  • 49:39 - 49:42
    Quelle femme es-tu en réalité ?
  • 49:43 - 49:46
    Ou te dis-tu :
    "Je n'oublierai pas ce visage,
  • 49:46 - 49:49
    cette intonation."
    Je vais te donner
  • 49:49 - 49:51
    quelque chose
    que tu n'oublieras jamais.
  • 50:12 - 50:14
    Ça te fait rire, hein ?
  • 50:16 - 50:18
    Ce n'est pas si simple pour moi.
  • 50:19 - 50:20
    Ni si amusant.
  • 50:22 - 50:24
    Toi au moins, tu as ton rire.
  • 51:46 - 51:48
    Ce doit forcément être ainsi ?
  • 51:50 - 51:54
    Est-il vraiment important
    de ne pas mentir, de dire la vérité,
  • 51:54 - 51:57
    de trouver l'intonation juste ?
  • 51:58 - 52:00
    Peut-on vivre
    sans parler librement ?
  • 52:01 - 52:05
    Mentir et s'écarter des choses
    et les éviter.
  • 52:06 - 52:08
    N'est-ce pas mieux de s'accorder
  • 52:09 - 52:11
    d'être paresseuse,
    négligée et menteuse.
  • 52:13 - 52:17
    Peut-être s'améliore-t-on
    en s'autorisant à être soi-même.
  • 52:21 - 52:23
    Non, tu ne comprends pas.
  • 52:24 - 52:27
    Tu ne comprends pas ce que je dis.
    Tu es inaccessible.
  • 52:28 - 52:32
    Ils te disent équilibrée,
    mais ta folie est la pire.
  • 52:32 - 52:36
    Tu joues si bien l'équilibre
    que tout le monde te croit.
  • 52:36 - 52:39
    Sauf moi qui sais
    combien tu es pourrie.
  • 52:46 - 52:47
    Qu'est-ce que je fais ?
  • 52:48 - 52:50
    Elisabet !
  • 52:50 - 52:52
    Elisabet, pardonne-moi.
  • 52:53 - 52:56
    J'ai été idiote,
    je ne sais pas ce qui m'a prise.
  • 52:56 - 53:01
    Je suis ici pour t'aider. Mais
    il y a eu cette affreuse lettre.
  • 53:01 - 53:06
    J'ai été tellement déçue.
    Tu m'as demandé de te parler de moi.
  • 53:07 - 53:11
    C'était bon. Tu me regardais
    avec compassion, j'avais bu et...
  • 53:11 - 53:13
    C'était agréable
    de parler de tout ça.
  • 53:14 - 53:19
    J'étais aussi flattée qu'une grande
    actrice daigne m'écouter.
  • 53:20 - 53:24
    Et je me suis dit que ce serait bien
    si ça pouvait te servir.
  • 53:24 - 53:28
    C'est affreux, n'est-ce pas ?
    C'est juste de l'exhibitionnisme.
  • 53:29 - 53:32
    Elisabet, je te demande
    de me pardonner.
  • 53:32 - 53:35
    Je t'aime tant,
    tu comptes tant pour moi.
  • 53:35 - 53:38
    Je ne veux pas que nous
    nous séparions en ennemies.
  • 54:01 - 54:05
    Tu ne veux pas me pardonner.
    Tu es trop fière !
  • 54:05 - 54:08
    Tu ne t'abaisseras pas
    parce que ça t'est inutile.
  • 54:08 - 54:10
    Je ne veux pas !
  • 54:10 - 54:12
    Je ne veux pas !
  • 58:07 - 58:11
    Nous ne parlons pas...
    n'écoutons pas... ne comprenons...
  • 58:15 - 58:17
    Elisabet ?
  • 59:03 - 59:06
    Quand tu dors,
    ton visage est flasque.
  • 59:08 - 59:11
    T a bouche est gonflée et laide.
  • 59:14 - 59:17
    Tu as une vilaine ride sur le front.
  • 59:24 - 59:27
    Tu sens le sommeil et les larmes.
  • 59:31 - 59:34
    Je peux voir ton pouls
    battre dans ta gorge.
  • 59:34 - 59:38
    Tu as là une cicatrice
    que tu maquilles le jour.
  • 59:40 - 59:42
    Elisabet !
  • 59:43 - 59:45
    Il appelle encore.
  • 59:47 - 59:49
    Je vais voir ce qu'il nous veut.
  • 59:50 - 59:53
    Ici, loin,
    si loin dans notre solitude.
  • 60:15 - 60:16
    Elisabet ?
  • 60:17 - 60:21
    Elisabet ? Pardonne-moi,
    si je t'ai fait peur.
  • 60:22 - 60:24
    Je ne suis pas Elisabet.
  • 60:24 - 60:26
    Je ne réclame rien.
  • 60:27 - 60:29
    Je ne voulais pas te déranger.
  • 60:29 - 60:31
    Je te comprends, tu sais.
  • 60:31 - 60:34
    Le médecin m'a expliqué.
  • 60:35 - 60:39
    Le plus difficile
    est d'expliquer au petit.
  • 60:39 - 60:41
    Je fais de mon mieux.
  • 60:43 - 60:47
    Il y a quelque chose de profond,
    difficile à saisir.
  • 60:48 - 60:52
    On aime quelqu'un, ou plutôt
    on dit aimer quelqu'un, c'est...
  • 60:52 - 60:56
    Ça se comprend,
    c'est tangible comme les mots.
  • 60:57 - 61:00
    M. Vogler, je ne suis pas
    votre femme.
  • 61:01 - 61:05
    Et on est aimé en retour,
    on bâtit une communauté.
  • 61:05 - 61:07
    Cela génère la sécurité.
  • 61:08 - 61:10
    Alors ça devient supportable.
  • 61:13 - 61:17
    Comment dire tout ce à quoi
    j'ai pensé, sans me perdre,
  • 61:18 - 61:19
    sans t'ennuyer ?
  • 61:27 - 61:29
    Je t'aime.
  • 61:29 - 61:30
    Autant qu'avant.
  • 61:37 - 61:40
    Non, ne sois pas aussi inquiet,
    mon chéri.
  • 61:41 - 61:42
    Nous sommes deux.
  • 61:42 - 61:45
    Nous avons confiance,
    nous connaissons nos pensées.
  • 61:46 - 61:49
    Nous nous aimons.
    C'est vrai, n'est-ce pas ?
  • 61:49 - 61:53
    Le plus important, c'est l'effort,
    pas la réussite, non ?
  • 61:56 - 62:00
    Nous sommes des enfants
    tourmentés, sans défense, seuls.
  • 62:03 - 62:05
    Dis au petit
    que maman reviendra bientôt.
  • 62:07 - 62:10
    Maman est malade,
    mais son petit garçon lui manque.
  • 62:10 - 62:13
    Pense à lui acheter un cadeau.
  • 62:13 - 62:16
    De la part de sa maman,
    n'oublie pas.
  • 62:16 - 62:18
    J'ai tant de tendresse pour toi !
  • 62:22 - 62:24
    C'est presque insoutenable.
  • 62:25 - 62:28
    Je ne sais que faire
    de toute cette tendresse.
  • 62:30 - 62:32
    C'est ta tendresse
    qui me fait vivre.
  • 62:34 - 62:37
    Elisabet, es-tu bien avec moi ?
  • 62:37 - 62:39
    Est-ce agréable ?
  • 62:42 - 62:45
    Tu es un amant merveilleux,
    tu le sais.
  • 62:45 - 62:46
    Ma chérie...
  • 62:48 - 62:52
    Anesthésie-moi...
    Débarrasse-toi de moi !
  • 62:52 - 62:55
    Je ne peux plus !
    Je ne le supporte plus !
  • 62:55 - 62:58
    Laisse-moi ! C'est une honte !
    Tout n'est que honte.
  • 62:59 - 63:04
    Laisse-moi ! Je suis froide
    et pourrie et indifférente !
  • 63:04 - 63:07
    T out ça n'est que mensonges
    et imitation. T out !
  • 63:14 - 63:15
    Elisabet...
  • 63:16 - 63:17
    que tiens-tu là ?
  • 63:18 - 63:22
    Que caches-tu sous ta main ?
    Laisse-moi voir.
  • 63:26 - 63:29
    C'est la photo de ton petit garçon
    que tu avais déchirée.
  • 63:30 - 63:32
    Nous devons en parler.
  • 63:39 - 63:42
    Parle-moi de ça, Elisabet.
  • 63:43 - 63:44
    Alors je le ferai.
  • 63:46 - 63:48
    C'est un soir à une fête,
    n'est-ce pas ?
  • 63:49 - 63:51
    Il est tard, il y a du bruit.
  • 63:53 - 63:56
    Vers le matin,
    quelqu'un dans le groupe dit :
  • 63:57 - 64:01
    "Elisabet, tu as tout ce qu'une
    femme, une artiste peut désirer,
  • 64:01 - 64:03
    "mais il te manque la maternité."
  • 64:05 - 64:08
    Tu ris parce que
    ça te semble ridicule.
  • 64:09 - 64:12
    Mais ensuite, tu remarques
    que tu y repenses.
  • 64:14 - 64:16
    Cela t'inquiète de plus en plus.
  • 64:17 - 64:19
    Tu laisses ton mari
    te faire un enfant.
  • 64:20 - 64:22
    Tu veux être mère.
  • 64:23 - 64:26
    Ça devient irrévocable,
    alors tu prends peur.
  • 64:27 - 64:30
    Peur de cette responsabilité,
    peur d'être enchaînée,
  • 64:30 - 64:32
    de devoir quitter le théâtre.
  • 64:33 - 64:35
    Peur de la douleur, peur de la mort,
  • 64:35 - 64:38
    peur de ton corps qui enfle.
  • 64:39 - 64:41
    Mais tu joues ton rôle.
  • 64:41 - 64:44
    Le rôle d'une future mère,
    jeune et heureuse.
  • 64:46 - 64:47
    Tout le monde dit :
  • 64:47 - 64:50
    "Elle est superbe.
    Elle n'a jamais été aussi belle."
  • 64:53 - 64:57
    Entre-temps, tu essaies
    de te débarrasser du fœtus.
  • 64:58 - 65:00
    Mais tu échoues.
  • 65:01 - 65:04
    Lorsque ça devient irréversible,
    tu te mets à haïr le bébé.
  • 65:05 - 65:08
    Et à espérer qu'il soit mort-né.
  • 65:11 - 65:14
    Tu espères la mort de ton bébé.
  • 65:16 - 65:19
    Tu espères avoir un bébé mort-né.
  • 65:23 - 65:26
    L'accouchement
    est long et difficile.
  • 65:26 - 65:29
    Tu souffres pendant des jours.
  • 65:30 - 65:32
    Enfin, le bébé est sorti au forceps.
  • 65:32 - 65:36
    Dégoûtée et terrorisée
    par ce bébé vagissant, tu murmures :
  • 65:36 - 65:39
    "Ne peux-tu mourir vite ?
    Ne peux-tu mourir ?"
  • 65:41 - 65:43
    Mais il survit.
  • 65:45 - 65:47
    Le bébé pleure jour et nuit.
  • 65:50 - 65:52
    Et tu le détestes.
  • 65:53 - 65:56
    Tu as peur,
    tu as mauvaise conscience.
  • 65:59 - 66:02
    Enfin, une nourrice
    prend l'enfant en charge.
  • 66:03 - 66:06
    Tu peux quitter ton lit
    et retourner au théâtre.
  • 66:09 - 66:12
    Mais tu n'as pas fini de souffrir.
  • 66:13 - 66:17
    L'enfant se prend d'un amour immense
    et insondable pour sa mère.
  • 66:18 - 66:22
    Tu te défends.
    Tu te défends avec désespoir.
  • 66:23 - 66:25
    Tu sens que tu ne peux
    le lui rendre.
  • 66:25 - 66:28
    Et tu essaies, tu essaies...
  • 66:29 - 66:32
    Mais vos rencontres restent
    maladroites et cruelles.
  • 66:32 - 66:37
    Tu n'y arrives pas.
    Tu es froide et indifférente.
  • 66:37 - 66:39
    Il te regarde.
  • 66:40 - 66:42
    Il t'aime
    et il est tellement gentil !
  • 66:43 - 66:45
    Il est toujours après toi,
    tu veux le frapper.
  • 66:47 - 66:51
    Il te répugne avec sa grosse bouche
    et son corps laid,
  • 66:51 - 66:53
    ses yeux humides et suppliants.
  • 66:53 - 66:56
    Il te répugne et te fait peur.
  • 66:59 - 67:03
    Que caches-tu sous ta main ?
    Laisse-moi voir.
  • 67:08 - 67:11
    C'est la photo de ton petit garçon
    que tu avais déchirée.
  • 67:12 - 67:14
    Nous devons en parler.
  • 67:22 - 67:24
    Parle-moi de ça, Elisabet.
  • 67:27 - 67:29
    Alors je le ferai.
  • 67:32 - 67:34
    C'est un soir, à une fête,
    n'est-ce pas ?
  • 67:35 - 67:37
    Il est tard, il y a du bruit.
  • 67:39 - 67:42
    Vers le matin, quelqu'un
    dans le groupe dit :
  • 67:43 - 67:47
    "Elisabet, tu as tout ce qu'une
    femme, une artiste peut désirer,
  • 67:48 - 67:50
    "mais il te manque la maternité."
  • 67:52 - 67:55
    Tu ris parce que
    ça te semble ridicule.
  • 67:56 - 68:00
    Mais ensuite, tu remarques
    que tu y repenses.
  • 68:00 - 68:02
    Cela t'inquiète de plus en plus.
  • 68:03 - 68:05
    Tu laisses ton mari
    te faire un enfant.
  • 68:07 - 68:09
    Tu veux être mère.
  • 68:12 - 68:15
    Ça devient irréversible,
    alors tu prends peur.
  • 68:16 - 68:20
    Peur de cette responsabilité,
    peur d'être enchaînée,
  • 68:20 - 68:22
    de devoir quitter le théâtre.
  • 68:23 - 68:25
    Peur de la douleur, peur de la mort,
  • 68:26 - 68:28
    peur de ton corps qui enfle.
  • 68:30 - 68:33
    Mais tu joues ton rôle.
  • 68:33 - 68:36
    Le rôle d'une future mère,
    jeune et heureuse.
  • 68:37 - 68:39
    Tout le monde dit :
    "Elle est superbe.
  • 68:40 - 68:42
    "Elle n'a jamais été aussi belle."
  • 68:43 - 68:46
    Entre-temps, tu essaies
    de te débarrasser du fœtus.
  • 68:47 - 68:49
    Mais tu échoues.
  • 68:51 - 68:53
    Lorsque tu comprends
    que c'est irréversible,
  • 68:55 - 68:57
    tu te mets à haïr le bébé.
  • 68:59 - 69:02
    Et tu espères qu'il sera mort-né.
  • 69:05 - 69:07
    Tu espères la mort de ton bébé.
  • 69:12 - 69:14
    Tu espères avoir un bébé mort-né.
  • 69:18 - 69:21
    L'accouchement
    est long et difficile.
  • 69:22 - 69:24
    Tu souffres pendant des jours.
  • 69:25 - 69:27
    Enfin, l'enfant est sorti
    au forceps.
  • 69:28 - 69:32
    Dégoûtée et terrorisée par
    ton bébé vagissant, tu murmures :
  • 69:32 - 69:36
    "Ne peux-tu mourir vite ?
    Ne peux-tu mourir ?"
  • 69:37 - 69:39
    Le bébé pleure jour et nuit.
  • 69:40 - 69:41
    Et tu le détestes.
  • 69:42 - 69:46
    Tu as peur,
    tu as mauvaise conscience.
  • 69:48 - 69:51
    Enfin, une nourrice
    se charge de l'enfant.
  • 69:52 - 69:55
    Tu peux quitter ton lit
    et reprendre le théâtre.
  • 69:58 - 70:00
    Mais tu n'as pas fini de souffrir.
  • 70:02 - 70:07
    L'enfant se prend d'un amour immense
    et insondable pour sa mère.
  • 70:07 - 70:12
    Tu te défends désespérément.
    Tu sens que tu ne peux lui rendre.
  • 70:13 - 70:15
    Et tu essaies, tu essaies...
  • 70:17 - 70:20
    Mais vos rencontres restent
    maladroites et cruelles.
  • 70:20 - 70:22
    Tu n'y arrives pas.
  • 70:23 - 70:25
    Tu es froide et indifférente.
  • 70:26 - 70:28
    Il te regarde.
  • 70:28 - 70:31
    Il t'aime
    et il est tellement gentil !
  • 70:31 - 70:34
    Il est toujours après toi,
    tu veux le frapper.
  • 70:35 - 70:39
    Il te répugne avec sa grosse bouche
    et son corps laid,
  • 70:39 - 70:42
    ses yeux humides et suppliants.
  • 70:42 - 70:44
    Il te répugne et te fait peur.
  • 70:52 - 70:53
    Non !
  • 70:55 - 70:57
    Je ne suis pas comme toi.
  • 70:57 - 70:59
    Je n'ai pas les mêmes sentiments.
  • 71:00 - 71:03
    Je suis Alma, infirmière.
    Venue pour t'aider.
  • 71:04 - 71:08
    Je ne suis pas Elisabet Vogler.
    Tu es Elisabet Vogler.
  • 71:08 - 71:10
    J'aimerais avoir...
  • 71:12 - 71:13
    J'aime...
  • 71:16 - 71:17
    Je n'ai pas...
  • 71:50 - 71:52
    J'ai appris beaucoup.
  • 72:06 - 72:08
    Nous verrons
    combien de temps je tiens.
  • 72:14 - 72:18
    Je ne serai jamais comme toi !
    Je change perpétuellement.
  • 72:18 - 72:21
    Fais ce que tu veux,
    tu ne m'atteins plus.
  • 72:54 - 72:56
    Parler n'aide pas.
  • 72:56 - 72:58
    Une lumière qui déchire.
  • 72:58 - 73:00
    Un façon d'être autre.
  • 73:00 - 73:03
    Pas maintenant, non. Non, non.
  • 73:04 - 73:07
    On sait, on est hors du temps.
  • 73:07 - 73:10
    L'imprévu.
    Lorsque ça devait arriver,
  • 73:10 - 73:12
    ça n'est pas arrivé, donc échec.
  • 73:12 - 73:16
    Toi-même où tu es.
    Mais je devrais le faire.
  • 73:16 - 73:20
    Pas vers l'intérieur, non.
    Unir et conseiller les autres.
  • 73:21 - 73:23
    Les inconsolables, peut-être...
  • 73:28 - 73:31
    Par exemple, oui...
    mais quel est le plus proche...
  • 73:32 - 73:36
    Comment appelle-t-on cela ?
    Non, non, non...
  • 73:36 - 73:39
    Nous, on, moi, je...
  • 73:39 - 73:41
    Tant de mots, une telle nausée...
  • 73:42 - 73:44
    Douleur incompréhensible. Jeter...
  • 75:13 - 75:16
    Essaie de m'écouter maintenant.
  • 75:16 - 75:18
    Répète après moi.
  • 75:22 - 75:24
    Rien.
  • 75:27 - 75:29
    Rien.
  • 75:30 - 75:32
    Non, rien.
  • 75:39 - 75:40
    Rien.
  • 75:41 - 75:43
    C'est ça.
  • 75:43 - 75:46
    C'est bien.
    C'est ainsi que ce doit être.
Title:
Persona (1966) [MultiSub] [Film] - (Ingmar Bergman)
Description:

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Video Language:
Swedish
Duration:
01:19:08

French subtitles

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