Les cloches, une poésie et un supplément d'âme au cœur de la Cité | Anne PACCARD | TEDxAnnecy
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0:06 - 0:09(Tintement de cloche)
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0:16 - 0:19« Une cloche sonne, sonne
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0:19 - 0:21Sa voix, d'écho en écho,
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0:21 - 0:23Dit au monde qui s'étonne :
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0:23 - 0:25« C'est pour Jean-François Nicot,
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0:25 - 0:27C'est pour accueillir une âme
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0:27 - 0:29Une fleur qui s'ouvre au jour
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0:29 - 0:31A peine, à peine une flamme
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0:31 - 0:33Encore faible qui réclame
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0:33 - 0:37Protection, tendresse, amour.
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0:37 - 0:40Toutes les cloches sonnent, sonnent
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0:40 - 0:42Leurs voix, d'écho en écho,
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0:42 - 0:44Merveilleusement couronnent
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0:44 - 0:47La noce à François Nicot.
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0:47 - 0:49« Un seul cœur, une seule âme,
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0:49 - 0:51Dit le prêtre et pour toujours
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0:51 - 0:53Soyez une pure flamme
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0:53 - 0:54Qui s'élève et qui proclame
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0:54 - 0:58La grandeur de votre amour. »
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0:58 - 1:01Une cloche sonne, sonne
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1:01 - 1:03Sa voix, d'écho en écho,
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1:03 - 1:06Lancinante et monotone
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1:06 - 1:08Elle redit aux vivants :
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1:08 - 1:10' Ne tremblez pas, cœurs fidèles
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1:10 - 1:12Dieu vous fera signe un jour
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1:12 - 1:14Vous trouverez sous son aile
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1:14 - 1:16Avec le repos éternel
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1:16 - 1:20L'éternité de l'amour. ' »
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1:20 - 1:22Cette très belle chanson
de Jean Villard-Gilles, -
1:22 - 1:25immortalisée par Édith Piaf,
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1:25 - 1:29résume à mon sens toute
la poésie de la cloche, -
1:29 - 1:30et sa vocation,
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1:30 - 1:32qui est d'accompagner la vie des hommes,
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1:32 - 1:35de leur naissance à leur mort.
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1:35 - 1:37Il est possible que parmi vous,
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1:37 - 1:41certains n'aient pas cette
conception poétique de la cloche, -
1:41 - 1:44peut-être voyez-vous plus un instrument,
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1:44 - 1:47une gamelle peut-être.
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1:47 - 1:50C'était peut-être ce que
je pensais mais voilà, -
1:50 - 1:54la vie m'a amenée à épouser
un fondeur de cloches. -
1:55 - 2:01Et je suis tombée, donc, amoureuse
des cloches, du clochard et de son métier. -
2:02 - 2:06Et j'avoue que mon regard sur
les cloches a nettement changé. -
2:07 - 2:10Tout d'abord, ce qui m'a vraiment
fascinée avec cet objet, -
2:10 - 2:12c'est de me rendre compte à quel point
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2:12 - 2:15les gens sont attachés
à leur patrimoine campanaire, -
2:15 - 2:19à quel point pratiquement
toutes les personnes ont une cloche -
2:19 - 2:23qui a marqué leur enfance
ou qui a marqué leur inconscient. -
2:23 - 2:26D'ailleurs pas forcément
une cloche qui sonne juste. -
2:26 - 2:30On peut être attaché à la cloche de son
village qui sonne un peu petit peu faux. -
2:31 - 2:34Et j'en veux pour preuve que
pas plus tard que jeudi dernier, -
2:34 - 2:37j'ai accueilli une délégation
d'un petit village du Morbihan -
2:37 - 2:39qui a traversé toute la France
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2:39 - 2:43pour venir assister
à la coulée de sa cloche. -
2:43 - 2:46Voilà, la cloche du village s'est fêlée
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2:46 - 2:50et comme le veut la tradition,
l'ancienne cloche a été cassée -
2:50 - 2:53pour donner vie à une nouvelle cloche.
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2:53 - 2:58Parmi cette délégation
se trouvait une petite fille, -
2:58 - 3:00Noémie, neuf ans,
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3:00 - 3:02et je peux vous dire qu'elle
n'était pas peu fière d'être là, -
3:02 - 3:07certainement elle était aussi contente
car elle avait le droit de rater l'école. -
3:07 - 3:11Mais ce n'était pas la seule raison
de sa joie et de son excitation, -
3:11 - 3:14c'est que Noémie a donné
son nom à la cloche, -
3:14 - 3:18puisqu'elle a été choisie et désignée
comme marraine de la cloche du village. -
3:18 - 3:22Ce qui montre bien
que la cloche est un objet intemporel -
3:22 - 3:25qui parle à toutes les générations.
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3:25 - 3:28Une autre chose
qui m'a frappée rapidement, -
3:28 - 3:31en faisant des recherches
notamment dans les archives, -
3:31 - 3:34c'est de me rendre compte
à quel point notre histoire -
3:34 - 3:38est gravée dans le bronze de nos cloches.
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3:38 - 3:43J'illustrerai mon propos par une petite
histoire vraie, qui m'a beaucoup touchée. -
3:43 - 3:49Nous sommes en 1796,
en pleine tourmente révolutionnaire. -
3:49 - 3:52Dans un petit village qui
se trouve pas très loin d'ici, -
3:52 - 3:55Quintal pour ne pas le nommer,
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3:55 - 3:58ce petit village, rappelons-nous,
il n'est pas français, -
3:58 - 4:02à l'époque en tout cas, il résiste
encore et toujours à l'envahisseur -
4:02 - 4:04et n'est pas sans rappeler
un certain village gaulois. -
4:04 - 4:09Seulement l'envahisseur à cette époque,
ce sont les révolutionnaires français. -
4:09 - 4:12Pourtant, les habitants du village
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4:12 - 4:19ont entendu parler
de « Liberté, Égalité, Fraternité ». -
4:19 - 4:20Ce sont des idées qui leur parlent.
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4:20 - 4:23Dans les Allobroges,
la liberté, on sait ce que c'est. -
4:23 - 4:25Ils se disent : « Mais c'est nous ça !
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4:25 - 4:29On est libres, on est frères,
on est égaux. » -
4:30 - 4:32Ils vont rapidement déchanter.
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4:32 - 4:35Ils vont devoir se rendre à l'évidence,
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4:35 - 4:39c'est que manifestement ils n'ont pas
la même notion de la liberté, -
4:39 - 4:45de l'égalité et de la fraternité que
leurs voisins révolutionnaires français. -
4:46 - 4:51Ce qui fait qu'en 1796
à Quintal, il n'y a plus de curé. -
4:51 - 4:53Aujourd'hui peut-être
ce n'est pas un drame -
4:53 - 4:56mais je peux vous dire
qu'en 1796 c'est un problème. -
4:56 - 5:00C'est un peu comme s'il n'y a plus
de Panoramix dans le village gaulois. -
5:00 - 5:02Pas pour un problème de potion magique,
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5:02 - 5:04mais à l'époque sans prêtre
il n'y a pas de mariage, -
5:04 - 5:08il n'y a pas de baptême,
pas d'enterrement. -
5:08 - 5:11Alors au passage,
les révolutionnaires français -
5:11 - 5:15ont réquisitionné les deux cloches
du clocher du village. -
5:15 - 5:17Parce que malheureusement
pour les cloches, -
5:17 - 5:20les canons à cette époque
sont encore faits en bronze, -
5:20 - 5:23du même métal que les cloches.
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5:23 - 5:27Et on réquisitionne donc les cloches
de France et de Navarre, -
5:27 - 5:29et de Savoie malheureusement,
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5:29 - 5:34pour en faire des canons car la France
est en guerre contre tous ses voisins. -
5:34 - 5:37Plus de cloches en 1796,
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5:37 - 5:39il faut bien penser
qu'on n'est pas à l'ère du numérique, -
5:39 - 5:43et on n'a pas de montre, on n'a pas
d'iPhone, on n'a pas d'ordinateur, -
5:43 - 5:45il n'y a pas d'horloges électroniques,
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5:45 - 5:49ce sont les cloches qui
rythment la vie quotidienne. -
5:49 - 5:52Ce sont les cloches qui
le matin disent qu'il faut se lever, -
5:52 - 5:57ce sont les cloches qui à midi sonnent
l'angélus pour arrêter le travail, -
5:57 - 6:01ce sont encore les cloches le soir
qui annoncent aussi l'arrêt du travail, -
6:01 - 6:03souvent dans les champs.
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6:03 - 6:06Et puis ce sont les cloches
qui annoncent les dangers. -
6:06 - 6:10Ce sont encore les cloches
qui annoncent les naissances, -
6:10 - 6:13les mariages, les événements heureux,
-
6:13 - 6:18mais aussi l'au-delà, qui annoncent
un décès dans le village. -
6:18 - 6:23Et ne dit-on pas :
« Qu'elle chante ou qu'elle pleure, -
6:23 - 6:27une cloche toujours prie » ?
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6:27 - 6:30(Musique : Ave Maria, piano et cloche)
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6:47 - 6:53(Chante) Ave
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6:53 - 6:58Maria
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6:58 - 7:03Ave
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7:03 - 7:08Maria
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7:08 - 7:16Aaaa -
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7:16 - 7:21Ave
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7:21 - 7:27Maria
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7:29 - 7:32Ave
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7:32 - 7:38Maria
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7:38 - 7:42Ave
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7:42 - 7:49Maria
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7:49 - 8:06Aaaa -
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8:06 - 8:10Ave.
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8:10 - 8:13(Musique seule, diminuant)
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8:17 - 8:20(Applaudissements)
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8:27 - 8:31Quand je vous disais que
les cloches apportaient de la poésie. -
8:31 - 8:37A la demande des habitants du village,
le maire va trouver l'évêque, -
8:37 - 8:40et lui demande d'envoyer un nouveau
missionnaire dans le village. -
8:40 - 8:44Monseigneur est un homme avisé et prudent.
-
8:44 - 8:49« Vous aurez [un prêtre], quand vous aurez
une cloche dans votre clocher. » -
8:49 - 8:51C'était une manière de s'assurer
que la demande était sérieuse -
8:51 - 8:55puisqu'il faut savoir qu'à l'époque,
il est parfaitement interdit -
8:55 - 8:58de fabriquer des cloches pour les églises.
-
8:58 - 9:02Notre maire, c'est un bon Savoyard,
il est bien têtu, et il se dit : -
9:02 - 9:05« Qu'à cela ne tienne,
on va faire cette cloche, -
9:05 - 9:08on s'arrangera avec les autorités,
-
9:08 - 9:10et il sera bien obligé
de nous envoyer un curé. » -
9:10 - 9:14Il faut avoir aussi qu'à l'époque, la
fonte des cloches se fait à pied-d'œuvre, -
9:14 - 9:18c'est-à-dire que les fondeurs de cloche,
ce sont des artisans itinérants -
9:18 - 9:22qui se déplacent de village
en village pour fabriquer sur place -
9:22 - 9:23le moule de la cloche,
-
9:23 - 9:27ils construisent sur place le four
qui servira à la fusion du métal. -
9:27 - 9:33Et ces artisans portent le joli nom
de saintiers, S-A-I-N-T-I-E-R-S. -
9:33 - 9:36Dans la région, il y a
un saintier de bonne réputation, -
9:36 - 9:37du nom de Jean-Baptiste Piston,
-
9:37 - 9:40et c'est à lui que le maire
de Quintal va faire appel. -
9:40 - 9:45Donc un beau matin de 1796, Jean-Baptiste
Piston arrive avec tout son attirail -
9:45 - 9:48dans le petit village savoyard.
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9:48 - 9:51Il s'adresse aux habitants
et demande s'il est possible -
9:51 - 9:56que durant les semaines que va durer
la fabrication de cette cloche, -
9:56 - 9:58il puisse bénéficier
de l'aide d'un apprenti, -
9:58 - 10:01si possible quelqu'un
qui sache lire et écrire. -
10:01 - 10:05Ça ne court pas forcément les rues,
on l'a vu, à cette époque. -
10:05 - 10:09Et il se trouve que le seul
lettré du village, c'est le maire. -
10:09 - 10:12Il s'appelle Antoine Paccard, il a 24 ans.
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10:12 - 10:17Et de manière tout à fait fortuite, il
découvre le métier de fondeur de cloches. -
10:17 - 10:19Et c'est une révélation pour lui.
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10:19 - 10:23Il tombe littéralement amoureux
du métier de fondeur de cloches -
10:23 - 10:26et décide de devenir fondeur à son tour.
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10:26 - 10:31Il ignorait sans doute qu'on en parlerait
encore au TEDx d'Annecy en 2018. -
10:31 - 10:34Je ne sais pas s'il a pensé à ce moment-là
-
10:34 - 10:39que ses descendants enverraient
ses cloches dans le monde entier, -
10:39 - 10:42que ses cloches deviendraient
les ambassadrices de la Savoie, -
10:42 - 10:46puis de la France parce que, quand même
on a fini par devenir Français, -
10:46 - 10:47aux quatre coins du monde.
-
10:47 - 10:50Et je ne sais pas non plus
s'il s'imaginait -
10:50 - 10:57que sa cloche sonnerait toujours dans
le clocher de Quintal 222 ans plus tard. -
10:57 - 11:00Et si par chance -
ce n'est pas très courant - -
11:00 - 11:04mais si vous avez la chance
de monter au clocher de Quintal - -
11:04 - 11:08ça vaut le détour parce que c'est l'une
des plus vieilles églises du département - -
11:08 - 11:14eh bien, vous découvrirez cette
vieille fille de bronze de 222 ans, -
11:14 - 11:19sur laquelle il est inscrit la devise
choisie par Antoine Paccard : -
11:19 - 11:23« Si je survis à la Terreur,
je chanterai le bonheur. » -
11:24 - 11:27(Applaudissements)
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11:33 - 11:37Un autre aspect qui
m'a fascinée avec la cloche, -
11:37 - 11:40vous l'aurez compris,
je suis un peu musicienne. -
11:40 - 11:42Alors je ne suis pas toujours sûre,
-
11:42 - 11:47parce que quand les gens entendent
mes prestations avec les cloches, -
11:47 - 11:50m'entendent chanter, il y en a
régulièrement qui viennent me dire : -
11:50 - 11:52« Mais, vous êtes musicienne ? »
-
11:52 - 11:55C'est qu'apparemment être chanteur
ne veut pas dire être musicien, -
11:55 - 11:57donc j'ai parfois quelques doutes.
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11:57 - 12:00Mais comme je pianote,
on dira que je suis musicienne, -
12:00 - 12:03mais en tout cas, j'étais fascinée
par le côté musical de l'instrument. -
12:03 - 12:07La cloche a une particularité
dans l'univers musical : -
12:07 - 12:09elle a un timbre mineur.
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12:09 - 12:12Je ne vais pas rentrer dans les
explications précises et scientifiques -
12:12 - 12:16mais sachez que c'est le seul instrument
de musique dans le monde musical -
12:16 - 12:21dont le timbre, la composition harmonique
du son, donne un son mélancolique. -
12:21 - 12:26Peut-être est-ce pour ça qu'elle
nous aide à élever notre âme. -
12:26 - 12:29Est-ce pour ça qu'elle déclenche
en nous un attachement sentimental, -
12:29 - 12:31je ne saurai le dire.
-
12:31 - 12:36Sachez simplement que ce timbre
est la résultante d'un profil. -
12:36 - 12:39Le plus important pour le fondeur
de cloches, c'est de bien maîtriser -
12:39 - 12:45la forme, le tracé de la forme intérieure
et de la forme extérieure de la cloche -
12:45 - 12:49qui constituent donc
le profil de la cloche. -
12:49 - 12:51Ce profil, c'est l'ADN de la cloche.
-
12:51 - 12:56Il détermine toutes les caractéristiques :
la taille, le poids, la note, -
12:56 - 13:00qu'on connaît déjà avant
même de couler la cloche. -
13:00 - 13:03Donc c'est vraiment un savoir-faire
extrêmement pointu. -
13:03 - 13:08Mais au-delà de la note, il y a quelque
chose qui à mon sens est plus important : -
13:08 - 13:10c'est le timbre de l'instrument.
-
13:10 - 13:12Le timbre, c'est cette
qualité particulière du son -
13:12 - 13:16qui fait qu'on reconnaît un instrument
de musique d'un autre. -
13:16 - 13:19Pas besoin d'être musicien
pour entendre la différence -
13:19 - 13:22entre un do sur un piano,
un do au violon -
13:22 - 13:25ou un do avec une cloche,
si petite soit-elle. -
13:25 - 13:27Simplement parce que la note,
c'est la même -
13:27 - 13:29mais la composition harmonique...
-
13:29 - 13:31En fait cette note est
enrichie de plusieurs notes, -
13:31 - 13:35mais notre oreille qui est
un synthétiseur, synthétise ce son -
13:35 - 13:38et nous restitue ce qu'on
appelle une note « au-coup ». -
13:38 - 13:39Pourquoi le timbre est important ?
-
13:39 - 13:41Je prendrai une analogie.
-
13:41 - 13:45Dans une pouponnière,
il peut y avoir 20 bébés, -
13:45 - 13:49mais une maman reconnaîtra
le cri de son enfant. -
13:49 - 13:51C'est un sujet qui me
touche particulièrement -
13:51 - 13:53parce que j'ai quand même...
-
13:53 - 13:58Ma plus grande fierté est
d'avoir livré cinq petits clochards, -
13:58 - 14:01qui constituent la 8e génération -
que des garçons. -
14:01 - 14:03Pour les Savoyards
je n'ai eu que des enfants. -
14:03 - 14:06Je précise car il paraît que
les filles, ce sont des filles, -
14:06 - 14:07et les garçons, des enfants,
-
14:07 - 14:09je n'ai eu que des enfants.
-
14:09 - 14:11Mais, quand j'ai vu
les petites filles tout à l'heure, -
14:11 - 14:14j'avoue que moi,
une petite fille, je n'aurais pas... -
14:14 - 14:17Mais toujours est-il que
le timbre est très important -
14:17 - 14:20et sachez qu'un fondeur de cloches,
quand il entend les cloches sonner -
14:20 - 14:23il est capable de vous dire
si c'est lui qui les a fabriquées, -
14:23 - 14:27ou si elles viennent de Hollande, si
elles viennent de Normandie ou d'ailleurs. -
14:28 - 14:32Cette qualité d'instrument de musique
-
14:32 - 14:36nous permet aussi d'entrer
dans le troisième millénaire. -
14:36 - 14:41Et d'associer la cloche au design
et à l'architecture urbaine, -
14:41 - 14:44grâce à un concept novateur
qui s'appelle « Art Sonora ». -
14:44 - 14:47Art Sonora : l'art sonore.
-
14:47 - 14:49L'art sonore, et ce concept d'Art Sonora,
-
14:49 - 14:55en fait permettent d'allier,
de marier l'esthétique de la cloche, -
14:55 - 14:59car c'est un bel objet qui malheureusement
n'est pas vu très longtemps, -
14:59 - 15:02le temps de la bénédiction
de la cloche, hop ça monte au clocher, -
15:02 - 15:04Pourtant on se donne
du mal pour la faire ! -
15:04 - 15:07Mais ça permet donc d'associer
cette esthétique de la cloche -
15:07 - 15:09à la sculpture et au design,
-
15:09 - 15:14car ces sculptures musicales
sont installées sur la place publique : -
15:14 - 15:18devant la mairie, dans un jardin,
devant l'office du tourisme, -
15:18 - 15:23pour habiller notre quotidien de poésie.
-
15:23 - 15:27Voilà une manière originale de
rentrer dans le troisième millénaire. -
15:27 - 15:29Un autre avantage de ce concept,
-
15:29 - 15:33c'est qu'il permet d'associer
la très belle musicalité de la cloche -
15:33 - 15:36à celle d'autres instruments de musique.
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15:36 - 15:39Et je peux vous dire qu'on peut
faire un répertoire très éclectique, -
15:39 - 15:41que je vous propose de
découvrir dans un extrait, -
15:41 - 15:43car si vous me laissez,
je reste trois heures, -
15:43 - 15:46mais ce n'est pas ce qui était prévu.
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15:46 - 15:48S'il vous plaît, maestro.
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15:48 - 15:51(Musique : When you believe,
synthétiseur et cloche) -
15:51 - 15:56(Chante) Many nights we prayed
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15:56 - 16:00With no proof anyone could hear
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16:00 - 16:04In our hearts a hope for a song
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16:04 - 16:08We barely understood
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16:08 - 16:12Now we are not afraid
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16:12 - 16:16Although we know there's much to fear
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16:16 - 16:20We were moving mountains
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16:20 - 16:27Long before we knew we could
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16:28 - 16:32There can be miracles
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16:32 - 16:36When you believe
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16:36 - 16:39Though hope is frail
-
16:39 - 16:43It's hard to kill
-
16:43 - 16:47Who knows what miracles
-
16:47 - 16:51You can achieve
-
16:51 - 16:58When you believe somehow you will
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16:59 - 17:05You will when you believe
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17:05 - 17:12They don't always happen when you ask
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17:13 - 17:20And it's easy to give in to your fears
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17:20 - 17:24But when you're blinded by your pain
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17:24 - 17:28Can't see the way, get through the rain
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17:28 - 17:32A small but still resilient voice
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17:32 - 17:37Says hope is very near
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17:37 - 17:41There can be miracles
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17:41 - 17:44When you believe
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17:44 - 17:47Though hope is frail
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17:47 - 17:52It's hard to kill
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17:52 - 17:55Who knows what miracles
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17:55 - 17:59You can achieve
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17:59 - 18:06When you believe somehow you will
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18:06 - 18:10Somehow you will
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18:10 - 18:17You will when you believe
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18:18 - 18:23You will when you
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18:23 - 18:30believe
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18:30 - 18:33(Fin de la musique)
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18:33 - 18:36(Applaudissements)
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18:45 - 18:49Voilà comment les cloches
ont changé ma vie. -
18:49 - 18:52Alors j'espère que
cette petite intervention -
18:52 - 18:55aura peut-être changé
votre regard sur les cloches. -
18:55 - 18:58J'espère que ce témoignage
vous donnera l'envie -
18:58 - 19:01de défendre votre patrimoine campanaire,
-
19:01 - 19:04de faire en sorte que les cloches
sonnent dans votre village, -
19:04 - 19:05parce qu'elles sont souvent menacées,
-
19:05 - 19:08soit par manque d'entretien,
soit par méconnaissance aussi, -
19:08 - 19:11on a souvent tendance à arrêter
les cloches parce que le beffroi bouge, -
19:11 - 19:15ou le clocher bouge, mais c'est normal,
il n'y a pas de problème ! -
19:15 - 19:18Et puis si ce concept vous a plu,
parlez-en autour de vous -
19:18 - 19:21de manière à apporter au cœur de la cité
-
19:21 - 19:24un peu plus de poésie
et un supplément d'âme. -
19:24 - 19:27(Applaudissements)
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19:32 - 19:35(Tintement de cloche)
- Title:
- Les cloches, une poésie et un supplément d'âme au cœur de la Cité | Anne PACCARD | TEDxAnnecy
- Description:
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Amoureuse des cloches, Anne Paccard nous amène à la découverte d'un savoir-faire local annécien qui porte les couleurs de la France à travers le monde entier, en abordant les notions de patrimoine, de poésie et de musicalité, de tradition et de communauté.
Mon histoire : Née en 1973 à Vichy, d'une mère pied-noire, née à Dakar, et d'un père normand, né à Arles, rien ne me prédisposait à me passionner pour… les cloches ! Sauf, peut-être, un goût prononcé pour la musique, en particulier le chant que je pratique depuis l'âge de quatre ans. En 1991, je découvre la Fonderie Paccard : cette rencontre devait changer ma vie puisque je tombai alors amoureuse à la fois d’un métier, d’une entreprise et d’un fondeur de cloches... en la personne de Philippe Paccard, mon époux depuis 23 ans ! Cette passion ne m’a jamais quittée depuis, et c’est elle qui, aujourd’hui, me permet d'associer ma vocation de chanteuse à la musicalité des cloches et me pousse à faire découvrir un savoir-faire qui porte les couleurs de la France à travers le monde entier.
Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx
- Video Language:
- French
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 19:48