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Dépression, notre secret partagé

  • 0:04 - 0:08
    J'ai senti un enterrement
    dans ma tête
  • 0:08 - 0:10
    Et les amis du défunt
    allaient et venaient,
  • 0:10 - 0:13
    Continuaient à marcher,
    jusqu'à ce qu'il me semble
  • 0:13 - 0:16
    Que ma raison s'en allait.
  • 0:16 - 0:18
    Et quand ils s'étaient tous assis
  • 0:18 - 0:20
    Un office comme un tambour
  • 0:20 - 0:22
    battait, battait,
    jusqu'à ce qu'il me semblait que
  • 0:22 - 0:26
    mon esprit devenait paralysé.
  • 0:26 - 0:28
    Et puis, je les ai entendus
    soulever une boîte
  • 0:28 - 0:30
    et traverser mon âme en grinçant,
  • 0:30 - 0:33
    avec encore ces mêmes bottes de plomb,
  • 0:33 - 0:36
    puis tout s'est mis à sonner,
  • 0:36 - 0:38
    comme si les cieux
    n'étaient qu'une cloche
  • 0:38 - 0:40
    et l'existence
    n'était qu'une oreille
  • 0:40 - 0:43
    et moi, et le silence,
    une espèce d'étrange race
  • 0:43 - 0:46
    anéantie, solitaire, ici.
  • 0:46 - 0:50
    D'un coup, une planche
    de la raison se brisa,
  • 0:50 - 0:53
    et je tombai, sans arrêt
  • 0:53 - 0:56
    et heurtai un monde,
    à chaque chute
  • 0:56 - 1:00
    et puis finis alors
    d'être consciente. »
  • 1:00 - 1:04
    Nous comprenons la dépression
    à travers les métaphores.
  • 1:04 - 1:07
    Emily Dickinson arrivait
    à la communiquer par des mots,
  • 1:07 - 1:10
    Goya par une image.
  • 1:10 - 1:12
    Le but de l'art est, en partie,
  • 1:12 - 1:16
    de décrire
    de tels états iconiques.
  • 1:16 - 1:20
    Quant à moi,
    je m'étais toujours trouvé fort,
  • 1:20 - 1:21
    parmi ceux qui
    pourraient survivre
  • 1:21 - 1:25
    si on m'avait envoyé
    dans un camp de concentration.
  • 1:25 - 1:27
    En 1991, j'ai subi
    une série de pertes.
  • 1:27 - 1:29
    Ma mère est morte,
  • 1:29 - 1:31
    une relation s'est terminée,
  • 1:31 - 1:33
    je suis rentré aux États-Unis
  • 1:33 - 1:35
    après quelques années à l'étranger,
  • 1:35 - 1:38
    et je m'en suis sorti intact.
  • 1:38 - 1:42
    Mais en 1994, trois ans après,
  • 1:42 - 1:46
    j'ai constaté que
    je me désintéressais de tout.
  • 1:46 - 1:48
    Je ne voulais plus
    faire les choses
  • 1:48 - 1:50
    que j'avais voulu faire
    auparavant,
  • 1:50 - 1:52
    et je ne savais pas pourquoi.
  • 1:52 - 1:54
    Le contraire de la dépression
  • 1:54 - 1:57
    n'est pas le bonheur,
    mais la vitalité,
  • 1:57 - 1:58
    et c'était la vitalité
  • 1:58 - 2:02
    qui paraissait me fuir
    à ce moment-là.
  • 2:02 - 2:04
    Tout ce que j'avais à faire
  • 2:04 - 2:06
    me semblait trop.
  • 2:06 - 2:08
    Je rentrais à la maison
  • 2:08 - 2:11
    et je voyais la lumière rouge
    du répondeur clignoter,
  • 2:11 - 2:14
    et au lieu d'être ravi
    d'avoir des nouvelles des amis,
  • 2:14 - 2:15
    je pensais :
  • 2:15 - 2:18
    « Ça fait beaucoup de monde
    à rappeler. »
  • 2:18 - 2:21
    Ou je décidais
    de prendre mon déjeuner,
  • 2:21 - 2:23
    sauf qu'après, je pensais
    qu'il me faudrait sortir la nourriture,
  • 2:23 - 2:25
    la mettre sur une assiette,
  • 2:25 - 2:29
    la découper, la mastiquer,
    l'avaler,
  • 2:29 - 2:33
    et c'était pour moi
    un supplice.
  • 2:33 - 2:36
    Une chose qu'on néglige souvent
  • 2:36 - 2:37
    lorsqu'on discute de la dépression,
  • 2:37 - 2:40
    c'est qu'on est conscient
    que c'est ridicule.
  • 2:40 - 2:43
    On est conscient que c'est ridicule,
    alors qu'on l'éprouve.
  • 2:43 - 2:45
    On est conscient que
  • 2:45 - 2:47
    la plupart des gens arrivent
    à écouter leurs messages
  • 2:47 - 2:49
    et à déjeuner et à s'arranger
    pour prendre une douche
  • 2:49 - 2:50
    et à quitter la maison
  • 2:50 - 2:52
    et ce n'est pas si terrible,
  • 2:52 - 2:55
    mais pourtant,
    on est sous son emprise
  • 2:55 - 2:59
    et on est incapable de trouver
    une façon de la contourner.
  • 2:59 - 3:03
    Et alors je me suis rendu compte
    que je faisais moins de choses,
  • 3:03 - 3:05
    que je pensais moins,
  • 3:05 - 3:08
    que je ressentais moins de choses.
  • 3:08 - 3:10
    C'était une sorte de vide.
  • 3:10 - 3:12
    Et puis l'angoisse s'est installée.
  • 3:12 - 3:15
    Si on me disait que
    je devais être en dépression
  • 3:15 - 3:16
    durant tout le mois suivant,
    je répondrais :
  • 3:16 - 3:20
    « Tant que je sais que ça sera fini
    en novembre, je peux y arriver. »
  • 3:20 - 3:21
    Mais si on me disait :
  • 3:21 - 3:24
    « Durant le mois suivant, tu dois
    traverser une période d'angoisse aiguë, »
  • 3:24 - 3:26
    je me taillerais les veines
    plutôt que de la subir.
  • 3:26 - 3:28
    C'était toujours le même sentiment
  • 3:28 - 3:30
    comme ce qu'on ressent
    quand on marche
  • 3:30 - 3:32
    et qu'on trébuche
    ou qu'on glisse,
  • 3:32 - 3:34
    et la terre fonce vers soi,
  • 3:34 - 3:36
    mais plutôt que de durer
    normalement à peine une seconde,
  • 3:36 - 3:38
    ça a duré six mois.
  • 3:38 - 3:41
    C'est la sensation
    d'avoir peur tout le temps
  • 3:41 - 3:45
    sans même savoir
    de quoi on a peur.
  • 3:45 - 3:47
    Et c'était à ce moment-là
    que j'ai commencé à croire
  • 3:47 - 3:51
    que vivre faisait trop mal,
  • 3:51 - 3:54
    et que la seule raison
    de ne pas se suicider,
  • 3:54 - 3:57
    c'était afin d'éviter
    aux autres de souffrir.
  • 3:57 - 4:00
    Finalement un jour,
    je me suis réveillé
  • 4:00 - 4:02
    et j'ai cru avoir eu
    une attaque cérébrale,
  • 4:02 - 4:05
    car j'étais étendu
    sur le lit, immobile,
  • 4:05 - 4:07
    je regardais le téléphone,
    et j'ai pensé :
  • 4:07 - 4:10
    « Il y a quelque chose qui cloche,
    je devrais appeler quelqu'un. »
  • 4:10 - 4:12
    mais je n'arrivais pas
    à tendre le bras
  • 4:12 - 4:15
    pour attraper le téléphone
    et composer un numéro.
  • 4:15 - 4:19
    Puis finalement,
    au bout de quatre heures
  • 4:19 - 4:20
    passées allongé à le fixer,
    le téléphone a sonné,
  • 4:20 - 4:22
    j'ai réussi à le décrocher
    d'une manière ou d'une autre,
  • 4:22 - 4:24
    et c'était mon père,
  • 4:24 - 4:27
    et j'ai dit :
    « J'ai de graves problèmes.
  • 4:27 - 4:30
    Il faut qu'on fasse
    quelque chose. »
  • 4:30 - 4:33
    Le lendemain, j'ai commencé
    à prendre des médicaments
  • 4:33 - 4:35
    et une thérapie.
  • 4:35 - 4:38
    Et j'ai également commencé
    à considérer
  • 4:38 - 4:39
    cette terrible question :
  • 4:39 - 4:41
    Si je ne suis pas la solide personne
  • 4:41 - 4:44
    qui aurait été capable de survivre
    dans un camp de concentration,
  • 4:44 - 4:46
    alors qui suis-je ?
  • 4:46 - 4:48
    Et si je dois
    prendre des médicaments,
  • 4:48 - 4:51
    est-ce qu'ils vont me permettre
    de redevenir moi-même,
  • 4:51 - 4:54
    ou feront-ils de moi
    quelqu'un d'autre ?
  • 4:54 - 4:55
    Et que vais-je ressentir
  • 4:55 - 4:58
    s'ils font de moi
    quelqu'un d'autre ?
  • 4:58 - 5:01
    Quand me suis engagé dans la lutte,
    j'avais deux avantanges.
  • 5:01 - 5:04
    Le premier, c'était que je savais,
    objectivement parlant,
  • 5:04 - 5:06
    que je menais
    une vie agréable,
  • 5:06 - 5:08
    et que si je pouvais
    m'en tirer,
  • 5:08 - 5:09
    il me resterait toujours
    quelque chose
  • 5:09 - 5:11
    qui valait la peine de vivre.
  • 5:11 - 5:14
    Et l'autre, c'est que j'avais accès
    au bon traitement.
  • 5:14 - 5:18
    Cependant, j'allais mieux
    et je rechutais,
  • 5:18 - 5:20
    j'allais mieux et je rechutais,
  • 5:20 - 5:23
    j'allais mieux et je rechutais,
  • 5:23 - 5:25
    jusqu'à ce que je comprenne
  • 5:25 - 5:27
    que je passerais le reste de ma vie
    à prendre des médicaments
  • 5:27 - 5:30
    et à suivre une thérapie.
  • 5:30 - 5:32
    Et je me suis dit :
    « Mais, est-ce un problème
  • 5:32 - 5:34
    chimique ou psychologique ?
  • 5:34 - 5:37
    Et faut-il un traitement chimique,
    ou psychologique ? »
  • 5:37 - 5:40
    Et je n'arrivais pas
    à comprendre.
  • 5:40 - 5:42
    Et puis j'ai compris qu'en fait,
  • 5:42 - 5:44
    on n'avait pas assez avancé
    dans ces deux domaines
  • 5:44 - 5:46
    pour expliquer
    totalement les choses.
  • 5:46 - 5:49
    Le remède chimique
    et psychologique
  • 5:49 - 5:51
    avaient tous les deux un rôle à jouer,
  • 5:51 - 5:55
    et j'ai aussi compris
    que la dépression est une chose
  • 5:55 - 5:57
    qui est si ancrée
    au fond de soi
  • 5:57 - 5:59
    qu'elle ne peut être séparée
  • 5:59 - 6:01
    de notre caractère
    ou personnalité.
  • 6:01 - 6:03
    Je dois avouer que
    les traitements actuels
  • 6:03 - 6:06
    de la dépression sont consternants.
  • 6:06 - 6:08
    Ils ne sont pas très efficaces.
  • 6:08 - 6:10
    Ils sont très coûteux.
  • 6:10 - 6:12
    Ils s'accompagnent
    d'innombrables effets secondaires.
  • 6:12 - 6:14
    C'est vraiment une catastrophe.
  • 6:14 - 6:17
    Mais je suis tellement reconnaissant
    de vivre de nos jours
  • 6:17 - 6:19
    plutôt qu'il y a 50 ans,
  • 6:19 - 6:20
    quand on ne pouvait presque
  • 6:20 - 6:21
    rien y faire.
  • 6:21 - 6:24
    J'espère que dans 50 ans,
  • 6:24 - 6:26
    les gens entendront parler
    des traitements que j'ai reçus
  • 6:26 - 6:28
    et qu'ils seront choqués
    d'apprendre que l'on subissait
  • 6:28 - 6:31
    une science si primitive.
  • 6:31 - 6:35
    La dépression
    est un défaut de l'amour.
  • 6:35 - 6:39
    Si on est marié et si on pense :
  • 6:39 - 6:42
    « Eh bien, si ma femme meurt,
    j'en trouverai une autre. »
  • 6:42 - 6:45
    ce ne serait pas de l'amour
    tel qu'on le connaît.
  • 6:45 - 6:47
    Il n'y a pas d'amour
  • 6:47 - 6:50
    sans l'anticipation de la perte,
  • 6:50 - 6:52
    et ce spectre du désespoir
  • 6:52 - 6:56
    peut être le moteur de l'intimité.
  • 6:56 - 6:59
    Il y a trois choses
    qu'on a tendance à confondre :
  • 6:59 - 7:03
    la dépression, le chagrin,
    et la tristesse.
  • 7:03 - 7:06
    Le chagrin
    est explicitement réactionnel.
  • 7:06 - 7:09
    Si on a subi une perte,
    et on se sent très malheureux,
  • 7:09 - 7:11
    et six mois après,
  • 7:11 - 7:14
    on se sent toujours profondément triste,
    mais on arrive mieux à fonctionner
  • 7:14 - 7:16
    alors il s'agit probablement
    de chagrin,
  • 7:16 - 7:18
    et il finira probablement
    par se résorber
  • 7:18 - 7:19
    dans une certaine mesure.
  • 7:19 - 7:22
    Si on subit une énorme perte,
  • 7:22 - 7:23
    et on se sent très mal,
  • 7:23 - 7:26
    et au bout de six mois,
    on n'arrive toujours pas à fonctionner,
  • 7:26 - 7:29
    alors il s'agit probablement
    d'une dépression
  • 7:29 - 7:31
    déclenchée par
    des circonstances catastrophiques.
  • 7:31 - 7:35
    La trajectoire nous en parle longuement.
  • 7:35 - 7:38
    On a tendance à croire que
    la dépression n'est que de la tristesse.
  • 7:38 - 7:41
    Il s'agit de bien, bien
    trop de tristesse,
  • 7:41 - 7:42
    bien trop de chagrin,
  • 7:42 - 7:45
    et tout ça pour des raisons
    trop légères.
  • 7:45 - 7:48
    Quand j'ai pris sur moi
    pour comprendre la dépression,
  • 7:48 - 7:51
    et pour interroger des gens
    qui l'avaient vécue,
  • 7:51 - 7:54
    j'ai constaté que
    certains semblaient présenter,
  • 7:54 - 7:56
    au moins superficiellement,
    ce qui paraissait être
  • 7:56 - 7:58
    une dépression relativement légère,
  • 7:58 - 8:01
    mais ils en étaient malgré tout
    complètement paralysés.
  • 8:01 - 8:03
    Et d'autres présentaient
    ce qui semblait être,
  • 8:03 - 8:04
    selon leurs descriptions,
  • 8:04 - 8:07
    une dépression très grave
  • 8:07 - 8:09
    mais ils menaient néanmoins
    de bonnes vies dans les intervalles
  • 8:09 - 8:12
    entre les périodes de dépression.
  • 8:12 - 8:14
    Alors j'ai entrepris de chercher
  • 8:14 - 8:16
    ce qui rend certaines personnes
  • 8:16 - 8:18
    plus résistantes que d'autres.
  • 8:18 - 8:20
    Quels sont les mécanismes
  • 8:20 - 8:22
    qui nous permettent de survivre ?
  • 8:22 - 8:25
    Alors j'ai interrogé des personnes,
    les unes après les autres,
  • 8:25 - 8:27
    toutes souffrant d'une dépression.
  • 8:27 - 8:29
    L'une des premières personnes
    que j'ai interrogées
  • 8:29 - 8:31
    a comparé la dépression
  • 8:31 - 8:34
    à une manière plus lente d'être mort,
  • 8:34 - 8:36
    et ça m'était rassurant d'entendre ça
    dès le début
  • 8:36 - 8:37
    car ça m'a rappelé que
  • 8:37 - 8:39
    cette façon plus lente d'être mort
  • 8:39 - 8:41
    peut mener à la mort pour de vrai,
  • 8:41 - 8:43
    et que c'est très grave.
  • 8:43 - 8:46
    Elle représente le handicap
    le plus répandu au monde,
  • 8:46 - 8:49
    et des gens en meurent tous les jours.
  • 8:49 - 8:51
    Une personne à qui j'ai parlé
  • 8:51 - 8:53
    lorsque j'essayais
    de comprendre tout ceci
  • 8:53 - 8:55
    est une amie chère
  • 8:55 - 8:57
    que je connaissais
    depuis très longtemps,
  • 8:57 - 8:59
    et qui avait connu
    un épisode psychotique
  • 8:59 - 9:01
    en première année d'université,
  • 9:01 - 9:04
    avant de s'effondrer
    dans une sévère dépression.
  • 9:04 - 9:06
    Elle souffrait de trouble bipolaire,
  • 9:06 - 9:08
    ou de psychose maniaco-dépressive
    comme on l'appelait à l'époque.
  • 9:08 - 9:10
    Elle allait très bien
  • 9:10 - 9:12
    pendant plusieurs années,
    grâce au lithium,
  • 9:12 - 9:13
    et puis finalement
  • 9:13 - 9:15
    on a arrêté
    de lui prescrire du lithium
  • 9:15 - 9:17
    pour voir
    comment elle réagirait sans,
  • 9:17 - 9:19
    et elle a connu un
    autre épisode psychotique,
  • 9:19 - 9:21
    puis elle a plongé
    dans la pire dépression
  • 9:21 - 9:23
    que j'aie jamais vue
  • 9:23 - 9:26
    pendant laquelle elle est restée
    chez ses parents,
  • 9:26 - 9:29
    dans un état plus ou moins catatonique,
    pratiquement sans bouger,
  • 9:29 - 9:32
    jour après jour après jour.
  • 9:32 - 9:35
    Et quand je l'ai interrogée
    des années après sur cette expérience --
  • 9:35 - 9:38
    elle est poète et psychothérapeute
    et s'appelle Maggie Robbins --
  • 9:38 - 9:42
    dans cet entretien, elle a dit :
  • 9:42 - 9:45
    « Je chantais
    'Where Have All the Flowers Gone'
  • 9:45 - 9:48
    en boucle, pour m'occuper l'esprit.
  • 9:48 - 9:51
    Je chantais pour balayer
    ce que mon esprit disait :
  • 9:51 - 9:56
    ' Tu n'es rien. Tu n'es personne.
  • 9:56 - 9:59
    Tu ne mérites
    même pas de vivre.'
  • 9:59 - 10:01
    Et c'était à ce moment là
    que j'ai vraiment commencé
  • 10:01 - 10:03
    à songer à me tuer. »
  • 10:03 - 10:05
    Quand on est déprimé,
  • 10:05 - 10:07
    on ne sait pas
    qu'on porte un voile gris
  • 10:07 - 10:09
    et qu'on voit le monde
    à travers le brouillard
  • 10:09 - 10:11
    provoqué par
    la mauvaise humeur.
  • 10:11 - 10:14
    On croit que
    le voile a été enlevé,
  • 10:14 - 10:16
    le voile du bonheur,
  • 10:16 - 10:18
    et que maintenant
    on voit clairement.
  • 10:18 - 10:21
    Il est plus facile
    d'aider des schizophrènes
  • 10:21 - 10:23
    qui s'imaginent une chose
    inconnue au fond d'eux-même
  • 10:23 - 10:25
    qui doit se faire exorciser,
  • 10:25 - 10:27
    mais la difficulté
    chez les dépressifs,
  • 10:27 - 10:29
    c'est qu'on croit
    percevoir la vérité.
  • 10:32 - 10:34
    Mais la vérité ment.
  • 10:34 - 10:36
    Je suis devenu obsédé
    par cette phrase :
  • 10:36 - 10:38
    « Mais la vérité ment. »
  • 10:38 - 10:41
    Et j'ai découvert,
    en parlant à des dépressifs,
  • 10:41 - 10:43
    qu'ils entretiennent de nombreux délires.
  • 10:43 - 10:45
    Les gens disent :
    « Personne ne m'aime. »
  • 10:45 - 10:47
    Et on leur dit : « Moi, je t'aime,
  • 10:47 - 10:49
    ta femme t'aime,
    ta mère t'aime. »
  • 10:49 - 10:51
    Cette réponse
    n'est pas dure à trouver,
  • 10:51 - 10:53
    pour la plupart des gens,
    au moins.
  • 10:53 - 10:55
    Mais les dépressifs
    disent aussi :
  • 10:55 - 10:57
    « Quoi qu'on fasse,
  • 10:57 - 10:59
    on va tout finir par mourir. »
  • 10:59 - 11:01
    Ou ils disent : « Il ne peut pas
    y avoir de vraie communion
  • 11:01 - 11:03
    entre deux êtres humains.
  • 11:03 - 11:06
    Chacun est enfermé
    dans son propre corps. »
  • 11:06 - 11:07
    Ce à quoi il faut répondre :
  • 11:07 - 11:09
    « Oui, en effet,
  • 11:09 - 11:11
    mais là maintenant
    il vaut mieux se concentrer
  • 11:11 - 11:12
    sur ce qu'on va prendre
    au petit déjeuner. »
  • 11:12 - 11:15
    (Rires)
  • 11:15 - 11:16
    Souvent, ce qu'ils expriment,
  • 11:16 - 11:19
    ce n'est pas la maladie,
    mais la perspicacité,
  • 11:19 - 11:22
    et on arrive à penser
    que l'extraordinaire, c'est que
  • 11:22 - 11:25
    la plupart d'entre nous sont au courant
    de ces questions existentielles
  • 11:25 - 11:27
    mais elles ne nous troublent pas trop.
  • 11:27 - 11:29
    Il y a une étude
    que j'ai beaucoup appréciée
  • 11:29 - 11:31
    dans laquelle on a demandé
  • 11:31 - 11:33
    à un groupe de dépressifs
    et un groupe de non-dépressifs
  • 11:33 - 11:35
    de passer une heure
    à jouer un jeu vidéo,
  • 11:35 - 11:37
    et à la fin de l'heure,
  • 11:37 - 11:39
    on leur a demandé
    combien de petits monstres
  • 11:39 - 11:41
    ils croyaient avoir tués.
  • 11:41 - 11:43
    Le groupe dépressif
    était typiquement très précis
  • 11:43 - 11:45
    avec une marge de 10 %,
  • 11:45 - 11:47
    alors que les non-dépressifs
  • 11:47 - 11:50
    devinaient entre 15 et 20 fois plus
  • 11:50 - 11:52
    de petits monstres -- (Rires) --
  • 11:52 - 11:56
    qu'ils avaient vraiment tués.
  • 11:56 - 11:59
    Des gens m'ont dit,
    quand j'ai choisi
  • 11:59 - 12:01
    d'écrire sur la dépression
    qu'il doit être très dur
  • 12:01 - 12:04
    de révéler ceci,
    que les gens le sachent.
  • 12:04 - 12:06
    Ils demandent :
    « On te parle différemment ? »
  • 12:06 - 12:08
    Et je réponds : « Oui,
    on me parle différemment. »
  • 12:08 - 12:10
    Différemment,
    puisqu'ils commencent
  • 12:10 - 12:13
    à me raconter leur expérience,
  • 12:13 - 12:15
    ou celle de leur sœur,
  • 12:15 - 12:16
    ou de leur meilleur ami.
  • 12:16 - 12:19
    Maintenant, tout est différent
  • 12:19 - 12:21
    car je sais que la dépression,
  • 12:21 - 12:24
    c'est le secret familial
    que chacun garde.
  • 12:24 - 12:27
    Il y a quelques années,
    je suis allé à une conférence,
  • 12:27 - 12:30
    et le vendredi de cette conférence
    de trois jours,
  • 12:30 - 12:33
    une participante m'a pris à part,
    et elle m'a dit :
  • 12:33 - 12:36
    « Je souffre d'une dépression
  • 12:36 - 12:39
    et j'en suis un peu gênée,
  • 12:39 - 12:41
    mais je prends ces médicaments
    depuis quelque temps,
  • 12:41 - 12:44
    et je voulais savoir
    ce que vous en pensez ? »
  • 12:44 - 12:47
    Alors j'ai fait de mon mieux
    de lui conseiller autant que je pouvais.
  • 12:47 - 12:48
    Et puis elle a dit : « Vous savez,
  • 12:48 - 12:51
    mon mari ne pourrait
    jamais comprendre ceci.
  • 12:51 - 12:54
    En fait, c'est une personne,
    pour qui ceci n'aurait pas de sens,
  • 12:54 - 12:57
    alors je, vous savez,
    cela reste entre nous. »
  • 12:57 - 12:59
    Et j'ai répondu :
    « D'accord, pas de problème. »
  • 12:59 - 13:01
    Et le dimanche
    de cette même conférence,
  • 13:01 - 13:04
    son mari m'a pris à part,
  • 13:04 - 13:05
    et il m'a dit : « Ma femme
    ne me tiendrait pas en estime
  • 13:05 - 13:08
    en tant que homme, si elle le savait,
  • 13:08 - 13:10
    mais je souffre d'une dépression
    depuis quelque temps
  • 13:10 - 13:12
    et je prends des médicaments,
  • 13:12 - 13:14
    et je me demandais
    ce que vous en pensez ? »
  • 13:14 - 13:16
    Ils se cachaient
  • 13:16 - 13:18
    les mêmes medicaments,
    dans deux différents endroits
  • 13:18 - 13:20
    dans la même chambre.
  • 13:20 - 13:22
    Et j'ai dit que je trouvais
  • 13:22 - 13:24
    que la communication
    au sein de leur mariage
  • 13:24 - 13:26
    pourrait être à l'origine
    de leurs problèmes.
  • 13:26 - 13:30
    (Rires)
  • 13:30 - 13:32
    Mais j'ai aussi été frappé
  • 13:32 - 13:34
    par l'énorme charge
  • 13:34 - 13:36
    que représente ce secret mutuel.
  • 13:36 - 13:38
    La dépression est épuisante.
  • 13:38 - 13:41
    Elle occupe
    tant de temps et d'énergie,
  • 13:41 - 13:42
    et la passer sous silence,
  • 13:42 - 13:45
    cela rend la dépression
    encore pire.
  • 13:45 - 13:47
    Et puis j'ai commencé
    à réfléchir sur toutes les façons
  • 13:47 - 13:49
    qu'ont les gens de se soulager.
  • 13:49 - 13:51
    Au départ, j'avais été
    conservateur médical.
  • 13:51 - 13:54
    J'ai cru qu'il y avait quelques
    sortes de thérapie qui marchaient,
  • 13:54 - 13:55
    c'était clair --
  • 13:55 - 13:57
    qu'il s'agissait du médicament,
  • 13:57 - 13:58
    certains types de psychothérapie,
  • 13:58 - 14:01
    peut-être la thérapie
    électroconvulsive,
  • 14:01 - 14:04
    et que tout le reste
    était n'importe quoi.
  • 14:04 - 14:05
    Et puis, j'ai découvert une chose.
  • 14:05 - 14:07
    Si vous avez
    un cancer du cerveau,
  • 14:07 - 14:09
    et vous vous dites que
    vous tenir sur la tête
  • 14:09 - 14:12
    pendant 20 minutes,
    chaque matin vous fait sentir mieux,
  • 14:12 - 14:13
    cela pourrait très bien
    vous faire sentir mieux,
  • 14:13 - 14:15
    mais vous avez toujours
    un cancer du cerveau,
  • 14:15 - 14:17
    et vous allez
    probablement en mourir.
  • 14:17 - 14:20
    Mais si vous dites que
    vous avez une dépression,
  • 14:20 - 14:22
    et vous tenir sur la tête
    pendant 20 minutes chaque jour
  • 14:22 - 14:24
    vous fait sentir mieux,
    alors ça a marché,
  • 14:24 - 14:26
    puisque la dépression est une maladie
    qui porte sur comment on se sent,
  • 14:26 - 14:28
    et si vous vous sentez mieux,
  • 14:28 - 14:31
    alors effectivement,
    vous n'êtes plus déprimé.
  • 14:31 - 14:33
    Alors je suis devenu
    beaucoup plus tolérant
  • 14:33 - 14:36
    envers la panoplie
    d'autres traitements.
  • 14:36 - 14:38
    Et je reçois des lettres,
    des centaines de lettres
  • 14:38 - 14:41
    de gens qui m'écrivent pour
    me signaler ce qui marche pour eux.
  • 14:41 - 14:43
    Tout à l'heure, en coulisses,
    on me posait des questions
  • 14:43 - 14:44
    sur la méditation.
  • 14:44 - 14:47
    Parmi toutes les lettres
    que j'ai reçues,
  • 14:47 - 14:48
    ma préférée est celle
    envoyée par une femme
  • 14:48 - 14:51
    qui a écrit pour dire
    qu'elle avait essayé la thérapie,
  • 14:51 - 14:53
    elle avait essayé le médicament,
    elle avait essayé à peu près tout,
  • 14:53 - 14:56
    et elle avait trouvé une solution et elle
    espérait que je la présenterais à tous,
  • 14:56 - 15:00
    et la solution, c'était
    la fabrication des bidules en laine.
  • 15:00 - 15:03
    (Rires)
  • 15:03 - 15:06
    Elle m'en a envoyé quelques-uns.
  • 15:06 - 15:10
    Et je ne les porte pas en ce moment.
  • 15:10 - 15:12
    Je lui ai suggéré de se renseigner
  • 15:12 - 15:16
    sur le trouble obsessionnel-compulsif
    dans le manuel des troubles mentaux .
  • 15:16 - 15:20
    Mais pourtant, quand je suis parti à la
    recherche des traitements alternatifs,
  • 15:20 - 15:22
    j'ai aussi découvert
    d'autres traitements.
  • 15:22 - 15:25
    J'ai participé à un exorcisme tribal
    au Sénégal
  • 15:25 - 15:27
    qui comprenait pas mal
    de sang de bélier
  • 15:27 - 15:29
    et je ne m'y attarderai pas
    en ce moment,
  • 15:29 - 15:31
    mais quelques années plus tard
  • 15:31 - 15:33
    je travaillais sur un autre projet,
    au Rwanda,
  • 15:33 - 15:36
    et il m'est arrivé
    de décrire l'expérience à quelqu'un,
  • 15:36 - 15:38
    et il m'a dit : « Eh bien, vous savez,
  • 15:38 - 15:40
    ça c'est Afrique de l'Ouest,
    et ici c'est Afrique de l'Est,
  • 15:40 - 15:41
    et nos rituels sont,
    en quelque sort, très différents,
  • 15:41 - 15:43
    mais on en a certains
    qui partagent certains traits
  • 15:43 - 15:45
    avec ce que vous décrivez. »
  • 15:45 - 15:47
    Et j'ai répondu :« Ah bon. »
    Et il a dit : « Oui, mais on a eu
  • 15:47 - 15:50
    pas mal de soucis avec des intervenants
    en santé mentale occidentaux,
  • 15:50 - 15:52
    surtout ceux qui sont arrivés
    juste après le génocide. »
  • 15:52 - 15:55
    Et j'ai demandé :
    « Quelle sorte de soucis ? »
  • 15:55 - 15:56
    Et il a répondu : « Eh bien,
  • 15:56 - 15:59
    ils faisaient cette chose bizarre.
  • 15:59 - 16:01
    Ils ne faisaient pas
    sortir les gens sous le soleil,
  • 16:01 - 16:03
    là où on se sent mieux.
  • 16:03 - 16:06
    Ils n'ont pas utilisé les tambours
    ou la musique, pour animer les gens.
  • 16:06 - 16:08
    Ils n'ont pas inclus
    la communauté entière.
  • 16:08 - 16:09
    Ils n'ont pas présenté
    la dépression
  • 16:09 - 16:11
    comme un esprit envahissant.
  • 16:11 - 16:13
    À la place, ils amenaient les gens
  • 16:13 - 16:16
    un par un
    dans de petites pièces minables
  • 16:16 - 16:17
    et les faisaient discuter
    pendant une heure
  • 16:17 - 16:20
    des mauvaises choses
    qui leur étaient arrivées. »
  • 16:20 - 16:25
    (Rires)
    (Applaudissements)
  • 16:25 - 16:27
    Il a dit :
    « Il fallait leur demander de partir. »
  • 16:27 - 16:30
    (Rires)
  • 16:30 - 16:33
    Et puis à l'autre bout
    des traitements alternatifs,
  • 16:33 - 16:35
    permettez-moi de vous
    parler de Frank Russakoff.
  • 16:35 - 16:38
    Frank Russakoff a subi
    la pire dépression
  • 16:38 - 16:41
    que j'aie jamais vue.
  • 16:41 - 16:43
    Il était déprimé constamment.
  • 16:43 - 16:45
    À l'époque où je l'ai rencontré,
    il devait subir
  • 16:45 - 16:48
    un traitment électrochoc
    chaque mois.
  • 16:48 - 16:51
    Puis, pendant une semaine,
    il se sentait désorienté.
  • 16:51 - 16:53
    Puis, pendant une semaine
    tout allait bien.
  • 16:53 - 16:54
    Puis pendant une semaine,
    il régressait de nouveau.
  • 16:54 - 16:57
    Et après, il aura
    un autre traitment électrochoc.
  • 16:57 - 16:58
    Et il m'a raconté ceci
    quand je l'ai rencontré :
  • 16:58 - 17:01
    « Passer les semaines ainsi,
    c'est vraiment insupportable
  • 17:01 - 17:02
    Je ne peux pas continuer ainsi,
  • 17:02 - 17:05
    et je sais
    comment je vais y mettre fin
  • 17:05 - 17:06
    si je n'arrive pas à aller mieux. »
  • 17:06 - 17:09
    Mais, il m'a dit :
    « J'ai entendu parler d'un protocol
  • 17:09 - 17:11
    à l’hôpital Mass General, une procédure
    appelée une cinglutomie
  • 17:11 - 17:13
    c'est une chirurgie du cerveau,
  • 17:13 - 17:16
    et je pense que
    je vais tenter le coup. »
  • 17:16 - 17:18
    Et je me souviens
    que j'étais étonné
  • 17:18 - 17:19
    qu'une personne
  • 17:19 - 17:22
    qui avait connu
    tant de mauvaises expériences
  • 17:22 - 17:24
    avec tant de traitments différents
  • 17:24 - 17:27
    avait retenu quelque part
    au fond de lui assez d'optimisme
  • 17:27 - 17:30
    de poursuivre encore un autre.
  • 17:30 - 17:32
    Et il a subit la cinglutomie,
  • 17:32 - 17:34
    et l'intervention fut un grand succès.
  • 17:34 - 17:35
    Maintenant, c'est un ami.
  • 17:35 - 17:39
    Il a une charmante épouse
    et deux enfants adorables
  • 17:39 - 17:42
    Il m'a écrit une lettre le Noël
    suivant la chirurgie,
  • 17:42 - 17:43
    et il a dit :
  • 17:43 - 17:46
    « Mon père m'a envoyé
    deux cadeaux cette année.
  • 17:46 - 17:48
    L'un, un range-CD motorisé de la FNAC
  • 17:48 - 17:50
    dont je n'avais pas vraiment besoin,
  • 17:50 - 17:52
    mais je sais qu'il me l'a offert
    pour célébrer le fait
  • 17:52 - 17:53
    que je vis seul
  • 17:53 - 17:55
    et que j'ai un travail
    qui semble me combler.
  • 17:55 - 17:57
    Et l'autre cadeau
  • 17:57 - 17:59
    c'était une photo
    de ma grand-mère
  • 17:59 - 18:01
    qui s'est suicidée.
  • 18:01 - 18:04
    And alors que je l'ai déballée,
    j'ai commencé à pleurer
  • 18:04 - 18:06
    et ma mère s'est approchée
    et elle a dit :
  • 18:06 - 18:09
    « Tu pleures pour les membres
    de la famille que tu n'as jamais connus ? »
  • 18:09 - 18:13
    Et j'ai dit : « Elle était atteinte
    de la même maladie que moi. »
  • 18:13 - 18:16
    Et je pleure aussi
    en t'écrivant maintenant.
  • 18:16 - 18:19
    Ce n'est pas que je suis triste,
    mais je suis bouleversé,
  • 18:19 - 18:21
    peut-être, parce que
    j'aurais pu me suicider,
  • 18:21 - 18:23
    mais mes parents m'ont donné
    la force de continuer
  • 18:23 - 18:25
    ainsi que les médecins,
  • 18:25 - 18:27
    et j'ai subi l'intervention.
  • 18:27 - 18:30
    Je suis vivant, et reconaissant.
  • 18:30 - 18:32
    C'est le bon moment de vivre,
  • 18:32 - 18:36
    quoique on n'en a pas
    toujours l'impression. »
  • 18:36 - 18:38
    J'ai été frappé par le fait
  • 18:38 - 18:39
    que la dépression
    est largement perçue
  • 18:39 - 18:43
    comme quelque chose de moderne,
    d'occidental, de bourgeois
  • 18:43 - 18:45
    alors je me suis appliqué
    à l'observation
  • 18:45 - 18:47
    de comment ça fonctionnne
    dans d'autres contextes
  • 18:47 - 18:49
    et l'une des choses
    qui m'intéressait particulièrement
  • 18:49 - 18:51
    c'était la dépression
    parmi les miséreux.
  • 18:51 - 18:53
    Alors, je me suis mis à étudier
  • 18:53 - 18:55
    ce qui se fait pour les pauvres
    qui font une dépression.
  • 18:55 - 18:57
    Et j'ai découvert que
    la plupart du temps
  • 18:57 - 19:00
    les pauvres ne reçoivent pas
    de traitment pour la dépression.
  • 19:00 - 19:03
    La depression est le résultat
    d'une vulnerabilité génétique,
  • 19:03 - 19:06
    qui est, probablement, répartie
    uniformément dans la population,
  • 19:06 - 19:08
    et des facteurs déclenchants,
  • 19:08 - 19:10
    qui sont susceptibles
    d'être plus sévères
  • 19:10 - 19:12
    chez les pauvres.
  • 19:12 - 19:14
    Pourtant, il s'avère que
  • 19:14 - 19:16
    si vous menez une belle vie
    mais vous êtes toujours au plus bas,
  • 19:16 - 19:18
    vous pensez : « Pourquoi
    est-ce que je me sens ainsi ?
  • 19:18 - 19:20
    Je dois faire une dépression. »
  • 19:20 - 19:22
    Et vous enterprenez
    de trouver un traitement.
  • 19:22 - 19:24
    Mais si vous menez
    une vie vraiment terrible,
  • 19:24 - 19:26
    et vous vous sentez
    toujours malheureux,
  • 19:26 - 19:29
    la façon dont vous vous sentez
    correspond à votre vie,
  • 19:29 - 19:30
    et l'idée ne vous effleure
    même pas :
  • 19:30 - 19:32
    « Et si ceci peut être traité ? »
  • 19:32 - 19:35
    Et donc, dans ce pays
    il existe une épidemie
  • 19:35 - 19:38
    de dépression
    parmi les appauvris
  • 19:38 - 19:41
    dont personne se rend compte,
    qui ne se fait pas traitée
  • 19:41 - 19:43
    qui ne se fait pas abordée,
  • 19:43 - 19:45
    et c'est vraiment
    la grande tragédie.
  • 19:45 - 19:47
    J'ai aussi trouvé
    une universitaire
  • 19:47 - 19:48
    qui réalisait un projet de recherche
  • 19:48 - 19:50
    dans les bas quartiers en dehors de D.C.,
    où elle interpellait des femmes
  • 19:50 - 19:53
    venues la consulter
    pour d'autres problèmes de santé
  • 19:53 - 19:55
    et les diagnostiquait avec la dépression,
  • 19:55 - 19:58
    et puis les fournissait avec six mois
    de protocol expérimental.
  • 19:58 - 20:00
    L'une d'elle, Lolly, est venue,
  • 20:00 - 20:03
    et voilà ce qu'elle a dit
    le jour où elle est venue.
  • 20:03 - 20:06
    Elle a dit,
    et c'était une femme, d'ailleurs,
  • 20:06 - 20:08
    qui avait sept enfants.
    Elle a dit :
  • 20:08 - 20:11
    « Autrefois, j'avais un boulot,
    mais j'ai dû y renoncer
  • 20:11 - 20:13
    parce que je n'arrivais pas
    à sortir de la maison.
  • 20:13 - 20:15
    Je n'ai rien à dire à mes enfants.
  • 20:15 - 20:18
    Le matin, je ne peux pas attendre
    qu'ils partent,
  • 20:18 - 20:21
    et puis je me glisse dans mon lit,
    passe les couvertures
  • 20:21 - 20:23
    au-dessus de ma tête,
    et quinze heures, quand ils reviennent,
  • 20:23 - 20:24
    ça arrive trop vite. »
  • 20:24 - 20:27
    Elle a dit :
    « Je prends beaucoup de Tylenol,
  • 20:27 - 20:29
    je prends n'importe quoi
    qui puisse m'aider à dormir plus.
  • 20:29 - 20:33
    Récemment, mon mari me dit
    que je suis nulle, moche.
  • 20:33 - 20:37
    J'ai tellement envie
    d'arrêter le douleur. »
  • 20:37 - 20:39
    Eh bien, elle a été incluse
    dans ce protocol expérimental,
  • 20:39 - 20:42
    et lors de notre entretien
    six mois plus tard,
  • 20:42 - 20:46
    elle avait accepté un travail
    dans la garde d'enfants
  • 20:46 - 20:50
    pour le U.S. Navy,
    elle avait quitté son mari violent,
  • 20:50 - 20:52
    et elle m'a dit :
  • 20:52 - 20:54
    « Mes enfants
    sont beaucoup plus heureux. »
  • 20:54 - 20:56
    Elle a dit :
    « Dans mon nouveau chez moi
  • 20:56 - 20:59
    il y a une chambre pour les garçons
    et une pour les filles,
  • 20:59 - 21:01
    mais le soir,
    ils traînent tous sur mon lit,
  • 21:01 - 21:04
    et on fait les devoirs
    ensemble et tout.
  • 21:04 - 21:06
    L'un veut devenir pasteur,
  • 21:06 - 21:07
    un autre veut devenir pompier,
  • 21:07 - 21:10
    et une des filles dit
    qu'elle va devenir avocate.
  • 21:10 - 21:12
    Ils ne pleurent pas
    comme avant,
  • 21:12 - 21:15
    et ils ne se battent plus
    comme avant.
  • 21:15 - 21:19
    C'est tout ce dont j'ai besoin
    pour mes gamins.
  • 21:19 - 21:21
    Les changements ne cessent pas,
  • 21:21 - 21:26
    comment je m'habille,
    je me sens, je me comporte.
  • 21:26 - 21:29
    Je peux sortir
    et ne plus avoir peur,
  • 21:29 - 21:33
    et je ne crois pas que
    ces mauvais sentiments reviennent,
  • 21:33 - 21:36
    et s'il n'y avait pas eu
    le Dr. Miranda et tout ça,
  • 21:36 - 21:40
    je serais toujours à la maison,
    les couvertures au-dessus de ma tête,
  • 21:40 - 21:42
    si j'étais même vivante.
  • 21:42 - 21:46
    J'ai demandé au Seigneur
    de m'envoyer un ange,
  • 21:46 - 21:50
    et il a écouté mes prières. »
  • 21:50 - 21:53
    Ces expériences
    m'ont beaucoup touché,
  • 21:53 - 21:56
    et j'ai décidé que je voulais écrire
    au sujet d'elles
  • 21:56 - 21:57
    non seulement dans un livre
    sur lequel je travaillais,
  • 21:57 - 21:59
    mais aussi dans un article,
  • 21:59 - 22:01
    et donc, j'ai reçu une commande
    du New York Times Magazine
  • 22:01 - 22:03
    d'écrire au sujet de la dépression
    chez les personnes indigentes.
  • 22:03 - 22:04
    Et j'ai rendu mon histoire,
  • 22:04 - 22:06
    et la rédactrice en chef
    m'a appelé, et a dit :
  • 22:06 - 22:08
    « On ne peut vraiment pas
    publier ceci. »
  • 22:08 - 22:10
    Et j'ai demandé :
    « Bah, pourquoi pas ? »
  • 22:10 - 22:12
    Et elle a dit: « C'est trop exagéré,
    tout simplement.
  • 22:12 - 22:16
    Ces gens qui sont plus ou moins
    au bas de l'échelle de la société
  • 22:16 - 22:17
    et puis ils reçoivent
    quelques mois de traitment
  • 22:17 - 22:20
    et ils sont à peu près prêts
    à diriger Morgan Stanley ?
  • 22:20 - 22:22
    C'est trop improbable,
    tout simplement. »
  • 22:22 - 22:24
    Elle a dit : « C'est même la première fois
    que j'entends une telle histoire. »
  • 22:24 - 22:27
    Et j'ai dit : « Le fait que
    tu n'en as jamais entendu parler
  • 22:27 - 22:30
    indique bien
    qu'il s'agit des nouvelles. »
  • 22:30 - 22:36
    (Rires)
    (Applaudissements)
  • 22:37 - 22:40
    « Et vous êtes bien un magazine. »
  • 22:40 - 22:42
    Alors après un peu de négociation,
  • 22:42 - 22:43
    ils ont accepté de le faire.
  • 22:43 - 22:45
    Mais j'ai l'impression
    que beaucoup de leurs arguments
  • 22:45 - 22:47
    étaient liés
    d'une manière quelconque
  • 22:47 - 22:49
    à l'aversion
    que les gens ont toujours
  • 22:49 - 22:51
    pour l'idée du traitment,
  • 22:51 - 22:52
    que si jamais on se met
  • 22:52 - 22:55
    à traiter beaucoup de gens
    des communautés indigentes,
  • 22:55 - 22:57
    cela relèverait de l'exploitation,
  • 22:57 - 22:59
    parce qu'on les changerait.
  • 22:59 - 23:01
    Il existe
    cet impératif moral faux
  • 23:01 - 23:02
    qui semble être omniprésent
  • 23:02 - 23:05
    que le traitement de la dépression,
  • 23:05 - 23:07
    les médicaments et ainsi de suite,
    consistent en artifices,
  • 23:07 - 23:09
    et que ce n'est pas naturel.
  • 23:09 - 23:12
    Et je trouve cela très abusé.
  • 23:12 - 23:16
    Il serait naturel
    que nos dents tombent,
  • 23:16 - 23:19
    mais personne ne milite
    contre le dentifrice,
  • 23:19 - 23:21
    au moins
    pas dans mon entourage.
  • 23:21 - 23:24
    Et puis les gens disent :
    « Bon, mais finalement,
  • 23:24 - 23:26
    la dépression fait partie de
    ce qu'on est sensé éprouver ?
  • 23:26 - 23:28
    La dépression, ça fait partie
    de notre évolution, non ?
  • 23:28 - 23:29
    Ça fait partie
    de sa personalité, non ? »
  • 23:29 - 23:32
    Et je réponds alors,
    que l'état d'esprit s'adapte.
  • 23:32 - 23:36
    Etre capable
    de ressentir la tristesse et la peur
  • 23:36 - 23:37
    et la joie et le plaisir
  • 23:37 - 23:39
    et toutes nos autres humeurs,
  • 23:39 - 23:41
    est d'une valeur énorme.
  • 23:41 - 23:44
    Et la grande dépression
    est ce qui survient
  • 23:44 - 23:46
    quand ce système
    ne fonctionne plus.
  • 23:46 - 23:48
    Quand il ne s'adapte plus.
  • 23:48 - 23:50
    Les gens m'abordent et disent :
  • 23:50 - 23:52
    « Pourtant, je crois que
    si je tiens le coup encore un an,
  • 23:52 - 23:54
    je crois que
    je pourrais m'en sortir. »
  • 23:54 - 23:57
    Et je leur dis toujours :
    « Oui vous pourriez éventuellement
  • 23:57 - 23:59
    vous en sortir mais vous n'aurez
    plus jamais 37 ans.
  • 23:59 - 24:02
    La vie est courte, et cela représente
    une année entière
  • 24:02 - 24:04
    que vous êtes prêt
    à abandonner.
  • 24:04 - 24:06
    Réfléchissez. »
  • 24:06 - 24:08
    C'est une étrange pauvreté
    dans la langue anglaise,
  • 24:08 - 24:10
    et dans beaucoup d'autres langues,
  • 24:10 - 24:13
    qu'on se serve du même mot,
    dépression,
  • 24:13 - 24:14
    afin de décrire
    comment se sent un enfant,
  • 24:14 - 24:16
    s'il pleut le jour de son anniversaire
  • 24:16 - 24:19
    et afin de décrire
    comment se sent une personne
  • 24:19 - 24:21
    juste avant de se suicider.
  • 24:21 - 24:24
    Les gens me disent : « Alors, est-ce
    continu avec la tristesse normale ? »
  • 24:24 - 24:27
    Et je réponds : « D'une certaine façon,
    elle continue avec la tristesse normale.
  • 24:27 - 24:30
    Il existe une certaine continuité,
  • 24:30 - 24:32
    mais c'est pareil
    à la continuitié qui existe
  • 24:32 - 24:34
    entre avoir une clôture de fer
    devant sa maison
  • 24:34 - 24:35
    sur laquelle
    apparaît une tache de rouille
  • 24:35 - 24:38
    et il te faut poncer et repeindre,
  • 24:38 - 24:41
    et ce qui arrive si vous laissez
    la maison pendant 100 ans
  • 24:41 - 24:44
    et elle finit par rouiller
    au point de n'être plus
  • 24:44 - 24:45
    qu'un tas de poussière orange.
  • 24:45 - 24:47
    Et c'est la tache
    de poussière orange,
  • 24:47 - 24:49
    ce problème de poussière orange
  • 24:49 - 24:52
    c'est à ceci
    que nous comptons répondre. »
  • 24:52 - 24:54
    Alors là, quand les gens disent :
  • 24:54 - 24:57
    « Vous prenez des pilules de bonheur,
    cela vous rend heureux ? »
  • 24:57 - 24:59
    Mais, la réponse est non.
  • 24:59 - 25:01
    Mais manger mon déjeuner
    ne me rend pas triste,
  • 25:01 - 25:04
    et le répondeur de mon téléphone
    ne me rend pas triste,
  • 25:04 - 25:07
    et prendre une douche
    ne me rend pas triste.
  • 25:07 - 25:10
    Je ressens plus, en fait, je crois,
  • 25:10 - 25:12
    parce que j'arrive
    à ressentir la tristesse sans nullité.
  • 25:12 - 25:17
    Les déceptions professionnelles,
  • 25:17 - 25:19
    les relations dégradées,
  • 25:19 - 25:21
    et le réchauffement climatique
    me rendent triste.
  • 25:21 - 25:24
    Voilà les choses
    qui me rendent triste maintenant.
  • 25:24 - 25:27
    Alors, je me suis demandé,
    quelle en est la conclusion ?
  • 25:27 - 25:29
    Comment s'en sortent ses gens
    qui ont de meilleures vies
  • 25:29 - 25:32
    en dépit d'une dépression
    plus sévère.
  • 25:32 - 25:34
    Quel est le mécanisme
    de résilience?
  • 25:34 - 25:37
    Et peu à peu, j'ai trouvé que
  • 25:37 - 25:39
    ceux qui nient leurs expériences,
  • 25:39 - 25:42
    ceux qui disent :
    « Il y a longtemps
  • 25:42 - 25:43
    j'ai fait une dépression
    et je ne veux plus jamais y penser
  • 25:43 - 25:44
    et je ne vais pas y faire attention
  • 25:44 - 25:46
    et je vais tout simplement
    reprendre ma vie en main. »
  • 25:46 - 25:48
    paradoxalement,
    ceux sont ces gens-là
  • 25:48 - 25:51
    qui en sont les plus asservis.
  • 25:51 - 25:54
    Nier la dépression
    ne fait que la renforcer.
  • 25:54 - 25:57
    Tandis que vous la refusez,
    elle grandit.
  • 25:57 - 26:00
    Et ceux qui réussissent le mieux
  • 26:00 - 26:02
    c'est ceux
    qui arrivent à tolérer le fait
  • 26:02 - 26:04
    qu'ils vivent dans cet état.
  • 26:04 - 26:06
    Ceux qui arrivent
    à tolérer leur dépression
  • 26:06 - 26:08
    sont ceux qui atteignent
    la résilience.
  • 26:08 - 26:10
    Alors Frank Russakoff m'a dit :
  • 26:10 - 26:12
    « Si je pouvais repartir à zéro,
  • 26:12 - 26:14
    je suppose que
    je ne le ferais pas ainsi,
  • 26:14 - 26:16
    mais curieusement,
    je suis reconnaissant
  • 26:16 - 26:17
    de ce que j'ai vécu.
  • 26:17 - 26:21
    Je suis content
    d'avoir été 40 fois à l'hôpital.
  • 26:21 - 26:24
    Cela m'a appris
    des tas de choses sur l'amour,
  • 26:24 - 26:26
    et la relation entretenue
    avec mes parents et mes médecins
  • 26:26 - 26:31
    m'a été très chère,
    et elle le sera toujours. »
  • 26:31 - 26:33
    Et Maggie Robbins a dit :
  • 26:33 - 26:36
    « Autrefois j'ai été bénévole
    dans une clinique du SIDA,
  • 26:36 - 26:39
    et je ne cessais pas de parler,
  • 26:39 - 26:41
    et les gens avec qui j'avais affaire
  • 26:41 - 26:43
    n'étaient guère réceptifs,
    et je me suis dit :
  • 26:43 - 26:47
    « Ce n'est pas très sympa
    ou aimable de leur part. »
  • 26:47 - 26:48
    Et puis je me suis rendu compte,
  • 26:48 - 26:50
    qu'ils n'allaient jamais faire
  • 26:50 - 26:53
    plus que quelques petites minutes
    de bavardage.
  • 26:53 - 26:55
    Cela marquait tout simplement
    une occasion
  • 26:55 - 26:58
    où je n'avais pas de SIDA
    et je ne mourais pas,
  • 26:58 - 27:01
    mais j'arrivais à tolérer qu'eux,
    ils l'avaient
  • 27:01 - 27:02
    et ils allaient mourir.
  • 27:02 - 27:06
    Nos besoins sont
    nos plus grands avantages.
  • 27:06 - 27:08
    Il s'avère que j'ai appris
  • 27:08 - 27:12
    à donner
    tout ce dont j'ai besoin. »
  • 27:12 - 27:14
    Valoriser sa dépression
  • 27:14 - 27:16
    n'empêche pas la rechute,
  • 27:16 - 27:19
    mais il pourrait faire
    en sort qu'une rechute éventuelle
  • 27:19 - 27:23
    et la rechute
    même soit plus facile à tolérer.
  • 27:23 - 27:25
    Il ne s'agit pas vraiment
  • 27:25 - 27:27
    de trouver
    une importance quelconque
  • 27:27 - 27:29
    et de décider que votre dépression
    a été très significative.
  • 27:29 - 27:31
    Il s'agit de chercher cette importance
  • 27:31 - 27:33
    et s'imaginer,
    quand il se produit de nouveau :
  • 27:33 - 27:35
    « Ça va être l'enfer,
  • 27:35 - 27:37
    mais je vais en tirer quelque chose. »
  • 27:37 - 27:40
    Au cours de ma propre dépression
  • 27:40 - 27:42
    j'ai appris à quel point
    une émotion peut être intense,
  • 27:42 - 27:45
    comment elle peut être plus vraie
    que des faits,
  • 27:45 - 27:48
    et j'ai découvert que
    cette expérience-là
  • 27:48 - 27:51
    m'a permis
    d'éprouver des émotions positives
  • 27:51 - 27:54
    d'une manière plus intense
    et plus nette.
  • 27:54 - 27:58
    À l'opposé de la dépression,
    ce n'est pas le bonheur
  • 27:58 - 27:59
    mais la vitalité.
  • 27:59 - 28:02
    et en ce moment, j'ai une vie vitale,
  • 28:02 - 28:05
    même les jours où je suis triste.
  • 28:05 - 28:08
    J'ai senti
    cet enterrement dans ma tête,
  • 28:08 - 28:10
    et je me suis assis
    à côté du colosse
  • 28:10 - 28:12
    au bout du monde,
  • 28:12 - 28:14
    et j'ai découvert
  • 28:14 - 28:16
    quelque chose au fond de moi
  • 28:16 - 28:18
    que je ne peux
    qu'appeler une âme
  • 28:18 - 28:22
    que je n'avais jamais formulée
    avant ce jour il y a 20 ans
  • 28:22 - 28:27
    quand l'enfer est venu
    me rendre visite subitement.
  • 28:27 - 28:31
    Et je crois que,
    bien que je déteste être déprimé
  • 28:31 - 28:33
    et j'ai horreur
    d'être encore déprimé,
  • 28:33 - 28:36
    j'ai trouvé un moyen
    d'aimer la dépression
  • 28:36 - 28:38
    Je l'aime
    puisqu'elle m'a obligé
  • 28:38 - 28:41
    de trouver de la joie
    et de m'y accrocher.
  • 28:41 - 28:44
    Je l'aime
    parce que chaque jour je décide
  • 28:44 - 28:46
    parfois vaillamment,
  • 28:46 - 28:48
    parfois contre à l'encontre
    de la raison du moment,
  • 28:48 - 28:51
    d'adhérer aux raisons de vivre,
  • 28:51 - 28:55
    Et cela, je crois,
    représente une extase très rare.
  • 28:55 - 28:59
    Merci.
  • 28:59 - 29:02
    (Applaudissements)
Title:
Dépression, notre secret partagé
Speaker:
Andrew Solomon
Description:

« À l'opposé de la dépression n'est pas le bonheur mais la vitalité, et c'était cette vitalité qui semblait me fuire à ce moment là. » Pendant cette conférence éloquente et boulversante à parts égals, Andrew Soloman vous emmène aux recoins les plus sobres de son esprit lors de ces années de lutte contre la dépression. Ceci lui a conduit vers un voyage enrichissant à travers le monde afin de mener des entretiens avec d'autres dépressifs -- avant de s'apercevoir que, à sa grande surprise, plus il parlait, plus les gens voulaient lui raconter leurs histoires. (Tourné à TEDxMet)

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
29:21
Shadia Ramsahye edited French subtitles for Depression, the secret we share
Shadia Ramsahye edited French subtitles for Depression, the secret we share
Shadia Ramsahye edited French subtitles for Depression, the secret we share
Shadia Ramsahye approved French subtitles for Depression, the secret we share
Nhu PHAM accepted French subtitles for Depression, the secret we share
Nhu PHAM edited French subtitles for Depression, the secret we share
eric vautier rejected French subtitles for Depression, the secret we share
eric vautier approved French subtitles for Depression, the secret we share
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  • Bonjour,

    il y a trop de fautes d'orthographe pour que je valide cette traduction. De plus, la ponctuation doit être revue (les :, les «, etc.)

    J'ai corrigé jusqu'à 16:19.Il reste 13 minutes.

    Amicalement,
    Eric

  • Bonsoir,

    je vous renvoie votre traduction car elle ne respecte pas la règle de 42 caractères par lignes de sous-titres. 10 lignes sont dans ce cas.

    Merci de jeter un œil aux recommandations :
    http://www.ted.com/participate/translate/guidelines

    Bonne soirée
    Eric

French subtitles

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