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Peut-on guérir les maladies génétiques en réécrivant l'ADN ?

  • 0:01 - 0:05
    Le plus beau cadeau
    que vous ont offert vos parents,
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    ce sont les deux brins
    de trois millions de lettres d'ADN
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    qui forment votre génome.
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    Mais comme tout ce qui a
    trois milliards de composants,
  • 0:13 - 0:14
    ce cadeau est fragile.
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    Le soleil, la cigarette,
    une mauvaise alimentation
  • 0:18 - 0:21
    et même des erreurs involontaires
    de vos cellules
  • 0:21 - 0:23
    peuvent modifier votre génome.
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    La modification d'ADN la plus fréquente
  • 0:28 - 0:32
    est le simple remplacement d'une lettre,
    ou base, comme C,
  • 0:32 - 0:36
    par une autre lettre, comme T, G ou A.
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    Chaque jour, les cellules de votre corps
    vont accumuler toutes ensemble
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    des milliards de changements de lettres,
    appelés aussi « mutations ponctuelles ».
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    La plupart de ces mutations ponctuelles
    sont inoffensives.
  • 0:49 - 0:50
    Mais de temps en temps,
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    une mutation ponctuelle perturbe
    une faculté importante d'une cellule
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    ou la conduit à dysfonctionner
    de façon nocive.
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    Si cette mutation
    est héritée de vos parents
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    ou se produit très tôt
    dans votre développement,
  • 1:04 - 1:07
    alors il en résulte que
    beaucoup ou toutes vos cellules
  • 1:07 - 1:09
    contiennent cette mutation nocive.
  • 1:09 - 1:12
    Et ainsi vous seriez l'une
    des centaines de millions de personnes
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    avec une maladie génétique
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    comme la drépanocytose, la progéria,
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    la dystrophie musculaire
    ou la maladie de Tay-Sachs.
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    Les maladies génétiques graves
    causées par des mutations ponctuelles
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    sont particulièrement frustrantes
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    car on sait souvent que modifier
    juste une seule lettre
  • 1:30 - 1:35
    à l'origine de la maladie
    pourrait, en théorie, la guérir.
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    Des millions de gens
    souffrent de drépanocytose
  • 1:38 - 1:41
    car ils ont une seule mutation ponctuelle
    du A par un T
  • 1:41 - 1:44
    et les deux copies
    dans leur gène de l'hémoglobine.
  • 1:46 - 1:49
    Les enfants atteints de progéria
    naissent avec un T
  • 1:49 - 1:51
    à un endroit précis de leur génome
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    où tous les autres ont un C,
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    ce qui a pour terrible conséquence
    de faire vieillir très vite
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    ces enfants merveilleusement intelligents
    qui meurent autour de 14 ans.
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    Depuis que la médecine existe,
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    nous ne pouvions pas corriger
    efficacement ces mutations ponctuelles
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    dans les systèmes vivants,
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    changer à nouveau le T,
    à l'origine de la maladie, en C.
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    Jusqu'à maintenant peut-être.
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    Car mon laboratoire a récemment réussi
    à développer une telle possibilité,
  • 2:20 - 2:22
    qu'on appelle « correction génomique ».
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    L'histoire de la correction génomique
  • 2:25 - 2:28
    remonte en fait
    à trois milliards d'années.
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    Nous voyons les bactéries
    comme des sources d'infection,
  • 2:32 - 2:35
    alors qu'elles ont aussi tendance
    à être infectées elles-mêmes,
  • 2:35 - 2:37
    notamment par des virus.
  • 2:38 - 2:40
    Il y a environ trois milliards d'années,
  • 2:40 - 2:44
    les bactéries ont développé un mécanisme
    de défense contre les infections virales.
  • 2:46 - 2:48
    Ce mécanisme défensif
    est aujourd'hui appelé CRISPR.
  • 2:49 - 2:52
    Et le fer de lance de CRISPR,
    c'est cette protéine violette
  • 2:52 - 2:56
    qui agit comme des ciseaux à molécules
    pour couper l'ADN,
  • 2:56 - 2:58
    brisant la double hélice en deux morceaux.
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    Si CRISPR ne pouvait pas distinguer
    l'ADN viral de l'ADN bactérien,
  • 3:03 - 3:06
    ce ne serait pas
    un système de défense très utile.
  • 3:06 - 3:09
    Mais la caractéristique
    la plus incroyable de CRISPR,
  • 3:09 - 3:14
    c'est que les ciseaux peuvent être
    programmés pour chercher,
  • 3:14 - 3:17
    relier et couper
  • 3:17 - 3:19
    une séquence d'ADN bien spécifique.
  • 3:21 - 3:24
    Donc, quand une bactérie se retrouve
    face à un virus pour la première fois,
  • 3:24 - 3:28
    elle peut enregistrer un petit bout
    de l'ADN de ce virus,
  • 3:28 - 3:31
    l'utiliser comme logiciel
    pour guider les ciseaux de CRISPR
  • 3:31 - 3:35
    et couper cette séquence de l'ADN viral
    lors d'une infection future.
  • 3:36 - 3:41
    Couper l'ADN d'un virus perturbe
    l'activité du gène viral tranché
  • 3:41 - 3:43
    et bouleverse par conséquent
    le cycle de vie du virus.
  • 3:46 - 3:51
    De remarquables chercheurs dont
    Emmanuelle Charpentier, Georges Church,
  • 3:51 - 3:54
    Jennifer Doudna et Feng Zhang
  • 3:54 - 3:58
    ont montré il y a six ans comment les
    ciseaux de CRISPR peuvent être programmés
  • 3:58 - 4:00
    pour couper des séquences d'ADN
    de notre choix,
  • 4:00 - 4:03
    y compris des séquences d'ADN
    de votre génome,
  • 4:03 - 4:06
    au lieu des séquences de l'ADN viral
    ciblé par la bactérie.
  • 4:07 - 4:09
    Les résultats sont en fait similaires.
  • 4:10 - 4:12
    Couper une séquence d'ADN de votre génome
  • 4:12 - 4:16
    bouleverse aussi l'activité du gène coupé,
    comme on pouvait s'y attendre,
  • 4:17 - 4:21
    en insérant ou en supprimant
    des mélanges aléatoires de lettres d'ADN
  • 4:21 - 4:23
    sur la zone découpée.
  • 4:25 - 4:29
    Dérégler les gènes peut être très utile
    pour plusieurs fonctions.
  • 4:30 - 4:34
    Pour la majorité des mutations ponctuelles
    à l'origine de maladies génétiques,
  • 4:34 - 4:39
    couper seulement le gène déjà muté
    n'apporte pas de bénéfice au patient,
  • 4:39 - 4:43
    car la fonction du gène muté
    a besoin d'être rétablie
  • 4:43 - 4:44
    et non d'être déréglée davantage.
  • 4:45 - 4:48
    Couper ce gène d'hémoglobine déjà muté
  • 4:48 - 4:51
    à l'origine de la drépanocytose
  • 4:51 - 4:54
    ne rétablira pas la capacité des patients
    à fabriquer des globules rouges sains.
  • 4:56 - 5:00
    On peut parfois insérer de nouvelles
    séquences d'ADN dans les cellules
  • 5:00 - 5:03
    pour remplacer les séquences d'ADN
    autour de la zone découpée,
  • 5:03 - 5:08
    mais ce procédé ne marche malheureusement
    pas pour la plupart des cellules
  • 5:08 - 5:10
    et les effets du gène déréglé
    continuent de prédominer.
  • 5:12 - 5:14
    Comme beaucoup de scientifiques,
    j'ai rêvé d'un futur
  • 5:15 - 5:17
    où nous pourrions soigner
    et peut-être même guérir
  • 5:17 - 5:19
    les maladies génétiques humaines.
  • 5:19 - 5:23
    Mais j'ai considéré le manque de moyens
    pour corriger les mutations ponctuelles,
  • 5:23 - 5:26
    à l'origine de la majorité
    des maladies génétiques chez l'homme,
  • 5:26 - 5:28
    comme le problème majeur
    qui y faisait obstacle.
  • 5:29 - 5:32
    Étant chimiste,
    j'ai travaillé avec mes étudiants
  • 5:32 - 5:37
    sur comment la chimie peut agir
    directement sur une seule base d'ADN,
  • 5:37 - 5:43
    pour corriger, plutôt que dérégler, les
    mutations causant des maladies génétiques.
  • 5:45 - 5:47
    Les résultats de nos efforts
    sont des nanomachines :
  • 5:47 - 5:48
    les correcteurs génomiques.
  • 5:50 - 5:55
    Les correcteurs génomiques utilisent la
    fonction « recherche » des ciseaux CRISPR,
  • 5:55 - 5:58
    mais au lieu de couper l'ADN,
  • 5:58 - 6:01
    ils convertissent directement
    une base en une autre
  • 6:01 - 6:03
    sans perturber le reste du gène.
  • 6:05 - 6:09
    Donc, si vous voyez les protéines CRISPR
    naturelles comme des ciseaux moléculaires,
  • 6:09 - 6:12
    les correcteurs génomiques
    sont comme des crayons,
  • 6:12 - 6:15
    capables de réécrire immédiatement
    une lettre d'ADN en une autre
  • 6:16 - 6:20
    en recombinant les atomes
    d'une seule base d'ADN
  • 6:20 - 6:22
    pour la faire devenir une base différente.
  • 6:24 - 6:26
    Les correcteurs génomiques
    n'existent pas dans la nature.
  • 6:27 - 6:30
    Nous avons conçu le premier
    correcteur génomique, que vous voyez ici,
  • 6:30 - 6:31
    à partir de trois protéines
  • 6:31 - 6:34
    qui ne proviennent même pas
    du même organisme.
  • 6:34 - 6:39
    Nous avons d'abord désactivé la faculté
    de couper l'ADN des ciseaux CRISPR,
  • 6:39 - 6:44
    tout en conservant sa capacité à chercher
    et à se lier avec une séquence d'ADN cible
  • 6:44 - 6:45
    de façon programmée.
  • 6:46 - 6:49
    Aux ciseaux CRISPR désactivés,
    ici en bleu,
  • 6:49 - 6:52
    nous avons relié
    la deuxième protéine en rouge,
  • 6:52 - 6:56
    qui génère une réaction chimique
    en présence de la base C de l'ADN,
  • 6:56 - 6:59
    la transformant en une base
    se comportant comme un T.
  • 7:01 - 7:04
    Enfin, nous avons dû associer
    aux deux premières protéines
  • 7:04 - 7:05
    la protéine en violet,
  • 7:05 - 7:09
    afin d'éviter que la base modifiée
    ne soit supprimée de la cellule.
  • 7:10 - 7:13
    Le résultat final est une protéine
    modifiée en trois parties
  • 7:13 - 7:17
    qui permet, pour la première fois,
    de convertir des bases C en bases T
  • 7:17 - 7:20
    à des emplacements spécifiques du génome.
  • 7:21 - 7:25
    Mais, même à ce stade,
    notre travail n'était qu'à moitié terminé.
  • 7:25 - 7:27
    Car, afin que les cellules soient stables,
  • 7:27 - 7:31
    les deux brins d'une double hélice d'ADN
    doivent former des paires de bases.
  • 7:32 - 7:36
    Et parce que C ne s'associe qu'avec G,
  • 7:36 - 7:39
    et T qu'avec A,
  • 7:40 - 7:45
    modifier seulement un C en T
    dans un brin d'ADN crée une discordance,
  • 7:45 - 7:47
    une incompatibilité
    entre les deux brins d'ADN
  • 7:47 - 7:52
    que la cellule doit résoudre
    en choisissant quel brin remplacer.
  • 7:53 - 7:57
    Nous avons compris que nous pouvions
    façonner cette protéine en trois parties
  • 7:59 - 8:03
    afin qu'elle identifie le brin non modifié
    comme celui à remplacer
  • 8:03 - 8:04
    en le marquant.
  • 8:05 - 8:08
    Cette petite marque trompe la cellule
  • 8:08 - 8:13
    pour qu'elle remplace
    la base G non modifiée par une base A,
  • 8:13 - 8:15
    en recréant le brin marqué,
  • 8:15 - 8:19
    achevant ainsi la conversion
    de ce qui était une paire de bases C-G
  • 8:19 - 8:22
    en une paire stable de bases T-A.
  • 8:25 - 8:26
    Après des années d'un dur labeur,
  • 8:26 - 8:30
    mené par Alexis Komor, un ancien
    chercheur postdoctoral du laboratoire,
  • 8:30 - 8:33
    nous avons réussi à développer
    ce premier correcteur génomique,
  • 8:33 - 8:37
    qui convertit les bases C en T
    et les bases G en A
  • 8:37 - 8:39
    aux emplacements ciblés par nous.
  • 8:41 - 8:46
    Parmi les plus de 35 000 mutations
    ponctuelles connues liées à une maladie,
  • 8:46 - 8:50
    les deux types de mutations que ce
    premier correcteur génomique peut inverser
  • 8:50 - 8:56
    représentent toutes deux 14% soit
    5 000 mutations ponctuelles pathogènes.
  • 8:57 - 9:01
    Pour corriger la plupart des mutations
    ponctuelles causant des maladies,
  • 9:01 - 9:05
    il faudrait développer
    un deuxième correcteur génomique,
  • 9:05 - 9:09
    qui convertirait les bases A en G
    et les bases T en C.
  • 9:11 - 9:15
    Sous la direction de Nicole Gaudelli,
    une ex-chercheuse postdoctorale,
  • 9:15 - 9:18
    nous avons entrepris de créer
    ce deuxième correcteur génomique
  • 9:18 - 9:24
    pour corriger, en théorie, près de la
    moitié des mutations pathogènes,
  • 9:24 - 9:28
    dont la mutation causant la progéria,
    la maladie de vieillissement précoce.
  • 9:30 - 9:33
    Nous avons compris que
    nous pouvions utiliser à nouveau
  • 9:33 - 9:37
    le mécanisme de ciblage des ciseaux CRISPR
  • 9:37 - 9:43
    pour attirer ce correcteur génomique
    vers le bon emplacement dans le génome.
  • 9:44 - 9:47
    Mais nous sommes très vite tombés
    sur un problème insurmontable :
  • 9:48 - 9:50
    à savoir qu'il n'y a pas de protéine
  • 9:50 - 9:54
    connue pour convertir
    une base A en G et une base T en C
  • 9:54 - 9:56
    dans l'ADN.
  • 9:57 - 9:59
    Face à un obstacle aussi important,
  • 9:59 - 10:01
    beaucoup d'étudiants
    auraient cherché un autre projet
  • 10:02 - 10:03
    ou un autre directeur de thèse.
  • 10:03 - 10:04
    (Rires)
  • 10:04 - 10:06
    Mais Nicole a accepté de suivre un plan
  • 10:06 - 10:09
    qui semblait alors follement ambitieux.
  • 10:10 - 10:12
    Étant donné l'absence d'une protéine
    à l'état naturel
  • 10:12 - 10:14
    qui permettrait à la chimie d'opérer,
  • 10:15 - 10:18
    nous avons décidé de transformer
    notre propre protéine en laboratoire
  • 10:18 - 10:22
    pour convertir un A en une base
    qui se comporte comme un G,
  • 10:22 - 10:27
    à partir d'une protéine produisant
    une réaction chimique similaire sur l'ARN.
  • 10:27 - 10:31
    Nous avons mis en place
    un système de sélection darwinien
  • 10:31 - 10:35
    qui a exploré des dizaines de millions
    de variantes de protéines
  • 10:35 - 10:37
    et n'a retenu que ces quelques variantes
  • 10:37 - 10:40
    capables de réaliser
    la bonne réaction chimique pour survivre.
  • 10:42 - 10:44
    Nous avons abouti à la protéine
    que vous voyez ici,
  • 10:44 - 10:47
    la première qui peut convertir
    une base A de l'ADN
  • 10:47 - 10:49
    en une base qui ressemble à un G.
  • 10:49 - 10:51
    En liant cette protéine
  • 10:51 - 10:53
    aux ciseaux CRISPR désactivés,
    représentés en bleu,
  • 10:54 - 10:56
    nous avons créé
    le second correcteur génomique
  • 10:56 - 10:59
    qui convertit les bases A en base G
  • 10:59 - 11:03
    et utilise ensuite la même stratégie
    de marquage de brin,
  • 11:03 - 11:04
    utilisée par le 1er correcteur génomique,
  • 11:04 - 11:10
    afin de tromper la cellule pour qu'elle
    remplace la base T non modifiée en base C
  • 11:10 - 11:12
    en recréant le brin marqué,
  • 11:12 - 11:16
    achevant ainsi la conversion
    d'une paire de bases A-T en paire G-C.
  • 11:17 - 11:19
    (Applaudissements)
  • 11:19 - 11:20
    Merci.
  • 11:20 - 11:23
    (Applaudissements)
  • 11:23 - 11:26
    En tant qu'universitaire américain,
  • 11:26 - 11:28
    je ne suis pas souvent coupé
    par des applaudissements.
  • 11:28 - 11:31
    (Rires)
  • 11:31 - 11:36
    Nous avons développé ces deux premières
    classes de correcteurs génomiques
  • 11:36 - 11:38
    il y a respectivement trois ans
    et un an et demi.
  • 11:39 - 11:41
    Mais dans ce court laps de temps,
  • 11:41 - 11:45
    les chercheurs en biomédecine ont beaucoup
    utilisé la correction génomique.
  • 11:46 - 11:50
    Nous avons envoyé plus de 6 000 fois
    des correcteurs génomiques
  • 11:50 - 11:54
    à la demande de plus de 1 000 chercheurs
    à travers le monde.
  • 11:55 - 11:59
    Une centaine de travaux de recherche
    scientifique ont déjà été publiés,
  • 11:59 - 12:03
    sur l'usage des correcteurs génomiques
    sur des organismes allant des bactéries
  • 12:03 - 12:05
    aux plantes, aux souris et aux primates.
  • 12:08 - 12:10
    Bien qu'ils soient trop récents
  • 12:10 - 12:12
    pour être déjà intégrés
    dans des essais cliniques sur l'homme,
  • 12:12 - 12:18
    les scientifiques ont franchi
    une étape cruciale dans cette voie
  • 12:18 - 12:20
    en utilisant des correcteurs génomiques
    chez les animaux
  • 12:21 - 12:24
    pour corriger des mutations à l'origine
    de maladies génétiques chez l'homme.
  • 12:26 - 12:27
    Par exemple,
  • 12:27 - 12:31
    une équipe collégiale de scientifiques
    dirigée par Luke Koblan et Jon Levy,
  • 12:31 - 12:33
    deux autres étudiants de mon laboratoire,
  • 12:33 - 12:37
    a récemment utilisé un virus pour
    inoculer le deuxième correcteur génomique
  • 12:37 - 12:40
    à une souris atteinte de progéria,
  • 12:40 - 12:43
    transformant la base T,
    à l'origine de la maladie, en base C,
  • 12:43 - 12:48
    ce qui a corrigé ses effets tant sur
    l'ADN, que sur l'ARN et les protéines.
  • 12:49 - 12:52
    Les correcteurs génomiques ont aussi
    été utilisés sur des animaux
  • 12:52 - 12:55
    pour corriger les effets
    de la tyrosinémie,
  • 12:56 - 12:59
    de la bêta-thalassémie,
    de la dystrophie musculaire,
  • 12:59 - 13:03
    de la phénylcétonurie,
    de la surdité congénitale
  • 13:03 - 13:05
    et d'un type de maladie cardiovasculaire –
  • 13:05 - 13:10
    à chaque fois, en corrigeant directement
    une mutation ponctuelle
  • 13:10 - 13:12
    à l'origine de la maladie
    ou y contribuant.
  • 13:14 - 13:16
    On les a utilisés sur des plantes
  • 13:16 - 13:20
    pour introduire des changements
    spécifiques d'une seule lettre d'ADN
  • 13:20 - 13:22
    afin d'améliorer les récoltes.
  • 13:22 - 13:27
    Les biologistes y ont eu recours
    pour examiner le rôle de chaque lettre
  • 13:27 - 13:30
    dans les gènes liés à des maladies
    comme le cancer.
  • 13:31 - 13:36
    Deux sociétés que j'ai cofondées,
    Beam Therapeutics et Pairwise Plants,
  • 13:36 - 13:39
    utilisent la correction génomique pour
    traiter les maladies génétiques humaines
  • 13:39 - 13:41
    et pour améliorer l'agriculture.
  • 13:42 - 13:44
    Ces applications
    de la correction génomique
  • 13:44 - 13:47
    ont été mises en place
    dans les trois dernières années :
  • 13:47 - 13:49
    à l'échelle de temps
    de l'histoire de la science,
  • 13:49 - 13:51
    un clin d’œil.
  • 13:52 - 13:54
    Il nous reste encore du travail
  • 13:54 - 13:57
    avant que la correction génomique
    ne livre tout son potentiel
  • 13:57 - 14:01
    pour améliorer la vie des patients
    atteints de maladies génétiques.
  • 14:01 - 14:04
    Même si on pense que beaucoup
    de ces maladies sont curables
  • 14:04 - 14:06
    en corrigeant la mutation à la racine
  • 14:06 - 14:09
    d'une fraction, même modeste,
    de cellules d'un organe,
  • 14:09 - 14:12
    déployer des nanomachines
    comme les correcteurs génomiques
  • 14:12 - 14:14
    dans les cellules d'un être humain
  • 14:14 - 14:15
    peut s'avérer difficile.
  • 14:17 - 14:20
    Réutiliser des virus de la nature
    pour déployer des correcteurs génomiques,
  • 14:20 - 14:23
    au lieu des molécules
    qui vous donnent un rhume,
  • 14:23 - 14:26
    est l'une des nombreuses stratégies
    prometteuses d'intervention
  • 14:26 - 14:27
    déjà utilisées avec succès.
  • 14:28 - 14:31
    Continuer à développer
    de nouvelles nanomachines
  • 14:31 - 14:33
    capables d'agir dans les autres cas
  • 14:33 - 14:35
    et de convertir
    une paire de bases en une autre,
  • 14:35 - 14:40
    en évitant les corrections involontaires à
    des emplacements non ciblés des cellules,
  • 14:40 - 14:41
    est très important.
  • 14:42 - 14:46
    Et collaborer avec d’autres scientifiques,
    médecins, éthiciens et administrations
  • 14:47 - 14:51
    pour maximiser les chances que la
    correction génomique soit bien utilisée,
  • 14:51 - 14:54
    de façon sécurisée et éthique,
  • 14:54 - 14:56
    reste une obligation essentielle.
  • 14:58 - 14:59
    Malgré ces défis,
  • 14:59 - 15:03
    si vous m'aviez dit,
    il y a tout juste cinq ans,
  • 15:03 - 15:04
    que des chercheurs du monde entier
  • 15:05 - 15:08
    utiliseraient des nanomachines
    développées en laboratoire
  • 15:08 - 15:11
    pour convertir directement
    une seule paire de bases
  • 15:11 - 15:12
    en une autre paire de bases
  • 15:12 - 15:15
    à un emplacement précis du génome humain,
  • 15:15 - 15:19
    efficacement et avec très
    peu d'autres conséquences,
  • 15:19 - 15:20
    je vous aurais demandé :
  • 15:20 - 15:22
    « Quel roman de science-fiction
    lisez-vous ? »
  • 15:24 - 15:27
    Grâce à un groupe d'étudiants
    au dévouement sans faille,
  • 15:27 - 15:32
    assez créatifs pour concevoir ce que
    nous avions nous-mêmes pu imaginer
  • 15:32 - 15:35
    et assez courageux pour repousser
    les limites du possible,
  • 15:35 - 15:40
    la correction génomique a transformé
    ce rêve proche de la science-fiction
  • 15:40 - 15:42
    en une réalité passionnante,
  • 15:42 - 15:45
    dans laquelle le plus beau cadeau
    que nous offrons à nos enfants
  • 15:46 - 15:49
    ne pourrait pas seulement être
    trois milliards de lettres d'ADN,
  • 15:49 - 15:52
    mais aussi les moyens
    de les protéger et de les réparer.
  • 15:52 - 15:53
    Merci.
  • 15:54 - 15:58
    (Applaudissements)
  • 15:58 - 15:59
    Merci.
Title:
Peut-on guérir les maladies génétiques en réécrivant l'ADN ?
Speaker:
David R. Liu
Description:

A travers le récit d'une découverte scientifique, le biologiste et chimiste David R. Liu partage une avancée capitale : le développement par son laboratoire de correcteurs génomiques capables de réécrire l'ADN. Cette étape cruciale de la correction génomique porte la promesse de CRISPR à un niveau supérieur : si les protéines de CRISPR sont des ciseaux moléculaires, programmés pour couper des séquences d'ADN spécifiques, les correcteurs génomiques sont des crayons, capables de réécrire directement une lettre d'ADN en une autre. Apprenez-en plus sur le fonctionnement de ces nanomachines et sur leur potentiel pour traiter, voire guérir, les maladies génétiques.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
16:12

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