Comment apprendre l'allemand m'a enseigné le lien entre les maths et la poésie | Harry Baker | TEDxVienna

Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.

En mathématiques, il y a de bonnes réponses. En poésie, il n'y en a pas de mauvaises. Découvrez comment apprendre une langue étrangère, en particulier une aussi joliment logique que l'allemand, a enseigné au Champion du Word Slam Poetry, Harry Baker, que les deux étaient plus liées qu'il ne l'imaginait.

Poète et mathématicien, Harry Baker a toujours aimé les langues et son travail l'a emmené au tour du monde et l'a exposé à de nombreuses voix et langues utilisées pour exprimer ces voix. Vivre en Allemagne n'est pas une exception !

J'ai postulé à l'université
pour étudier la médecine

mais j'ai changé pour faire des maths

afin d'avoir plus de temps
pour écrire de la poésie.

(Rires)

Merci de rire de mes choix de vie.

(Rires)

(Applaudissements)

A part l'un des premiers
poèmes que j'ai écrits,

un poème d'amour sur les nombres premiers,

je me suis dit que les deux
n'étaient pas vraiment liés.

J'aimais les maths car il y avait toujours
une réponse bonne et précise

et la poésie car il n'y avait
jamais de mauvaise réponse.

Quand j'ai changé mes cours
pour faire des maths,

on m'a proposé de faire des maths
pendant 1 an à l'étranger.

J'ai pensé qu'il serait plaisant
de vivre dans un autre pays,

de vivre une autre culture.

Pendant un an, j'ai vécu
et étudié les maths en Allemagne

et j'ai pensé qu'il serait bien
d'apprendre l'allemand

car on m'a dit que c'était
populaire dans le coin.

(Rires)

A mon arrivée en Allemagne,

mon niveau de langue était à peu près :

« Hallo, mein Name ist Harry.

Ich bin English.

Sprechen Sie English? »

(Rires)

« Nein. »
« Scheiße. »

(Rires)

Heureusement, durant l'année,
mes compétences se sont un peu améliorées

et j'aimerais partager quelques choses
que j'ai apprises au passage.

J'ai conscience de parler
d'apprendre l'allemand

dans un pays germanophone,

tout en comptant que tout le monde
comprenne mon anglais

mais ne vous inquiétez pas,
« Mein English ist unfassbar gut ».

(Rires)

Ce qui m'a frappé
dans l'apprentissage d'une langue

est que, si tout le monde
a la même destination en tête :

parler couramment,

nous faisons des voyages très différents.

Mesurer son progrès lors de ce voyage

grâce à des tableaux de conjugaison
et des tests de grammaire,

bien qu'utile pour certains,

ne reflétait pas mon enthousiasme
pour l'apprentissage d'une autre langue.

J'ai commencé à établir mes propres jalons

car je savais quand je progressais.

Le premier était, une fois
ces composants clés en place,

de faire confiance à son instinct.

J'ai raconté une histoire à un ami

où tout finissait par s'arranger

et j'ai utilisé les mots :
« Alles hat geklappt ».

Je crois que je n'avais
jamais entendu ce mot auparavant

mais en le disant, cela a pris sens

car « clap » en anglais

veut littéralement dire
que vos mains se rejoignent.

Et si vous avez un plan
et qu'il fonctionne,

vous avez parfois envie
de vous applaudir un peu.

La différence était qu'en disant ces mots,

je savais que c'était le bon mot
dans ce contexte

car cela semblait naturel.

Jusqu'alors, si je ne connaissais pas
un mot en allemand,

j'essayais de dire le mot en anglais
avec un accent allemand

et essayais de m'en tirer.

Mais la plupart du temps,
j'avais l'air d'« ein Idiot ».

(Rires)

Pour moi, la seconde étape

était de commencer à rêver
dans une autre langue.

Les gens en parlent beaucoup,

car au-delà de vos efforts externes,

c'est le moment où vous savez
que cela commence à pénétrer.

La première fois
que j'ai rêvé en allemand,

j'ai rêvé être dans un cours d'allemand
à apprendre du vocabulaire nouveau,

ce qui signifiait que mon subconscient
avait appris assez d'allemand

pour que je puisse comprendre mon rêve,

mais aussi de l'allemand
que je ne comprenais pas encore

et que j'essayais de m'enseigner
durant mon sommeil.

(Rires)

Bien que je ne pense pas

que ce soit la méthode infaillible
pour apprendre une langue,

c'était aussi exaltant.

Pour moi, la troisième étape,

le moment où j'ai su que tout irait bien,

c'est quand j'ai pu comprendre et faire
des blagues dans une autre langue.

J'adore les jeux de mots

et quand un de mes amis non anglais
faisait un jeu de mot en anglais,

j'étais très impressionné.

A un moment, je parlais
à mon ami allemand qui était poète

et il parlait de comment,
quand il a des idées,

il y a un effet boule de neige
menant à une avalanche d'idées.

Il m'a dit que le mot allemand
pour « avalanche » était « Lawine ».

Sans réfléchir, je lui ai dit :

« S'il y avait beaucoup de neige
entre les mois de mars et mai,

cela s'appellerait-il
une « Avril Lawine » ? »

(Rires)

Il a dit : « C'est hilarant. »

(Rires)

« Tu devrais inclure cela
dans ton TEDTalk.

Ils vont beaucoup rire. »

(Rires)

Être capable de jouer
avec une autre langue

est très excitant

et vous n'avez pas toujours
l'opportunité de le faire,

surtout pas dans un test de grammaire --

les jeux de mots ne rapportent pas
de points en plus.

Je ressentais quelque chose
que je n'avais jamais ressenti --

à l'école, moi et Luke,
mon rival en maths / meilleur ami,

appelions « frénésie de l'intello ».

C'est le sentiment ressenti

quand vous comprenez un concept
pour la première fois

ou que vous résolvez un problème
d'une façon très habile.

C'est un sentiment que j'ai ressenti
à mes débuts en poésie,

que ce soit quand les mots
semblaient trouver leur place,

qu'il y avait un rythme
particulièrement satisfaisant

ou même en pensant
à un jeu de mots ridicule.

La différence était que je le ressentais
dans mes conversations quotidiennes.

Que ce soit l'exaltation d'être compris
par la personne face à moi

ou simplement avoir une petite idée
de ce dont elle parle,

assembler de simples phrases

est devenu similaire
à résoudre de mini-équations.

Il fallait reconnaître les structures,
faire attention aux détails

et j'aimais cela en maths.

Je l'ai combiné à la créativité
et la capacité à penser différemment

que j'appréciais en poésie.

J'ai combiné les deux d'une façon
que je n'avais jamais imaginée.

De bien des façons, l'allemand
est une langue logique et mathématique.

J'ai demandé à mes colocataires quel était
le mot allemand pour « bouilloire ».

Je leur ai dit : « Comment appelez-vous
ce truc qui cuit l'eau ? »

Ils ont dit :
« Das ist ein Wasserkocher ».

(Rires)

Pour moi, cela prenait sens,

il y avait tous ces moments où --

(Rires)

je me réjouissais.

Quand je l'ai découvert,

je suis rentré et leur ai dit que le mot
allemand pour gant était « Handschuh »

car c'est comme une chaussure
qu'on met sur la main.

(Rires)

Je trouvais cela incroyable.

Ils ont dit --

(Rires)

« Pourquoi les gants
te rendent-ils si content ? »

(Rires)

Mais j'ai établi toute une liste
avec mes mots préférés.

Celui que je préfère :

j'ai appris que le mot allemand
pour « tortue » est « Schildkröte »,

qui peut être traduit
par « crapaud avec un bouclier ».

Quand je l'ai découvert,

j'ai recherché le mot pour « escargot »

car j'espérais que cela ressemble
à « ver avec un bouclier ».

(Rires)

Il s'avère que le mot allemand
pour « escargot » est « Schnecke »

mais le mot allemand pour « limace »
est « Nacktschnecke » --

(Rires)

car c'est un « escargot nu ».

(Rires)

J'ai trouvé cela fantastique.

(Rires)

Mon colocataire a dit : « Pourquoi as-tu
rapporté des escargots ? »

(Rires)

D'une façon, accoler ainsi des mots
peut être assez poétique.

J'ai appris que le mot allemand
pour « iris » est « Regenbogenhaut »,

soit « peau d'arc-en-ciel »,

ce qui est plutôt joli

et cela suit toujours
cette étrange logique.

J'ai aussi découvert que le mot allemand
pour « téton » est « Brustwarze » --

(Rires)

soit « verrue de sein »,

ce qui, bien que moins joli --

(Rires)

(Applaudissements)

suit toujours cette étrange logique.

Je me suis dit qu'il serait amusant
d'essayer d'inventer mes propres mots.

Où je vivais, à Hannovre,
il y a une importante population turque.

Il y a beaucoup d'endroits qui vendent
des kebab et des falafels.

J'étais heureux d'apprendre le mot
allemand pour falafel : « Falafel ».

(Rires)

Mais le mot allemand
pour « cuillère » est « Löffel ».

Si vous aviez une cuillère
pour manger uniquement des falafels,

vous pouviez l'appeler « Fallafellöffel ».

(Rires)

J'ai écrit un poème
appelé « Fallafellöffel »

et il parle d'un gars qui s'appelle Phil.

Peut-être voyez-vous où cela nous mène.

Cela inclut un genre
d'appel avec une réponse

qui est entièrement en allemand

mais je pense que vous serez
un peu meilleurs

que les Anglais.

« Phil ist voll.

Die Nacht ist gut verlaufen.

Phil sieht ein Geschäft
und er fragt, was sie verkaufen.

« Falafellöffel. Für Löffel
voll Falafel. » -

des cuillères à falafels
pour des cuillerées de falafels -

« Was? »

« Falafellöffel. Für Löffel
voll Falafel. »

« Wie? »

« Falafellöffel. Für Löffel
voll Falafel. »

Phil ne parle pas allemand ;
c'est embarrassant.

Voyez il y a ce mec, Phil
et Phil adorait les falafels.

Lors d'une tombola de falafels,
il raflerait tous les tickets.

Il répond toujours à l'affirmative
à une offre de falafels ;

même s'il est affreusement rassasié
ou cela serait affreux.

(Rires)

Sans effort, nous pouvons vivre
une vie sans falafels.

(Rires)

Mais Phil est en effervescence
sans sa dose de falafels.

Si on propre à Phil une Löffel de Falafel,

il dira « oui » sans savoir
ce que peut être une Löffel !

Pour Phil, une vie d'amour et de rire
sera suivie de falafels.

(Rires)

C'est « oui » sans savoir
ce que peut être une Löffel.

Si un falafel tombait d'une Löffel,
cela serait affreux pour Phil --

(Rires)

c'est « oui » sans savoir
ce que peut être une Löffel.

Un falafel duveteux est souvent incertain

mais c'est « oui » sans savoir
ce que peut être une Löffel.

Si une demi Löffel de falafels sales
est plus que létale,

en quittant, il aurait un message
pour ses enfants, Phil :

dire « oui » sans savoir
ce que peut être une Löffel,

toujours « oui » sans savoir
ce que peut être une Löffel.

Quand je dis : « Wieviel Falafel
ist zu viel Falafel? » --

signifiant : « Combien de falafels
font trop de falafels ? » --

vous pourriez répondre à l'unisson :

« Vier Löffel voll Falafel
ist zu viel Falafel. » --

(Rires)

ce qui signifie : quatre cuillerées
de falafels font trop de falafels ! --

Si certains ne parlent pas allemand,
répétez simplement après moi :

HB : Vier
Public : Vier

HB : Löffel voll
Public : Löffel voll

HB : Falafel
Public : Falafel

HB : ist zu viel
Public : ist zu viel

HB : Falafel.
Public : Falafel.

HB : Wunderbar !

(Rires)

Wieviel Falafel ist zu viel Falafel ?

Vier Löffel voll Falafel
ist zu viel Falafel.

Wie viel Falafel ist zu viel Falafel?

Public : Vier Löffel --

HB : Lauter! Wieviel Falafel
ist zu viel Falafel?

Public : Vier Löffel --

HB : Schneller ! Wieviel Falafel
ist zu viel Falafel ?

Public : Vier Löffel --

HB : Vier Löffel voll Falafel
ist zu viel Falafel

sur son lit de mort
avec un message à ses enfants :

dire « oui » sans savoir
ce que peut être une Löffel,

toujours « oui » sans savoir
ce que peut être une Löffel.

Phil war voll.

(Rires)

Die Nacht war gut verlaufen.

(Rires)

Phil sah ein Geschäft
und er fragte, was sie verkaufen.

« Falafellöffel.
Für Löffel voll Falafel. »

« Falafellöffel !
Für Löffel voll Falafel ? »

« Ja - Falafellöffel !
Für Löffel voll Falafel ! »

Il faut faire des efforts
quand on voyage !

(Applaudissements)

Un de mes poètes britanniques préférés,
appelé Disraeli, m'a dit un jour

qu'apprendre une autre langue,

c'est comme apprendre à penser
dans une autre couleur.

D'autres gens m'ont dit
avoir l'impression d'avoir

différentes personnalités
dans différentes langues.

J'ai appris assez tôt
en apprenant l'allemand

qu'en exprimant une opinion en anglais,
je disais souvent :

« Je pense, peut-être, si tu veux,
nous pourrions possiblement le faire. »

Ou : « J'ai l'impression, tu vois,
si cela ne pose pas trop de problèmes,

que nous pourrions
possiblement faire ceci. »

Alors qu'en anglais,
j'ai l'air très incertain,

en allemand, cela affecte rapidement
la structure de la phrase

et je ne savais pas où mettre les verbes.

(Rires)

Le résultat de cela
est que le Harry allemand

est devenu plus décisif et direct
quant à ce qu'il voulait dire

que le Harry anglais,

car il me manquait
les compétences linguistiques

pour pouvoir ainsi douter de moi --

(Rires)

ce qui est une chose incroyable.

Un autre effet secondaire
est qu'en anglais,

je crois être un peu plus à l'aise
pour parler à mille inconnus

plutôt qu'à avoir
une conversation en face-à-face.

En allemand, j'étais si enthousiaste
d'apprendre la langue

qu'une conversation avec des inconnus
était comme des devoirs.

J'avais très envie de poser des questions

et d'apprendre de simples faits
sur la vie des autres

car c'est le genre de vocabulaire
que je comprenais.

J'ai aussi très enthousiaste
à l'idée de parler de moi

car j'avais besoin de m'entraîner.

Alors que l'allemand m'a appris
le lien entre les maths et la poésie

que je n'avais jamais pu imaginer,

il m'a aussi appris des choses inattendues
sur ma propre personnalité.

J'ai réalisé que ces jalons
que je m'étais fixés en allemand

et pour apprendre une langue,

je les avais déjà vus.

Quand il s'agit de maths,

bien que ce soit difficile, au début,

de comprendre les composantes
fondamentales,

une fois en place,

je pense qu'on peut s'amuser avec,
passer de l'une à l'autre

et faire confiance à son instinct.

Quand il s'agit d'écriture,

si vous vous immergez assez
dans le monde d'un poème, d'une histoire,

alors ces idées semblent pouvoir
sortir de nulle part.

Je suis souvent allé me coucher
ou je me suis endormi durant la journée

en écrivant un poème

et, au réveil, j'avais de nouvelles idées,

comme si j'avais essayé
de me les enseigner durant mon sommeil.

Le dernier point est
qu'avec ces deux choses,

comme apprendre l'allemand
ou d'autres aspects de ma vie,

j'ai réalisé qu'en s'investissant,

on peut vite être assez à l'aise
et vouloir prendre des risques

mais aussi s'amuser.

Cela que vous commencez vraiment
à expérimenter le monde.

A la fin de mon année à l'étranger,

je suis revenu pour ma dernière année
à l'université de Bristol

et on m'a changé de groupe en allemand :
de débutant à avancé.

Alors qu'à la fin de l'année,

je réussissais les examens d'oral,

j'ai quand même échoué
mon dernier test de grammaire.

Cependant, j'ai eu mon diplôme de maths

et depuis je peux faire
de la poésie à temps plein

et voyager autour du monde
pour faire ce que j'aime.

D'une certaine façon,
ce fut un voyage unique et étrange

mais tout a « geklappt ».

Merci.

(Applaudissements)