Comment les écrans nous transforment en poisson rouge | Liam Stevens | TEDxBrentwoodCollegeSchool

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx selon le format des conférences TED mais organisée indépendamment de celles-ci. Pour en savoir plus: http://ted.com/tedx

On a tous quelque chose de Dory en nous. On oublie des choses et on se déconcentre. Mais notre Dory interne fait de plus en plus son apparition depuis l’avènement des écrans. Le numérique transforme les humains. Cela fait l'unanimité. Après avoir lu un livre sur le sujet et mené des recherches, Liam Stevens a découvert l'étendue du phénomène : lors de cette conférence, il présente deux aspects de la technologie qui rapproche l'homme du petit poisson bleu, et ce que cela veut dire pour vous et le monde qui vous entoure.

Voici Dory.

Nous connaissons tous Dory.

Notre préférée : l'adorable poisson bleu
dans « Le monde de Nemo ».

Tout le monde aime Dory.

On s'attache tous à Dory
car on peut s'identifier à elle.

On lui ressemble tous un peu
à deux niveaux :

comme elle, on a tous des petits soucis
de capacité d'attention.

C'est la vérité.

En 2000, l'être humain avait
une capacité d'attention de 12 secondes.

En 2015, elle s'est réduite
à 8,25 secondes.

A titre comparatif :

la capacité d'attention d'un poisson rouge
est de 9 secondes.

Comme Dory, nous avons un problème
de concentration.

Et comme elle, nous souffrons
de petites pertes de mémoire.

Et oui désolé, nous sommes comme Dory.

Son problème principal
est son trouble de mémoire à court terme.

Le vôtre n'est pas aussi grave
mais il existe tout de même.

Or, nous n'avons pas toujours
été comme Dory.

Avant, on était plutôt comme Marlin,
le père de Nemo.

On savait se concentrer
et on savait mémoriser.

Mais ces 20, 30 dernières années,
on est devenu Doriesque.

Il y a une explication bien sûr,

et c'est dû à la prolifération
du numérique

et du concept de neuroplasticité.

Un concept qui a l'air complexe

mais signifie que le cerveau
est adaptable et peut

se transformer et se réorganiser.

Car le cerveau est fait
de 21 milliards de neurones,

qui se connectent de façons
différentes entre eux.

C'est la pensée.

Quand on fait quelque chose de nouveau,

ces connexions changent,

et c'est comme cela qu'on apprend.

Imaginons que je rencontre
une personne promenant son chien.

Un petit chien adorable,
je m'arrête pour le caresser.

Mon cerveau va établir le lien suivant :

« Les chiens sont mignons et gentils.
il ne faut pas en avoir peur. »

Mais si je passe dans la rue
à côté d'une maison

où un rottweiler est en train
d'aboyer et de grogner,

et que son attitude me terrorise,

mon cerveau va faire un autre lien :
« Les chiens sont dangereux

il faut que je fasse attention
aux chiens. »

C'est ça, le concept de neuroplasticité.

Votre cerveau se modifie en fonction
de vos différentes expériences.

Et chaque fois que vous interagissez
avec un écran,

que ce soit votre portable,
ou votre ordinateur,

votre cerveau se transforme un peu.

Le numérique facilite
l’exécution de multiples tâches,

l'aptitude multitâche et la capacité
de mener en même temps diverses activités.

Vous pouvez être à votre bureau
en train de rédiger,

vous jetez un œil sur votre mobile,
vous continuez à écrire,

vous répondez à un courriel,
et vous continuez à écrire.

Vous devenez plus apte
à passer d'un sujet à l'autre

qu'il y a 20 ou 30 ans

avant que le numérique
ne prenne autant d'importance.

Votre cerveau est un muscle malléable,

plus vous l'utilisez, plus il s'améliore,
plus il se renforce,

moins vous l'utilisez,
plus il s'affaiblit.

Cette habitude de zapper
d'un sujet à l'autre

vous a permis de développer
une aptitude multitâche

au détriment
de votre capacité de concentration.

Il en va de même
avec votre mémoire.

quoi qu'on fasse :

on la perd quand on ne l'utilise pas.

Les humains ont ce qu'on appelle
une mémoire transactive.

Encore un mot compliqué
dont la définition est simple.

Signifiant que lorsqu'il
me manque une information,

je m'en remets
à quelqu'un qui connaît la réponse.

Et la personne peut m'aider.

Exemple, je ne connais rien
au sujet de la série « Doctor Who »

à la différence de mon ami Ben

donc si j'ai une question particulière
sur Doctor Who,

je peux la poser à Ben
et il connaîtra sûrement la réponse.

Et vice-versa, si Ben cherche
une information spécifique,

il s'en remet à moi.

C'est ça, l'idée
de la mémoire transactive.

Dans un groupe social,
peu importe sa taille,

que ce soit Ben et moi,

ou ma famille et moi,
ou mes amis et moi,

chaque membre du groupe
mémorise

une partie de l'information,

par conséquent, tous les membres ont accès
à plus d'informations collectivement

que s'ils mobilisaient chacun
leur mémoire individuelle.

En voilà la définition pour
les apprenants visuels ici présents.

Traditionnellement, les humains se servent
des autres comme partenaires de mémoire,

ils comptent sur la mémoire
des uns et des autres.

Mais depuis qu'on a un accès généralisé
à la mémoire digitale,

nous nous sommes mis à compter
sur nos ordinateurs, sur internet

comme partenaires de mémoire transactive.
Et c'est super.

Sauf que la mémoire des ordinateurs
est supérieure à la mémoire humaine.

a) ils n'oublient rien

et b) ils sont presqu'omniscients
grâce à internet.

Lorsque vous utilisez un ordinateur
comme partenaire de mémoire transactive,

c'est comme si vous interagissiez
avec un super-humain,

quelqu'un qui a une mémoire
tellement impressionnante

que c'en est incompréhensible.

C'est différent par rapport

à ce qui se passait
il y a 20 ou 30 ans

lorsque vos partenaires
de mémoire transactive étaient humains.

Cette différence

fait que votre cerveau
réagit autrement

et s'est transformé en fonction.

Voila comment il s'est transformé
- une étude a été menée à ce sujet,

en voici les résultats.

Si vous utilisez un ordinateur
comme partenaire de mémoire transactive,

vous affaiblissez vos capacités
de rétention d'information importante,

c'est en effet le rôle de vos partenaires
de mémoire transactive.

Imaginons que l'on me donne
une liste de choses à lire,

et l'on me demande d'en retenir
la plus grande partie.

Si je commence par sauvegarder
cette liste sur un ordinateur,

je m'en souviendrai moins bien,

car en les sauvegardant dans l'ordinateur,

je choisis cet outil
comme partenaire de mémoire transactive.

Mon subconscient dira :

« C'est bon, l'ordinateur
va mémoriser à ma place.

Je ne vais pas tout retenir. »

Et ce qui va se passer

que je fasse ou non
un effort de mémorisation,

c'est que mon subconscient va me pousser
à compter sur l'ordinateur

pour la mémorisation de cette information.

L'effet est tel qu'il va même surpasser
mes efforts conscients de mémorisation.

Chaque fois que vous intégrez un écran
dans ce processus de mémoire transactive,

cela déclenche une perte
de mémoire.

Cela fait peur, non ?

Vous vous êtes dit :
« Je ne veux plus être comme Dory.

je vais aller à
cette conférence sympa. »

Ne soyez pas inquiets, je veux juste dire

que tant que nous utiliserons
des écrans,

nos cerveaux vont évoluer
pour s'y adapter.

C'est la réalité, ni négative ni positive.

Juste la réalité de notre vie actuelle.

Nous ne devrions pas
faire l'autruche.

Car si vous ignorez ce fait et continuez
à utiliser les écrans,

vous ne pourrez pas réagir par rapport
à cette transformation.

Vous serez pris dans un cercle infernal
que vous le vouliez ou non.

La raison pour laquelle
je vous parle de cela,

que je partage cette information,

sur le comment du pourquoi
des effets du numérique,

c'est pour que vous l'acceptiez et que
vous réagissiez en connaissance de cause.

Une fois que vous acceptez le problème,

vous pouvez vous poser la bonne question,

et vous dire à vous-même :
« Tu sais quoi ?

Tu vas te ré-entraîner à te concentrer. »

Vous en êtes capables.

Même si vous n'avez plus
l'habitude de vous concentrer,

ça ira mieux
en vous y remettant.

Et vous pourrez vous dire :

« Je reconnais avoir une
capacité d'attention écourtée,

je vais devenir une machine multitâche. »

C'est une possibilité.

Vous aurez surtout fait le choix
du chemin que vous voulez emprunter.

Soyons honnêtes :

nous sommes tous comme Dory
et c'est de la faute aux écrans.

Vous êtes tous comme Dory.

Ce qui veut dire

que vous n'avez sans doute pas prêté
grande attention à ma présentation.

Je vous demande juste de tenir compte

de ce que je viens de vous dire.

Ne paniquez pas en y repensant,
tenez-en juste compte et agissez.

Prenez une décision.

Respirez un grand coup et foncez.

Même si la situation empire,
devient bizarre ou terrifiante,

gardez la tête froide et hors de l'eau.

Merci.

(Applaudissements)