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Travailleurs du sexe - la vérité derrière le sourire | Antoinette Welch | TEDxAntioch

  • 0:09 - 0:12
    Vous savez ce que je rêvais d'être,
    quand j'étais petite fille ?
  • 0:12 - 0:14
    Je rêvais de travailler dans la police.
  • 0:14 - 0:16
    Et mon rêve s'est réalisé !
  • 0:16 - 0:20
    J'ai passé les 14 premières années
    de ma carrière professionnelle
  • 0:20 - 0:21
    comme officière de police.
  • 0:21 - 0:22
    Et vous le savez,
  • 0:22 - 0:25
    ce sont les policiers
    qui ont les meilleures histoires !
  • 0:25 - 0:27
    Mais avant de vous raconter mes histoires,
  • 0:27 - 0:30
    je veux vous avertir que l'une d'elle
    contient un gros mot.
  • 0:31 - 0:33
    Alors, quand j'arrive au passage
    avec le gros mot,
  • 0:33 - 0:35
    je vais m'arrêter comme ceci.
    [Posture]
  • 0:36 - 0:41
    Et vous allez tous vous choisir
    un gros mot de votre choix.
  • 0:42 - 0:44
    Mais vous le gardez dans votre tête, OK ?
  • 0:44 - 0:45
    On est d'accord ?
  • 0:45 - 0:47
    Bon...
  • 0:47 - 0:52
    Donc me voici, réalisant mon rêve de gosse
    de travailler dans la police.
  • 0:52 - 0:54
    Je venais d'obtenir mon diplôme
    de l'école de police
  • 0:54 - 0:58
    et j'étais tellement impatiente
    d'en sortir pour sauver le monde !
  • 0:58 - 0:59
    Alors, bien sûr,
  • 0:59 - 1:03
    ma première mission a consisté
    à m'habiller en prostituée
  • 1:03 - 1:05
    et à aller me faire solliciter
    par des hommes.
  • 1:05 - 1:09
    Ce n'était pas vraiment là
    ma conception de « sauver le monde » !
  • 1:10 - 1:13
    Bref, je suis là au coin de la rue,
  • 1:13 - 1:16
    supposant que tout le monde
    a eu la même vie que moi,
  • 1:16 - 1:20
    vous savez, avoir son poney,
    être membre d'une sororité à la fac,
  • 1:20 - 1:24
    avoir un diplôme universitaire...
    la vie normale, non ?
  • 1:24 - 1:27
    Affirmer que j'étais naïve
    est un euphémisme.
  • 1:27 - 1:30
    Me voici donc à faire le trottoir,
  • 1:30 - 1:33
    et ce mec arrive dans une camionnette,
  • 1:33 - 1:34
    et il me fait un signe.
  • 1:34 - 1:37
    Je prends un air détaché et m'approche,
  • 1:37 - 1:39
    et lui me dit :
  • 1:39 - 1:41
    « Combien pour te... ? »
    [Posture]
  • 1:41 - 1:44
    Et moi, j'étais là : « Oh, mon Dieu ! »
  • 1:44 - 1:45
    (Rires)
  • 1:45 - 1:49
    Alors il me regarde, et il dit :
    « Vous êtes de la police ! » Et il repart.
  • 1:49 - 1:52
    J'ai dit : « Comment a-t-il su
    que j'étais de la police ? »
  • 1:52 - 1:56
    Et mon sergent répond :
    « Peut-être à cause de ta réaction ! »
  • 1:56 - 1:57
    (Rires)
  • 1:57 - 2:01
    J'ai essayé de me défendre : « Non, mais
    vous avez entendu ce qu'il m'a dit ?
  • 2:01 - 2:04
    Il ne faut pas parler comme ça ! »
  • 2:04 - 2:07
    Et donc, une autre fois, dehors à nouveau,
  • 2:07 - 2:10
    un homme s'approche de moi
    dans sa voiture,
  • 2:10 - 2:13
    et il est complètement nu.
  • 2:13 - 2:17
    Il n'a pas de vêtements, nulle part,
    pas même dans sa voiture.
  • 2:17 - 2:21
    C'est alors un peu débile de dire :
    « Puis-je vous aider, Monsieur ? »
  • 2:21 - 2:24
    Pendant qu'on l'emmenait en garde à vue,
    j'avais un seul truc en tête :
  • 2:24 - 2:28
    « Pourvu que le gars ait un garage à lui
    pour monter dans sa voiture ! »
  • 2:28 - 2:30
    (Rires)
  • 2:30 - 2:33
    Au fil de mes années
    passées dans la police,
  • 2:33 - 2:37
    j'ai compris que la prostitution
    est vraiment tout sauf drôle.
  • 2:37 - 2:41
    J'ai vu dix cadavres durant ma carrière
    d'officière de police.
  • 2:41 - 2:43
    Quatre appartenaient
    à des prostituées assassinées.
  • 2:43 - 2:46
    Et c'était chaque fois
    un meurtre très violent :
  • 2:46 - 2:49
    poignardage très sanglant,
  • 2:49 - 2:50
    suite de blessure par balle,
  • 2:50 - 2:52
    un crâne fracassé.
  • 2:52 - 2:56
    Et celle étranglée à mort
    ne fut retrouvée que des jours après,
  • 2:56 - 2:58
    quand les voisins
    ont commencé à se plaindre
  • 2:58 - 3:01
    de la puanteur qui se dégageait
    d'une voiture abandonnée.
  • 3:02 - 3:04
    J'ai aussi constaté de visu
  • 3:04 - 3:06
    que les femmes impliquées
    dans la prostitution
  • 3:06 - 3:08
    sont celles, démographiquement,
  • 3:08 - 3:11
    qui sont le plus exposées à être battues,
  • 3:11 - 3:13
    blessées par arme blanche ou arme à feu,
  • 3:13 - 3:15
    violées, ou assassinées.
  • 3:15 - 3:20
    Et quand elles survivent à ces attaques,
    elles appellent rarement la police
  • 3:20 - 3:24
    car, disent-elles, elles ont peur
    que la police refuse de les croire,
  • 3:24 - 3:26
    elles ont peur de se faire arrêter,
  • 3:26 - 3:29
    mais surtout elles disent
    qu'elles n'appellent pas
  • 3:29 - 3:32
    car elles pensent que personne
    ne s'intéresse à leur agression.
  • 3:33 - 3:37
    Il existe un grand mythe selon lequel
    les femmes veulent être des prostituées,
  • 3:37 - 3:39
    que ça leur plaît.
  • 3:39 - 3:41
    J'appelle volontiers ce phénomène
  • 3:41 - 3:44
    « le syndrome Pretty Woman
    de la pute heureuse ».
  • 3:44 - 3:46

    Au cours des 20 dernières années,
  • 3:46 - 3:50
    j'ai appris à connaître des centaines
    de femmes impliquées dans la prostitution,
  • 3:50 - 3:54
    et l'image de la pute heureuse
    est aux antipodes de la réalité.
  • 3:55 - 3:59
    Aucune petite fille ne rêve
    de devenir prostituée.
  • 3:59 - 4:05
    La réalité est que plus de 90% des femmes
    impliquées dans la prostitution
  • 4:05 - 4:07
    ont été victimes d'abus sexuels
    durant leur enfance,
  • 4:07 - 4:11
    ou elles ont été violées
    avant l'âge de 18 ans.
  • 4:11 - 4:17
    Un enfant qui est prostitué
    commence en moyenne à l'âge de 13 ans.
  • 4:17 - 4:22
    Et les enfants qui entrent en prostitution
    sont souvent prostitués par leurs proches.
  • 4:22 - 4:26
    On les échange contre le loyer,
    de la drogue ou un peu d'argent.
  • 4:26 - 4:29
    Une femme que j'ai rencontrée,
    et qui était une prostituée,
  • 4:29 - 4:32
    a dit que sa mère
    a commencé à la prostituer
  • 4:32 - 4:35
    quand elle n'avait que six ans.
  • 4:36 - 4:40
    Toute leur vie, on dit à ces femmes
    que leur seule valeur,
  • 4:40 - 4:43
    c'est combien quelqu'un d'autre
    paiera pour leur corps.
  • 4:44 - 4:49
    Un autre mythe est que ces femmes
    ont choisi, qu'elles sont volontaires :
  • 4:49 - 4:52
    elles sont des adultes consentantes.
  • 4:54 - 4:57
    Ne soyez pas dupe de la femme
    qui vous sourit
  • 4:57 - 4:59
    en entrant avec vous
    dans la chambre d'hôtel,
  • 4:59 - 5:02
    qui vous accueille pour un massage,
    ou qui monte dans votre voiture.
  • 5:02 - 5:04
    C'est une mauvaise farce.
  • 5:04 - 5:06
    Les trafiquants et souteneurs
    de ces femmes
  • 5:06 - 5:08
    savent comment faire mal à ces femmes.
  • 5:08 - 5:11
    Ils les contrôlent par la peur.
  • 5:11 - 5:16
    Ils disent des trucs comme :
    « T'as intérêt à sourire et le faire,
  • 5:16 - 5:20
    sinon je vais te battre
    jusqu'à ce que tu y perdes la vie. »
  • 5:20 - 5:23
    Un autre mythe est
    que toutes ces femmes sont étrangères,
  • 5:23 - 5:25
    ou que ça se passe très loin d'ici.
  • 5:25 - 5:29
    Toutes les femmes dont je vous parle ?
    Toutes sont des Américaines.
  • 5:29 - 5:36
    Trafic sexuel et prostitution existent
    dans la plupart des villes américaines.
  • 5:36 - 5:38
    Alors, à quoi ressemble une prostituée ?
  • 5:39 - 5:41
    Elle peut ressembler à ceci,
  • 5:42 - 5:46
    ou elle peut ressembler à ceci,
  • 5:46 - 5:48
    ou à n'importe qui entre les deux.
  • 5:48 - 5:52
    Celles que j'ai personnellement connues
    étaient des mères, des filles,
  • 5:52 - 5:54
    des sœurs, des grand-mères.
  • 5:55 - 5:57
    L'ethnie n'est pas déterminante.
  • 5:58 - 6:00
    L'âge n'est pas déterminant.
  • 6:00 - 6:03
    La plus vieille femme que j'ai rencontrée
    et qui se prostituait
  • 6:03 - 6:06
    était une grand-mère de 64 ans.
  • 6:07 - 6:08
    Certaines femmes se prostituent
  • 6:08 - 6:11
    parce qu'elles ont
    une addiction grave à la drogue
  • 6:11 - 6:13
    et elles le font
    pour financer leur addiction.
  • 6:14 - 6:16
    Certaines femmes, violées dans l'enfance,
  • 6:16 - 6:19
    le font car elles croient
    que leur seule valeur est là.
  • 6:19 - 6:22
    D'autres se sont enfuies
    ou n'ont pas de toit,
  • 6:22 - 6:25
    elles doivent se prostituer
    pour simplement pouvoir manger
  • 6:25 - 6:27
    ou avoir un abri.
  • 6:28 - 6:31
    Puis il y a les mères célibataires,
    qui sont terrorisées,
  • 6:31 - 6:33
    qui se sentent piégées et désespérées.
  • 6:33 - 6:37
    Mais elles savent qu'elles peuvent faire
    assez d'argent en un week-end
  • 6:37 - 6:41
    pour subvenir le reste du mois
    aux besoins de leur famille.
  • 6:41 - 6:44
    Ces femmes donnent l'air
    de vouloir se prostituer, selon vous ?
  • 6:44 - 6:48
    Parlez-leur, et toutes vous diront
    la même chose :
  • 6:48 - 6:51
    combien elles haïssent ce qu'elles font,
  • 6:51 - 6:54
    combien elles ont perdu l'espoir,
  • 6:54 - 6:57
    comment elles en sont à prendre
    une ligne de cocaïne
  • 6:57 - 7:00
    rien que pour pouvoir
    sourire au client et le faire,
  • 7:00 - 7:04
    comment chaque jour passé
    emporte un peu plus de leur âme,
  • 7:04 - 7:08
    combien elles sont désespérées
    et se sentent privées de valeur.
  • 7:08 - 7:11
    Ça vous donne l'impression
    de femmes consentantes ?
  • 7:11 - 7:14
    Ou bien cela ressemble-t-il
    à des femmes sous la contrainte,
  • 7:14 - 7:17
    celle de leur souteneur, leur trafiquant,
  • 7:17 - 7:19
    leur addiction, leur fragilité mentale,
  • 7:19 - 7:22
    ou leur volonté désespérée de survivre ?
  • 7:23 - 7:25
    Il y a huit ans, j'ai quitté la police
  • 7:25 - 7:29
    et je suis devenue procureure
    pour l'État du Tennessee.
  • 7:29 - 7:32
    Et alors que je travaillais
    dans le système judiciaire,
  • 7:32 - 7:35
    de nombreuses femmes commençaient
    à se faire arrêter pour prostitution.
  • 7:35 - 7:37
    Les chiffres explosaient.
  • 7:37 - 7:40
    C'était pendant cette période
    où des sites comme Backpage
  • 7:40 - 7:43
    se mirent à publier
    des annonces de prostitution.
  • 7:43 - 7:47
    Et j'ai compris que toutes ces femmes
    arrêtées pour prostitution,
  • 7:47 - 7:50
    la plupart d'entre elles ignoraient
    quel opprobre collectif
  • 7:50 - 7:53
    suivrait une condamnation
    pour prostitution.
  • 7:53 - 7:56
    Plus encore, elles étaient
    nombreuses à ne pas voir
  • 7:56 - 7:59
    qu'elles étaient en danger d'être violées,
  • 7:59 - 8:02
    agressées brutalement, voire assassinées.
  • 8:03 - 8:06
    Et j'ai aussi commencé
    à suspecter fortement
  • 8:06 - 8:09
    que beaucoup de ces femmes
    arrêtées pour prostitution
  • 8:09 - 8:11
    étaient en réalité des victimes
    de trafic sexuel.
  • 8:11 - 8:14
    Ces victimes n'aiment pas
    raconter à la police ce qu'il se passe
  • 8:14 - 8:17
    car un lavage de cerveau
    les a conduites à croire
  • 8:17 - 8:19
    que la police ne les aidera pas,
  • 8:19 - 8:22
    ou que, si elles parlent,
  • 8:22 - 8:24
    leur mac ou leur trafiquant les retrouvera
  • 8:24 - 8:27
    et le leur fera payer
  • 8:27 - 8:28
    à jamais.
  • 8:29 - 8:33
    Les conséquences
    d'une condamnation pour prostitution
  • 8:33 - 8:35
    vous affecteront
    jusqu'à vos derniers jours.
  • 8:35 - 8:39
    En tant que société, nous pensons
    qu'il est parfaitement légitime
  • 8:39 - 8:41
    de mépriser une femme
    impliquée dans un trafic sexuel.
  • 8:41 - 8:43
    On fait des blagues à leur sujet.
  • 8:43 - 8:46
    Personne ne semble vraiment s'en soucier.
  • 8:46 - 8:49
    Mais, en vérité, je crois,
  • 8:49 - 8:53
    regardons-nous honnêtement,
  • 8:53 - 8:56
    nous sommes trop prompts à juger.
    On peut dire : « Non, pas moi ! »
  • 8:56 - 9:00
    Mais si nous découvrions
    que quelqu'un d'important pour nous,
  • 9:00 - 9:02
    un membre de notre famille, une collègue
  • 9:02 - 9:06
    ou une amie ont été condamnées
    pour prostitution ?
  • 9:06 - 9:10
    Je crois que votre opinion sur elles
    en serait modifiée à jamais.
  • 9:11 - 9:13
    Si on est condamné pour prostitution,
  • 9:13 - 9:18
    on peut devenir inéligible pour cinq ans
    à la location d'un appartement.
  • 9:18 - 9:22
    Personne ne veut employer quelqu'un
    avec des antécédents de crime sexuel.
  • 9:23 - 9:25
    Alors, que reste-t-il à ces femmes ?
  • 9:25 - 9:28
    Nulle part où vivre,
    nulle part où gagner sa vie,
  • 9:28 - 9:31
    on les force ni plus ni moins
    à retourner dans la prostitution
  • 9:31 - 9:33
    pour survivre.
  • 9:34 - 9:39
    Mais comparons avec les hommes
    arrêtés comme clients de prostituées.
  • 9:40 - 9:42
    C'est plus acceptable.
  • 9:42 - 9:46
    Nous sommes prompts à leur pardonner.
    Vous savez, les hommes ont des besoins.
  • 9:47 - 9:50
    Mais on ne leur en fait pas grief
    pour le restant de leur vie.
  • 9:50 - 9:52
    Et pourquoi donc ?
  • 9:52 - 9:54
    Car, après tout,
    c'est comme ça, un homme ?
  • 9:56 - 9:59
    Et j'ai compris
    qu'il fallait faire quelque chose,
  • 9:59 - 10:00
    qu'en tant que société,
  • 10:00 - 10:06
    nous devions peser les conséquences
    de ce processus de pensée,
  • 10:06 - 10:10
    et réfléchir à comment briser
    le cycle de la prostitution,
  • 10:10 - 10:13
    et repérer les victimes de trafic sexuel.
  • 10:13 - 10:16
    Ces femmes avaient besoin
    d'une deuxième chance,
  • 10:16 - 10:20
    ainsi que d'une expérience positive
    face au système judiciaire.
  • 10:20 - 10:24
    Mais, plus que tout, elles avaient besoin
    de savoir qu’elles avaient de la valeur,
  • 10:24 - 10:27
    qu'elles étaient dignes
    d'amour et de soutien.
  • 10:27 - 10:30
    Puis Dieu a glissé quelque chose
    dans mon cœur,
  • 10:31 - 10:33
    et j'ai eu l'idée du projet Hannah.
  • 10:33 - 10:38
    Hannah, dans l'Ancien Testament,
    connaît la réprobation.
  • 10:38 - 10:41
    Mais quand on lui dit enfin
    qu'elle avait de la valeur
  • 10:41 - 10:43
    et qu'elle était digne
    d'amour et de respect,
  • 10:43 - 10:46
    sa vie en fut transformée.
  • 10:46 - 10:50
    Le projet Hannah est unique.
    Il est relié au système judiciaire.
  • 10:50 - 10:53
    Les personnes arrêtées pour prostitution
  • 10:53 - 10:57
    ont désormais la possibilité
    de participer au projet Hannah.
  • 10:57 - 10:59
    Si elles y participent,
  • 10:59 - 11:01
    le juge ordonne l'abandon des poursuites
  • 11:01 - 11:03
    et leur casier judiciaire est effacé.
  • 11:03 - 11:06
    C'est énorme pour ces femmes,
    comme un nouveau départ !
  • 11:07 - 11:09
    Que se passe-t-il au projet Hannah ?
  • 11:09 - 11:12
    C'est un programme d'une journée
    ordonné par la cour.
  • 11:12 - 11:16
    Les femmes ont un dépistage gratuit
    du SIDA et des MST
  • 11:16 - 11:18
    et un cours sur les MST.
  • 11:18 - 11:21
    On leur donne des informations
    sur la manière de se faire assister
  • 11:21 - 11:24
    en cas d'agression sexuelle
    et de traumatisme.
  • 11:24 - 11:28
    Un représentant de la justice
    vient leur parler
  • 11:28 - 11:32
    de femmes impliquées
    dans la prostitution locale
  • 11:32 - 11:35
    et qui ont été assassinées
    ou gravement blessées.
  • 11:35 - 11:37
    Ce n'est pas pour les terroriser,
  • 11:37 - 11:40
    mais c'est un rappel à la réalité :
    ça arrive ici même,
  • 11:40 - 11:42
    peu importe la taille de la ville.
  • 11:42 - 11:45
    Enfin, nous avons une intervenante
  • 11:45 - 11:49
    qui est elle-même une ancienne victime
    du trafic sexuel et de la prostitution.
  • 11:49 - 11:53
    Elle sait s'adresser à ces femmes
    à un niveau très personnel
  • 11:53 - 11:56
    et leur expliquer qu'il est possible
    de s'échapper et de s'en sortir.
  • 11:57 - 12:00
    Des organisations
    sont présentes à nos côtés,
  • 12:00 - 12:02
    qui peuvent apporter une aide immédiate,
  • 12:02 - 12:06
    que ce soit pour s'échapper,
    trouver un emploi, trouver un logement,
  • 12:06 - 12:08
    aider face à la toxicomanie.
  • 12:09 - 12:13
    Mais ce qui m'a le plus surprise
    avec le projet Hannah,
  • 12:13 - 12:14
    ce qui avait le plus fort impact,
  • 12:14 - 12:17
    c'était le traitement de ces femmes
    dans l'amour et le respect.
  • 12:17 - 12:21
    À la fin de la journée, les femmes
    répondent à un questionnaire d'enquête
  • 12:21 - 12:23
    avec une section pour les commentaires.
  • 12:23 - 12:26
    Et une femme a écrit ce commentaire :
  • 12:26 - 12:29
    « Dans cette formation,
    j'étais comme tout le monde,
  • 12:29 - 12:31
    et traitée ainsi dès le départ.
  • 12:31 - 12:34
    Rien n'était plus précieux pour moi ! »
  • 12:35 - 12:37
    Il est très triste de voir
  • 12:37 - 12:40
    que traiter quelqu'un comme une personne
    peut faire à ce point la différence.
  • 12:41 - 12:43
    Comment leur témoigner amour et respect ?
  • 12:44 - 12:47
    Par des paroles fortes
    et des services concrets.
  • 12:47 - 12:50
    Sur chaque projet Hannah,
    nous avons des bénévoles
  • 12:50 - 12:54
    qui ne font rien d'autre qu'aimer
    toutes ces femmes et les servir.
  • 12:54 - 12:57
    On leur sert le petit déjeuner,
    on leur sert le déjeuner.
  • 12:57 - 12:59
    En fin de journée,
    on leur donne de petits cadeaux.
  • 12:59 - 13:03
    C'est si incroyable de voir
    un groupe de femmes arriver le matin,
  • 13:03 - 13:07
    tristes, brisées,
    fortement sur la défensive.
  • 13:07 - 13:11
    Mais au fil de la journée,
    vous apercevez l'espoir,
  • 13:11 - 13:14
    elles commencent à comprendre
    que les gens se soucient d'elles,
  • 13:14 - 13:16
    qu'elles sont dignes d'être aimées.
  • 13:16 - 13:18
    En fin de journée,
    on se serre dans les bras,
  • 13:18 - 13:21
    on pleure et on se donne
    de l'amour les uns aux autres.
  • 13:21 - 13:23
    C'est incroyable.
  • 13:23 - 13:26
    Et comment je sais
    que c'est l'amour et le respect
  • 13:26 - 13:28
    qui font la vraie différence ?
  • 13:28 - 13:31
    Parce qu'elles me le disent
    et qu'elles l'écrivent.
  • 13:31 - 13:35
    Tant de femmes ont écrit la même chose
    que cette femme.
  • 13:35 - 13:37
    « Merci pour votre bienveillance. »
  • 13:37 - 13:39
    Le projet Hannah fonctionne-t-il ?
  • 13:39 - 13:40
    Oui.
  • 13:40 - 13:45
    Des femmes m'appellent,
    m'envoient un email, me rendent visite,
  • 13:45 - 13:49
    pour me dire combien leur vie a changé
    depuis leur participation au projet.
  • 13:49 - 13:50
    On lance de nouveaux projets Hannah
  • 13:50 - 13:53
    dans différentes villes
    de l'État du Tennessee
  • 13:53 - 13:55
    ainsi que dans l'État de Géorgie.
  • 13:55 - 14:00
    Plus de 1 000 personnes ont participé
    au projet Hannah depuis 2011.
  • 14:00 - 14:05
    Un tiers de ces personnes ont été repérées
    comme des victimes du trafic sexuel.
  • 14:05 - 14:07
    Sans le projet Hannah,
  • 14:07 - 14:13
    le système judiciaire aurait, par erreur,
    condamné des victimes.
  • 14:15 - 14:18
    Dans notre culture,
    du fait d'attitudes culturelles,
  • 14:18 - 14:21
    nous empêchons ces femmes
    de chercher de l'aide,
  • 14:21 - 14:26
    et nous les marquons à jamais
    au fer rouge de la honte et du jugement.
  • 14:26 - 14:31
    Il nous faut collectivement
    changer notre vision de la prostitution
  • 14:31 - 14:33
    et éduquer les gens :
  • 14:33 - 14:37
    la prostitution est un crime
    qui fait aussi des victimes.
  • 14:38 - 14:42
    Quelle est la vérité derrière le sourire
    d'une travailleuse du sexe ?
  • 14:43 - 14:49
    Le sourire est un masque
    qui cache la peur, la contrainte,
  • 14:49 - 14:55
    les menaces, les abus sexuels d'enfants,
    le viol, la dépendance et la honte.
  • 14:56 - 15:00
    Je me demande ce que ces filles,
    en grandissant, rêvaient d'être.
  • 15:00 - 15:01
    Merci.
  • 15:01 - 15:03
    (Applaudissements)
Title:
Travailleurs du sexe - la vérité derrière le sourire | Antoinette Welch | TEDxAntioch
Description:

Dans ce talk, Antoinette Welch, ancienne procureure adjointe de Nashville dans le Tennessee, qui a gagné une affaire mémorable dans le cadre de la lutte légale renforcée contre le trafic sexuel, prend à revers nos points de vue sur les prostituées, montrant comment nos conceptions contribuent à enfoncer ces femmes dans le cycle de la prostitution. Elle montre aussi comment le projet Hannah vient en aide aux personnes qui tentent de sortir de ce cercle infernal, et ont besoin d'assistance.

Le projet Hannah coopère avec la justice et propose aux femmes arrêtées pour prostitution un programme d'une journée ordonné par le juge. Sa mission est d'agir comme le chaînon manquant entre le système judiciaire, le besoin de repérage des victimes de trafic sexuel, et l'aide et le soutien à apporter aux personnes coincées dans un cycle de prostitution. C'est le premier programme de ce genre au niveau fédéral.

Antoinette Welch est la fondatrice de ce programme. Le projet Hannah a fait l'objet de cinq films documentaires ainsi que d'un livre de Nicolas Kristoff sur le thème du trafic sexuel qui a été classé parmi les meilleures ventes et a obtenu le prix Pulitzer. Antoinette Welch a travaillé huit ans à la John School de Nashville comme intervenante auprès d'un public de clients de prostituées primo-délinquants, dans le cadre d'un programme visant à leur faire comprendre les ramifications de leurs agissements dans le but de prévenir leur récidive.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
15:11

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