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L'Université de Californie
Santa Barbara présente
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Voix
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Douglas Adams, créateur du
Guide du voyageur galactique
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Les perroquets, l'univers et tout le reste
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Merci beaucoup, mesdames et messieurs
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C'est une expérience très intéressante,
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inhabituelle et étrange pour moi
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de parler dans ma ville natale. Qui est…
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Bien, parmi les livres
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que Constance a mentionnés
lorsqu'elle m'a présenté,
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Le guide du voyageur galactique,
Un cheval dans la salle de bains, etc
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Ceux-ci n'étaient pas mes préférés.
Et mon livre préféré
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est ce dont je vais
vous parler ce soir.
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C'est drôle comme, comme souvent…
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Pour pratiquement
tous les auteurs que je connais,
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leur livre préféré est
celui qui se vend le moins.
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C'est un peu l'avorton de la portée,
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c'est celui que vous
avez toujours préféré.
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Et j'aimerais vous raconter
comment celui-ci est né.
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À un moment durant
la moitié des années 1980,
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le téléphone sonna.
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Et la voix dit :
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« Nous voudrions que
vous alliez à Madagascar.
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Nous voudrions que vous y cherchiez
une espèce de lémurien très rare,
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qui s'appelle Aye-aye.
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L'avion décolle dans deux semaines,
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nous souhaiterions que
vous soyez à bord. »
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Et là, pensant qu'ils s'étaient
trompés de numéro, j'ai dit "oui !"
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avant qu'ils réalisent leur erreur.
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Mais il se trouve qu'ils avaient décidé
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« Eh bien voilà quelqu'un qui
n'y connaît rien aux lémuriens,
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rien à l'Aye-aye,
rien à Madagascar,
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envoyons-le. »
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Alors j'ai commencé à me renseigner,
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et il se trouve que
c'est très intéressant.
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Les lémuriens étaient autrefois
les primates dominants sur toute la terre.
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C'étaient des créatures très
très douces et gentilles
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Ils faisaient à peu près
la taille d'un chat,
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et ils traînaient en haut des arbres
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à profiter de la vie.
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C'est alors que le Gondwana se sépara.
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Ça sonne toujours comme si un groupe
de rock des années 70
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se séparait pour divergences artistiques.
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Mais comme vous vous
en rappelez sans doute,
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le Gondwana était cette vaste
masse de terre continentale
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qui consistait en
ce qui était alors devenu
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l'Amérique du Sud, l'Afrique, l'Inde,
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l'Asie du Sud-Est, l'Australasie
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—euh, non—l'Australie,
l'Australie et non pas
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— et ça sera important plus tard —
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pas la Nouvelle Zélande
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qui s'avère n'être qu'un tas de saletés
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qui a émergé des
profondeurs de l'océan
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Et comme je le disais,
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Les lémuriens étaient les
primates dominants sur terre
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et lorsque les continents se sont séparés,
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et Madagascar en faisait partie,
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Madagascar a
en quelque sorte dérivé
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vers le milieu de ce qui devint
alors subitement l'Océan Indien.
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Et prit avec elle
un échantillon représentatif
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du cheptel de l'époque,
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qui incluait nombre de lémuriens.
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Et ils sont restés comme ça
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pendant des millions
et des millions d'années
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dans une isolation splendide.
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Tandis que, dans le reste du monde,
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une nouvelle créature fit surface.
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Une nouvelle créature arriva,
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bien plus intelligente que les lémuriens,
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— du moins d'après elle —
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bien plus compétitive,
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bien plus agressive,
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et incroyablement intéressée
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par tout ce qu'on peut
faire avec des brindilles.
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Les brindilles étaient
absolument merveilleuses.
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On peut tant faire avec des brindilles,
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on peut fouiller
le sol avec des brindilles,
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on peut gratter sous l'écorce des arbres,
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on peut se frapper l'un l'autre avec…
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S'il y avait eu un
Brindille Hebdo à l'époque,
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ces créatures auraient
fait la queue pour l'avoir.
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Et ces créatures
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— qu'on appelle singes comme
vous l'avez probablement deviné—
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parce qu'elles étaient plus compétitives
et plus agressives,
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et qu'elles vivaient dans
le même habitat que les lémuriens,
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ont réussi à supplanter ceux-ci
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partout dans le monde
en dehors de Madagascar.
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Parce que Madagascar se trouvait
en plein milieu de l'Océan Indien
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et qu'elles ne pouvaient pas y aller.
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Du moins jusqu'il y a environ 1500 ans,
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suite à de stupéfiantes avancées
des technologies à base de brindilles,
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qui leur permirent d'y aller en bateau,
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et par la suite en avion.
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Et subitement les lémuriens,
qui ont disposé de cet endroit
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pendant des millions et des
millions d'années,
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faisaient subitement face à
leur vieil ennemi : le singe.
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Donc, voilà Madagascar,
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et il se trouve que le plus
rare des lémuriens
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— et quand je dis le plus rare,
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à ce moment précis des années 80
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on pensait qu'ils étaient les plus rares;
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on a depuis découvert un lémurien
encore plus rare appelé hapalémur doré
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qui a pris la première place des
lémuriens en voie de disparition—
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mais le Aye-aye est
un animal très singulier.
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Il ressemble à un mélange
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de différentes sortes d'animaux.
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Par exemple, il a des espèces
d'oreilles de renard,
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et a des dents un peu comme un lapin,
-
et a une queue qui ressemble
à une plume d'autruche,
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et il a des yeux très bizarres,
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en fait, il a les yeux de Marty Feldman.
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Un peu comme s'il regardait
légèrement derrière vous
-
vers une autre dimension juste
au dessus de votre épaule gauche.
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Mais il a également une caractéristique
très très particulière,
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son majeur sur chaque main est
squelettique et très très long.
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Et il se trouve qu'il n'y a
qu'un seul autre animal
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dans le monde entier
qui présente ce trait.
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Et on appelle celui-ci
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—j'adore les zoologistes;
ils ont une imagination tellement vive—
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on l'appelle triok à longs doigts.
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Cette créature vit en Nouvelle Guinée,
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mais c'est son annulaire qui est
squelettique et allongé.
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Et c'est bien ce qui démontre
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qu'il n'y a aucun lien entre ces animaux,
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c'est de la pure
convergence évolutive,
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parce que le facteur commun
entre Madagascar et l'aye-aye,
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et la Nouvelle Guinée et
le triok à longs doigts
-
c'est que dans aucun de ces habitats
il n'y a de pic-vert.
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Ce qu'il y a, voyez-vous,
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— la vie est très très opportuniste,
-
et profitera de toute source de nourriture
qu'elle pourra trouver autour d'elle.
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Et s'il n'y a pas de pic-vert
pour chercher des asticots
-
sour l'écorce des arbres,
dans ce cas, ce sera les mammifères
-
qui développeront
un doigt long et squelettique
-
pour gratter sous l'écorce des arbres
-
et accéder à cette source de nourriture
à savoir les asticots sous l'écorce.
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Donc, l'aye-aye est une créature
très très étrange.
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Et à ce moment là on pensait
qu'il n'en restait qu'une quinzaine.
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Et ils ne vivaient pas sur Madagascar
à proprement parler,
-
mais sur une petite île
recouverte d'une forêt tropicale
-
juste au large de Madagascar,
appelée Nosy Mangabe,
-
sur la pointe Nord-Ouest de Madagascar.
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Et pour y parvenir, vous devez
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prendre un 747 jusqu'à Madagascar.
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Puis un vieux coucou lamentable
-
de Madagascar jusqu'au port Nord-Ouest.
-
Et de là vous devez prendre une série
de moins en moins excellente
-
de charrettes et de camions etc,
-
jusqu'à un petit port où
devait nous attendre un bateau
-
qui devait nous emmener à Nosy Mangabe.
-
Nous voilà donc arrivés au port,
-
et nous cherchions le bateau
qui devait nous emmener à Nosy Mangabe,
-
et on n'arrivait pas à le trouver.
-
On demandait autour de nous
-
« Mais où est ce bateau ? »
-
et ils répondaient
« Il est juste là ! »
-
et on n'arrivait pas à voir ce
qu'ils montraient du doigt
-
parce que c'était masqué par
une énorme épave rouillée.
-
Comme vous l'avez deviné,
-
c'était l'énorme épave rouillée
-
avec laquelle nous devions
aller à Nosy Mangabe.
-
Et elle ne remplissait pas
ce que je pensais
-
être un critère de base pour un bateau,
-
en cela qu'elle était
en gros pleine d'océan.
-
Et pour moi la fonction
première d'un bateau
-
c'était de garder l'océan à l'extérieur.
-
Enfin bref, nous avons navigué
jusqu'à Nosy Mangabe.
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C'est une île minuscule
et très très jolie,
-
recouverte par une forêt tropicale.
-
Et nous nous sommes heurtés
à un problème majeur
-
qui est qu'évidemment cet animal
vit non seulement dans les arbres
-
— nul ne l'avait vu
depuis bien des années —
-
mais en outre c'est
également un animal nocturne.
-
Et la qualité des batteries
à Madagascar laissait à désirer.
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On a donc passé nuit après nuit,
-
errant à travers la forêt tropicale,
-
sous ce qu'on ne peut décrire
-
que comme la pluie.
-
De quoi devenir grincheux,
-
à passer nuit après nuit,
-
blottis sous des bâches,
-
priant pour que la pluie cesse.
-
Et de temps en temps
l'un de nous s'écriait
-
« Grr, quand va-t-on enfin trouver
ce satané animal ? »
-
En fait, c'est assez inouï,
-
nous avons trouvé cette hutte
qui devait être à un garde-chasse
-
— non, pas un garde-chasse—
un garde forestier.
-
C'était une hutte minuscule.
-
Et en fait elle était pleine
de vie sauvage.
-
Ce qui se produisait, voyez-vous,
-
c'est que vous ouvriez la porte,
-
et vous entendiez tout ce bruit…
-
et vous allumiez la lumière,
et ça s'arrêtait.
-
Et là vous voyiez des araignées
géantes partout sur le mur,
-
chacune avec un insecte
à demi-dévoré dans la bouche !
-
et là, « Oui ? »
-
Et vous éteigniez la lumière et…
-
C'était donc notre abri,
-
on s'est bien amusés.
-
Et par la suite…
-
Mais une nuit, une nuit,
-
nous étions tous, comme je le disais,
blottis sous nos bâches,
-
et je suis sorti faire un tour,
-
et subitement, subitement,
j'ai regardé en l'air, et sur une branche
-
à environ cette hauteur
au dessus de ma tête
-
une créature émergea.
-
Cette créature avança sur la branche,
-
m'a jeté un regard,
-
et je la regardais,
et alors qu'elle me contemplait
-
— elle n'a manifestement pas
du tout aimé ce qu'elle voyait —
-
elle a fait demi-tour et s'en est allée.
-
La rencontre dura une
dizaine de secondes en tout.
-
Et c'était ce pour quoi nous étions venus.
-
J'avais vraiment vu,
-
— on a tout juste réussi à en prendre
une photo quand elle est apparue —
-
mais j'ai subitement réalisé
que nous avions vu un aye-aye.
-
J'étais totalement
subjugué par cet instant,
-
pour des raisons que je ne
m'expliquais pas totalement.
-
Parce qu'un mois auparavant je n'avais pas
même entendu parler de cet animal
-
et me voilà, la fixant du regard,
-
pensant que quelque chose d'extraordinaire
était en train de se produire.
-
J'ai donc commencé à y réfléchir un peu,
-
et voilà ce qu'il en est ressorti.
-
En voyageant jusque là,
en prenant un 747 jusqu'à Tananarive,
-
la capitale de Madagascar,
-
puis ce vieux coucou lamentable
-
qui nous a menés jusqu'au coin Nord-Ouest,
-
puis cette série de
moins en moins excellente
-
de charrettes et de camions,
-
et enfin dans cet énorme épave rouillée
jusqu'à la forêt tropicale
-
où nous marchions
à travers la forêt nuit après nuit,
-
c'était comme si nous avions
fait une sorte de voyage temporel
-
en remontant le temps
-
à travers l'histoire des technologies
à base de brindilles.
-
Et ce qu'était cette rencontre,
-
ce que ça représentait, c'était que
-
j'étais un singe
qui regardait un lémurien.
-
Et quand on y pense,
-
il y a une très longue histoire
-
qui mène à ce moment, sans qu'on réalise
-
qu'on la porte en nous.
-
Nos racines sur cette planète
remontent à très très très longtemps,
-
et on a tendance à ne pas trop y penser.
-
Et il faut une confrontation de cet ordre
-
pour prendre conscience
de l'ampleur de notre famille.
-
Je me suis dit que
c'était tout à fait fascinant.
-
J'ai parlé au type
qui faisait office de guide,
-
un zoologiste qu'on avait envoyé
-
pour s'assurer que je
ne tomberais pas d'un arbre.
-
Il s'appelait Mark Carwardine,
et je lui ai dit,
-
« J'aimerais vraiment qu'on puisse…
-
que diriez-vous qu'on aille
de par le monde
-
à la recherche d'autres espèces rares
et menacées d'animaux,
-
peut-être pour en faire un livre ? »
-
Il répondit « Eh bien c'est mon métier ! »
-
« Donc oui, d'accord. »
-
Et c'est ce qu'on a fait.
-
Il y a eu une pause à ce moment là
-
parce que je venais d'être
signé pour quelques romans.
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j'ai donc écrit Un cheval
dans la salle de bains
-
et Beau comme un aéroport,
-
et seulement après
ce fut le moment de partir.
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Et le premier endroit où nous allâmes,
-
c'était pour un certain lézard,
à savoir le dragon de Komodo.
-
Bien, vous savez à quoi
ressemblent les lézards, n'est-ce pas ?
-
je veux dire, ils font environ…
-
Le dragon de Komodo est
un peu plus grand que ça.
-
Le plus gros que nous ayons vu
faisait près de quatre mètres de long,
-
sa tête arrivait à peu près ici
-
« un putain de bestiau »,
selon le terme technique.
-
On pense qu'ils sont à l'origine
du mythe chinois du dragon
-
— parce qu'ils sont, eh bien, d'énormes
lézards géants,
-
ils sont couverts d'écailles,
mangeurs d'hommes,
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littéralement mangeurs d'hommes,
-
et s'ils ne crachent pas le
feu à proprement parler,
-
ils sont en revanche dotés de
la pire haleine connue de l'homme.
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Et ils vivent sur une île nommée Komodo.
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Comme si ça ne suffisait pas, il s'avère
-
que cette île comporte mille cinq cent
dragons mangeurs d'hommes
-
et qu'en réalité l'animal
le plus menacé de l'île
-
c'est tout sauf les dragons.
-
Et comme je l'ai dit
ils s'attaquent aux hommes.
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Ils ne vous dévorent pas immédiatement,
-
ils ne se jettent pas sur
vous pour vous engloutir.
-
Ils se faufilent en douceur
-
et vous mordent un coup.
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Mais comme leur salive est très virulente,
-
votre blessure ne guérira pas,
-
et après un moment vous mourrez.
-
Et donc un des dragons pourra vous manger
-
— peu importe que ça ne soit pas
celui qui vous a mordu—
-
ils se fient simplement à la stratégie
-
d'avoir autant de créature mortes
et mourantes autour de l'île
-
qu'ils peuvent et ça leur permet de vivre.
-
Comme si ça ne suffisait pas que l'île
-
comporte mille cinq cent
dragons mangeurs d'hommes,
-
pour rendre les choses
un peu plus intéressantes,
-
elle dispose également
de plus de serpents venimeux
-
— par mètre carré de terrain —
-
que n'importe quelle autre
surface équivalente sur terre.
-
Donc on a approché Komodo
-
— je dois bien le dire —
assez nerveusement,
-
et de manière légèrement détournée.
-
En fait on l'a approchée
de manière si détournée
-
qu'on est passés par
Melbourne en Australie.
-
Et la raison pour laquelle
nous sommes allés à Melbourne
-
était pour y rencontrer quelqu'un,
-
un certain Dr Struan Sutherland.
-
En fait je voudrais vous lire
un petit passage à son sujet,
-
c'était un expert renommé
en venin de serpent.
-
Je devrais d'abord
m'excuser avant de lire,
-
parce que mon accent australien
n'est pas très convainquant.
-
Mais après tout peu importe,
-
vous êtes tous américains et
vous ne ferez pas la moindre différence.
-
Il se trouve à Melbourne un homme
-
qui en connaît probablement
plus sur les serpents venimeux
-
que quiconque sur terre.
-
Il s'appelle Dr. Struan Sutherland,
-
et a dévoué sa vie entière
-
à l'étude du venin.
-
« Et j'en ai marre d'en parler »,
-
dit-il lorsque nous allâmes
le voir le matin suivant,
-
bardés de dictaphones et de calepins.
-
« Supporte plus toutes
ces créatures venimeuses,
-
tous ces serpents, insectes,
poissons et autres.
-
Fichues bestioles, qui
mordent tout ce qui bouge.
-
Et après les gens me
demandent quoi faire.
-
Voilà ce que je leur dis :
ne vous faites pas mordre.
-
C'est ça la réponse.
-
J'en ai marre de leur dire sans arrêt.
-
L'hydroponie, voilà
une chose intéressante.
-
J'vous parlerais autant
que vous voulez de l'hydroponie.
-
Fascinant, ce truc,
-
faire pousser artificiellement
des plantes dans de l'eau,
-
technique très intéressante.
-
Faudra qu'on sache tout là-dessus
si on va sur Mars et tout.
-
Vous allez où, déjà ? »
-
« Komodo. »
-
« Ben vous faites pas mordre,
c'est tout ce que je peux vous dire.
-
Et courez pas me voir si jamais,
parce que vous n'arriverez pas à temps,
-
et de toutes façons
j'ai déjà assez à faire.
-
Regardez-moi ce bureau,
rempli d'animaux venimeux
-
Voyez cet aquarium,
il est plein de fourmis de feu.
-
Saletés de créatures venimeuses,
qu'est-ce qu'on y peut ?
-
Enfin bref, j'ai des petites madeleines
si jamais vous avez faim.
-
Vous en voulez ?
-
Je me souviens plus ce que j'en ai fait.
-
Il y a bien du thé
mais il n'est pas très bon.
-
Mais bref, asseyez-vous, bon sang.
-
Donc, vous allez à Komodo.
-
Bon, je sais pas pourquoi
vous faites une chose pareille,
-
mais j'imagine que
vous avez vos raisons.
-
Il y a quinze types de serpents
différents sur Komodo,
-
dont la moitié sont venimeux.
-
Les seuls qui sont potentiellement mortels
-
sont la vipère de Russel,
-
la vipère bambou, et le cobra indien.
-
Le cobra indien est le quinzième
serpent le plus mortel du monde,
-
et les quatorze autres
sont tous ici en Australie.
-
C'est bien pour ça que j'ai un
mal fou à trouver du temps
-
pour avancer sur mon hydroponie,
avec tous ces serpents partout.
-
Et les araignées ! L'araignée la
plus venimeuse est l'atrax robustus,
-
on a environ cinq cent personnes par an
qui se font mordre,
-
Beaucoup mouraient,
-
alors j'ai du développer un antidote pour
qu'on arrête de me déranger tout le temps.
-
Pris un temps fou. Ensuite on a développé
un kit de détection
-
de morsures de serpents.
-
Non pas qu'il faille un kit pour savoir
que vous avez été mordu par un serpent
-
vous êtes généralement au courant,
mais le kit permet de savoir
-
quel type de serpent vous a mordu
pour vous traiter convenablement.
-
Voulez-vous voir un kit ? J'en ai
quelques uns dans le frigo à venin.
-
Voyons voir. Ah, voilà, les madeleines
sont là dedans aussi.
-
Vite, prenez-en tant
qu'elles sont fraîches.
-
Des madeleines, les ai faites moi-même. »
-
Il distribua les kits de
détection de venin de serpent
-
et ses madeleines maison,
et se réfugia derrière son bureau,
-
d'où il nous souriait joyeusement
-
derrière sa barbe bouclée
et son nœud papillon.
-
Nous admirâmes les kits constitués
de petites boîtes efficaces
-
proprement remplies de petites bouteilles,
une pipette, une seringue,
-
et un jeu d'instructions compliquées
-
que je ne voudrais pas avoir à lire
la première fois dans la panique.
-
Puis nous lui demandâmes par
combien de serpent il avait été mordu.
-
« Pas un seul », répondit-il.
-
« Une de mes autres spécialités
-
est de faire manier les animaux dangereux
par d'autres personnes.
-
Le ferais pas moi-même.
Veux pas être mordu, pas vrai ?
-
Vous savez ce qu'il y a écrit sur
la couverture de mon livre ?
-
'Passe-temps : jardiner, avec des gants;
-
pêcher, avec des bottes;
-
voyager, avec précaution.'
-
Voilà la réponse. Quoi d'autre ?
-
En plus des bottes, portez des
pantalons amples et épais.
-
Et préférablement marchez derrière
une douzaine de personnes
-
faisant autant de bruit que possible.
-
Les serpents ressentent les vibrations
et libèrent le passage.
-
Sauf si c'est une vipère de la mort,
-
qu'on appelle aussi sourde comme un mort,
-
qui reste là sans bouger.
-
On peut lui marcher par dessus
sans que rien ne se passe.
-
J'ai entendu parler de douze personnes
en file indienne qui marchèrent par dessus
-
et la douzième lui a marché dessus
accidentellement et s'est faite mordre.
-
C'est d'ordinaire assez sûr
d'être le douzième de la file.
-
Vous ne mangez pas vos madeleines.
-
Allez, avalez-moi ça,
-
il y en a plein d'autres
dans le frigo à venin. »
-
Nous demandâmes avec hésitation
si nous pouvions
-
emporter un kit de détection de morsure
de serpent avec nous sur Komodo.
-
« Sûr, vous pouvez,
-
prenez-en autant que vous voudrez.
-
Vous avancera pas plus, ils ne marchent
que pour les serpents australiens. »
-
« Alors que faire en cas de morsure par
animal mortel ? » demandai-je.
-
Il cligna des yeux
comme si j'étais stupide.
-
« Eh bien que croyez-vous
que vous ferez ? » dit-il.
-
« Vous mourrez, bien sûr.
C'est ce que mortel signifie. »
-
« Et si on coupe la plaie et aspire
le poison ? », demandai-je.
-
« Je n'aimerais pas être
à votre place », dit-il.
-
« Je ne voudrais pas
d'une rasade de poison.
-
Devrait pas vous faire de mal, ceci dit,
-
les toxines de serpent ont
une grande masse moléculaire
-
donc ils ne pénétreront pas
les veines de la bouche
-
comme l'alcool
ou certaines drogues.
-
Et ensuite le poison est détruit
par les acides de l'estomac.
-
Mais ça ne fera pas nécessairement
grand bien non plus.
-
Vous n'arriverez probablement
pas à extraire beaucoup de poison,
-
mais vous allez sûrement
endommager la plaie en essayant.
-
Et dans un endroit comme Komodo, vous
aurez vite une plaie gravement infectée
-
à gérer, en plus d'une jambe
pleine de poison.
-
Septicémie, gangrène
et consorts, ça vous tuera. »
-
« Et si on fait un garrot ? » demandai-je.
-
« Très bien, si ça ne vous embête
pas de perdre la jambe après.
-
C'est ce qui vous attend
parce que si vous bloquez
-
complètement l'afflux sanguin,
elle va nécroser.
-
Et si vous trouvez quelqu'un
dans cette partie de l'Indonésie
-
en qui vous avez assez confiance
pour vous couper la jambe
-
alors vous êtes plus courageux que moi.
-
Non, la seule chose
que vous pouvez faire,
-
c'est d'appliquer un bandage de
compression sur la plaie
-
et envelopper fermement la jambe,
mais pas trop.
-
Ralentissez l'afflux sanguin mais ne
le bloquez pas ou vous perdrez la jambe.
-
Tenez la jambe, ou la partie mordue,
-
plus basse que le cœur et la tête.
-
Restez totalement immobile,
-
respirez lentement,
-
et voyez un docteur immédiatement.
-
Si vous êtes sur Komodo
ça veut dire pas avant deux jours,
-
à ce point là vous serez raide mort.
-
Non, la seule réponse, et je dis
ça très sérieusement,
-
c'est : ne vous faites pas mordre.
-
Il n'y pas de raison que ça arrive.
-
Tous les serpents s'écarteront
de votre chemin
-
bien avant que vous les voyiez.
-
Vous n'avez pas à vous inquiéter des
serpents si vous faites attention.
-
Non, ce qui devrait vraiment vous
inquiéter ce sont les créatures marines. »
-
« Quoi ? »
-
« Rascasses, poissons-pierre,
serpents marins.
-
Bien plus venimeux que
tout ce qu'il y a sur terre.
-
Faites vous piquer par un poisson-pierre
et la douleur vous tuera à elle seule.
-
Certains se noient juste
pour arrêter la douleur. »
-
« Où sont toutes ces choses ? »
-
« Oh, seulement dans la mer. Des tonnes.
-
Je m'en approcherais pas si j'étais vous.
-
Pleine d'animaux venimeux. Les déteste. »
-
« Y a-t-il des choses que vous aimez ? »
-
« Oui », dit-il, « L'hydroponie. »
-
« Non », dis-je, « y a-t-il
des animaux venimeux
-
auxquels vous soyez
particulièrement attaché ? »
-
Il regarda à travers la fenêtre un moment.
-
« Autrefois », dit-il,
« mais elle m'a quitté. »
-
Enfin, l'animal que je préfère de tous
ceux que nous sommes allés voir,
-
mon préféré, était
un animal appelé kakapo.
-
Et le kakapo est un genre de perroquet.
-
Il vit en Nouvelle Zélande.
-
C'est un perroquet ratite,
il a oublié comment voler.
-
Malheureusement, il a également oublié
qu'il a oublié comment voler.
-
Donc un kakapo gravement inquiet pourrait
grimper à un arbre et en sauter.
-
On est partagé sur ce
qui se produit ensuite :
-
certains disent qu'il a développé un genre
d'aptitude rudimentaire au parachutisme,
-
d'autres disent qu'il vole
un peu comme une brique.
-
Mais en réalité
-
— je vous ai parlé d'un
kakapo gravement inquiet—
-
le fait est que vous aurez du mal à
trouver un kakapo gravement inquiet
-
parce que les kakapos n'ont
pas appris à s'inquiéter.
-
Cela semble une chose incroyable à dire
-
parce que nous sommes tous
très doués pour l'inquiétude
-
et que celle ci nous
vient très naturellement,
-
nous pensons que ce doit
être aussi naturel que de respirer.
-
Mais il s'avère que s'inquiéter
-
est tout simplement une habitude
qui s'acquiert comme tout autre chose.
-
Vous êtes disposé génétiquement
à le faire ou ne pas le faire.
-
Et comme le kakapo s'est développé
en Nouvelle Zélande
-
qui était, jusqu'à ce que l'homme arrive,
un pays qui n'avait aucun prédateur.
-
Et ce sont les prédateurs qui,
au fil des générations,
-
vous apprendront à vous inquiéter.
-
Et si vous n'avez pas de prédateur, alors
vous n'aurez pas besoin de vous inquiéter.
-
Comme je l'ai dit plus tôt,
la Nouvelle Zélande s'avère
-
n'être qu'un tas de saletés qui a
émergé des profondeurs de l'océan.
-
Et c'est pourquoi, lorsqu'elle a émergé,
-
aucune faune ne s'y trouvait
— peut-être quelques poissons morts.
-
Donc les seuls animaux qui
vivaient en Nouvelle Zélande
-
étaient les animaux qui ont pu voler
jusque là, à savoir les oiseaux.
-
Il y a également quelques
espèces de chauves-souris
-
qui sont des mammifères,
mais vous comprenez l'idée.
-
Donc seuls les oiseaux vivaient
en Nouvelle Zélande.
-
Et, en l'absence de prédateurs,
-
ils n'avaient pas à s'inquiéter.
-
Ce qui est assez compliqué
à imaginer pour nous
-
parce que nous n'avons jamais rencontré
d'environnement dépourvu de prédateurs.
-
Pourquoi pas ? Parce que nous sommes
des prédateurs
-
et qu'en conséquence,
si nous nous trouvons
-
dans cet environnement,
celui-ci contient des prédateurs.
-
Pour les européens qui arrivèrent
originellement en Nouvelle Zélande
-
… pardon, c'était maladroit de ma part.
-
Bien évidemment, il y avait
avant eux les Māoris
-
et encore avant les Morioris, les
Māoris ont mangé les Morioris
-
et ensuite les européens sont arrivés.
-
Mais avant que tout cela se produise,
comme je le disais,
-
l'île ne comportait aucun prédateur, et
les oiseaux menaient une vie tranquille.
-
Vous pouvez trouver un autre example
de cela si vous allez au Galapagos,
-
Il se trouve un autre type d'animal,
un type d'oiseau sur les îles Galapagos,
-
appelé fou à pieds bleus.
-
Et le fou à pieds bleus s'appelle ainsi
— je pense — pour deux raisons :
-
l'une qui a à voir
avec la couleur de ses pieds,
-
et l'autre qui concerne
le comportement suivant.
-
Parce qu'apparemment, vous pouvez
vous approcher d'un fou à pieds bleus
-
— installé là sur la plage
ou sur une branche —
-
vous pouvez vous approcher
et simplement le soulever.
-
Et ce que le fou pensera,
-
c'est qu'une fois que vous en
aurez fini avec lui vous le reposerez.
-
Et si vous n'avez pas vécu
-
avec des générations et des générations
de gens qui cherchent à vous manger,
-
on en vient très facilement
à cette conclusion.
-
Donc le kakapo, comme je le disais,
-
s'était développé dans un
environnement sans prédateur.
-
Et parce qu'ils étaient tous des oiseaux,
-
et parce que la nature
est très opportuniste,
-
et que la vie s'infiltrera dans le moindre
interstice où elle peut exister,
-
donc — si je peux être très osé et faire
de l'anthropomorphisme un instant —
-
c'est comme si les
oiseaux avaient réalisé,
-
« Bon, cette histoire de
vol est très coûteuse.
-
Ça prend beaucoup d'énergie,
-
on doit manger un peu, voler un peu
-
voler un peu, manger un peu,
-
parce qu'à chaque fois qu'on
mange un truc
-
on est plus lourds
et c'est plus fatiguant de voler,
-
il doit bien y avoir
d'autres façons de vivre. »
-
Et donc c'est comme si
certains oiseaux disaient,
-
« En fait, ce qu'on pourrait faire, c'est
prendre un plus gros repas,
-
et faire une dandinade après. »
-
Et donc graduellement sur des générations
-
nombre d'oiseaux ont
perdu la faculté de voler.
-
Ils ont embrassé la vie terrienne.
-
Le kiwi, —je suppose— l'oiseau le plus
célèbre de Nouvelle Zélande
-
et le weka, et le vieux perroquet nocturne
— comme on l'appelle — le kakapo.
-
Qui est cette espèce d'oiseau gros, gras,
doux, duveteux et lugubre.
-
Et parce qu'il n'a jamais
appris à s'inquiéter,
-
lorsque l'Homme est arrivé avec
-
sa ménagerie mortelle de
chiens, chats, et hermines,
-
et l'animal le plus destructeur de tous
-
— hormis l'Homme— à savoir rattus rattus,
le rat du navire,
-
Subitement, ces oiseaux se
dandinaient à toutes jambes.
-
À ceci près qu'ils ne savaient
même pas comment faire
-
parce qu'une fois confrontés
à un animal prédateur,
-
ils ignoraient quoi faire,
-
ils ne connaissaient pas le protocole,
-
ils attendaient simplement que
l'autre animal fasse le geste suivant,
-
et bien sûr — comme attendu —
celui-ci était rapide et mortel.
-
On est donc passé subitement
d'une population de
-
— on ne sait pas exactement combien —
-
vraisemblablement moins d'un million,
-
mais de centaines de
milliers de ces oiseaux,
-
leur population a chuté à un taux
incroyable vers la petite quarantaine.
-
Ce qui constitue grossièrement
la population actuelle.
-
Et donc il y a des groupes de personnes
qui ont voué leurs vies entières
-
à essayer de sauver ces animaux,
et de les conserver.
-
Et l'un des problèmes
qu'ils ont rencontrés
-
est que bien qu'il soit très bon
de simplement les protéger
-
—des prédateurs—
ce qui est très très difficile.
-
Mais le problème suivant
qu'ils ont rencontré
-
c'est les mœurs nuptiales du kakapo.
-
Parce qu'il s'avère
que ses mœurs nuptiales
-
n'en finissent incroyablement pas,
-
sont fantastiquement compliquées,
-
et quasi-complètement inefficaces.
-
Certains vous diraient
que l'appel du kakapo mâle
-
repousse activement le kakapo femelle,
-
ce qui est le genre de comportement
-
qu'on ne trouverait par ailleurs
que dans les discothèques.
-
Les personnes qui ont entendu
l'appel du kakapo mâle
-
vous diront qu'on ne peut
qu'à peine l'entendre
-
c'est comme une espèce de…
je vais vous dire ce qu'ils font.
-
Cet animal, durant
une centaine de nuit dans l'année,
-
va suivre son rituel nuptial.
-
Et ce qu'il fait, c'est de trouver
un grand affleurement rocailleux
-
dominant les grandes vallées
déferlantes de Nouvelle Zélande,
-
parce que l'acoustique est très
importante pour ce qui va se produire.
-
Il creuse une espèce
de bol dans lequel il se tient.
-
Et il se tient là,
-
et il remplit ces espèces de
sacs d'air qu'il a sur le torse.
-
Et il se tient là
-
— et ce sont des caisses de résonance —
-
et il se tient là, nuit après nuit
-
durant une centaine de nuit dans l'année,
-
pendant huit heures d'affilée,
-
il joue les premières mesures
de Dark Side of the Moon.
-
Je vois qu'il y a des
cheveux gris parmi vous
-
donc vous voyez de quel album je parle.
-
Qui, comme vous vous en
souvenez, commence par
-
cet espèce de grand boum, boum, boum,
-
c'est le son d'un battement de cœur.
-
Et c'est le bruit que fait le kakapo.
-
Mais le son est tellement grave
-
que vous le ressentez plus comme un
tremblement dans le creux de l'estomac.
-
Vous pouvez à peine l'entendre.
-
Je n'ai jamais pu l'entendre moi-même,
-
mais ceux qui l'ont pu,
disent que c'est un son très étrange
-
parce que vous ne l'entendez pas
vraiment, vous le ressentez plus.
-
Et c'est un son grave.
-
C'est un son très très grave de basse,
-
juste en dessous de notre
capacité à l'entendre
-
Il se trouve que les sons graves
ont deux caractéristiques importantes.
-
La première est que ces ondes très longues
-
ces ondes sonores très longues
traversent de grandes distances,
-
et remplissent les grandes vallées de
l'île méridionale de la Nouvelle Zélande.
-
Ce qui est une bonne chose.
C'est une bonne chose.
-
Mais l'autre caractéristique
des sons graves,
-
avec laquelle vous êtes
peut-être familiers,
-
si vous avez ces enceintes
stéréo qu'on peut trouver.
-
Vous avez deux tout petits haut-parleurs
qui vous donnent les aigus,
-
et vous devez les placer très
précautionneusement dans la pièce,
-
parce qu'ils vont définir
votre paysage stéréo.
-
Et puis vous avez celui connu
sous le nom de subwoofer
-
qui se charge des sons graves,
-
et vous pouvez le mettre
n'importe où dans la pièce.
-
Vous pouvez le mettre derrière
le canapé si vous voulez,
-
parce que l'autre caractéristique
des sons graves
-
— et rappelez vous qu'on parle ici
de l'appel du kakapo mâle —
-
c'est qu'on ne peut pas
déterminer sa provenance !
-
Imaginez donc,
-
le kakapo mâle qui se tient là,
-
faisant ce grondement qui,
-
s'il y a une femelle par là
—probablement pas—
-
et si elle aime ce grondement
—probablement pas—
-
alors elle ne peut même pas trouver
la personne qui le produit !
-
Mais en supposant qu'elle le soit,
-
en supposant qu'elle soit par là
—probablement pas—
-
et qu'elle aime son grondement
—probablement pas—
-
en supposant qu'elle le trouve
—probablement pas—
-
elle ne consentira à s'accoupler que
si le podocarpus porte des fruits !
-
Bon, on a tous eu des relations comme ça…
-
Mais en supposant qu'ils
traversent tous ces obstacles,
-
en supposant qu'elle
parvienne à le trouver,
-
elle ne pondra qu'un œuf
tous les deux ou trois ans
-
qui sera rapidement gobé
par une hermine ou un rat.
-
Et vous devez penser à ce stade
-
—avant même d'essayer de
les sauver et de les conserver—
-
comment diable sont-ils
parvenus à survivre jusqu'ici !
-
Et la réponse est
particulièrement intéressante :
-
cela nous paraît un comportement absurde,
-
mais c'est uniquement parce que
l'environnement a changé
-
d'une façon particulière et dramatique
-
qui nous est totalement imperceptible.
-
Et ce comportement est parfaitement
adapté à l'environnement
-
dans lequel il s'est développé,
-
et complètement inadapté à celui
dans lequel il se trouve maintenant.
-
Parce que dans un environnement
où rien n'essaye de vous tuer,
-
vous évitez de vous reproduire trop vite.
-
Et il se trouve qu'on peut le
simuler sur un ordinateur.
-
Si vous avez un taux de
reproduction donné,
-
et que vous prenez la capacité
de tout environnement
-
à subvenir aux besoins
d'une population donnée,
-
et que vous commencez par un taux
de reproduction assez faible,
-
et que vous le tracez
sur plusieurs générations
-
vous verrez que la population
grimpe de plus en plus
-
pour finir par se stabiliser
sur un joli plateau.
-
Augmentez un peu le taux de reproduction,
-
et elle grimpe un peu plus haut,
-
et puis elle se stabilise et s'équilibre.
-
Augmentez encore un peu
le taux de reproduction,
-
et elle grimpe, et va trop haut,
-
et redescend, et va trop bas,
-
regrimpe trop haut, et se stabilise
sur une onde sinusoïdale.
-
Augmentez encore, et elle oscillera
entre quatre valeurs différentes.
-
Augmentez encore et encore,
-
et vous atteindrez subitement la condition
terriblement chic nommée chaos.
-
Où la population de l'animal bascule
violemment d'une année sur l'autre,
-
et finira par atteindre zéro à un moment
-
rien que par les simples
mathématiques de la situation.
-
Et une fois que vous atteignez zéro,
il n'y a plus vraiment de retour possible.
-
Et donc, parce que la nature tend
à être très parcimonieuse
-
elle ne va pas mettre de
l'énergie et des ressources
-
sur quelque chose voué à disparaître.
-
Donc le taux de reproduction d'un animal
dans un environnement sans prédateur
-
s'ajustera à un niveau de
reproduction approprié.
-
Donc, s'il n'y a rien qui essaye
particulièrement de vous manger,
-
alors ce taux de reproduction
sera très bas.
-
Et c'est celui auquel le
kakapo se reproduisait,
-
et continue de se reproduire bien qu'il
soit désormais victime de prédateurs,
-
parce qu'il ne sait pas mieux faire.
-
Parce que rien ne lui a appris
à faire autrement jusque là,
-
parce que ce changement
s'est produit si soudainement,
-
qu'il n'y a pas de pente,
-
il n'y a pas de pente de
pression évolutive graduelle
-
ce qui est la chose qui tend
à apporter le changement.
-
Si vous avez un changement
dramatique et soudain,
-
alors il n'y a aucune orientation et
vous avez simplement un désastre.
-
Donc, si je peux encore verser dans
l'anthropomorphisme un moment,
-
ce qui semble s'être produit,
c'est que l'animal
-
qui atteint soudainement une
crise de population pense,
-
« Ouah ! Je ferais bien de faire
-
ce que je fais parfaitement bien,
faire ce qui est mon truc,
-
à savoir me reproduire
très très lentement ! »
-
Et sa population s'effondre.
-
« Bon, je ferais bien de
vraiment faire mon truc,
-
et me reproduire très très
très très lentement ! »
-
Et ça nous paraît absurde parce
qu'on peut voir plus loin qu'eux.
-
Mais si c'est le genre de comportement
qui vous a permis d'évoluer avec succès,
-
alors faire quoi que ce soit d'autre
irait à l'encontre de la nature du kakapo,
-
ce serait antikakapoesque.
-
Et il n'a rien pour lui enseigner de faire
autrement que ce qu'il a toujours fait,
-
de suivre sa stratégie fructueuse,
-
et parce que les temps
ont changé autour de lui,
-
ça n'est plus une stratégie fructueuse,
et l'animal est en grand danger.
-
Il y a un autre animal que
nous sommes allés trouver,
-
qui se trouve encore plus mal à présent.
-
Il s'agit du Baiji, le dauphin
du Yang-Tsé-Kiang,
-
qui est un dauphin fluvial
quasiment aveugle.
-
La raison pour laquelle
il est quasiment aveugle,
-
est qu'il n'y a rien à voir
dans le Yang-Tsé-Kiang.
-
Des milliers et des milliers
d'années d'agriculture
-
au long des berges du Yang-Tsé-Kiang
-
ont délavé dedans tant de boue et de vase,
-
que le fleuve est devenu
totalement turbide,
-
un mot dont j'ignorais le sens
-
avant d'avoir vu le Yang-Tsé-Kiang,
-
et en gros on ne peut rien voir dedans.
-
Donc ces animaux, ces dauphins,
-
ont graduellement abandonné
l'usage de la vue.
-
Comme nous le savons tous,
les mammifères marins disposent
-
également d'une autre faculté,
-
qu'ils peuvent développer,
à savoir celle du son.
-
Et donc pour le dauphin du Yang-Tsé-Kiang
au cours des millénaires,
-
tandis que leur vue se détériorait,
-
leur capacité au sonar est devenue
de plus en plus sophistiquée,
-
plus puissante et plus complexe.
-
Et c'est très intéressant, vous pouvez
réellement observer
-
le développement d'un fœtus de baiji,
-
et vous verrez — comme vous
le savez peut-être —
-
il y a une certaine validité dans l'idée
-
que le développement du fœtus
récapitule les étapes
-
dans le développement
évolutif d'un animal.
-
Et vous verrez, juste au début
du développement du fœtus,
-
que les yeux sont dans leur position
normale pour un dauphin,
-
à savoir assez bas sur
les côtés de la tête.
-
Et graduellement, alors que les
générations se sont succédées,
-
ses yeux ont en quelque sorte
migré vers le haut de la tête,
-
et vous pouvez observer cela
durant le développement du fœtus.
-
Parce que graduellement,
au fil des générations,
-
sa seule source de lumière
venait directement d'au dessus
-
et il n'y avait pas de
lumière ambiante, et enfin,
-
alors que cela aussi
finit par disparaître,
-
les yeux se sont atrophiés graduellement
en conséquence.
-
Et le sonar a pris le relai à la place.
-
Et ces animaux ont développé des
capacités incroyablement sensibles,
-
et incroyablement précise, pour se diriger
-
dans l'eau en utilisant
seulement le sonar.
-
Et tout se passait pour le mieux.
-
Jusqu'au vingtième siècle, quand l'Homme
invente le moteur diesel.
-
Et subitement c'est l'enfer
qui se déchaîne
-
sous la surface du Yang-Tsé-Kiang,
-
parce qu'il est subitement
rempli de bruit.
-
Et donc subitement, ces animaux se
-
retrouvent pris au piège
dans une chose qu'ils ne
-
— que personne n'avait
aucun moyen de prévoir —
-
que ce dont ils dépendaient désormais
-
était totalement anéanti
-
par la pollution sonore qu'on
a mis dans les océans.
-
Et subitement ces animaux
-
qui étaient si sophistiqués
-
dans leur capacités à se diriger,
-
se retrouvent à se cogner n'importe où,
contre les bateaux,
-
contre les hélices des bateaux,
-
à se retrouver emprisonnés
dans les filets de pêcheur etc.
-
parce qu'on a en gros ruiné
la dernière de leurs facultés.
-
Et c'est un sentiment très étrange,
-
je me souviens être assis sur un
bateau sur le Yang-Tsé-Kiang
-
essayant de regarder
-
— ce qu'on ne pouvait faire parce qu'il
est turbide comme vous vous en souvenez —
-
et réalisant que tout ce bruit
là dessous voulait dire que…
-
C'est très curieux de penser que
-
un dauphin aurait pu
se trouver là tout près
-
— je n'en savais rien, à ce stade là,
c'était il y a une dizaine d'années,
-
il n'en restait que deux cents
-
dans un bras d'eau d'environ
300 kilomètres de long,
-
on ignorait donc s'il s'en
trouvait un dans les parages—
-
mais c'est curieux parce que
vous vous dites que si vous
-
et une autre personne,
une autre créature, vous retrouvez
-
dans le même monde, alors vous
devez ressentir à peu près la même chose.
-
Mais l'une des choses
dont vous prenez conscience
-
en observant différents animaux c'est
qu'à cause de leur histoire évolutive,
-
et à cause des façons
dont ils se sont développés,
-
et des moyens qu'ils ont
de percevoir le monde,
-
ils ont beau habiter le même monde,
-
ils n'en vivent pas moins dans
un univers radicalement différent.
-
Un univers réellement différent,
parce que vous créez
-
votre propre univers à partir des données
sensorielles qui vous parviennent.
-
Donc, vous réalisez que vous êtes là,
et qu'un dauphin est là,
-
et que tout va bien pour vous, tandis que
le dauphin pourrait bien vivre l'enfer.
-
Mais il n'a aucun moyen
de vous le communiquer
-
parce que disons que
nous avons pris le contrôle
-
et il n'y a aucun moyen
de signifier à la direction
-
qu'il y'a un problème.
-
Donc, je me suis subitement intéressé
à l'environnement sonore
-
dans le Yang-Tsé-Kiang.
-
Il se trouve que nous étions venus
enregistrer des émissions pour la BBC,
-
et donc en plus du zoologiste
Mark Carwardine,
-
nous avions également avec nous
un ingénieur du son de la BBC.
-
Je lui ai donc dit,
-
« Pourrions-nous immerger
un micro dans le Yang-Tsé
-
pour voir ce qu'on y entend ? »
-
Et il a dit,
-
« J'aurais préféré que vous me demandiez
ça avant de quitter Londres. »
-
Et je lui ai dit « Pourquoi ? »
-
Et il a dit, « Eh bien,
j'aurais pu y prendre
-
un micro étanche mais bon,
-
vous n'avez pas parlé
d'enregistrer sous l'eau. »
-
Et j'ai dit, « Non, en effet. Peut-on
y faire quelque chose ? »
-
Et il a dit « Eh bien, il y a bien
une technique
-
qu'on nous enseigne à la BBC pour
enregistrer sous l'eau en cas d'urgence.
-
L'un de vous a-t-il des
préservatifs sur lui ? »
-
Nous n'en avions pas.
Ce n'était pas ce genre de voyage.
-
Mais nous avons décidé que
nous ferions bien d'en acheter.
-
Et nous voilà dans les rues de Shanghai,
tentant d'acheter des préservatifs,
-
et je voudrais vous lire
un passage à ce sujet.
-
Le Magasin de l'Amitié semblait un endroit
prometteur pour acheter des préservatifs,
-
mais nous eûmes certaines difficultés
à faire passer le message.
-
Nous passâmes d'un comptoir à l'autre
dans le grand magasin en espace ouvert,
-
constitué de divers stands individuels,
-
étals et comptoirs, mais nul
ne put nous aider.
-
Nous commençâmes par les étals qui
semblaient vendre
-
des fournitures médicales,
mais fîmes chou blanc.
-
Lorsque nous arrivâmes aux étals
-
qui vendaient des serre-livres
et des baguettes
-
nous sûmes que la quête était vaine,
-
mais au moins nous trouvâmes une jeune
assistante commerciale
-
qui parlait anglais. Nous tentâmes de lui
expliquer ce que nous voulions,
-
mais semblâmes atteindre les limites
de son vocabulaire assez rapidement.
-
Alors, je sortis mon calepin et dessinai
soigneusement un préservatif,
-
y compris le petit réservoir au bout.
-
Elle fronça les sourcils,
mais ne comprit toujours pas.
-
Elle nous apporta une cuiller en bois,
-
une bougie, une sorte de coupe-papier et,
assez étonnamment,
-
un petit modèle en porcelaine
de la Tour Eiffel
-
avant de s'effondrer
dans une posture de défaite.
-
Les autres filles de l'étal
s'approchèrent pour nous aider,
-
mais elles furent également
déroutées par notre dessin.
-
Enfin, je puisai le courage d'effectuer
un petit mime délicat,
-
et enfin ça a fait tilt.
-
« Ah ! », dit la première fille,
subitement tout sourire, « Ah oui ! »
-
Elles rayonnèrent toutes avec délice
alors qu'elles comprenaient.
-
« Vous comprenez ? » demandai-je.
-
« Oui ! Oui, je comprends. »
-
« En avez-vous ? »
-
« Non », dit-elle. « Pas avoir ».
-
« Oh. »
-
« Mais, mais, mais… »
-
« Oui ? »
-
« Je dis à vous où vous aller, OK ? »
-
« Merci, merci beaucoup. Oui. »
-
« Vous aller 616 Nanjing Road.
OK. Ils ont là.
-
Vous demander 'caoutchouteur'. OK ? »
-
« Caoutchouteur ? »
-
« Caoutchouteur. Vous demander.
Eux avoir. OK. Bonne journée. »
-
Elle ricana joyeusement,
la main couvrant sa bouche.
-
Nous les remerciâmes à nouveau,
abondamment, puis partîmes
-
dans de grands signes et
de grands sourires.
-
La nouvelle sembla s'être propagée
très rapidement au sein du magasin,
-
et tout le monde nous salua.
-
Ils semblaient vraiment contents
qu'on leur ait demandé.
-
Lorsque nous atteignîmes le 616 Nanjing
Road, qui s'avéra être
-
un autre grand magasin
et non un lupanar
-
comme on s'y attendait à moitié,
-
notre prononciation de 'caoutchouteur'
sembla nous faire défaut
-
et produire une autre vague
d'incompréhension déconcertée.
-
Cette fois je fis directement le mime
qui nous servit si bien précédemment,
-
et celui-ci sembla faire
l'affaire immédiatement.
-
L'assistante commerciale, une dame un peu
plus âgée à la chevelure austère,
-
marcha droit vers une armoire à tiroirs,
-
nous ramena une boîte et la posa
-
triomphalement sur le comptoir
devant nous.
-
Victoire, pensions-nous
en ouvrant la boîte
-
pour constater qu'elle contenait
une plaquette de pilules.
-
« Bonne idée », dit Mark dans un soupir.
« Mais mauvaise méthode. »
-
Nous pataugeâmes à nouveau rapidement
-
alors que nous tentions d'expliquer à la
dame désormais légèrement offensée
-
que ça n'était pas exactement
ce que nous cherchions.
-
À ce point là, une foule d'une quinzaine
de badauds s'était assemblée alentour,
-
dont certains, j'en étais convaincu,
-
nous avaient suivis depuis
le Magasin de l'Amitié.
-
L'une des chose que vous découvrez
rapidement en Chine,
-
c'est que nous y sommes tous au zoo.
-
Si vous restez sans bouger
pendant un moment,
-
les gens vont s'attrouper
et vous regarder fixement.
-
Ce qui est perturbant c'est qu'ils ne
vous fixent pas attentivement
-
ni avec curiosité, ils se tiennent
simplement là, souvent juste devant vous,
-
et vous observent avec le regard aussi
vide que si vous étiez une pub pour
-
de la nourriture pour chien.
-
Enfin, un jeune homme à la mine pâteuse
et portant des lunettes
-
se faufila à travers la foule et dit
qu'il parlait anglais en offrant son aide.
-
Nous le remerciâmes et lui dîmes que,
oui, nous voulions des préservatifs,
-
des caoutchouteurs, et que nous lui
serions reconnaissants de l'expliquer.
-
Il sembla perplexe,
-
prit la boîte rejetée qui
gisait sur le comptoir
-
devant l'assistante commerciale
offensée et dit,
-
« Pas vouloir caoutchouteur. Ça mieux. »
-
« Non », dit Mark.
-
« Nous voulons vraiment des caoutchouteurs
, pas des pilules. »
-
« Pourquoi vouloir caoutchouteurs ?
Pilules mieux ! »
-
« Dis lui, toi » dit Mark.
-
« C'est pour enregistrer
les dauphins, » dis-je.
-
« Enfin pas les dauphins eux-mêmes.
-
Ce qu'on veut enregistrer, c'est le bruit
dans le Yang-Tsé qui…
-
c'est pour recouvrir le micro,
voyez-vous, et… »
-
« Oh, dis lui simplement que tu
veux baiser »
-
dit l'ingénieur du son.
-
« Et que tu ne peux pas attendre. »
-
Mais à ce point là le jeune homme
s'éloignait de nous nerveusement,
-
réalisant subitement que nous
étions des fous dangereux,
-
avec qui il valait mieux se prêter
au jeu et s'échapper.
-
Il dit quelque chose avec hâte
à l'assistante commerciale
-
et se réfugia dans la foule.
-
L'assistante commerciale haussa les
épaules, ramassa les pilules,
-
ouvrit un autre tiroir et en
sortit une boîte de préservatifs.
-
Nous en achetâmes neuf,
juste par précaution.
-
Quelques jours plus tard
-
nous nous tenions sur
les berges du Yang-Tsé,
-
en un jour bruineux et grisâtre.
-
Et nous avons mis le microphone dans
cette espèce de petite chose rose,
-
et l'avons plongé dans l'eau.
-
Et, je n'ai pas l'habitude de
faire des imitations,
-
mais je vais imiter pour vous
-
le son qu'on peut entendre sous
la surface du Yang-Tsé.
-
Et c'est quelque chose comme ça
-
Le Yang-Tsé-Kiang, Mesdames et Messieurs.
-
Et j'ai réalisé tout d'un coup
la chose épouvantable
-
que nous infligions à ces pauvres animaux,
-
qui vivaient dans un monde de sons
et d'ouïe ultra sensible.
-
Et c'était la raison pour laquelle ces
animaux étaient désormais
-
désespérément en danger parce qu'après
leur avoir enlevé un mode de vie,
-
nous leur en enlevions
maintenant un autre.
-
Le problème c'est qu'on est sur le point
d'en enlever un troisième,
-
je vous ai dit que je me
trouvais là bas il y a dix ans,
-
il n'en restait que deux cents,
-
aujourd'hui ils sont vingt.
-
Et parce que les Chinois bâtissent
ces gigantesques barrages
-
pour endiguer le Yang-Tsé sur l'un
-
des sites les plus beaux et les
plus spectaculaires du monde,
-
les Trois Gorges, qu'ils vont endiguer
-
ce qui veut dire que le dauphin du Yang-
Tsé sera certainement éteint d'ici là.
-
Et c'est horriblement triste.
-
Ce qu'il y a de particulier
avec les barrages,
-
c'est qu'on continue d'en bâtir
-
et qu'aucun d'eux ne fait
jamais le moindre bien.
-
Ça n'est pas tout à fait vrai,
-
parce que malheureusement il y en a
-
— dans l'histoire de l'érection
des barrages—
-
deux qui ont fonctionné,
l'un est le barrage Hoover
-
et l'autre se trouve dans le Nord-Ouest
du Pacifique, le barrage de Grand Coulée.
-
Mais aucun des autres ne fonctionne.
-
Et pour une certaine raison, nous
n'arrivons jamais à nous en empêcher…
-
nous nous disons toujours qu'on
n'en construira qu'un seul de plus.
-
Je pense qu'on doit avoir des gènes de
castor aux tréfonds de notre…
-
Mais ce qu'il y a de triste c'est que
le dauphin du Yang-Tsé
-
est voué sans le moindre
doute à l'extinction.
-
Et ça me semble très particulier
-
que nous vivions actuellement
dans un âge extraordinaire,
-
une renaissance extraordinaire,
-
parce que nous en sommes au point
-
où nous comprenons tout d'un coup
la valeur de l'information,
-
plus que jamais.
-
L'âge dans lequel nous
vivons est celui de l'information.
-
Et nous avons découvert
que l'information est
-
la ressource la plus précieuse
que nous avons.
-
Et comme vous le savez, nous venons
de dépenser des milliards de dollars
-
— à juste titre — à essayer de comprendre
le génome humain,
-
et ça n'est là qu'une espèce,
rien que nous.
-
Et nous en sommes venus à comprendre et
-
réaliser la valeur incroyable
de l'information.
-
Et jusqu'ici nous n'avions jamais compris
-
comment tout fonctionnait ensemble,
-
parce que jusqu'ici nous avions…
-
disons-le comme ça.
-
De par le passé nous avons bâti la science
-
en démontant les choses
-
pour voir comment elles fonctionnent.
-
Et cela nous a conduit à
d'extraordinaires découvertes,
-
un degré de compréhension incroyable,
-
mais le problème de démonter les
choses pour comprendre leur fonctionnement
-
c'est que même si cela vous emmène
jusqu'aux particules fondamentales,
-
les principes fondamentaux, les forces
fondamentales en œuvre,
-
nous ne comprenons pas
vraiment leur fonctionnement
-
tant que nous ne les voyons pas à l'œuvre.
-
Une des choses qui ont émergé
-
à l'aune de la compréhension
des principes fondamentaux,
-
c'est cette chose appelée ordinateur.
-
Et ce qu'il y a de formidable avec
l'ordinateur c'est que,
-
contrairement aux outils
analytiques précédents,
-
— et ils étaient quelque peu…
-
c'est étonnant combien de ces
choses ont à voir avec le verre,
-
quand nous avons découvert le verre,
qui est une forme du sable,
-
nous avons inventé les lentilles,
et levé les yeux au ciel.
-
Et nous avons découvert,
avec cela, les choses…
-
en étudiant le ciel
-
nous avons commencé à découvrir
les choses fondamentales sur la gravité,
-
et nous avons également découvert
que l'univers semble constitué
-
— de manière assez terrifiante —
presque entièrement de rien.
-
Ce qu'on a fait avec le verre après,
c'est le mettre dans des microscopes,
-
et nous avons regardé de près ce monde
très très solide qui nous entoure,
-
et nous voyons là les particules
fondamentales, les atomes
-
— faits de protons et de neutrons, avec
les électrons qui tournent autour —
-
et nous avons également découvert
qu'ils semblent constitués,
-
terriblement, de presque entièrement rien.
-
Et que même lorsque vous
trouvez quelque chose
-
il s'avère qu'elle ne s'y
trouve pas vraiment,
-
il n'y a pas vraiment une chose là,
-
à peine la possibilité qu'il s'y
trouve quelque chose.
-
Ça ne semble pas aussi réel que ceci.
-
Puis la chose suivante que nous avons
fait avec le sable c'est le silicium,
-
lorsque nous avons créé l'ordinateur.
-
Et cela nous permet enfin
d'assembler les choses
-
pour en voir le fonctionnement.
-
Et ça nous permet de voir les
processus en fonctionnement,
-
et nous commençons à voir comme des
choses très simples mènent inexorablement
-
— itération après itération —
-
à l'émergence de processus
énormément complexes.
-
Et à mon avis l'une des choses les
plus extraordinaires de notre âge
-
— pour ceux qui étaient
là pour s'en souvenir,
-
voir un homme marcher sur
la lune pour la première fois—
-
mais je pense que la chose la
plus extraordinaire et dramatique
-
qu'on ait vue de notre temps
-
c'est de pouvoir observer,
sur un moniteur,
-
le processus par lequel des choses
énormément simples et primitives,
-
des processus, des instructions,
répétés d'innombrables fois,
-
de manière très très rapide, et itérées
sur des générations d'instructions,
-
produisent des résultats
énormément complexes.
-
Ce qui nous permet tout à coup de créer,
-
rien qu'avec des instructions
fondamentalement simples et primitives,
-
nous pouvons recréer la façon dont
le vent se comporte dans une soufflerie,
-
les turbulences du vent,
-
on peut voir comment la lumière danse
dans l'œil d'un dinosaure imaginaire.
-
Et on fait tout ça à partir d'instructions
fondamentalement simples.
-
Et le résultat de tout ceci c'est que
nous sommes finalement arrivés
-
à comprendre la façon dont la
vie a effectivement émergé.
-
Bon, il y a énormément de choses
que nous ignorons sur la vie.
-
Mais n'importe quel biologiste
vous dira que,
-
bien qu'il y ait énormément de
choses que nous ignorons,
-
il n'y a désormais plus de
mystère profond.
-
Il n'y a plus de mystère profond
-
parce que nous avons effectivement
vu de nos propres yeux
-
la façon dont la simplicité donne
naissance à la complexité.
-
Quand je dis qu'il n'y a pas de mystère
-
c'est plutôt comme si vous imaginiez
-
un détective du XIXè siècle,
-
faisant équipe avec un détective
de la fin du XXè siècle,
-
et si vous leur donniez cette
énigme à résoudre:
-
un suspect de crime
-
a été vu un jour marchant dans les rues
-
au beau milieu de Londres,
-
et le lendemain
-
il a été vu quelque part dans le désert
-
au beau milieu du Nouveau Mexique.
-
Le détective du XIXè dira,
-
« Eh bien je n'ai pas le début d'une idée.
-
Ce doit être l'œuvre
d'une sorte de magie. »
-
Et il n'aura pas la moindre idée
-
du commencement d'une explication
-
sur ce qui s'est passé ici.
-
Concernant le détective du XXè siècle,
-
celui-ci ne saura peut-être
jamais si le type
-
a pris un vol de British Airways ou
d'United ou d'American Airlines
-
ni où il a loué sa voiture,
toutes ces choses,
-
il ne trouvera peut-être
jamais ces détails,
-
mais il n'y aura pas de mystère
fondamental sur ce qui s'est produit.
-
Et donc pour nous il n'y a plus
de mystère fondamental sur la vie.
-
C'est le produit d'une éruption
extraordinaire d'information.
-
Et c'est l'information qui nous donne
-
ce monde fantastiquement riche et
complexe dans lequel nous vivons.
-
Mais au même instant où
nous découvrons cela,
-
nous la détruisons à une vitesse
-
sans précédent dans l'histoire,
-
à moins de remonter jusqu'au point
où un astéroïde s'abat sur nous.
-
Il y a donc une ironie assez terrible
-
qu'au moment même où nous sommes
les plus à même de comprendre,
-
et d'apprécier, et de valoriser la
richesse de la vie qui nous entoure,
-
nous la détruisons à un rythme plus
élevé qu'elle ne l'a jamais été.
-
Et nous perdons espèce après
espèce après espèce,
-
jour après jour, simplement parce que
-
nous gaspillons nos ressources
comme du petit bois.
-
Et c'est une mise en cause assez
terrible de notre compréhension.
-
Mais, voyez-vous, nous commettons
une autre erreur,
-
parce que nous pensons que d'une
manière ou d'une autre,
-
tout ira bien dans un sens fondamental,
-
parce que nous pensons que tout
ceci est « voué à se produire. »
-
Laissez-moi vous expliquer comment
on en vient à ce type de mentalité,
-
parce que c'est exactement le
même type de mentalité
-
dans lequel le kakapo s'est empêtré.
-
Parce que, ce qui a été
-
une stratégie très fructueuse
pour le kakapo
-
sur des générations et des générations
-
durant des milliers
et des milliers d'années,
-
est soudainement devenu
la mauvaise stratégie,
-
et il n'a aucun moyen de le savoir
-
parce qu'il fait simplement
ce qui lui a réussi jusqu'ici.
-
Et nous avons toujours été, parce
que nous fabriquons des outils,
-
parce que nous prenons
de notre environnement
-
ce dont nous avons besoin pour faire
ce que nous voulons
-
et cela a toujours été très
fructueux pour nous…
-
Je vais vous dire ce qui s'est passé.
-
C'est comme si nous avions effectivement
-
appuyé sur le bouton "pause"
-
de notre propre évolution
-
parce que nous avons mis un
tampon autour de nous,
-
qui consiste en — vous savez —
la médecine, l'éducation et les bâtiments,
-
et toutes ces choses qui nous protègent
-
des pressions environnementales normales.
-
Et c'est notre capacité à fabriquer des
outils qui nous a permis de le faire.
-
De manière générale, ce qui
pousse à la spéciation,
-
c'est qu'un petit groupe d'animaux
-
se voit séparé du reste
du groupe principal
-
par la pression de la population, ou un
bouleversement géographique ou autre.
-
Donc imaginez qu'un petit groupe se
retrouve tout à coup échoué
-
dans un environnement
légèrement plus froid.
-
Ensuite, sur un petit
nombre de générations
-
tous ces gènes qui favorisent
une fourrure plus épaisse
-
vont monter au créneau
-
et quelques générations plus tard
-
l'animal aura une fourrure plus épaisse.
-
Pour l'homme, comme il est capable
de fabriquer des outils
-
lorsque nous arrivons dans un
environnement beaucoup plus froid,
-
nous n'avons pas à attendre ce processus.
-
Parce que nous voyons un animal
-
qui a déjà une fourrure plus épaisse
-
et on se contente de la lui prendre.
-
Et donc nous avons en quelque sorte pris
le contrôle de notre environnement,
-
et tout cela est très bien,
-
mais nous devons dépasser ce processus.
-
Nous devons dépasser cette vision
et en voir une plus élevée
-
—et comprendre l'effet
que nous avons de fait.
-
Imaginez, si vous le voulez bien,
un homme primitif,
-
et voyons comment
cet état d'esprit émerge.
-
Il est là, observant son monde
à la fin de la journée.
-
Il le regarde et pense,
-
« Que voilà un monde merveilleux
dans lequel je me trouve.
-
C'est pas mal du tout.
-
Je veux dire, regardez, me voici,
derrière moi se trouvent les montagnes,
-
et les montagnes c'est super
-
parce qu'il y a des grottes
dans les montagnes
-
où je peux m'abriter,
-
que ce soit du climat ou des ours
-
qui essayent occasionnellement
de m'attaquer.
-
Et je peux m'abriter là, donc c'est super.
-
Et devant moi se trouve la forêt,
-
et la forêt est pleine de noix,
de baies et d'arbres,
-
qui me nourrissent, et sont délicieux
-
et me permettent de survivre.
-
Et il y a un ruisseau qui la traverse
-
qui contient des poissons,
-
et l'eau est délicieuse, et je bois l'eau
-
et tout est fantastique.
-
Et voilà mon cousin Ug.
-
Et Ug a attrapé un mammouth ! Youpi !!
-
Ug a attrapé un mammouth !
-
Les mammouths sont géniaux !
-
Il n'y a rien de mieux qu'un mammouth,
-
parce qu'avec un mammouth,
-
en gros vous pouvez vous
envelopper de sa fourrure,
-
manger sa viande,
-
et vous pouvez utiliser les os du
mammouth, pour en attraper d'autres !
-
Ce monde est un monde
incroyablement bon pour moi. »
-
Ainsi, une partie de la manière dont nous
prenons les commandes de notre monde,
-
et de notre environnement,
-
de fabriquer ces outils qui
nous permettent de le faire
-
c'est de nous poser
sans cesse des questions.
-
Donc cet homme commence à s'interroger.
-
« Ce monde », dit-il, « eh bien,
qui… qui l'a fabriqué ? »
-
Il raisonne évidemment de la sorte,
parce qu'il fabrique lui-même des choses,
-
il cherche donc qui aurait
pu fabriquer ce monde.
-
Il se dit « Alors, qui aurait pu
créer ce monde ?
-
Bien, ça doit être un petit peu comme moi.
-
Manifestement, en beaucoup plus grand,
-
et nécessairement invisible,
-
mais il l'aurait créé. Bon, dans quel
but l'aurait-il créé ? »
-
Nous nous demandons toujours « pourquoi »
-
parce que nous cherchons
les intentions alentour,
-
car nous faisons tout avec intention.
-
Vous savez, on fait bouillir un œuf
dans le but de le manger.
-
Alors, on regarde les
cailloux et les arbres,
-
et on se demande quelle
intention s'y trouve,
-
bien qu'il n'y en ait pas.
-
On se demande donc dans quelle intention
cette personne a créé ce monde.
-
Et c'est à ce moment qu'on se dit,
-
« Eh bien, il me sied particulièrement.
-
Vous savez, les grottes et les forêts,
-
et le ruisseau, et les mammouths.
-
Il doit l'avoir créé pour moi !
-
Je veux dire, on ne peut faire
aucune autre conclusion. »
-
Et c'est un peu comme si
une flaque se réveillait un matin
-
— je sais qu'elles ne
le font pas d'ordinaire,
-
mais accordez-le moi, je suis
écrivain de science-fiction.
-
Une flaque se réveille un matin et pense,
-
« Que voilà un monde intéressant
dans lequel je me trouve.
-
Il me sied particulièrement bien.
-
En fait, il me sied si proprement,
-
c'est vraiment précis, pas vrai ?
-
Il a du être créé pour moi !
-
Et le soleil se lève, et elle continue
de se raconter
-
cette histoire du trou
créé pour la recevoir.
-
Et le soleil grimpe, et
graduellement la flaque
-
se rétrécit peu à peu,
-
et au moment où la flaque cesse d'exister,
-
elle pense toujours,
enfermée dans cette idée,
-
que le trou était là pour elle.
-
Et si nous pensons que
le monde est là pour nous,
-
nous continueront de le détruire
-
comme nous l'avons fait jusqu'ici,
-
parce que nous pensons que nous
ne pouvons commettre aucun mal.
-
Il y a beaucoup de spéculation
-
d'une manière ou
d'une autre actuellement,
-
sur l'existence de la vie
ou non sur d'autres planètes.
-
Carl Sagan, comme vous savez,
-
était très partisan
qu'il doit y en avoir.
-
Les seuls chiffres dictent,
-
parce qu'il y a des milliards
et des milliards
-
— comme il ne l'a pourtant pas dit —
-
de mondes au delà,
-
que le simple hasard doit faire
-
qu'il y a d'autres vies
intelligentes là bas.
-
Mais d'autres voix s'élèvent pour dire
-
que si vous considérez
-
les circonstances réunies ici sur terre,
-
elles sont spécifiques
de manière si extraordinaire
-
que les chances que ça
se soit produit ailleurs
-
sont en fait très minces.
-
D'une certaine manière,
ça n'a guère d'importance.
-
Parce que pensez-y :
-
— Carl Sagan, je crois,
a lui-même dit ceci.
-
Il y a deux possibilités :
soit il y a de la vie
-
sur d'autres planètes,
-
soit il n'y en a pas.
-
Voilà deux idées
incroyablement extraordinaires !
-
Mais il y a une forte probabilité
-
qu'il n'y ait rien qui
nous ressemble du tout.
-
Et nous agissons comme si cette planète,
-
cette incroyable petite boule de vie,
-
était quelque chose qu'on pouvait
saloper comme on veut.
-
Et peut-être qu'on ne peut pas.
-
Peut-être qu'on devrait en prendre
un petit peu mieux soin.
-
Non pas pour le salut du monde
-
— on parle assez orgueilleusement
de « sauver le monde »
-
Nous n'avons pas à sauver le monde
- le monde va très bien !
-
Le monde a traversé cinq périodes
d'extinctions massives.
-
Il y a 65 millions d'années
lorsqu'une comète a frappé la terre
-
au moment où l'Inde subissait de
vastes éruptions volcaniques,
-
ce qui vit la fin des dinosaures,
-
et quelque chose comme 90%
de la vie sur terre à l'époque.
-
Remontez encore, je crois,
150 millions d'années plus tôt
-
à la limite permienne-triasique,
-
et il y a une autre
extinction gigantesque.
-
Le monde l'a déjà subi
de nombreuses fois.
-
Et ce qui a tendance à se produire,
-
ce qui se produit après
chaque extinction massive,
-
c'est qu'il y a d'énormes
espaces disponibles,
-
permettant à de nouvelles formes de vie
d'émerger et les investir.
-
Tout comme l'extinction des dinosaures
nous a donné de la place.
-
Sans cette extinction,
nous ne serions pas là.
-
Donc, le monde va bien.
-
Nous n'avons pas à sauver le monde
-
— le monde est assez grand
pour s'occuper de lui-même.
-
Ce qui doit nous préoccuper,
-
c'est si oui on non le monde
dans lequel nous vivons
-
sera capable de nous subvenir.
-
Voilà ce à quoi
nous devons réfléchir.
-
Merci beaucoup Mesdames et Messieurs.
-
Et maintenant si quelqu'un
a des questions,
-
j'y répondrai avec plaisir,
-
et il y a des micros ici et devant
donc je vous suggère de les utiliser.
-
Oui, bonjour.
-
Merci, merveilleuse conférence.
-
Vous dites que nous devrions
éviter de détruire la planète,
-
une suggestion qui a été faite, c'est que,
-
la raison pour laquelle nous
détruisons la planète,
-
c'est que nous ne payons pas
le véritable prix des choses
-
quand nous les consommons
-
Le prix de l'essence dégringole
-
en vrai dollars et les véhicules
deviennent de plus en plus gros,
-
nous avons les
Stupides Ubuesques Véhicules
-
— je crois que c'est ça — les SUV
-
Vous savez, je dois dire
en tant que Britannique,
-
vous savez on reste perplexes,
-
« Les américains se plaignent encore
parce que le prix de leur essence
-
a presque atteint le quart
de ce que nous payons. »
-
Je me demandais juste si vous pensez
-
que ça serait une bonne solution
d'avoir le véritable prix des choses,
-
si nous payions les 3 dollars par litre
-
ou quel que soit le prix en termes
d'impact sur l'environnement,
-
est-ce que ça ferait une différence ?
-
Et bien… ça pourrait… je… c'est…
-
Il y a un problème dont je suis
particulièrement conscient dans ce cas,
-
qui est que, bien que je parle du point
de vue d'un défenseur de l'environnement,
-
sans équivoque, si vous
regardez ce qui s'est passé
-
et ce que nous et le mouvement
de la défense de l'environnement avons dit
-
durant les dix dernières années,
et les dix années précédentes,
-
et les dix années qui ont encore précédé,
-
et pour l'essentiel de ce que
nous avons dit qu'il faudrait faire
-
ou la façon dont nous avons approché
le problème, se sont avérés incorrects.
-
Donc, c'est très difficile
pour moi de prétendre
-
que je peux me dresser et
dire que nous devons faire
-
ceci ou cela.
-
Parce que ça pourrait bien
ne pas être la bonne solution.
-
J'en suis pertinemment
conscient d'autant que,
-
rien qu'en regardant derrière nous,
-
en considérant la protection des
animaux en Afrique, par exemple,
-
à chaque fois, nous avons
mal approché la question.
-
Et oui, les efforts de défense
de l'environnement
-
consisteront à chaque
décennie tout autant à
-
défaire les problèmes causés
par la décennie précédente.
-
Donc c'est une question
d'auto-éducation constante,
-
essayer d'assimiler les informations,
-
essayer de voir quelles sont les suites
de ce que nous avons essayé jusqu'ici,
-
ce que nous pouvons en
retenir comme leçon.
-
Il se pourrait très bien que si nous
multipliions le coût de l'essence
-
par dix ou autre, que cela puisse avoir
des effets que nous pourrions mettre au…
-
cela pourrait attirer des conséquences
indésirables, qui entrent en jeu.
-
Je pense que la meilleure chose à faire
c'est de continuer à s'informer
-
être aussi conscient que possible de
ce qui se passe réellement,
-
et voir comment ce retour l'affecte,
si nous disons qu'on va faire
-
refléter le vrai coût des dommages que
nous causons sur ce que nous payons
-
alors ça pourrait très bien être
une excellente réponse,
-
mais j'ai également peur que
ça puisse ne pas l'être
-
ce qui est une façon compliquée
de dire « je ne sais pas »
-
Deux questions : d'abord, savez-vous
où est votre serviette ?
-
Non.
-
D'accord.
-
Ça a toujours été un problème pour moi.
-
C'est drôle cette histoire
de serviette parce que…
-
Je vais vous dire d'où ça sort.
-
J'étais en vacances avec un tas de gens,
-
et nous étions dans une villa à Corfou.
-
Et chaque jours nous
partions pour la plage,
-
et juste au moment du départ
-
il y avait un problème,
-
et le problème était que Douglas
n'arrivait pas trouver sa serviette !
-
Où pouvait bien être ma serviette ?
Était-elle sous le lit ?
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Était-elle au pied du lit ?
Était-elle dans le lit ?
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Était-elle dans la salle de bain ?
Était elle étendue dehors ?
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Était-elle au lavage… ? Était-elle… ?
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Je n'avais aucune idée, jour après jour,
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d'où pouvait bien être
cette fichue serviette.
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Et après un moment j'ai commencé à me dire
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que ça devait être
symptomatique de quelqu'un
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qui est si profondément chaotique.
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Mais alors je…
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Je ne sais même pas si
ça m'est venu en premier,
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ou si c'était quelqu'un sur
place qui y a pensé avant,
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que l'idée que quelqu'un
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qui était plus organisé que moi,
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serait quelqu'un qui saurait vraiment
où sa serviette se trouve.
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Et donc, quand j'écrivais le guide du
voyageur, j'ai mis en quelque sorte…
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on met très souvent des choses parce
qu'on sait ce qu'elles veulent dire.
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alors que c'est plutôt un
signal pour vous-même
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pour que dans la version suivante du
manuscrit, vous le remplaciez
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par quelque chose qui veut dire
la même chose pour tout le monde.
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Vous voyez. Et puis ça reste quand même,
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et il s'avère que ça veut dire quelque
chose pour tout le monde malgré tout.
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Ça répond à votre question ?
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D'accord. Est-ce qu'on se comporte
comme des descendants des singes
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qui utilisent des bâtons,
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ou comme des descendants
de nettoyeurs de téléphones ?
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Je crains que nous ne tenions des deux.
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Je ne me le pardonnerai jamais si je
sors sans vous poser cette question
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elle m'est venue lorsqu'un de mes amis
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m'a physiquement obligée à
prendre le premier livre
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Le guide du voyageur, et j'ai lu
les toutes premières phrases
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du tout premier paragraphe,
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« que diable cet homme peut-il bien avoir
contre les montres digitales ?! »
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je dois admettre qu'elles se
sont améliorées depuis
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que j'ai écrit ce passage.
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Mais si vous y réfléchissez,
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les premières montres digitales étaient…
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si vous regardez une montre à aiguilles,
vous avez un camembert.
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Vous vous rappelez l'époque où
on s'enthousiasmait
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au sujet des camemberts qu'on pouvait
faire avec les ordinateurs ?
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« Ouhhhh ! Des camemberts ! »
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Mais alors même qu'on s'enthousiasmait
pour des camemberts,
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et en quoi ils pouvaient nous aider à
mieux comprendre le monde,
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nous disions « nous ne voulons plus
de camemberts sur nos poignets.
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C'est de la technologie à l'ancienne.
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Non, on ne veut pas simplement jeter
un œil pour savoir l'heure qu'il est.
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On veut quelque chose qui oblige à aller
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dans un coin sombre et à poser sa valise
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et à appuyer sur un bouton
pour pouvoir lire,
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"oh, il est 11:43, alors
qu'est-ce que…? euh… ?
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ça fait combien de temps avant midi ?" »
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Et ça c'était le progrès.
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Mais ce qu'il y a de génial
avec les êtres humains,
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— puisqu'on en rigole —
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c'est que non seulement
on invente des choses nouvelles,
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meilleures, et plus efficaces.
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Mais même les choses qui marchent bien
on ne peut pas s'empêcher d'y toucher,
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c'est un des aspects les plus
charmants des êtres humains
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on continue d'inventer des choses qu'on a
déjà réussi à bien faire auparavant.
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Par exemple les lavabos dans les salles
de bain,c'est pourtant très simple.
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Vous tournez d'un côté et l'eau sort,
vous tournez de l'autre et l'eau s'arrête.
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Et on avait à peu près pigé tout ça.
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Ça marche. Mais c'est incroyable,
vous allez dans
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un hall d'hôtel ou dans un aéroport,
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et vous approchez la bassine
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avec un certain niveau d'anxiété.
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« Qu'est-ce que je fais ?
Je tourne quelque chose ?
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Je pousse quelque chose ?
Je tire quelque chose ?
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Je lui file un coup de genou ?
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Est-ce que je dois être
dans les environs ?
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Et une fois que l'eau commence à couler
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parce qu'elle a capté une espèce
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d'énergie cérébrale ou autre.
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« Et maintenant, comment je l'arrête ?
Est-ce que c'est à moi de l'arrêter ?
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Est-ce que ça s'arrête tout seul ? »
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Je pense qu'on a réglé la question
du robinet.
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Mais je pense que c'est merveilleux
qu'on continue
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d'inventer des choses qui marchent déjà,
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parce que c'est notre façon de nous sortir
des maximums locaux, n'est-ce pas ?
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Je crois que c'est tout
ce que j'ai à dire. Merci.