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Ma descente dans le mouvement néo-nazi américain et comment j'en suis sorti

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    Mon voyage pour m'éloigner
    de l'extrémisme violent
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    a commencé il y a 22 ans,
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    quand j'ai dénoncé le racisme
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    et quitté le mouvement américain
    suprémaciste blanc des skinheads
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    que j'avais aidé à fonder.
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    (Encouragements et applaudissements)
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    Je n'avais que 22 ans à l'époque,
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    mais j'avais déjà passé huit ans,
    depuis mes 14 ans,
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    comme l'un des premiers
    et plus jeunes membres
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    et finalement un dirigeant du mouvement
    de haine le plus violent des États-Unis.
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    Je ne suis pas né dans la haine.
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    En fait, c'était plutôt le contraire.
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    J'ai eu une enfance relativement normale.
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    Mes parents sont des immigrants italiens
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    qui sont venus aux États-Unis
    au milieu des années 60
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    et se sont installés
    dans le Sud de Chicago,
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    où ils se sont rencontrés
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    et ont ouvert un petit salon de beauté.
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    Juste après ma naissance,
    les choses se sont un peu compliquées.
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    Ils ont lutté pour survivre
  • 1:01 - 1:04
    en élevant une jeune famille
    et en ayant une nouvelle entreprise,
  • 1:04 - 1:07
    travaillant souvent
    sept jours par semaine,
  • 1:07 - 1:09
    14 heures par jour,
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    endossant un deuxième et troisième emploi
    pour gagner modestement leur vie.
  • 1:13 - 1:17
    Je passais très peu de temps
    avec mes parents.
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    Même si je savais
    qu'ils m'aimaient beaucoup,
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    en grandissant,
    je me suis senti abandonné.
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    Je me sentais seul,
    j'ai commencé à me replier sur moi-même
  • 1:27 - 1:31
    et j'ai ensuite commencé à en vouloir
    à mes parents et à être en colère.
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    En grandissant, durant mon adolescence,
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    je me suis mal comporté pour essayer
    d'attirer l'attention de mes parents.
  • 1:41 - 1:44
    Un jour, quand j'avais 14 ans,
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    je me tenais dans une allée
    et je fumais un joint
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    et un homme ayant deux fois mon âge,
  • 1:50 - 1:53
    avec la tête rasée
    et de hautes bottes noires,
  • 1:53 - 1:55
    est venu me voir
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    et a arraché le joint de mes lèvres
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    Puis il a mis sa main sur mon épaule,
    m'a regardé dans les yeux
  • 2:03 - 2:04
    et a dit :
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    « C'est ce que les communistes
    et les juifs veulent que tu fasses
  • 2:08 - 2:09
    afin que tu restes docile. »
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    J'avais 14 ans,
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    j'échangeais des cartes de baseball
    et regardais la télé --
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    j'ignorais ce qu'était un juif.
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    (Rires)
  • 2:19 - 2:20
    C'est vrai.
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    Le seul communiste que je connaissais
    était le méchant mec russe
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    dans mon film de Rocky préféré.
  • 2:26 - 2:29
    (Rires)
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    Puisque je suis là
    à mettre mon âme à nu,
  • 2:31 - 2:35
    je peux révéler que j'ignorais
    ce que signifiait le mot « docile ».
  • 2:35 - 2:37
    (Rires)
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    Je ne plaisante pas.
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    Mais c'est comme si cet homme
    dans cette allée
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    m'avait tendu une bouée de sauvetage.
  • 2:43 - 2:48
    Durant 14 ans, je m'étais senti
    marginalisé et maltraité.
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    J'avais une faible estime de moi.
  • 2:51 - 2:54
    Franchement, j'ignorais
    qui j'étais, où était ma place
  • 2:54 - 2:56
    ou quel était mon but.
  • 2:56 - 2:58
    J'étais perdu.
  • 2:58 - 3:03
    Du jour au lendemain, parce que
    cet homme m'avait attiré
  • 3:03 - 3:05
    et que je m'étais accroché
    à cette bouée de sauvetage
  • 3:05 - 3:07
    avec chaque fibre de mon être,
  • 3:08 - 3:11
    j'étais passé des sitcoms télévisés
  • 3:12 - 3:14
    à un véritable nazi.
  • 3:15 - 3:16
    Du jour au lendemain.
  • 3:18 - 3:21
    J'ai commencé à écouter la rhétorique
  • 3:21 - 3:22
    et à la croire.
  • 3:23 - 3:24
    J'ai observé de très près
  • 3:24 - 3:27
    alors que les dirigeants
    de cette organisation
  • 3:27 - 3:32
    prenaient pour cible des jeunes gens
    qui se sentaient marginalisés
  • 3:32 - 3:37
    et les attiraient
    avec des promesses de paradis
  • 3:37 - 3:38
    qui n'étaient pas tenues.
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    J'ai ensuite commencé à recruter.
  • 3:43 - 3:47
    J'ai commencé à le faire en créant
    de la musique prônant le pouvoir blanc.
  • 3:48 - 3:54
    Peu après, je suis devenu le dirigeant
    de cette organisation tristement célèbre
  • 3:54 - 3:56
    qui était dirigée par cet homme
    dans cette allée
  • 3:56 - 3:58
    qui m'avait recruté ce jour-là,
  • 3:58 - 4:03
    le premier skinhead néo-nazi américain
    qui m'avait radicalisé.
  • 4:03 - 4:06
    Les huit années suivantes,
  • 4:06 - 4:09
    j'ai cru aux mensonges
    que l'on m'avait racontés.
  • 4:09 - 4:13
    Même si je n'en voyais aucune preuve,
  • 4:13 - 4:17
    je n'ai pas hésité à blâmer
    toutes les personnes juives du monde
  • 4:17 - 4:21
    pour ce que je croyais être
    un génocide blanc européen
  • 4:21 - 4:25
    promu avec des intentions
    multiculturalistes.
  • 4:27 - 4:29
    J'en voulais aux personnes de couleur
  • 4:29 - 4:33
    pour les crimes, la violence
    et la drogue dans la ville,
  • 4:34 - 4:38
    négligeant complètement le fait
    que je commettais des actes de violence
  • 4:38 - 4:39
    au quotidien
  • 4:40 - 4:41
    et que dans beaucoup de cas,
  • 4:41 - 4:44
    c'étaient les suprémacistes blancs
    qui faisaient entrer la drogue
  • 4:44 - 4:46
    dans les villes.
  • 4:47 - 4:49
    J'en voulais aux immigrants
  • 4:49 - 4:53
    de prendre les emplois
    des Américains blancs,
  • 4:53 - 4:55
    négligeant complètement le fait
  • 4:55 - 4:58
    que mes parents étaient
    des immigrants travailleurs
  • 4:58 - 5:00
    luttant pour survivre
  • 5:01 - 5:04
    sans obtenir d'aide
    de qui que ce soit d'autre.
  • 5:06 - 5:07
    Durant les huit années suivantes,
  • 5:08 - 5:10
    j'ai vu des amis mourir,
  • 5:11 - 5:15
    j'en ai vu d'autres aller en prison
    ou infliger des douleurs immenses
  • 5:15 - 5:18
    à d'innombrables victimes
    et à leurs familles.
  • 5:20 - 5:23
    J'ai entendu d'horribles histoires
    de jeunes femmes dans le mouvement
  • 5:23 - 5:27
    ayant été brutalement violées
    par les mêmes hommes
  • 5:27 - 5:30
    que nous avions été conditionnés à croire
  • 5:30 - 5:33
    et j'ai moi-même commis
    des actes de violence envers des gens,
  • 5:33 - 5:36
    uniquement du fait
    de la couleur de leur peau,
  • 5:36 - 5:37
    de qui ils aimaient
  • 5:37 - 5:40
    ou du Dieu auprès duquel ils priaient.
  • 5:41 - 5:43
    J'ai amassé des armes
  • 5:43 - 5:46
    pour ce que je croyais être
    une guerre raciale imminente.
  • 5:46 - 5:47
    Je suis allé dans six lycées ;
  • 5:47 - 5:49
    j'ai été viré de quatre d'entre eux,
  • 5:49 - 5:50
    deux fois de l'un.
  • 5:52 - 5:57
    Il y a 25 ans, j'écrivais
    et jouais de la musique raciste
  • 5:58 - 6:01
    qui s'est retrouvée sur internet
    des décennies plus tard
  • 6:01 - 6:04
    et a partiellement inspiré
    un jeune nationaliste blanc
  • 6:04 - 6:09
    à entrer dans une église sacrée
    à Charleston, en Caroline du Sud,
  • 6:09 - 6:13
    et à massacrer sans raison
    neuf personnes innocentes.
  • 6:16 - 6:18
    Mais ensuite ma vie a changé.
  • 6:20 - 6:24
    A 19 ans, j'ai rencontré une fille
    qui n'était pas dans le mouvement,
  • 6:24 - 6:27
    qui n'avait pas un seul
    atome raciste dans son corps,
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    et j'en suis tombé amoureux.
  • 6:30 - 6:32
    A 19 ans, nous nous sommes mariés
  • 6:33 - 6:35
    et nous avons eu notre premier fils.
  • 6:36 - 6:40
    Quand j'ai tenu mon fils dans mes bras
    dans la salle d'accouchement,
  • 6:41 - 6:45
    j'ai non seulement en partie renoué
    avec l'innocence que j'avais perdu
  • 6:45 - 6:47
    quand j'avais 14 ans,
  • 6:48 - 6:50
    mais j'ai commencé à remettre en question
  • 6:50 - 6:54
    les choses importantes m'ayant attiré
    vers le mouvement dès le départ :
  • 6:54 - 6:56
    l'identité, la communauté et l'objectif --
  • 6:56 - 7:00
    des choses avec lesquelles
    je luttais étant jeune.
  • 7:00 - 7:05
    J'en était à nouveau aux prises
    avec le concept de qui j'étais.
  • 7:05 - 7:10
    Étais-je ce néo-nazi haineux
  • 7:11 - 7:13
    ou un père et un mari aimant ?
  • 7:15 - 7:19
    Ma communauté était-elle celle
    que j'avais créée autour de moi
  • 7:19 - 7:20
    pour stimuler mon ego
  • 7:21 - 7:25
    car je me haïssais et voulais
    projeter cela sur les autres
  • 7:27 - 7:31
    ou était-ce celle à qui
    j'avais physiquement donné vie ?
  • 7:32 - 7:35
    Mon but était-il de brûler la Terre
  • 7:36 - 7:40
    ou de la rendre meilleure
    pour ma famille ?
  • 7:41 - 7:45
    Soudain, cela m'a frappé,
  • 7:45 - 7:50
    j'ai été déconcerté par qui j'avais été
    les huit années précédentes.
  • 7:52 - 7:55
    Si seulement j'avais eu le courage
    de m'en aller à ce moment-là,
  • 7:55 - 8:01
    de comprendre quelle était cette lutte
    qui se déroulait en moi,
  • 8:02 - 8:05
    peut-être qu'une tragédie
    aurait pu être évitée.
  • 8:06 - 8:08
    Au lieu de cela, j'ai fait un compromis.
  • 8:08 - 8:11
    Je me suis retiré des rues
    au bénéfice de ma famille
  • 8:11 - 8:15
    car j'avais peur de peut-être
    aller en prison ou finir mort
  • 8:15 - 8:17
    et qu'ils doivent se débrouiller seuls.
  • 8:18 - 8:20
    J'ai pris du recul
  • 8:20 - 8:22
    et j'ai ouvert un magasin de disques
  • 8:23 - 8:27
    où j'allais, bien sûr, vendre
    de la musique prônant le pouvoir blanc
  • 8:27 - 8:29
    car je l'importais d'Europe.
  • 8:30 - 8:35
    Je savais que si ce n'était qu'un magasin
    raciste vendant de la musique raciste,
  • 8:35 - 8:38
    la communauté
    ne me permettrait pas d'être là.
  • 8:38 - 8:42
    J'ai décidé que j'allais également
    garnir les étagères d'autre musique,
  • 8:42 - 8:45
    comme du punk rock et du heavy metal
  • 8:45 - 8:46
    et du hip-hop.
  • 8:47 - 8:49
    Si la musique prônant
    le pouvoir blanc que je vendais
  • 8:49 - 8:52
    représentait 75% de mon revenu brut
  • 8:52 - 8:55
    car les gens venaient
    de tout le pays pour l'acheter
  • 8:55 - 8:57
    dans le seul magasin qui en vendait,
  • 8:58 - 9:03
    j'avais aussi des clients qui venaient
    acheter d'autres genres de musique.
  • 9:03 - 9:06
    Ils ont fini par me parler.
  • 9:07 - 9:12
    Un jour, un jeune adolescent noir est venu
  • 9:12 - 9:14
    et il était visiblement bouleversé.
  • 9:15 - 9:17
    J'ai décidé de lui demander
    ce qui n'allait pas.
  • 9:18 - 9:22
    Il m'a dit qu'on avait diagnostiqué
    un cancer du sein à sa mère.
  • 9:23 - 9:26
    Soudain, ce jeune adolescent noir,
  • 9:27 - 9:31
    avec lequel je n'avais jamais eu
    de véritable conversation ou interaction,
  • 9:31 - 9:33
    j'ai pu créer un lien avec lui
  • 9:33 - 9:37
    car on avait diagnostiqué
    un cancer du sein à ma propre mère
  • 9:37 - 9:40
    et que je pouvais ressentir sa douleur.
  • 9:41 - 9:44
    A une autre occasion,
    un couple gay est venu avec leur fils
  • 9:44 - 9:49
    et il était indéniable à mes yeux
    qu'ils aimaient leur fils
  • 9:49 - 9:53
    de la même façon profonde
    dont j'aimais le mien.
  • 9:54 - 9:59
    Soudain, je n'ai pas pu
    rationaliser ou justifier le préjugé
  • 9:59 - 10:01
    que j'avais en tête.
  • 10:02 - 10:05
    J'ai décidé de retirer la musique
    pro blanc de mon inventaire
  • 10:05 - 10:08
    quand j'ai été trop gêné de la vendre
    devant mes nouveaux amis.
  • 10:09 - 10:11
    Bien sûr, le magasin
    ne pouvait plus se financer
  • 10:11 - 10:13
    alors j'ai dû le fermer.
  • 10:13 - 10:18
    A ce même moment,
    j'ai presque tout perdu dans ma vie.
  • 10:18 - 10:21
    Cela m'a servi d'opportunité
    pour m'en aller
  • 10:21 - 10:24
    du mouvement dont je faisais
    partie depuis huit ans,
  • 10:24 - 10:28
    les seuls identité, communauté et but
    que j'avais connus durant ma vie.
  • 10:29 - 10:31
    Alors je n'avais personne.
  • 10:32 - 10:34
    J'avais perdu mon gagne-pain
    car j'avais fermé le magasin.
  • 10:34 - 10:38
    Je n'avais pas de supers relations
    avec mes parents, même s'ils essayaient.
  • 10:39 - 10:41
    Et ma femme et mes enfants m'ont quitté
  • 10:41 - 10:45
    car je n'avais pas quitté le mouvement
    et ne m'étais pas désengagé assez vite.
  • 10:46 - 10:47
    Soudain,
  • 10:49 - 10:51
    j'ignorais à nouveau qui j'étais,
  • 10:51 - 10:52
    où était ma place
  • 10:53 - 10:55
    ou quel était sensé être mon but.
  • 10:56 - 10:58
    J'étais malheureux
  • 10:59 - 11:02
    et souvent quand
    je me réveillais le matin,
  • 11:02 - 11:04
    j'aurais préféré ne pas me réveiller.
  • 11:06 - 11:07
    Arès cinq ans,
  • 11:07 - 11:11
    l'une des rares amis que j'avais
    s'inquiétait de mon bien-être
  • 11:11 - 11:13
    et elle est venue me dire :
  • 11:13 - 11:16
    « Tu dois faire quelque chose
    car je ne veux pas te voir mourir. »
  • 11:18 - 11:22
    Elle a suggéré que je postule
    pour un emploi là où elle travaillait,
  • 11:22 - 11:23
    une entreprise appelée IBM.
  • 11:25 - 11:27
    Je l'ai moi aussi trouvée folle.
  • 11:27 - 11:29
    (Rires)
  • 11:29 - 11:34
    J'étais secrètement un ancien nazi
    couvert de tatouages haineux.
  • 11:34 - 11:35
    Je n'étais pas allé à la fac.
  • 11:35 - 11:39
    J'avais été viré de nombreux lycées
    de nombreuses fois.
  • 11:40 - 11:42
    Je n'avais même pas d'ordinateur.
  • 11:43 - 11:45
    Mais j'y suis allé
  • 11:45 - 11:48
    et, de façon miraculeuse,
    j'ai obtenu le poste.
  • 11:50 - 11:51
    J'étais ravi.
  • 11:52 - 11:55
    Puis cela m'a terrifié d'apprendre
  • 11:55 - 11:58
    qu'ils allaient me renvoyer
    dans mon ancien lycée,
  • 11:58 - 12:01
    celui dont j'avais été viré deux fois,
  • 12:02 - 12:04
    pour installer leurs ordinateurs.
  • 12:04 - 12:08
    C'était le lycée où j'avais commis
    des actes de violence
  • 12:08 - 12:11
    envers des étudiants,
    des membres du corps enseignant ;
  • 12:11 - 12:15
    où j'avais manifesté devant l'école
    pour l'égalité des droits pour les Blancs
  • 12:15 - 12:18
    et j'avais même organisé
    un sit-in dans la cafétéria
  • 12:18 - 12:20
    pour exiger une association
    pour les étudiants blancs.
  • 12:22 - 12:25
    Bien sûr, le karma a fait que,
  • 12:25 - 12:27
    durant les premières heures,
  • 12:28 - 12:32
    qui passe juste à côté de moi :
    M. Johnny Holmes,
  • 12:32 - 12:35
    le gardien noir et fort
    avec lequel je m'étais battu,
  • 12:36 - 12:38
    raison de ma seconde exclusion
  • 12:38 - 12:41
    m'ayant mené à être sorti
    de l'école avec des menottes.
  • 12:42 - 12:43
    Il ne m'a pas reconnu
  • 12:44 - 12:45
    mais je l'ai vu
  • 12:46 - 12:48
    et j'ignorais quoi faire.
  • 12:48 - 12:51
    J'étais paralysé ; j'étais cet adulte
    sorti depuis des années du mouvement
  • 12:51 - 12:54
    et je transpirais et tremblais.
  • 12:55 - 12:57
    Mais je devais faire quelque chose.
  • 12:58 - 13:02
    J'ai décidé que je devais souffrir
    sous le poids de mon passé
  • 13:02 - 13:04
    car, durant cinq ans,
    j'avais essayé de lui échapper.
  • 13:05 - 13:08
    Je m'étais fait de nouveaux amis,
    j'avais couvert mes tatouages
  • 13:08 - 13:10
    et je refusais de l'admettre
  • 13:10 - 13:11
    car j'avais peur d'être jugé
  • 13:11 - 13:14
    comme j'avais jugé d'autres gens.
  • 13:15 - 13:19
    J'ai décidé de poursuivre
    M. Holmes jusqu'au parking --
  • 13:19 - 13:21
    pas la décision
    la plus intelligente que j'ai prise.
  • 13:21 - 13:23
    (Rires)
  • 13:23 - 13:25
    Mais quand je l'ai trouvé,
    il montait dans sa voiture
  • 13:25 - 13:27
    et je lui ai tapoté l'épaule.
  • 13:27 - 13:30
    Quand il s'est retourné
    et qu'il m'a reconnu,
  • 13:30 - 13:33
    il a reculé d'un pas car il a eu peur.
  • 13:35 - 13:37
    J'ignorais quoi dire.
  • 13:38 - 13:42
    Les mots ont fini par sortir de ma bouche
    et tout ce à quoi j'ai pu penser était :
  • 13:42 - 13:43
    « Je suis désolé ».
  • 13:44 - 13:46
    Il m'a pris dans ses bras
  • 13:46 - 13:48
    et il m'a pardonné.
  • 13:50 - 13:53
    Il m'a encouragé à me pardonner.
  • 13:54 - 14:00
    Il a reconnu que ce n'était pas l'histoire
    d'un gamin brisé et n'allant nulle part
  • 14:00 - 14:03
    qui allait adhérer à un gang
    et aller en prison.
  • 14:03 - 14:08
    Il savait que c'était l'histoire
    de tout jeune qui était vulnérable,
  • 14:08 - 14:11
    à la recherche de son identité,
    sa communauté et son but
  • 14:11 - 14:12
    et qui se heurtait à un mur,
  • 14:12 - 14:14
    était incapable de trouver cela
  • 14:14 - 14:16
    et empruntait un sombre chemin.
  • 14:17 - 14:20
    Il m'a fait promettre une chose :
  • 14:20 - 14:23
    que je raconterais mon histoire
    à qui voulait bien l'écouter.
  • 14:23 - 14:24
    C'était il y a 18 ans
  • 14:24 - 14:26
    et je la raconte depuis ce moment-là.
  • 14:27 - 14:32
    (Applaudissements)
  • 14:37 - 14:39
    Vous vous demandez peut-être :
  • 14:39 - 14:42
    comment un gamin issu d'une famille
    d'immigrants travailleurs
  • 14:42 - 14:45
    fini par emprunter un chemin si sombre ?
  • 14:45 - 14:48
    Une expression : nids-de-poule.
  • 14:49 - 14:50
    C'est ça, nids-de-poule.
  • 14:50 - 14:53
    Enfant, j'ai rencontré
    beaucoup de nids-de-poule.
  • 14:54 - 14:55
    Nous les avons tous connus --
  • 14:55 - 14:58
    les choses dans la vie
    auxquelles nous nous heurtons,
  • 14:58 - 15:01
    qui nous font invariablement
    dévier de notre chemin
  • 15:01 - 15:03
    et si elles ne sont pas résolues,
  • 15:03 - 15:05
    traitée
  • 15:06 - 15:07
    ou gérée,
  • 15:08 - 15:12
    nous pouvons parfois nous perdre
    dangereusement dans de sombres couloirs.
  • 15:12 - 15:14
    Les nids-de-poule peuvent
    être un traumatisme,
  • 15:14 - 15:17
    de la maltraitance, le chômage,
  • 15:18 - 15:19
    de la négligence,
  • 15:20 - 15:22
    des troubles de la santé
    mentale non traités,
  • 15:22 - 15:23
    même des privilèges.
  • 15:24 - 15:27
    Si nous rencontrons assez de nids-de-poule
    sur notre chemin de vie
  • 15:28 - 15:31
    et que nous n'avons pas les ressources
    ou l'aide pour nous frayer un chemin
  • 15:31 - 15:33
    ou pour nous en sortir,
  • 15:34 - 15:37
    parfois des gens biens
    finissent par faire de mauvaises choses.
  • 15:40 - 15:43
    Une personne ayant rencontré
    de tels nids-de-poule est Darrell.
  • 15:43 - 15:45
    Darell vient du Nord
    de l'état de New York.
  • 15:45 - 15:48
    Il avait lu mon mémoire
  • 15:48 - 15:50
    et était très bouleversé par la fin.
  • 15:50 - 15:52
    J'étais sorti du mouvement
  • 15:52 - 15:54
    et il y était toujours.
  • 15:54 - 15:57
    Il m'a envoyé un mail disant :
  • 15:57 - 16:00
    « Je n'ai pas vraiment aimé
    comment cela a fini. »
  • 16:00 - 16:02
    J'ai dit : « Désolé ».
  • 16:02 - 16:03
    (Rires)
  • 16:03 - 16:06
    « Mais si tu veux en parler,
    nous le pouvons certainement. »
  • 16:06 - 16:09
    Après quelques semaines
    d'échanges avec Darrell,
  • 16:09 - 16:15
    j'ai appris que c'était un vétéran
    de 31 ans qui avait été blessé
  • 16:15 - 16:18
    et était en colère de ne pas pouvoir
    aller en Afghanistan
  • 16:18 - 16:20
    pour tuer des musulmans.
  • 16:21 - 16:22
    Un jour au téléphone,
  • 16:22 - 16:26
    il m'a dit qu'il avait vu
    un musulman priant dans un parc
  • 16:26 - 16:30
    et que tout ce qu'il voulait faire
    était de le frapper au visage.
  • 16:31 - 16:33
    J'ai volé jusqu'à Buffalo le lendemain,
  • 16:34 - 16:36
    je me suis assis avec Darrell
  • 16:37 - 16:38
    et je lui ai demandé :
  • 16:38 - 16:42
    « As-tu déjà rencontré
    quelqu'un de musulman ? »
  • 16:42 - 16:44
    Il a dit : « Non !
  • 16:44 - 16:46
    Pourquoi le voudrais-je ?
  • 16:46 - 16:49
    Ils sont maléfiques. Je ne veux
    rien avoir à faire avec eux. »
  • 16:49 - 16:50
    J'ai dit : « D'accord. »
  • 16:51 - 16:53
    Je me suis excusé,
    je suis allé aux toilettes,
  • 16:53 - 16:55
    j'ai sorti mon téléphone,
  • 16:55 - 16:57
    j'ai cherché la mosquée locale,
  • 16:58 - 17:00
    je les ai appelés discrètement
    depuis les toilettes
  • 17:00 - 17:04
    et j'ai dit : « Excusez-moi, imam,
    j'ai une faveur à vous demander.
  • 17:04 - 17:05
    J'ai un homme chrétien
  • 17:05 - 17:08
    qui voudrait vraiment
    en apprendre plus sur votre religion. »
  • 17:08 - 17:11
    (Rires)
  • 17:11 - 17:13
    « Cela vous dérange si nous passons ? »
  • 17:14 - 17:17
    Il a fallu convaincre Darrell d'y aller,
  • 17:17 - 17:19
    mais arrivés là-bas,
  • 17:19 - 17:21
    j'ai frappé à la porte,
  • 17:21 - 17:24
    l'imam a dit n'avoir
    que 15 minutes pour nous
  • 17:24 - 17:26
    car il se préparait
    pour un service de prière.
  • 17:26 - 17:28
    J'ai dit : « Nous ferons avec. »
  • 17:28 - 17:29
    Nous sommes entrés
  • 17:29 - 17:32
    et deux heures et demie après,
  • 17:32 - 17:35
    nous sommes sortis
    après une accolade et des pleurs,
  • 17:35 - 17:39
    et, de façon très étrange, ayant créé
    un lien à cause de Chuck Norris.
  • 17:39 - 17:40
    (Rires)
  • 17:40 - 17:42
    J'ignore ce que c'était,
  • 17:42 - 17:43
    mais c'est ce qu'il s'est passé.
  • 17:44 - 17:48
    Je suis heureux de dire
    que Darrell et l'imam
  • 17:48 - 17:50
    sont souvent au stand de falafel
  • 17:50 - 17:52
    à déjeuner ensemble.
  • 17:52 - 17:55
    (Applaudissements)
  • 18:00 - 18:03
    C'est notre déconnexion
    les uns aux autres.
  • 18:03 - 18:05
    La haine naît de l'ignorance.
  • 18:05 - 18:09
    La peur en est le père
    et l'isolement en est la mère.
  • 18:09 - 18:13
    Quand nous ne comprenons pas une chose,
    nous avons tendance à la craindre
  • 18:13 - 18:15
    et si nous nous en tenons éloignés,
  • 18:15 - 18:18
    cette peur grandit
    et, parfois, se transforme en haine.
  • 18:19 - 18:22
    Depuis mon départ du mouvement,
    j'ai aidé plus de 100 personnes
  • 18:22 - 18:26
    à se retirer de mouvements extrémistes,
    des groupes suprémacistes blancs --
  • 18:26 - 18:29
    (Applaudissements)
  • 18:34 - 18:36
    aux groupes djihadistes.
  • 18:36 - 18:40
    Je fais cela non pas
    en argumentant auprès d'eux,
  • 18:40 - 18:42
    en débattant avec eux
  • 18:42 - 18:44
    ou en leur disant qu'ils ont tort,
  • 18:44 - 18:46
    même si j'en ai parfois envie.
  • 18:47 - 18:48
    Je ne fais pas cela.
  • 18:48 - 18:51
    Au lieu de cela, je ne les repousse pas.
  • 18:51 - 18:53
    Je les attire à moi
  • 18:53 - 18:58
    et j'ai écoute très attentivement
    à la recherche de nids-de-poule,
  • 18:58 - 19:00
    puis je les remplis.
  • 19:01 - 19:03
    J'essaye de rendre les gens
    plus résistants,
  • 19:03 - 19:04
    plus sûrs d'eux,
  • 19:05 - 19:09
    plus capables d'avoir des compétences
    pour être compétitifs sur le marché
  • 19:09 - 19:12
    afin qu'ils n'aient pas à blâmer l'autre,
  • 19:13 - 19:15
    l'autre qu'ils n'ont jamais rencontré.
  • 19:16 - 19:20
    J'aimerais vous quitter
    avec une dernière chose.
  • 19:21 - 19:24
    De tous ceux avec qui j'ai travaillé,
    ils vous disent tous la même chose.
  • 19:24 - 19:28
    Un : ils sont devenus extrémistes
  • 19:28 - 19:32
    car ils voulaient trouver leur place,
    pas à cause de l'idéologie ou du dogme.
  • 19:33 - 19:35
    Deux : ce qui les a poussé à en sortir
  • 19:36 - 19:38
    était de recevoir de la compassion
  • 19:38 - 19:41
    de la part des gens
    dont ils en méritaient le moins,
  • 19:41 - 19:43
    quand ils en méritaient le moins.
  • 19:43 - 19:45
    (Applaudissements)
  • 19:45 - 19:47
    J'aimerais vous quitter
    en vous donnant ce défi :
  • 19:48 - 19:51
    sortez aujourd'hui, demain --
    j'espère tous les jours --
  • 19:52 - 19:57
    trouvez quelqu'un qui, à votre avis,
    ne mérite pas votre compassion
  • 19:57 - 19:58
    et donnez-la-lui
  • 19:59 - 20:00
    car je vous garantis
  • 20:00 - 20:02
    que c'est lui qui en a le plus besoin.
  • 20:03 - 20:04
    Merci beaucoup.
  • 20:04 - 20:06
    (Applaudissements)
Title:
Ma descente dans le mouvement néo-nazi américain et comment j'en suis sorti
Speaker:
Christian Picciolini
Description:

A 14 ans, Christian Picciolini est passé d'un adolescent naïf à un suprémaciste blanc et, peu après, le dirigeant du premier gang néo-nazi skinhead des États-Unis. Comment a-t-il été radicalisé et comment a-t-il fini par sortir du mouvement ? Dans cette présentation courageuse, Picciolini partage la solution surprenante et contre-intuitive à la haine sous toutes ses formes.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
20:18

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