-
Subtitles downloaded from www.OpenSubtitles.org
-
Resyc Totavaladares
-
Oui?
-
Pierre, on appelle de France.
C'est urgent!
-
Après le concert.
-
C'est au sujet de votre mère.
-
Oui?
-
Tu me reconnais?
-
Fond de l'Etang.
-
"Mon père va venir me chercher samedi."
-
Pépinot.
-
Mais oui, bien sûr.
-
Pépinot.
-
- Ca fait combien de temps?
- Oh, juste une cinquantaine d'années.
-
Fond de l'Etang.
-
Ah, mais c'est toi, là,
au premier rang.
-
Et toi.
-
Et le pion, comment il s'appelait déjà?
-
Clément Mathieu.
-
Clément Mathieu.
-
Qu'est-ce qu'il a pu devenir lui aussi?
-
Ouvre.
-
"Fond de l'Etang.
-
Année 1949."
-
C'est le journal que Mathieu a tenu
pendant son séjour à Fond de l'Etang.
-
Toute son histoire. Et la nôtre aussi.
-
C'est à toi qu'il le destinait.
-
J'aurais voulu te le remettre
en d'autres circonstances, mais...
-
"15 janvier, 1949.
-
Après plusieurs années d'échecs
dans tous les domaines,
-
J'avais la certitude que le pire était à venir."
-
C'était à l'internat de rééducation
réservé à des enfants en difficulté.
-
C'était, du moins, ce que disait l'annonce.
-
Fond de l'Etang.
-
Même le nom de l'établissement
semblait avoir été choisi pour moi!
-
Bonjour.
-
T'es tout seul?
-
Qu'est-ce que tu fais là?
-
J'attends samedi.
-
Pourquoi?
-
Mon papa va venir me chercher.
-
Mais on n'est pas samedi aujourd'hui.
-
Pépinot.
-
Pépinot.
-
Bonjour! Je suis Clément Mathieu,
le nouveau surveillant.
-
C'est vous pour le poste de pion?
-
Disons que j'ai déjà donné des cours
dans un collège privé.
-
- Des cours de...?
- Musique.
-
Ah, vous allez vous entendre avec Rachin.
Le directeur. C'est un ancien joueur de trompette.
-
- Bonjour, Pépinot.
- Bonjour.
-
Ses filles. Il habite juste là.
-
- Vous ne l'avez jamais rencontré, M. Rachin?
- Non, pas encore.
-
- J'ai eu la place par Madame B.
- Vraiment?
-
Lui, c'était le père Maxence.
-
Il m'a expliqué aussitôt qu'il remplissait
les fonctions de gardien,
-
infirmier, magasinier et vitrier.
-
- Qu'est-ce qu'il fait lui?
- C'est un puni de M. Rachin.
-
15 jours de travaux d'intérêt général.
Il fait la bonniche, quoi!
-
Ils sont comment les gamins exactement?
-
- On ne vous a pas dit?
- Non.
-
Mon infirmerie. Tout à l'heure
je vais vous montrer mon potager.
-
Avec plaisir.
-
- Bon sang! Qu'est-ce qu'ils ont fabriqué?
- Je vais vous aider.
-
C'est vous, Clément Mathieu?
-
C'est le directeur...
-
Rachin, directeur de l'établissement.
-
Ah, M. le Directeur, je m'excuse...
-
- Ah oui, vous êtes en retard!
- On m'a donné le mauvais horaire pour l'autocar.
-
La ponctualité ici est une valeur fondamentale.
-
Très bien.
-
Monsieur le Directeur.
-
Très bien, M. le Directeur.
-
Suivez-moi.
-
En premier lieu, je vous invite à prendre
connaissance de notre règlement intérieur,
-
puis vous prendrez l'étude à 16 h...
-
Qu'est-ce qu'il vous prend là?
eh ben, répondez!
-
- Tenez, prenez ça.
- C'est mon oeil.
-
Encore un piège. Regardez!
La jolie nature de nos pensionnaires!
-
Allez, mettez-le là!
-
Je ne vois rien!
-
N'exagérez pas! Montrez!
-
Ah oui, quand même!
-
Bon, vous, eh, sonnez la cloche.
Rassemblement!
-
- Il faudrait peut-être appeler un médecin.
- Mais vous connaissez les prix des visites?
-
Qu'est-ce que je vous ai dit là?
La cloche! Rassemblement!
-
Et où est-elle, cette cloche?
-
Elle vous crève les yeux,
là, près de la porte!!!
-
Eh, bon!
-
Rassemblement!
-
Rassemblement!
-
- On fait souvent de petites surprises
comme ça?
- Continuez à sonner!
-
En rang, par deux.
-
Tout le monde dans la cour!
Rassemblement!
-
Dépêchons!
-
Allez, plus vite! Et en silence!
-
- Crâne d'oeuf!
- Silence!
-
- Crâne d'obus!
- Silence!
-
J'ai dit EN SILENCE.
-
- J'ai rien dit!
- Silence!
-
Si j'ai ordonné ce rassemblement,
-
c'est parce que le père Maxence
vient d'être victime d'un lâche attentat.
-
Selon notre principe action-réaction,
son auteur sera sévèrement puni.
-
Donc, si en trois secondes,
je n'ai pas le coupable,
-
chacun d'entre vous fera 6 jours
de cachot, à tour de rôle.
-
Ceci jusqu'à ce qu'il se dénonce
ou soit dénoncé.
-
Compris?
-
Un...
-
deux...
-
Trois.
-
Personne?
-
Naturellement. Approchez!
-
- Vous, Mathieu.
- Moi?
-
Oui, approchez!
-
Monsieur Chabert,
donnez-moi le répertoire.
-
Merci.
-
M. Mathieu, votre nouveau surveillant,
a la chance de ne pas vous connaître.
-
- Crâne d'oeuf.
- Silence!
-
C'est donc en toute impartialité
qu'il désignera le premier puni.
-
Silence!
-
Choisissez un nom.
-
Au hasard?
-
- Si vous permettez un conseil...
- Laissez-le. Allez-y!
-
Boniface.
-
Pas de chance! Bon, Chabert, Boniface.
-
- Mais, Monsieur, j'ai rien fait!
- La ferme!
-
- Mais c'est dégueulasse, j'ai rien fait!
- Tu vas pas causer, hein!
-
Allez!
-
- Je ne veux pas! Je ne veux pas!
- Avec mon pied au cul, tu vas aller!
-
Silence!
-
Tant que le coupable ne sera pas connu,
-
la récréation est supprimée,
les visites interdites!
-
Je vous invite donc à le dénoncer
au plus vite!
-
Ca pousse à la délation, ça!
-
Comme tous les nouveaux, vous avez
des illusions généreuses, mon cher!
-
Nous en reparlerons dans 8 jours.
-
D'ici là, faites-vous indiquer votre
service par M. Régent
dont vous prenez le poste.
-
Des draps propres.
-
Merci.
-
Vous partez pour quelle raison?
-
10 points de suture.
-
Un coup de ciseaux.
-
Tout ça parce que j'avais confisqué
les cigarettes à Mouton.
-
- Mouton?
- Il y a un garçon qui s'appelle Mouton.
-
Et il est encore là, Mouton?
-
Pour votre information, c'est Le Querrec
qui a piégé la porte de Maxence.
-
Je l'ai entendu qui le racontait
tout à l'heure dans le couloir.
-
- Et vous n'avez rien dit?
- Je ne voulais pas louper le car.
-
Le vieux père Maxence l'avait puni
pour avoir cassé des carreaux.
-
C'est une vengeance. Bien dans son style!
-
Le Querrec.
-
Souvenez-vous bien de ce nom-là: Le Querrec.
-
- Et puis Morhange, oui.
- Oui!
-
Morhange ne parle pas beaucoup,
mais faut s'en méfier.
-
Tête d'ange, mais le diable au corps.
-
Action-réaction.
-
Il n'y a que ça qu'ils comprennent.
-
Allez, je vous les laisse.
-
- Bonne chance.
- Merci.
-
Nos bienfaitrices.
-
Et là, l'emploi du temps.
-
Les classez étaient partagées
entre le directeur,
-
qui tenait les cours d'historie et de français,
-
tandis que les autres matières étaient
l'affaire d'un certain M. Langlois.
-
Mr. Langlois, je vous présente le nouveau pion.
-
Clément Mathieu.
-
- Surveillant à votre âge?
- Oui, mais j'ai déjà enseigné.
-
Bien, c'est parfait.
-
Et c'est le plus rigolo.
-
Prenez votre étude maintenant.
Vous êtes en retard.
Pas besoin de vous montrer le chemin.
-
Allez ! V'là l' crâne d'obus!
-
Messieurs!
-
On ne fume pas pendant la classe.
-
C'est valable pour tout le monde.
Même pour vous, monsieur.
-
Rends-moi ça!
-
Silence!
-
Rends-moi ça!
-
Silence!
-
Rendez-moi ça!
-
Ca commence bien...
Mes compliments, Mathieu.
-
Assis!
-
Naturellement!
-
Vous! toujours vous!
-
Qu'est-ce qu'il a fait?
-
Rien, M. le Directeur.
-
Comment ça, "rien"?
Vous alliez le punir.
-
Ah, non, non! Je le faisais aller
au tableau pour l'interroger
-
et quand vous êtes entré,
j'avais réclamé le silence.
-
Vous en aviez en effet bien besoin!
-
Que je n'aie pas à revenir.
-
Mettez-vous au coin!
-
Bien.
-
Maintenant que vous me connaissez un peu
mieux, une petite mise au point s'impose.
-
En ce moment même, un de vos camarades
est au cachot.
-
Pour rien.
-
Seulement moi, j'ai peut-être pas l'air
comme ça, mais moi, on ne me le fait pas.
-
Je connais le coupable.
-
Et je lui donne 15 secondes
pour se désigner.
-
J'attends.
-
Tant pis pour vous. Plus que 5 secondes!
-
Trop tard.
-
Le Querrec.
-
Qui est Le Querrec?
-
Moi, monsieur.
-
Tiens, donc!
-
- Alors c'est vous qui avez blessé M. Maxence.
- Mais non, monsieur, c'est pas moi!
-
- Je ne questionne pas, j'affirme!
- Mais j'ai rien fait!
-
Entre nos deux avis, M. le Directeur
saura faire la différence.
-
Ah! Pendant mon absence j'ai besoin
de quelqu'un de sérieux
pour surveiller la classe.
-
si j'en crois mon flair infaillible...
-
...Mr. Morhange.
-
Allons, allons, allons!
Qui est M. Morhange?
-
Ben, moi, monsieur.
-
Alors c'est vous la tête d'ange.
-
Descendez au tableau. Vous garderez
la classe pendant mon absence.
-
Allez!
-
Bravo! Jolie tenue là!
Sortez la chemise, c'est plus correct!
-
Puisqu'on dit que les fortes têtes
ont beaucoup d'autorité sur leurs
camarades, montrez-le
-
Allez, vous, chez le directeur!
-
- Pitié, M'sieur!
- Pitié?
-
Vous avez de la pitié pour celui qui
est à votre place? Et pour le père Maxence?
-
Je ne voulais pas lui faire du mal.
C'était juste pour lui faire une blague.
-
Pour lui faire une...?
-
...allez, au cachot pour commencer.
J'en ai assez, vous entendez?
-
Je vais vous appliquer une correction
dans mon bureau...
-
- Qui est-ce?
- C'est Leclerc.
-
Il a essayé de se barrer.
C'est la troisième fois.
Il va l'emmener au cachot.
-
- Bon, ça vous fera un compagnon.
- Non.
-
Ecoute! On va peut-être s'arranger tous les deux.
-
Tu as fait beaucoup de mal à M. Maxence
Beaucoup!
-
Alors je ne vais pas t'emmener chez le directeur,
mais je vais te punir quand même.
-
Désormais, au lieu de faire l'idiot pendant
la récréation, tu travailleras à l'infirmerie.
-
Je te nomme garde-malade du père Maxence.
-
Tu veilleras sur lui jusqu'à ce qu'il soit guéri.
-
Tu es d'accord?
-
Pas mal.
-
Hein?
-
Mais je crois que je peux faire mieux.
Donnez-moi votre craie.
Mettez-vous de profil.
-
Profil.
-
On fera un petit sourire, ça changera.
-
Vas-y, tu peux te retourner.
-
Ah, non! J'oubliais.
Petite note de couleur!
-
Mieux, non? Allez, filez à votre place!
-
Bien.
-
Pour mieux vous connaître, je vais vous
demander de m'écrire, sur une feuille,
-
votre nom, votre âge et le métier
que vous aimeriez faire.
-
A ma grande surprise, tous les élèves
s'exécutèrent.
-
Tous sauf un.
-
Tu n'écris pas?
-
Tu es là depuis combien de temps?
-
Ca fait longtemps?
-
Je sais pas.
-
Allez, écris, petit bonhomme.
-
Première journée épuisante.
-
Je ne sais plus ce que
je suis venu faire ici.
-
Rachin me fait peur, cette bâtisse
me fait peur, même ces enfants
me font peur.
-
A tout moment j'ai l'impression qu'ils
vont rentrer dans mon box
pour me faire la peau.
-
Ma couverture.
-
- Tu m' passes une taffe?
- Ta gueule!
-
Raccouche-toi.
-
Je relus les fiches remplies par les élèves.
-
Tous rêvaient de métiers fabuleux!
-
J'obtins 2 pompiers, 3 cowboys,
1 dresseur de tigres, un pilote de guerre,
-
2 espions, un général de Napoléon,
un pilote de montgolfière, 3 légionnaires...
-
Mais pas un seul pion.
-
C'est gentil de te porter volontaire
pour venir me soigner.
-
Vous voyez, docteur, il paraît que le nouveau
pion a demandé un volontaire pour venir
s'occuper de moi.
-
Et c'est lui qui a levé le doigt.
Spontanément!
-
Comme quoi il faut croire aux miracles.
-
Entrez!
-
M. Mathieu, notre nouveau pion.
-
Alors?
-
C'est une sale blessure
que vous avez là, Maxence.
-
Si maintenant ils s'en prennent à vous,
il n'y a vraiment plus rien à espérer.
-
Car quand même,
vous êtes d'une patience avec eux...
-
J'ai la tête dure.
Il ne faut pas me plaindre.
-
Moi, ce que je plains, c'est surtout
ces pauvres gosses. On a quand même eu
un mort ici.
-
Mort?
-
Mouton ils 'appelait.
Il s'est jeté du haut du toit.
-
Une chance: c'était un orphelin.
-
Comme lui. Tout le monde dit qu'il n'y a
rien à faire. Mais c'est pas vrai.
-
C'est un bon p'tit gars.
Faut un peu le connaître, c'est tout.
-
Il a l'air gentil, père Maxence, hein?
-
Le Querrec, je te parle. Il est gentil,
le père Maxence, non?
-
Non?
-
Oui.
-
- Je ne t'ai pas entendu.
- Laissez-le! C'est un timide.
-
Un grand timide comme moi.
-
Un, deux, trois, quatre...
-
Plus vite.
-
Oui?
-
- J'aimerais vous parler, M. le Directeur.
- Vous voulez déjà nous quitter?
-
- Non, je voudrais tenter une expérience.
- Quoi donc?
-
C'est à propos de l'accident.
-
- C'est pas un accident.
- Certes.
-
cependant, je voudrais que vous
m'accordiez trois choses.
-
- C'est ça?
- 1, que vous leviez la punition collective.
-
2, que vous me laissiez punir le coupable
moi-même et 3 que vous m'autorisiez à garder
son nom pour moi.
-
A condition que vous l'ayez.
-
Evidemment.
-
Vous êtes d'une prétention, mon ami.
Alors vous croyez que vous allez trouver
le coupable comme ça?
-
Eh bien, parfait. Si vous réussissez, d'accord,
je lève la punition collective.
-
Mais, voilà, vous n'aurez jamais le coupable
ou alors moi, je suis le roi des imbéciles.
-
J'ai le coupable, M. le Directeur.
-
Ah, bon?
-
Qui est-ce?
-
C'est à dire, vous m'avez autorisé
à taire son nom.
-
Bon, eh bien... parfait.
-
Mais vos manières m'agacent!
-
Surtout que je n'aie pas
à me plaindre de votre classe!
-
- Je les tiens déjà bien en main.
- Haha, vous parlez bien vite, mon ami!
-
Un, deux, trois, quatre... Allez!
-
Allez, plus vite!
-
- Il n'y a pas de photos de femmes à poil.
- Je n'avais jamais dit que c'était
des photos de femmes à poil.
-
Il est marqué quoi sur le tien?
-
"Ave Maria for soprano
de Clément Mathieu."
-
Moi, j'ai, "Quatuor à cordes...
-
...de Clément Mathieu."
- Ca a l'air d'être de la musique.
-
- Qu'est-ce que tu connais, toi?
- Ca peut-être du Morse.
-
- Ou peut-être des codes secrets.
- Ouais, ça se peut. Il n'est pas pion.
-
C'est un espion déguisé en pion?
-
Le crâne d'oeuf!
-
Rendez-moi ça!
-
- C'est quoi, M'sieur?
- Ca ne vous regarde pas.
-
Il y a un problème, Mathieu?
-
Non, rien.
-
C'est de la musique.
-
Pour quoi faire?
-
Une chorale.
-
Dans les waters?
-
Allez, dehors, la chorale.
-
- Pas de ça ici, Mathieu.
- Pas de quoi?
-
- Faites pas celui qui n'a pas compris!
- Vous n'allez pas croire que...?
-
Cette fois-ci je ferme les yeux.
-
- Vous voyez vraiment le mal partout.
- Ici? Oui.
-
Crâne d'obus, tu es foutu,
-
Ici c'est pas toi qui feras la loi...
-
Crâne d'obus, tu es foutu
-
Ici c'est pas toi qui feras la loi...
-
Alors, les mecs, vous vous dégonflez?
-
- Toi, c'est Corbin, non?
- Oui, M'sieur, mais j' fais rien!
-
- Si, tu chantes.
- Non, M'sieur, je vous jure!
-
Si, tu chantes. Et tu chantes faux en plus.
Tu ne t'en rends même pas compte.
-
Allez, recommence!
-
Je t'écoute.
-
Tu veux peut-être aller
chanter chez le directeur. Allez!
-
Crâne d'obus, d'obus, t'es foutu
-
Crâne d'obus, d'obus, t'es foutu
-
Ici c'est pas toi qui feras la loi
-
Ici c'est pas toi qui feras la loi
-
On ne t'a jamais dit que tu chantais
comme une guenon?
-
Hé, M'sieur. C'est vrai que c'est de la musique
que vous avez dans votre cartable?
-
Mêlez-vous de vos affaires!
-
Et a ce propos, le prochain que je
prendrais à fouiller dans mes affaires
-
...ça le coûtera cher.
-
Et maintenant, silence. On dort.
Au lit, hop!
-
Terminé.
-
Dors.
-
Cette rengaine me restait dans la tête.
-
Ils ne chantent pourtant pas très bien,
mais ils chantent!
-
J'ai même repéré quelques bonnes voix.
-
Y a-t-il vraiment rien à en faire
de ces gosses?
-
Moi qui m'étais juré d'enterrer
à jamais mes notes de musique.
-
Ne jamais dire jamais!
-
Il y a toujours quelque chose à tenter.
-
23 janvier.
-
Une semaine après l'accident, l'état
du père Maxence s'est brutalement aggravé.
-
Le médecin ordonne son transfert à l'hôpital.
-
Il va mourir?
-
Non, on va le sauver.
-
Ce même jour, Pépinot a eu des ennuis.
-
M. Pépinot, vous êtes un cancre.
-
Dernière question. La dernière.
Comment est mort le maréchal Ney?
-
J'attends...
-
A la chasse?
-
Zéro.
-
Vous me copierez 100 fois pour demain:
"Le maréchal Ney est mort fusillé."
-
Sortez!
-
Boniface. Approchez, mon petit!
-
Tenez, pour vous récompenser
de votre rédaction.
-
Donnez ça à Mme. Marie
pour qu'elle vous donne un biscuit.
-
Vous saviez vous que le maréchal Ney
avait été fusillé, non?
-
Mais oui, M'sieur. Comme Napoléon!
-
Sortez.
-
Un instant, M. Morhange.
-
J'ai vu que vous preniez des notes
pendant mon cours.
-
Je vous avoue qu'une telle application
m'étonne de vous. Apportez-moi votre cahier.
-
Charmant.
-
Tenez! Lisez! Admirez l'orthographe!
-
"M. Rachin bouffe de la merde par
paquets de dix!"
-
Il a écrit "Monsieur"?
-
Non.
-
M. Mathieu, action-réaction.
-
Au cachot!
-
Allez.
-
- Messieurs, bon appétit.
- Merci.
-
T'as faim, Pépinot?
-
Tiens, t'as le droit de bouffer.
-
Pépinot?
-
C'est un orphelin.
-
Ses parents sont morts pendant l'Occupation.
-
- Comment sont-ils morts?
- Je ne sais rien.
-
Le problème c'est que le gamin
s'est mis en tête que son père
va venir le chercher le samedi.
-
Chaque samedi il n'y a personne.
-
Alors on lui dit que ce sera
pour le samedi d'après
et ainsi de suite.
-
Il ne serait pas plus simple
de lui dire la vérité?
-
Sans fois on lui a répété que son père
était mort tout comme sa mère.
Rien à faire!
-
Et maintenant on le laisse attendre
devant les grilles. Si ça lui fait plaisir...
-
Silence!
-
Vous avez vu? Action-réaction!
-
C'est-à-dire?
-
Action.
-
Réaction.
-
Il y a quelqu'un au parloir
qui demande le petit Morhange.
-
Morhange, mais il est au cachot.
-
Les punis n'ont pas droit aux visites.
Vous le savez bien, c'est le règlement.
-
Eh ben, allez le dire vous-mêmes à la personne!
-
Bonjour, madame.
-
Bonjour.
-
Je suis le nouveau surveillant.
-
Je suis la mère de Pierre Morhange.
-
Clément Mathieu.
-
Je sais, c'est pas le jour des visites,
mais c'est le seul moment où...
-
- Non, c'est pas ça.
- Il est encore puni?
-
Ah, non, non! Il n'est pas puni...
-
...mais... mais, il n'est pas là.
-
Comment ça?
-
C'est-à-dire qu'il y a une heure on l'a
emmené chez le dentiste.
Il avait une rage de dents.
-
Une rage de dents?
-
Oui, une rage de dents, mais pas grave.
Il sera là le soir.
-
Je ne pourrai pas l'attendre.
Je prends mon service à 5 h.
-
Je peux vous laisser quelque chose pour lui?
-
Ah, oui, bien sûr!
-
Elle s'appelle Violette.
Violette Morhange.
-
Mère célibataire, désespérée par
l'attitude de son fils,
-
enfant voleur, introverti, qu'on renvoyait
de l'école publique pour de nombreuses fugues.
-
Lorsque, contre la volonté de sa mère,
Pierre fut placé à Fond de l'Etang,
-
elle déclara au juge: "au moins
il mangera chaud midi et soir."
-
30 janvier. Début de l'expérience.
-
Ils ont des chapeaux ronds,
Vive les Bretons!
-
Ils ont des chapeaux ronds,
Vive la Bretagne!
-
Ils ont des chapeaux ronds,
Vive les Bretons!
-
Soprano. A gauche.
-
Leclerc.
-
Il est né, le divin Enfant,
Chantons tous son avènement.
-
Oui, c'est presque juste.
Alto, à gauche!
-
Delaire.
-
Trois kilomètres à pied,
Ca use, ça use
-
Trois kilomètres à pied
Ca use les souliers.
-
Va, recommencez là...
-
Quatre kilomètres à pied,
Ca use, ça use
-
Quatre kilomètres à pied,
Ca use les souliers.
-
C'est bien ce que je pensais.
Basse, à droite.
-
Ricoeur.
-
J'ai du bon tabac dans ma tabatière
-
J'ai du bon tabac; tu n'en auras pas!
-
T'es interdit de fumer, hein!
Alto, à gauche.
-
Illouz.
-
L'amour est un enfant bohème
-
Il n'a jamais, jamais connu de loi
-
Soprano, évidemment. A gauche.
-
Bien. Pépinot.
-
Je connais pas de chanson.
-
C'est pas grave. Je vais t'en apprendre.
-
Entre temps je te nomme
Assistant Chef de Choeur.
-
Là.
-
Boniface.
-
Maréchal, nous voilààààà!
-
- Qui est-ce qui t'a appris ça, toi?
- C'est mon grand-père.
-
Un peu démodé. Bon. A gauche.
-
Clément.
-
Aux armes, citoyens,
Têtes de chiens...
-
Bon. A droite.
-
Les monos, c'est de la racaille
-
Ca fume et ça boit pour tout
ce que ça travaille.
-
A gauche.
-
Coucou, hibou,
Coucou, hibou,
-
Très bien. Alto.
-
Ton fort!
-
Ton fort!
-
Fais-moi voir, Corbin.
-
Alors, je suis désolé, ça n'existe pas,
cette note. Viens un peu là.
-
M. Pépinot, donnez-moi la partition.
-
Merci beaucoup. Ouvre tes mains.
-
Tiens-les comme ça. Voilà!
-
Je te nomme "Pupitre"!
-
M. Pépinot, baguette!
-
Merci.
-
Attention! Au trois...
-
Encore une fois.
-
Et voilà.
-
Un, deux, trois, quatre.
-
Le Querrec est au pain sec...
-
Tous les soirs je leur fais travailler
la manière simple de la composition.
-
Carpentier s'est égaréééé
-
Nous sommes de Fond de l'Etang,
C'est pour le moins déconcertant.
-
Nous sommes de Fond de l'Etang
Et c'est bien ça qui est embêtant!
-
Pas mal.
-
Ce n'était pas du grand art,
mais je captais leur attention.
-
Pour aller plus loin, j'avais besoin
maintenant du soutien de mes hiérarchies.
-
Quoi?
-
Une chorale?
-
Oui.
-
Mon pauvre Mathieu, vous êtes
complètement à côté de la plaque.
-
Une chorale! Mais vous n'allez
jamais leur tirer une note du gosier ou
alors moi je suis le roi des...
-
Non, je vous supplie, M. le Directeur,
ne me dites pas le roi de quoi.
-
Pourquoi donc?
-
Parce qu'ils chantent déjà.
-
Ah oui?
-
Oui, mais un tout petit peu.
-
Alors pourquoi êtes-vous venu me demander
une autorisation que vous avez déjà prise?
-
Je n'aime pas vos manières, vous m'entendez?
-
- Monsieur le Directeur...
- Vous m'embêtez.
-
J'ai d'autres soucis en tête.
-
Très bien. J'aimerais rire moi aussi.
-
Faites-les donc chanter!
-
Mais si ça tourne à la chienlit,
vous perdez votre place.
-
Merci pour vos encouragements,
Monsieur le Directeur!
-
8 février.
-
Lorsque j'attaque les premières
répétitions, Rachin s'acharne
contre Morhange.
-
A sa sortie du cachot, il le condamne,
pour l'exemple, à un mois
-
de Travaux d'Intérêt Général.
-
Recommencez dès le début. Allez!
-
Hé, la bonniche! Tu n'oublieras pas
de faire mon lit!
-
15 février.
-
Visite du docteur Dervaux,
médecin psychiatre.
-
Il nous apporte un cadeau.
-
Nous avons donc décidé de sortir ce garçon
de la maison de redressement de St. Ferréol
-
afin d'étudier ses capacités d'adaptation
à un univers plus... libéral.
-
Contrairement à la plupart de ses camarades,
-
Pascal Mondain commence à lire
et à écrire.
-
En tout cas, il sait parler.
A peu près normalement.
-
Nous avons soumis ses facultés intellectuelles
au test Binet-Simon.
-
Ah, le test Binet-Simon.
-
Ah oui, il a été soumis également au test
de Rorschach et Drüss Fables.
-
- Excellent.
- Ce test, comme vous le savez...
-
Ce test classait les enfants
en sept catégories:
-
normaux, suffisants,
-
limite, débiles légers, moyens,
profonds,
-
Et pour finir, les imbéciles.
-
Mondain se situe dans la zone limite.
-
Ce n'est pas un démon
à proprement parler,
mais je dois vous prévenir:
-
Il a le profil d'un pervers
instinct grégaire.
-
Ah, quand même...
-
Ca veut dire quoi, au juste?
-
Et ben, le...
-
- Docteur?
- Tendance à la cruauté, au parasitisme,
-
à la destruction, et surtout,
surtout, à la mythomanie.
-
- Voilà.
- Il est déjà plein, des gens comme ça ici...
-
Sauf qu'ici les enfants ont accès à des
disciplines généralistes.
-
Il est donc intéressant d'observer
comment Mondain peut s'y intégrer.
-
C'est la moindre des choses.
-
Nous essaierons tous d'être à la hauteur
de vos attentes scientifiques.
-
Messieurs, prenez en charge cet individu!
-
- Je vous garde le déjeuner?
- Avec plaisir.
-
Portez-lui toute l'attention nécessaire!
-
Action-réaction.
-
Pas de cigarette ici.
-
Pour bien entamer l'expérience,
je devais tout d'abord affirmer
mon autorité.
-
T'as vraiment une gueule de connard, toi!
-
T'as intérêt de te tenir à carreau.
Sinon, ça va barder!
-
D'accord.
-
Ca va barder?
-
Toi, tu connais certainement
une chanson, non?
-
Ben, ouais, mais...
-
Mais quoi?
-
Ca va pas vous plaire.
-
Essaie toujours. Viens!
-
Allez!
-
Je t'écoute.
-
A la claire branlette,
J'ai sorti mon poireau
-
Pour enculer Ginette
Sans lui faire de bobo.
-
- Stop!
- Il y a longtemps que je t'encule...
-
Ca va.
-
Je te l'avais bien dit.
-
Pas mal.
-
Il y a du travail, mais tu as déjà
une bonne voix de baryton.
-
Une voix de quoi?
-
De baryton. C'est pas une insulte.
-
C'est quand on chante avec une voix grave.
-
Mets-toi au fond avec les basses.
-
- Putain!
- Et laisse ta putain tranquille.
-
Le prochain qui se marre,
c'est mon poing dans la gueule!
-
Quand tu veux, Mondain!
-
Isolement terminé.
-
Je vous ramène Pépinot.
Vous l'avez oublié près de la grille.
-
Alors, Pépinot?
On n'est pas samedi.
-
Au fait, je voulais vous dire...
-
Dans les lettres que vous envoyez
au parents...
-
Je n'en ai pas.
-
Oui, ben pour ceux qui en ont,
-
rappelez-leur qu'ils peuvent venir vous voir
le 1er et le 3ème jeudi de chaque mois.
-
Morhange, tu commences déjà à être inattentif.
-
- Qu'est-ce que je viens de dire?
- Ben, je sais pas.
-
Je viens de dire que tu peux écrire
à ta mère pour lui dire de venir te voir
-
le 1er et le 3ème jeudi de chaque mois.
Ou les deux si elle le veut.
-
T'as compris? Seuls les punis n'y ont
pas le droit, alors méfie-toi!
-
Moi, mes vieux j'ai pas envie de les voir.
-
Oui, mais Morhange
a peut-être envie de voir sa mère.
-
Peut-être qu'il n'est pas le seul.
-
Bon, tu vois, Morhange?
On a une vraie chorale.
-
- Je m'en fous.
- Quoi, je m'en fous?
-
Quelle est ta voix?
Montre la gamme, vas... DO...
-
Allez!
-
Tu veux retourner d'où tu viens?
Allez, la gamme, vite!
-
La grossièreté ne te va pas très bien,
mon p'tit gars.
-
Tout le monde ne peut pas être Mondain.
-
Bon, allez, on reprend.
-
- Bon, et où tu vas, toi?
- J'en ai marre, j'vais pisser.
-
Mondain, une minute!
-
- Corbin.
- Moi aussi, je peux aller pisser, M'sieur?
-
Bon, allez, tout le monde sort.
-
Et en silence! Silence!
-
Tu chantes bien, ma belle.
-
T'en veux?
-
On t'a laissée toute seule?
-
Je vais te protéger, moi.
-
Attends-moi!
-
On se ressemble, tous les deux.
-
Moi, mes parents, c'est des enculés.
-
Toi, ta mère, c'est pareil.
-
Si elle veut plus de toi,
c'est pour être tranquille.
-
Non, c'est parce qu'elle travaille.
-
- Ah, c'est vrai, ce qu'ils disent
alors les autres?
- Quoi?
-
Que c'est une pute.
-
Je t'arrange la gueule.
-
Allez!
-
Toi, t'es mort!
-
Ah, oui?
-
Ce jour-là, Morhange manquait
à l'appel de 15 h.
-
Personne n'a jamais su d'où il revenait.
Mais il était revenu.
-
C'était l'essentiel.
-
Ben, qu'est-ce que tu fais là, toi?
-
J'ai pas le droit de monter.
-
Comment ça, t'as pas le droit?
-
Pourquoi ça?
-
J'ai pas de sous.
-
T'as pas de sous pour aller dormir?
Qu'est-ce que c'est que cette histoire?
-
C'est Mondain.
-
Il ne me laisse pas monter
si je ne lui donne pas de sous.
-
Faut qu'on fasse gaffe.
-
Là où j'étais avant,
je me suis fait gauler par le pion.
-
- Alors j'ai dû lui régler son compte.
- Comment?
-
Un coup de baïonnette.
Je l'ai bien saigné.
-
- Tu l'as tué?
- Un peu, oui.
-
Ici c'est pareil. Faut pas qu'il me
casse les couilles, votre Crâne d'Oeuf.
-
- Mathieu c'est bien.
- Tu parles!
-
Par devant il te chante une berceuse,
quand tu dors, ça vient te tripoter la bite.
-
Ceux-là, faut tous les crever!
-
Bonsoir, messieurs.
-
- Bon appétit.
- Monsieur, je vous jure, j'avais rien fait.
-
Je vois que tu fréquentes du bon monde, Corbin.
-
Dégage!
-
Pour ce qu'il est du festin,
-
ça reste entre nous. Cadeau.
-
Mais je te préviens: tu ne parles plus
à Pépinot!
-
T'approche pas de lui!
Je t'interdis même de le regarder!
-
Est-ce que c'est clair?
-
Un seul regard vers lui, un seul,
et ta vie se transforme en cauchemar.
-
Vois sur ton chemin
-
Gamins oubliés, égarés
-
Tends-leur la main
-
Pour les mener vers d'autres lendemains.
-
Sens, au coeur de la nuit
-
L'onde d'espoir
-
Ardeur de la vie
-
Sentier de gloire
-
Qu'est-ce tu fais là, Morhange?
-
Rien, m'sieur.
-
Alors j'ai entendu des voix?
Ca doit être la fatigue.
-
Article 8 du Règlement intérieur:
-
Il est interdit aux élèves
de pénétrer seuls dans les classes.
-
Avec M. Rachin tu le recopierais
100 fois pendant le matin.
-
Sans compter s'il irait le dire
à ta mère.
-
Je n'ai rien à foutre de ma mère.
-
- Qu'est-ce qu'elle t'a fait? Explique-moi!
- Je n'ai rein à vous dire.
-
Attends, j'ai pas fini.
Tu vas pas t'en tirer comme ça.
-
Tout se paie ici.
Demande à Pépinot.
-
Morhange, toi, tu fais des choses qui
ne te ressemblent pas.
-
Faire le mur, te bagarrer,
jouer le voyou.
-
Tu fais peut-être rire les autres, mais pas moi.
-
Alors à partir de demain, participation
obligatoire à la chorale!
-
Les cours de musique. Tous les jours!
Allez, file te coucher!
-
Allez!
-
3 mars.
-
Il ne peut pas s'en douter,
mais moi, j'en suis sûr.
Sa voix est un miracle.
-
La promesse rare d'un don exceptionnel.
-
Vous pouvez sortir en silence.
-
J'ai dit en silence.
-
Et peu à peu, alors que ma chorale progresse,
-
j'apprivoise mon nouvel élève.
-
Bonheurs enfantins
-
Trop vite oubliés, effacés,
-
Une lumière dorée brille sans fin
-
Tout au bout du chemin.
-
Sens, au coeur de la nuit
-
L'onde d'espoir
-
L'ardeur de la vie
-
Sentier de gloire.
-
Bon, prenez vos cahiers de calcul.
-
Comment Mathieu, c'est vous qui faites
chanter les enfants?
-
Oui, monsieur.
-
- C'est un reproche?
- Oh, pas du tout.
-
Au contraire, j'adore la musique.
Il m'arrive parfois à moi-même
de pousser la chansonnette.
-
Ah bon?
-
Qu'est-ce qu'on attend
pour être heureux?
-
qu'est-ce qu'on attend
pour faire la fête?
-
- Bonne journée.
- A vous aussi, cher collègue.
-
Arithmétique. Page 27.
-
Messieurs, dames.
-
Bonjour, madame.
-
- Pierre est prévenu. Il arrive.
- Ca ne va pas?
-
Tout va très bien.
-
- Et ses dents?
- Ca c'est arrangé.
-
Vous lui avez dit que j'étais passée?
-
Non.
-
Pourquoi?
-
C'est-à-dire je préférais ne pas lui dire.
Vous savez, Pierre est un garçon très sensible...
-
...et doué.
-
Oui, pour faire l'imbécile.
-
Pas seulement. Et bien à ce propos,
il faudrait que je vous parle.
-
Chanter? Mais personne ne le lui a appris.
-
Mais il a un don.
Faut faire quelque chose.
-
Bonjour.
-
Eh voilà, je vous laisse. N'hésitez pas
à venir me voir.
-
Je n'ai pas dit à ta mère que tu avais été puni.
Je lui ai dit que tu étais chez le dentiste.
-
Ne me trahis pas!
-
- Alors il paraît que tu chantes bien?
- Ouais.
-
Il a l'air content de toi, ce monsieur.
-
Il est gentil avec toi?
-
Ca va.
-
Il y a du linge propre
-
et je t'ai fait ton gâteau au chocolat.
-
T'es content?
-
Avril. Ces enfants m'inspirent.
-
J'étais sûr, je savais qu'un jour viendrait
où l'on jouerait ma musique.
-
Je m'appelle Clément Mathieu.
-
Je suis musicien et chaque nuit
je compose pour eux.
-
Caresse sur l'océan
-
Pose l'oiseau si léger
-
Sur la pierre d'une île immergée.
-
Air éphémère de l'hiver
-
Enfin ton souffle s'éloigne
-
Loin dans les montagnes...
-
Vire au vent tournoie déploie tes ailes
-
Dans l'aube grise du levant
-
Trouve un chemin vers l'arc-en-ciel
-
Se découvrira le printemps
-
Calme
-
Sur l'océan...
-
C'était pas bien, M'sieur?
-
Si, c'était bien.
-
C'était très bien.
-
Avance, cochon!
-
Petit merdeux. Allez!
-
Avance!
-
- Qu'est-ce qu'il a fait?
- Il a volé ma montre.
-
Dans ma chambre que je l'ai surpris.
Alors je passe voir Rachin.
-
Action-réaction.
-
- Et vous l'emmenez où?
- Au cachot. 15 jours! Allez!
-
- Attendez!
- Attendre quoi?
-
C'est mon seul baryton.
-
Oui, Monsieur le Directeur?
-
J'ai encore trouvé du graffiti sur...
-
Excusez-les, Monsieur le Directeur,
c'est une balle perdue.
-
Ecartez-vous!
-
Mathieu, Chabert...
-
...avec moi.
-
Fin mai. Au fur et à mesure que le temps passe,
j'enregistre de nouvelles victoires.
-
Debout! C'est l'heure!
-
- Leclerc.
- Ouais?
-
- On est toujours copains?
- Ouais, pourquoi?
-
5 et 3 ça fait combien?
-
- 53!
- T'es sûr?
-
- Ben, ouais!
- Merci.
-
C'est peut-être une illusion,
-
mais pourtant, même notre directeur
semble être gagné par le changement.
-
5.
-
Regardez, c'est monsieur Maxence!
-
Attention! On ne bouge plus!
-
Souriez!
-
Allez! Dehors, Mondain!
-
Hé, p'tit, c'est fini.
-
Allez, allez! Un, deux...
-
Chabert, je viens de voir M. Rachin,
pour lui dire que la chorale de Mathieu
était sensationnelle!
-
Allez!
-
- Je suis fatigué.
- Mais t'es toujours fatigué! Allez! 29.
-
- Qu'est-ce qu'il vous a dit?
- D'aller me faire foutre! Voilà.
-
Il est où Mondain?
-
Et vous n'avez pas noté sa disparition
avant d'aller courir?
-
Il était à l'appel ce matin, M. le Directeur.
C'est après qu'il a dû partir.
-
Très bien, dans ce cas, j'interdis
toute promenade jusqu'à la fin de l'année.
-
- Ila pris beaucoup d'argent?
- La totalité. Près de 200,000 francs.
-
Comment je fais pour payer
mes fournisseurs maintenant?
-
Jamais je n'aurais dû accepter de le prendre ici.
-
Tout ça pour une expérience...
Je m'en foutrai des expériences!
-
Comme vous avec votre musique.
-
Je devrais faire livrer du charbon
pour l'eau chaude. Ca attendra
la semaine prochaine.
-
Entre-temps, je préviens la gendarmerie.
-
Quand il était dans son cercueil,
-
Il l'avait dure comme une carotte
-
Avec sa bite en arc de cercle
Il essayait d'ouvrir le couvercle!
-
...
-
J'observe que le chant les rend
intelligents, Mathieu.
-
Ils sont en net progrès.
-
M. le Directeur, les gosses n'ont plus
d'eau chaude depuis trois semaines.
-
L'eau froide c'est très bien
pour la circulation. Sortez!
-
Au fait, Mathieu,
finie, la chorale.
-
- Mais, Monsieur le Directeur...
- Merci, M. Mathieu.
-
Oui, passez-moi la gendarmerie.
-
Je ne sais pas encore ce qu'on va faire
pour la chorale,
-
mais pour les gosses,
on va chauffer au bois.
-
Il n'y a plus de bois.
-
Et ça?
-
Réserve personnelle de M. le Directeur.
-
Chabert. Action-réaction.
-
Chabert m'a étonné.
-
Je le prenais pour un double zélé de Rachin,
-
mais c'était en fait un brave type
-
qui considère le sport et la musique
comme les moteurs essentiels
de la cohésion nationale.
-
Le Querrec, je te vois pas ou quoi?
-
Avec son aide, j'organise la résistance.
-
Notre chorale devient clandestine.
-
Vous avez tendance à baisser en fin de phrase.
-
Je vous demande pour la dernière fois
de bien détacher chaque note.
-
Bon, il est tard, on verra ça demain.
-
Mais, M'sieur, on ne fait pas
la deuxième partie?
-
- Je ne t'ai pas appris le solo.
- Mais moi, je l'ai appris.
-
Comment ça, tu l'as appris?
-
Ah! Bon, seconde partie.
-
Allez.
-
Le 13 mai, peu après 15 h,
Mondain était de retour.
-
- Où est l'argent?
- J'sais pas.
-
- Alors qui me l'a volé?
- J'sais pas. C'est pas moi!
-
T'en veux encore?
-
Alors?
-
- Il le frappe?
- Depuis une demi-heure.
-
- Il est fou.
- Il perd surtout son temps.
-
Il ne dira rien, le gamin.
-
Bon.
-
Et là on va recommencer depuis le début.
-
Où est l'argent?
-
Parle!
-
Où est l'argent?
-
Lâche-le!
-
Lâche-le!
-
Calme-toi!
-
Calme-toi!
-
Ce garçon vient d'avouer. C'est parfait!
Je rappelle tout de suite les gendarmes.
-
Vous allez connaître d'autres maisons,
mon petit!
-
Avec d'autres gardiens et d'autres barreaux.
-
Pour ne pas entamer leur moral fragile,
-
l'affaire Mondain a été dissimulée aux enfants.
-
On l'avait renvoyé dans son école,
point final.
-
Une poule
-
produit en moyenne...
-
84 oeufs par an.
-
Bien nourrie...
-
logée...
- J'ai vu les filles de Rachin aujourd'hui.
-
Toutes nues?
-
- Non.
dans un poulailler aéré...
-
et propre,
elle en pond 150.
-
Combien d'oeufs de plus peut ainsi
obtenir
-
le fermier qui élève...
-
neuf poules?
-
Belle journée.
-
Ca fait du bien un peu de soleil.
Nous allons vers de beaux jours.
-
Vous savez, Pierre m'étonne un peu plus
chaque jour.
-
En tout cas, je voulais vous remercier
de ce que vous faites pour lui.
-
Je le fais un peu pour vous aussi.
-
Enfin, je veux dire, si Pierre va bien,
vous aussi vous irez bien...
-
- Laissez-moi faire.
- non, laissez, c'est rien.
-
C'est de l'encre.
-
- T'es chiant, imbécile!
- Tu veux qu'on nous enferme tous au cachot?
-
Qu'est-ce qui se passe?
-
Pourquoi vous lui tapez dessus?
-
Dis-moi, toi, Bébert.
-
Ben, parce que c'est lui
qui vous a jeté l'encre.
-
Tu pouvais pas fermer ta gueule, toi?
-
Tu me fais honte, Pierre.
-
Attendez.
-
C'est pas grave. C'est juste de l'encre.
-
Je le comprends, c'est de la fierté,
c'est parce que vous êtes belle.
-
Belle?
-
Je veux dire, vous n'avez rien à voir
avec les autres mères qui viennent
voir leurs gosses.
-
Parce que je vis seule, c'est ça?
-
Moi aussi.
-
- Mais vous n'avez pas d'enfants.
- Non.
-
Enfin, j'en ai 60.
-
Mais eux, ce qu'ils voient quand vous venez,
c'est la femme qu'ils rêvent tous d'avoir.
-
Enfin, la mère dont ils ont tant rêvé.
-
Pour Pierre vous n'êtes pas un rêve.
Vous êtes sa mère.
-
Et comme tous les enfants,
il n'aime pas partager.
-
On doit absolument le sortir de cet internat
où il perd son temps.
-
- Lui trouver une école de musique.
- Ce que je voudrais
c'est qu'il ait un vrai métier.
-
La musique c'est un vrai métier,
à condition d'avoir un bagage solide.
-
Il pourrait entrer au Conservatoire de Lyon.
-
Je le suivrai pour qu'il ne prenne pas
de mauvaises habitudes.
-
Même là-bas on peut tomber
sur de mauvais professeurs.
-
Et après?
-
Après il deviendra ce qu'il doit devenir.
-
Pierre est une exception et je vous jure
que je fais tout pour qu'il s'épanouisse.
-
Mais j'ai besoin de vous aussi.
-
Je comprends.
-
Merci.
-
Non, ça va pas.
-
Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui?
On dort?
-
Et toi, Boniface, t'as vu
comment tu te tiens?
-
Tu crois qu'on peut chanter comme ça?
Redresse-toi!
-
On repart à "Si doux est le concert".
-
Et mon solo?
-
Quel solo?
-
Mon solo.
-
Ah, oui, ton solo. non, il n'y a plus de solo.
-
T'avais pas une mauvaise voix,
mais personne n'est indispensable.
-
Tu chantes, tu ne chantes pas, ça m'est égal.
On peut bien se passer de toi. Ecoute.
-
Bon, on reprend à...
-
On reprend à "Ô nuit"...
-
Ô nuit
-
Viens apporter
-
à la terre
-
Le calme enchantement
-
De ton mystère
-
Mathieu.
-
- Vous allez vous faire engueuler, M'sieur.
- Mr. Chabert m'a dit qu'il était en ville!
-
Bon, merci, les enfants.
Vous pouvez aller jouer dans la cour.
-
Vous m'embêtez, vous savez?
-
Monsieur le Directeur, je vous promets,
les devoirs sont faits.
-
Voilà que nos dames bienfaitrices
ont eu vent de votre chorale.
-
C'est la comtesse elle-même qui m'écrit.
elle nous rend visite, avec ses amis,
dimanche prochain.
-
- Elle veut écouter ça.
- Mais c'est formidable.
-
Enfin, j'veux dire, c'est bien.
-
Je vois ça d'ici.
Minauderies, musique.
-
Pourquoi pas des petits-fours?
-
Vous me mettez ces corvées sur le dos
avec vos imbécilités...
-
Enfin, vous remarquerez que la musique
ne dessert pas la discipline.
-
- Depuis quelque temps
on a quand même eu moins de problèmes...
- Hasard.
-
- Je ne crois pas beaucoup au hasard, M. le D.
- C'est ce que j'ai cru comprendre.
-
Car qui en dehors de vous
aurait pu parler de votre chorale à la Fondation?
-
C'est moi.
-
Vous savez écrire, vous?
-
- M. Maxence a cru bien faire, sans doute...
- Faites-moi grâce de vos commentaires.
-
Je n'aime pas vos manières, Mathieu.
-
J'ai l'impression que vous n'aimez pas
grand-chose, Monsieur le Directeur.
-
M. Rachin. On vous demande au parloir.
-
On en parlera plus tard.
-
Pour vous.
-
Des fois, je me dis qu'on aurait dû
laisser Mondain l'étrangler.
-
Violette me remerciait de ce que
je faisais pour son fils.
-
Elle voulait m'en parler en privé
et m'annonçait quelque chose
de très important.
-
Rendez-vous au Café de la Place,
le 20, à 16 heures.
-
J'ai écrit au Conservatoire de Lyon.
Je connais un peu le directeur.
-
Il m'a gentiment répondu qu'il
serait ravi d'auditionner
-
et en cas d'admission, il ferait tout
pour lui obtenir une bourse.
-
De ce côté-là, je pense que les choses
vont être plus simples désormais.
-
Ah, bon?
-
Oui. Depuis que je vous ai rencontré,
-
Je... enfin...
-
Ma vie a... Comment dire?
-
Basculé?
-
Oui.
-
Grâce à vous.
-
- J'aurais pas pu imaginer que...
- Moi non plus, j'y croyais plus.
-
Remarquer, j'ai peut-être tort
de m'emballer trop vite.
-
Ah, non.
Non, vous pouvez me faire confiance.
-
C'est vrai que vous m'avez porté chance.
-
Chance?
-
J'ai rencontré quelqu'un.
-
C'est un ingénieur.
De Lyon justement.
-
Je l'ai connu au café.
Il travaille dans la région
pour la construction d'un pont.
-
Ca va?
-
Ca va. C'est une chance formidable
pour vous et pour Pierre.
-
Ne m'en voulez pas, je suis obligée de filer.
-
Ca me ferait plaisir que nous puissions
déjeuner tous les trois un de ces jours.
-
vous pourrez lui parler de Pierre.
Vous voulez bien?
-
Pourquoi pas?
-
Au revoir.
-
Au revoir.
-
Et merci pour tout.
-
J'oubliais.
-
Ne dites rien à Pierre pour l'instant.
-
Excusez-me. Je peux prendre la chaise?
-
- Oui, oui.
- Merci.
-
Madame la Comtesse, veuillez
accepter quelques fleurs.
-
Je n'ai pas tout saisi,
mais je comprends l'intention.
-
Merci, mon petit.
-
Tenez.
-
Mme. la Comtesse, permettez-moi
de vous présenter M. Mathieu, notre surveillant
-
qui fait chanter ces chers enfants.
-
- Madame la Comtesse.
- Mes compliments, monsieur.
-
Nous suivons avec beaucoup d'intérêt les méthodes
pleines de compréhension de m. Rachin.
-
Méthodes auxquelles nous vous remercions
d'apporter votre aide.
-
Au fait, cette chorale,
c'est une idée de...?
-
- C'est-à-dire...
- Euh, de moi, Madame la Comtesse!
-
De moi.
-
Je suis, en effet, très heureux, Madame,
-
de porter mon aide à un directeur
aussi compréhensif.
-
Eh bien, faites-les chanter!
-
Monsieur Rachin est un modeste;
il n'aime pas les compliments.
-
- Voilà.
- Alors, qu'est-ce que vous allez
nous faire entendre?
-
"La Nuit des Rameaux",
Madame la Comtesse.
-
Oh, ça doit être magnifique.
-
Excusez-moi?
-
Qui est ce p'tit garçon qui se tient à l'écart?
C'est un puni?
-
- Celui-là?
- Oui.
-
Celui-là, c'est un cas à part.
-
Permettez?
-
Ô nuit
-
Viens apporter
-
A la terre
-
Le calme enchantement
-
De ton mystère
-
L'ombre qui t'escorte
-
Est si douce
-
Si doux est le concert
-
De tes voix chantant l'espérance
-
Si grand est ton pouvoir
-
Transformant tout en rêve
-
Ô nuit
-
Ô laisse encore
-
A la terre
-
Le calme enchantement
-
De ton mystère
-
L'ombre qui t'escorte
-
Est si douce
-
Est-il de beauté
-
Aussi belle que le rêve?
-
Est-il de vérité
-
Plus douce
-
Que l'espérance?
-
Et dans les yeux de Morhange
qui suivaient si bien ma mesure,
-
je lisais tout à coup
beaucoup de choses:
-
de la fierté, la joie d'être pardonné,
-
mais aussi - et c'était bien nouveau pour lui,
-
comme de la reconnaissance.
-
Premier jour de l'été.
-
Notre chorale compte un nouvel élément.
-
Excusez-moi, j'ai raté la reprise.
Au temps pour moi.
-
- Allez-y.
- Bon, encore.
-
Je sens dans le regard de mes gosses
des désirs d'escapade,
-
de construire des cabanes au plus près du ciel.
-
Ce beau temps les rend tristes.
-
Allez voir; c'est important.
-
J'étais en train d'effacer le graffiti
sur les lieux des toilettes,
-
J'ai soulevé une pierre et j'ai trouvé ça.
-
- C'est l'harmonica de Corbin.
- Et ça.
-
Il y a au moins 200,000 là-dedans.
-
Personne ne savait où était ta planque.
-
Alors ne me dis pas que l'argent
est arrivé là par hasard.
-
Tu sais que Mondain a été renvoyé
parce qu'on l'avait accusé de vol.
-
Je ne savais pas.
-
C'est vrai. Tu savais pas.
-
Enfin, maintenant je te le dis.
-
Qu'est-ce qui t'a pris?
Tu voulais faire quoi de tout cet argent?
-
Si je vous dis, vous ne le direz à personne?
-
Personne.
-
Je te le jure.
-
Je voulais me payer...
-
Te payer quoi?
-
Une montgolfière.
-
Je ne sais pas qui a commis ce vol,
mais c'est bien la preuve que Mondain
est innocent.
-
Il serait jamais parti sans l'argent.
-
Je ferai l'enquête après-demain.
-
Mais ne vous faites pas du mauvais sang,
Mathieu.
-
Si Mondain n'est pas coupable aujourd'hui,
il le sera une autre fois.
On ne peut rien pour ce genre d'individus.
-
- Il y a une justice, quand même!
- Justement, elle s'occupera de lui.
-
M. le Directeur, attendez-moi!
Attendez-moi!
-
Vous partez vous aussi?
-
Je profite de la voiture.
Je vais passer les vacances en famille.
-
Chez ma soeur.
-
Il y a un piano.
-
Vous savez ce qu'il va faire à Lyon, Rachin?
-
Je crois qu'il va discuter du bilan financier
de notre comité patronal.
-
- Non?
- Si.
-
Mais en vérité il va surtout faire
des ronds de jambe pour son avancement
et sa décoration.
-
Vous pensez qu'il obtiendra ce qu'il veut?
-
Habile comme il est? Il va présenter un bilan
idyllique de son établissement
-
en passant sous silence
toutes les horreurs que vous connaissez.
-
Et puis il va s'attribuer la réussite
de votre chorale.
-
Réussite?
-
Ah si! J'ai entendu, hein.
C'est très bien.
-
M'sieur, c'est vrai que Langlois
est parti avec le dirlo?
-
Oui. Chabert et Carpentier ont encore
deux semaines de vacances.
-
- On est les maîtres des baraques.
- Alors il n'y a pas cours aujourd'hui?
-
Non.
-
- Qu'est-ce qu'on va faire?
- La sieste.
-
J'ai peut-être mieux.
-
Merci.
-
Sans vouloir vous...
-
- Votre rosette?
- Oui.
-
L'oiseau est dans le nid, M. Rachin.
-
Ah, je ne sais comment vous remercier.
-
Désolé, M. le Directeur.
On vous demande au téléphone.
-
Excusez-moi, je...
-
Monsieur le Directeur!
-
- Faites quelque chose! Mon fils est là-haut!
- Laissez-moi passer!
-
Le feu avait pris sous les toits.
-
Les flammes dévoraient les dortoirs,
où les enfants avaient été vus
pour la dernière fois.
-
60 gamins disparus,
-
piégés comme des rats.
-
Pour Rachin c'était son avancement,
sa légion d'honneur
-
qui brûlaient sous ses yeux.
-
quand, tout à coup...
-
Après le déjeuner, je les ai fait passer
par la porte du potager
-
pour ne pas être vus de la Mère Marie
et des gens du village.
-
Et puis, puis nous sommes allés dans
la forêt de Lignan.
-
Qu'est-ce que vous alliez faire là-bas?
-
Faire un jeu de piste.
Ils étaient contents, hein...
-
Inutile de vous dire, M. Maxence,
que je réprouve une déception définitive
à votre égard.
-
M. le Directeur, j'assume
l'entière responsabilité de cette fugue.
-
M. Maxence n'a pas cessé un instant de vouloir
me dissuader.
-
C'est ce qu'on appelle "manquer de conviction".
-
De l'autre côté on peut aussi considérer
qu'on a sauvé les vies de ces enfants.
-
Oui, enfin, si vous n'aviez pas laissé
l'établissement sans surveillance, il n'y aurait
pas eu d'incendie.
-
Bon Dieu, je ne sais pourquoi je continue
de vous écouter.
-
Bon, M. Maxence, en considération de vos longs services,
vous subirez seulement une mise à pied.
-
Quant à vous, M. Mathieu, vous êtes renvoyé.
-
Pour avoir failli au règlement.
-
Puisque c'est comme ça,
mettez-moi à la porte aussi.
-
Ce n'est pas à vous de décider.
-
C'est gentil de votre part, M. Maxence,
mais je crois qu'on a encore besoin
de vous ici.
-
Pensez aux gosses puisque ce monsieur
n'y pense jamais.
-
J'ai préparé votre compte. Tenez!
-
Vous partez immédiatement,
par l'autocar de 18 h.
-
Je vous défends de revoir même un instant
vos anciens élèves.
-
- Comment ça?
- M. Maxence, vous y veillerez.
-
Allez, sortez!
-
M. le Directeur, avant de nous séparer,
permettez-moi de vous dire ce que je pense
de vous.
-
- Je le sais, Mathieu.
- Vous êtes un homme incompétent,
-
- profondément méchant.
- Et eux?
-
Ils n'ont pas choisi d'être ici.
-
Mais moi non plus. Je n'ai jamais eu
la vocation de devenir un éducateur.
-
Et ne me dites pas que vous rêviez
de vous enterrer ici, dans le trou du cul
du monde.
-
- Vous aviez d'autres ambitions? Ben moi aussi!
- Ce n'est pas une raison pour leur faire payer
votre échec.
-
Si vous croyez que ça m'amuse de jouer
le garde-chiourme?
-
Faut bien que quelqu'un le fasse.
-
Mais allez-y, vous! Prenez votre bâton
de pèlerin, montez à Paris.
Et vois les ministres!
-
Toc-toc-toc.
"Bonjour. Je suis Mathieu.
-
"Il faut de vrais éducateurs,
pas des toquards."
-
Engagez-vous, luttez, puisque
vous avez la foi, Mathieu.
-
Saint Mathieu.
-
Vous n'êtes qu'un musicien raté.
-
Un pion. Juste un p'tit pion.
Pion. Pion. Pion.
-
"Qu'est-ce que vous faites dans la vie M. Mathieu?"
"Je suis pion."
-
Pion. Pion. Pion.
PION!
-
Vous êtes fou.
-
Je suis fatigué.
-
Allez au diable.
-
Je le quitte, au contraire.
-
J'avais espéré que quelques élèves forceraient
la consigne pour me faire leurs adieux.
-
Mais rien.
-
La sagesse de ces enfants
ressemblait bien à de l'indifférence.
-
Et Morhange...
-
Enfin.
-
"A bientôt, M. Mathieu."
-
"Au revoir, Crâne d'obus."
-
Sur le premier j'avais reconnu
l'écriture soignée de Boniface.
-
Les fautes d'orthographe,
c'était Pépinot, naturellement.
-
Cette autre, avec ses notes de musique,
portait la signature de Morhange.
-
Et celui-ci...
-
Et celui-là...
-
Silence! Faites-les taire!
-
Ils se sont enfermés à clé.
-
Ouvrez!
-
A cet instant je ressentis une bouffée
de joie et d'optimisme.
-
J'aurais voulu le crier au monde entier.
-
Mais qui m'aurait écouté?
-
Moi, dont personne ne connaissait l'existence.
-
Le grand artiste ayant vite
retrouvé sa condition d'homme.
-
Je m'appelle Clément Mathieu,
-
musicien raté, pion au chômage.
-
"Je m'appelle Clément Mathieu,
-
musicien raté, pion au chômage."
-
Et la suite?
-
Il n'a jamais pris soin de l'écrire.
-
Mais moi, je peux te la raconter.
-
Et Pépinot m'avait répondu.
-
Le lendemain, sur le chemin de retour,
mon enfance me sautait à la gorge.
-
Après le renvoi de Mathieu,
ma mère me reprit avec elle.
-
Nous sommes partis à Lyon
où je fus reçu au Conservatoire.
-
L'ingénieur voulut me remettre en pension.
-
Elle refusa. Il nous quitta.
-
Chabert, Langlois et le père Maxence
se sont unis pour dénoncer les méthodes
abusives de Rachin.
-
Les enfants furent interrogés,
Rachin renvoyé.
-
Clément Mathieu a continué à donner
des cours de musique jusqu'à la fin de sa vie,
-
sans chercher à se faire connaître.
-
Tout ce qu'il faisait, il le gardait pour lui.
-
Pour lui? Non, pas seulement.
-
M. Mathieu.
-
M. Mathieu.
-
Attendez-moi deux secondes.
-
M. Mathieu.
-
Qu'est-ce que tu fais?
-
Vous pouvez m'emmener avec vous?
-
M'sieur.
-
Je ne peux pas faire ça. Tu es sorti
de l'internat. Tu vas te faire punir.
-
S'il vous plaît?
-
- On peut y aller là?
- Oui, j'arrive.
-
J'ai pas le droit.
Je ne peux pas t'emmener.
-
Allez, repars!
-
Vas-y!
-
Vas-y!
-
Pépinot avait raison d'y croire.
-
Le jour du renvoi de Mathieu,
c'était un samedi.
-
Best watched using Open Subtitles MKV Player