Documentaire "Ubuntu. Je suis parce que nous sommes"
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0:28 - 0:31Au printemps 2017,
dans la province de Florence, -
0:31 - 0:36la vie à Poggio alla Croce est bousculée
par l'annonce de l'arrivée d'un groupe de migrants. -
0:36 - 0:39Entre peur, colère et indifférence,
des habitants cherchent une solution. -
0:39 - 0:43(Musique de fond et bruits de cuisine)
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1:57 - 2:03JE SUIS PARCE QUE NOUS SOMMES
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2:30 - 2:33(Piera) Dans ces années,
beaucoup de choses ont changé. -
2:33 - 2:36Parce qu'avant,
les choses étaient un peu différentes. -
2:36 - 2:38Les gens étaient plus simples,
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2:38 - 2:42les gens fréquentaient
le centre du village. -
2:42 - 2:44Maintenant, ils restent plus à la maison :
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2:44 - 2:47le village est sans doute moins vivant.
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2:48 - 2:52Avant, nous étions tous plus concentrés
vers ma boutique. -
2:53 - 2:57Voilà : le monde, la vie se déroulait là.
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2:59 - 3:01Et aussi pour apprendre à se connaître,
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3:01 - 3:05pour se comprendre,
pour avoir des opinions, même différentes, -
3:05 - 3:08mais pour arriver à un dialogue,
c'était plus facile. -
3:11 - 3:13C'était la vie.
À mon avis, c'était la vie. -
3:13 - 3:18(Musique rythmée...)
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3:56 - 4:01(Andreas) Poggio alla Croce pourrait être
défini comme une "petite Suisse". -
4:02 - 4:06C'est situé dans un endroit magnifique
entre le Chianti et le Valdarno. -
4:07 - 4:10Les habitants sont travailleurs
et coopératifs. -
4:10 - 4:18En été, on organise une belle fête
qui attire les gens des deux vallées. -
4:19 - 4:22Lorsqu'il y a des problèmes
tels que le verglas en hiver, -
4:22 - 4:28les informations circulent dans le réseau
et il semblait donc un village idéal. -
4:28 - 4:37Puis en avril 2017, la "bombe" arrive :
trente migrants arrivent dans le "palais", -
4:37 - 4:40qui est un ancien hôtel
au milieu du village. -
4:41 - 4:45On aurait dit
qu’un vaisseau spatial allait atterrir, -
4:45 - 4:48avec à l'intérieur :
de "petits hommes noirs". -
4:48 - 4:53(Musique de tension...)
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5:16 - 5:18(Piera) L’homme noir arrive.
L’homme noir arrive. -
5:18 - 5:23Et nous sommes tous
coincés, impressionnés. -
5:23 - 5:25Même moi, je dois dire la vérité.
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5:25 - 5:27Même si on en entend parler,
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5:27 - 5:31on en entend parler en bien
et en mal de ces gars. -
5:31 - 5:36La réaction la plus forte et
la plus intense a été le rejet immédiat, -
5:36 - 5:39ce que nous appelons
une réaction "des tripes". -
5:39 - 5:45C'est ce qui a provoqué
l'organisation immédiate. -
5:45 - 5:50De sorte qu’en trois jours,
230 signatures "contre" sont apparues. -
5:50 - 5:54Là où nous sommes 190 habitants.
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5:54 - 5:57(Attilia) Il y a eu une première rencontre
il y a un an et demi, -
5:57 - 6:00en été,
avant l'arrivée des migrants. -
6:00 - 6:03Donc nous ne connaissions pas
les personnes. -
6:03 - 6:07Nous n'avions pas associé de visage,
ou de nom à ces personnes... -
6:07 - 6:09Et Il y a eu une réunion au village.
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6:09 - 6:12Je ne suis pas de Poggio alla Croce,
je viens d'un village proche. -
6:12 - 6:19Et à la réunion,
il y a eu des personnes agressives, -
6:19 - 6:20mais parce qu’elles avaient peur.
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6:21 - 6:24(Martin) Leur réaction
n'est pas le fruit de la méchanceté, -
6:25 - 6:30mais derrière il y a aussi
une réalité qu'il faut raconter. -
6:30 - 6:36Il faut dire que c'était dû au fait
que personne n'était préparé à cela. -
6:36 - 6:42Personne n'était prévenu
que les étrangers, les migrants, venaient. -
6:42 - 6:45(Musique... martelage de fer...)
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6:50 - 6:53(Paolo) Vu qu’ils firent recueillir des signatures...
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6:53 - 6:56Mais, moi, je me prononçais
seulement car je voulais savoir : -
6:57 - 7:01ces gars, comment seraient-ils installés,
que viendraient-ils faire ? -
7:01 - 7:05Mais ce n'était pas la raison,
c'était car ils ne voulaient pas d'eux. -
7:05 - 7:11Alors j'ai dit que ma signature
avait été extorquée -
7:11 - 7:14et ça ne me va pas.
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7:14 - 7:18(Luana) Ils ont dit : "Dans un an,
on vous rappellera, vous verrez !" -
7:18 - 7:19Parce que nous avons peur...
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7:19 - 7:22Moi, j'ai une petite fille de 18 mois...
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7:22 - 7:25Je ne pourrai probablement pas
l'envoyer seule dans la rue... -
7:25 - 7:29Même les premières fois
qu'on nous a demandé de signer, -
7:29 - 7:30moi, je n'ai pas voulu signer.
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7:30 - 7:34Je suis devenu le mouton noir :
"Pourquoi, toi, tu les veux ?" -
7:34 - 7:37(Paul) Ils sont noirs,
il n'y a qu'un seul discours, -
7:37 - 7:41et il peut ne pas être bien digéré.
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7:41 - 7:43L'intégration n'est pas facile.
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7:44 - 7:47Ça non.
Et pour eux non plus, tu sais. -
7:47 - 7:51(Attilia) Il y avait une sensation,
une atmosphère terrible, -
7:51 - 7:54mes jambes tremblaient vraiment,
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7:54 - 7:59j'ai reconnu des enfants que j'avais vus
quand ils étaient petits -
7:59 - 8:03et qui maintenant sont adultes,
très effrayés, -
8:03 - 8:05qui ont commencé à dire
qu'ils ne les voulaient pas, -
8:05 - 8:10qu'ils ne voulaient pas des migrants
parce que leur vie allait changer, -
8:10 - 8:13qu'ils ne pourraient plus aller
tranquillement dans Poggio -
8:13 - 8:16et qu'ils ne pourraient plus se promener.
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8:16 - 8:20Mais ils l'ont hurlé, agressivement,
et j'ai commencé à trembler -
8:20 - 8:25et je voulais dire, mais je n'ai pas pu
parce que je tremblais, -
8:25 - 8:30que j'étais tellement désolée de voir
que les enfants qui, petits, -
8:30 - 8:33avaient l'habitude de partager,
d'être tous ensemble -
8:33 - 8:37- je me souviens qu'à l'époque,
il y avait aussi des enfants noirs -
8:37 - 8:40dans nos classes,
et qu'ils jouaient tous ensemble - -
8:40 - 8:42maintenant, étaient devenus comme ça
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8:42 - 8:46et qu'eux, ils m'effrayaient plus
que les migrants qui devaient venir, -
8:46 - 8:49parce que je percevais une colère
et une violence qui me faisaient peur. -
8:49 - 8:56(Bruit des machines dans la buanderie...)
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9:51 - 9:54(Andreas) Lorsque "le vaisseau spatial
avec les petits hommes noirs" -
9:54 - 9:57dont nous parlions avant
s'est effectivement posé, -
9:57 - 9:59à la fin,
nous avons réussi, à organiser -
9:59 - 10:05dans une pièce sous l'église,
que don Martin, notre curé, -
10:05 - 10:09avait mis à disposition
pour tout le reste de cette expérience, -
10:09 - 10:16à organiser un premier cercle où
nous avons fait, juste au début, un jeu: -
10:16 - 10:20on s’est mis sur les chaises
tout à fait au hasard, -
10:20 - 10:22puis on s’est mélangé
entre eux et nous. -
10:22 - 10:26Et nous avons commencé le jeu,
mettant une feuille de papier au mur -
10:26 - 10:28et chacun de nous a commencé à écrire :
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10:28 - 10:32"Andrea Formiconi,
Italien, parle italien". -
10:32 - 10:38Et en pointant le marqueur au hasard,
c'est le tour de celui-là, et il écrit, -
10:38 - 10:43et chacun de nous a ensuite écrit
son pays d'origine, -
10:43 - 10:46son nom et la langue qu'il parlait.
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10:46 - 10:51Dans ce simple jeu, un monde
s'est fondamentalement ouvert, un univers, -
10:51 - 10:56parce que parmi
les quatorze ou quinze garçons -
10:56 - 10:59sont sortis douze ou treize langues,
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10:59 - 11:02et puis il s'est avéré qu'il y avait
des analphabètes. -
11:02 - 11:05On les reconnaissait
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11:05 - 11:09parce qu'ils tenaient le marqueur
d'une manière improbable -
11:09 - 11:12et n'écrivaient pas leur nom
mais le dessinaient. -
11:13 - 11:17Mais en même temps, il y avait
des jeunes scolarisés. -
11:17 - 11:22A une extrémité, il y avait un jeune
dont on a compris ensuite -
11:22 - 11:25qu’il s’était même enfui alors qu’il
faisait sa 4e année de mathématiques. -
11:25 - 11:33Cela fait comprendre
la grande diversité -
11:33 - 11:39des histoires et des situations humaines
qui se cachent derrière ce stéréotype, -
11:39 - 11:47que nous désignons avec un mot unique :
le migrant, -
11:47 - 11:50où chacun a en tête l’image
d’un petit homme noir -
11:50 - 11:54toujours l’image sempiternelle, avec
une histoire standard : absolument pas ! -
11:54 - 12:03(Musique douce...)
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12:47 - 12:53(Bruits de cuisine...)
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13:17 - 13:22(Malò) Je crois que l’étincelle qui a
suscité cette envie d’aller à l’école -
13:23 - 13:28est venue d’un garçon malien, Ali,
qui m’avait repéré -
13:28 - 13:31parce que nous avions parlé
un peu de français, -
13:31 - 13:35et un jour je l’ai vu arriver chez moi,
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13:35 - 13:39- je ne vis pas dans le village, il y a
1,5 km de chemin de terre - -
13:39 - 13:45il est arrivé seul, avec un cahier
et un crayon en me disant : -
13:45 - 13:47"Je veux apprendre l’italien".
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13:47 - 13:50(Elettra) Nous sommes trois
à nous être lancés -
13:50 - 13:53dans cette aventure
de la "petite école" de Poggio alla Croce -
13:53 - 13:56sans savoir ce qui nous attendait.
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13:56 - 13:58Il fallait faire quelque chose
pour aider ces garçons -
13:58 - 14:01et on a pensé que la meilleure chose
était de leur apprendre l’italien, -
14:01 - 14:06plus que toute autre chose,
pour les aider à avoir confiance en eux. -
14:06 - 14:10Comme nous avons peur d’eux, les noirs,
eux ont peur de nous, les blancs, -
14:10 - 14:14ça, il faut bien le comprendre :
ils ont peur, ils ont peur de nous -
14:14 - 14:17Ensuite, ce qui est drôle,
c’est que nous avons fait participer -
14:17 - 14:20beaucoup de gens qui n’avaient
rien à voir avec l’enseignement : -
14:20 - 14:25il y avait Marcie, une Canadienne,
qui connaissait très peu l’italien -
14:25 - 14:29mais qui a enseigné l’italien,
et puis nous avons aussi eu Willy, -
14:29 - 14:35qui est toujours là avec nous
à lire, à faire de la dictée, -
14:35 - 14:37à faire toutes ces choses
avec ces jeunes. -
14:38 - 14:41(Attilia) Je suis maîtresse
d’école primaire. -
14:42 - 14:47Le mardi, je quitte ma classe,
souvent très fatiguée, -
14:47 - 14:49surtout l’année dernière
où j’avais une première. -
14:50 - 14:53Je m’assois dans ma voiture et je dis :
non, mais qui me fait faire ça ? -
14:53 - 14:57Mais je suis folle, mais comment
je vais là-bas, je suis tellement fatiguée -
14:57 - 15:04que je devrais rentrer me reposer ou dîner
puis je ferme les yeux et je me dis : -
15:04 - 15:08"Si ce que je fais est bien,
j’aurai de l’énergie !", et je pars. -
15:08 - 15:11Et puis je suis heureuse
parce que tu arrives là et tu vois -
15:11 - 15:16ces sourires aux dents blanches
des gens de couleur, -
15:16 - 15:23ces yeux heureux
-
15:23 - 15:27qui t’attendent,
te remercient, qui sont là, -
15:27 - 15:29impatients que tu leur apprennes
quelque chose. -
15:29 - 15:33(Bruit de voiture...)
-
15:42 - 15:44(Laura) Je suis arrivée ici
un peu par hasard, -
15:45 - 15:50j’ai connu cette expérience
grâce à Andreas, à ses récits -
15:50 - 15:51dans les salles de l’université
-
15:52 - 15:54et j’ai décidé de venir
jeter un coup d’œil. -
15:55 - 15:59Ce qu’on me demande le plus souvent,
c’est pourquoi je le fais. -
15:59 - 16:05Surtout, ce qui frappe, c’est que je fais
90 kilomètres pour venir ici, -
16:05 - 16:09donc je fais près de deux heures de route
juste pour arriver ici. -
16:12 - 16:14Ce n’est pas facile à expliquer,
-
16:14 - 16:19parce que la raison se trouve
dans tant de petites choses : -
16:20 - 16:23ce sont les gestes, les regards,
les émotions, -
16:24 - 16:28les sensations éprouvées
quand on est en contact -
16:28 - 16:33avec ces gens, avec ces jeunes,
qui en fin de compte sont des vies, -
16:33 - 16:37sont des expériences, sont des mondes
-
16:37 - 16:40qu'on rencontre
et dont on ne sait souvent rien. -
16:40 - 16:46(Rumore del traffico...)
-
16:54 - 17:00(Bruits de la campagne, gazouillis...)
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17:08 - 17:12(Madou) je vais à l’école
à Figline Valdarno tous les jours, -
17:12 - 17:18le lundi et le mardi j’y vais en voiture
mais les autres jours à vélo. -
17:18 - 17:26Aller n’est pas difficile,
mais revenir, 1h30, c’est difficile. -
17:27 - 17:28C’est fatigant, oui.
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17:29 - 17:33Quand j’étais en Afrique,
je n’ai pas été à l’école -
17:34 - 17:37et heureusement,
je me suis retrouvé en Europe -
17:38 - 17:46et j’ai rencontré les gens qui m’aident
et m’ont inscrit à l’école. -
17:46 - 17:54Mon but est d’apprendre l’italien,
mais je voudrais rester en Italie, -
17:55 - 17:59je voudrais travailler
pour aider ma famille en Afrique. -
17:59 - 18:06Alors, je dois me concentrer
sur mes études, c’est mon but.. -
18:06 - 18:11Je m’appelle Madou Koulibaly, je suis
originaire de Guinée et j’ai 20 ans. -
18:11 - 18:15Je suis arrivé en Italie
il y a un an et deux mois, -
18:17 - 18:22c’était un voyage très difficile,
je ne peux pas l’oublier, -
18:22 - 18:24c'était très dangereux.
-
18:25 - 18:34J’ai sacrifié ma vie pour chercher
ma fortune en Europe et, grâce à Dieu -
18:34 - 18:42je suis entré en Italie le 13 juin 2018
et j’ai été transféré à Poggio alla Croce. -
18:42 - 18:46J’ai rencontré de très bonnes personnes
-
18:46 - 18:51qui m’ont traité
comme si j’étais l’un d’eux, -
18:51 - 18:56ils sont comme mes parents ici,
pas seulement moi -
18:56 - 18:59mais tous les Africains qui vivent
à Poggio alla Croce. -
18:59 - 19:03Je voudrais continuer à étudier,
s’il y a la possibilité, -
19:03 - 19:11je voudrais aller étudier et apprendre
un métier, par exemple soudeur. -
19:11 - 19:16(Bruit de source d'eau, gazouillis...)
-
19:44 - 19:49L'Italie m’a sauvé dans la mer
en Italie je suis allé à l’école -
19:49 - 19:53et je voudrais continuer à étudier,
je ne sais pas ce qui va se passer après. -
19:54 - 19:57Poggio alla Croce est mon village.
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20:00 - 20:02(Andreas) Le chemin est chaotique,
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20:03 - 20:06on ne peut pas s’attendre à suivre
un fil conducteur préétabli : -
20:07 - 20:09cela tuerait ce genre d’école.
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20:09 - 20:15Il faut donc être prêt à aller
là où le vent vous dit d’aller. -
20:15 - 20:21Un exemple pourrait être celui où Samba
avait écrit son CV sur l’ordinateur, -
20:21 - 20:24donc bien sûr vous essayez d’aider...
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20:24 - 20:27"Samba, qu’est-ce que ça veut dire,
qu’est-ce que c’est ?"... -
20:27 - 20:30À un endroit, il avait écrit
"expérience de conduite", -
20:31 - 20:34alors je dis "Samba, mais
qu'est-ce que tu conduisais ?"... -
20:35 - 20:38il s’illumine tout à coup
et dit "vache !" -
20:38 - 20:41Et de là est né un discours
tout à fait différent, -
20:41 - 20:44sur comment les choses
changent avec le temps, -
20:44 - 20:46comment elles changent en Afrique,
comment elles changent ici. -
20:46 - 20:48C’est un exemple de digression.
-
20:48 - 20:51C’est une école centrée sur l’humain,
essentiellement. -
20:51 - 20:59(Musique douce, dialogue en arrière-plan...)
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21:54 - 21:58(Andreas) On a tous des greniers
pleins de vieux ordinateurs, -
21:58 - 21:59dont on ne sait quoi faire...
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21:59 - 22:02C’est un problème parce que c’est à nous
de les amener au recyclage -
22:02 - 22:08et donc nous diffusons cette information
depuis des mois : -
22:08 - 22:10"Tu as un vieil ordinateur ?
tu ne sais pas quoi en faire ? -
22:10 - 22:12Est-ce un problème pour toi ?
-
22:12 - 22:14Avant de l’amener au recyclage,
donne-le-nous. -
22:14 - 22:20Nous installons une version
du système d’exploitation libre, -
22:20 - 22:24c’est-à-dire Linux, et en particulier
les variantes d’Ubuntu, -
22:24 - 22:27une version légère qui s’intègre bien
dans les vieux ordinateurs, -
22:27 - 22:29elle les "ressuscite" facilement.
-
22:30 - 22:34Le système d’exploitation Ubuntu
est ainsi appelé -
22:34 - 22:38parce que c’est un concept qui est né
en Afrique du Sud -
22:38 - 22:42et Nelson Mandela, dans une belle vidéo
que nous avons ensuite utilisée -
22:42 - 22:47pour un travail avec les garçons,
décrit ce concept par une petite histoire : -
22:47 - 22:51"Autrefois, quand un voyageur
arrivait dans un village, -
22:51 - 22:55fatigué, qui avait soif, avait faim,
personne ne lui posait jamais de question, -
22:55 - 22:58on lui apportait simplement
à boire et à manger. -
22:58 - 23:01C’est l’Ubuntu, c’est-à-dire
penser à l’autre -
23:02 - 23:08en sachant que cela crée une communauté
qui vit bien si nous le faisons tous. -
23:08 - 23:11(Martin) Oui : Ubuntu est
une grande philosophie africaine -
23:11 - 23:15une grande réflexion,
une pensée africaine -
23:15 - 23:21avant d’en venir à l’aide, part du fait
que nous sommes tous frères -
23:21 - 23:24et que si j’aide une personne,
-
23:24 - 23:27celle-ci peut aider une autre personne
proche de moi, -
23:27 - 23:31donc un lien général de la société
-
23:31 - 23:34parce que nous nous considérons tous
comme des frères et sœurs. -
23:34 - 23:38Ce qui s’est passé à Poggio alla Croce,
est de l’Ubuntu, -
23:38 - 23:40c’est vraiment de l’Ubuntu.
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23:40 - 23:44(Chœur d'enfants africains...)
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23:44 - 23:49(Gabriele) Je pense qu’en suivant
un principe selon lequel -
23:49 - 23:55si j’aide l’autre et que l’autre m’aide,
nous vivons tous les deux mieux, -
23:55 - 23:56plutôt que plus mal.
-
23:56 - 24:01Lutter entre nous, même si dans la lutte,
il y en a peut-être un qui gagne -
24:01 - 24:04et qui peut alors être plus satisfait
que celui qui perd. -
24:04 - 24:12C'est ce qui m’a toujours guidé
depuis que j’ai acquis la raison, -
24:12 - 24:19j’ai toujours passé
le temps dont je disposais dans le social -
24:19 - 24:23mais pour cette raison,
non par angélisme. -
24:23 - 24:29Ce n’est pas que je suis bon, je pense que
pour être bon il faut faire le bien, -
24:29 - 24:32donc aider les autres,
faire la charité, faire... non. -
24:32 - 24:35C’est peut-être une façon égoïste,
-
24:35 - 24:38je pense que je gagne
quelque chose de cette façon -
24:38 - 24:43et ensuite je peux vivre mieux,
être serein. -
24:43 - 24:45On est souvent déçu, très souvent.
-
24:45 - 24:49Mais on n’est pas aussi déçus
que ceux qui se battent, puis perdent. -
24:50 - 24:54Ce sont peut-être des opportunités
-
24:54 - 25:00qui nous laissent un peu de goût amer
dans la bouche, -
25:00 - 25:05mais ils ne créent pas
de gros malaises, -
25:05 - 25:08parce que nous savons, je sais
que nous devons les avoir -
25:09 - 25:13Il y avait des problèmes
de nature presque raciste -
25:13 - 25:14à Poggio alla Croce,
-
25:14 - 25:19donc je suis aussi intervenu pour cela,
mais ensuite, c’était ma façon de faire : -
25:19 - 25:21Je suis un migrant à Poggio alla Croce,
-
25:21 - 25:25parce que je suis venu de la ville
à la campagne, j’ai choisi cela -
25:25 - 25:33et j’ai immédiatement essayé
de m’intégrer dans l’association ici, -
25:33 - 25:35parce que c’était naturel pour moi.
-
25:35 - 25:41C’est donc un mode de vie
qui n’est certainement pas héroïque, -
25:41 - 25:46c'est normal, je pense que tout le monde
peut comprendre cela. -
25:47 - 25:54(Marcie) Quand j’entends le mot Ubuntu,
cela me frappe, car il signifie humanité. -
25:54 - 25:58Dans la religion juive, nous avons
une expression que je viens d’apprendre, -
25:59 - 26:05"Tikkoun Olam", qui signifie
"réparer le monde", -
26:05 - 26:08et je vois comment
ces concepts sont reliés. -
26:08 - 26:14c'est vraiment beau, parce que
petit à petit, les gens, un par un -
26:14 - 26:17"réparent le monde"
et montrent de l’humanité. -
26:18 - 26:21Nous devons nous concentrer
sur cette partie positive du monde, -
26:21 - 26:23car si nous ne le faisons pas
et si nous ne faisons rien, -
26:23 - 26:25nous sommes condamnés.
-
26:25 - 26:28Alors pour moi, venir ici est
une toute petite chose -
26:28 - 26:31Mais elle a beaucoup de sens
dans ma vie. -
26:31 - 26:40(Andreas) Cette idée d’Ubuntu,
cette idée de réparer des ordinateurs -
26:40 - 26:43ou des objets ou des outils
qui semblaient bons à jeter, -
26:43 - 26:48est un peu ce qui a aussi inspiré
l’action de cette communauté, -
26:48 - 26:52qui, peu à peu, s’est régénérée elle-même.
-
26:52 - 26:58En fait, cette devise
"Nous avons besoin de vous", -
26:58 - 27:01signifie justement ceci :
-
27:01 - 27:07En réalité, notre communauté locale
s’est régénérée grâce à votre arrivée, -
27:07 - 27:10grâce à votre vaisseau spatial,
de vous, "petits hommes noirs", -
27:10 - 27:13parce que votre arrivée a généré en nous,
à nouveau -
27:13 - 27:17un besoin de travailler ensemble,
de sortir de chez soi, -
27:17 - 27:19d’abandonner les canapés,
-
27:19 - 27:21de quitter la télévision,
de sortir de chez soi -
27:21 - 27:24et d’essayer ensemble de résoudre
un problème -
27:24 - 27:26au profit de toute la communauté.
-
27:31 - 27:38(Samba chante un rap...)
-
27:52 - 27:54(Samba) Je suis Samba et je viens du Mali,
-
27:55 - 28:03je suis un artiste malien mais avant,
quand je chantais avec mes amis, -
28:03 - 28:08ma famille ne voulait pas
que je fasse de la musique, -
28:09 - 28:11mais j’aime vraiment ça.
-
28:11 - 28:21En 2016, je suis allé en Algérie,
puis en Libye -
28:22 - 28:25et je suis arrivé ici il y a deux ans.
-
28:25 - 28:27Ma vie est compliquée
-
28:28 - 28:36parce que je voudrais être un artiste,
-
28:37 - 28:42un rappeur comme beaucoup d’Italiens,
Ghali, Sfera Ebbasta, -
28:43 - 28:46et je voudrais être comme eux aussi.
-
28:48 - 28:51(Luana) Moi je ne sais pas exactement
ce qui a pu se passer, -
28:51 - 28:53mais on a tous un peu changé.
-
28:53 - 28:56J’ai trouvé en eux des changements
même à notre égard : -
28:56 - 29:00avant, peut-être, quand ils passaient
ils nous souriaient et c’est tout. -
29:00 - 29:02Après quand ils ont vu
qu’on leur voulait réellement du bien -
29:03 - 29:05Je ne peux pas parler pour tout le monde,
-
29:05 - 29:08mais pour ceux qui, comme moi,
quand elles voient quelqu’un de nouveau -
29:08 - 29:12s’arrêtent pour lui dire “salut !”
et s’il est grand lui demande -
29:12 - 29:14de se baisser parce que sinon,
nous n’y arrivons pas -
29:14 - 29:17et que lui nous appelle et nous on lui dit “grands-parents”
-
29:17 - 29:18et lui répond “grand-père, grand-mère”
-
29:18 - 29:24Nous on parle italien, eux ...
-
29:24 - 29:28Alors on se fait comprendre quand on voit
que vraiment, ils ne comprennent pas -
29:28 - 29:30ce qu’on veut leur dire, par exemple
-
29:30 - 29:34si on veut leur dire de se baisser,
on fait comme ça nous aussi. -
29:34 - 29:37ils ont appris, quand on passe,
ils nous disent -
29:37 - 29:40“grand-mère, tu m’aides ?”
“non, pas aujourd’hui, demain”. -
29:40 - 29:45On leur dit : "il y a peut-être quelqu’un
par ici qui sait quelques mots d’anglais -
29:45 - 29:50comme moi alors je leur dis “tomorrow”
et ils me comprennent. -
29:50 - 29:54Oui, mais si toi tu penses le discours
de "tomorrow", oh, punaise! -
29:54 - 29:57Moi je l’ai toujours dit :
je n’ai pas de place à la maison, -
29:57 - 29:59mais si j’en avais je les accueillerais
avec plaisir, -
29:59 - 30:03un, deux, le nombre que je pourrais avoir,
surtout si la maison est la mienne, -
30:03 - 30:07parce que selon moi ils ont aussi
besoin d’être compris -
30:08 - 30:14de ressentir le bien
pas seulement avec le sourire. -
30:14 - 30:20Il y a des choses plus fondamentales
dans la vie de tout le monde, -
30:20 - 30:23mais dans la leur en particulier:
ils ont quitté leur famille, -
30:23 - 30:28ils viennent d’un système mauvais,
souffrent de la faim… -
30:28 - 30:32Toutes ces choses, pour arriver en Italie,
qu’il leur a fallu tant. -
30:32 - 30:39nous sommes deux ou trois personnes
qui leur veulent du bien du fond du cœur -
30:39 - 30:40et pas seulement en paroles.
-
30:40 - 30:43et ils le sentent, dès qu’ils nous voient
-
30:43 - 30:49ils viennent tout de suite,
le bisou, le goûter, -
30:49 - 30:51on leur donne des biscuits,
-
30:51 - 30:54comme si vous voyez un enfant
à qui on apprend à parler. -
30:54 - 31:00De même avec eux, surtout avec ceux
que nous voyons plus souvent, -
31:00 - 31:06un contact s’est créé,
alors on perd du temps, -
31:06 - 31:09mais ce n’est pas du temps perdu,
on prend du bon temps. -
31:09 - 31:14Sûrement que les personnes
qui nous ont vus comme ça -
31:14 - 31:16au début nous ont critiqués
et maintenant au contraire -
31:16 - 31:22ils ont dit “c’est vrai,
ils se sont fait aimer… -
31:22 - 31:23mais comment avez-vous fait ?”
-
31:23 - 31:30… comment on fait ? Eh bien, on leur parle !
Tôt ou tard ils comprennent... -
31:31 - 31:34(Piera) Puis la chose s’est stabilisée,
petit à petit, -
31:34 - 31:38ces garçons sont formidables,
ils ne dérangent personne, -
31:38 - 31:43ils saluent tous ceux qui passent,
ils vous appellent, nous on leur répond, -
31:43 - 31:46au moins moi personnellement,
quelques-uns ne leur parleront pas. -
31:46 - 31:48mais le village est calme.
-
31:49 - 31:50Il a donné le pire de lui-même,
-
31:50 - 31:58car je pense que le manque d’information
provoque une mauvaise réaction. -
31:58 - 32:02Ensuite les choses vous les connaissez,
vous les voyez et vous les vivez, -
32:03 - 32:06parce qu’à la fin, il s’agit
de vivre ensemble, avec eux, -
32:06 - 32:07c’est aussi beau.
-
32:07 - 32:13Pour moi, ces garçons
on les a mis en prison, les pauvres -
32:13 - 32:15ils sont enfermés là-dedans,
-
32:15 - 32:18s’il n’y avait pas ce groupe
qui leur fait l’école -
32:18 - 32:21et les autres choses, alors,
ça représente quoi d’être ici ? -
32:21 - 32:28Si vous mettez trente garçons
enfermés dans une maison, -
32:28 - 32:34ça sert à quoi ? Pour moi il me semble
que cela ne sert à rien -
32:34 - 32:35s'ils ne font aucune activité ;
-
32:35 - 32:38ce sont tous des jeunes
d’une vingtaine d’années, -
32:38 - 32:40qu’est-ce qu’ils doivent faire ?
-
32:40 - 32:43S’ils font quelque chose,
s’ils peuvent se défouler, -
32:43 - 32:48de l’espace dans les activités,
dans le jeu, alors c’est différent. -
32:50 - 32:51Ils peuvent même devenir utiles,
-
32:51 - 32:55mais il faut une intégration
qui ne se fait pas en deux ou trois mois, -
32:55 - 32:57parce qu’après, il y a la méfiance...
-
32:57 - 33:01si voir une personne noire à côté de toi,
cela te gêne, -
33:02 - 33:04il faut aussi dire cela.
-
33:04 - 33:08Mais cela ne signifie rien,
au final il est comme moi, -
33:08 - 33:11si tu apprends à le connaître.
-
33:11 - 33:13Mais même si je suis avec toi,
-
33:13 - 33:16et que je ne te connais pas,
je peux avoir la même opinion. -
33:17 - 33:19Ça me parait logique.
-
33:19 - 33:25(Bruit de voiture...)
-
33:27 - 33:32(Sibghat) Le premier village que j’ai vu
après être entré en Europe -
33:32 - 33:35a été Poggio alla Croce,
je ne l’oublierai jamais, -
33:35 - 33:42parce qu’ils m’ont réellement
donné une vie, une expérience inoubliable : -
33:42 - 33:47les personnes, la joie, un respect
pour la société qu’ils m’ont donnée, -
33:47 - 33:52dès les premiers jours,
quand ils m’ont emmené partout -
33:52 - 33:59pour chercher du travail, obtenir
mon permis, aller à l’école, partout -
33:59 - 34:07et je me suis dit : écoute, ces gens,
ils ne veulent rien de toi, -
34:07 - 34:12mais ils te donnent tellement.
une nouvelle vie. -
34:12 - 34:15(Musique dans le club...)
-
34:16 - 34:17Ciao Anna!
-
34:17 - 34:19Ciao Sibi!
-
34:23 - 34:26Je dois leur rendre quelque chose,
-
34:27 - 34:31alors j’ai pensé que ce serait
une bonne chose -
34:31 - 34:38de continuer à aller de l’avant avec eux,
et de les aider, même physiquement. -
34:38 - 34:42Je n’oublierai jamais ce village
de ma vie, -
34:42 - 34:46et même les gens qui me connaissent,
ma famille, -
34:46 - 34:51même s’ils ne sont pas en Italie,
ils connaissent Poggio alla Croce ! -
34:51 - 34:54C’est une grande joie pour eux aussi,
-
34:54 - 35:01à mon avis s’ils rencontrent
des Italiens ou des Européens, -
35:01 - 35:03ils les respecteront,
-
35:03 - 35:10parce qu’ils ont donné une bonne chose
et une nouvelle vie à leur fils. -
35:10 - 35:16Par la suite j’aimerais bien
aider à l’école, -
35:16 - 35:18je ne parle pas très bien l’italien,
-
35:18 - 35:23mais j’aimerais au moins
aider les Pakistanais, -
35:23 - 35:27ceux qui ne parlent pas anglais
et n’ont pas étudié. -
35:28 - 35:30Je peux faire l’interprète
entre eux et un Italien -
35:30 - 35:35qui explique les règles
et toutes les choses... -
35:35 - 35:38c’est une aide pour eux,
-
35:38 - 35:45mais c’est une façon de rendre
quelque chose à la société, au village. -
35:45 - 35:49Tu t’es intégré dans la société,
-
35:49 - 35:52mais maintenant tu apprends
à d’autres personnes -
35:52 - 35:54à s’intégrer dans la société,
-
35:54 - 35:59et comme ça elles développent
de nouvelles belles choses. -
36:00 - 36:04J’ai encore beaucoup à apprendre,
jusqu’à présent j’ai peu appris, -
36:04 - 36:07mais les gens de Poggio
m’ont donné vraiment une belle vie -
36:07 - 36:11qui ne peut pas être expliquée,
je ne peux pas l’expliquer avec des mots. -
36:11 - 36:18J’essaierai toujours de donner, de rendre,
mais c’est un village inoubliable. -
36:19 - 36:21Il est beau... beau, beau, beau.
-
36:22 - 36:27(Gabriele) Cette initiative de l’école
a permis -
36:27 - 36:31à de nombreuses personnes du village
qui ne se connaissaient pas -
36:31 - 36:35de se connaître désormais et de collaborer
ils sont devenus amis... -
36:35 - 36:42Donc maintenant les migrants
ont une école avec des cours d’italien, -
36:42 - 36:45des cours de mathématiques,
mais nous-mêmes, les gens du village, -
36:45 - 36:48avons appris à nous connaître,
à vivre ensemble -
36:48 - 36:49et c’est bien mieux ainsi.
-
36:49 - 36:54(Laura) Un autre des souvenirs
que j’ai et que je pense ne jamais oublier -
36:54 - 36:59est le deuxième jour
où je suis retournée à l’école, -
37:00 - 37:03c'était l’anniversaire de Duccio,
notre mascotte. -
37:04 - 37:09C’était l’anniversaire de ses un an,
et à un moment, -
37:09 - 37:13pendant le mini buffet
que sa maman nous avait préparé, -
37:14 - 37:16les garçons ont ouvert un petit sac
-
37:17 - 37:23et en ont sorti
un petit chariot en bois tout coloré -
37:24 - 37:26et on voyait qu’ils l’avaient bricolé
-
37:26 - 37:29comme ceux que je pourrais trouver
dans le grenier de ma grand-mère. -
37:29 - 37:34C’étaient des morceaux de bois assemblés
-
37:34 - 37:38avec cette corde attachée
pour traîner le chariot, -
37:38 - 37:41avec les roues,
c’était vraiment bien fait. -
37:42 - 37:46(Claudio) Il a été fabriqué
à la main par eux -
37:46 - 37:50et le cadeau a vraiment été
très apprécié par Duccio. -
37:50 - 37:54car entre tous les jouets
qui sont ici dans la maison, -
37:54 - 37:57des jouets incroyables qui sonnent,
chantent, crient, -
37:57 - 38:08ce simple chariot fait de bouts de bois,
boutons, lui a plu immédiatement -
38:08 - 38:11et il a joué avec sans le jeter
par terre -
38:11 - 38:13comme il le fait avec les autres jouets,
-
38:13 - 38:16après 30 secondes
qu’il les a en main, il les jette. -
38:16 - 38:21Aussi, peut-être, parce que
depuis qu'il est petit, dès sa naissance, -
38:21 - 38:25nous avons essayé, ma compagne et moi,
-
38:25 - 38:30que Duccio s’intègre avec ces garçons,
-
38:31 - 38:35sans le lui faire vivre
comme une chose extraordinaire. -
38:35 - 38:40mais comme s’ils étaient nos parents,
nos amis, nos frères et sœurs. -
38:40 - 38:46Et vraiment quand il les voit, il rit
il va vers eux -
38:47 - 38:50- mon fils a 18 mois,
ce n’est pas qu’il soit... -
38:50 - 38:55il est pratiquement devenu
la mascotte du centre d’accueil... -
38:55 - 38:57parce qu’à chaque fois qu’ils le voient,
-
38:57 - 39:00ils l’appellent "Duscio, Duscio, Duscio"
Il est devenu "Duscio". -
39:00 - 39:06Lorsque "Duscio" est avec eux,
tu les vois se mettre à sourire -
39:06 - 39:10et cela me rend vraiment heureux.
-
39:10 - 39:14C'est une phrase toute faite, mais je veux
que mon fils devienne citoyen du monde -
39:14 - 39:16pas un citoyen de Poggio alla Croce.
-
39:16 - 39:22Alors... tout va bien... et le travail ?
-
39:22 - 39:27(Dialogues inintelligibles...)
-
39:34 - 39:37Duscio! Ciao Duscio...
-
39:39 - 39:43(Madou explique la recette du pain,
avec l’huile et le sel dans sa langue) -
40:02 - 40:03Tu es bon!
-
40:03 - 40:05Pas si bien que ça...
-
40:05 - 40:12(bruits de blanchisserie...)
-
40:15 - 40:18(Omar) Je m’appelle Omar
et je viens du Sénégal. -
40:19 - 40:21Je suis en Italie depuis deux ans.
-
40:22 - 40:25Je suis arrivé à Poggio alla Croce
et je suis heureux, -
40:25 - 40:27j’ai rencontré beaucoup de personnes...
-
40:28 - 40:32Ils m’apprennent un peu d’italien.
-
40:32 - 40:36Je suis devenu ami avec ces personnes.
-
40:36 - 40:40Je vais à l’école,
aussi à l’école d’élagage, -
40:40 - 40:44j’ai fait les vendanges
et la récolte des olives. -
40:45 - 40:52Ils m’ont aidé à trouver un bon travail.
-
40:52 - 40:55Oui, j’ai trouvé une maman et un papa.
-
40:55 - 40:57Il me manque juste des frères.
-
40:57 - 40:59Mais ma maman et mon papa
sont proches de moi. -
40:59 - 41:03Ce sont Paola et Gabriele.
-
41:03 - 41:06Ils sont très gentils.
-
41:06 - 41:08Ils le sont tous à Poggio alla Croce.
-
41:08 - 41:11(Bruit des branches de taille)
-
41:11 - 41:15(Martin) Un étranger, quand il vient ici
et qu’il quitte sa terre, -
41:15 - 41:17il a toujours cette nostalgie.
-
41:18 - 41:20ll pense que là où il va,
peut-être, -
41:20 - 41:24il trouvera un accueil,
un sourire. -
41:25 - 41:28Quand il vient et expérimente un rejet,
-
41:28 - 41:31c’est un moment de grande difficulté,
une tristesse. -
41:31 - 41:35Nous sommes tous l’étranger d’un autre.
-
41:35 - 41:39Moi aussi, je suis étranger.
-
41:40 - 41:44Je suis arrivé ici en 2000,
ça fait 19 ans. -
41:45 - 41:47Et je suis ici en tant que prêtre
à Poggio alla Croce. -
41:48 - 41:54(Andreas) Ils donnent l’idée d’avoir en
quelque sorte repris en main leur destin. -
41:55 - 42:00La transformation bien sûr,
peut-être un des aspects plus important, -
42:00 - 42:02elle ne concerne pas qu’eux :
-
42:03 - 42:07c’est toujours une erreur
de se concentrer sur "eux". -
42:07 - 42:14Les choses fonctionnent
quand on laisse le contexte changer -
42:15 - 42:19et, en ce sens, c’est une réaction
positive de la population. -
42:20 - 42:24Certains concitoyens âgés
qui étaient peut-être terrifiés -
42:24 - 42:27lors de ces fameuses et terribles
réunions du début, -
42:27 - 42:29ils peuvent maintenant les appeler.
-
42:29 - 42:30Ils le peuvent
-
42:30 - 42:34quand le bûcheron décharge
devant leur maison une tonne de bois. -
42:34 - 42:36Leur problème étant de
de les transporter jusqu’au jardin, -
42:36 - 42:38à l’intérieur...
-
42:38 - 42:41Et alors, comme eux ils disent,
de ces “gars” ils en appellent plusieurs, -
42:41 - 42:44et ils disent "qui peut transporter
ceci à l’intérieur ?” -
42:44 - 42:48Clairement, en dix minutes,
ces garçons font le travail. -
42:48 - 42:50Et eux leur payent
peut-être un cappuccino -
42:50 - 42:52ou leur donnent un peu d’argent.
-
42:53 - 42:57C’est comme cela que la vie normale
est revenue, -
42:57 - 43:01c’est une saine normalité
-
43:01 - 43:05qui forme la véritable civilité
d’une population. -
43:07 - 43:09(Attilia ... et d’ailleurs,
et cela me touche, -
43:09 - 43:14les personnes qui sont avec moi maintenant
et qui m’ont associée à cette aventure, -
43:14 - 43:19deux en particulier, deux femmes
qui ont commencé cette aventure, -
43:19 - 43:22sont les mêmes personnes
qui m’ont accueillie -
43:22 - 43:26il y a déjà vingt-six ans
quand je suis arrivée ici à San Polo. -
43:26 - 43:30Et c'est important pour moi,
parce que ça a été une expérience sublime -
43:30 - 43:34que j’ai vécue et que je veux
faire vivre à d’autres, pour eux. -
43:35 - 43:37- Comment s'appelle ce plat ?
- Celui-ci ? -
43:38 - 43:41- Mafé.
- Le mafé ? -
43:41 - 43:42Oui, le mafé.
-
43:42 - 43:47Comment le préparez-vous ?
Juste avec de la viande et des légumes ? -
43:48 - 43:51De la viande, un peu de légumes...
-
43:51 - 43:52Viande, légumes et ?
-
43:53 - 43:54Tomates...
-
43:56 - 43:58et beurre de cacahuète.
-
44:03 - 44:05- De ça aussi : "opala".
-
44:06 - 44:08- Ah, ça, c’est du "opala" ?
-
44:08 - 44:10- Oui, ça s'appelle "opala".
-
44:10 - 44:14Oui, oui, ça s'appelle "opala".
-
44:17 - 44:20- Comment vous faites ?
Vous devez les laver et les couper ? -
44:20 - 44:22- Oui, il faut les laver.
-
44:22 - 44:23C'est bien. Super.
-
44:23 - 44:26Ok les jeunes, je vous laisse travailler.
-
44:26 - 44:28En attendant,
je vous regarde et je vous aide. -
44:30 - 44:33- Qu'est-ce que cette chose blanche ?
- Du manioc. -
44:34 - 44:36En pulaar : bantara.
-
44:36 - 44:40- Bantara. Et comment on le cuit ?
- Beaucoup. -
44:40 - 44:44- Il faut beaucoup de temps ?
- Oui, il en faut beaucoup au Sénégal. -
44:44 - 44:47En Europe,
je ne sais pas comment on le cuit. -
44:47 - 44:48Il est trop dur.
-
44:49 - 44:51- Ah, tu ne sais pas. D'accord.
-
44:55 - 44:59- Parce que s'il est plus frais,
il cuit beaucoup plus rapidement. -
44:59 - 45:00S'il est vieux,
il faut plus de temps. -
45:00 - 45:01- Oui.
-
45:01 - 45:06(Musique, bruits de cuisine...)
-
45:38 - 45:41(Documentaire Rtv38) C’est terminé
pour cette sorte de Barbiana des migrants -
45:41 - 45:44à Villa Viviana, à Poggio alla Croce.
-
45:44 - 45:49Aujourd’hui règne un grand silence
car ces garçons qui avaient ramené la vie -
45:49 - 45:53depuis deux ans dans ce village dépeuplé
ont été contraints de partir. -
45:53 - 45:56(Musique...)
-
45:57 - 45:59Ils sont partis précipitamment
sans préavis, -
45:59 - 46:02certains objets sont restés là.
-
46:02 - 46:04La coopérative Cristoforo,
qui gérait le centre, a abandonné -
46:04 - 46:09car avec le budget, réduit
de 35 à 21 euros par migrant, -
46:09 - 46:13elle a déjà dû fermer 5 de ses 17 centres
et ce n'est qu'un début : -
46:13 - 46:16la situation n'est plus viable
financièrement. -
46:16 - 46:19A Poggio alla Croce,
dans la commune de Figline et Incisa, -
46:19 - 46:22une trentaine de migrants
étaient arrivés il y a deux ans -
46:22 - 46:25dans la méfiance et les protestations
des quelques âmes du village, -
46:26 - 46:29puis tout a changé,
beaucoup les ont adoptés, -
46:29 - 46:31quelques-uns ont décidé
d'improviser une école, -
46:31 - 46:34de leur apprendre à cuisiner
ou à tailler les oliviers. -
46:35 - 46:39En est née une expérience singulière
d'intégration jusqu'à aujourd’hui, -
46:39 - 46:43et le déménagement soudain et forcé
vers un autre centre à Sesto Fiorentino. -
46:47 - 46:52(Musique douce...)
-
46:52 - 46:55(Madou et Elettra) Aujourd'hui,
c’était le dernier jour de classe -
46:55 - 46:57à Poggio alla Croce.
-
46:58 - 47:03C'était une école où les étrangers
apprenaient beaucoup de choses -
47:04 - 47:07c’était l'école où nous avons appris
tout ce dont nous avions besoin -
47:08 - 47:13en italien, en anglais et surtout
sur la culture italienne. -
47:13 - 47:16En ce moment il est très difficile
-
47:16 - 47:20de quitter les habitants
de Poggio alla Croce -
47:20 - 47:26et d’être loin de nos enseignants
et de nos enseignantes. -
47:27 - 47:30Nous sommes profondément désolés,
mais nous ne l’avons pas choisi, -
47:30 - 47:32nous vous disons que nous n'avons
pas beaucoup de mots -
47:33 - 47:36pour exprimer comment vivre avec vous
a été aussi beau. -
47:36 - 47:41Vous devez être fiers de vous pour tout
ce que vous avez fait -
47:41 - 47:43et que vous faites encore :
-
47:44 - 47:50vous avez créé une histoire incroyable
et indélébile dans votre petit village, -
47:50 - 47:53un petit village où l'humanité
est très respectée. -
47:54 - 47:57Pour certaines personnes vivre
avec des garçons africains -
47:57 - 47:59est une gêne ou une honte.
-
47:59 - 48:06Mais avec vous ce n'était pas comme ça,
toujours des sourires, de belles paroles -
48:06 - 48:09sans gros mots
ni discrimination de couleur de peau. -
48:09 - 48:16Nous avons eu la chance de vivre
avec vous un moment de ce voyage. -
48:17 - 48:23Après les études à Poggio, nous avons
compris que chacun de nous -
48:23 - 48:26doit être le maître de son propre destin.
-
48:27 - 48:29Merci de nous avoir appris
la bonne attitude, -
48:29 - 48:32comment nous comporter en Europe,
-
48:32 - 48:34merci de nous avoir fait comprendre
-
48:34 - 48:37que nous ne devrions pas être
comme les délinquants -
48:37 - 48:39ou les personnes qui font la manche.
-
48:39 - 48:44Je ne vous oublierai jamais, très chers,
au revoir. -
48:58 - 49:01(Attilia) Parce qu'à mon avis,
cette histoire de Poggio, -
49:01 - 49:04de l'école de Poggio
c’est vraiment une histoire d'amour, -
49:04 - 49:08parce qu’on s’aime bien
entre nous, les bénévoles, -
49:09 - 49:12parce que nous sommes ensemble
d'une manière particulière, -
49:12 - 49:15et entre nous et les garçons,
qui nous aiment bien aussi, -
49:15 - 49:17de véritables amitiés sont nées.
-
49:17 - 49:19Notre histoire est une histoire d'amour.
-
49:19 - 49:24(Laura) Ce sont ces petits gestes, ce sont
ces histoires de la vie quotidienne -
49:24 - 49:30qui rendent notre expérience
si spéciale. -
49:31 - 49:35C'est ce qui te fait dire :
"Je tiens à toi." -
49:35 - 49:40C'est le cadeau le plus précieux
que nous puissions emporter chez nous. -
49:42 - 49:53Ubuntu
Je suis parce que nous sommes -
49:54 - 49:56Malgré la fermeture du centre d'accueil,
-
49:56 - 50:01l’expérience de la "petite école"
ne s'est pas interrompue -
50:01 - 50:05et elle continue à Poggio alla Croce
et au siège du COSPE à Florence -
50:05 - 50:08pour des activités d’enseignement et
d’accompagnement à l’intégration. -
50:08 - 50:12Grâce au projet "Laboratorio aperto
di cittadinanza attiva LACA19", -
50:12 - 50:15on a développé une carte collaborative
basée sur le logiciel Ushahidi -
50:15 - 50:18pour témoigner des pratiques d’accueil
-
50:18 - 50:21sur le territoire régional, national
et européen, et les partager. -
50:21 - 50:28Tourné entre février et septembre 2019
-
50:28 - 50:33Générique de fin
- Title:
- Documentaire "Ubuntu. Je suis parce que nous sommes"
- Description:
-
Au printemps 2017, la vie de Poggio alla Croce, petit village de la province de Florence, est agitée par la nouvelle de l'arrivée d'un groupe d'environ 30 migrants. Entre la peur, la colère et l'indifférence, quelques citoyens cherchent à trouver une solution et expérimentent des modalités originales d'intégration.
Ubuntu est une philosophie africaine qui signifie que nous sommes tous frères, et que si je t'aide et si tu m'aides, notre vie est meilleure. - Video Language:
- Italian
- Duration:
- 52:00
iamarf edited French subtitles for Documentario "Ubuntu. Io sono perché noi siamo" | ||
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Hélène Hermite edited French subtitles for Documentario "Ubuntu. Io sono perché noi siamo" | ||
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Claude Almansi edited French subtitles for Documentario "Ubuntu. Io sono perché noi siamo" | ||
Claude Almansi edited French subtitles for Documentario "Ubuntu. Io sono perché noi siamo" | ||
Claude Almansi edited French subtitles for Documentario "Ubuntu. Io sono perché noi siamo" |