Prêt à jeter
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0:00 - 0:03Arte France
Televisión española
Televisió de Catalunya -
0:03 - 0:05Présentent
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0:18 - 0:22Émission disponible sur arte.tv/plus7
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0:32 - 0:34Voici Marcos, de Barcelone.
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0:34 - 0:38Mais ce pourrait être n'importe qui, n'importe où.
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0:39 - 0:46Il va être confronté à une situation qui se produit tous les jours dans des bureaux et des foyers partout dans le monde.
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0:50 - 0:55en coproduction avec
Article Z
Media 3.14 -
0:58 - 1:02Un film de Cosima Dannoritzer
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1:04 - 1:07Une pièce de l'imprimante ne fonctionne plus.
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1:07 - 1:11Le fabricant dirige Marcos vers le service après-vente.
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1:11 - 1:17Le technicien va faire un devis, mais le devis coûte déjà 15 euros, plus TVA.
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1:17 - 1:21Ce sera difficile de trouver les pièces pour la réparer.
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1:21 - 1:23Ça ne vaut pas le coup de la réparer.
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1:23 - 1:26La réparer coûterait 110, 120 euros.
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1:26 - 1:29Vous avez des imprimantes à partir de 39 euros.
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1:29 - 1:34Pour le même prix vous avez une imprimante qui imprime beaucoup plus vite.
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1:34 - 1:37Je vous conseillerais d'en acheter une neuve.
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1:37 - 1:40Il vaut mieux en acheter une neuve.
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1:40 - 1:46Ce n'est nullement une coïncidence si les vendeurs suggèrent tous d'acheter une nouvelle imprimante.
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1:46 - 1:51S'il accepte, Marcos deviendra une victime de plus de l'obsolescence programmée,
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1:51 - 1:56le mécanisme secret situé au cœur de notre société de consommation.
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1:59 - 2:01Notre but dans lea vie est de consommer à crédit,
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2:01 - 2:05d'emprunter de l'argent pour acheter des choses dont nous n'avons pas besoin.
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2:05 - 2:11Nous vivons dans une société dominée par une économie de croissance dont la logique est,
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2:11 - 2:16non pas croître pour satisfaire les besoins mais croître pour croître.
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2:18 - 2:23Dans une société de croissance, quand il n'y a pas de croissance c'est catastrophique.
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2:23 - 2:27Si le consommateur n'achète plus il n'y a plus de croissance economique.
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2:28 - 2:30Obscolescence programmée :
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2:30 - 2:35La volonté de la part du consommateur de posséder un bien
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2:35 - 2:40un peu plus neuf, un peu plus tôt que nécessaire.
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2:42 - 2:45Ce film révèle comment l'obsolescence programmée
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2:45 - 2:50détermine nos vies depuis les années 20 lorsque les fabricants commencèrent à raccourcir la durée de vie des produits
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2:50 - 2:53pour accroître la demande du consommateur.
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2:55 - 3:00Il décidèrent donc de réduire la durée de vie à milles heures.
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3:01 - 3:04Nous découvrirons comment les designers et les ingénieurs
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3:04 - 3:08ont été contraints d'adopter de nouvelles valeurs et de nouveaux objectifs.
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3:08 - 3:13Ils ont recommencé à zéro pour concevoir quelque chose de plus fragile.
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3:13 - 3:16Ils sont conçus pour qu'une fois qu'on a fini de les payer,
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3:16 - 3:18ils soient usés.
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3:18 - 3:19"Utilisez et jetez !"
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3:21 - 3:26Une nouvelle génération de consommateurs à commencé à s'opposer aux fabricants.
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3:28 - 3:33Il est clair que l'ipod d'Apple à été développé dans cette perspective de l'obsolescence programmée.
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3:34 - 3:40Est-il possible d'imaginer une économie viable sans obsolescence programmée
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3:40 - 3:43et sans impact sur l'environnement ?
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3:43 - 3:45Les génrations futures ne nous pardonneront jamais
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3:45 - 3:51quand elles découvriront la vérité sur le mode vie gaspilleur des pays développés.
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3:57 - 4:01Prêt à jeter.
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4:04 - 4:11Bienvenu à Livermore, en Californie, où l'on trouve la plus ancienne ampoule du monde.
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4:11 - 4:16Je m'appelle Lyn Owens et je préside le comité de l'ampoule.
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4:18 - 4:27En 1972, nous avons découvert que l'ampoule suspendue au plafond de la caserne des pompiers était unique.
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4:33 - 4:36Nous ne savions pas qu'elle était si ancienne,
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4:36 - 4:42jusqu'au jour ou un journaliste, Mike Dunsten, a commencé à enquêter.
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4:43 - 4:48Il a pu interroger d'ancien pompiers, alors nonagénaires,
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4:48 - 4:54qui lui ont confirmé que l'ampoule avait brillé sans interruption depuis 1901.
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5:00 - 5:04109 ans qu'elle éclaire, et ça continue.
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5:04 - 5:10Une webcam diffuse l'image de l'ampoule de Livermore 24h sur 24 sur internet.
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5:10 - 5:14Pour l'anecdote, elle à déjà survécu à 2 webcams.
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5:21 - 5:27En 2001, pour les 100 ans de l'ampoule, les gens de Livermore ont organisé une grande fête d'anniversaire.
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5:27 - 5:29A l'américaine !
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5:29 - 5:29[Richard Jones, Comité de l'ampoule de Livermore]
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5:31 - 5:37Nous pensions réunir 200 personnes au maximum, au final, 800 ou 900 personnes sont venues.
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5:41 - 5:48Une nation sous la protection de Dieux, indivisible, avec liberté et justice pour tous.
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5:48 - 5:52Vous n'imagineriez pas des gens chantant Joyeux Anniversaire à une ampoule.
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5:52 - 5:54Moi non plus, et pourtant ils l'ont fait !
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5:54 - 5:58Joyeux anniversaire, chère ampoule,
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5:58 - 6:03Joyeux anniversaire !
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6:08 - 6:15L'ampoule originale a été produite a Shelby, dans l'Ohio, vers 1895.
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6:15 - 6:18J'ai quelques photos des femmes qui l'avaient assemblée,
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6:18 - 6:23et aussi des homme qui avaient investi dans cette entreprise.
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6:23 - 6:29Le filament à été inventé par Adolphe Chaillet. Il l'a conçu pour durer.
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6:35 - 6:41Pourquoi a-t-il duré ? Je l'ignore, il a emporté le secret avec lui.
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6:41 - 6:46Le filament longue durée n'est pas le seul mystère dans l'histoire de l'ampoule.
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6:46 - 6:49Il y a une autre énigme de taille.
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6:49 - 6:55Comment ce produit simple est-il devenue la première victime de l'obsolescence programmée ?
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6:59 - 7:03Noël 1924 fut très spécial.
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7:03 - 7:10Dans une arrière salle de Genève, plusieurs hommes en costume rayé se sont réunis pour concevoir un plan secret :
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7:10 - 7:13ils allaient fonder le premier cartel international.
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7:13 - 7:17Leur but était de controler la production des ampoules incandescentes
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7:17 - 7:22dans tous les pays, et de se partager le gâteau du marché mondial.
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7:22 - 7:25Ce cartel s'appellait Phoebus.
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7:26 - 7:30Phoebus rassemblait les principaux fabricants d'ampoules d'Europe et des Etats-Unis,
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7:30 - 7:33et même des lointaines colonies d'Asie ou d'Afrique.
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7:37 - 7:44Le but était d'échanger des licences et des brevets, de réguler la production et surtout de contrôler le consommateur.
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7:44 - 7:49Pour ces compagnies c'étaient mieux si les consommateurs achetaient régulièrement des amploules
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7:49 - 7:54Si celles-ci duraient trop longtemps, cela représentait un préjudice économique.
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7:56 - 8:01Au début, les fabricants cherchent à produire des ampoules de longue durée.
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8:01 - 8:09Le 27 octobre 1871, après bon nombre d'expériences, nous avons produit une ampoule de petite taille
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8:09 - 8:17dotée d'une résistance colossale, grâce à un filament particulièrement stable...
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8:17 - 8:25Les premières ampoules de Thomas Edison, commercialisées en 1881, avaient une durée de vie de 1500 heures.
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8:27 - 8:34En 1924, quand les cartel Phoebus fut fondé, les fabricants annoncaient déjà des durées de vie de 2500 heures
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8:34 - 8:38et insistaient sur la longévité de leurs ampoules.
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8:40 - 8:47Donc, chez Phoebus, il ont pensé qu'il fallait limiter la durée de vie des ampoules à 1000 heures.
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8:58 - 9:05En 1925, le comité des 1000 heures est crée avec pour objectif de réduire la durée des ampoules à cette limite,
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9:05 - 9:09par des moyens techniques.
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9:11 - 9:1480 ans plus tard, Helmut Heuge,
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9:14 - 9:18un historien berlinois, met au jour les activités du comité.
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9:18 - 9:22Il a trouvé des preuves cachées parmi les notes internes des membres fondateurs du cartel.
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9:22 - 9:29Il y avait par exemple Philips en Hollande, Osram en Allemagne, ou la Compagnie des Lampes en France.
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9:30 - 9:33Voici ce que dit ce document du cartel :
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9:33 - 9:36La durée de vie moyenne des lampes destinées à l'éclairage général
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9:36 - 9:39ne peut être garantie, rendue publique ou proposée,
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9:39 - 9:42seulement à condition qu'elle soit équivalent à 1000 heures.
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9:43 - 9:441000 Heures.
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9:45 - 9:46Définition de DURÉE DE VIE D'UNE LAMPE
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9:47 - 9:51Les fabricants sous la pression du cartel vont alors mener des expériences
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9:51 - 9:56pour concevoir une ampoule plus fragile et conforme à la règle des 1000 heures.
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10:09 - 10:16La production était rigoureuseument contrôlée pour s'assurer que les membre du cartel respectaient bien la norme.
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10:19 - 10:23Une des mesures a consisté à installer des étagères avec de petites douilles
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10:23 - 10:28dans lesquelles on vissait des échantillons de la production pour les tester.
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10:28 - 10:36Les firmes comme Osram consignaient ensuite méticuleusement la durée de vie de chaque ampoule.
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10:39 - 10:43Phoebus faisait appliquer ces règles grâce à une bureaucratie très organisée :
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10:43 - 10:49ses membres étaient pénalisés si leur rapport mensuel sur les durées n'était pas aux normes.
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10:56 - 11:00Nous avons ici une liste de 1929,
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11:01 - 11:07qui indique en Francs suisses le montant des amendes payées par les membres du cartel
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11:07 - 11:12si, par exemple, leurs ampoules dépassaient 1500 heures.
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11:14 - 11:18AMENDES POUR L'USINE AUSTRALIENNE
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11:18 - 11:201654 heures
1659 '' -
11:20 - 11:22Avec la mise en place de l'obsolescence programmée,
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11:22 - 11:25la durée des ampoules a chuté.
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11:25 - 11:32En seulement deux ans elle est passée de 2500 heures à moins de 1500.
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11:34 - 11:38Dans les années 40, le cartel a atteint son but :
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11:38 - 11:43la durée standard d'une ampoule est désormais fixée à 1000 heures.
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11:46 - 11:49Jeune fille,
faites plus attention ! -
11:49 - 11:57General Electric a produit un film éducatif pour expliquer aux consommateurs que la durée en vigueur était la meilleure.
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11:57 - 11:59Regardez ce filament !
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11:59 - 12:04La durée de vie d'une ampoule
dépend largement de la température du filament. -
12:04 - 12:11Des échantillons de toutes les usines sont testés dans un soucis de qualité.
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12:12 - 12:16Je comprends pourquoi c'était très tentant en 1932 !
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12:16 - 12:20A l'époque le développement durable n'était pas encore au centre des préoccupations.
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12:20 - 12:24Je ne pense pas qu'on imaginait la planète comme ayant des ressources limitées.
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12:24 - 12:28On la voyait plutôt comme une source inépuisable.
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12:33 - 12:39En 1942, le cartel est découvert et le gouvernement américain porte plainte contre General Electric,
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12:39 - 12:42et d'autres fabricants d'ampoules.
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12:42 - 12:46On les accuse de fixer les prix, de concurrence déloyale,
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12:46 - 12:50et de limiter la durée de vie des ampoules incandescentes.
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12:53 - 12:59Après 11 ans de procès, la Cour prononce son jugement en 1953.
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12:59 - 13:08GE et ses associés sont contraints, entre autres, de lever leur restriction sur la longévité des ampoules.
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13:11 - 13:18En réalité, ce jugement n'a eu que très peu d'effet, les ampoules ont continué à durer milles heures.
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13:21 - 13:27Dans les décennies suivantes, de centaines de brevets de fabrication d'ampoule ont été déposés
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13:27 - 13:31dont une pouvant durer 100 000 heures.
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13:31 - 13:35Aucune d'elles n'est jamais parvenue sur le marché.
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13:37 - 13:40Officiellement, Phoebus n'a jamais existé,
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13:40 - 13:43même si cette société a laissé des traces dans le domaine public.
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13:43 - 13:47Sa stratégie consistait à changer de nom régulièrement.
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13:47 - 13:52Ils se sont d'abord appelés International Electricity Cartel, puis ils ont changé à nouveau.
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13:52 - 13:58Le plus important est que l'idée de l'obsolescence comme institution existe encore.
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14:02 - 14:06C'est ironique que l'ampoule, qui a toujours symbolisé les idées et l'innovation,
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14:06 - 14:12soit pourtant un des premiers et meilleurs exemples de l'obsolescence programmée.
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14:14 - 14:18Nicols Fox habite dans un village reculé en Virginie.
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14:18 - 14:24Elle écrit sur l'impact social de la technologie, et parfois elle se lance dans la poésie.
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14:30 - 14:33"Lorsque, la nuit,
Les hésitations sont de sortie -
14:33 - 14:35Que, dans les buissons,
Elles sont là tapies, -
14:35 - 14:38Avant d'être sidérée de peur
Ou de hurler de terreur -
14:38 - 14:42Vous voulez pouvoir compter
Sur une constante lueur" -
14:44 - 14:50Pour moi, les lampes de poches sont indispensables car à la campagne il n'y a pas de réverbères.
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14:50 - 14:54J'ai commencé à avoir de nombreux problèmes avec ces lampes,
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14:54 - 15:01j'achetais de nouvelles ampoules et des nouvelles piles, mais elles ne marchaient toujours pas.
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15:02 - 15:09Même éloignée de la vie urbaine moderne, Nicols Fox est victime de l'obsolescence programmée.
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15:10 - 15:14Voici un mémo de GE des années 30:
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15:14 - 15:19il y a deux ou trois ans une réduction de la durée de vie des lampes de poches a été proposée
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15:19 - 15:23pour abandonner l'ancienne idée qu'une lampe devait durer au moins trois piles.
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15:23 - 15:29Il fallait privilégier des lampes dont les durées seraient équivalentes à celles des piles.
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15:33 - 15:37Les lampes de poches ne sont pas des jouets, ce sont des appareils utilitaires.
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15:37 - 15:41C'est exaspérant de penser qu'ils aient pu faire cela si tranquillement.
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15:41 - 15:45Et surtout qu'ils l'aient fait, tout simplement.
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15:50 - 15:55Je pense que nous devons tous nous plaindre quand les appareils ne fonctionnent pas.
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15:55 - 15:59J'ai donc décidé d'écrire des sonnets de complainte.
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16:02 - 16:08Pour un sonnet de complainte, je préfère la forme italianisante, que Shakespeare utilisait.
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16:10 - 16:13"Nonobstant, cette boîte déborde d'innombrables
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16:13 - 16:17Lampes de poche inutilisables
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16:17 - 16:20Irréparables, presque à usage unique
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16:20 - 16:23Leur prompte relégation
M'apparait bien inique -
16:23 - 16:26Est-ce donc trop demander
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16:26 - 16:30Que d'avoir à portée
Des lampes qui puissent durer ?" -
16:35 - 16:39À Barcelone, Marcos n'a pas suivi les conseils des vendeurs.
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16:39 - 16:41Il est determiné à réparer son imprimante,
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16:41 - 16:46même si le manuel d'utilisation ne mentionne pas du tout son problème.
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16:49 - 16:54En allant sur des forums internet, il a découvert qu'il n'était pas le seul dans ce cas.
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16:54 - 16:58Beaucoup de gens sur ces forums ont le même problème que moi,
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16:58 - 17:01des imprimantes qui n'impriment pas, qui se bloquent,
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17:01 - 17:04et pour lesquelles on ne peut rien faire.
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17:04 - 17:07C'est le cas avec plusieurs marques.
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17:08 - 17:10Parmis les centaines de messages,
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17:10 - 17:12il n'y a pas de solution en vue.
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17:12 - 17:17On dirait que Marcos cherche une aiguille dans une botte de foin.
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17:29 - 17:36L'obsolescence programmée a émergé en même temps que la production en série et la société de consommation.
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17:37 - 17:44La question des produits fabriqués pour durer moins longtemps a commencé avec la révolution industrielle.
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17:44 - 17:47Les nouvelles machines produisaient des marchandises beaucoup moins chères,
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17:47 - 17:49ce qui était très bien pour les consommateurs.
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17:49 - 17:56Mais ils ne pouvaient pas suivre le rythme des machines, il y avait un excès de production.
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17:57 - 18:04Avec la production en série, les prix ont baissé et de nombreux produits sont devenus plus abordables.
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18:05 - 18:10Mais les fabricants s'inquiétaient de savoir si le filon allait durer encore longtemps.
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18:10 - 18:15Que se passerait-il une fois que le consommateur aurait satisfait tous ses besoins?
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18:15 - 18:19Déjà en 1928, un influent magazine de publicité déclarait :
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18:19 - 18:24"Un produit qui ne s'use pas est une tragédie
pour les affaires." -
18:30 - 18:37Les effets de cette tragédie ont été fortement ressentis par Henry Ford, le père de la chaîne de montage.
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18:37 - 18:40Ford voulait que son modèle T soit à la protée du consommateurs moyen.
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18:40 - 18:48Il l'a donc produite en série sur un modèle de base immuable, fiable, et conçu pour durer.
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18:48 - 18:52C'était un modèle bruyant, puant et sale qui rendait les femmes malheureuses,
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18:52 - 18:58et les hommes le traitait comme s'il s'agissait d'un tracteur, c'était le cheval de trait de l'Amérique.
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19:01 - 19:05La stratégie du modèle unique a si bien marché qu'au début des années 20,
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19:05 - 19:10la moitié des automobiles dans le monde étaient des Ford T.
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19:10 - 19:14"General Motors
à la conquête du monde" -
19:14 - 19:22Pour battre Ford, General Motors a choisi une stratégie complètement nouvelle imaginée par son président, Alfred Slone.
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19:24 - 19:29Au lieu de concevoir la nouvelle Chevrolet comme le modèle T, aussi fiable et robuste,
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19:29 - 19:34Slone lui fait subir une transformation radicale, essentiellement esthétique.
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19:34 - 19:37Slone l'a parée d'une nouvelle robe et d'un nouveau rouge à lèvre
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19:37 - 19:42et l'a mise sur le marché à un prix légèrement inférieur à la Ford T.
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19:42 - 19:48Comme elle était plus jolie, la Chevrolet s'est vendue comme des petits pains.
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19:48 - 19:55Slone a compris qu'il ne battrait pas Ford sur le terrain de la mécanique, mais plutôt sur celui du design.
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19:56 - 20:02Slone a créé le concept du modèle annuel, avec différentes gammes de couleur, de forme et de taille.
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20:02 - 20:08Son but : encourager le consommateur à changer de voiture tous les trois ans.
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20:09 - 20:17La stratégie et Ford a connu une chute des ventes, les consommateurs trouvant le modèle T obsolète et démodé.
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20:19 - 20:27En 1927, après avoir célébré la production de 15 millions de modèle T, il l'a retiré définitivement du marché.
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20:30 - 20:37Ford a alors adopté la même stratégie que General Motors en proposant de nouveau modèles chaque année.
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20:37 - 20:43Le marché de l'automobile a alors explosé, en entraînant avec lui l'économie du pays.
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20:56 - 21:02En 1929, l'émergence de la société de consommation est frappée de plein fouet par le krach de Wall Street
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21:02 - 21:06et l'Amérique plonge dans une profonde récession.
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21:06 - 21:09Le chômage a atteint des proportions effarantes :
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21:09 - 21:12En 1933, un quart des travailleurs
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21:12 - 21:15était sans emploi.
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21:15 - 21:20On ne fait plus la queue pour acheter, mais pour trouver du travail et de la nourriture.
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21:20 - 21:22"Le travail paie l'Amérique!"
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21:23 - 21:30En 1933, le président Roosevelt instaure le New Deal pour sortir le pays de la Grande dépression
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21:30 - 21:34et lance une politique d'investissements importants dans les travaux publiques.
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21:37 - 21:40Hommes et femmes
ont voulu mériter cette aide -
21:40 - 21:43pour garder la tête haute
et ne pas perdre la main. -
21:43 - 21:45Le petit commerce à besoin d'eux
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21:45 - 21:47pour stimuler les ventes
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21:53 - 22:01Mais le New Deal ne fait pas l'unanimité. Une idée radicalement différente fait son apparition à New York.
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22:01 - 22:06Bernard London, un éminent courtier en immobilier, propose d'en finir avec la dépression,
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22:06 - 22:10en déclarant l'obsolescence programmée obligatoire.
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22:10 - 22:14C'était la première fois que ce concept était officialisé.
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22:14 - 22:19Bernard London proposait d'assigner une limite de vie à tous les produits,
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22:19 - 22:22ils seraient ensuite considérés comme légalement morts.
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22:22 - 22:27Les consommateurs pourrait les retourner à un organisme gouvernemental qui les détruirait.
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22:28 - 22:34Si quelqu'un conservait un article au delà de la date limite, il serait passible d'une amende.
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22:34 - 22:36[Dorothea Weitzer, fille de l'associé de Bernard London]
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22:36 - 22:44Grâce à cette date limite, la consommation et le besoin de produire des biens de consommation seraient relancés.
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22:44 - 22:48J'ai trouvé que c'était une idée géniale !
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22:50 - 22:55London pensait qu'en rendant l'obsolescence programmée obligatoire, l'industrie se remettrait en marche,
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22:55 - 23:00les gens consommeraient à nouveau, et le plein emploi serait de retour.
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23:00 - 23:03Il cherchait à trouver un équilibre entre le capital et le travail
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23:03 - 23:06où il y aurait toujours un marché pour de nouveaux produits.
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23:06 - 23:12Il y aurait toujours besoin de main d'oeuvre, et le capital serait ainsi récompensé.
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23:15 - 23:21Giles Slade est venu a New York pour enquêter sur la personne qui est à l'origine de cette idée.
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23:23 - 23:30London, un juif originaire d'Europe de l'Est, est arrivé aux Etats-Unis au début du XXème siècle.
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23:31 - 23:39Il prospère dans l'immobilier, devient millionnaire, et investit dans plusieurs projets a New York.
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23:39 - 23:41L'homme aimait faire des affaires,
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23:41 - 23:45c'était un capitaliste mais il était aussi un philanthrope.
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23:45 - 23:49Il s'interessait au bien être de ses semblables.
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23:49 - 23:57Il participe à de nombreux projets de bienfaisance parmi lesquels une école pour enfants juifs et pauvres.
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23:57 - 24:01On ignore si pour Bernard London, l'obsolescence programmée
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24:01 - 24:06est seulement une question de profit, ou bien une façon d'aider les chômeurs.
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24:06 - 24:14Giles Slade veut en savoir d'avantage sur ses motivations et a retrouvé quelqu'un qui l'a connu personnellement.
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24:14 - 24:17J'ai une photo de Bernard London.
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24:17 - 24:19Incroyable !
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24:19 - 24:22Sauriez vous le reconnaître ?
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24:22 - 24:24Ne me dites rien.
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24:26 - 24:31Intéressant... Le voilà avec son allure d'intellectuel !
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24:31 - 24:36Vous avez rencontré London en 1933 me semble t-il ?
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24:38 - 24:41J'avais 16 ou 17 ans,
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24:41 - 24:44mes parents avaient une grosse Cadilllac qui avait la taille d'un Zeppelin.
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24:44 - 24:51Ma mère conduisait, mon père était devant et M. et Mme London étaient à l'arrière de la limousine.
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24:51 - 24:55Mon père a dit que Mr London devait m'expliquer sa philosophie.
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24:55 - 24:58C'était un homme très intéressant.
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24:58 - 25:03En quelques mots il m'a expliqué son idée pour enrayer la dépression.
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25:03 - 25:08A l'époque nous étions en plein chaos économique, pire qu'aujourd'hui.
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25:08 - 25:13Il était obsédé par cette idée, comme un artiste l'est par ses tableaux.
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25:13 - 25:20Il m'a chuchoté à l'oreille, tant il craignait que son idée ne soit trop radicale.
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25:22 - 25:26Finalement, la proposition de Bernard London n'a pas été suivie
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25:26 - 25:30et l'obsolescence par obligation légale ne fut jamais appliquée.
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25:35 - 25:40Dans les années 50, l'idée resurgit mais avec une différence cruciale :
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25:40 - 25:43au lieu d'imposer l'obsolescence programmée aux consommateurs,
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25:43 - 25:47elle les séduirait !
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25:47 - 25:48Obsolescence programmée :
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25:48 - 25:51la volonté de la part du consommateur
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25:51 - 25:56de posséder un bien un peu plus neuf, un peu plus performant,
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25:56 - 25:59un peu plus tôt que nécessaire...
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26:01 - 26:06C'est Brooks Stevens qui parle, l'apôtre de l'obsolescence programmée dans l'Amérique d'après-guerre.
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26:06 - 26:11Ce brillant designer a créé des appareils ménagers, des voitures, des trains,
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26:11 - 26:15en ayant toujours en tête l'obsolescence programmée.
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26:19 - 26:25Dans l'esprit de l'époque, tout ce que Brooks Stevens crée induit l'idée de vitesse et de modernité.
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26:25 - 26:28Même sa maison sort de l'ordinaire.
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26:28 - 26:31J'ai grandi dans cette maison que mon père avait dessinée.
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26:31 - 26:34Elle était en banlieue et pendant la construction
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26:34 - 26:41tout le monde pensait que c'était la nouvelle gare de bus car elle ne ressemblait pas à une maison traditionnelle.
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26:41 - 26:48Voici une photo de famille avec mon père, moi-même, mes frères aînés, ma sœur et ma mère.
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26:48 - 26:54La maison était toujours remplie d'objets dessinés pour ses clients, comme cette tondeuse.
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26:54 - 26:57Tous les deux ou trois ans il apportait le dernier modèle
-
26:57 - 27:01et ma mère se faisait une joie de tondre la pelouse elle-même.
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27:01 - 27:03A sa façon, elle testait les produits.
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27:03 - 27:09Si quelque chose ne lui plaisait pas, elle en faisait part à mon père.
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27:16 - 27:22Pour mon père, n'importe quel objet qu'il dessinait devait toujours sortir de l'ordinaire.
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27:22 - 27:31Il détestait la banalité et les produits qui ne suscitaient aucun désir d'achat chez le consommateur.
-
27:32 - 27:34A l'opposé de l'ancienne approche européenne,
-
27:34 - 27:38qui voulait concevoir le meilleur produit et le plus durable
-
27:38 - 27:42- on achetait un beau costume
dans lequel on se mariait -
27:42 - 27:46et on était enterré, sans avoir
l'occasion d'en changer, -
27:46 - 27:50l'approche américaine vise
a rendre le consommateur -
27:50 - 27:52insatisfait du produit
-
27:52 - 27:54dont il a profité quelque temps,
-
27:54 - 27:57afin qu'il le mette
sur le marché de l'occasion, -
27:57 - 28:02pour acquérir un produit
dernier cri, au design novateur. -
28:04 - 28:10Stevens a parcouru l'Amérique pour promouvoir l'obsolescence programmée discours après discours.
-
28:10 - 28:13Ses propos sont devenus comme une sorte d'évangile.
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28:13 - 28:16Tous nos remerciements aux stylistes américains
-
28:18 - 28:21Hommes et femmes s'intéressent de plus en plus
-
28:21 - 28:24à l'aspect des objets
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28:24 - 28:26Ils se passionnent pour ce qui est nouveau
-
28:26 - 28:29esthétique et moderne.
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28:30 - 28:33Voici l'élégante Golden Rocket d'Oldsmobile.
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28:33 - 28:37Tenue de Pat Freemore de Los Angeles.
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28:41 - 28:49Le design et le marketing séduisent le consommateur et suscitent un désir insatiable pour le dernier modèle.
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28:51 - 28:55Mon père n'a jamais conçu un produit pour qu'il tombe délibérément en panne
-
28:55 - 28:59ou devienne obsolète dans un bref delai.
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28:59 - 29:03L'obsolescence programmée est à l'entière discrétion du consommateur.
-
29:03 - 29:10Personne ne force le consommateur à aller dans un magasin pour y acheter un produit.
-
29:10 - 29:13Il y va de son plein gré, c'est son choix.
-
29:19 - 29:22Liberté et bonheur grâce à la consommation sans limite.
-
29:22 - 29:28L'american way of life des années 50 a servi de fondement à la société de consommation
-
29:28 - 29:30que nous connaissons aujourd'hui.
-
29:46 - 29:52Sans l'obsolescence programmée ces lieux n'existeraient pas.
-
29:52 - 29:57Il n'y aurait aucun produit, aucune industrie. Pas de designer ou d'architecte.
-
29:57 - 30:00Il n'y aurait pas de vendeurs ni de personnel en charge du nettoyage.
-
30:00 - 30:03Pas de gardes de sécurité.
-
30:03 - 30:06Tous ces emplois disparaîtraient.
-
30:09 - 30:13L'obsolescence programmée est à la base de la formidable croissance économique
-
30:13 - 30:17qu'a connu le monde occidental à partir des années 50.
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30:19 - 30:25Depuis, la croissance est devenu le Graal de notre économie.
-
30:27 - 30:31Nous vivons dans une société de croissance dont la logique est
-
30:31 - 30:36non pas croître pour satisfaire les besoins mais croître pour croître. Croître à l'infini,
-
30:36 - 30:42faire croître sans limite la production et, pour justifier cette croissance de la production,
-
30:42 - 30:46faire croître sans limite la consommation.
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30:48 - 30:52Serge Latouche, un des critiques de la société de croissance les plus connus
-
30:52 - 30:54a beaucoup écrit sur ces mécanismes.
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30:54 - 31:04Au fond il y a trois instruments fondamentaux qui sont la publicité, l'obsolescence programmée et le crédit.
-
31:13 - 31:17[John Thackara, designer et philosophe]
Depuis une génération notre but dans la vie semble être de consommer à crédit. -
31:17 - 31:22D'emprunter de l'argent pour acheter des biens dont nous n'avons pas besoin. Cela n'a aucun sens.
-
31:24 - 31:28Les critiques de la société de croissance mettent en valeur le fait qu'elle n'est pas viable à long terme
-
31:28 - 31:32car elle se base sur une contradiction flagrante.
-
31:33 - 31:42Celui qui croit qu'une croissance infinie est compatible avec une planète finie est soit un fou soit un économiste.
-
31:42 - 31:47Le drame c'est qu'au fond nous sommes tous des économistes maintenant.
-
31:49 - 31:56Est-il vraiment nécessaire de créer un nouveau produit toutes les 3 minutes quelque part dans le monde ?
-
31:56 - 31:59Je crois que beaucoup de gens se sont rendu compte que les choses devaient changer,
-
31:59 - 32:05surtout quand les politiciens leur ont dit d'acheter et de consommer pour relancer l'économie.
-
32:05 - 32:11On peut dire qu'avec la société de croissance on est embarqué dans un bolide
-
32:11 - 32:20qui désormais manifestement n'a plus de pilote, qui va a toute allure et qui dont on peut prévoir le destin
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32:20 - 32:26qui est soit de se fracasser contre un mur, soit de sombrer dans un précipice.
-
32:38 - 32:45Marcos a trouvé quelqu'un sur internet qui a découvert ce qui est arrivé à son imprimante.
-
32:45 - 32:48En voulant imprimer un document, j'ai eu ce message : "Des pièces
-
32:48 - 32:53doivent être remplacées."
Donc j'ai décidé de m'y coller -
32:53 - 32:55Salut, Marcos
-
32:55 - 32:56J'ai eu ton message.
-
32:56 - 32:59Marcos a contacté l'auteur de la vidéo.
-
32:59 - 33:03Après examen, il s'avère qu'il y a dans le fond de l'imprimante
-
33:03 - 33:06un réservoir d'encre usagée.
-
33:06 - 33:07Une imprimante à jet d'encre
-
33:07 - 33:09doit nettoyer ses têtes d'impression
-
33:09 - 33:11en expulsant des gouttes d'encre
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33:11 - 33:14jusqu'à une grosse éponge au fond de l'imprimante.
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33:14 - 33:19Elles est programmée pour évacuer un certain nombre de gouttes
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33:19 - 33:23et ensuite, elle cesse de fonctionner.
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33:23 - 33:26Ce serait soi disant pour ne pas salir le bureau.
-
33:26 - 33:28Je crois que ça va bien plus loin que ça.
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33:28 - 33:32Cette technologie est conçue pour tomber en panne.
-
33:41 - 33:47Où est l'éthique quand on conçoit un produit pour qu'il tombe en panne ?
-
33:47 - 33:55Giles Slade se demande comment ont réagi les ingénieurs quand l'obsolescence programmée s'est généralisée.
-
33:57 - 34:03Dans les années 50 il y a eu un débat parmi les ingénieurs pour savoir si oui ou non il fallait programmer la mort d'un produit.
-
34:03 - 34:08Une grande partie du débat est parue dans le magazine Design News.
-
34:08 - 34:16On demandait de plus en plus aux ingénieurs de prévoir des procédés techniques pour réduire la durée de vie des produits.
-
34:20 - 34:27De nombreux ingénieurs trouvaient que c'était un sale coup de faire payer pour des produits délibérément conçus pour tomber en panne.
-
34:29 - 34:33Le magazine Design News relayait ce débat intense.
-
34:34 - 34:40Une nation comme la nôtre, leader parmi les nations, transforme ses ingénieurs en destructeurs.
-
34:40 - 34:46C'est même un crime contre la loi naturelle de Dieu de gaspiller ce qu'il nous a donné.
-
34:46 - 34:49Pour les ingénieurs c'était vraiment une période difficile.
-
34:49 - 34:56Cette confrontation avec l'obsolescence programmée les a conduits a revoir fondamentalement leur éthique.
-
34:59 - 35:02"L'homme au complet blanc"
-
35:03 - 35:07Le dilemme est même apparu au-delà de la presse spécialisée.
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35:07 - 35:17Dans ce film britannique de 1951, un jeune chimiste audacieux invente un fil qui repousse la saleté et qui ne s'use pas.
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35:17 - 35:21Il est persuadé d'avoir fait une découverte incroyable.
-
35:22 - 35:25"Le fil à l'épreuve du temps menace la filature de la ville"
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35:26 - 35:29(Le voilà !)
Mais tout le monde n'apprécie pas son invention -
35:29 - 35:35et bientôt il est poursuivi non seulement par les patrons de l'usine mais aussi par les ouvriers
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35:35 - 35:39qui craignent tous de perdre leurs emplois.
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35:39 - 35:47C'est très intéressant, ça me rappelle quelque chose qui est vraiment arrivé dans l'industrie du textile.
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35:48 - 35:55En 1940, duPont, le géant de la chimie, lance une fibre synthétique révolutionnaire : le nylon.
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35:55 - 36:02Les filles font de longues queues pour acheter ces nouveaux bas très résistants.
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36:02 - 36:06J'ai ici une photo de moi en collants.
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36:06 - 36:12Les bas étaient incontournables dans les années 50-60. Il était inimaginable de ne pas en porter.
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36:12 - 36:15Sortir sans bas aurait été très choquant.
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36:20 - 36:25Le dimanche, quand on s'habillait pour sortir, pour aller au cinéma ou pour aller danser,
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36:25 - 36:30habituellement on mettait une belle robe et de jolis bas.
-
36:31 - 36:39[Carme Devesa, mercière]
Au bal, si pour une raison quelconque on déchirait nos bas alors on n'osait plus danser parce qu'on aurait pu voir nos bas filés. -
36:42 - 36:48C'était un énorme progrès de fabriquer des bas résistants mais cela ne dura pas très longtemps.
-
36:52 - 36:57[Nicols Fox, essayiste et journaliste]
Avant et après la guerre, mon père travaillait chez duPont, au département nylon. -
36:57 - 37:01Il m'a raconté comment ils avaient testé le nylon pour en faire des bas.
-
37:01 - 37:10Les hommes de son département emportaient des bas à la maison pour les faire tester par leur femme ou leur petite amie.
-
37:11 - 37:16Mon père a fait de même et ma mère était ravie avec les premiers bas qu'elle avait testés,
-
37:16 - 37:20parce qu'ils étaient tellement résistants!
-
37:25 - 37:28Les chimistes avaient toutes les raisons d'être fiers de leur trouvaille.
-
37:28 - 37:32Même les hommes vantaient les mérites des bas en nylon.
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37:35 - 37:40Le problème c'est que les bas ça marchait trop bien, parce qu'il étaient trop résistants.
-
37:40 - 37:43Les femmes étaient très contentes parce qu'ils ne filaient pas.
-
37:43 - 37:49Mais les fabricants qui les produisaient en vendaient forcément moins.
-
37:53 - 37:59duPont donna de nouvelles instructions au père de Nicols Fox et à ses collègues.
-
38:01 - 38:07Les employés de ce sont département ont du se remettre à l'ouvrage pour essayer de faire des fibres plus fragiles
-
38:07 - 38:13de façon à ce que les bas filent plus souvent et ne durent pas si longtemps.
-
38:18 - 38:24[Prof. Dr. Michael Braungart, chimiste]
C'est assez facile de réduire la longévité d'une paire de bas car le nylon n'est pas l'unique composant. -
38:24 - 38:31Il y a aussi des additifs qui par exemple protègent le nylon des rayons ultra-violets du soleil.
-
38:33 - 38:36Il suffit de varier la quantité d'additifs.
-
38:36 - 38:42Si vous ajoutez moins d'additifs, ou que vous n'en mettez aucun, le soleil ou l'oxygène présents dans l'air
-
38:42 - 38:46détruisent les bas et ils s'abîment alors plus facilement.
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38:46 - 38:50Autrement dit, la destruction peut être programmée.
-
38:53 - 38:58Peu après, les bas commencèrent à filer à nouveau.
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39:00 - 39:08Ça s'est fait petit à petit. Ce ne fut pas "aujourd'hui on a des bas solides et le lendemain on a des bas de piètre qualité", vous comprenez.
-
39:08 - 39:16Ça a été progressif. Au fur et à mesure les bas devenaient de plus en plus fins et de moins en moins résistants.
-
39:18 - 39:22Les mêmes chimistes qui avaient appliqué leur savoir-faire pour fabriquer des bas résistants
-
39:22 - 39:26ont du se résigner à suivre l'ère du temps et les ont rendus plus fragiles.
-
39:26 - 39:32Le fil éternel a fini par disparaître des usines comme au cinéma.
-
39:32 - 39:34Il nous faut
-
39:34 - 39:35le contrôle total de cette découverte
-
39:35 - 39:38Nous vous en offrons le double
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39:38 - 39:41Un quart de million.
-
39:41 - 39:44- Pour la faire disparaître.
- Oui. -
39:44 - 39:51Comment ont réagi les ingénieurs de duPont face à la réduction délibérée de la durée de la vie du produit ?
-
39:51 - 39:57Les ingénieurs ont du se sentir frustrés de devoir utiliser leur savoir-faire pour créer un produit de qualité inférieure,
-
39:57 - 40:00après tous les efforts accomplis.
-
40:00 - 40:07Il se peut aussi que pour eux, créer des produits solides ou fragiles, ça leur était égal.
-
40:07 - 40:11Ça faisait partie de leur travail.
-
40:15 - 40:19Parmi les ingénieurs il y a eu un changement de valeurs.
-
40:19 - 40:25Il y a les ingénieurs de la vieille garde, qui veulent continuer à créer des produits solides et durables.
-
40:25 - 40:28Et il y a une nouvelle vague d'ingénieurs influencés par le marché,
-
40:28 - 40:33dont l'intérêt est de concevoir le produit le plus jetable possible.
-
40:33 - 40:39[Giles Slade, auteur de "Made to break"]
Ce débat fut tranché quand cette nouvelle école d'ingénieurs s'est imposée. -
40:39 - 40:41Vous changez souvent de portable ?
-
40:41 - 40:44- Tous les 18 mois.
- Une fois par an. -
40:44 - 40:51Aujourd'hui, on enseigne l'obsolescence programmée dans les écoles de design et d'ingénierie.
-
40:51 - 40:55Boris Knuf donne un cours sur le cycle de vie des produits de consommation,
-
40:55 - 40:59un euphémisme moderne pour dire "obsolescence programmée".
-
40:59 - 41:03J'ai fait des courses pour vous. J'ai acheté plusieurs choses :
-
41:03 - 41:06Une poêle,
-
41:06 - 41:09une salière, une chemise, une autre chemise.
-
41:09 - 41:16L'éthique ne compte plus dans un monde dominé par un seul objectif : l'achat fréquent répété.
-
41:16 - 41:19Voici un vieux grille-pain.
-
41:19 - 41:21Faites-les-vous passer et dites-moi, à votre avis,
-
41:21 - 41:24quelle est leur durée de vie.
-
41:29 - 41:32Les designers doivent comprendre pour qui ils travaillent.
-
41:32 - 41:38Le modèle commercial du client définit avec quelle fréquence il veut renouveler ses produits.
-
41:38 - 41:42[Dr. Boris Knuf, ingénieur industriel]
Ce cahier des charges est remis aux designers qui doivent concevoir le produit -
41:42 - 41:50afin qu'il corresponde exactement à la stratégie commerciale du client pour lequel il travaille.
-
42:07 - 42:09En parcourant la notice de plusieurs imprimantes,
-
42:09 - 42:15Marcos s'est rendu compte que la durée de vie est fixée par les ingénieurs dès le départ.
-
42:15 - 42:161-3. Durée de vie
(1) Imprimante -
42:16 - 42:1818000 pages
-
42:18 - 42:205 ans d'usage
-
42:22 - 42:27Ils insèrent une puce dans les circuits de l'imprimante.
-
42:48 - 42:54J'ai trouvé la puce. C'est une EEPROM qui mémorise le nombre d'impressions.
-
42:54 - 43:00Et une fois qu'on atteint la quantité préétablie l'imprimante se bloque et n'imprime plus.
-
43:00 - 43:07Maintenant qu'il a trouvé le coupable, Marcos va tenter de faire fonctionner de nouveau son imprimante.
-
43:08 - 43:11"Les consommateurs veulent savoir"
-
43:13 - 43:19À la fin des années 50, les consommateurs commencent à se poser des questions sur l'obsolescence programmée
-
43:19 - 43:22et sur les astuces des fabricants.
-
43:27 - 43:31L'association des consommateurs américains teste une large gamme de produits
-
43:31 - 43:34en se concentrant sur leur longévité.
-
43:37 - 43:44Les résultats de ces tests sont publiés dans leur magazine qui connait un succès et une influence grandissante.
-
43:44 - 43:50L'association fait aussi du lobbying pour faire passer des lois qui protègent le consommateur.
-
43:50 - 43:5420 ans plus tard elle remporte une victoire sur l'obsolescence programmée
-
43:54 - 43:59quand les premières lois sur la garantie des produits entrent en vigueur.
-
44:00 - 44:03"Mort d'un commis voyageur"
-
44:06 - 44:10La frustration des citoyens à l'égard de l'obsolescence programmée
-
44:10 - 44:12fait partie de l'ère du temps.
-
44:12 - 44:17Même Arthur Miller y fait référence dans sa célèbre pièce "Mort d'un commis voyageur"
-
44:17 - 44:19Oui mais il est vieux!
-
44:19 - 44:22Pour une fois, j'aimerais avoir quelque chose qui marche.
-
44:22 - 44:24C'est toujours pareil.
-
44:24 - 44:27À peine finie de payer la voiture menace de nous lâcher.
-
44:27 - 44:29Quant au réfrigérateur,
-
44:29 - 44:32il consomme des courroies à n'en plus finir.
-
44:32 - 44:35Ils sont conçus pour qu'une fois qu'on a fini de les payer,
-
44:35 - 44:37ils soient usés.
-
44:39 - 44:46The Waste Makers, publié en 1960 est le premier ouvrage qui analyse l'obsolescence programmée.
-
44:46 - 44:52Son auteur, Vance Packard, a déjà connu la gloire grâce à un livre sur le pouvoir de la publicité.
-
44:52 - 44:56Son nouvel ouvrage devient un best-seller.
-
44:56 - 44:59- Bonsoir, Mme Packard.
- Bonsoir, Charles. -
44:59 - 45:05Lors d'une rare apparition télévisée, il évoque le futur d'une société vouée au consumérisme et au gaspillage.
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45:05 - 45:09J'ai le sentiment que l'avenir ne nous réserve rien de bon.
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45:09 - 45:11Je pense que la consommation à outrance
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45:11 - 45:14que connaît l'Amérique est en train de modifier
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45:14 - 45:16notre mentalité de façon préoccupante.
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45:16 - 45:20Nous devenons plus complaisants
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45:20 - 45:24et d'une certaine manière, on nous encourage à la complaisance.
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45:24 - 45:26Ce n'est guère réjouissant.
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45:26 - 45:29J'aimerais pouvoir être plus optimiste.
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45:33 - 45:37Les détracteurs de la société de consommation ont souligné ses failles
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45:37 - 45:41mais n'ont pas proposé d'alternative car à l'époque elle existait déjà
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45:41 - 45:43de l'autre côté du rideau de fer.
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45:49 - 45:52À la fin des années 50, en pleine guerre froide,
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45:52 - 45:58il semblait encore possible que le communisme s'impose au capitalisme comme système économique et politique.
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46:06 - 46:09L'économie communiste ne se fondait pas sur le libre marché
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46:09 - 46:12mais sur la planification centralisée par l'État.
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46:12 - 46:16Dans ce système, inefficace et souffrant d'une insuffisance chronique de ressources,
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46:16 - 46:19l'obsolescence programmée n'avait aucun sens.
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46:26 - 46:30En Allemagne de l'est, l'économie communiste la plus performante,
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46:30 - 46:33les normes officielles stipulaient que réfrigérateurs et machines à laver
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46:33 - 46:35devaient durer 25 ans.
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46:41 - 46:48J'ai acheté ce réfrigérateur est-allemand en 1985, donc il a au moins 24 ans.
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46:48 - 46:52L'ampoule date de la même époque. Je n'ai jamais eu à la remplacer.
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46:52 - 46:55Elle a aussi presque 25 ans.
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46:59 - 47:06En 1981, une usine de Berlin est lance une ampoule longue durée.
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47:06 - 47:11Là en haut il y avait le centre d'essais pour tester la durée des ampoules.
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47:16 - 47:20Le fabricant est-allemand présente sa nouvelle ampoule à une foire internationale
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47:20 - 47:23à la recherche de clients en occident.
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47:27 - 47:32Quand les fabricants est-allemands ont présenté cette ampoule à la foire de Hanovre de 1981,
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47:32 - 47:36leurs collègues de l'ouest, de l'Osram, ont dit:
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47:36 - 47:39"Vous allez détruire vos propres emplois".
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47:39 - 47:41Les ingénieurs de l'est ont répondu
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47:41 - 47:51"Non, au contraire, en économisant les ressources, et sans gaspiller de tungstène, nous sauverons nos emplois."
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47:56 - 47:58Les acheteurs occidentaux ont refusé l'ampoule.
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47:58 - 48:07En 1989, après la chute du mur de Berlin, l'usine a été fermée et la production s'est arrêtée.
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48:10 - 48:15Aujourd'hui on ne la trouve que dans des musées et des expositions.
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48:32 - 48:4020 ans après la chute du mur le consumérisme effréné est aussi bien présent à l'est qu'à l'ouest.
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48:47 - 48:53À une différence près : à l'heure d'internet, les consommateurs sont décidés à lutter
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48:53 - 48:56contre l'obsolescence programmée.
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48:57 - 49:00Nous tournons tous nos films ici.
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49:00 - 49:04Nous prenons des polaroids de toutes les personnes qui entrent ici.
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49:04 - 49:09Ce support est comme un dinosaure : il n'existe plus.
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49:09 - 49:18Nous sommes très fans de la VHS. Nous copions tous les films de DVD sur VHS puis nous les archivons.
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49:18 - 49:21Pour les frères Neistat, artistes et réalisateurs New-Yorkais,
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49:21 - 49:23aucun objet devient obsolète.
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49:23 - 49:29Quitte à devenir décorations murales ou comme accessoires dans leur prochain film.
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49:30 - 49:35Notre premier film à succès était un film sur l'iPod.
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49:35 - 49:42J'étais complètement fauché et quand j'ai acheté cet iPod il coûtait dans les 400-500 dollars.
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49:42 - 49:47Environ 8 ou 12 mois plus tard la batterie est tombée en panne.
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49:47 - 49:49J'ai appelé Apple pour qu'ils la remplacent,
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49:49 - 49:55et leur politique à l'époque était de dire à leurs clients d'acheter un nouvel iPod.
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49:55 - 49:57Autant en acheter un autre.
-
49:57 - 49:59- Apple ne propose pas...
- Non. -
49:59 - 50:03- de batterie iPod de rechange ?
- Non. -
50:06 - 50:09Que la batterie soit morte ne m'embêtait pas,
-
50:09 - 50:13car quand la batterie de mon portable Nokia ou de mon portable Apple ne marchent plus,
-
50:13 - 50:15je peux les remplacer.
-
50:15 - 50:19Mais avec l'iPod, qui n'était pas donné, si la batterie lâchait,
-
50:19 - 50:23c'était l'appareil tout entier que l'on devait remplacer.
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50:27 - 50:30Mon frère a eu l'idée d'en faire un film.
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50:30 - 50:33Muni d'un pochoir nous avons bombé toutes les affiches d'iPod
-
50:33 - 50:36que nous avons rencontré en ville avec ce slogan :
-
50:36 - 50:41"La batterie non-remplaçable de l'iPod dure seulement 18 mois."
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50:49 - 50:53On a posté la vidéo sur notre petit site, ipodsdirtysecret.com,
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50:53 - 50:59et en un mois ou 6 semaines il y a eu 5 ou 6 millions de visites. Le site a explosé.
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51:03 - 51:07À San Francisco, l'avocate Elizabeth Pritzker entend parler de la vidéo
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51:07 - 51:10et avec ses associés décide de porter plainte contre Apple.
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51:10 - 51:1750 ans après l'affaire de l'ampoule, l'obsolescence programmée se trouve à nouveau devant le tribunal.
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51:20 - 51:23Quand nous avons entamé le procès, l'iPod était sur le marché depuis 2 ans,
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51:23 - 51:29et Apple avait vendu environ 3 millions d'exemplaires aux USA.
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51:30 - 51:37Beaucoup de propriétaires d'iPod ont eu des problèmes de batterie et sont déterminés à poursuivre Apple.
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51:37 - 51:39Comme la vidéo des frères Neistat,
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51:39 - 51:42les nouvelles du procès se sont propagées sur internet
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51:42 - 51:46et des milliers de gens se sont manifestés.
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51:47 - 51:50Parmi eux, Andrew Westley.
-
51:53 - 51:59Je suis très mélomane et mon iPod est comme une extension de moi-même.
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51:59 - 52:03En fait je l'ai acheté pour écouter de la musique dans l'avion.
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52:03 - 52:07J'étais sur un vol San Francisco - New York, si je me souviens bien.
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52:07 - 52:11La batterie a lâché avant même le décollage.
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52:15 - 52:19Parmi les consommateurs qui nous avaient contacté, nous en avons choisi quelques uns
-
52:19 - 52:23pour être les plaignants de notre recours collectif.
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52:27 - 52:31Un recours collectif est une procédure judiciaire aux USA par laquelle
-
52:31 - 52:35un petit groupe de personnes représente un groupe plus important
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52:35 - 52:39pour porter plainte devant la justice.
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52:43 - 52:49Comme plaignant, je représentais des milliers, peut-être des dizaines de milliers de personnes.
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52:49 - 52:53L'affaire a été baptisée Westley contre Apple.
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52:56 - 53:00Quand mes amis et ma famille ont appris que c'était un procès important,
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53:00 - 53:07ils ont pensé que j'étais devenu un extrémiste, une sorte d'Erin Brockovich.
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53:10 - 53:15En décembre 2003, Elizabeth Pritzker dépose une plainte au tribunal d'instance de San Mateo,
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53:15 - 53:18tout près du siège social d'Apple.
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53:23 - 53:26Nous avons demandé à Apple de fournir de nombreux documents techniques
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53:26 - 53:30sur la durée de la batterie de l'iPod.
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53:31 - 53:38Et on a reçu beaucoup de données techniques sur son design et sur les essais pratiqués sur les batteries.
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53:38 - 53:42Nous avons découvert que le type de batterie au lithium contenu dans l'iPod
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53:42 - 53:46était conçu pour avoir une durée de vie limitée.
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53:51 - 53:58Il est clair que l'iPod d'Apple a été développé dans la perspective de l'obsolescence programmée.
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53:59 - 54:01Le procès n'est jamais arrivé à terme.
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54:01 - 54:05Après quelques mois de tension, les deux parties sont parvenues à un accord.
-
54:05 - 54:12Apple a mis en place un service de remplacement des batteries et a prolongé la garantie à 2 ans.
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54:14 - 54:17Les plaignants ont été dédommagés.
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54:17 - 54:25Andrew Westley a accepté un bon de 50 dollars pour l'achat d'un nouveau produit Apple.
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54:25 - 54:27Je suis resté l'un de leurs clients.
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54:27 - 54:34J'ai acheté un ordinateur portable haute-gamme et je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'en réalité,
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54:34 - 54:40le vrai bénéficiaire de l'indemnité ce n'était pas moi mais bien Apple.
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54:44 - 54:49Ce qui me gêne vraiment c'est qu'Apple se vend comme une marque très branchée et innovatrice.
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54:49 - 54:54Alors que sa politique environnementale ne permet pas aux consommateurs de retourner les articles
-
54:54 - 54:57pour les recycler ou les traiter.
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54:57 - 55:06C'est contraire à toute logique. Et c'est contraire à son message.
-
55:17 - 55:21L'obsolescence programmée produit un flot ininterrompu de déchets
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55:21 - 55:26qui sont expédiés dans les pays du tiers-monde comme le Ghana, en Afrique.
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55:26 - 55:35Il y a 8 ou 9 ans j'ai réalisé que beaucoup de containers arrivent ici remplis de déchets électroniques.
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55:35 - 55:38Je parle de matériel informatique et de télévisions en panne
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55:38 - 55:43dont personne ne veut dans les pays industrialisés.
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55:45 - 55:50Un traité international interdit d'expédier des déchets électroniques dans les pays du tiers-monde,
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55:50 - 55:55mais les marchands le détournent en déclarant ces produits comme des articles d'occasion.
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55:59 - 56:02Ils mettent en avant le matériel électronique en bon état.
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56:02 - 56:06Environ 10 articles dans chaque container de 12 mètres.
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56:06 - 56:10Alors que tout le reste du container est rempli de déchets électroniques.
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56:10 - 56:14Lorsque les douaniers l'ouvrent, ils pensent qu'il n'y a que du matériel en état de marche
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56:14 - 56:17et qui pourrait durer longtemps.
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56:23 - 56:27Les containers sont déchargés dans la zone portuaire où des hommes d'affaire locaux
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56:27 - 56:30achètent les appareils électroniques qui fonctionnent encore
-
56:30 - 56:32ou qui peuvent être réparés.
-
56:32 - 56:35De là, le matériel part à Accra.
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56:37 - 56:43Au Ghana, ce qui peut être réparé n'est pas jeté aussi facilement.
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56:43 - 56:51Andrew Owusu achète des ordinateurs en provenance d'Europe puis les remet à neuf pour ses clients.
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56:51 - 56:56[Andrew Owusu, informaticien]
Cette machine vient d'Espagne et j'ai vu que le disque dur ne marchait plus. -
56:56 - 56:59J'ai changé le disque et maintenant elle fonctionne.
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56:59 - 57:02Pour celle-ci, le problème venait de la carte graphique.
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57:02 - 57:05Je l'ai changée et maintenant elle est en état de marche.
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57:05 - 57:10Si je repère la panne, ça me prend de 10 a 30 minutes pour la réparer.
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57:10 - 57:15Andrew Owusu revend ses ordinateurs aux étudiants, aux écoles et aux petites entreprises.
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57:15 - 57:20Il ne comprend pas cette mentalité de gaspillage des pays industrialisés.
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57:20 - 57:24Ici en Afrique ce n'est pas donné à tout le monde d'avoir un ordinateur.
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57:24 - 57:29C'est pour cela qu'ici nous ne jetons rien. Nous réparons.
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57:34 - 57:39Mais en fait plus de 80% des déchets électroniques qui arrivent au Ghana sont totalement irréparables,
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57:39 - 57:45et des containers entiers finissent dans des décharges illégales partout dans le pays.
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57:46 - 57:49Nous nous trouvons dans la décharge d'Agbogbloshie.
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57:49 - 57:56Avant, il y avait une jolie rivière ici, l'Odaw, qui traversait cet endroit.
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57:56 - 57:58Elle regorgeait de poissons.
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57:58 - 58:03Notre école n'était pas très loin d'ici et nous venions jouer au football.
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58:03 - 58:07Nous flânions sur les rives. Les pêcheurs organisaient des ballades en bateau.
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58:07 - 58:11Je m'en souviens très bien. À présent tout ça n'existe plus.
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58:11 - 58:16Et cela me rend vraiment très triste et furieux.
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58:20 - 58:27Aujourd'hui les jeux des enfants ont laissé place aux jeunes défavorisés qui recherchent de la ferraille.
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58:31 - 58:37Ils brûlent la gaine en plastique des câbles d'ordinateurs pour récupérer le métal.
-
58:40 - 58:44On récupère le métal des ordinateurs, des télés et des machines.
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58:45 - 58:47C'est un sale boulot.
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58:47 - 58:52Des fois, on tombe malade, on tousse.
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58:52 - 58:55On se coupe avec du verre.
-
58:55 - 59:00La nuit, on a du mal à dormir, on tousse.
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59:02 - 59:06Les plus jeunes ratissent les déchets à la recherche de la moindre miette de métal
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59:06 - 59:09que leurs aînés auraient pu oublier.
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59:10 - 59:17Le métal est acheté par des ferrailleurs qui le revendent là où se développe une économie de croissance.
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59:23 - 59:28Les principaux clients sont actuellement Dubaï et la Chine.
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59:33 - 59:36Certains des responsables de ces cargaisons disent :
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59:36 - 59:40"Nous voulons diminuer la fracture numérique entre l'Europe et l'Amérique d'une part
-
59:40 - 59:42et l'Afrique d'autre part".
-
59:42 - 59:48Mais la réalité c'est que les ordinateurs qui sont expédiés ici sont hors service.
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59:50 - 59:54C'est absurde de recevoir tous ces déchets alors qu'on ne peut pas les traiter.
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59:54 - 59:56D'autant plus que nous ne les avons pas produit
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59:56 - 60:00et que notre pays est devenu la poubelle du monde.
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60:08 - 60:13Ces déchets, cachés si longtemps pendant l'ère industrielle, sont maintenant entrés dans nos vies
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60:13 - 60:15et nous ne pouvons plus les ignorer.
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60:15 - 60:19L'économie du gaspillage vit ses derniers moments, car nous n'avons littéralement plus de place
-
60:19 - 60:22où stocker les déchets.
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60:24 - 60:30L'obsolescence programmée s'est propagée pour des raisons économiques.
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60:30 - 60:36Il est plus intéressant pour une compagnie de concevoir un produit qui ne dure pas plus de 3 ans ou 1000 heures
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60:36 - 60:43parce qu'elle peut alors vendre davantage de produits.
-
60:46 - 60:52Au fur et à mesure, nous avons réalisé que cette planète qui est la nôtre ne pourra pas supporter cela indéfiniment.
-
60:52 - 60:57Les ressources naturelles énergétiques ne sont pas inépuisables.
-
60:59 - 61:03Les générations futures ne nous pardonneront jamais quand elles découvriront la vérité
-
61:03 - 61:09sur le mode de vie des pays développés, qui est basé sur le gaspillage.
-
61:12 - 61:18Partout dans le monde, les gens ont pris conscience du phénomène et ont commencé à agir.
-
61:21 - 61:27Pour lutter contre cet état des faits, Mike Anane rassemble des renseignements.
-
61:29 - 61:35C'est ici que je stocke les déchets électroniques qui ont une étiquette d'identification.
-
61:35 - 61:40Celle-ci dit centre d'AMO, Sjaelland occidentale, Danmark.
-
61:40 - 61:45Celui-là vient d'Allemagne, envoyé ici pour être jeté.
-
61:45 - 61:53Collège de Westminster, ville de Leeds, Royaume Uni. Celui-là vient d'Italie.
-
61:53 - 61:55Apple. Apple devrait faire mieux.
-
61:55 - 61:57Ils se targuent d'être écologiques.
-
61:57 - 62:02Pourtant beaucoup de produits Apple finissent à la décharge.
-
62:04 - 62:08J'ai créé une base de données avec les étiquettes, les adresses,
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62:08 - 62:16et les numéros de téléphone des compagnies auxquelles appartenaient ces déchets électroniques qui ont été envoyés au Ghana.
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62:16 - 62:23Mike prévoit de transformer ces renseignements en preuves pour intenter un procès.
-
62:27 - 62:29Il faut prendre des mesures punitives.
-
62:29 - 62:36Poursuivre les gens pour qu'ils arrêtent de déverser des déchets électroniques au Ghana.
-
62:36 - 62:38[Elizabeth Pritzker, Avocate]
-
62:38 - 62:42Aux USA, nous avons plusieurs modèles de lois qui pourraient s'adapter à ce cas de figure,
-
62:42 - 62:47comme la loi de l'air propre, ou la loi de l'eau propre.
-
62:49 - 62:54Ce type de législation pourrait être facilement transposé au domaine de l'industrie électroniques,
-
62:54 - 63:02en exigeant des fabricants qu'ils se débarrassent de leurs produits en tenant compte de l'environnement.
-
63:02 - 63:06Je crois que nous devons continuer sur cette voie.
-
63:06 - 63:11Il faut se rassembler, utiliser internet et les blogs, et surtout s'unir.
-
63:11 - 63:16Car l'union fait la force, et c'est le seul moyen de changer les choses.
-
63:25 - 63:29Grâce à la puissance des réseaux sociaux, Marcos avance dans sa recherche
-
63:29 - 63:34pour trouver des solutions pour son imprimante.
-
63:34 - 63:39Il a trouvé l'aiguille dans la botte de foin. En Russie.
-
63:39 - 63:45Un site propose un logiciel libre pour remettre à zéro le compteur de l'imprimante.
-
63:49 - 63:53Le programmeur a même pris la peine d'expliquer ses motivations personnelles.
-
63:53 - 63:56Subitement, l'imprimante cesse de fonctionner
-
63:56 - 63:57et un message obscur apparaît :
-
63:57 - 64:02"Des pièces de l'imprimante doivent être remplacées."
-
64:02 - 64:05C'est un problème de conception.
-
64:05 - 64:07Ce modèle d'activité
-
64:07 - 64:10n'est bon ni pour le consommateur ni pour l'environnement.
-
64:10 - 64:15Donc j'ai cherché à concevoir un logiciel facile d'utilisation
-
64:15 - 64:17pour permettre à ceux qui le souhaitent
-
64:17 - 64:20de remettre à zéro le compteur d'encre usagée.
-
64:20 - 64:25Marcos ne sait pas à quoi s'attendre mais il télécharge le logiciel.
-
64:28 - 64:33Depuis un petit village en France, John Thackara combat l'obsolescence programmée
-
64:33 - 64:40en aidant les gens du monde entier à partager leurs idées en matière de design et d'affaires.
-
64:40 - 64:44Dans les pays pauvres, les choses sons systématiquement réparées.
-
64:44 - 64:51Pour les gens du sud, jeter un produit à la moindre panne est totalement choquant et inconcevable.
-
64:52 - 64:58D'ailleurs en inde il y a un mot : Jugaad, pour décrire cette tradition de réparer les choses,
-
64:58 - 65:00quelle que soit la difficulté.
-
65:04 - 65:08Nous recherchons des gens actifs qui mènent des projets dans le monde,
-
65:08 - 65:12plutôt que des gens qui parlent de façon abstraite de l'état déplorable des choses,
-
65:12 - 65:15ou de ce que l'on devrait changer.
-
65:20 - 65:27Parmi ces gens, il y a Warner Philips, descendant de la dynastie des fabricants d'ampoules.
-
65:31 - 65:35Je me souviens que mon grand-père m'a emmené dans une des usines Philips à Eindhoven,
-
65:35 - 65:39pour me montrer comment étaient fabriquées les ampoules.
-
65:39 - 65:41C'était vraiment cool.
-
65:44 - 65:50Presque 100 ans après la création du cartel des ampoules, Warner Philips poursuit la tradition familiale,
-
65:50 - 65:52mais avec une autre approche.
-
65:52 - 65:56Il produit une ampoule à LED qui dure 25 ans.
-
66:01 - 66:07Cela signifie que l'on utilise les matériaux une fois tous les 25 ans au lieu d'une fois par an.
-
66:07 - 66:15Et aussi que l'on transporte le produit une fois tous les 25 ans au lieu d'une fois par an.
-
66:15 - 66:21Il pense que la production de produits pérennes n'est pas incompatible avec le monde des affaires.
-
66:25 - 66:28Ce n'est pas comme s'il y avait un monde écolo et un monde des affaires.
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66:28 - 66:30Les deux vont de paire.
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66:30 - 66:34C'est la meilleure base pour monter une entreprise.
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66:35 - 66:37Et je crois que la seule façon d'y parvenir,
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66:37 - 66:42c'est de prendre en compte le coût réel des ressources qui ont été utilisées.
-
66:42 - 66:48Il faut aussi regarder l'énergie consommée, et la consommation indirecte d'énergie générée par le transport.
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66:48 - 66:53Si on faisait vraiment payer aux transporteurs le coût réel du transport
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66:53 - 66:57[Serge Latouche, Professeur émérite d'économie, Université de Paris]
sans parler du fait que le pétrole est une ressource non renouvelable -
66:57 - 67:00et pour lequel on n'a pas vraiment de substitut,
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67:00 - 67:03Je dirais que le prix du transport devrait être multiplié par 20 ou 30.
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67:03 - 67:10Avec un prix du kilomètre transporté multiplié par 20 ou 30, ça changerait beaucoup de choses.
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67:12 - 67:17Même l'ampoule la plus simple serait beaucoup plus chère si l'on incluait tous les coûts annexes :
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67:17 - 67:25les émissions de carbone, les matière premières, l'impact environnemental et enfin le traitement et le recyclage.
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67:27 - 67:30Et si nous répercutions tout cela sur chaque produit manufacturé,
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67:30 - 67:38les fabricants et les entreprises auraient tout intérêt à concevoir des produits qui durent toute une vie.
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67:42 - 67:47Pour combattre l'obsolescence programmée, on peut aussi repenser la fabrication des produits.
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67:47 - 67:51[L'éco-conception]
Selon une nouvelle approche, si les usines reproduisaient les lois de la nature, -
67:51 - 67:56[repenser la façon]
l'obsolescence programmée deviendrait elle-même obsolète. -
67:56 - 67:58[de faire les choses]
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67:59 - 68:02[Prof. Dr. Michael Braungart. Auteur de "Cradle to cradle"]
Quand on parle de protection de l'environnement, -
68:02 - 68:07on pense à réduire, renoncer, éviter, zéro déchets, moins d'impact,
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68:07 - 68:13mais au printemps, un cerisier ne réduit pas, n'évite pas et ne renonce pas.
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68:17 - 68:21En fait, la nature surproduit. Les fleurs flétrissent,
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68:21 - 68:25les feuilles mortes et les autres restes organiques ne sont pas des déchets.
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68:25 - 68:30Ils nourrissent d'autres organismes. C'est un cycle permanent.
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68:30 - 68:35La nature ne produit que des nutriments, pas des déchets.
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68:35 - 68:40Braungart soutient que l'industrie peut imiter le cycle vertueux de la nature.
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68:40 - 68:47Et il l'a prouvé en réinventant les procédés de fabrication d'une compagnie textile en Suisse.
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68:51 - 68:56Quand par exemple vous tapissez un canapé ou une chaise d'un tissus comme celui-ci,
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68:56 - 69:03les chutes sont si nocives qu'elles doivent être traitées comme des déchets toxiques.
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69:06 - 69:10Des centaines de teintures et de produits chimiques, hautement toxiques,
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69:10 - 69:13étaient utilisées habituellement dans cette usine.
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69:13 - 69:19Pour la fabrication des nouveaux tissus, Braungart et son équipe ont réduit la liste à 36 produits,
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69:19 - 69:21tous biodégradables.
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69:25 - 69:28On sélectionne des ingrédients que l'on pourrait manger.
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69:28 - 69:33Si vous vouliez, vous pourriez les mélanger avec vos céréales.
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69:33 - 69:39Braungart est persuadé que son concept peut s'appliquer à tout type de procédé industriel.
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69:42 - 69:46On peut réinventer chaque chose pour la rendre utile d'un point de vue biologique ou technique.
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69:46 - 69:51Dans une société basée sur le gaspillage, tout produit périssable crée un problème de déchets.
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69:51 - 69:54Mais si une société crée des nutriments, les produits de courte durée
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69:54 - 70:00offrent une chance de produire quelque chose de nouveau.
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70:00 - 70:03Pour les détracteurs les plus radicaux de l'obsolescence programmée,
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70:03 - 70:06changer le modèle de production est insuffisant.
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70:06 - 70:10Il faut repenser entièrement le système économique ainsi que nos valeurs.
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70:10 - 70:14C'est une vrai révolution, c'est d'abord une révolution culturelle
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70:14 - 70:18parce que c'est un changement de paradigme, c'est un changement de mentalité.
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70:18 - 70:21Cette révolution, c'est la décroissance.
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70:22 - 70:28Comme Brooks Stevens dans les années 50, Serge Latouche va de conférence en conférence.
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70:28 - 70:32Il propose d'en finir avec la société de croissance.
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70:33 - 70:41La décroissance, c'est un slogan provocateur qui a pour fonction de rompre avec le discours
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70:41 - 70:47un peu euphorisant de la croissance possible, infinie, soutenable,
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70:47 - 70:56et donc pour marquer la nécessité de changer de logique, de sortir de cette logique de la démesure.
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70:57 - 71:03L'essentiel du programme de la décroissance tient en un mot : réduire.
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71:03 - 71:11Réduire notre empreinte écologique, réduire nos gaspillages, notre surproduction, notre surconsommation.
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71:11 - 71:17En réduisant la consommation et en réduisant la production mais en libérant du temps libre
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71:17 - 71:20on peut développer d'autres formes de richesse
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71:20 - 71:28qui ont l'avantage de ne pas s'épuiser quand on les consomme comme l'amitié, le savoir...
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71:31 - 71:36Nous dépendons de plus en plus des objets pour forger notre identité et avoir confiance en nous-même.
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71:36 - 71:40Sans doute parce que les choses qui auparavant façonnaient notre identité,
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71:40 - 71:44comme l'adhésion à une communauté, l'attachement à une terre ou tout autre lien social
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71:44 - 71:48ont été remplacés par le consumérisme.
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71:52 - 72:01Si le bonheur dépendait du niveau de consommation, on devrait être dans la félicité absolue
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72:01 - 72:05parce que nous consommons 26 fois plus que du temps de Marx,
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72:05 - 72:10mais toutes les enquêtes montrent que les gens ne sont pas 20 fois plus heureux,
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72:10 - 72:15peut-être même qu'il y a une relation inverse, au-delà d'un certain seuil,
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72:15 - 72:19entre la croissance de la consommation et la croissance du sentiment de bonheur,
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72:19 - 72:25parce que le bonheur est toujours quelque chose de subjectif, finalement.
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72:27 - 72:31Les opposants de la décroissance craignent que l'économie moderne soit détruite
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72:31 - 72:35et nous oblige à revenir à l'âge de pierre.
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72:37 - 72:43Revenir à une société soutenable, c'est-à-dire une société dont l'empreinte écologique
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72:43 - 72:46ne dépasse pas une planète, hé bien ça n'est pas revenir à l'âge de pierre,
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72:46 - 72:52c'est revenir, toutes choses égales d'ailleurs, pour un pays comme la France, aux années 60.
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72:52 - 72:55Ça n'est pas vraiment l'âge de pierre.
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72:56 - 73:03Enfin on peut dire que la société de décroissance réalise la vision de Gandhi qui disait :
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73:03 - 73:06"Le monde est assez grand pour satisfaire les besoins de tous,
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73:06 - 73:12mais il sera toujours trop petit pour satisfaire l'avidité de quelques uns."
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73:38 - 73:43Marcos installe le logiciel russe sur son ordinateur.
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73:46 - 73:51Le nouveau logiciel lui permet de réinitialiser la puce de comptage de son imprimante.
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73:51 - 73:53"Compteur remis à zero."
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73:55 - 73:58L'imprimante se débloque immédiatement.
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74:08 - 74:11FIN?
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74:13 - 74:16scénario et réalisation : COSIMA DANNORITZER
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74:16 - 74:20producteurs exécutifs: JOAN ÚBEDA, PATRICE BARRAT
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74:20 - 74:23image : MARC MARÍNEZ SARRADO. montage : GEORGIA WYSS. production : DAVINA BREILLET
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74:23 - 74:24direction de production : RITA PUJALS.
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74:24 - 74:25développement : EVA PERIS, BETTINA WALTER, CHARLOTTE COING-ROY, SARAH TRÉVILLARD
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74:25 - 74:27production locale Ghana : MIKE ANANE. coordination postproduction : ANNA SALVANY
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74:27 - 74:27palette graphique : MIREIA FONT, MARÍA LEIVA, ASIER LASA
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74:27 - 74:28image additionnelle : XAVI CRESPIERA, XUBAN INTXAUSTI, FRANCESC PERIS, DAVID RAMOS, ADRÉS LOCATELLI
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74:28 - 74:28steadycam : MARC MARÍN, HELGA OTERO. étalonnage : XAVIER SANTOLAYA
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74:28 - 74:29son : MARC SOLDEVILA, MARK MALOOF, RAY DAY, ESTHER MARQUINA
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74:29 - 74:29mixage et son : JUANMA GARCÍA, CARLES MIR
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74:29 - 74:30musique originale : MARTA ANDRÉS, JOAN GIL. commentaire dit par NATHALIE SPITZER
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74:30 - 74:31support technique : LLUÍS LÓPEZ, MAC BELLVERT. stagiaire : MARC VARGAS
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74:31 - 74:31administration : SANDRA SANTIVERI, MANUEL BARRIONUEVO, ANNE-MARIE CADOZ
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74:31 - 74:32conseillers juridiques : MÔNICA CAMINAL, DAVID SÁNCHEZ
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74:32 - 74:32remerciements : JOAQUIN ALBALATE, ENRIQUE ALBIÑANA, SHARON BEDER, SERGION CAALLERO (INTERACTIVE), XAVIER COSTA (REVOLUTION COMPUTER),
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74:32 - 74:33LOUIS DE BROGLIE, TOMÀS JOVÉ, STEFANO PUDDU, THOMAS C. REED, ANDRÉ PICARD, SERGIO LUIS RODRIGUEZ (PISTA CERO), ANNA T. SIIG, MARTIN WIEBEL
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74:33 - 74:34élèves Elisava : LUCIANO BETOUDI, BEGOÑA BLANCO, FERRAN CÁCERES, RENAN LEGLOIRE, ALEJANDRO LÓPEZ, LAURIA MATEOS,
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74:34 - 74:35RUBEN OYA OACHECO, OSCAR PÉREZ, CHARLOTTE TSAI, ÁNGEL VALIENTE, ISMAEL VELO
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74:43 - 74:44une production MEDIA 3.14, ARTICLE Z
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74:44 - 74:45en coproduction avec : ARTE FRANCE. Unité Actualité, Société et Géopolitique : Alex Szalat. Chargée de programmes : Marie Hélène Girod
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74:45 - 74:46TELEVISIÓN ESPAÑOLA : Pere Roca, Andrés Luque
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74:46 - 74:46TELEVISIÓ DE CATALUNYA : Joan Salvat, Muntsa Tarrés
- Title:
- Prêt à jeter
- Description:
-
Un produit usé = un produit vendu ! Tourné aux quatre coins du monde, ce documentaire enquête sur l'obsolescence programmée, concept vieux comme l'industrie mais toujours vivace. Une démonstration aussi implacable qu'éclairante.
Dans les pays occidentaux, on peste contre des produits bas de gamme qu'il faut remplacer sans arrêt. Tandis qu'au Ghana, on s'exaspère de ces déchets informatiques qui arrivent par containers. Ce modèle de croissance aberrant qui pousse à produire et jeter toujours plus ne date pas d'hier. Dès les années 1920, un concept redoutable a été mis au point : l'obsolescence programmée. "Un produit qui ne s'use pas est une tragédie pour les affaires", lisait-on en 1928 dans une revue spécialisée. Peu à peu, on contraint les ingénieurs à créer des produits qui s'usent plus vite pour accroître la demande des consommateurs.
- Video Language:
- French
- Duration:
- 01:14:56
Gabriel Bizzotto edited French subtitles for Prêt à jeter | ||
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