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Infiltré dans le monde étrange des trolls et de la propagande sur Internet

  • 0:01 - 0:02
    J’ai passé ces trois dernières années
  • 0:02 - 0:06
    à discuter avec les pires personnes
    qu’on puisse rencontrer sur Internet.
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    Si vous avez navigué en ligne récemment,
  • 0:09 - 0:12
    vous aurez remarqué qu’on y trouve
    un ramassis de choses toxiques :
  • 0:12 - 0:17
    des mèmes racistes, de la propagande
    misogyne et de la désinformation virale.
  • 0:17 - 0:20
    Alors j’ai voulu savoir
    qui fabriquait tout ça
  • 0:20 - 0:22
    et comment ils propageaient leurs idées.
  • 0:22 - 0:23
    Et enfin, je voulais savoir
  • 0:23 - 0:26
    quel impact cela pourrait avoir
    sur notre société.
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    En 2016, j’ai commencé à tracer
    la source de certains de ces mèmes,
  • 0:30 - 0:34
    pour trouver ceux qui les génèrent
    et qui les rendent viraux.
  • 0:34 - 0:35
    Je les abordais ainsi :
  • 0:35 - 0:38
    « Salut, je suis journaliste.
    Puis-je venir observer vos activités ? »
  • 0:38 - 0:39
    La réaction normale était :
  • 0:39 - 0:41
    « Pourquoi aurais-je envie de causer
  • 0:41 - 0:44
    avec une tapette juive, cocue
    et mondialiste de Brooklyn
  • 0:44 - 0:46
    qui s’est acoquinée
    avec les démocrates ? »
  • 0:46 - 0:47
    (Rires)
  • 0:47 - 0:51
    Ce à quoi j’aurais répondu :
    « Pas mal, mec, 57% de correct ! »
  • 0:51 - 0:52
    (Rires)
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    Mais j’ai souvent eu la réaction opposée.
  • 0:55 - 0:56
    « Pourquoi pas, viens ! »
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    C’est ainsi que j’ai débarqué
    dans le salon
  • 0:59 - 1:02
    d’un propagandiste sur les réseaux
    sociaux dans le sud de la Californie.
  • 1:02 - 1:05
    C'était un homme blanc, marié,
    fin de la trentaine.
  • 1:05 - 1:08
    Il était assis à table,
    avec une tasse de café,
  • 1:08 - 1:10
    un ordinateur pour tweeter,
  • 1:10 - 1:11
    un téléphone pour les messages
  • 1:11 - 1:15
    et un iPad pour une diffusion en direct
    sur Periscope et Youtube.
  • 1:15 - 1:16
    C’est tout.
  • 1:17 - 1:18
    Pourtant, avec ces outils,
  • 1:18 - 1:22
    il était capable de propulser
    ses opinions toxiques et marginales
  • 1:22 - 1:24
    dans le cœur des conversations
    en Amérique.
  • 1:25 - 1:27
    Par exemple, un jour où j’étais avec lui,
  • 1:27 - 1:30
    il y a eu une explosion à New York
  • 1:30 - 1:34
    et le type accusé de l’avoir posée
    sonnait musulman d'après son nom.
  • 1:34 - 1:38
    Ça semblait être du pain béni
    pour le propagandiste de Californie
  • 1:38 - 1:40
    car une des choses qu’il revendique,
  • 1:40 - 1:42
    c’est que les États-Unis
    empêchent toute immigration,
  • 1:42 - 1:45
    principalement celle issue des pays
    majoritairement musulmans.
  • 1:45 - 1:47
    Il a commencé à diffuser en direct,
  • 1:48 - 1:50
    entraînant ses suiveurs dans une frénésie
  • 1:50 - 1:53
    sur les périls mortels
    de l'ouverture des frontières
  • 1:53 - 1:54
    et leur demandant de tweeter,
  • 1:54 - 1:56
    d'utiliser des hashtags précis
  • 1:56 - 1:58
    pour en faire une tendance.
  • 1:58 - 1:59
    Et ils ont tweeté à mort.
  • 1:59 - 2:01
    Des centaines et des centaines de tweets,
  • 2:01 - 2:03
    souvent avec des illustrations
    comme celle-ci.
  • 2:03 - 2:05
    Là c'est George Soros.
  • 2:05 - 2:08
    C'est un milliardaire hongrois
    et un philanthrope.
  • 2:08 - 2:10
    Dans l'esprit des conspirateurs en ligne,
  • 2:10 - 2:13
    Soros est une sorte
    de croque-mitaine mondialiste,
  • 2:13 - 2:17
    membre de la crème de l'élite
    manipulant secrètement le monde.
  • 2:17 - 2:21
    Respirez un instant :
    si cette idée vous semble familière,
  • 2:21 - 2:23
    l'idée qu'une élite contrôle le monde
  • 2:23 - 2:26
    et que ses membres
    sont souvent de riches Juifs,
  • 2:26 - 2:29
    c'est parce que c'est un des clichés
    les plus anti-sémites qui soient.
  • 2:30 - 2:34
    Je mentionne en passant que l'homme
    qui a posé la bombe à New York
  • 2:34 - 2:35
    était un citoyen américain.
  • 2:36 - 2:38
    Ce qui se passait à New York,
    quoi que ce soit,
  • 2:38 - 2:40
    n'avait pas de lien avec l'immigration.
  • 2:41 - 2:44
    Le propagandiste en Californie
    comprenait bien ça.
  • 2:44 - 2:47
    Il était cultivé et juriste de profession.
  • 2:47 - 2:48
    Il connaissait les faits
  • 2:48 - 2:52
    mais il savait qu'ils ne sont pas
    le moteur d'une conversation en ligne.
  • 2:52 - 2:55
    Les conversations en ligne
    sont dirigées par l'émotion.
  • 2:55 - 2:59
    Les prémices des réseaux sociaux
    sont qu'ils allaient nous rassembler,
  • 2:59 - 3:02
    rendre le monde plus ouvert,
    plus tolérant et plus juste...
  • 3:02 - 3:03
    C'est en partie arrivé.
  • 3:05 - 3:07
    Mais leurs algorithmes
    n'ont jamais été conçus
  • 3:07 - 3:10
    pour faire la distinction
    entre le vrai du faux,
  • 3:10 - 3:14
    entre le bon du mauvais pour la société,
    entre le pro-social et l'anti-social.
  • 3:14 - 3:16
    Ils ne sont pas là pour ça.
  • 3:16 - 3:19
    Ils mesurent toutefois l'engagement :
  • 3:19 - 3:22
    les clics, les commentaires,
    les partages, les retweets, tout ça.
  • 3:22 - 3:25
    Quand on veut que le contenu
    suscite un engagement,
  • 3:25 - 3:26
    il doit émouvoir,
  • 3:26 - 3:30
    ce que la science du comportement nomme
    « émotion à haute excitation ».
  • 3:30 - 3:33
    « Haute excitation » ne se limite pas
    à l'excitation sexuelle,
  • 3:33 - 3:36
    même si c'est Internet
    donc cela fonctionne bien.
  • 3:36 - 3:40
    C'est tout ce qui fait battre le cœur
    des gens, que ce soit positif ou négatif.
  • 3:40 - 3:42
    J'ai passé du temps
    avec ces propagandistes,
  • 3:42 - 3:44
    celui de Californie
    et des douzaines d'autres.
  • 3:44 - 3:48
    Je les observais agir et réussir
    encore et encore,
  • 3:48 - 3:51
    pas parce que c'étaient des hackers russes
    ou des prodiges en informatique,
  • 3:51 - 3:54
    ni parce qu'ils avaient
    une vision politique,
  • 3:54 - 3:57
    mais ils comprenaient
    le fonctionnement des réseaux sociaux
  • 3:57 - 3:58
    et les exploitaient à leur avantage.
  • 3:58 - 4:02
    Au début, je pensais être
    devant un phénomène marginal,
  • 4:02 - 4:04
    circonscrit à Internet.
  • 4:04 - 4:08
    Mais il n'y a plus vraiment de frontières
    entre Internet et le reste.
  • 4:09 - 4:11
    Voici une publicité passée
    sur beaucoup de chaînes
  • 4:11 - 4:14
    pendant la campagne électorale de 2018,
  • 4:14 - 4:16
    prétendant avec peu de preuves
    qu'un des candidats
  • 4:17 - 4:19
    était manipulé par le manipulateur
    mondial George Soros,
  • 4:19 - 4:23
    la photo maladroitement retouchée
    avec une montagne d'argent.
  • 4:23 - 4:28
    Ce tweet du président des États-Unis
    prétend, sans preuve à l'appui,
  • 4:28 - 4:31
    que la politique américaine
    est manipulée par George Soros.
  • 4:31 - 4:35
    Ce genre de choses qui nous paraissaient
    scandaleuses, marginales et insignifiantes
  • 4:35 - 4:38
    sont devenues si normales
    qu'on les remarque à peine.
  • 4:38 - 4:40
    J'ai passé trois ans dans ce monde-là.
  • 4:40 - 4:42
    J'ai parlé à beaucoup de personnes.
  • 4:42 - 4:44
    Certaines étaient agnostiques
    quel que soit le sujet.
  • 4:44 - 4:47
    Elles semblaient faire
    très rationnellement le pari
  • 4:47 - 4:50
    que pour faire de l'argent
    ou attirer l'attention en ligne,
  • 4:50 - 4:53
    elles devaient se comporter
    le plus outrageusement possible.
  • 4:53 - 4:55
    Mais il y avait aussi
    des idéologues convaincus.
  • 4:56 - 5:00
    Par soucis de limpidité,
    pas de conservatisme traditionnel.
  • 5:00 - 5:03
    On parle de gens qui voulaient
    abolir le droit de vote des femmes,
  • 5:03 - 5:06
    qui voulaient revenir
    à la ségrégation raciale.
  • 5:06 - 5:09
    Certains voulaient même
    se débarrasser de la démocratie.
  • 5:09 - 5:12
    Ces gens ne sont pas nés
    avec ces croyances.
  • 5:12 - 5:15
    Ils ne les ont pas assimilées
    à l'école primaire.
  • 5:15 - 5:18
    Ils sont nombreux ceux qui,
    avant de glisser dans ce trou virtuel,
  • 5:18 - 5:22
    étaient libertaires ou même socialistes
    ou tout autre chose.
  • 5:22 - 5:24
    Qu'est-ce qui se passait ?
  • 5:25 - 5:27
    Je ne souhaite pas généraliser
  • 5:27 - 5:29
    mais beaucoup de mes interlocuteurs
  • 5:29 - 5:33
    semblent combiner
    un haut QI avec un faible QE.
  • 5:33 - 5:36
    Ils semblent se sentir plus à l'aise
    dans les espaces anonymes en ligne
  • 5:36 - 5:38
    que dans les connexions dans la vraie vie.
  • 5:39 - 5:41
    Dès lors, ils se replient
    souvent sur les forums
  • 5:41 - 5:42
    ou les subreddits,
  • 5:42 - 5:45
    ces lieux où leurs pires pulsions
    sont amplifiées.
  • 5:45 - 5:48
    Ils commencent souvent
    avec une blague de mauvais goût
  • 5:48 - 5:51
    qui va recevoir un renforcement positif,
  • 5:51 - 5:54
    ce qu'ils appellent
    des points Internet insignifiants,
  • 5:54 - 5:57
    à un point tel qu'ils vont finir
    par croire à leur propre blague.
  • 5:58 - 6:02
    J'ai discuté avec une jeune femme
    qui a grandi dans le New Jersey.
  • 6:02 - 6:04
    Après le lycée, elle a déménagé ailleurs
  • 6:04 - 6:06
    et s'est brutalement sentie
    aliénée et isolée.
  • 6:06 - 6:08
    Alors elle s'est repliée
    sur son téléphone.
  • 6:09 - 6:11
    Elle a trouvé des endroits sur Internet
  • 6:11 - 6:14
    où les gens postent des choses
    aussi scandaleuses que haineuses.
  • 6:14 - 6:16
    Elle trouvait cela vraiment écœurant
  • 6:16 - 6:18
    mais d'une certaine manière,
    c'était fascinant,
  • 6:19 - 6:21
    et elle ne pouvait pas
    s'empêcher de les lire.
  • 6:21 - 6:24
    Elle a commencé à interagir en ligne
    avec ces personnes
  • 6:24 - 6:27
    qui la faisaient se sentir
    intelligente, valorisée.
  • 6:27 - 6:29
    Elle a développé un sentiment
    d'appartenance
  • 6:29 - 6:31
    et se demandait si certains
    mèmes scandaleux
  • 6:31 - 6:33
    ne recèleraient pas un peu de vérité.
  • 6:34 - 6:37
    Quelques mois plus tard, elle a accompagné
    ses nouveaux amis d'Internet
  • 6:37 - 6:40
    pour rejoindre Charlottesville en Virginie
  • 6:40 - 6:42
    et manifester avec des torches
    au nom de la race blanche.
  • 6:43 - 6:46
    De sympathisante d'Obama,
    elle est passée en quelques mois
  • 6:46 - 6:48
    à suprémaciste blanche radicalisée.
  • 6:49 - 6:51
    Dans le cas de cette jeune fille,
  • 6:51 - 6:55
    elle a pu se libérer du joug
    du culte de la suprématie blanche.
  • 6:56 - 6:59
    Mais ceux qui n'y arrivent pas
    sont nombreux.
  • 6:59 - 7:00
    Je vais être franc.
  • 7:00 - 7:04
    Je n'ai jamais été convaincu au point
    de devoir chercher des points communs
  • 7:04 - 7:05
    avec chaque interlocuteur
  • 7:05 - 7:07
    au point de pouvoir dire :
  • 7:07 - 7:10
    « Vous savez, vous êtes
    un propagandiste fasciste, moi pas,
  • 7:10 - 7:13
    laissons ça en suspens et nos différences
    finiront par s'estomper. »
  • 7:13 - 7:15
    Pas du tout.
  • 7:16 - 7:20
    Mais j'ai acquis la conviction
    que nous ne pouvons pas les ignorer.
  • 7:20 - 7:23
    Nous devons comprendre ce phénomène
    car seule la compréhension
  • 7:23 - 7:26
    nous permettra de nous protéger
    de son infection.
  • 7:27 - 7:31
    Pendant ces trois années,
    j'ai reçu quelques appels déplaisants,
  • 7:31 - 7:32
    quelques menaces même.
  • 7:32 - 7:36
    Mais ce n'est rien en comparaison à ce que
    les femmes journalistes subissent.
  • 7:37 - 7:38
    Certes, je suis juif,
  • 7:38 - 7:42
    même si bizarrement, beaucoup de nazis
    ne s'en sont pas aperçus.
  • 7:42 - 7:45
    Sincèrement, cela m'a vraiment déçu.
  • 7:45 - 7:47
    (Rires)
  • 7:47 - 7:51
    Plus sérieusement, c'est comme si
    l'anti-sémitisme était leur métier.
  • 7:51 - 7:54
    Et rien chez moi ne les fait tiquer ?
  • 7:54 - 7:55
    Vraiment rien ?
  • 7:55 - 7:56
    (Rires)
  • 7:58 - 7:59
    Ce n'est pas un secret.
  • 7:59 - 8:02
    Je m'appelle Andrew Marantz,
    j'écris pour le New Yorker.
  • 8:02 - 8:04
    C'est comme afficher
    une photo d'Alain Chabat
  • 8:04 - 8:06
    dans une coopérative alimentaire.
  • 8:06 - 8:07
    Toujours pas ?
  • 8:08 - 8:09
    (Rires)
  • 8:13 - 8:17
    Bref, ça aurait été sympa
    d'avoir une formule simple :
  • 8:17 - 8:21
    smartphone plus gosse aliéné
    égale 12% de risque d'être nazi.
  • 8:22 - 8:24
    Ce n'est évidemment pas si simple.
  • 8:24 - 8:25
    Dans mes écrits,
  • 8:25 - 8:29
    je me sens à l'aise dans le descriptif,
    pas dans le normatif.
  • 8:29 - 8:32
    Mais c'est TED,
  • 8:32 - 8:34
    osons être dans l'action.
  • 8:34 - 8:35
    J'aimerais vous suggérer
  • 8:35 - 8:39
    quelques actions que les citoyens
    d'Internet comme vous et moi
  • 8:39 - 8:42
    pouvons réaliser pour rendre
    la situation moins toxique.
  • 8:43 - 8:45
    La première est d'être un sceptique malin.
  • 8:46 - 8:48
    Il y a deux sortes
    de scepticisme selon moi.
  • 8:48 - 8:52
    Je ne vais pas vous noyer
    sous un jargon épistémologique :
  • 8:52 - 8:55
    il y a le scepticisme malin
    et le scepticisme con.
  • 8:56 - 8:59
    Le scepticisme malin :
  • 8:59 - 9:01
    penser par soi-même,
    cultiver un esprit critique,
  • 9:01 - 9:03
    exiger des preuves.
  • 9:03 - 9:04
    C'est ça le vrai scepticisme.
  • 9:05 - 9:08
    Le scepticisme con, par opposition,
    ressemble au scepticisme
  • 9:08 - 9:11
    mais est plus proche
    de l'opposition viscérale.
  • 9:12 - 9:14
    Tout le monde dit
    que la Terre est ronde ?
  • 9:14 - 9:15
    Non, elle est plate.
  • 9:15 - 9:16
    Tout le monde décrie le racisme ?
  • 9:16 - 9:19
    On dit qu'on ne sait pas,
    qu'on est sceptique.
  • 9:20 - 9:24
    Je ne sais pas combien de jeunes hommes
    blancs que j'ai rencontrés
  • 9:24 - 9:25
    qui m'ont affirmé :
  • 9:25 - 9:28
    « Les médias, mes professeurs,
    tous essaient de m'endoctriner
  • 9:28 - 9:31
    et de me faire croire
    aux privilèges masculin et blanc,
  • 9:31 - 9:33
    mais je ne suis vraiment pas convaincu. »
  • 9:33 - 9:37
    Les ados blancs
    adeptes de la contradiction,
  • 9:37 - 9:39
    écoutez,
  • 9:39 - 9:42
    si vous êtes sceptique sur la forme
    de la Terre, sur les privilèges masculins
  • 9:42 - 9:45
    et le fait que le racisme
    soit une mauvaise chose,
  • 9:45 - 9:47
    vous n'êtes pas sceptique,
    vous êtes con.
  • 9:47 - 9:50
    (Applaudissements)
  • 9:52 - 9:56
    C'est important de penser pour soi,
    nous devrions tous agir ainsi,
  • 9:56 - 9:58
    mais il convient
    de le faire intelligemment.
  • 9:58 - 10:00
    Parlons donc un peu
    de la liberté de parole.
  • 10:00 - 10:04
    Des personnes érudites affirment être
    en faveur de la liberté de parole.
  • 10:04 - 10:07
    Elles affirment ça
    comme s'il n'y avait plus rien à ajouter.
  • 10:07 - 10:11
    Alors qu'en fait, c'est le début
    d'une véritable conversation.
  • 10:12 - 10:14
    Les choses intéressantes
    apparaissent juste après.
  • 10:14 - 10:16
    Pour la liberté de parole,
    que voulez-vous dire ?
  • 10:16 - 10:19
    Les suprémacistes
    David Duke et Richard Spencer
  • 10:19 - 10:21
    ont-ils besoin d'avoir
    des comptes Twitter actifs ?
  • 10:21 - 10:24
    N'importe qui peut-il
    harceler autrui en ligne
  • 10:24 - 10:25
    pour n'importe quelle raison ?
  • 10:25 - 10:28
    J'ai passé en revue toute la liste
    des orateurs TED de cette année.
  • 10:28 - 10:30
    Aucun ne remet en doute
    la forme de la Terre.
  • 10:30 - 10:33
    Est-ce une violation
    de la liberté de parole ?
  • 10:33 - 10:37
    Nous sommes tous en faveur
    de la liberté de parole et c'est très bien
  • 10:37 - 10:39
    mais si c'est tout ce que
    vous serinez sans plus,
  • 10:39 - 10:42
    vous empêchez une conversation
    plus importante d'avoir lieu.
  • 10:44 - 10:47
    Rendre la bienséance cool.
  • 10:47 - 10:48
    Super !
  • 10:48 - 10:50
    (Applaudissements)
  • 10:50 - 10:52
    Inutile d'expliquer.
  • 10:52 - 10:56
    Mes recherches m'ont conduit
    sur Reddit, Youtube ou Facebook.
  • 10:56 - 10:58
    Je faisais des recherches
    sur « la charia »
  • 10:58 - 11:00
    ou sur « l'Holocauste ».
  • 11:01 - 11:04
    Vous imaginez sans doute ce que
    les algorithmes m'ont montré.
  • 11:04 - 11:07
    « La charia est-elle en train
    d'envahir les États-Unis ? »
  • 11:07 - 11:09
    « L'Holocauste a-t-il eu lieu ? »
  • 11:10 - 11:12
    Scepticisme con.
  • 11:13 - 11:15
    Il y a une dynamique étrange en ligne :
  • 11:15 - 11:18
    certains considèrent que
    la propagande bigote déchire,
  • 11:18 - 11:20
    c'est à la fois audacieux et cool,
  • 11:20 - 11:23
    que les faits et la décence humaine
    sont soit de la pudeur mal placée,
  • 11:23 - 11:26
    soit un signe de vertu, soit ennuyeux.
  • 11:26 - 11:30
    Les algorithmes des réseaux sociaux,
    intentionnellement ou pas,
  • 11:30 - 11:32
    rendent cela séduisant
  • 11:32 - 11:35
    car la propagande bigote
    est un bon agent d'engagement.
  • 11:35 - 11:37
    Tout le monde clique
    et laisse des commentaires,
  • 11:37 - 11:39
    qu'ils aiment ou détestent.
  • 11:39 - 11:42
    La première chose à faire
  • 11:42 - 11:45
    est donc que les réseaux sociaux
    corrigent leurs plateformes.
  • 11:45 - 11:47
    (Applaudissements)
  • 11:50 - 11:53
    Si quelqu'un qui travaille
    pour un réseau social m'écoute,
  • 11:53 - 11:56
    si vous êtes actionnaire
    ou en possédez un,
  • 11:57 - 11:58
    voici un conseil.
  • 11:58 - 12:01
    Si vous optimisez pour un engagement
    émotionnel maximal
  • 12:02 - 12:06
    et que celui-ci s'avère
    activement nuire au monde,
  • 12:06 - 12:09
    l'heure est venue d'optimiser autre chose.
  • 12:09 - 12:11
    (Applaudissements)
  • 12:15 - 12:18
    Avec la pression qu'on peut appliquer
    pour qu'ils agissent,
  • 12:18 - 12:21
    mais au lieu d'attendre et d'espérer,
  • 12:21 - 12:24
    on peut aussi agir.
  • 12:24 - 12:28
    On peut créer des meilleures
    trajectoires ou en suggérer
  • 12:28 - 12:30
    pour que les ados rebelles s'y engagent.
  • 12:30 - 12:33
    Quand on voit une chose vraiment
    créative et bien attentionnée,
  • 12:33 - 12:35
    qu'on veut la partager, on peut le faire,
  • 12:35 - 12:38
    même si cela ne nous inonde
    pas d'émotion excitante.
  • 12:38 - 12:41
    Je suis conscient que c'est un petit pas.
  • 12:41 - 12:43
    Mais il compte
    car il s'additionne à d'autres.
  • 12:43 - 12:45
    Les algorithmes,
    aussi puissants soient-ils,
  • 12:45 - 12:48
    sont influencés par nos comportements.
  • 12:50 - 12:51
    Je vous quitterai avec ces mots :
  • 12:52 - 12:54
    il y a quelques années, c'était à la mode
  • 12:54 - 12:57
    d'affirmer qu'Internet était
    un outil révolutionnaire
  • 12:57 - 12:59
    qui allait nous rassembler.
  • 12:59 - 13:01
    Aujourd'hui, c'est devenu
    à la mode de dire
  • 13:01 - 13:04
    qu'Internet est un monstrueux
    désastre total et irrémédiable.
  • 13:05 - 13:07
    Aucune des caricatures n'est exacte.
  • 13:07 - 13:11
    Internet est trop vaste et trop complexe
    pour être bon ou mauvais.
  • 13:11 - 13:13
    Le danger de ces façons de penser,
  • 13:13 - 13:16
    que ce soit la vue utopique qu'Internet
    va inévitablement nous sauver
  • 13:16 - 13:19
    ou la vue dystopique
    qu'il va inévitablement nous détruire,
  • 13:20 - 13:22
    c'est que nous nous en tirons
    à bon compte.
  • 13:24 - 13:26
    Il n'y a rien d'inévitable
    dans notre avenir.
  • 13:27 - 13:29
    Internet est constitué de personnes.
  • 13:29 - 13:32
    Des gens prennent des décisions
    au sein des réseaux sociaux.
  • 13:32 - 13:35
    Des gens font les tendances des hashtags.
  • 13:35 - 13:38
    Des gens font progresser
    ou régresser la société.
  • 13:39 - 13:41
    Quand on comprend bien ces faits,
  • 13:41 - 13:44
    on peut cesser d'attendre
    un avenir inévitable
  • 13:44 - 13:45
    et se mettre au travail maintenant.
  • 13:47 - 13:50
    On nous a appris que
    l'arc de l'univers moral est long,
  • 13:50 - 13:52
    mais il tend vers la justice.
  • 13:54 - 13:56
    C'est possible.
  • 13:57 - 13:58
    Peut-être un jour.
  • 13:59 - 14:01
    Ça reste une aspiration.
  • 14:01 - 14:03
    Ce n'est pas une garantie.
  • 14:04 - 14:06
    L'arc ne penche pas par lui-même.
  • 14:06 - 14:10
    Une force mystérieuse ne le fait pas
    pencher inévitablement.
  • 14:10 - 14:11
    La vérité,
  • 14:11 - 14:14
    bien plus effrayante
    mais aussi libératoire,
  • 14:15 - 14:17
    c'est que c'est nous
    qui le faisons pencher.
  • 14:17 - 14:18
    Merci.
  • 14:18 - 14:21
    (Applaudissements)
Title:
Infiltré dans le monde étrange des trolls et de la propagande sur Internet
Speaker:
Andrew Marantz
Description:

Le journaliste Andrew Marantz a passé trois ans dans le monde des trolls et de la propagande sur les réseaux sociaux. Il était à la recherche des personnes qui projettent des sujets de conversation marginaux dans les conversations en ligne et cherchait à comprendre comment ils font en sorte que leurs idées se propagent. Accompagnons-le dans le terrier de la propagande et de la désinformation en ligne afin d’apprendre comment rendre l’Internet moins toxique.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
14:36

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