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L'humour comme arme de transmission massive ! | Karim Duval | TEDxSaclay

  • 0:07 - 0:09
    Bonsoir, bonsoir à tous !
  • 0:09 - 0:12
    Je m'appelle Karim Duval,
    je suis humoriste,
  • 0:12 - 0:15
    je le précise parce que vous
    ne me connaissez pas forcément.
  • 0:15 - 0:17
    Alors, pourquoi un humoriste
    pas célèbre au TEDx de Saclay ?
  • 0:17 - 0:22
    Pour une raison évidente de budget déjà.
  • 0:22 - 0:23
    Et car on m'a dit :
  • 0:23 - 0:27
    « Karim ce serait bien que tu fasses
    un truc drôle sur un sujet sérieux. »
  • 0:27 - 0:29
    Je me suis fixé
    un challenge supplémentaire,
  • 0:29 - 0:32
    je vais essayer de faire
    un truc drôle et un truc sérieux.
  • 0:32 - 0:35
    Parce qu'avant d'être
    humoriste j'étais ingénieur.
  • 0:35 - 0:38
    Je ne vais pas vous faire
    le storytelling de mon parcours,
  • 0:38 - 0:41
    il est tard, vous venez d'assister
    à trois heures de conférences.
  • 0:41 - 0:44
    À ce stade de la soirée,
    comme dirait Estelle Lovi,
  • 0:44 - 0:47
    il faut savoir écouter sa vibration
    intérieure chargée d'amour et de vérité
  • 0:47 - 0:50
    qui nous dit : « J'ai la dalle ! ».
  • 0:50 - 0:53
    (Rires et applaudissements)
  • 0:57 - 1:00
    J'ai été impressionné par tous
    les talks de tous les intervenants,
  • 1:00 - 1:03
    tous plus brillants les uns
    que les autres, vraiment.
  • 1:03 - 1:06
    Liz Theophille, waouw,
    leadership incroyable,
  • 1:06 - 1:09
    son parcours professionnel,
    c'est impressionnant.
  • 1:09 - 1:14
    Juste son poste actuel, l'intitulé de
    son poste actuel, c'est un roman.
  • 1:14 - 1:18
    Hier on était au cocktail et on a
    eu l'occasion de se rencontrer.
  • 1:18 - 1:21
    Moi j'ai dit : « Bonjour, hi, my name
    is Karim Duval, I am a comique.
  • 1:21 - 1:24
    (Rires)
  • 1:24 - 1:25
    What's your job ? »
  • 1:25 - 1:29
    Et là elle me dit, alors je vous lis mais
    je n'ai pas pu l'apprendre par cœur.
  • 1:29 - 1:32
    « I am Chief Technology
    Officer and Digital IT Lead,
  • 1:32 - 1:35
    responsible for Technology Strategy,
    Enterprise Architecture,
  • 1:35 - 1:38
    Digital Technology enabling platforms,
    Advanced Analytics
  • 1:38 - 1:42
    and Robotic & Cognitive Automation
    Centers of Excellence. »
  • 1:42 - 1:45
    Je lui ai répondu : « I love you too. »
  • 1:45 - 1:49
    (Rires)
  • 1:49 - 1:52
    Dans la même veine de parcours
    brillant, on a eu Sébastien Bigo
  • 1:52 - 1:54
    qui travaille chez Nokia
    sur la fibre optique.
  • 1:54 - 1:57
    Brillant, il a eu plein de distinctions
    en tant que chercheur.
  • 1:57 - 2:02
    Il a gagné plein de prix, plus de prix
    que le PSG n'a gagné de Coupe de la Ligue.
  • 2:02 - 2:03
    (Rires)
  • 2:03 - 2:06
    Sébastien Bigo travaille chez Nokia
    et je trouve ça super balèze
  • 2:06 - 2:09
    ce que tu fais chez Nokia,
    c'est vraiment balèze, c'est sûr.
  • 2:09 - 2:13
    On sent que Nokia investit massivement
    pour la recherche, d'ailleurs.
  • 2:13 - 2:15
    Beaucoup moins dans la
    communication, car finalement
  • 2:15 - 2:17
    ce que les gens retiennent
    de Nokia, c'est :
  • 2:17 - 2:20
    « Le Nokia 3210 il y a rien de mieux !
  • 2:20 - 2:22
    Un téléphone qui fait téléphone, voilà !
  • 2:22 - 2:26
    M'embête pas avec l'innovation. »
  • 2:26 - 2:29
    D'où l'importance de savoir
    communiquer son savoir.
  • 2:29 - 2:34
    C'est ce que nous a dit William Watkins.
  • 2:34 - 2:37
    William Watkins,
    notre alchimiste de la soirée,
  • 2:37 - 2:41
    qui a rappelé d'ailleurs qu'à la base,
    le radium, ce n'était pas lui le problème.
  • 2:41 - 2:45
    Le problème n'est pas le radium, c'était
    l'ignorance qui régnait autour du radium.
  • 2:45 - 2:48
    Comme à la création de Monsanto
    d'ailleurs, qu'on blâme comme ça,
  • 2:48 - 2:52
    le problème n'est pas le glyphosate,
    mais l'ignorance autour du glyphosate.
  • 2:52 - 2:56
    (Rires)
  • 2:56 - 2:59
    En parlant de cancer...
  • 2:59 - 3:02
    (Rires et applaudissements)
  • 3:06 - 3:09
    Je trouve ça super qu'on puisse
    tuer des cellules cancéreuses
  • 3:09 - 3:12
    en chauffant des nanoparticules d'or.
  • 3:12 - 3:16
    Personnellement, je les chauffe avec
    les ondes de mon smartphone
  • 3:16 - 3:18
    qui est toujours dans ma poche...
  • 3:18 - 3:20
    et je vais très bien.
  • 3:20 - 3:23
    Enfin que je sache.
  • 3:23 - 3:25
    Je vous ai tous refroidis là !
  • 3:25 - 3:27
    Allez Karim remets l'ambiance !
  • 3:27 - 3:29
    On va parler d'un truc plus sympa :
    la pâtisserie, le sucré.
  • 3:29 - 3:33
    Yann Brys nous a parlé de ses créations.
    Vous avez vu les créations ?
  • 3:33 - 3:36
    Moi avec Photoshop je ne suis pas
    capable de faire ça ! C'est très fort.
  • 3:36 - 3:39
    Yann Brys qui milite pour
    les circuits courts, le manger local
  • 3:39 - 3:44
    et qui nous a parlé de la crème chantilly,
    constituée de trois ingrédients :
  • 3:44 - 3:46
    la vanille de Papouasie,
  • 3:46 - 3:48
    (Rires)
  • 3:48 - 3:51
    le sucre du Brésil,
  • 3:51 - 3:54
    heureusement que la crème
    vient de Normandie, OK !
  • 3:54 - 3:58
    (Rires et applaudissements)
  • 4:01 - 4:04
    Yann, tu as dit que la pâtisserie
    faisait partie de notre patrimoine,
  • 4:04 - 4:06
    je te rejoins bien sûr là-dessus.
  • 4:06 - 4:08
    D'ailleurs pour les Journées
    du Patrimoine,
  • 4:08 - 4:12
    Yann devrait ouvrir son établissement
    à toute la population française.
  • 4:12 - 4:16
    (Applaudissements)
  • 4:16 - 4:19
    Sa pâtisserie, elle cartonnerait,
    elle défoncerait les musées !
  • 4:19 - 4:22
    Il rendrait la tâche
    difficile à Sofia Azzouz
  • 4:22 - 4:24
    qui rêve que tout le monde aille au musée.
  • 4:24 - 4:26
    Mettez un Français face à un dilemme :
  • 4:26 - 4:30
    choisir entre un éclair au chocolat et
    le portrait de la Marquise de Pompadour.
  • 4:30 - 4:32
    (Rires)
  • 4:32 - 4:35
    Il n'y a pas de dilemme !
  • 4:35 - 4:37
    Pour intéresser les Français
    à leur histoire,
  • 4:37 - 4:40
    Ladurée a dû faire des chocolats
    à l'effigie de Marie-Antoinette,
  • 4:40 - 4:42
    figurez-vous !
  • 4:42 - 4:47
    Et les gens qui vont au musée, quand ils
    sortent disent : « Bon, on mange quoi ? »
  • 4:47 - 4:50
    « L'art est la preuve
    que la vie ne suffit pas. »
  • 4:50 - 4:53
    Ok, mais en France la bouffe est
    la preuve que l'art ne suffit pas.
  • 4:53 - 4:55
    (Rires)
  • 4:55 - 4:59
    La bouffe, l'art, la science, c'est quand
    même ce qui fait la fierté de la France
  • 4:59 - 5:00
    et elles font bon ménage.
  • 5:00 - 5:03
    J'ai beaucoup aimé le speech
    de Mohammed Moudjou.
  • 5:03 - 5:07
    J'ai adoré ce parallèle entre
    les acides aminés sur une protéine
  • 5:07 - 5:09
    et les notes d'un morceau de musique.
  • 5:09 - 5:16
    Je trouve ça fou que derrière l'ADN d'une
    souris se cache un nocturne de Chopin.
  • 5:16 - 5:21
    J'imagine que derrière l'ADN d'Escherichia
    coli se cache le nouvel album de JUL.
  • 5:21 - 5:24
    (Rires)
  • 5:26 - 5:29
    Tout le monde n'a pas compris parce
    qu'on est à Saclay, il y a des vieux...
  • 5:29 - 5:33
    (Rires)
  • 5:33 - 5:35
    Si vous voulez les vieux,
    JUL est aux adolescents
  • 5:35 - 5:38
    ce que JCDecaux est à Samer Koujuk.
  • 5:38 - 5:41
    (Rires)
  • 5:41 - 5:45
    Samer Koujuk, c'est la première fois que
    je croise un fan de JCDecaux, j'avoue.
  • 5:45 - 5:48
    (Rires et applaudissements)
  • 5:52 - 5:56
    Comment ça se passe ? Tu as des
    panneaux 4x3 dans ta chambre ?
  • 5:56 - 6:01
    T'as un abri bus dans ton salon ?
  • 6:01 - 6:03
    Non, j'ai beaucoup aimé
    le speech de Samer Koujuk,
  • 6:03 - 6:04
    j'ai trouvé ça très joli.
  • 6:04 - 6:07
    C'est super bien cette
    technique pour briser la glace,
  • 6:07 - 6:10
    aller dans le métro pour demander
    aux gens de faire ton nœud de cravate.
  • 6:10 - 6:12
    Tu vas y prendre goût :
    demain une chemise,
  • 6:12 - 6:14
    après-demain, les chaussures.
  • 6:14 - 6:18
    Et dans un mois tu vas arriver
    en slip dans le métro, comme ça.
  • 6:18 - 6:20
    (Voix cassée) « Messieurs dames,
  • 6:20 - 6:23
    excusez-moi de vous déranger
    par une heure aussi matinale.
  • 6:23 - 6:27
    Je sais que c'est bizarre de voir un gars
    avec son attaché-case et une cravate,
  • 6:27 - 6:30
    en slip kangourou,
  • 6:30 - 6:33
    mais voilà mon truc,
    c'est d'aller vers les autres,
  • 6:33 - 6:38
    est-ce que quelqu'un peut m'aider
    à mettre mon futal s'il vous plaît ? »
  • 6:38 - 6:41
    (Rires et applaudissements)
  • 6:45 - 6:49
    Bien sûr il nous a rappelé que se
    réunir pour aller ensemble de l'avant
  • 6:49 - 6:52
    c'était chouette, et je trouvais qu'il
    avait illustré cette idée très bien,
  • 6:52 - 6:56
    le proverbe très tarte à la crème
    qu'on voit dans toutes les entreprises :
  • 6:56 - 6:59
    « Seul on va plus vite,
    ensemble on va plus loin. »
  • 6:59 - 7:03
    Proverbe africain auquel un
    marathonien kényan aurait répondu
  • 7:03 - 7:06
    « Ensemble on va plus loin mais
    tu vas me laisser finir tout seul ok ? »
  • 7:06 - 7:08
    (Rires)
  • 7:08 - 7:12
    « Seul on va plus vite,
    ensemble on va plus loin. »
  • 7:12 - 7:16
    Peut-être parce qu'entouré
    des autres, on agit différemment.
  • 7:16 - 7:20
    C'est ce que nous a appris
    Barthélémy, enfin « Barthélémy »,
  • 7:20 - 7:22
    on est d'accord, Barthélémy
    c'est juste André Agassi
  • 7:22 - 7:25
    qui a changé de carrière.
  • 7:25 - 7:28
    T'étais le premier à passer
    tout le monde n'est pas... D'accord.
  • 7:28 - 7:32
    Tout le monde ne se souvient
    pas de sa tronche, ce n'est pas grave.
  • 7:32 - 7:36
    À Agassi non plus d'ailleurs.
  • 7:36 - 7:40
    Barthélémy si je résume, tu nous as
    dit qu'en fait, si je comprends bien,
  • 7:40 - 7:45
    si je vois un billet de 10€ tomber de la
    poche de quelqu'un qui marche dans la rue
  • 7:45 - 7:49
    et si au préalable, j'ai aidé un touriste
    anglais à retrouver son chemin,
  • 7:49 - 7:52
    alors statistiquement,
    il y a de fortes chances
  • 7:52 - 7:55
    qu'en toute honnêteté,
    je ramasse le billet
  • 7:55 - 7:57
    et le donne à la personne qui l'a perdu.
  • 7:57 - 8:02
    J'ai compris l'idée mais je pense que
    l'exemple n'est pas du tout réaliste.
  • 8:02 - 8:05
    En tant que Français,
  • 8:05 - 8:06
    chauvin,
  • 8:06 - 8:08
    si un Anglais me demande sa route...
  • 8:08 - 8:12
    (Rires)
  • 8:12 - 8:13
    Statistiquement...
  • 8:13 - 8:15
    (Rires)
  • 8:15 - 8:18
    Il y a de fortes chances que je
    lui propose d'aller se faire voir !
  • 8:18 - 8:21
    Surtout s'il y a un billet de
    10 balles à gratter derrière !
  • 8:21 - 8:23
    (Rires)
  • 8:23 - 8:25
    Je fais des blagues
    pour repousser le moment
  • 8:25 - 8:27
    où je vais devoir dire des trucs sérieux.
  • 8:27 - 8:29
    A un moment donné
    je devrai me jeter à l'eau.
  • 8:29 - 8:32
    Heureusement on a eu les
    conseils éclairés de Phil Waknell
  • 8:32 - 8:35
    qui nous a expliqué comment
    réussir une bonne présentation
  • 8:35 - 8:37
    sauf que nous les intervenants de ce soir,
  • 8:37 - 8:41
    on a bénéficié de ses
    conseils mais trop tard.
  • 8:41 - 8:44
    Juste avant de monter sur scène.
  • 8:44 - 8:46
    J'ai l'impression d'être
    un mec qui se noie
  • 8:46 - 8:49
    en haute mer à côté
    d'un maître-nageur qui dit :
  • 8:49 - 8:51
    « Le secret d'une bonne brasse,
  • 8:51 - 8:54
    c'est de bien coordonner
    les bras et les jambes !
  • 8:54 - 8:59
    On fait la grenouille
    et on respire bien fort ! »
  • 8:59 - 9:01
    Et en plus, il te le dit
    en anglais, merci !
  • 9:01 - 9:04
    (Rires et applaudissements)
  • 9:07 - 9:12
    Non, pour vous dire la vérité, on a tous
    été coachés par de supers coachs TEDx
  • 9:12 - 9:14
    et je voudrais qu'on les
    applaudisse s'il vous plaît.
  • 9:14 - 9:17
    (Applaudissements)
  • 9:21 - 9:23
    « Résonance. »
  • 9:23 - 9:30
    Ce mot, il réveille en moi l'ingénieur
    que je suis, enfin que j'étais.
  • 9:30 - 9:35
    Vous vous demandez tous
    ce qu'il y a dans cette boîte.
  • 9:37 - 9:38
    C'est un cerveau.
  • 9:38 - 9:41
    (Rires)
  • 9:41 - 9:43
    Mais pas n'importe quel cerveau.
  • 9:43 - 9:45
    (Rires)
  • 9:45 - 9:48
    C'est mon cerveau
    d'ingénieur. Aujourd'hui.
  • 9:48 - 9:52
    (Applaudissements)
  • 9:57 - 10:01
    Quand j'entends résonance,
    je pense forcément à cet exemple
  • 10:01 - 10:03
    qui relève peut-être de la légende.
  • 10:03 - 10:06
    Nous sommes en 1850, à Angers.
  • 10:06 - 10:09
    Un bataillon de soldats
    s'engage sur le pont suspendu
  • 10:09 - 10:12
    de la Basse-Chaîne, au-dessus de la Maine.
  • 10:12 - 10:14
    Ils marchent au pas,
    à une certaine cadence.
  • 10:14 - 10:19
    Le pont se met à balancer et à un moment
    donné, crac, tout le monde tombe à l'eau.
  • 10:19 - 10:21
    Dommage.
  • 10:21 - 10:22
    Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
  • 10:22 - 10:25
    En fait, le pont peut être considéré
    comme un système physique
  • 10:25 - 10:27
    avec ses caractéristiques propres
  • 10:27 - 10:31
    et notamment une fréquence
    dite de résonance.
  • 10:31 - 10:35
    Et les pas cadencés des soldats
    qui marchent sur le pont
  • 10:35 - 10:39
    ont excité le système pont
  • 10:39 - 10:44
    jusqu'à le faire balancer en lui
    apportant de l'énergie régulièrement,
  • 10:44 - 10:47
    il a balancé jusqu'à une certaine
    fréquence de balancement
  • 10:47 - 10:49
    égale à sa fréquence de résonance.
  • 10:49 - 10:53
    Et par définition,
    à partir de ce moment-là,
  • 10:53 - 10:56
    il a accumulé de l'énergie
    qu'il ne pouvait plus dissiper.
  • 10:56 - 10:59
    Donc à un moment donné, ça part en vrille
  • 10:59 - 11:02
    et on dit que le pont
    est entré en résonance.
  • 11:02 - 11:04
    Si je prends cet exemple
  • 11:04 - 11:06
    et que je le simplifie,
  • 11:06 - 11:10
    si je réduis le bataillon de
    soldats à un soldat simplement,
  • 11:10 - 11:14
    un seul soldat qui va troquer sa tenue
    contre une petite tenue moulante
  • 11:14 - 11:17
    et ses bottes contre
    des petites ballerines,
  • 11:17 - 11:21
    et si je réduis la largeur
    du pont à son minimum,
  • 11:21 - 11:24
    j'obtiens un funambule
    qui marche sur un fil.
  • 11:24 - 11:27
    Cette image du funambule
    reflète, selon moi,
  • 11:27 - 11:29
    le travail de l'humoriste.
  • 11:29 - 11:33
    Avant chaque spectacle, avant chaque
    sketch, avant chaque restitution TEDx,
  • 11:33 - 11:36
    avant chaque vanne même, j'ai
    l'impression d'être un funambule
  • 11:36 - 11:41
    qui va se hisser pour parcourir
    un fil d'une extrémité à l'autre.
  • 11:41 - 11:45
    Parce que si je décortique mon travail,
    je peux y déceler trois phases :
  • 11:45 - 11:48
    le fond, l'humour, et avec
    un peu de chance, le rire.
  • 11:48 - 11:49
    Je m'explique.
  • 11:49 - 11:54
    Le fond, pour moi c'est primordial
    dans mon métier, c'est essentiel.
  • 11:54 - 11:56
    Le sujet de fond, la situation
    généralement pas drôle,
  • 11:56 - 11:58
    c'est vraiment la base de tout.
  • 11:58 - 12:01
    Le funambule qui, sous
    le regard des spectateurs,
  • 12:01 - 12:04
    va aller risquer sa vie
    sur un fil, c'est le fond.
  • 12:04 - 12:07
    Si le sujet que je traite sur
    scène est plat, peu engageant,
  • 12:07 - 12:10
    par exemple, les gens
    qui mangent du chocolat,
  • 12:10 - 12:13
    c'est un peu comme si le fil
    mesurait 1 mètre de long
  • 12:13 - 12:16
    et était suspendu à 3 cm au-dessus du sol.
  • 12:16 - 12:19
    Si le sujet est un peu plus
    délicat, si ça gratte un peu,
  • 12:19 - 12:22
    par exemple si je parle des gens
    qui mangent du chocolat au Nutella,
  • 12:22 - 12:26
    donc qui favorisent l'exploitation
    des personnes qui cultivent le cacao
  • 12:26 - 12:29
    et la production d'huile de
    palme, donc la déforestation,
  • 12:29 - 12:31
    donc la disparition des orangs-outans,
  • 12:31 - 12:35
    là on est sur un fil de 8m de long
    suspendu à 3m au-dessus du sol.
  • 12:35 - 12:38
    Si je parle de la réappropriation
    des crêpes par les Nantais
  • 12:38 - 12:40
    et que je dis que Nantes
    n'est pas en Bretagne...
  • 12:40 - 12:42
    (Rires)
  • 12:42 - 12:48
    On est sur un fil de 200m de long suspendu
    entre deux gratte-ciels à 1 km d'altitude.
  • 12:48 - 12:50
    Mais quel que soit le sujet que je traite,
  • 12:50 - 12:53
    avant même d'avoir essayé
    de faire rire, il y a un fond.
  • 12:53 - 12:55
    Je crée un enjeu : est-ce que
    le funambule va tomber ?
  • 12:55 - 13:00
    Comment l'humoriste va traiter le
    sujet qu'il a choisi, avec humour ?
  • 13:00 - 13:06
    Avec humour, c'est-à-dire en
    maintenant un certain équilibre.
  • 13:06 - 13:11
    L'humoriste engagé sur son fil va
    essayer de maintenir cet équilibre
  • 13:11 - 13:16
    et de le chercher en lui et surtout
    au sein du public en fait,
  • 13:16 - 13:18
    par petites touches, en le testant,
  • 13:18 - 13:21
    un peu comme les tremblements du funambule
  • 13:21 - 13:23
    permettent de rester
    en équilibre sur le fil.
  • 13:23 - 13:26
    Un équilibre entre bienveillance
  • 13:26 - 13:27
    et provocation.
  • 13:27 - 13:29
    Avoir du propos sans
    être donneur de leçon,
  • 13:29 - 13:31
    du mordant en gardant
    une forme d'élégance,
  • 13:31 - 13:37
    mais sans être bisounours parce qu'on
    parle d'équilibre, pas de compromis.
  • 13:37 - 13:39
    Un équilibre entre beauté et laideur,
  • 13:39 - 13:42
    un équilibre entre rêverie et réalisme,
  • 13:42 - 13:45
    un équilibre entre plaisir et souffrance
  • 13:45 - 13:49
    parce que l'équilibre, c'est un état un
    peu indéfinissable quand on y pense.
  • 13:49 - 13:51
    Et le rire, ce n'est pas que de la joie.
  • 13:51 - 13:54
    Le rire dérange autant qu'il soulage.
  • 13:54 - 13:58
    C'est pour ça qu'on peut rire de
    sujets un peu sombres paradoxalement.
  • 13:58 - 14:01
    Un équilibre entre le
    clown blanc et l'Auguste.
  • 14:01 - 14:04
    Vous savez, ce duo qu'on
    a tous vu au cirque petits,
  • 14:04 - 14:08
    et qui cohabite à
    l'intérieur de nous-même,
  • 14:08 - 14:11
    qui rayonne par contraste
    entre raison et folie,
  • 14:11 - 14:14
    entre expérience et innocence,
  • 14:14 - 14:17
    entre l'adulte et l'enfant
    que nous sommes.
  • 14:17 - 14:22
    Alors si le sujet que je traite est un
    peu délicat aux yeux des spectateurs,
  • 14:22 - 14:26
    l'équilibre est d'emblée très
    fragile, le fil tremble déjà.
  • 14:26 - 14:29
    L'humoriste va venir
    maintenir cet équilibre
  • 14:29 - 14:31
    en faisant se balancer
    le fil encore plus en fait.
  • 14:31 - 14:37
    Il va exciter le système, ici le public,
    en prenant des risques supplémentaires,
  • 14:37 - 14:40
    c'est là qu'il va faire
    crier son insolence,
  • 14:40 - 14:42
    qu'il va faire crier son style,
  • 14:42 - 14:45
    qu'il va tenter un bond sur le fil,
    faire du monocycle, feindre une chute.
  • 14:45 - 14:49
    Ça va faire monter l'énergie au sein
    du public, monter, monter, monter...
  • 14:49 - 14:52
    Jusqu'à ce qu'il entre en
    résonance : c'est le rire.
  • 14:52 - 14:57
    Le fil a trop vibré, le public a accumulé
    de l'énergie sans pouvoir la dissiper,
  • 14:57 - 15:02
    du fait de l'équilibre précaire qu'a tenté
    bon an mal an de maintenir l'humoriste.
  • 15:02 - 15:05
    Donc à un moment donné,
    on arrive à la chute de la blague
  • 15:05 - 15:08
    et ça provoque le rire.
  • 15:08 - 15:12
    Ce qui est beau, c'est que le rire est
    collectif, simultané et instantané.
  • 15:12 - 15:15
    A croire qu'il existe une fréquence
    de résonance universelle,
  • 15:15 - 15:18
    une fréquence de « rigolance »...
  • 15:18 - 15:21
    universelle, au sein de toutes les
    personnes qui sont dans la salle,
  • 15:21 - 15:24
    enfin c'est discutable - on parle
    d'humour communautaire.
  • 15:24 - 15:28
    Il faut que les personnes
    partagent le même langage,
  • 15:28 - 15:31
    la même langue, les mêmes
    codes culturels évidemment.
  • 15:31 - 15:38
    Mais le mime, le cinéma muet font
    rire les enfants, petits et grands,
  • 15:38 - 15:42
    et ça me donne l'espoir qu'il existe
    une fréquence de résonance universelle.
  • 15:42 - 15:45
    A croire qu'il existe une
    intelligence universelle.
  • 15:45 - 15:48
    Cette faculté à assimiler un propos
  • 15:48 - 15:51
    et de restituer dans la seconde
    le fait qu'on ait compris.
  • 15:51 - 15:54
    Dire « Moi homo sapiens
    sapiens, j'ai compris »
  • 15:54 - 15:59
    et pour le signifier, j'émets
    un bruit « ha ha » quasi bestial.
  • 15:59 - 16:01
    Car le rire, c'est ça,
    c'est lâcher le cerveau,
  • 16:01 - 16:04
    lâcher prise, le rire,
    c'est partir en vrille.
  • 16:04 - 16:10
    C'est accepter cet état un peu
    vague entre l'humain et l'animal.
  • 16:10 - 16:14
    Alors, ce modèle du funambule
    qui marche sur un fil,
  • 16:14 - 16:15
    il vaut ce qu'il vaut,
  • 16:15 - 16:20
    j'essaye de rendre rationnelle une chose
    qui ne l'est pas vraiment, le rire.
  • 16:20 - 16:27
    Toujours est-il qu'il permet de visualiser
  • 16:27 - 16:30
    l'attention supplémentaire
    qu'on accorde à l'humoriste.
  • 16:30 - 16:33
    Vous vous baladez dans la rue et
    voyez un type marcher sur une corde
  • 16:33 - 16:36
    à 100m au-dessus de votre tête
    alors qu'on ne lui a rien demandé,
  • 16:36 - 16:39
    vous ne pouvez pas ne pas vous arrêter.
  • 16:39 - 16:43
    La forme humoristique ne laisse
    pas indifférent non plus.
  • 16:43 - 16:49
    Elle dénote par rapport à un
    discours supposément drôle,
  • 16:49 - 16:52
    enfin je veux dire sérieux pardon,
  • 16:52 - 16:56
    en politique et dans les
    entreprises en ce moment
  • 16:56 - 17:00
    qui est trop lisse, formaté,
    par excès de prudence.
  • 17:00 - 17:04
    Donc l'attention supplémentaire accordée à
    la personne qui ose la forme humoristique
  • 17:04 - 17:06
    va lui permettre de
    transmettre des messages
  • 17:06 - 17:08
    d'une manière beaucoup plus instantanée.
  • 17:08 - 17:12
    Grâce au rire qui, pour
    reprendre les mots de Chaplin,
  • 17:12 - 17:16
    « est le chemin le plus direct
    entre deux personnes ».
  • 17:16 - 17:21
    Je crois vraiment qu'une personne qui
    rit est une personne qui a compris.
  • 17:21 - 17:28
    Et cet équilibre instable, sucré-salé,
  • 17:28 - 17:31
    doux et violent à la fois
    qu'on appelle l'humour
  • 17:31 - 17:34
    est une arme de transmission massive.
  • 17:34 - 17:37
    Voilà ce qu'évoque pour
    moi le mot résonance,
  • 17:37 - 17:41
    voilà ce qu'évoque le mot
    résonance pour ce clown
  • 17:41 - 17:44
    drôle et sérieux à la fois,
  • 17:44 - 17:46
    mais ne serait-ce pas là un pléonasme ?
  • 17:46 - 17:47
    Merci de m'avoir écouté.
  • 17:47 - 17:50
    (Applaudissements)
Title:
L'humour comme arme de transmission massive ! | Karim Duval | TEDxSaclay
Description:

La conclusion de la 5ème édition du TEDx Saclay a été confiée à un humoriste, Karim Duval. Après un résumé extrêmement drôle de la soirée, Karim a réussi à évoquer le thème de cette année « Résonances » pour parler de son périlleux métier : faire rire, car pour lui l'humoriste a tout avoir avec le funambule...

Karim Duval découvre le théâtre et écrit ses premiers sketchs en 2008, alors qu’il est encore ingénieur (diplômé de l’école Centrale Paris, il aspire à une carrière élitiste). Rapidement il remporte de nombreux prix dans des festivals d’humour de renom, puis à trente ans, il décide de se consacrer pleinement à sa passion : la scène. Avec son premier spectacle « Melting Pot », il rencontre un franc succès en donnant plus de mille représentations en France (dont deux cents au Point Virgule à Paris) et au-delà : Montréal, Nouméa, le Marrakech du Rire… Son deuxième opus « Y », est consacré à la génération Y, dont il se revendique de par son année de naissance, sa conception de la vie et son parcours. Il aborde des thèmes centraux de société comme la quête de sens au travail, la remise en question des parcours scolaires, l’écologie, les relations intergénérationnelles ou encore l’entrepreneuriat… tout entrepreneur qu’il est ! Thèmes qu’il approfondit dans ses vidéos « Le point sur les Y », qui touchent à la fois le grand public et le monde de l’entreprise.
Reconnu pour l’importance qu’il accorde aux sujets de fond dans ses spectacles, et grâce à une analyse fine de notre société, il est souvent sollicité pour intervenir lors de conférences sur ses thèmes de prédilection, avec l’humour pour arme de transmission massive.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. Pour en savoir plus : http://ted.com/tedx

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
17:57

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