Wild Strawberries (1957) [MultiSub] [Film] - (Ingmar Bergman)
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0:00 - 0:4223.976
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0:42 - 0:47Notre commerce avec les hommes
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0:47 - 0:52consiste surtout à des critiques.
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0:52 - 0:56C'est pourquoi j'ai pratiquement
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0:56 - 1:00cessé toute fréquentation
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1:00 - 1:06et je vis en solitaire.
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1:06 - 1:12Ma vie a été vouée au travail
et j'en suis fier. -
1:12 - 1:15Une lutte continuelle
pour le pain quotidien -
1:15 - 1:20qui devint
une passion pour la science. -
1:20 - 1:25Mon fils est aussi médecin
et vit à Lund. -
1:25 - 1:31Il est marié depuis longtemps,
mais n'a pas d'enfant. -
1:31 - 1:34Ma mère vit encore.
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1:34 - 1:42Elle est toujours très alerte.
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1:42 - 1:48Ma femme Karine est morte
depuis des années déjà. -
1:48 - 1:52M. le Professeur est servi.
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1:52 - 1:55Oui, merci.
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1:55 - 1:59Par bonheur,
j'ai une excellente gouvernante. -
1:59 - 2:04J'avoue
que je suis un vieux maniaque -
2:04 - 2:08ce qui souvent est gênant
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2:08 - 2:14pour moi et pour les autres.
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2:14 - 2:18Je m'appelle Eberard Isaac Borg.
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2:18 - 2:22J'ai 78 ans.
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2:22 - 2:25Demain, je serai nommé
"docteur jubilaire" -
2:25 - 2:42à la cathédrale de Lund.
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2:42 - 3:43LES FRAISES SAUVAGES
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3:43 - 3:46À la fin de la nuit du 1er juin,
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3:46 - 3:51j'ai fait un rêve étrange.
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3:51 - 3:55J'ai rêvé qu'au cours
de ma promenade matinale -
3:55 - 3:59je m'étais égaré
dans des rues désertes -
3:59 - 9:00bordées de maisons en ruines.
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9:00 - 9:01Êtes-vous malade ?
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9:01 - 9:05Servez-moi le petit-déjeuner,
je prendrai la voiture. -
9:05 - 9:08Retournez donc vous coucher.
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9:08 - 9:09Café à 9 heures,
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9:09 - 9:12départ à 10, comme convenu.
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9:12 - 9:17Alors je partirai
sans rien prendre ! -
9:17 - 9:20Et qui fera vos bagages ?
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9:20 - 9:21Moi-même.
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9:21 - 9:23Et moi ?
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9:23 - 9:26Vous pouvez m'accompagner
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9:26 - 9:29ou prendre l'avion.
C'est comme vous voudrez. -
9:29 - 9:34Et moi qui m'étais réjouie
d'assister à votre promotion. -
9:34 - 9:38Tout avait été prévu
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9:38 - 9:41et voilà que vous prenez l'auto !
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9:41 - 9:44Si je pars maintenant,
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9:44 - 9:47j'ai 14 heures devant moi.
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9:47 - 9:50Vous allez tout gâcher !
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9:50 - 9:54Votre fils vous attend à l'aéroport.
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9:54 - 10:01Vous trouverez bien une explication.
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10:01 - 10:05Alors,
je ne vous accompagnerai pas ! -
10:05 - 10:07Oh, voyons,
écoutez, Agda. -
10:07 - 10:09Prenez la voiture !
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10:09 - 10:12Vous allez gâcher
le plus beau jour de ma vie. -
10:12 - 10:14Mlle Agda,
nous ne sommes pas mariés. -
10:14 - 10:19J'en rends grâce au ciel
chaque soir. -
10:19 - 10:21Pendant 74 ans,
j'ai employé mon bon sens -
10:21 - 10:23et je le ferai aujourd'hui aussi.
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10:23 - 10:26Est-ce votre dernier mot ?
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10:26 - 10:30Oui.
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10:30 - 10:32Mais j'aurais encore
beaucoup à dire -
10:32 - 10:35sur les vieux égoïstes
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10:35 - 10:40qui oublient un dévouement
de plus de 40 années. -
10:40 - 10:43Incroyable !
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10:43 - 10:48Me suis-je laissé
commander tant d'années ? -
10:48 - 10:52Je peux partir demain.
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10:52 - 10:54Je prends l'auto
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10:54 - 11:03et vous faites
comme vous l'entendez. -
11:03 - 11:06Je ne suis plus un enfant
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11:06 - 11:13et je me passe de vos ordres.
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11:13 - 11:19Personne ne fait
les bagages comme vous. -
11:19 - 11:21Vieux grognon !
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11:21 - 11:26- Voulez-vous deux œufs ?
- Oui, si vous voulez bien. -
11:26 - 11:30Merci.
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11:30 - 11:34"Docteur jubilaire" !
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11:34 - 11:41Pourquoi pas "idiot jubilaire" ?
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11:41 - 11:44Je lui rapporterai quelque chose...
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11:44 - 11:47J'ai horreur des gens rancuniers
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11:47 - 11:49et moi qui ne ferais
pas de mal à une mouche -
11:49 - 11:52et encore moins à Agda.
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11:52 - 11:54Du pain grillé ?
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11:54 - 11:56Ne prenez pas cette peine.
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11:56 - 12:04Pourquoi est-il fâché ?
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12:04 - 12:07Vous ne désirez rien ?
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12:07 - 12:12Non, merci.
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12:12 - 12:15Bonjour, oncle Isaac.
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12:15 - 12:18Ma chère bru, de si bon matin ?
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12:18 - 12:22Qui pourrait dormir
au son de vos disputes ? -
12:22 - 12:24Quelles disputes ?
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12:24 - 12:27Non. Rien.
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12:27 - 12:29Vous allez à Lund en auto ?
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12:29 - 12:31Oui.
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12:31 - 12:33Puis-je vous accompagner ?
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12:33 - 12:34Tu veux rentrer ?
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12:34 - 12:37Oui, je rentre.
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12:37 - 12:38Retrouver Evald ?
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12:38 - 12:43Si j'avais de l'argent,
je prendrais le train. -
12:43 - 12:45Viens donc, si tu veux.
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12:45 - 13:19Je serai prête dans 10 minutes.
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13:19 - 13:23Je t'en prie,
la fumée m'incommode. -
13:23 - 13:24J'avais oublié.
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13:24 - 13:29Une loi devrait interdire
aux femmes de fumer. -
13:29 - 13:30Beau temps.
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13:30 - 13:34Oui... mais il fait lourd.
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13:34 - 13:37- Il va y avoir de l'orage.
- Je le crois aussi. -
13:37 - 13:40Je préfère le cigare,
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13:40 - 13:42c'est un vice d'homme.
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13:42 - 13:45Quels vices
y a-t-il pour une femme ? -
13:45 - 13:48Pleurer, enfanter
et dire du mal d'autrui. -
13:48 - 13:51Quel âge avez-vous vraiment ?
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13:51 - 13:52Pourquoi cette question ?
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13:52 - 13:54Pour rien. Pourquoi ?
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13:54 - 13:57Tu fais de l'ironie ?
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13:57 - 14:01Je vous en prie.
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14:01 - 14:05Ne fais pas semblant.
Tu ne m'as jamais supporté. -
14:05 - 14:08Je ne vous connais
qu'en tant que beau-père. -
14:08 - 14:09Pourquoi rentres-tu ?
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14:09 - 14:11Une idée, comme ça.
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14:11 - 14:13Il se fait qu'Evald est mon fils.
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14:13 - 14:15Bien sûr...
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14:15 - 14:18Lui comme moi,
nous avons des principes. -
14:18 - 14:20Comme si je ne le savais pas !
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14:20 - 14:24- Cet emprunt, par exemple...
- Je sais. -
14:24 - 14:26C'est une question d'honneur
pour lui, -
14:26 - 14:30que de rembourser, etc.
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14:30 - 14:32Ce qui est dit est dit.
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14:32 - 14:37Nous ne sommes jamais libres
et votre fils se tue au travail. -
14:37 - 14:39Tu as tes propres revenus.
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14:39 - 14:43Et vous, vous êtes riche
comme Crésus. -
14:43 - 14:45Evald me remboursera,
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14:45 - 14:49car il me respecte.
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14:49 - 15:01Peut-être,
mais il vous hait aussi. -
15:01 - 15:05Que me reproches-tu ?
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15:05 - 15:09- Puis-je être franche ?
- Oui, je t'écoute. -
15:09 - 15:13Vous n'êtes qu'un vieil égoïste,
sans le moindre égard pour autrui, -
15:13 - 15:17qui n'écoute que lui-même,
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15:17 - 15:20mais qui camoufle tout cela
par ses bonnes manières -
15:20 - 15:22et son charme.
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15:22 - 15:25Vous êtes un égoïste
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15:25 - 15:28sous votre masque de philanthrope.
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15:28 - 15:34Mais nous vous connaissons.
Impossible de nous duper ! -
15:34 - 15:39En venant chez vous
il y a un mois, -
15:39 - 15:42j'espérais que vous nous aideriez
si j'habitais auprès de vous. -
15:42 - 15:47Je vous ai demandé de pouvoir
rester quelques semaines. -
15:47 - 15:51Je t'ai dit que je t'accueillais
volontiers sous mon toit. -
15:51 - 15:55Vous m'avez dit ceci :
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15:55 - 15:59"Ne viens pas à moi
avec vos querelles de ménage." -
15:59 - 16:03"Cela ne regarde que vous."
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16:03 - 16:06- Ai-je dit cela ?
- Plus que cela. -
16:06 - 16:08Vraiment ?
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16:08 - 16:10Exactement :
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16:10 - 16:12"Les douleurs de l'âme
me laissent froid." -
16:12 - 16:15"Ne viens pas te plaindre à moi."
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16:15 - 16:17"Veux-tu de l'onanisme psychique,"
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16:17 - 16:20"va voir un charlatan"
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16:20 - 16:23"ou un prêtre, c'est à la mode."
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16:23 - 16:26Ai-je dit cela ?
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16:26 - 16:29Vous êtes absolu
dans vos jugements. -
16:29 - 16:36Dépendre de vous,
terrible perspective ! -
16:36 - 16:40J'ai été heureux de t'avoir ici.
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16:40 - 16:42Comme un petit chat !
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16:42 - 16:46Chat ou créature humaine,
tu es une femme bien. -
16:46 - 16:49Dommage que tu ne m'aimes pas !
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16:49 - 16:52Je n'ai rien contre vous.
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16:52 - 16:53J'ai pitié de vous.
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16:53 - 16:58Pitié ?
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16:58 - 17:02Je voudrais te raconter un rêve...
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17:02 - 17:06Les rêves ne m'intéressent pas.
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17:06 - 17:21Non, bien sûr.
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17:21 - 17:23Où est-ce qu'on va ?
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17:23 - 17:57Je vais te montrer quelque chose.
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17:57 - 18:02Nous habitions ici chaque été
jusqu'à ma vingtième année. -
18:02 - 18:08Nous étions dix frères et sœurs.
ça, tu le sais peut-être. -
18:08 - 18:09Est-ce encore habité ?
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18:09 - 18:15Pas cet été.
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18:15 - 18:31Je vais me baigner,
comme nous avons le temps. -
18:31 - 18:46Le coin aux fraises des bois !
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18:46 - 18:50Me voilà devenu sentimental
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18:50 - 18:53ou peut-être un peu fatigué.
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18:53 - 18:57Je me sentais un peu mélancolique.
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18:57 - 18:59Mais il n'est pas exclu
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18:59 - 19:03que ces lieux, tout sonores encore
des échos de ma jeunesse, -
19:03 - 19:07m'aient évoqué des souvenirs
de cette époque. -
19:07 - 19:11Je ne sais comment cela est arrivé,
-
19:11 - 19:15mais la claire réalité
du jour a glissé -
19:15 - 19:19vers les images
plus claires encore du souvenir. -
19:19 - 19:21Et ces images
se présentèrent à mes yeux -
19:21 - 19:40avec l'intensité
d'événements réels. -
19:40 - 19:44Sara !
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19:44 - 19:47Sara !
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19:47 - 19:50Je suis ton cousin Isaac.
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19:50 - 19:53Je suis vieux, c'est sûr.
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19:53 - 19:56J'ai certainement changé aussi.
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19:56 - 20:07Mais toi, tu n'as pas changé.
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20:07 - 20:10Que fais-tu, chère cousine ?
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20:10 - 20:13Je cueille des fraises des bois.
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20:13 - 20:16À qui les destines-tu
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20:16 - 20:20ces fruits cueillis
de ta gracieuse main ? -
20:20 - 20:23C'est la fête de l'oncle Aaron.
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20:23 - 20:25Moi, j'ai oublié
de lui faire un cadeau. -
20:25 - 20:28Alors je lui donnerai
un panier de fraises. -
20:28 - 20:29Je vais t'aider.
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20:29 - 20:31Sigbritt et Charlotte
ont fait une tapisserie. -
20:31 - 20:33Angelica, un gâteau
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20:33 - 20:35et Anna fait un tableau.
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20:35 - 20:37Les jumelles
lui chanteront une chanson. -
20:37 - 20:40Mais l'oncle
est sourd comme un pot ! -
20:40 - 20:43Il en sera très content, idiot !
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20:43 - 20:48Tu as un bien joli cou.
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20:48 - 20:49Tu sais qu'il ne faut pas.
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20:49 - 20:50Qui a dit ça ?
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20:50 - 20:52Moi, je le dis.
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20:52 - 20:56D'ailleurs, tu es un ennuyeux
petit monsieur. -
20:56 - 20:59Je suis ton cousin et tu m'aimes.
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20:59 - 21:02Toi ?
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21:02 - 21:05Viens, et que je t'embrasse.
-
21:05 - 21:06Je dirai à Isaac
-
21:06 - 21:09que tu cherches toujours
à m'embrasser. -
21:09 - 21:13Pauvre Isaac !
J'en fais mon affaire ! -
21:13 - 21:15Nous sommes secrètement fiancés.
-
21:15 - 21:19Si secrètement
que tout le monde le sait. -
21:19 - 21:22Est-ce ma faute si les jumelles
ne tiennent pas leur langue ? -
21:22 - 21:27Quand vous mariez-vous ?
Quand ? -
21:27 - 21:32Je me demande qui est
le moins hautain de vous quatre. -
21:32 - 21:36Isaac est en tout cas
le plus gentil -
21:36 - 21:40et toi le plus méchant,
le plus ridicule -
21:40 - 21:43et le plus sot.
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21:43 - 21:46Avoue que tu as un faible
pour moi. -
21:46 - 21:49Tu sens toujours le cigare.
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21:49 - 21:52C'est une odeur masculine.
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21:52 - 21:56Et les jumelles,
qui savent tout, -
21:56 - 22:01disent que tu fréquentes
la fille des Berglund. -
22:01 - 22:06Une fille vulgaire,
disent les jumelles, et c'est vrai. -
22:06 - 22:09Que tu es belle quand tu rougis.
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22:09 - 22:13Embrasse-moi, je n'en puis plus.
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22:13 - 22:17Je suis terriblement amoureux de toi
quand j'y réfléchis. -
22:17 - 22:21Que tu dis !
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22:21 - 22:24Les jumelles disent
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22:24 - 22:27que tu es fou des filles.
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22:27 - 22:38C'est vrai ?
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22:38 - 22:42Regarde toutes ces fraises !
-
22:42 - 22:47Que va dire Isaac,
lui qui m'aime vraiment ? -
22:47 - 22:49Comme je suis triste !
-
22:49 - 22:53Tu m'as fait du mal.
-
22:53 - 22:58Tu as fait de moi une fille perdue,
ou presque. -
22:58 - 22:59Je ne veux plus te voir.
-
22:59 - 23:01Du moins pas avant le déjeuner.
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23:01 - 23:06Il faut que je me dépêche,
aide-moi à ramasser les fraises ! -
23:06 - 23:37Regarde, j'ai taché mon tablier.
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23:37 - 23:41Où est Isaac ?
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23:41 - 23:43Papa et lui sont à la pêche
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23:43 - 23:45et n'entendront pas le gong.
-
23:45 - 23:47Papa a dit de ne pas attendre.
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23:47 - 24:53Oui, papa a dit ça,
je me souviens très bien. -
24:53 - 24:56Benjamin, va te laver les mains
immédiatement. -
24:56 - 24:59Quand est-ce que tu vas
apprendre la propreté ? -
24:59 - 25:01C'est déjà fait.
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25:01 - 25:05Sigbritt,
passe le pain à Angelica. -
25:05 - 25:09Tes ongles sont sales !
-
25:09 - 25:12Hagbart, du pain, s'il te plaît.
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25:12 - 25:15Ne prends pas tant de beurre.
-
25:15 - 25:17Charlotte,
-
25:17 - 25:19le sel est en morceaux.
-
25:19 - 25:21Tu l'as laissé à l'humidité.
-
25:21 - 25:25C'est de la peinture
sous mes ongles ! -
25:25 - 25:26Qui m'a cueilli des fraises ?
-
25:26 - 25:29C'est moi.
-
25:29 - 25:30C'est moi.
-
25:30 - 25:34Parle plus fort.
L'oncle entend mal. -
25:34 - 25:36C'est moi !
-
25:36 - 25:40C'est gentil d'avoir pensé à moi.
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25:40 - 25:43Je te suis reconnaissant.
-
25:43 - 25:47L'oncle a bien droit
à un petit verre aujourd'hui. -
25:47 - 25:51Jamais quand papa n'est pas là !
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25:51 - 25:54Il en a déjà pris trois.
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25:54 - 25:58Nous l'avons vu
en allant nous baigner. -
25:58 - 26:00Vous m'avez aussi cueilli
des fraises ? Merci. -
26:00 - 26:04Silence, les jumelles !
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26:04 - 26:09Vous n'avez pas fait vos lits.
Vous polirez donc l'argenterie. -
26:09 - 26:12Pas de réplique !
-
26:12 - 26:14Benjamin,
ne ronge pas tes ongles. -
26:14 - 26:16Que fais-tu, Anna ?
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26:16 - 26:18Tu n'es plus une petite fille.
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26:18 - 26:23Je voulais offrir
le tableau à l'oncle. -
26:23 - 26:24Où est ton cadeau ?
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26:24 - 26:27Après le déjeuner.
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26:27 - 26:32Oh ! Une œuvre d'avant-garde !
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26:32 - 26:36Mais lequel des deux est l'homme ?
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26:36 - 26:39Que faisaient donc Sara et Sigfrid
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26:39 - 26:41au coin des fraises ?
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26:41 - 26:42On les a vus
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26:42 - 26:44de la cabine de bain !
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26:44 - 26:46On devrait leur coudre la bouche.
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26:46 - 26:49Silence ou sortez !
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26:49 - 26:50Et la liberté d'expression ?
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26:50 - 26:52Ferme-la, chenapan !
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26:52 - 26:57Sara rougit ! Sara rougit !
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26:57 - 27:00Sigfrid et Sara ! Sigfrid et Sara !
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27:00 - 27:05Silence à table !
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27:05 - 27:07Mais Sara...
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27:07 - 27:33Elles mentent, elles mentent !
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27:33 - 27:37Isaac est si bien.
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27:37 - 27:40Il est tellement bien,
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27:40 - 27:44et moral et si délicat.
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27:44 - 27:48Il veut que nous disions
ensemble des vers -
27:48 - 27:51et que nous parlions
sur la vie et la mort, -
27:51 - 27:55que nous jouions à quatre mains
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27:55 - 27:59et il ne veut m'embrasser
que dans le noir. -
27:59 - 28:02Il me parle du péché,
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28:02 - 28:06et il est très digne.
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28:06 - 28:10Et moi, je me sens si indigne
-
28:10 - 28:17et je le suis aussi sans doute.
-
28:17 - 28:20Parfois, je me sens
plus âgée qu'Isaac. -
28:20 - 28:23Tu me comprends ?
-
28:23 - 28:25Je le trouve bébé
-
28:25 - 28:28et pourtant,
nous sommes du même âge. -
28:28 - 28:32Sigfrid est si hardi et troublant !
-
28:32 - 28:34Je veux repartir.
-
28:34 - 28:40Je ne veux pas être tout l'été
tournée en ridicule. -
28:40 - 28:43Je vais parler avec Sigfrid.
-
28:43 - 28:46S'il ne se tient pas tranquille,
-
28:46 - 28:48papa lui donnera
des devoirs de vacances. -
28:48 - 28:51Il trouve aussi
que Sigfrid doit travailler. -
28:51 - 28:55Pauvre Isaac,
il est si bon avec moi. -
28:55 - 28:59Comme tout est injuste !
-
28:59 - 29:03Tout s'arrangera.
-
29:03 - 29:06Elles chantent pour l'oncle.
-
29:06 - 29:09C'est vraiment ridicule,
-
29:09 - 29:11chanter pour un vieux sourd,
-
29:11 - 29:35cela ressemble aux jumelles.
-
29:35 - 29:50Un ban pour l'oncle Aaron !
-
29:50 - 29:54Je vais au devant
d'Isaac et son père. -
29:54 - 29:57Soudain, un sentiment de vide
-
29:57 - 30:00et de tristesse m'envahit.
-
30:00 - 30:05Je fus tiré de mes rêves
par une jeune fille -
30:05 - 30:08qui me demandait quelque chose.
-
30:08 - 30:10Est-ce ta maison ?
-
30:10 - 30:12Non.
-
30:12 - 30:14Tu as dit vrai
-
30:14 - 30:17car tout appartient à papa.
-
30:17 - 30:23J'ai habité ici
il y a deux cents ans. -
30:23 - 30:25C'est là-haut ta carriole ?
-
30:25 - 30:26Oui, c'est à moi.
-
30:26 - 30:28Elle a l'air antique.
-
30:28 - 30:31Antique comme son propriétaire.
-
30:31 - 30:35Quelle ironie ! C'est formidable !
-
30:35 - 30:38Où vas-tu ?
-
30:38 - 30:39À Lund.
-
30:39 - 30:42Parfait ! Moi, en Italie.
-
30:42 - 30:45Quel bonheur !
-
30:45 - 30:47Je m'appelle Sara.
Idiot, n'est-ce pas ? -
30:47 - 30:50Je m'appelle Isaac,
c'est aussi idiot. -
30:50 - 30:52Ceux-là n'étaient-ils pas mariés ?
-
30:52 - 30:56Hélas, non !
Abraham et Sara l'étaient. -
30:56 - 30:58On les met ?
-
30:58 - 31:01Il y a une dame avec moi.
-
31:01 - 31:04Marianne, voici Sara.
-
31:04 - 31:06Elle nous accompagne à Lund.
-
31:06 - 31:10Sara va en Italie. Elle va
nous accompagner jusqu'à Lund. -
31:10 - 31:14Toujours ironique...
Mais ça te va bien. -
31:14 - 31:20En route !
-
31:20 - 31:24Hop, les gars !
On part pour l'Italie ! -
31:24 - 31:27Voici Anders et Victor.
-
31:27 - 31:31Le père Isaac.
-
31:31 - 31:38La poupée que vous lorgnez
s'appelle Marianne. -
31:38 - 31:40Quelle arche de Noé !
-
31:40 - 31:42Nous aurons de la place.
-
31:42 - 32:00Les bagages derrière,
si vous voulez bien. -
32:00 - 32:02Il faut que je vous avoue...
-
32:02 - 32:04Anders est mon ami fidèle.
-
32:04 - 32:07Nous nous aimons à la passion.
-
32:07 - 32:10Victor nous chaperonne.
Ordre du paternel. -
32:10 - 32:13Victor m'aime aussi.
-
32:13 - 32:15Il surveille Anders
comme un fou. -
32:15 - 32:18Papa est un vrai stratège.
-
32:18 - 32:23Il me faut séduire Victor
pour m'en débarrasser ! -
32:23 - 32:27Je suis vierge, voilà pourquoi
je suis si mal embouchée. -
32:27 - 32:29Je fume la pipe.
-
32:29 - 32:31C'est sain à en croire Victor.
-
32:31 - 32:36Il s'intéresse à la santé.
-
32:36 - 32:40Un amour de ma jeunesse
s'appelait Sara. -
32:40 - 32:41Je lui ressemble ?
-
32:41 - 32:44Beaucoup, en fait.
-
32:44 - 32:46Qu'est-elle devenue ?
-
32:46 - 32:50Elle a épousé mon frère Sigfrid :
ils ont six enfants. -
32:50 - 32:54Elle a maintenant 75 ans.
-
32:54 - 32:57C'est dégueulasse de vieillir !
-
32:57 - 32:59Oh, pardon.
-
32:59 - 33:43Je viens de faire une gaffe !
-
33:43 - 33:45Ça va ?
-
33:45 - 33:48On n'a pas d'excuse.
Tout est notre faute. -
33:48 - 33:52C'est ma femme qui conduisait.
Pas de blessés ? -
33:52 - 33:54Tant mieux.
-
33:54 - 33:57Les assassins se présentent.
Alman, ingénieur -
33:57 - 34:00à la S.E.W.
-
34:00 - 34:02Ma femme Bérit.
-
34:02 - 34:06Une ancienne actrice. On était
justement en train d'en parler. -
34:06 - 34:08Bérit, viens t'excuser.
-
34:08 - 34:10Je vous demande pardon.
-
34:10 - 34:13C'est de ma faute, entièrement.
-
34:13 - 34:14J'allais le gifler
-
34:14 - 34:16quand est venu le tournant.
-
34:16 - 34:19Punition divine,
-
34:19 - 34:21n'est-ce pas, Sten,
toi qui es catholique ? -
34:21 - 34:24Remettons votre voiture
sur ses roues. -
34:24 - 34:25Ne vous en donnez pas la peine.
-
34:25 - 34:30Tais-toi. Il y a des gens
qui sont désintéressés, -
34:30 - 34:33quoi que tu en dises.
-
34:33 - 34:39Ma femme a reçu un choc.
-
34:39 - 34:41Admirez donc monsieur l'ingénieur
-
34:41 - 34:44comme il fait le costaud
devant les jeunes. -
34:44 - 34:55Comme il fait des effets de muscles
devant la belle ! -
34:55 - 34:56Fais attention, mon chéri,
-
34:56 - 35:01tu vas avoir
une hémorragie cérébrale ! -
35:01 - 35:03Elle adore me tourner en ridicule.
-
35:03 - 36:07Je la laisse faire,
excellente psychothérapie. -
36:07 - 36:12Je ne sais jamais
si elle pleure ou joue la comédie. -
36:12 - 36:17Mon Dieu ! Ma parole,
elle pleure pour de bon ! -
36:17 - 36:20Elle a cru sa dernière heure venue.
-
36:20 - 36:22Tais-toi !
-
36:22 - 36:25Ma femme a une énorme faculté
de suggestion. -
36:25 - 36:29Deux ans durant, elle m'a fait
croire qu'elle avait un cancer. -
36:29 - 36:32Elle nous a tous empoisonnés
avec ses soi-disant symptômes. -
36:32 - 36:35Même les médecins
ne trouvaient rien ! -
36:35 - 36:41À la fin, nous te croyions
plus que les médecins. -
36:41 - 36:43Votre émoi est compréhensible
-
36:43 - 36:46mais laissez donc
votre femme en paix. -
36:46 - 36:52Ne touchez pas aux larmes
des femmes : elles sont sacrées. -
36:52 - 36:55Vous, vous êtes belle,
mademoiselle, -
36:55 - 36:58vous pouvez donc vous payer
le luxe de la défendre. -
36:58 - 37:02J'en ai pitié pour diverses raisons.
-
37:02 - 37:04Très sarcastique
-
37:04 - 37:07et pourtant
vous ne semblez pas hystérique ! -
37:07 - 37:11Mais Bérit l'est.
Elle est très hystérique. -
37:11 - 37:12Savez-vous
-
37:12 - 37:13ce que cela veut dire ?
-
37:13 - 37:15Vous êtes bien catholique ?
-
37:15 - 37:17C'est ce qui m'aide à la supporter.
-
37:17 - 37:19Je la ridiculise
et elle me le rend bien. -
37:19 - 37:22Elle a son hystérie
et moi mon catholicisme. -
37:22 - 37:25Vous comprenez,
nous avons besoin l'un de l'autre. -
37:25 - 37:38Pur égoïsme que nous
ne nous soyons pas déjà entretués. -
37:38 - 37:40Ça y est !
-
37:40 - 37:45Une syncope, n'est-ce pas ?
-
37:45 - 37:51Très drôle.
-
37:51 - 37:54Avec un chronomètre, j'aurais pu
prévoir la crise à la minute ! -
37:54 - 38:03Ta gueule ! Tais-toi !
-
38:03 - 38:07Ceci est peut-être le comble
de la libération des complexes, -
38:07 - 38:09mais à cause des enfants,
-
38:09 - 38:20je vous prie de descendre.
-
38:20 - 38:52Pardonnez-nous, si vous le pouvez.
-
38:52 - 38:56Je revis cette contrée
avec des sentiments divers. -
38:56 - 38:59J'y ai débuté comme médecin
-
38:59 - 39:02et ma vieille mère y habite encore
-
39:02 - 39:13une grande maison
dans les environs. -
39:13 - 39:16Bonjour docteur.
-
39:16 - 39:19Vous voilà sur la grand-route ?
-
39:19 - 39:20Le plein, je suppose ?
-
39:20 - 39:25Vous avez la clé du réservoir ?
-
39:25 - 39:29Eva, viens donc !
-
39:29 - 39:33C'est le docteur Borg en personne !
-
39:33 - 39:37Papa et maman
parlent encore de lui. -
39:37 - 39:41Le meilleur médecin du monde !
-
39:41 - 39:44Appelons notre rejeton comme lui.
-
39:44 - 39:48Isaac Ackerman... ça sonnerait bien
pour un président du Conseil ! -
39:48 - 39:51- Et si c'est une fille ?
- Nous ne faisons que des garçons. -
39:51 - 39:59Je vérifie l'eau et l'huile ?
-
39:59 - 40:02Votre père va bien malgré son dos ?
-
40:02 - 40:05Il vieillit
-
40:05 - 40:09mais maman
est toujours aussi allante. -
40:09 - 40:13Vous allez voir votre maman ?
-
40:13 - 40:16Elle est étonnante pour ses 95 ans.
-
40:16 - 40:21- 96.
- C'est pas vrai ! -
40:21 - 40:23Combien vous dois-je ?
-
40:23 - 40:25Laissez donc.
-
40:25 - 40:29Vous nous blesseriez, docteur.
Nous aussi, on peut être généreux. -
40:29 - 40:33Mais pourquoi payer mon essence ?
-
40:33 - 40:34J'apprécie.
-
40:34 - 40:38Il y a des choses
qu'on ne peut payer -
40:38 - 40:40pas même avec de l'essence.
-
40:40 - 40:42Nous n'oublions pas.
-
40:42 - 40:44Demandez aux gens d'ici...
-
40:44 - 40:46Ils se souviennent tous de vous
-
40:46 - 40:50et de ce que vous avez fait
pour eux. -
40:50 - 40:54J'aurais dû rester.
-
40:54 - 40:58Je ne comprends pas.
-
40:58 - 41:01Vous avez dit
que vous auriez dû rester ici. -
41:01 - 41:04Peut-être bien.
-
41:04 - 41:08En tout cas, merci !
-
41:08 - 41:12Je serai le parrain du garçon.
-
41:12 - 41:34Vous savez où me trouver.
-
41:34 - 41:37Au déjeuner, me sentant en forme,
-
41:37 - 41:39je racontai
-
41:39 - 41:44mes années de jeune médecin.
-
41:44 - 41:46J'eus un certain succès.
-
41:46 - 41:51Je ne pense pas qu'ils ne riaient
que par politesse. -
41:51 - 41:58J'ai pris du vin,
puis au dessert, du porto. -
41:58 - 42:04Quand tant de beauté
partout se montre -
42:04 - 42:08Combien belle
doit en être la source -
42:08 - 42:10Il veut être prêtre,
et Victor médecin. -
42:10 - 42:14Ton lyrisme viole nos conventions
-
42:14 - 42:16de ne pas parler de Dieu.
-
42:16 - 42:18C'était beau pourtant.
-
42:18 - 42:22Comment un homme moderne
peut-il se faire prêtre ? -
42:22 - 42:26Toi et ton rationalisme desséché !
-
42:26 - 42:28J'estime que l'homme moderne...
-
42:28 - 42:30J'estime que...
-
42:30 - 42:33... croit en lui-même
-
42:33 - 42:35et en sa mort biologique.
-
42:35 - 42:37Le reste est absurde.
-
42:37 - 42:40L'homme moderne
est de ton invention. -
42:40 - 42:43L'homme voit la mort
avec angoisse. -
42:43 - 42:47Religion pour le peuple :
opium pour les membres souffrants. -
42:47 - 42:51Ne sont-ils pas adorables ?
-
42:51 - 42:54Avant, tu croyais au père Noël,
maintenant tu crois en Dieu. -
42:54 - 42:57Tu n'as jamais eu d'imagination.
-
42:57 - 43:01Qu'en pensez-vous, professeur ?
-
43:01 - 43:05Vous m'écouteriez
avec une indulgente ironie, -
43:05 - 43:07c'est pourquoi je me tais.
-
43:07 - 43:09Ne seraient-ils pas
malheureux, alors ? -
43:09 - 43:14Non, très heureux au contraire.
-
43:14 - 43:18"où est l'ami
que partout je cherche ?" -
43:18 - 43:23"Dés le jour naissant,
mon désir ne fait que croître." -
43:23 - 43:27"Quand le jour s'achève..."
-
43:27 - 43:31"Quand le jour s'achève,
je ne l'ai pas trouvé encore." -
43:31 - 43:34"Mon cœur s'enflamme,
je vois ses traces..." -
43:34 - 43:38Êtes-vous croyant, professeur ?
-
43:38 - 43:43"Je sais qu'il est présent partout
où la sève monte de la terre," -
43:43 - 43:52"là où fleurissent les fleurs."
-
43:52 - 43:55"L'air que je respire
de son amour est plein." -
43:55 - 44:01"Dans le vent d'été,
j'entends sa voix." -
44:01 - 44:04Pas mal, comme poème d'amour !
-
44:04 - 44:10Me voilà devenue
solennelle sans raison. -
44:10 - 44:14Je vais voir ma mère
et serai bientôt de retour. -
44:14 - 44:18- Puis-je venir ?
- Oui, bien sûr. -
44:18 - 44:28Au revoir, les jeunes.
-
44:28 - 44:37Voilà l'orage.
-
44:37 - 44:41Je t'ai envoyé un télégramme
pour te dire que je pense à toi -
44:41 - 44:45en l'honneur de ce grand jour
-
44:45 - 44:47et te voilà !
-
44:47 - 44:52On a parfois
ses moments lumineux. -
44:52 - 44:55Est-ce ta femme ?
-
44:55 - 44:58Je ne veux pas la voir.
-
44:58 - 45:01Elle nous en a trop fait.
-
45:01 - 45:03Mais non, mère,
ce n'est pas Karine, -
45:03 - 45:05c'est la femme d'Evald,
-
45:05 - 45:08c'est ma belle-fille Marianne.
-
45:08 - 45:15Qu'elle vienne me dire bonjour.
-
45:15 - 45:18Pourquoi tous ces voyages ?
-
45:18 - 45:20J'étais à Stockholm.
-
45:20 - 45:24Pourquoi n'es-tu pas
auprès d'Evald et de ton enfant ? -
45:24 - 45:27Nous n'avons pas d'enfant.
-
45:27 - 45:31Les jeunes d'aujourd'hui
sont curieux. -
45:31 - 45:34J'ai mis, moi,
dix enfants au monde ! -
45:34 - 45:36Marianne, voudrais-tu
être très gentille ? -
45:36 - 45:41Va chercher la boîte.
-
45:41 - 45:45Ma mère habitait déjà cette maison.
-
45:45 - 45:48Vous veniez souvent la voir.
T'en souviens-tu ? -
45:48 - 45:50Mais, très bien.
-
45:50 - 45:54Voici encore
certains de vos jouets. -
45:54 - 45:59Je ne sais plus
à qui ils appartiennent. -
45:59 - 46:02Dix enfants.
Tous morts. Sauf Isaac. -
46:02 - 46:05Vingt petits-enfants.
Personne ne me rend visite, -
46:05 - 46:11sauf Evald
qui vient de temps à autre. -
46:11 - 46:14Quinze arrière-petits-enfants
que je n'ai jamais vus. -
46:14 - 46:20Tous reçoivent des cadeaux
pour leur anniversaire. -
46:20 - 46:23Je reçois des lettres
de remerciements, -
46:23 - 46:25mais pas de visite.
-
46:25 - 46:29À moins qu'ils n'aient
besoin d'argent. -
46:29 - 46:32Oui, je sais, je suis ennuyeuse.
-
46:32 - 46:34Ne le prends pas comme cela, mère.
-
46:34 - 46:39J'ai encore un autre défaut :
je ne meurs pas. -
46:39 - 46:43L'héritage sur lequel comptent
de raisonnables jeunes gens -
46:43 - 46:46se fait attendre trop longtemps.
-
46:46 - 46:50C'était la poupée de Sigbritt.
-
46:50 - 46:53Elle l'a eue
le jour de ses huit ans. -
46:53 - 46:56C'est moi qui ai fait cette robe,
-
46:56 - 47:00mais elle ne lui plaisait pas,
alors c'est Charlotte qui l'a eue. -
47:00 - 47:05Je me la rappelle si bien.
-
47:05 - 47:11Tu reconnais ?
Sigfrid et toi, 3 et 5 ans. -
47:11 - 47:17Et moi ! Quel air on avait
dans ce temps-là ! -
47:17 - 47:19Puis-je avoir cette photo ?
-
47:19 - 47:22Bien sûr. ça n'a aucune valeur.
-
47:22 - 47:26Et cet album de peinture,
je ne sais plus à qui il est. -
47:26 - 47:30Est-ce celui d'Anna ou d'Angelica ?
Je ne sais plus, -
47:30 - 47:33elles ont toutes
inscrit leur nom dessus. -
47:33 - 47:35Christina a écrit :
-
47:35 - 47:41"J'aime papa
plus que tout au monde". -
47:41 - 47:47Et Birgitta a rajouté :
"Je vais épouser papa". -
47:47 - 47:52C'est pas drôle ?
J'ai bien ri quand j'ai vu ça. -
47:52 - 47:54Ne fait-il pas froid ici ?
-
47:54 - 47:56Le feu ne chauffe guère.
-
47:56 - 47:59Non, pas spécialement.
-
47:59 - 48:04J'ai eu froid toute ma vie.
D'où cela vient-il, docteur ? -
48:04 - 48:06Surtout au ventre.
-
48:06 - 48:09Trop peu de tension.
-
48:09 - 48:12Je vais demander
qu'on nous prépare du thé. -
48:12 - 48:13Nous pourrions bavarder.
-
48:13 - 48:17Merci mère,
nous ne voulons pas te déranger. -
48:17 - 48:21Regarde ici.
-
48:21 - 48:23L'aîné de Sigfrid va bientôt
avoir 50 ans. -
48:23 - 48:27Je pensais lui offrir
la montre de père. -
48:27 - 48:40Les aiguilles sont parties.
-
48:40 - 48:42Je le revois encore
-
48:42 - 48:44dans son berceau
-
48:44 - 48:49sous l'ombrage d'un lilas.
-
48:49 - 48:53Maintenant il a 50 ans.
-
48:53 - 48:59Ta cousine Sara
s'occupait toujours de lui. -
48:59 - 49:02Elle a épousé Sigfrid,
ce bon à rien. -
49:02 - 49:08Partez maintenant
pour ne pas arriver en retard. -
49:08 - 49:13Merci d'être venu.
J'espère te revoir. -
49:13 - 49:41Bonjour à Evald. À bientôt !
-
49:41 - 49:44Où sont Anders et Victor ?
-
49:44 - 49:50Ils disputaient de Dieu
et s'arrachaient les yeux. -
49:50 - 49:53Anders a essayé de tordre
le bras à Victor. -
49:53 - 49:54Victor a répondu
-
49:54 - 49:57que c'était une piètre preuve
de l'existence de Dieu. -
49:57 - 50:01Je leur ai dit :
"occupez-vous plutôt de moi". -
50:01 - 50:05Il m'ont priée de me taire.
C'était une question de principe. -
50:05 - 50:06Alors je suis partie.
-
50:06 - 50:09Puis ce fut la bagarre.
-
50:09 - 50:12Leurs sentiments profonds
étaient blessés. -
50:12 - 50:13Alors ils vont se battre.
-
50:13 - 50:14Où sont-ils maintenant ?
-
50:14 - 50:20Là-bas.
-
50:20 - 50:22Je vais voir.
-
50:22 - 50:24Lequel des deux te plaît le plus ?
-
50:24 - 50:26Et à toi ?
-
50:26 - 50:29Sais pas.
Anders veut devenir pasteur. -
50:29 - 50:32Il est pourtant mignon.
-
50:32 - 50:35Mais, femme de pasteur...
-
50:35 - 50:37Victor est sympa,
d'une autre manière. -
50:37 - 50:39Victor ira loin, sûrement.
-
50:39 - 50:41Explique-toi, Sara.
-
50:41 - 50:43Les docteurs gagnent plus d'argent.
-
50:43 - 50:46Les pasteurs, ça fait antique.
-
50:46 - 50:50Mais il a de belles jambes
et une jolie nuque. -
50:50 - 51:05Comment peut-on croire en Dieu ?
-
51:05 - 51:31Alors, Dieu existe ?
-
51:31 - 51:32Je me suis endormi.
-
51:32 - 51:36Dans mon sommeil,
j'étais obsédé de rêves -
51:36 - 51:42et d'images qui me parurent
très réels et humiliants. -
51:42 - 51:44Je ne peux pas nier
-
51:44 - 51:46que, dans ces visions oniriques,
-
51:46 - 51:49les images avaient
quelque chose de pénétrant. -
51:49 - 51:51Elles s'incrustaient
dans ma conscience -
51:51 - 52:04avec une insistance
presque insupportable. -
52:04 - 52:09T'es-tu vu dans la glace, Isaac ?
-
52:09 - 52:13Je vais te montrer
la tête que tu fais. -
52:13 - 52:17Terrifié et croulant,
tu es au bord de la tombe. -
52:17 - 52:21Moi, j'ai toute la vie devant moi.
-
52:21 - 52:24Je t'ai blessé.
-
52:24 - 52:27Non, tu ne m'as pas blessé.
-
52:27 - 52:30Mais si...
-
52:30 - 52:33puisque tu ne supportes pas
la vérité. -
52:33 - 52:35En fait, j'ai pris trop d'égards
-
52:35 - 52:38et c'est comme ça
qu'on devient cruelle -
52:38 - 52:41sans le vouloir.
-
52:41 - 52:44Je comprends.
-
52:44 - 52:49Non, tu ne comprends pas,
nous ne parlons pas la même langue. -
52:49 - 52:53Regarde encore une fois.
Non, ne te détourne pas. -
52:53 - 52:55Je regarde.
-
52:55 - 52:58Écoute :
-
52:58 - 53:02je vais épouser ton frère Sigfrid.
-
53:02 - 53:08Pour nous,
l'amour est presque un jeu. -
53:08 - 53:14Regarde ta tête !
Essaie de sourire. -
53:14 - 53:18Voilà. Maintenant tu souris.
-
53:18 - 53:21Ça fait si mal.
-
53:21 - 53:25En tant que professeur jubilaire,
tu devrais savoir pourquoi. -
53:25 - 53:28Mais tu ne le sais pas.
-
53:28 - 53:34Toi qui sais tant de choses,
en fait, tu ne sais rien. -
53:34 - 54:06Il faut que j'aille m'occuper
du bébé de Sigbritt. -
54:06 - 54:09Mon pauvre petit enfant.
-
54:09 - 54:13Il faut que tu dormes,
il est l'heure. -
54:13 - 54:16N'aie pas peur du vent
-
54:16 - 54:21ni des oiseaux,
des corneilles et des mouettes, -
54:21 - 54:25ni des vagues de la mer.
-
54:25 - 54:28Je suis là et te protège.
-
54:28 - 54:31Ne crains rien.
-
54:31 - 54:35Bientôt il va faire jour.
-
54:35 - 54:37Personne ne te fera de mal.
-
54:37 - 54:38Je suis là.
-
54:38 - 57:40Je te tiens dans mes bras.
-
57:40 - 58:47Entrez donc, professeur Borg.
-
58:47 - 58:57Asseyez-vous.
-
58:57 - 58:59Avez-vous votre carnet ?
-
58:59 - 59:01Bien entendu.
-
59:01 - 59:06Le voici.
-
59:06 - 59:21Voulez-vous me faire
l'expérience bactériologique ? -
59:21 - 59:27Il y a quelque chose qui ne va pas.
-
59:27 - 59:29Le microscope marche pourtant.
-
59:29 - 59:33Je ne vois rien.
-
59:33 - 59:50Lisez ce texte, voulez-vous.
-
59:50 - 59:53Que signifie-t-il ?
-
59:53 - 59:57Je ne le sais pas.
-
59:57 - 60:02Je suis médecin et non philologue.
-
60:02 - 60:04Alors, je vais vous dire,
professeur Borg. -
60:04 - 60:08Sur ce tableau est marqué
le premier devoir du médecin. -
60:08 - 60:12Au fond, savez-vous ce que c'est ?
-
60:12 - 60:16Oui. Laissez-moi réfléchir...
-
60:16 - 60:19Prenez votre temps.
-
60:19 - 60:26Le premier devoir du médecin,
le premier... -
60:26 - 60:28Je l'ai oublié.
-
60:28 - 60:31Le premier devoir du médecin,
-
60:31 - 60:33c'est de demander pardon.
-
60:33 - 60:48Naturellement,
je m'en souviens maintenant. -
60:48 - 60:51Vous êtes d'ailleurs coupable.
-
60:51 - 60:54Coupable ?
-
60:54 - 61:00Je note que vous n'avez pas
compris l'inculpation. -
61:00 - 61:03Est-ce grave ?
-
61:03 - 61:16Oui, malheureusement.
-
61:16 - 61:18J'ai le cœur fragile.
-
61:18 - 61:21Je suis un vieillard malade,
il faut m'épargner. -
61:21 - 61:23C'est évident, non ?
-
61:23 - 61:26Votre dossier n'en parle pas.
-
61:26 - 61:28Voulez-vous interrompre l'examen ?
-
61:28 - 61:37Non, non, je vous en supplie.
-
61:37 - 61:53Faites votre diagnostic.
-
61:53 - 62:17Mais la malade est décédée.
-
62:17 - 62:19Qu'écrivez-vous dans mon carnet ?
-
62:19 - 62:21Le verdict...
-
62:21 - 62:23Et c'est... ?
-
62:23 - 62:28Il sanctionne votre incompétence
-
62:28 - 62:32et des accusations de délits
apparemment minimes, -
62:32 - 62:34mais graves :
-
62:34 - 62:39froideur, égoïsme, dureté.
-
62:39 - 62:42Votre femme vous accuse.
-
62:42 - 62:44Vous allez être confronté avec elle.
-
62:44 - 62:46Mais ma femme est morte
depuis des années ! -
62:46 - 62:51Vous croyez que je plaisante ?
-
62:51 - 62:53Veuillez me suivre.
-
62:53 - 62:56Vous n'avez pas le choix.
-
62:56 - 65:10Venez.
-
65:10 - 65:14Beaucoup oublient
une femme morte depuis 30 ans, -
65:14 - 65:17quelques-uns
honorent une image pâlie. -
65:17 - 65:21Mais vous vous souvenez
de cette scène. -
65:21 - 65:23N'est-ce pas curieux ?
-
65:23 - 65:29Mardi, 1er mai 1917,
vous étiez à ce même endroit -
65:29 - 65:47et entendiez et voyiez
ce qu'ils disaient et faisaient. -
65:47 - 65:50J'avouerai tout à Isaac.
-
65:50 - 65:52Je sais fort bien ce qu'il dira :
-
65:52 - 65:57"Pauvre enfant,
tu me fais de la peine." -
65:57 - 66:01Comme s'il était Dieu le Père !
-
66:01 - 66:03Puis en pleurant je dirai :
-
66:03 - 66:07"N'as-tu donc
aucune pitié en ton cœur ?" -
66:07 - 66:12Et il dira : "Au contraire,
j'ai à ton égard une infinie pitié." -
66:12 - 66:15Et je pleurerai davantage.
Je lui demanderai pardon. -
66:15 - 66:17Il dira :
-
66:17 - 66:20"Mais tu n'as pas
à me demander pardon." -
66:20 - 66:24"Je n'ai rien à te pardonner."
-
66:24 - 66:29Mais il ne pense pas ce qu'il dit
-
66:29 - 66:33car il est toujours
complètement froid. -
66:33 - 66:37Puis, soudain,
il deviendra tendre -
66:37 - 66:41et je crierai : "Mais tu es fou !"
-
66:41 - 66:45"Ta fausse noblesse me dégoûte."
-
66:45 - 66:48Puis il voudra me donner
un calmant -
66:48 - 66:53et dira qu'il comprend tout.
-
66:53 - 66:57Je lui dirai :
"C'est ta faute si je suis ainsi !" -
66:57 - 67:03Il me regardera tristement
et dira que c'est sa faute. -
67:03 - 67:31Mais en fait, rien ne l'émeut
car il est complètement froid. -
67:31 - 67:32Où est-elle ?
-
67:32 - 67:35Vous le savez.
Elle est partie. -
67:35 - 67:38Ils sont tous partis.
Vous entendez le silence ? -
67:38 - 67:41Grâce à une simple opération,
professeur. -
67:41 - 67:43Un chef-d'œuvre chirurgical :
-
67:43 - 67:47pas de douleur, pas de sang !
-
67:47 - 67:50Oui, tout est silencieux.
-
67:50 - 67:54Une œuvre complète
à sa manière, professeur. -
67:54 - 67:55Et la punition ?
-
67:55 - 67:59Je ne sais pas.
Toujours la même, j'imagine. -
67:59 - 68:01Toujours la même ?
-
68:01 - 68:03Oui, bien sûr : la solitude.
-
68:03 - 68:05La solitude ?
-
68:05 - 68:08Parfaitement.
-
68:08 - 68:10N'y a-t-il pas de grâce ?
-
68:10 - 68:33Ne me le demandez pas.
Je n'en sais rien. -
68:33 - 68:35Qu'est-ce qu'il y a ?
-
68:35 - 68:39Les enfants voulaient
se dégourdir les jambes. -
68:39 - 68:41Il pleut encore.
-
68:41 - 68:47J'ai parlé de ton jubilé
et ils veulent te féliciter. -
68:47 - 68:48Bien dormi ?
-
68:48 - 68:50Oui, mais j'ai rêvé.
-
68:50 - 68:54Je fais d'étranges rêves
depuis quelques mois. -
68:54 - 68:56À certains égards comiques.
-
68:56 - 68:57Qu'ont-ils de comique ?
-
68:57 - 69:00C'est comme si je voulais
me dire quelque chose -
69:00 - 69:02qu'au fond je ne veux pas entendre.
-
69:02 - 69:05Quoi donc ?
-
69:05 - 69:06Que je suis mort
-
69:06 - 69:09bien que je vive.
-
69:09 - 69:12Evald vous ressemble beaucoup.
-
69:12 - 69:14Tu l'as déjà dit.
-
69:14 - 69:16Il a dit la même chose.
-
69:16 - 69:18Sur moi ?
-
69:18 - 69:20Non, sur lui-même.
-
69:20 - 69:24Mais il n'a que 38 ans.
-
69:24 - 69:27Puis-je vous le raconter ?
-
69:27 - 69:32Je t'en serais reconnaissant.
-
69:32 - 69:36Dernièrement,
je voulais causer avec Evald. -
69:36 - 69:38Nous sommes partis pour la mer.
-
69:38 - 69:44Il pleuvait comme aujourd'hui.
Il était assis à votre place. -
69:44 - 69:49Je suis tombé dans ton piège.
Dis-moi ce que c'est. -
69:49 - 69:52Quelque chose
de désagréable, bien sûr. -
69:52 - 69:54Je voudrais ne pas avoir à le dire.
-
69:54 - 69:57Il y a un autre homme ?
-
69:57 - 69:59Ne sois pas puéril.
-
69:59 - 70:01Que dois-je croire ?
-
70:01 - 70:03Tu veux me parler sérieusement.
-
70:03 - 70:07Tu veux aller à la mer et il pleut.
-
70:07 - 70:09Et tu ne sais pas
comment commencer. -
70:09 - 70:13Ne me fais pas cuire à petit feu.
-
70:13 - 70:15Tu me fais rire !
-
70:15 - 70:17Que t'imagines-tu, au fond ?
-
70:17 - 70:21Que j'ai tué quelqu'un
ou volé de l'argent ? -
70:21 - 70:25J'attends un enfant.
-
70:25 - 70:27En es-tu sûre ?
-
70:27 - 70:29Le docteur l'a confirmé.
-
70:29 - 70:34C'était donc ça, ton secret.
-
70:34 - 70:39Je vais te dire une chose :
je veux garder cet enfant. -
70:39 - 70:40Voilà qui est clair.
-
70:40 - 70:58Oui, très clair.
-
70:58 - 71:00Je ne veux pas d'enfant.
-
71:00 - 71:02Tu choisiras entre l'enfant et moi.
-
71:02 - 71:03Pauvre Evald.
-
71:03 - 71:06Comment, "pauvre" ?
-
71:06 - 71:10Il est absurde
de mettre des enfants au monde -
71:10 - 71:12et de croire qu'ils auront
meilleure vie que nous. -
71:12 - 71:15Ce n'est qu'une dérobade.
-
71:15 - 71:21Je n'étais pas désiré
dans une union qui était un enfer. -
71:21 - 71:23Je ne sais pas même
si je suis son fils. -
71:23 - 71:27Ce n'est pas une raison
pour se conduire comme un enfant. -
71:27 - 71:33On m'attend à la clinique,
je n'ai pas le temps de discuter. -
71:33 - 71:36Tu es lâche.
-
71:36 - 71:38Oui, je suis lâche.
-
71:38 - 71:41Cette vie me dégoûte
et je ne veux pas de responsabilités -
71:41 - 71:44qui me retiennent à la vie.
-
71:44 - 72:01Tu sais que je parle sérieusement
et que ce n'est pas de l'hystérie. -
72:01 - 72:02Je sais que c'est faux.
-
72:02 - 72:05Il n'y a rien de vrai ni de faux.
-
72:05 - 72:09On vit selon ses besoins.
-
72:09 - 72:11Quels sont-ils ?
-
72:11 - 72:15Les tiens sont de vivre
et de donner la vie. -
72:15 - 72:17Et les tiens ?
-
72:17 - 72:33De mourir,
d'être complètement mort. -
72:33 - 72:41Fume, si tu veux.
-
72:41 - 72:46Pourquoi m'as-tu raconté cela ?
-
72:46 - 72:49Je vous ai vu avec votre mère
-
72:49 - 72:53et j'ai pris peur.
-
72:53 - 72:57Je ne comprends pas.
-
72:57 - 73:00J'ai pensé :
-
73:00 - 73:02"C'est là sa mère..."
-
73:02 - 73:05"une femme très vieille,"
-
73:05 - 73:07"complètement glaciale..."
-
73:07 - 73:11"plus effrayante que la Mort."
-
73:11 - 73:14"Et voici son fils !"
-
73:14 - 73:18"Des siècles les séparent."
-
73:18 - 73:23"Il dit qu'il est un mort vivant."
-
73:23 - 73:30"Evald sera exactement aussi seul,
aussi froid et aussi mort." -
73:30 - 73:33Et j'ai pensé à notre enfant.
-
73:33 - 73:38J'ai pensé...
"Tout n'est que froideur, mort -
73:38 - 73:41"et solitude dans cette famille."
-
73:41 - 73:45"Cela doit avoir une fin !"
-
73:45 - 73:49Tu retournes chez Evald ?
-
73:49 - 73:54Mais je n'accepte pas
ses conditions. Je veux cet enfant. -
73:54 - 74:01Personne ne me le prendra.
Pas même l'homme que j'aime le plus. -
74:01 - 74:03Puis-je t'aider ?
-
74:03 - 74:06Personne ne peut m'aider.
-
74:06 - 74:10Nous sommes trop vieux.
Et nous sommes allés trop loin. -
74:10 - 74:13Et qu'est-il advenu
de votre conversation ? -
74:13 - 74:16Rien. Je suis partie.
-
74:16 - 74:20Et Evald n'a pas écrit ?
-
74:20 - 74:24Je veux éviter
que nous en arrivions là. -
74:24 - 74:26Que veux-tu dire ?
-
74:26 - 74:29Comme ce couple
que j'ai fait descendre de voiture. -
74:29 - 74:30Comment s'appellent-ils ?
-
74:30 - 74:33Je pensais justement à eux.
-
74:33 - 74:37Ils me rappellent
mon propre mariage. -
74:37 - 74:47Mais nous, nous nous aimons.
-
74:47 - 74:50Nous t'offrons ces fleurs
-
74:50 - 74:52et voulons te dire
-
74:52 - 74:58que nous t'admirons
d'avoir été docteur pendant 50 ans. -
74:58 - 75:02Tu dois être un homme
plein de sagesse -
75:02 - 75:05qui connaît tout de la vie
-
75:05 - 75:11et son mode d'emploi.
-
75:11 - 75:15Merci beaucoup.
-
75:15 - 75:46Il faut que nous partions
maintenant, il est tard. -
75:46 - 75:51Enfin !
Nous avions perdu tout espoir. -
75:51 - 75:54C'est reposant de voyager
en voiture, n'est-ce pas ? -
75:54 - 75:59Mettez votre habit immédiatement.
-
75:59 - 76:00J'ai dit à Evald
-
76:00 - 76:02que vous veniez.
-
76:02 - 76:05Merci, excellente idée.
-
76:05 - 76:07Quand même venue, Mlle Agda ?
-
76:07 - 76:13C'était mon devoir,
mais le plaisir n'y est plus. -
76:13 - 76:16- Soyez le bienvenu, père.
- Merci beaucoup. -
76:16 - 76:19J'ai amené Marianne.
-
76:19 - 76:20Je peux monter ?
-
76:20 - 76:23La chambre d'ami,
comme d'habitude ? -
76:23 - 76:25Je prends ta valise...
-
76:25 - 76:29Allez dans la cuisine.
Posez vos affaires ici. -
76:29 - 76:32- Vous avez fait bon voyage ?
- Oui, merci, excellent. -
76:32 - 76:34Qui sont ces jeunes gens ?
-
76:34 - 76:36Je ne sais pas. Ils vont en Italie.
-
76:36 - 76:39- Ils ont l'air sympathiques.
- Oui, très sympathiques. -
76:39 - 76:46Il est quatre heures et quart.
-
76:46 - 76:57J'ai acheté des lacets neufs.
-
76:57 - 76:59Ne t'inquiète pas, je pars demain.
-
76:59 - 77:00Tu descends à l'hôtel ?
-
77:00 - 77:05Ne pouvons-nous partager
la chambre encore une nuit ? -
77:05 - 77:06Si tu n'y vois pas d'inconvénient.
-
77:06 - 77:10Plaisir inattendu que de te revoir.
-
77:10 - 77:12Pour moi aussi.
-
77:12 - 77:15Irons-nous au banquet ?
-
77:15 - 77:26Je vais appeler Stenberg
pour lui dire que nous serons deux. -
77:26 - 78:59Dépêchons-nous, professeur.
-
78:59 - 79:02Je me suis rendu compte
-
79:02 - 79:04que, pendant la cérémonie,
-
79:04 - 79:09je repensais aux événements
de la journée. -
79:09 - 79:10Et c'est à ce moment-là
-
79:10 - 79:16que j'ai décidé de reconstituer
et de noter ce qui s'était passé. -
79:16 - 79:22Je devinais, dans cette suite
curieuse d'événements, -
79:22 - 79:50une remarquable causalité.
-
79:50 - 79:53La cérémonie vous a plu ?
-
79:53 - 79:57Oui, merci.
-
79:57 - 79:58Êtes-vous fatiguée, Mlle Agda ?
-
79:58 - 80:00Oui. Je l'avoue.
-
80:00 - 80:02Prenez un de mes somnifères.
-
80:02 - 80:04Non, merci.
-
80:04 - 80:10Je regrette
ce qui s'est passé ce matin. -
80:10 - 80:11Vous vous sentez malade ?
-
80:11 - 80:14Non, pourquoi ?
-
80:14 - 80:18Je ne vous reconnais pas.
-
80:18 - 80:22Je fais souvent amende honorable.
-
80:22 - 80:25Je vous laisse la carafe d'eau ?
-
80:25 - 80:32Non, merci.
-
80:32 - 80:40J'ouvre la porte du balcon.
-
80:40 - 80:47Il pleut encore.
-
80:47 - 80:51En tout cas,
merci, M. le professeur. -
80:51 - 80:52Bonne nuit.
-
80:52 - 80:54Mademoiselle Agda...
-
80:54 - 80:56Que voulez-vous ?
-
80:56 - 81:00Mlle Agda, nous nous connaissons
-
81:00 - 81:02et nous sommes amis
depuis tant d'années. -
81:02 - 81:06Ne pourrions-nous pas
nous tutoyer ? -
81:06 - 81:09Non, je ne trouve pas.
-
81:09 - 81:10Pourquoi pas ?
-
81:10 - 81:12Les dents sont brossées ?
-
81:12 - 81:14Oui, merci.
-
81:14 - 81:16Je vais vous dire...
-
81:16 - 81:18Je ne veux pas de familiarités.
-
81:18 - 81:20Nos rapports
sont bien comme ils sont. -
81:20 - 81:23Mais nous sommes âgés,
maintenant. -
81:23 - 81:28Parlez pour vous ! Une femme
doit veiller à sa réputation. -
81:28 - 81:32Que penserait-on si subitement
nous nous disions tu ? -
81:32 - 81:35On se moquerait de nous.
-
81:35 - 81:38Avez-vous toujours raison ?
-
81:38 - 81:43Presque toujours. À notre âge
il faut savoir se conduire. -
81:43 - 81:45Pas vrai, professeur ?
-
81:45 - 81:51Bonne nuit, Mlle Agda.
-
81:51 - 81:54Bonne nuit, professeur.
-
81:54 - 81:58Je laisse la porte ouverte.
Vous savez où je suis -
81:58 - 82:43en cas de besoin.
-
82:43 - 82:47Père Isaac, tu étais formidable
dans le cortège. -
82:47 - 82:50Nous étions
terriblement fiers de toi. -
82:50 - 82:53Nous continuons
avec une vieille dame. -
82:53 - 82:54Anders en est déjà épris.
-
82:54 - 82:56Ferme-la !
-
82:56 - 82:58Alors, au revoir !
-
82:58 - 83:00Au revoir et mille mercis !
-
83:00 - 83:05Au revoir, père Isaac.
Sais-tu que je n'aime que toi ? -
83:05 - 83:07Aujourd'hui, demain,
-
83:07 - 83:09toujours.
-
83:09 - 83:14Je m'en souviendrai.
-
83:14 - 83:19Au revoir, professeur.
-
83:19 - 83:26Il faut que nous partions.
-
83:26 - 83:39Écrivez quelquefois.
-
83:39 - 83:41Je crois que père dort.
-
83:41 - 83:44Evald !
-
83:44 - 83:45Oui, père
-
83:45 - 83:48Déjà rentrés ?
-
83:48 - 83:51Marianne doit
changer de chaussures. -
83:51 - 83:55Vous allez au bal ?
-
83:55 - 83:58Oui, je crois.
-
83:58 - 83:59Comment allez-vous, père ?
-
83:59 - 84:01Parfaitement.
-
84:01 - 84:05- Le cœur ?
- Très bien. -
84:05 - 84:10Dormez bien.
-
84:10 - 84:14Assieds-toi un instant.
-
84:14 - 84:18Qu'y a-t-il ?
-
84:18 - 84:24Qu'allez-vous faire,
toi et Marianne ? -
84:24 - 84:26Pardonne-moi cette question.
-
84:26 - 84:28Je n'en sais rien.
-
84:28 - 84:32ça ne me regarde pas, mais...
-
84:32 - 84:35Ne vaudrait-il pas mieux...
-
84:35 - 84:37Je lui ai demandé de rester.
-
84:37 - 84:39Ne devriez-vous pas... enfin...
-
84:39 - 84:42Je ne peux pas vivre sans elle.
-
84:42 - 84:43Tu veux dire... seul ?
-
84:43 - 84:46Je ne peux pas vivre sans elle.
C'est ce que je voulais dire. -
84:46 - 84:48Oh, je comprends.
-
84:48 - 84:50Elle décidera.
-
84:50 - 84:53Et elle veut ?
-
84:53 - 84:57Elle va réfléchir.
-
84:57 - 84:59En ce qui concerne ta dette...
-
84:59 - 85:02Soyez tranquille,
vous aurez votre argent. -
85:02 - 85:07Il n'en était pas question.
-
85:07 - 85:08Comment allez-vous, père ?
-
85:08 - 85:10Bien.
-
85:10 - 85:12J'avais perdu un talon.
Celles-ci conviennent-elles ? -
85:12 - 85:18Très bien.
-
85:18 - 85:20Merci de m'avoir tenu compagnie.
-
85:20 - 85:23Merci à vous.
-
85:23 - 85:27Je t'aime bien, Marianne.
-
85:27 - 85:37Moi aussi, je vous aime bien.
-
85:37 - 85:41Lorsque dans la journée
j'ai été anxieux ou triste, -
85:41 - 85:43j'ai l'habitude de me remémorer
-
85:43 - 85:48des scènes de mon enfance.
-
85:48 - 86:01C'est ce que j'ai fait ce soir.
-
86:01 - 86:05Isaac, il n'y a plus
de fraises des bois. -
86:05 - 86:07Tante veut que tu ailles
chercher ton papa. -
86:07 - 86:10Nous allons te prendre en bateau.
-
86:10 - 86:15J'ai déjà cherché,
mais je ne trouve ni père ni mère -
86:15 - 86:28Viens, je vais t'aider.
-
86:28 -Viens.
- Title:
- Wild Strawberries (1957) [MultiSub] [Film] - (Ingmar Bergman)
- Description:
-
Smultronstället, Fresas salvajes, Les fraises sauvages, Morangos Silvestres, Wilde Erdbeeren, Mansikkapaikka, Lesne jahody, Fragii Salbatici, Divlje jagode (1957). - After living a life marked by coldness, an aging professor is forced to confront the emptiness of his existence.
With the exception of his elderly housekeeper Miss Agda who he treats almost like a surrogate platonic wife, widowed seventy-eight year old Dr. Isak Borg, a former medical doctor and professor, has retreated from any human contact, partly his own want but partly the decision of others who do not want to spend time with him because of his cold demeanor. He is traveling from his home in Stockholm to Lund to accept an honorary degree. Instead of flying as was the original plan, he decides to take the day long drive instead. Along for the ride is his daughter-in-law Marianne, who had been staying with him for the month but has now decided to go home. The many stops and encounters along the way make him reminisce about various parts of his life. Those stops which make him reminisce directly are at his childhood summer home, at the home of his equally emotionally cold mother, and at a gas station where the attendants praise him as a man for his work. But the lives of other people they ...
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El profesor Borg, un eminente físico, debe ir a Estocolmo para recibir un homenaje de su universidad. Sobrecogido, tras un sueño en el que contempla su propio cadáver, decide emprender el viaje en coche con su nuera, que acaba de abandonar su casa, tras una discusión con su marido, que se niega a tener hijos. Durante el viaje se detiene en la casa donde pasaba las vacaciones cuando era niño, un lugar donde crecen las fresas salvajes y donde vivió su primer amor. (FILMAFFINITY)Premios
1959: Nominada al Oscar: Mejor guión original
1959: Globo de Oro: Mejor película extranjera
1959: National Board of Review: Mejor película extranjera, Mejor actor (Sjöström)
1958: 2 nominaciones al BAFTA: Film internacional, Actor extranjero (Sjöström)
1958: Festival de Berlín: Oso de Oro, Premio FIPRESCI
1959: Festival de Mar de Plata: Mejor película-----------------------------------------------
- Video Language:
- Swedish
- Duration:
- 01:31:53
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Amara Bot edited French subtitles for Wild Strawberries (1957) [MultiSub] [Film] - (Ingmar Bergman) | |
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