Return to Video

J'ai transformé Leonardo DiCaprio en coléoptère | Iva Njunjić | TEDxGhent

  • 0:08 - 0:11
    Le matin du premier mai
    de cette année [2018],
  • 0:11 - 0:13
    le monde s'est réveillé pour découvrir
  • 0:13 - 0:17
    que l'acteur et star d'Hollywood
    nominée aux Oscars, Leonardo DiCaprio
  • 0:17 - 0:20
    avait été transformé en coléoptère.
  • 0:20 - 0:23
    J'en suis la cause
    et je vais vous raconter ça.
  • 0:23 - 0:27
    Avant de commencer, une petite question :
  • 0:27 - 0:31
    combien d'espèces animales
    vivent-elles sur la Terre ?
  • 0:31 - 0:32
    Que dites-vous ?
  • 0:32 - 0:36
    D'habitude, on me répond
    quelques dizaines de milliers.
  • 0:36 - 0:40
    Mais c'est loin du compte :
    il y en a probablement environ 8 millions.
  • 0:40 - 0:43
    C'est parce que ces mammifères et oiseaux
  • 0:43 - 0:46
    ne représentent qu'une fraction
    de la biodiversité.
  • 0:46 - 0:50
    On trouve la vraie diversité
    dans le million de petites créatures
  • 0:50 - 0:53
    comme les insectes,
    les escargots ou les araignées.
  • 0:54 - 0:57
    Durant trois siècles de biologie,
  • 0:57 - 1:01
    on a découvert et nommé
    1,5 million d'espèces environ.
  • 1:01 - 1:05
    Une infime portion du vrai nombre.
  • 1:05 - 1:08
    Certes, nous avons pu cataloguer
    tous les cratères sur la Lune,
  • 1:08 - 1:12
    mais ici, sur Terre, au 21e siècle,
  • 1:12 - 1:16
    nous continuons d'ignorer
    80 % des espèces animales.
  • 1:16 - 1:18
    C'est fou.
  • 1:18 - 1:20
    Pourquoi ?
  • 1:20 - 1:25
    On croirait bien que ces petites créatures
    n'ont pas de bonnes relations publiques
  • 1:25 - 1:31
    car la plupart des gens se focalisent
    sur les grandes, même les biologistes.
  • 1:31 - 1:34
    Il y a des centaines
    de scientifiques dans le monde
  • 1:34 - 1:36
    qui s'intéressent à une espèce de tigre
  • 1:36 - 1:42
    mais il n'y a qu'un scientifique
    pour 1 500 espèces d'insectes.
  • 1:43 - 1:49
    Cette partie inconnue, non étudiée
    devient de plus en plus cruciale
  • 1:49 - 1:54
    car les activités humaines accélèrent
    les taux d'extinction.
  • 1:54 - 1:57
    Chaque jour, nous perdons des espèces
  • 1:57 - 2:02
    avant même avoir eu l'occasion de
    les découvrir et d'apprendre sur elles.
  • 2:02 - 2:07
    Les taxonomistes ne sont pas prêts
    d'aller au chômage.
  • 2:07 - 2:10
    Les taxinomistes sont
    des biologistes, comme moi,
  • 2:10 - 2:13
    dont le travail consiste à découvrir
    des nouvelles espèces.
  • 2:13 - 2:17
    Je sais que nous avons
    le plus beau boulot au monde.
  • 2:17 - 2:18
    C'est très divertissant
  • 2:18 - 2:22
    et il n'y a rien de tel que d'être
    quelque part dans une forêt
  • 2:22 - 2:25
    à la recherche d'une nouvelle espèce.
  • 2:25 - 2:28
    Les gens attendent cela de nous.
  • 2:28 - 2:29
    Il y a quelques années,
  • 2:29 - 2:34
    le gouvernement hollandais a instauré
    un « Agenda de la recherche nationale »,
  • 2:34 - 2:37
    une opportunité pour le public
  • 2:37 - 2:41
    d'envoyer les questions auxquelles il
    souhaitait que les scientifiques répondent
  • 2:41 - 2:42
    avec l'argent du contribuable.
  • 2:42 - 2:46
    Une de ces grandes questions
    posées aux biologistes
  • 2:46 - 2:48
    fut de découvrir des nouvelles espèces
  • 2:48 - 2:52
    et de deviner combien d'espèces
    existent sur la Terre.
  • 2:52 - 2:58
    Hélas, le financement public
    pour la taxonomie baisse simultanément
  • 2:58 - 3:01
    car les gouvernements mettent la priorité
    sur les sciences de pointe
  • 3:01 - 3:04
    alors que la taxonomie
    est plus traditionnelle.
  • 3:05 - 3:09
    On a donc réfléchi à des alternatives
    pour financer nos recherches.
  • 3:09 - 3:11
    Et nous avons eu l'idée
  • 3:11 - 3:14
    d'associer des non biologistes
  • 3:14 - 3:17
    qui, comme nous, sont séduits par l'idée
    de découvrir des nouveaux animaux.
  • 3:17 - 3:20
    Une sorte de tourisme de la taxinomie.
  • 3:21 - 3:26
    Nous avons donc fondé une association
    nommée : « Taxon Expeditions ».
  • 3:26 - 3:30
    Nous organisons
    des expéditions scientifiques
  • 3:30 - 3:31
    adressées au public,
  • 3:31 - 3:35
    aux profanes qui s'intéressent
    à la nature et à la science.
  • 3:35 - 3:40
    L'objectif de chaque expédition est
    de découvrir des nouvelles espèces.
  • 3:40 - 3:43
    Les participants paient pour être présents
  • 3:43 - 3:45
    et avec cet argent nous finançons tout :
  • 3:45 - 3:47
    l'expédition, la recherche,
  • 3:47 - 3:50
    le mécénat des étudiants
    et chercheurs locaux
  • 3:50 - 3:53
    et les publications scientifiques.
  • 3:53 - 3:55
    Ce qui est primordial,
  • 3:55 - 3:58
    c'est de rendre le résultat
    disponible pour tout le monde.
  • 3:58 - 4:01
    Tous les spécimens que nous collectons
    durant ces voyages
  • 4:01 - 4:03
    sont déposés dans les musées locaux
  • 4:03 - 4:07
    pour permettre aux chercheurs locaux
    et aux conservateurs de les étudier.
  • 4:07 - 4:11
    Nous publions toutes les nouvelles espèces
    dans des publications libres d'accès
  • 4:11 - 4:15
    afin que tout le monde puisse lire
    ces documents gratuitement.
  • 4:15 - 4:18
    Mais comment découvre-t-on
    une nouvelle espèce ?
  • 4:18 - 4:21
    Tout le monde peut-il le faire ?
    À quel point est-ce difficile ?
  • 4:21 - 4:24
    C'est de manière étonnante assez facile.
  • 4:24 - 4:27
    Vous passez un filet à papillons
    dans des feuillages de la jungle
  • 4:27 - 4:31
    ou vous saisissez quelques feuilles mortes
    dans une forêt tropicale.
  • 4:31 - 4:36
    C'est presque 100 % garanti que
    vous aurez trouvé une nouvelle espèce.
  • 4:36 - 4:40
    Vous pourriez même en trouver
    dans votre jardin.
  • 4:40 - 4:44
    La difficulté, c'est de déterminer
    lesquelles sont nouvelles et pourquoi.
  • 4:44 - 4:47
    Pour cela, il faut faire appel
    à des spécialistes
  • 4:47 - 4:52
    comme Hendrik Freitag, par exemple,
    de l'Université de Manille
  • 4:52 - 4:56
    qui connait les coléoptères aquatiques
    sur le bout des doigts.
  • 4:56 - 5:00
    Ou Menno Schilthuizen
    de l'Université de Leiden,
  • 5:00 - 5:04
    un spécialiste en escargots tropicaux
    et limaces.
  • 5:04 - 5:09
    Ou moi, spécialiste
    des coléoptères cavernicoles.
  • 5:09 - 5:11
    Avoir une équipe de généticiens
    sous la main est pratique.
  • 5:11 - 5:13
    Ils ont des labos d'analyse ADN portables
  • 5:13 - 5:16
    pour lire l'ADN des nouvelles espèces.
  • 5:16 - 5:21
    Mettez ensemble ces gens-là
    avec un groupe de profanes enthousiastes
  • 5:21 - 5:24
    dans la jungle pour 10 jours :
  • 5:24 - 5:26
    c'est la recette du succès.
  • 5:27 - 5:30
    Voici quelques photos
    de notre expédition à Bornéo.
  • 5:30 - 5:35
    Aglaya, ici, est écrivaine
    et vient des Pays-Bas.
  • 5:35 - 5:39
    Voici le photographe
    venu d'Australie, Brock,
  • 5:40 - 5:42
    Un directeur d'une université
    au Texas, William,
  • 5:42 - 5:45
    qui a adoré la montée dans cet arbre.
  • 5:45 - 5:49
    Un anthropologue d'Australie, Tony.
  • 5:49 - 5:54
    Aucun d'eux n'est biologiste.
  • 5:54 - 5:59
    Ils partagent tous la passion
    pour la biodiversité et la conservation.
  • 5:59 - 6:03
    Ces voyages leur offrent
    une expérience unique.
  • 6:03 - 6:07
    Ils passent dix jours dans un lieu isolé
  • 6:07 - 6:09
    et apprennent des scientifiques.
  • 6:09 - 6:14
    Ils découvrent des nouvelles espèces
    et leur donnent un nom scientifique.
  • 6:14 - 6:19
    Plus important, ils contribuent à
    accélérer la découverte de la biodiversité
  • 6:19 - 6:23
    et la documentation
    de la biodiversité la plus menacée.
  • 6:23 - 6:26
    Que faisons-nous durant ces expéditions ?
  • 6:26 - 6:29
    Il y a deux parties.
  • 6:29 - 6:31
    D'abord, le travail sur le terrain.
  • 6:31 - 6:34
    On enseigne aux participants
    les ficelles du métier
  • 6:34 - 6:38
    que nous utilisons sur le terrain pour
    collecter et découvrir des espèces.
  • 6:38 - 6:41
    La deuxième partie a lieu
    dans un labo de terrain.
  • 6:41 - 6:45
    On enseigne aux participants comment
    classer et étudier les spécimens.
  • 6:45 - 6:48
    On retire aussi leurs organes génitaux,
  • 6:48 - 6:50
    aux coléoptères,
    pas ceux des participants,
  • 6:50 - 6:56
    car cette partie du corps est cruciale
    pour identifier différentes espèces
  • 6:56 - 7:00
    On extrait et analyse aussi l'ADN
    des échantillons collectés
  • 7:00 - 7:02
    et à la fin de l'expédition
  • 7:02 - 7:06
    on vote et on nomme les nouvelles espèces.
  • 7:06 - 7:09
    Toute l'équipe travaille ensuite
    sur la publication
  • 7:09 - 7:12
    que nous soumettons
    à un journal scientifique.
  • 7:12 - 7:19
    Jusqu'à présent, nous avons organisé
    4 expéditions et découverts 18 espèces.
  • 7:19 - 7:21
    Il s'agit en fait
  • 7:21 - 7:26
    de petits animaux comme des minuscules
    coléoptères ou des acariens.
  • 7:26 - 7:32
    L'espèce la plus grande que nous avons
    découverte est une limace de 2 cm.
  • 7:33 - 7:35
    En dépit de leur petite taille,
  • 7:35 - 7:39
    ces animaux sont des membres
    vitaux pour les écosystèmes
  • 7:39 - 7:42
    où ils réalisent plusieurs
    fonctions importantes.
  • 7:42 - 7:46
    Nous sommes tous très fiers
    de nos découvertes
  • 7:46 - 7:49
    mais quand explique cela aux gens,
  • 7:49 - 7:51
    ils haussent souvent les épaules
  • 7:51 - 7:55
    car ils préfèrent entendre parler
    de mammifères plus grands
  • 7:55 - 7:58
    ou de nouvelles espèces de papillons
    aux couleurs ostentatoires.
  • 7:59 - 8:02
    C'est pour eux qu'on sort notre atout :
  • 8:02 - 8:04
    les stars.
  • 8:04 - 8:07
    Les nouvelles espèces reçoivent
    parfois le nom de personnes célèbres
  • 8:07 - 8:09
    pour leur marque de fabrique.
  • 8:10 - 8:13
    L'araignée aux cheveux improbables
    de David Bowie.
  • 8:14 - 8:18
    Ou une nouvelle espèce de mouche
    avec un gros derrière doré
  • 8:18 - 8:20
    appelée Beyoncé.
  • 8:21 - 8:24
    Et ma préférée :
  • 8:24 - 8:28
    une espèce de mite au nom
    évoquant Donald Trump
  • 8:28 - 8:29
    car elle a,
  • 8:30 - 8:33
    car elle a des magnifiques cheveux blonds,
    comme vous le remarquerez,
  • 8:33 - 8:36
    et un tout petit pénis.
  • 8:36 - 8:37
    (Rires)
  • 8:37 - 8:40
    (Applaudissements)
  • 8:45 - 8:49
    On immortalise d'autres célébrités
    avec des noms d'animaux
  • 8:49 - 8:51
    non pas pour leur apparence
  • 8:51 - 8:53
    mais pour leur action
    en faveur de l'environnement.
  • 8:53 - 8:56
    Durant notre première expédition à Bornéo,
  • 8:56 - 9:00
    on a découvert tout tout petit
    coléoptère aquatique très sombre.
  • 9:00 - 9:01
    C'est une nouvelle espèce
  • 9:01 - 9:07
    et nous avons décidé de l'appeler
    Leonardo DiCaprio
  • 9:07 - 9:11
    qui est un défenseur de l'environnement
    très actif.
  • 9:11 - 9:15
    Il se fait que porter le nom
    d'une célébrité
  • 9:15 - 9:19
    quand on est par ailleurs
    une petite créature anodine
  • 9:19 - 9:23
    est la seule manière
    que ces espèces ont d'attirer l'attention.
  • 9:23 - 9:28
    On espérait donc que les médias
    s'intéressent à notre coléoptère
  • 9:28 - 9:32
    mais on ignorait totalement
    ce que cela allait déclencher.
  • 9:32 - 9:36
    Leonardo DiCaprio a changé
    sa photo de profil sur Facebook
  • 9:36 - 9:37
    (Rires)
  • 9:37 - 9:39
    qu'il a remplacée par notre coléoptère.
  • 9:39 - 9:41
    C'est cool, non ?
  • 9:41 - 9:45
    Il n'y a pas de meilleure reconnaissance
    possible de notre travail.
  • 9:45 - 9:49
    Les médias sont devenus fous évidemment.
  • 9:49 - 9:55
    Et soudain, je donnais des interviews
    pour The Guardian, Forbes, Life Science.
  • 9:55 - 9:57
    Des vidéos sur YouTube en parlaient.
  • 9:57 - 10:00
    C'est même passé à la télé, sur BBC Wild.
  • 10:02 - 10:07
    Le petit coléoptère noir Leonardo DiCaprio ne gagnera sans doute pas d'oscar pour son apparence
  • 10:07 - 10:11
    mais dans la conservation des espèces,
    la plus petite créature a son importance.
  • 10:11 - 10:17
    Il suffit parfois qu'une célébrité
    se transforme en coléoptère
  • 10:17 - 10:21
    pour attirer l'attention des gens
    sur ce monde totalement caché
  • 10:21 - 10:25
    des bébêtes rampantes et effrayantes
    avec lesquelles nous partageons la Terre.
  • 10:25 - 10:28
    Elles méritent notre attention.
  • 10:28 - 10:32
    Non seulement car il y a tant d'espèces
    qui restent à découvrir,
  • 10:32 - 10:34
    mais parce que la vie sur Terre
    telle que nous la connaissons
  • 10:34 - 10:36
    n'existerait pas sans eux.
  • 10:37 - 10:39
    Ils oxygènent le sol,
  • 10:39 - 10:43
    décomposent les matières organiques
    et pollinisent les plantes.
  • 10:43 - 10:46
    Ce sont elles, ces petites créatures,
    qui gèrent le monde.
  • 10:46 - 10:50
    Avec nos touristes en taxonomie,
    nous découvrons leurs secrets.
  • 10:50 - 10:51
    Merci.
  • 10:51 - 10:53
    (Applaudissements)
  • 10:53 - 10:55
    Merci.
  • 10:54 - 10:56
    (Applaudissements)
Title:
J'ai transformé Leonardo DiCaprio en coléoptère | Iva Njunjić | TEDxGhent
Description:

Depuis 250 ans, les naturalistes ont découvert, décrit et donné un nom à deux millions d'espèces d'animaux et de plantes. Cela représente néanmoins à peine 20 % du monde vivant sur Terre. Dans quelle mesure est-ce difficile de découvrir une nouvelle espèce ? Est-ce possible ? Pourquoi est-ce important ? Iva Njunjić nous relate l'histoire d'un tout petit coléoptère qui a fait la une des médias internationaux.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx

more » « less
Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
10:58

French subtitles

Revisions