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UN BEAU JOUR
DU DÉBUT DU 21E SIÈCLE,
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IL Y EUT UNE RÉUNION
D'ÊTRES HUMAINS SANS PRÉCÉDENT
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100 QUESTIONS
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112 PARTICIPANTS
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11 200 VUES
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UN CERCLE
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Pour moi, la question
la plus importante aujourd'hui
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est de savoir comment réussir
à nous regrouper afin de discuter.
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Pas une ou deux personnes,
mais de voir s'il est possible,
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pour nous tous sur cette planète,
de nous demander ce qui est important.
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Pour moi, ce qui est important...
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Déformez-vous la vérité
à propos du changement climatique?
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Pourquoi l'Afrique est-elle
moins développée que l'Occident?
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Quel est le juste équilibre
entre les valeurs juives
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et les autres valeurs
dans une démocratie?
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Pourquoi n'aiment-ils pas
les Américains?
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Comment un individu se situe-t-il
par rapport au groupe au 21e siècle?
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Cet endroit est très marqué
par l'histoire.
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Sur cette place,
on a brûlé des livres
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sur des sujets que certains
ne voulaient pas connaître.
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C'est peut-être pourquoi nous sommes
sur la place August-Bebel à Berlin,
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où des livres ont été brûlés.
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Les pensées ont été brûlées.
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La liberté de penser
a été brûlée ici.
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LA TABLE DES VOIX LIBRES,
BEBELPLATZ, BERLIN
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C'est superbe de voir tous ces visages
autour de cette table.
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Nous avons une longue journée
devant nous, alors commençons.
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Nous posons aujourd'hui 100 questions
et commençons à y répondre.
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Elles ont été choisies parmi
des milliers envoyées du monde entier.
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Nous les poserons
au cours des 9 prochaines heures...
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Dans huit réunions de 45 minutes
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pour parler de huit thèmes
d'importance mondiale.
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-Chinois.
-D'ici. Je suis d'ici-même.
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Avez-vous visité mon pays?
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Non, malheureusement pas.
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Nous sommes ensemble, unis,
pour célébrer nos différences
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et rassembler
une multitude de points de vues.
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Merci d'être ici avec nous,
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à la Table des Voix Libres.
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Question numéro 1.
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Elle vient
d'une personne anonyme des USA.
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"Quelle est aujourd'hui
la plus importante histoire
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"non couverte par les médias?"
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Vous pouvez commencer
à donner vos réponses.
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Ce dont il faudrait parler
de nos jours
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et dont nous ne parlons
absolument pas,
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c'est le coût de la vie.
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Le coût de la vie sur cette planète.
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Nous allons de crise en crise
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et nous ne rapportons
qu'une partie de l'histoire.
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Quand les canons du combat se taisent,
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nous oublions le pays
où l'histoire se déroulait,
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cette région
qui a souffert d'un conflit,
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et nous portons notre attention
sur une autre histoire.
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Eh bien, moi, je commencerais
par le Darfour,
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l'extermination de populations
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juste parce qu'elles sont
d'une autre religion
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ou d'une autre race.
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Le monde ne s'intéresse pas à elles
-
parce qu'elles n'ont pas
de ressources, pas de pétrole...
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Pour moi, l'histoire la moins couverte
aujourd'hui
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est ce qui se cache
derrière le terrorisme mondial.
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Nous n'avons aucune idée,
vraiment aucune idée,
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de la vérité qui se cache derrière.
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Qui est en vie? Qui est mort?
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Qui la fait progresser?
Qui en sont les instigateurs?
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Qui l'utilise en sa faveur
ou en faveur de son groupe?
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Les enfants
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qui ont été réduits à l'esclavage.
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Le trafic des êtres humains.
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Les millions de gens qui
traversent les frontières illégalement
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à la recherche d'une vie meilleure.
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Je pense que
l'histoire la moins racontée
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est l'histoire
de la jeune fille qui est morte
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de la malaria il y a dix minutes.
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Elle est morte
totalement inutilement,
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car les médicaments
-
qui auraient pu
la guérir de la malaria existent,
-
et ils sont abordables.
-
Mais elle n'a pas eu accès
à ces médicaments.
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Elle est morte,
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et à l'instant,
un autre enfant est mort.
-
Cette histoire n'est pas racontée.
-
Je ne crois pas
qu'il y ait aujourd'hui
-
une histoire plus importante
que d'autres qui ne soit pas racontée.
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Il y a beaucoup d'histoires
non rapportées à travers le monde.
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Les bonnes choses
qui arrivent dans le monde,
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nous n'en entendons pas parler.
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Il y a des choses si merveilleuses
qui se passent.
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Mais on n'entend parler
que des mauvaises nouvelles:
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la mort, la destruction, les guerres,
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les assassinats,
les meurtres, les viols.
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Les problèmes.
Si vous pressez un journal,
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on dirait qu'il va saigner.
-
Merci.
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Question numéro 12 de Judy Twedt,
-
24 ans, Denver, USA...
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"Devrions-nous avoir le droit
de choisir où nous vivons?"
-
-Voilà une question intéressante.
-Je l'aime bien!
-
Nous sommes nés quelque part
sur la planète Terre, tout simplement.
-
Et si nous ne voulons pas rester là,
nous allons ailleurs.
-
Mais nous subissons alors
des discriminations.
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Je suis arrivé il y a 2 jours,
-
et le 11, je dois repartir parce que
mon visa ne dure que quatre jours.
-
En tant que Colombien,
-
en tant que citoyen du monde,
-
je n'ai pas le droit
d'entrer dans ce paradis,
-
le paradis des pays développés,
-
pour plus de quatre jours.
-
Bien sûr que nous devrions pouvoir
choisir où nous voulons vivre.
-
En ce monde, l'argent peut bouger,
les biens peuvent bouger.
-
Pourquoi tant d'hystérie
à propos des gens qui bougent?
-
Par exemple,
je voulais aller à Dubaï,
-
mais avec mon passeport
"Convention de Genève 1951",
-
je n'en avais pas le droit.
-
La raison, m'ont-ils dit,
-
était que je n'appartiens
à aucun pays.
-
Tout le monde veut vivre
dans un endroit sans guerre,
-
vivre une existence harmonieuse.
-
Mais certains peuvent acheter cela
et d'autres non.
-
Certains peuvent réclamer ce droit
-
et d'autres ne sont pas
en mesure de le faire.
-
Oui, nous devrions tous avoir le droit
de vivre où nous voulons,
-
mais tout le monde devrait aussi
avoir les moyens de le faire.
-
Parfois, il faut se déplacer
pour nourrir sa famille.
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Si on traverse des frontières et
qu'on n'est pas reconnu par un État,
-
est-on alors dans l'illégalité?
-
Je ne pense pas qu'en temps qu'humain,
-
on puisse
considérer quelqu'un comme illégal.
-
Les gens qui migrent le font surtout
-
parce qu'ils sont désespérés.
Ils prennent des risques énormes.
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Voyez les gens
qui arrivent aux Îles Canaries.
-
Chaque semaine,
dans des bateaux de fortune,
-
ils arrivent sur la plage
par centaines.
-
Ces gens sont absolument désespérés.
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Sinon ils ne seraient pas partis.
Ce n'est pas un choix équitable.
-
Ce n'est pas
choisir où on va vivre, ça.
-
On ne choisit pas de risquer
neuf chances sur dix de se noyer
-
ou d'être tué avant même d'arriver.
-
Ce n'est pas un choix, ça.
-
On peut aussi se demander
-
si nous devrions avoir le droit
de rester où nous sommes.
-
C'est une question très urgente
pour beaucoup de gens sur cette Terre.
-
Les Tibétains,
et moi-même en tant que Tibétaine,
-
nous n'avons pas ce droit.
-
Oui, nous pouvons vivre
dans notre pays,
-
mais nous ne pouvons pas
y faire ce que nous souhaitons.
-
Le jour où le droit
-
atteindra effectivement la possibilité
-
de donner ce droit sans restriction
à tous les hommes,
-
ce jour-là, l'humanité aura franchi
-
plus qu'une limite.
-
Elle aura atteint un degré d'évolution
-
tout à fait désirable
par toutes les cultures et nations.
-
C'est important
-
de pouvoir vivre où nous voulons.
-
Et pour chacun, je pense,
le nid est important.
-
Même les oiseaux
ont besoin de leur nid.
-
Les humains
ont besoin de leurs foyers.
-
Question 19,
de Claire Mackintosh,
-
25 ans, Brisbane, Australie...
-
"À quelles dignités de base
chacun devrait-il avoir droit,
-
"et pourquoi tant de gens
en sont-ils encore dépourvus?"
-
La dignité de base
est la dignité humaine,
-
la fierté, pouvoir porter
la tête haute et non basse
-
et n'avoir peur de rien!
-
Même si l'on habite
dans un village isolé
-
quelque part
dans un pays en voie de développement.
-
On doit pouvoir se tenir droit...
-
Nous laissons tant de gens
sans ces dignités
-
pour que d'autres
puissent faire ce qu'ils veulent.
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Prendre des territoires.
-
Bombarder.
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Prendre l'eau.
-
Contrôler les esprits.
-
"Tout pour nous-mêmes
et rien pour les autres."
-
Cela semble avoir été,
à toutes les époques du monde,
-
l'odieuse maxime
des maîtres du genre humain.
-
"Tout pour nous-mêmes
et rien pour les autres."
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Adam Smith a dit cela,
-
Adam Smith, le père du capitalisme.
-
Il savait que c'était la tendance.
-
Tout pour nous-mêmes
et rien pour les autres!
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Je pense que la Déclaration
universelle des droits de l'Homme
-
devrait être accessible
-
aux gens à travers le monde.
-
Nous ne devrions pas accepter
-
que quelqu'un soit privé
de ces droits humains de base,
-
le droit de l'Homme à vivre décemment,
-
à avoir accès à la nourriture,
à un abri et à l'éducation.
-
Il est inacceptable
que dans le monde d'aujourd'hui,
-
il y ait des enfants
qui meurent de faim.
-
Il est inacceptable
que dans le monde d'aujourd'hui,
-
il y ait des enfants
qui n'aient pas de toit.
-
Pour me préparer à cette question,
-
je suis allé sur Internet,
sur Wikipédia,
-
et j'ai relu
la Déclaration universelle
-
des droits de l'homme
des Nations unies.
-
Et j'ai pleuré.
-
J'ai pleuré. C'est tellement beau.
-
Inscrivons-la dans chaque passeport.
-
Mon père a été exterminé à l'âge
de 37 ans, ma mère au même âge.
-
Mes sœurs ont été
exterminées à 12 et 16 ans.
-
J'ai survécu,
et la vie m'est devenue précieuse.
-
Je suppose
qu'elle est aussi précieuse
-
pour chaque être humain
sur cette planète.
-
Et pourtant, elle est souvent volée
pour de mauvaises raisons...
-
Nous apprenons à nos enfants
que nos vies sont plus précieuses
-
que celles des autres,
des étrangers.
-
Les gens avec une peau différente,
les gens qui ont moins que nous,
-
les gens qui ne parlent pas
notre langue.
-
Les gens...
-
Les autres. Les autres personnes.
-
Ce qui se passe souvent,
c'est que ces personnes
-
sont perçues comme "elles"
et pas comme "nous",
-
et on consacre peu d'attention
ou d'intérêt
-
à leurs droits fondamentaux
et à leur dignité.
-
Il faut réfléchir à ce que
"nous" signifie dans cette question.
-
Qui sommes "nous" et qui sont "eux"?
-
Quand un bébé pleure,
vous ne pouvez pas distinguer
-
si c'est un garçon ou une fille,
de quelle nationalité il est,
-
quelle est la religion de sa mère.
-
C'est simplement une voix.
-
N'oubliez pas ceci.
C'est simplement un son.
-
Nous devons nous en souvenir.
-
Si les gens se voyaient vraiment
mutuellement comme des frères
-
et pouvaient imaginer que chacun
-
puisse être leur enfant ou parent,
ce serait différent,
-
si nous pouvions ouvrir si grand
nos cœurs.
-
Chacun peux obtenir
la dignité pour soi-même.
-
Mais d'abord,
chacun doit laisser derrière lui
-
l'oppression auto-imposée
-
de la politique, de l'idéologie,
de la religion
-
et de la limitation nationaliste.
-
Je viens...
-
Je viens de la jungle
-
où j'ai vécu la plus grande partie
de ma vie avec des tribus,
-
et où...
-
le concept de liberté
-
a une signification
bien plus importante qu'ici.
-
Je n'ai jamais connu d'êtres
plus libres qu'eux,
-
plus libres que ces peuples indigènes.
-
Non, jamais.
-
Croyez-vous que ce projet
peut faire bouger les choses?
-
J'en ai été convaincu
-
dès que les premiers murmures
ont commencé,
-
toutes ces voix confondues.
-
Cela m'a donné la chair de poule
-
et j'ai réalisé que tout ceci
sert à quelque chose.
-
Cela m'a rappelé un peu
"Les ailes du désir".
-
Il y a ces anges
qui entendent toutes ces voix.
-
Il y a tout le temps
cet espèce de murmure constant.
-
Il y avait soudain ce murmure ici,
mais il était réel.
-
Tous ces gens
pensaient vraiment tout haut.
-
As-tu vu Bianca?
-
Je crois qu'elle est là-bas.
-
La voilà.
-
Je crois
qu'elle est arrivée en retard.
-
Je peux vous demander une chose?
-
Ne la bougez pas
quand je parle car cela...
-
Si vous pouviez le faire avant
ou quand j'aurai arrêté de parler...
-
Si vous le faites quand je parle,
ma concentration...
-
Je le fais quand je reçois
les notes des autres...
-
Question 28 par Andrew,
-
22 ans, Francfort, Allemagne...
-
"Que ferons-nous si tous les Chinois
veulent une voiture?"
-
Allez-y.
-
Cette question est un peu raciste.
-
Pourquoi pas?
-
Tout le monde a besoin d'une voiture.
-
Pourquoi ne parler que des Chinois?
-
Allez en Amérique,
-
là-bas, chaque famille
a plus de 3 voitures.
-
Pourquoi les Chinois?
Tout le monde veut une voiture.
-
Beaucoup d'Italiens,
de Français et d'Allemands
-
n'ont pas de voiture
et en veulent une.
-
Et si tous les Indiens
voulaient une voiture?
-
Et si tous les Africains
voulaient une voiture?
-
Si tous les Chinois
voulaient avoir une voiture
-
et voulaient conduire
-
les plus puissantes,
les plus grosses et les plus rapides,
-
alors le ciel deviendrait tout noir.
-
Pas assez de routes,
beaucoup d'accidents,
-
pas assez de places de parking,
-
trop de pollution.
-
Et si tous les Chinois
voulaient une voiture?
-
Alors tous les Allemands
-
devraient travailler
dans l'industrie automobile,
-
produire des voitures pour les Chinois
jusqu'à ce qu'ils soient exténués.
-
C'est impossible.
-
La voiture, aujourd'hui,
dans les pays riches,
-
utilise 2-3% de l'énergie
dans son réservoir
-
pour mettre le chauffeur en mouvement.
-
Le reste se perd dans le déplacement
du poids du châssis et du moteur,
-
dans la friction et la chaleur.
-
Nous avons créé
un tas de véhicules sophistiqués
-
et très mal conçus
-
juste pour déplacer
une personne d'un endroit à un autre.
-
Le prix du pétrole continuera
-
sa courbe ascendante.
-
Et le chaos économique en Occident
-
ou, pour le moins, la triste et
inévitable prise de conscience du fait
-
qu'il faut faire quelque chose
-
contre la surconsommation
de carburants fossiles
-
aux États-Unis et
dans les autres pays occidentaux,
-
aura un impact
sur la conscience des gens.
-
La Chine, pendant longtemps,
était une nation de bicyclettes.
-
C'est encourageant que
les fabricants automobiles chinois
-
considèrent l'impact écologique
-
et s'efforcent de développer
des voitures électriques.
-
La Chine a une énorme opportunité
-
et une énorme responsabilité.
-
Elle doit s'industrialiser
d'une manière favorable à son peuple,
-
à son environnement
-
et au monde.
-
Il est clair que cette question
concerne moins le peuple chinois
-
qu'une métaphore pour une situation
qui n'est pas durable.
-
On ne peut pas exiger d'eux ce qu'on
n'est pas prêt à faire soi-même.
-
Nous devons arrêter
de répéter les mêmes erreurs,
-
de continuer à vivre ainsi,
-
de vivre nos vies de manière
aussi irrationnelle et irresponsable.
-
Le problème n'est pas: "Combien
de gens veulent une voiture?"
-
C'est que la porte
ouvrant sur les désirs humains
-
est ouverte en permanence.
-
Comment pouvons-nous
refermer cette porte
-
après l'avoir ouverte à nos désirs
possessifs et insatiables?
-
-Tout va bien?
-Bien. Bien.
-
-Comment ça va?
-Ça va bien. Un petit peu fatigué.
-
-Hé! Oh la la!
-C'est un peu trop?
-
Oui!
-
C'est tellement cool d'être ici
et de faire ça.
-
Vraiment?
-
C'est ici que les Nazis
ont brûlé les livres.
-
Oh, je comprends.
Cette pile de livres est là pour cela.
-
Mon Dieu, je n'avais pas réalisé ça.
-
Willem. Salut. Combien de questions
reste-t-il maintenant?
-
-Il y en a eu tant déjà.
-Tu veux savoir?
-
Je parle...
-
Je parle tellement
-
à propos de tous les problèmes.
-
Je mets le feu partout!
-
Je me débrouille bien?
-
Question 33, de l'auteur new-yorkaise
Siri Hustvedt,
-
qui demande...
-
Je suis très curieuse de savoir,
de comprendre
-
comment
la culture de consommation influence
-
les personnalités,
les manières de vivre,
-
la manière de penser des gens,
-
intérieurement,
dans une culture donnée...
-
comment cela devient
une partie de nous-mêmes,
-
et ce que cela signifie
d'être capable de résister
-
à cette culture verbale et visuelle...
-
"...qui me semble toujours réduire
-
"et simplifier la réalité
en quelque chose
-
"qui peut facilement
être acheté et vendu."
-
Je pense...
-
La culture de consommation...
-
Elle sert à maintenir
-
un désir dans la société,
dans la communauté,
-
pour qu'il y ait toujours
quelque chose de nouveau, de mieux...
-
L'Homme n'a besoin de rien.
-
Il n'a besoin que de lui-même.
-
Il a besoin d'amour.
-
Il y a assez de cafetières au monde.
-
Assez de gadgets qui nous entourent.
-
Assez de chaises!
-
Utilisons-en une
parmi les centaines qu'il y a
-
et employons notre énergie
supplémentaire à développer
-
des choses vraiment importantes.
-
Tout cela contribue
à une culture de la prostitution.
-
Nos valeurs ont été prostituées
-
et l'humanité elle-même est juste
une grosse machine à prostitution.
-
Nous avons créé des monstres.
Des monstres du développement agraire.
-
Les vaches de McDonald's sont tuées
sans cérémonie à l'abattage.
-
Personne n'honore ni ne remercie
l'animal de nous nourrir.
-
Sans cérémonie, la nourriture
que nous mangeons devient mauvaise.
-
Et vous savez quoi?
-
Les gens qui mangent chez McDonald's
tombent malade.
-
Qu'attendiez-vous?
Il n'y a pas de cérémonie!
-
Les gens les plus puissants
de la planète
-
sont ceux qui savent le mieux
toucher nos esprits.
-
Ceux qui savent influencer
-
le comportement humain
et les mouvements sociaux,
-
et la manière dont les sociétés
se perçoivent elles-mêmes,
-
la manière de marcher, de parler,
ce qu'on mange, boit etc.
-
C'est une question économique.
-
C'est un modèle qui nous détruit.
-
C'est un modèle qui nous consume.
-
Ce qu'il faudrait vraiment considérer,
-
c'est le libre marché lui même,
-
Il faut voir comment nous pouvons
vraiment introduire
-
les aspects éthiques.
-
La richesse pour partager,
pour prendre soin,
-
et pour vivre heureux
avec soi-même et les autres.
-
Et la plus profonde, la meilleure
richesse est d'aider les autres.
-
Question 37,
-
de Tom Henze, 30 ans,
Berlin, Allemagne.
-
"Notre richesse dépend-elle
de la pauvreté du tiers monde?"
-
L'expression "tiers monde"
est réellement arrogante.
-
Ce n'est pas un tiers monde,
c'est aussi un monde
-
qui s'est développé différemment
-
ou qui s'est
un peu moins développé.
-
Mais ce n'est pas le tiers monde.
Qui serait alors le premier monde?
-
Quelle est la définition
du tiers monde?
-
Y a-t-il un premier,
deuxième et troisième monde?
-
Pas vraiment.
-
Il y a un seul monde...
-
...qui ne va pas très bien.
Les humains le déglinguent.
-
Si notre richesse dépend
de la pauvreté du tiers monde,
-
alors nous faisons face
à un problème.
-
Ils ont commencé par prendre l'or.
-
L'or n'avait pas la même valeur
-
pour les indigènes
et pour les capitalistes.
-
L'Afrique a été
le berceau de l'humanité.
-
Je veux être très claire
et dire que l'Afrique
-
sera aussi le tombeau du capitalisme.
-
L'Afrique a été pillée...
-
Afrique, pauvre Afrique!
-
Il est impossible
de parler de l'Afrique sans sentir...
-
sans sentir son cœur vibrer.
-
Ceux qui sont bien nourris
ne comprennent jamais
-
ce que c'est que la faim.
-
Un chef nigérian a dit: "Si vous ne
partagez pas vos richesses avec nous,
-
nous partagerons
notre pauvreté avec vous."
-
Pour une paix globale,
il faut une distribution équitable.
-
Nous devons aussi comprendre
-
que toutes les ressources
-
sont partagées par tous
-
et qu'elles sont d'abord destinées
aux gens dans le besoin.
-
La propriété devrait être régie
par le besoin.
-
Elle existe par le besoin. Si j'ai
besoin d'un verre d'eau, il est à moi
-
de par la loi de la nécessité.
-
"Équitable" n'est pas un mot qu'on a
l'habitude d'entendre en économie.
-
Nous devons établir le rapprochement
-
entre la pauvreté des gens,
-
et la richesse de la terre,
et observer
-
où va cette richesse.
-
Je crois que le propos
de la mondialisation est en fait
-
de former une famille mondiale,
-
de quitter le mode de compétition
puérile et hostile
-
et d'aller vers un mode de coopération
plus mature.
-
C'est arrivé à beaucoup d'espèces
au cours de l'évolution
-
et c'est maintenant à nous,
aux humains, de le faire.
-
C'est très simple. Il y a l'option
-
de rejoindre la générosité du divin,
-
qui est le pouvoir de donner.
Toute vie nous est donnée.
-
Ceux qui donnent sont pardonnés.
-
Si votre vie est centrée
autour de l'idée de recevoir,
-
vous ferez partie
de la culture de l'oubli.
-
Nous avons le choix: faire partie
du "recevoir" et être oubliés,
-
ou être "pour donner"
et obtenir le pardon.
-
J'adore!
-
C'est génial.
-
-Il l'a dit pour moi. Mon voisin.
-Répète. Répète.
-
Peux-tu venir t'asseoir
à ma place et le dire pour moi?
-
J'aimerais bien que nous ayons
plus d'interaction dans ce processus.
-
Partager me donne de l'énergie.
Mon cerveau ne peut pas...
-
Te parler, à toi...
-
Te parler!
-
-Bonjour! Comment vas-tu?
-Bonjour!
-
Tu t'amuses, chéri?
-
-Tu t'amuses?
-Oui.
-
Parce que tu es si intelligent!
Tu es un vrai génie.
-
Les réponses te viennent
si naturellement.
-
Je ne sais pas, je ne sais pas!
-
Nous faisons partie d'une expérience.
Il s'agit de nous, pas des questions.
-
Vas-y.
-
Merci.
-
Pendant que vous donniez
vos réponses à la dernière question,
-
je marchais à travers le cercle
-
et je pouvais voir vos visages,
et entendre vos voix,
-
voir vos expressions.
-
C'était profondément émouvant
pour moi de voir
-
tout ce que j'ai vu
pendant que je traversais le cercle.
-
C'est un groupe si varié
que nous avons ici.
-
Nous sommes nos propres Nations unies!
-
J'ai vu des gens d'Afrique,
d'Asie, d'Australie,
-
d'Europe et des Amériques.
-
C'est beau que nous soyons tous
réunis ici, à investir dans le futur.
-
Question 41
-
d'Adrienn Meszaros, 30 ans,
Budapest, Hongrie.
-
"Y a-t-il une version moderne
du colonialisme?"
-
Oui.
-
Oui, il y a une version moderne
du colonialisme, et elle a un nom.
-
Elle s'appelle la dette.
-
Elle est suivie par les mesures
d'ajustement et de restructuration
-
imposées par la Banque mondiale
-
et le Fonds monétaire international.
-
Une grande part de l'argent qui va
aux pays en voie de développement
-
est en fait utilisée pour contrôler
la souveraineté de nos gouvernements,
-
de nos peuples...
-
La BCE et le FMI arrivent et disent:
-
"Si vous voulez rembourser vos dettes,
et vous le devez,
-
alors il faudra largement augmenter
vos taux d'intérêts."
-
Ce qui rend plus difficile
aux entreprises
-
d'emprunter et d'employer des gens.
-
Il faut tout privatiser,
-
ce qui permet aux compagnies
étrangères et à l’élite locale
-
d'acheter toutes les entreprises
autrefois publiques.
-
Les États-Unis
se sont construits seuls,
-
sur l'extermination
d'un peuple entier.
-
L'Europe s'est construite
-
en extirpant les ressources du Congo,
-
en extirpant l'or
et les diamants sud-africains.
-
Les esclaves servaient
à exploiter les matières premières.
-
Aujourd'hui, il s'agit du pétrole,
-
des diamants,
-
de tous les minéraux
et matières premières.
-
Les pays...
-
Les pays d'Amérique latine
-
continuent de souffrir d'exploitation,
-
l'exploitation de leurs ressources.
-
Toutes ces politiques
ont été très bénéfiques
-
à une minuscule minorité des gens
de ces pays.
-
Comme des vampires.
Ce sont des vampires!
-
Ils utilisent l'énergie,
la force et la vie des autres
-
pour leur propre
prospérité économique.
-
C'est du colonialisme économique
basé sur la globalisation,
-
mais sa structure est presque la même
-
que ce qu'elle était
il y a quatre ou cinq siècles.
-
C'est mieux que le colonialisme
parce qu'il n'y a pas besoin d'armée.
-
Il n'y a pas besoin d'administration.
-
Cela ne vous coûte rien
en tant qu'intervenant,
-
l'État, les autorités...
-
Nous sommes les enfants d'un monde
-
qui a suffisamment pour tous.
-
Mais tant sont affamés
pendant que peu sont rassasiés.
-
L'un mangera, l'autre souffrira.
-
Ça a toujours été comme cela.
-
Les pauvres doivent le rester pour
que les riches puissent être riches.
-
C'est un système vraiment idéal
-
parce qu'il n'est pas visible.
-
Le colonialisme, lui, est visible.
-
Les gens pensent que c'est pourri.
On en a une représentation.
-
Mais la dette est invisible.
-
Cela marche aussi bien.
C'est même plus efficace.
-
En temps qu'Américaine, je n'aime pas
être assise ici et en parler,
-
mais il s'agit des bas-fonds
du vrai monde dans lequel nous vivons.
-
C'est très réel.
Cela a créé tant de misère.
-
Nous devons savoir
ce qui se passe dans notre monde
-
pour pouvoir le changer.
-
Il nous faut des formes de vie
démocratiques
-
et des organisations
-
qui peuvent passer outre
toutes ces formes
-
d'asservissement impérial et colonial.
-
Voilà la grande question
du 21e siècle.
-
Question 45,
-
de Katharina, 24 ans, Allemagne.
-
"Pourquoi croyons-nous plus
en la nationalité qu'en l'humanité?"
-
C'est par le conditionnement
des esprits
-
que nous sommes formés, formés,
tout le temps formés,
-
que nous faisons partie
d'une identité nationale.
-
C'est à cela qu'on le reconnaît.
-
Et dans une nation, cela se divise
-
en identités de plus en plus petites.
-
Et nous avons tous peur.
-
On nous a mis dans un cadre
pour nous protéger.
-
Nous nous sentons tellement peu
en sécurité
-
que nous ignorons qui est avec nous
et qui est contre nous
-
et cela a détruit l'humanité.
-
Laissez-moi vous donner un exemple.
-
Aujourd'hui, en Irak,
-
mon pays,
-
la plupart des gens s'accrochent
-
et font confiance
-
seulement à leur famille
-
ou à leurs voisins
ou d'autres venant de la même ville.
-
Avant, nous ne demandions pas
qui une personne était,
-
d'où elle venait,
-
de quelle ville,
-
de quelle tribu ou famille.
-
Nous étions aimables, c'est tout.
-
C'est la sécurité,
la sécurité psychologique,
-
qui rend les gens capables
de sentir une extension de leur ego
-
et de respecter la différence.
-
C'est quand les gens se sentent
effrayés, apeurés, isolés,
-
que l'intolérance grandit.
-
De nos jours, dans les États-nations,
les gens sont manipulés
-
par les médias de masse
-
pour apprendre à haïr l'autre
qu'ils n'ont jamais rencontré.
-
Nous habitons un monde qui
nous a conditionnés à être tribaux,
-
nativistes,
-
et nationalistes.
-
Bien sûr,
il est important de comprendre
-
que le nationalisme,
c'est du fanatisme.
-
Je crois qu'en chacun de nous,
-
il y a un dictateur raciste.
-
J'en suis persuadé.
-
Parce que pour nous, la famille
est plus proche que le clan,
-
le clan est plus proche que la tribu,
-
la tribu est plus proche
que la nation,
-
la nation est plus proche
que l'humanité.
-
Je ne crois pas
au concept de nationalité
-
et de plus en plus d'entre nous,
au 21e siècle,
-
enfants d'un monde d'opportunités,
d'une génération future peut-être,
-
vivent dans les couloirs
entre les nations,
-
entre les cultures et les catégories,
loin des définitions traditionnelles.
-
Nous ne sommes pas
affiliés aux nations
-
ou aux ordres traditionnels,
cela va au-delà.
-
Je crois que,
jusqu'à un certain point,
-
le concept de nationalité
commence a s'éroder
-
et que nous devenons une sorte
de peuple vraiment transnational.
-
Parfois, le pire ennemi
-
est notre propre perception.
-
Merci.
-
Question 48, de Glen,
Le Cap, Afrique du Sud.
-
"Comment empêcher nos gouvernements
de faire la guerre?"
-
Je suis originaire d'un pays
où il n'y a jamais eu la guerre,
-
donc je ne m'y connais pas en guerre,
-
mais je connais la souffrance
que vous avez endurée.
-
Je viens d'un pays pacifique
-
qui n'a connu que la paix,
-
où personne n'a peur
qu'on lui tire dessus,
-
où personne ne vous prend pour cible,
-
où personne ne se bat pour les terres.
-
C'est nous qui partons en guerre:
vous, moi, nous,
-
pas les gouvernements.
-
Les gouvernements
nous envoient en guerre.
-
C'est nous qui payons le prix,
-
et le prix que nous payons
n'est pas seulement physique.
-
Le prix que nous payons
est psychologique.
-
Nous perdons nos principes moraux.
-
Nous nous perdons.
-
C'est vraiment une honte.
-
Les grandes puissances
devraient avoir honte
-
de tuer ainsi la civilisation.
-
Je suis une survivante
de la guerre en Bosnie,
-
et pendant trois ans et demi
de mon enfance,
-
des millions de bombes
ont explosé dans ma ville.
-
Entendre une bombe exploser
-
est une expérience
qui ne peut être expliquée ou décrite,
-
parce que vous le sentez
dans votre corps.
-
Je me souviens de
la réaction de mon corps
-
à un tel vacarme
et à une telle destruction.
-
Mon cœur faisait un bond
à chaque fois, des millions de fois,
-
et parfois, je sentais
que mon cœur ne pouvait plus tenir,
-
qu'il allait exploser
en mille morceaux.
-
Les humains ne sont que
des dommages collatéraux.
-
On ne parle ni de chiffres,
-
ni de vies détruites,
ni de familles détruites.
-
Juste de dommages collatéraux.
C'est étourdissant.
-
On est trop loin
pour voir les visages.
-
La politique a perdu contact
avec la réalité.
-
La guerre n'est plus
qu'une question d'argent.
-
Je ne comprends pas
pourquoi les puissances mondiales
-
continuent à dépenser autant
pour la mort.
-
Nous avons perdu
notre sens des responsabilités
-
envers les actes
de notre gouvernement.
-
Nous nous perdons
dans notre impuissance,
-
On croit pouvoir tout changer,
-
on sort défiler dans les rues,
-
et quand ça ne marche pas,
-
on rentre chez soi,
on reprend une vie normale.
-
Mais le cauchemar
qui nous a fait sortir dans les rues
-
est toujours là,
toujours aussi impensable.
-
Il n'est pas devenu moins terrible
-
parce qu'il n'y a personne
dans la rue.
-
Comment arrêter le gouvernement?
Une question difficile.
-
À mon avis, le seul moyen
serait de le renverser
-
par une révolution.
-
Bien sûr, de nos jours,
-
la notion de révolution
est un archaïsme.
-
On ne pense plus en ces termes.
-
Mais c'est la seule façon.
-
Le plus bel acte de protestation,
-
ce que devraient faire
toutes les femmes du monde,
-
c'est interdire à leurs enfants
-
de devenir soldats,
-
de devenir des tueurs.
-
Je viens d'une région
-
où les gens se haïssent
et s'entretuent,
-
comme si nous n'étions plus
que des bêtes
-
et pas des êtres humains.
-
Il y a eu de terribles catastrophes,
-
des forces de destruction massive
déployées en un instant.
-
Les gouvernements responsables
doivent êtres destitués.
-
Les chefs d'État
qui en ont donné l'ordre
-
doivent être poursuivis en justice.
-
C'était la mode
ces vingt dernières années.
-
Il y a eu le Général Pinochet,
-
et une kyrielle d'autres
dont les actes ont causé
-
des génocides,
des disparitions, des morts.
-
Il faut les traîner devant
la Cour internationale de justice.
-
Le monde que nous bâtissons
doit être un monde
-
où chaque chef d'État
a des comptes à rendre
-
et sait qu'il sera jugé
pour ses actes.
-
C'est ce que je ressens
en tant qu'être humain.
-
Qu'est-ce que la guerre aujourd'hui?
-
Nous nous entretuons.
-
Il y a un nombre incroyable
de gens
-
qui voient leur paix disparaître
à cause de ça.
-
Question 56, de Moise Marabout,
23 ans,
-
Agadez, Niger.
-
"Pourquoi la paix ne règne-t-elle
toujours pas au Moyen Orient?"
-
Cette question,
-
c'est une question qui me tient
à cœur en tant qu'Israélienne.
-
Elle me tient beaucoup à cœur.
-
Tout ce que je peux dire,
c'est ce que je constate.
-
Il n'y a pas de paix au Moyen Orient
-
à cause de l'orgueil d'Israël.
-
Tant que justice ne sera pas faite,
il n'y aura pas de paix.
-
La paix n'est pas
une trêve entre les conflits.
-
C'est un état durable
qu'on recherche sa vie durant.
-
La seule paix
qui existe de nos jours
-
est une fausse paix,
-
une paix basée
sur une absence de confiance.
-
C'est le pétrole.
-
À mon avis, la raison principale
-
c'est qu'il y a des fanatiques
dans les deux camps.
-
Il faut bien le reconnaître:
-
notre peuple porte en lui
une profonde angoisse.
-
Nous devrions essayer
de nous aider mutuellement,
-
faire preuve de compassion,
-
d'amour et de pardon.
-
Nous devrions pouvoir parler
franchement, les yeux dans les yeux.
-
Au lieu de ça, nous nous retranchons
derrière un prétendu bon droit.
-
Mais c'est un leurre.
-
Nous croyons que notre histoire
nous donne tous les droits.
-
Je crois que les Palestiniens
et les Israéliens
-
aimeraient pouvoir coexister.
-
Toute la dispute autour du
"J'étais là en premier",
-
tout ça ne rime à rien.
-
Nous sommes tous des visiteurs
sur cette terre,
-
des étrangers de passage
sur un sol qui n'est pas le nôtre.
-
Un jour, les Palestiniens
et les Israéliens vivront égaux,
-
dans le respect et la solidarité.
-
Le monde entier
sentira l'onde de choc.
-
Ce sera la fin
de cette opposition idiote
-
mise en place par l'État
-
entre la culture occidentale
et la culture musulmane.
-
Ce sont des foutaises!
-
Israël et la Palestine
peuvent prouver
-
que la plus belle culture
est celle qu'on crée ensemble.
-
Je sais que ça semble idéaliste.
-
Dans mon pays, dans ma communauté,
il y a un proverbe.
-
Cela signifie:
"Quand deux taureaux s'affrontent,
-
c'est généralement
l'herbe qui souffre."
-
Question 61, de Wolfgang Jost,
23 ans,
-
Berlin, Allemagne.
-
"Pourquoi une bombe atomique iranienne
-
serait-elle plus dangereuse
qu'une bombe américaine,
-
israélienne ou française?"
-
Ne posons pas cette question
en Amérique, en France ou en Israël.
-
Il faudrait plutôt la poser
en Algérie ou en Irak,
-
au Liban ou en Palestine...
-
Ou même au Japon!
-
7 août 1945:
-
Les USA larguent une bombe
sur Hiroshima.
-
Il y a eu des centaines de milliers
de victimes, de jeunes enfants.
-
Des civils.
-
L'hécatombe s'est poursuivie pendant
des années
-
à cause des retombées nucléaires.
-
Qui a employé la bombe, au juste?
-
Jusque-là, les USA sont les seuls.
-
L'Iran a fait la promesse
de détruire Israël.
-
Si l'Iran avait la bombe atomique,
-
ils tiendraient sans aucun doute
leur promesse.
-
Israël?
-
Les bombes d'Israël?
-
D'où viennent-elles?
-
C'est nous qui les fabriquons.
-
Nous les "vendons" à Israël.
-
Il faut détruire les bombes
américaines, israéliennes, françaises.
-
La France et les USA
sont dans l'obligation de le faire
-
à cause du traité de non-prolifération
de l'arme nucléaire.
-
Israël a un intérêt sécuritaire
-
à ce que ses conflits soient résolus
pacifiquement.
-
Parce que si certains pays ont
la bombe, d'autres pays la voudront
-
et ils finiront par l'avoir.
-
Tant qu'il y aura des armes
nucléaires, on les utilisera.
-
Par choix ou par accident.
-
Dans tous les cas,
ce sera un désastre.
-
Il faut les abolir universellement.
-
Pourquoi nous faut-il
une bombe atomique?
-
Si on pouvait tout reprendre du début,
-
personne ne dirait que la bombe
atomique était une bonne idée.
-
C'est fou.
-
Qui serions-nous
-
si nous ne vivions pas
dans l'ombre de la bombe atomique?
-
Je pense que nous serions
des gens très différents.
-
Vivrions-nous
avec cette peur constante,
-
une peur
qu'il est très facile de manipuler?
-
Tolérerions-nous
le niveau de violence actuel?
-
Je ne crois pas.
-
Je crois que nous aurions trouvé
des solutions formidables
-
pour résoudre pacifiquement
les conflits.
-
Je pense que notre identité elle-même,
au 21e siècle,
-
a été profondément influencée
par les progrès technologiques,
-
en particulier ceux de l'armement.
-
Je ne crois pas
qu'on appréhende pleinement
-
le mal que ça a causé à l'humanité,
-
ce que lancer la première bombe
a fait aux Américains.
-
À mon avis, cela a déterminé
beaucoup de choses,
-
comme le niveau de violence
de notre nature,
-
le nombre des dépressions,
-
le nombre d'addictions,
-
l'indifférence et le déni.
-
Oui, je pense que le monde
serait très diffèrent.
-
Sûrement plus attentionné et généreux,
-
plus sage et compatissant.
-
Question 62,
-
de l'écrivaine et activiste
Arundhati Roy.
-
"Entre résistance non violente et
lutte armée, quelle voie choisir?
-
"Qu'est ce qui est efficace?
-
"Quel est le bon choix?
-
"Ou bien faut-il privilégier
la biodiversité des résistances?"
-
Arundhati, si tu pouvais être ici,
entendre cette rumeur,
-
voir tous ces visages...
-
J'aime l'expression
"biodiversité des résistances".
-
C'est une excellente question
-
et je ne suis pas sûr
que nous puissions y répondre.
-
J'aimerais pouvoir dire que je suis
pour une résistance non violente.
-
J'aimerais que ça soit suffisant.
-
Mais ce n'est pas à nous de dire
aux opprimés comment résister.
-
Nous avons besoin de formes
de résistance variées.
-
La lutte armée doit rester
un ultime recours.
-
Il faut rester très prudent avec ça.
-
C'est une chose
dont on doit toujours se méfier.
-
Il y a cependant des cas
où la lutte armée
-
est une nécessité.
-
Il nous faut déployer tous
les types de résistance non violente,
-
comprendre la non-violence
comme quelque chose d'actif,
-
quelque chose
de vivant et de mobile,
-
une chose qui exige de nous
un sacrifice et une souffrance,
-
qui nous permet
de toucher au meilleur de nous-mêmes
-
et au meilleur des autres.
-
Partout où la lutte pour le changement
a été couronnée de succès,
-
on a utilisé ce que vous appelez
une "biodiversité" de tactiques
-
allant de la résistance non violente
-
au lobbying politique,
aux discours,
-
et à la lutte armée.
-
Une lutte armée légitime,
-
obéissant aux principes
fixés par l'ANC et Che Guevara
-
pour distinguer d'une part
la violence terroriste,
-
une violence gratuite
avec des morts inutiles,
-
et d'autre part la lutte armée,
-
qui a pour vocation de mobiliser
et de protéger une majorité oppressée.
-
Quand je prends une décision
en tant qu'organisatrice,
-
quel que soit le domaine,
je me demande
-
si je pourrais vivre
avec les conséquences.
-
Quand le changement est en marche,
-
il affecte tout le monde,
sans exception.
-
Il y a toujours des victimes
du changement.
-
Posez-vous la question:
combien suis-je prêt à donner?
-
À quel point êtes-vous convaincu
de votre objectif?
-
Ensuite, il ne reste
qu'à choisir son arme.
-
Ça peut être un stylo,
ça peut être un fusil,
-
ça peut être un appareil photo,
du papier, un couteau...
-
Ça peut être votre vie.
-
Je pense qu'on peut faire beaucoup
avec la résistance non violente.
-
Mais y a-t-il des cas
où la lutte armée est juste?
-
Les révolutions sont-elles justes?
-
Je crois que c'est une erreur
de se concentrer sur la résistance.
-
Il n'y a pas que la résistance.
-
Ce qu'il faut, c'est créer
quelque chose d'attrayant,
-
un nouveau paradigme
qui donne envie aux gens.
-
Si la beauté de chacun
pouvait fleurir...
-
Imaginez!
-
Si la beauté de chacun de nous ici
fleurissait!
-
Oui, Arundhati, nous avons besoin
de cette biodiversité sur la terre.
-
C'est la langue universelle,
la culture universelle,
-
la spiritualité universelle.
-
Ce que vous voyez ici autour de moi,
-
c'est un cercle représentant
la communauté mondiale.
-
Vous voyez qu'elle regorge
de diversité.
-
Une diversité de pensées,
d'idées, de concepts.
-
Est-ce que quelqu'un nous écoute?
-
Une autre fois, alors?
-
Ça va sûrement être envoyé
dans le monde entier,
-
comme on lance un disque.
-
Super.
-
C'est bon, ça va? Génial!
-
Il faudrait pouvoir
débrancher son cerveau
-
pour pouvoir
mieux ressentir les choses.
-
Vous sentez
ce qui ce passe autour de vous?
-
Ou continuez-vous à penser?
-
Regarde la caméra!
-
Hé, les gars,
-
si vous me filmez
en train de dire un truc bien,
-
vous le gardez
et vous effacez le reste.
-
Vous êtes allé au centre.
Comment était-ce?
-
C'était très bien.
-
C'est fantastique:
il n'y a qu'à cliquer
-
et on peut suivre toutes les caméras.
-
Question 75,
-
de Sara Francis,
35 ans, Dublin, Irlande.
-
"Qu'est-ce que le courage
aujourd'hui?"
-
Le courage est une qualité
que j'apprécie énormément.
-
Je m'incline devant les gens
qui ont du courage.
-
Le courage vous donne la force
de vivre votre vie au quotidien.
-
Le courage, c'est quelque chose
qui vous élève pas à pas.
-
Il faut du courage pour être humain,
pour "être" tout court.
-
Être seul, c'est courageux.
-
Hermétique, totalement neutre.
-
Douter de soi-même, c'est du courage.
-
Le courage a tellement de visages.
-
Il y a le courage de Aung San Suu Kyi,
-
qui est forcée au silence
dans sa propre maison.
-
Il y a le courage des étudiants
de la place Tian'anmen.
-
Nous risquons nos vies
de manières différentes.
-
Je suis mal placée pour en parler.
-
Je n'ai jamais été
véritablement en danger
-
comme l'ont été
tant de gens présents ici.
-
Pour parler simplement,
je suis prêt à mourir.
-
J'en ai le courage
et j'en prendrai le risque
-
s'il s'agit de défendre
mes convictions.
-
Nous nous trouvons aujourd'hui
au milieu de la place
-
où l'épisode du nazisme
-
s'est emparé de ce beau pays
qu'est l'Allemagne
-
pour dénaturer les lois et la justice
-
de la façon la plus horrible qui soit.
-
Pensez au courage de ces gens
qui ont violé les lois de l'État
-
pour obéir à la loi universelle,
-
celle du respect de la vie humaine.
-
Les camps de travail chinois
ressemblent beaucoup
-
aux goulags soviétiques et
aux camps de concentration allemands.
-
Près de 40 ou 50 millions de personnes
y ont perdu la vie.
-
J'y suis resté pendant 19 ans
-
avant d'arriver en Amérique.
-
Je ne voulais pas en parler,
-
mais j'ai fini par le faire
-
parce que nous n'avons qu'une vie.
-
Que serait devenue l'Argentine
-
sans le courage
des mères de la Plaza de Mayo
-
qui s'élevèrent
contre la dictature et le terrorisme
-
des généraux Videla,
Massera et Agosti,
-
responsables de la "disparition"
de milliers de gens jetés à la mer?
-
Que serions-nous devenus
-
sans la leçon de courage
de ces mères
-
qui se regroupaient chaque jour
devant la Casa de Gobierno
-
avec les photos
de leurs enfants disparus?
-
Le courage, c'est avoir conscience
-
que les autorités
ne sont pas invincibles,
-
comme l'ont montré
les peuples du monde
-
qui, mus par le courage
et l'indignation,
-
ont pu expulser des investisseurs
étrangers de leur pays,
-
ou sont parvenus
à renverser des gouvernements.
-
Le courage, c'est avant toute chose
-
regarder le futur en face,
-
ne pas se détourner
quand on est confronté à l'inconnu,
-
et croire que
si on fait des sacrifices,
-
si on souffre,
-
si on prend des risques
et qu'on accepte d'être vulnérable,
-
alors on peut encore
changer les choses.
-
Ce qu'on devrait garder à l'esprit
pour se motiver et se radicaliser,
-
c'est que nous ne risquons pas
nos vies,
-
juste parfois quelques ennuis,
-
un peu d'ostracisme,
-
un peu de notre bien-être.
-
Le courage, ça n'est pas seulement
changer le monde.
-
C'est aussi s'assurer que le monde
d'aujourd'hui ne me change pas.
-
Question 74, de Nancy Clemons,
57 ans,
-
Cameron, Missouri, USA.
-
"Que faire pour lutter
contre le réchauffement climatique?"
-
Vous pouvez formuler vos réponses.
-
C'est une vaste question!
-
Les générations futures
-
ne pourront pas comprendre
notre délire destructeur.
-
Vous et moi ne pouvons rien faire
pour l'arrêter.
-
On n'empêchera pas la glace
de continuer à fondre.
-
La seule question
est de savoir qui survivra.
-
Et la vie qu'ils auront vaudra-t-elle
la peine d'être vécue?
-
Nous savons déjà
que beaucoup périront.
-
Un grand nombre d'autres
survivront de justesse.
-
Ils seront peu à avoir
une vie digne de ce nom.
-
Je prie sans cesse
le Tout-Puissant
-
pour que nous ayons une vie
qui vaille la peine d'être vécue.
-
Car quoi que nous fassions
aujourd'hui,
-
il n'y a pas de retour en arrière
possible.
-
La glace continuera de fondre
jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus.
-
En fait, on ne peut plus arrêter
le réchauffement climatique.
-
En tant que biologiste évolutionniste,
-
je sais qu'on ne peut rien faire.
-
Ceci dit,
on peut ralentir le processus.
-
Le réchauffement climatique,
-
ce n'est pas une question de science,
mais d'expérience.
-
La science nous donne les faits,
les données.
-
Elle peut nous pousser à agir.
-
Mais notre décision viendra du cœur
et non de la tête.
-
Nous faisons tous partie du problème,
-
nous devrions donc tous
contribuer à la solution.
-
Je pourrais aider
en arrêtant de conduire.
-
Passer aux biocarburants
-
ou utiliser massivement
les énergies solaire et éolienne
-
ne suffirait probablement pas
-
à soutenir un système industriel
dans sa dimension actuelle.
-
La solution est d'utiliser
moins d'énergie.
-
De nombreuses communautés
commencent à adopter ces mesures.
-
C'est ce qu'on appelle
le "power down".
-
Ces communautés sont en train
-
d'examiner divers projets
-
visant à recentrer leur économie.
-
Elles savent que si le prix du pétrole
s'envole ou s'il y a pénurie,
-
les étagères des supermarchés
resteront vides.
-
Elles ne pourront plus se chauffer
ni voyager.
-
Il nous faut apprendre à contrôler
-
notre recherche perpétuelle
du bas prix.
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Ce que nous pouvons faire
au niveau mondial,
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c'est faire honte aux pollueurs,
les ridiculiser.
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Il n'y aura pas d'état d'urgence.
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Cela fait des milliers d'années
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que nous sommes en état d'urgence.
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Nous nous mentons à nous-mêmes
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quand nous déclarons
que les responsables de ces problèmes
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sont les nations, les gouvernements,
les religions ou les races.
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Le problème se trouve
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dans la conscience de chacun.
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Je ne crois pas
dans le genre humain, non.
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Je suis gêné
d'appartenir à cette race.
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En même temps, elle me fascine.
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La belle et la bête.
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Question 83,
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du photographe Sebastião Salgado,
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originaire d'Aimorés,
Minas Gerais, Brésil.
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"Avons-nous assez de sensibilité
pour voir la planète
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de façon à ressentir
notre appartenance à la nature?"
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Nous commençons tous à percevoir
plus clairement les dégâts.
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Ils sont à nos portes.
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Nous sentons le climat changer:
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sécheresse, inondations,
orages, canicules...
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L'air que nous respirons est vicié.
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Nous souffrons d'allergies.
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Notre nourriture n'a plus de goût.
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Nous voyons la forêt mourir,
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les animaux et les plantes
sont menacés et disparaissent.
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De plus en plus d'entre nous
comprennent
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que la planète ne nous appartient pas.
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C'est nous qui appartenons
à la Terre.
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Depuis le 20e siècle,
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depuis la victoire de l'Homme
sur la gravité
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et ses premiers pas
dans l'espace,
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nous avons des photos,
de superbes images de notre planète,
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ce petit globe bleu
flottant dans l'univers.
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Devant ces photos,
on deviendrait presque sentimental.
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On se dit: je vis sur cette planète,
j'en fais partie.
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Sortez une nuit vous allonger
au milieu d'un champ
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pour regarder les étoiles,
là en bas.
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Imaginez que la pesanteur
vous tient collé en dessous.
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C'est peut-être le cas, non?
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Si les enfants aiment autant
les animaux,
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c'est parce que nous avons tous
évolué ensemble.
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Nous avons vécu près de la nature
pendant presque toute notre évolution.
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La vie moderne
n'est qu'une parenthèse.
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Nous nous sommes coupés
de la terre, des autres animaux,
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coupés les uns des autres.
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C'est arrivé parce que nous nous
sommes coupés de nous-mêmes,
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de nos cœurs et de nos corps.
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La nature fabrique les matériaux
les plus sophistiqués de la planète
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à partir d'hydrates de carbone.
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Nous aussi pouvons apprendre
à le faire.
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Mais nous nous croyons
supérieurs à la nature,
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donc nous ne la regardons pas.
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Cela fait 4,5 billions d’années
d’expérience et de technologies.
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Prenez un nid de guêpes:
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c'est un bâtiment entier
suspendu à un fil,
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fait de matériaux si légers
qu'il peut supporter
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300 fois son propre poids
en habitants.
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Pouvons-nous apprendre
à construire de tels bâtiments?
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Saurons-nous un jour
bâtir des gratte-ciels
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en construisant à la base
pour pousser vers le haut,
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à l'exemple du roseau?
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Il y a tant à apprendre
de la nature.
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C'est de notre propre initiative,
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et par nos efforts personnels
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que nous atteindrons
l'équilibre avec la nature
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et que nous ferons
partie intégrante avec elle.
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C'est alors que nous ressentirons
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l'éternité,
la perfection et l'harmonie
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qui sont partout dans la nature.
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Partout, excepté dans la nôtre.
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Ce que nous mangeons,
ce que nous portons,
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nos maisons, nos possessions:
tout provient de la terre.
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Apprendre à exploiter cette terre
de façon durable
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n'est ni un rêve ni une utopie.
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Le seul obstacle qui se dresse
entre nous et cette possibilité,
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c'est l'idée que c'est impossible,
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l'idée qu'ils sont trop puissants,
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que les corporations
ne peuvent pas changer,
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que les gens ne veulent pas changer,
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que l'avidité innée de l'âme humaine
est responsable de tout,
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que tout vient de la surpopulation,
que la terre est trop peuplée
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et qu'il est impossible
de nourrir tout le monde.
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Ce sont des mythes
qu'il faut absolument réexaminer,
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des préjugés sur lesquels
nous devons revenir.
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Question 96,
de Miraj Khaled, 30 ans,
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de Dhaka, Bangladesh.
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"Quelle est la religion de Dieu?"
-
"Quelle est la religion de Dieu?"
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Cette question m'a plu tout de suite
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parce qu'elle est très perspicace.
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Quel dieu?
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Quelle religion?
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Quel dieu? Le dieu de qui?
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Quelle que soit la manière
dont nous considérons "Dieu",
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nous devons respecter la façon
dont les autres le perçoivent.
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Dieu est une manière de définir
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certains archétypes
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certaines attentes,
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certains objectifs.
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Dieu "est".
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Dieu est esprit,
il n'a pas de religion.
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Dieu n'existe pas.
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La religion de ma Déesse
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résonne partout dans le monde.
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Dans chaque feuille,
chaque grain de poussière,
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dans chaque fleur.
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Non, je ne crois pas
que Dieu ait une religion.
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Je pense que la religion est
un phénomène profondément humain.
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Soyez assurés qu'en voulant donner
une religion à Dieu,
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vous imaginez un concept
purement humain...
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...que nous projetons sur Lui.
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Je suis amour.
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Je suis l'univers.
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Je suis Dieu en action.
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Il n'y a pas de Dieu.
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Dieu est un symbole.
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Le symbole d'une chose
que les mots ne peuvent pas exprimer.
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C'est pour ça que Dieu
n'a pas de religion.
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Il faut se figurer Dieu
comme quelque chose
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qui ne nous est pas seulement inconnu
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mais qui est au-delà
de notre compréhension,
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qui ne peut pas nous être connu.
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C'est comme poser la question:
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Quelle est la couleur d'un cercle?
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Est-il rouge, vert ou bleu?
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Il n'est ni bleu, ni rouge, ni vert.
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Il n'est pas non plus incolore.
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La question de la couleur du cercle
est absurde
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parce qu'un cercle n'a pas de couleur.
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Beaucoup de gens ne l'admettent pas.
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Il prennent un stylo, dessinent
un cercle sur un bout de papier
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et disent:
"Regarde, ce cercle est bleu."
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Oui, le cercle qu'il ont dessiné
est bleu
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mais la couleur vient du stylo
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et pas du cercle.
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La couleur du stylo,
c'est la religion
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à travers laquelle
nous exprimons la divinité,
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mais on ne peut pas
dessiner le cercle.
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Le cercle n'a rien à voir
avec les couleurs.
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Il y a autant de religions
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que de couleurs avec lesquelles
je peux dessiner un cercle.
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Elle me plaît, cette question-là!
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Je suis croyant,
mais tout ce que je sais,
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c'est qu'il y a un Dieu,
et que ce n'est pas moi.
-
Dieu n'est pas en vous?
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Si, bien sûr.
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Sur le plan de la spiritualité,
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je suis un ancien héroïnomane...
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Je n'ai pas encore rencontré Dieu.
-
Si je le rencontre un jour,
-
je lui poserai la question.
-
-Merci.
-Merci à vous.
-
-Dernière!
-Question...
-
Question 100!
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Je ne pensais pas qu'on y arriverait!
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De Keith Dierkx, 48 ans,
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Piedmont, Californie, USA.
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"Quels mythes devons-nous créer
pour un monde meilleur?"
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On trouve des mythes de la Création
dans toutes les cultures.
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Ils étaient en général
racontés par un prêtre.
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De nos jours, c'est la science
qui nous explique la Création.
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Elle a acquis ce statut de prêtre
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qui l'autorise à nous raconter
la première grande histoire.
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Et que nous dit-elle?
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Que nous vivons dans un univers
sans vie et sans but
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gouverné par l'entropie.
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Quel récit de la Création!
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Puis ils ajoutent que l'évolution
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obéit au principe
de la loi du plus fort,
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une compétition sans fin
motivée par la pénurie.
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Prendre tout ce qu'on peut
tant qu'on le peut,
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et le faire avant les autres.
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Voilà un mythe de la Création
bien déprimant,
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celui d'un univers absurde
qui court à sa ruine.
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Vous êtes coincé dedans, prisonnier
de la lutte contre le manque.
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C'est une histoire affreuse à raconter
aux gens.
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Et scientifiquement fausse: dans la
nature, toute force a un opposé.
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Pour l'entropie, il y a la syntropie.
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On sait qu'il y a eu de nombreux cas
de coopération dans l'évolution.
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Je dirais même
qu'il y a de grandes leçons à tirer
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du cycle de maturation des espèces.
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Tout d'abord jeunes et maladroites,
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elles se multiplient, se propagent,
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éliminent la compétition
en véritables capitalistes.
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Puis elles découvrent
les avantages de la coopération.
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Leurs entreprises de coopération
se font de plus en plus importantes,
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elles réalisent que leur économie
est meilleure, plus efficace,
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plus pratique, plus universelle.
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Vous obtenez alors
l'écosystème de la forêt tropicale,
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ou le corps humain
avec ses trillions de cellules
-
qui coopèrent en parfaite harmonie
malgré leurs différences.
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Voilà l'histoire qu'il faut
raconter au monde:
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l'espèce humaine grandit
et devient une grande famille,
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l'économie de chacun gagne au change,
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et on fabrique un monde meilleur.
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Les êtres humains sont les juges,
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pas seulement les observateurs,
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ils sont les participants, les
co-créateurs du processus cosmique.
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Le monde entier est un réseau.
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Chaque organisme vivant,
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chaque partie de l'univers,
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l'univers lui-même est vivant.
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Comme les électrons, les protons:
ce sont tous des organismes.
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Ils ont tous une histoire
et ils sont imbriqués,
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si profondément interconnectés
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qu'on ne peut pas les séparer.
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Et d'une seconde à l'autre,
cet univers de liens
-
peut de lui-même
se défaire et se réinventer.
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Je crois que c'est ça,
l'évolution du cosmos.
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Du cosmos et de tout ce qu'il
contient: atomes, humains, galaxies.
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C'est là l'objectif, l'ambition.
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C'est là le but ultime
de la Création divine.
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Et la limite de notre compréhension
en tant qu'êtres humains.
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Ce en quoi je crois,
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c'est une mesure d'humilité
-
et une mesure d'humanité.
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Je crois en la beauté
-
comme antidote à la brutalité
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et à la cruauté du monde.
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Je crois que le Sacré
repose dans la nature.
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Pas seulement dans le surnaturel, mais
aussi dans la beauté de la nature.
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Je crois que les humains
sont des animaux métaphysiques
-
et le seront toujours
par leur mortalité.
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L'être humain est le seul animal
qui sait qu'il va mourir.
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Voilà la source du mystère,
-
le mystère éternel
de l'existence humaine.
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À mon avis,
c'est l'alliance de l'esprit,
-
de l'âme,
-
et de cette frêle enveloppe physique
qu'on appelle le corps.
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L'alliance de toutes ces choses,
-
si elle existe,
-
ne peut être alimentée
que par des sentiments positifs.
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Si les sentiments positifs
réussissent à forger cette alliance,
-
alors tous les problèmes du monde
seront résolus.
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L'esprit humain a besoin d'espace
-
pour respirer, vivre,
se ressourcer et avancer.
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Qui voudra écouter tout ça?
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Nous sommes 112 participants,
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il y a 100 questions.
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Ça fait déjà 11 200.
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Si on donne 2 minutes à chacun,
ça fait 22 000 minutes.
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Savez-vous ce que ça représente?
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Cela fait 300 jours.
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Copyright © 2011 TITELBILD, Berlin
Sous-titres: Julie Delmarès et al.