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Kavita Ramdas: Ces femmes radicales qui embrassent la tradition

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    Salaam. Namaskar.
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    Bonjour.
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    Etant donné mon profil TED, vous vous attendez peut-être
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    à ce que je vous parle
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    des dernières tendances philantropiques,
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    de celle qui met Wall Street
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    et la Banque Mondiale en ébullition,
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    à savoir comment investir dans les femmes,
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    comment leur donner des moyens; comment les sauver.
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    Pas moi.
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    Je suis intéressée par comment les femmes
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    nous sauvent.
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    Elles nous sauvent en redéfinissant et ré-imaginant
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    un futur qui défie et brouille
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    les polarités reçues,
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    polarités que nous considérons comme allant de soi depuis très longtemps ,
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    comme celles entre le modernisme et la tradition,
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    les pays développés et les pays en voie de développement,
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    l'oppression et les opportunités.
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    Au milieu des challenges intimidants
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    auxquels nous faisons face en tant que communauté mondiale,
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    il y a quelque chose au sujet de
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    cette troisième approche raga
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    qui m'enchante
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    Ce qui m'intrigue le plus
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    c'est la manière dont les femmes font cela,
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    malgré un ensemble de paradoxes
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    qui sont à la fois frustrants et fascinants.
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    Comment se fait-il que les femmes soient, d'une part,
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    oppressées de manière vicieuse par des pratiques culturelles,
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    et malgré tout, en même temps,
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    les préservatrices de culture dans la majorité des sociétés.
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    Le Hijab ou le foulard
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    sont-ils des symboles de soumission
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    ou de résistance?
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    Alors que tant de femmes et filles
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    sont battues, violées, mutilées,
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    de façon quotidienne,
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    au nom de toutes sortes de causes,
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    honneur, religion, nationalité,
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    qu'est-ce qui permet aux femmes de replanter des arbres,
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    de reconstruire des sociétés,
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    de mener des mouvements radicaux non violents
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    en faveur du changement social?
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    Est-ce des femmes différentes
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    qui font la préservation et la radicalisation?
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    Ou sont-elles les mêmes?
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    Sommes-nous coupables, comme nous l'a rappelé Chimamanda Adichie
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    à la conférence TED d'Oxford,
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    de supposer qu'il n'y a qu'une seule histoire
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    de combats de femmes pour leurs droits,
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    quand en fait, il y en a plusieurs.
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    Et qu'est-ce que
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    les hommes ont à faire avec cela?
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    La majorité de ma vie a été une recherche
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    de réponses à ces questions.
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    Ca m'a amené à l'autre bout du monde,
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    et m'a fait rencontrer des gens extraordinaires.
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    Dans le processus, j'ai rassemblé quelques fragments
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    qui m'ont permis d'apporter un peu de lumière à ce puzzle.
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    Parmi celles qui m'ont permis d'ouvrir les yeux
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    à une troisième approche
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    se trouvent une musulmane pieuse en Afghanistan,
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    un groupe musical de lesbiennes en Croatie
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    et une casseuse de tabous en Liberia.
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    Je leur suis redevable,
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    comme je le suis à mes parents,
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    qui pour quelques écarts de conduite dans leur vie précédente ,
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    furent bénies de trois filles dans celle-ci.
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    Et pour des raisons tout aussi obscures pour moi
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    ils semblent être excessivement fières de nous trois.
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    Je suis née et j'ai été élevée en Inde,
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    où j'ai appris à un très jeune âge
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    à être profondément méfiante des oncles et tantes
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    qui se baissaient, nous caressaient la tête
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    et ensuite disaient à nos parents
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    sans aucun problème,
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    "Mes Pauvres. Vous avez seulement trois filles.
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    Mais vous êtes jeunes. Vous pouvez encore essayer."
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    Mon sentiment d'outrage
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    sur les droits des femmes
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    arriva à saturation quand j'avais à peu près onze ans.
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    Ma tante, une femme incroyablement
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    brillante et s'exprimant merveilleusement,
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    devint veuve très jeune.
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    Une multitude de membres de la famille allèrent la trouver.
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    Ils lui retirèrent son sari coloré.
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    Ils la poussèrent à en porter un blanc.
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    Ils firent partir son bindi de son front.
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    Ils cassèrent ses bracelets.
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    Sa fille, Rani,
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    de quelques années mon aînée,
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    était assise sur ses genoux, déconcertée,
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    ne sachant pas ce qui arrivait
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    à cette femme pleine de confiance
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    qu'elle connaissait autrefois comme sa mère.
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    Tard cette nuit là, j'entendis ma mère
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    supplier mon père,
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    "S'il te plait, fais quelque chose Ramu. Ne peux-tu pas intervenir?"
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    Et mon père, d'une voix faible, murmurer,
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    "Je suis seulement le plus jeune frère, il n'y a rien que je puisse faire.
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    C'est la tradition."
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    C'est la nuit où j'ai appris les règles
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    de ce que signifie être une femme dans ce monde.
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    Aucune femme ne crée ces règles,
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    mais elles nous définissent, et elles définissent
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    nos opportunités et nos chances.
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    Et les hommes aussi sont affectés par ces règles.
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    Mon père, qui a combattu dans trois guerres,
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    n'a pas pu sauver sa propre soeur
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    de cette souffrance.
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    A 18 ans,
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    sous l' excellente tutelle de ma mère,
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    j'étais donc, comme vous pouvez l'imaginer,
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    provocativement féministe.
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    Dans les rues chantant
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    [Hindi]
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    [Hindi]
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    "Nous sommes les femmes de l'Inde.
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    Nous ne sommes pas des fleurs, nous sommes les étincelles du changement."
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    Lorsque j'arrivai à Pékin en 1995,
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    il était déjà clair pour moi, que le seul moyen
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    d'obtenir l'égalité des sexes
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    était de renverser des siècles
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    de tradition oppressive.
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    Peu après mon retour de Pékin,
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    j'ai sauté sur l'opportunité de travailler pour cette organisation merveilleuse,
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    fondée par des femmes,
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    pour soutenir les organisations des droits de la femme de par le monde.
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    Mais à peine six mois à ce poste,
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    j'ai rencontré une femme
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    qui m'a forcé à remettre en cause toutes mes suppositions.
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    Elle s'appelle Sakena Yacoobi.
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    Elle est entrée dans mon bureau
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    à une époque où personne ne savait
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    aux Etats-Unis où se trouvait l'Afghanistan.
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    Elle m'a dit, "Il ne s'agit pas de la burka."
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    Elle était la militante la plus déterminée
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    des droits de la femme qu'il m'ait été donné d'entendre.
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    Elle m'a dit que les femmes géraient des écoles souterraines
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    dans ses communautés en Afghanistan
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    et que son organisation, l'Institut Afghan d'Apprentissage,
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    avait créé une école au Pakistan.
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    Elle m'a dit, " La première chose que tout musulman apprend
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    est que le Coran requiert
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    et soutient l'alphabétisation.
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    Le prophète voulait que tout croyant
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    soit capable de lire le Coran pour lui-même."
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    Avais-je bien entendu?
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    Une militante des droits de la femme était-elle
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    en train d'invoquer la religion?
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    Mais Sakena défie les étiquettes.
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    Elle porte toujours un foulard sur la tête.
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    Mais j'ai marché avec elle sur une plage
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    ses longs cheveux volant dans la brise.
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    Elle démarre chaque conférence avec une prière,
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    mais c'est une femme célibataire, courageuse,
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    et indépendante financièrement
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    dans un pays où les filles sont mariées à l'âge de 12 ans.
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    Elle est aussi immensément pragmatique.
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    "Ce foulard et ces vêtements," dit-elle,
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    "me donnent la liberté de faire ce que j'ai besoin de faire
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    pour parler à ceux dont le soutien et l'assistance
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    sont critiques pour mon travail.
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    Quand j'ai dû ouvrir l'école dans le camp de réfugiés,
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    je suis allée voir l'imam.
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    Je lui ai dit, "Je suis croyante, et les femmes et les enfants
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    dans ces conditions terribles
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    ont besoin de leur foi pour survivre."
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    Elle a souri d'un air rusé.
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    "Il a été flatté.
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    Il a commencé à venir deux fois par semaine dans mon centre
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    puisque les femmes ne pouvaient pas aller à la mosquée.
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    Et après qu'il soit parti,
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    les femmes et les filles s'attardaient.
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    Nous avons commencé par un petit cours d'alphabétisation
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    pour lire le Coran,
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    puis un cours de maths, puis un cours d'anglais et des cours d'informatique.
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    En quelques semaines, toutes les personnes du camp de réfugiés
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    assistaient à nos cours."
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    Sakena est enseignante
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    à une époque où, éduquer les femmes
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    est une entreprise dangereuse en Afghanistan.
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    Elle fait partie de la liste noire des Talibans.
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    Je me fais du souci pour elle chaque fois qu'elle voyage dans ce pays.
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    Elle hausse les épaules quand je lui pose des questions sur la sécurité.
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    "Kavitan Jan, nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir peur.
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    Regarde ces jeunes filles qui retournent à l'école
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    quand on leur jette de l'acide au visage."
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    Et je souris, et j'acquiesce,
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    réalisant que je suis en train d'observer des femmes et des filles
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    qui utilisent leurs propres traditions et pratiques religieuses,
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    les transformant en instruments
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    d'opposition et d'opportunité.
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    Leur chemin est le leur
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    et il est orienté vers un Afghanistan
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    qui sera différent.
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    Etre différentes est quelque chose que les femmes
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    de Lesbor à Zagreb, Croatie
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    connaissent ô trop bien.
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    Etre une lesbienne, une gouine,
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    une homosexuelle
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    dans beaucoup d'endroits du monde, y compris ici
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    dans notre pays, en Inde,
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    est occuper une place d'inconfort immense
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    et de préjugé extrême.
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    Dans les sociétés d'après-guerre comme en Croatie,
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    où l'hyper-nationalisme et la religiosité
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    ont créé un environnement, impossible
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    pour toute personne qui pourrait
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    être considérée comme un exclu social.
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    Entre alors un groupe de lesbiennes affichées,
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    de jeunes femmes qui adorent la musique ancienne
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    qui autrefois s'est propagée dans toute la région
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    de la Macédoine à la Bosnie,
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    de la Serbie à la Slovénie.
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    Ces chanteuses folkloriques se sont rencontrées à l'université dans un programme d'études des sexes.
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    La plupart ont une vingtaine d'années. Certaines sont mamans.
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    Beaucoup ont eu du mal à s'afficher comme lesbiennes dans leurs communautés.
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    Dans les familles les croyances religieuses rendent difficile le fait d'accepter
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    que leurs filles ne sont pas malades,
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    juste homosexuelles.
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    Comme dit Leah, l'une des fondatrices du groupe,
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    "J'aime beaucoup la musique traditionnelle.
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    J'aime aussi le rock and roll.
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    Donc avec Lesbor, nous mélangeons les deux.
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    Je vois la musique traditionnelle comme une forme de rébellion
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    dans laquelle les gens peuvent vraiment dire leur vérité,
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    particulièrement les chansons traditionnelles
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    d'autres régions de l'ancienne république de Yougoslavie.
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    Après la guerre, de nombreuses chansons furent perdues.
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    Mais elles font partie de notre enfance et de notre histoire,
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    et nous nous devons de ne pas les oublier.'
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    De façon complètement improbable, cette chorale L.G.B.T (Lesbienne, gay, bisexuelle et transexuelle)
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    a démontré comment des femmes
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    investissent dans la tradition pour créer le changement,
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    comme des alchimistes transformant discorde en harmonie.
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    Leur répertoire comprend
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    l'hymne national croate,
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    une chanson d'amour bosniaque
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    et des duos serbes.
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    Et, Leah ajoute avec un sourire,
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    "Kavita, nous sommes particulièrement fières de notre musique de Noël
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    puisqu'elle indique que nous sommes ouvertes à des pratiques religieuses
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    même si l'Eglise catholique
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    nous haït, nous les lesbiennes, homosexuels, bisexuels et transexuels.
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    Leurs concerts attirent des gens
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    de leur communauté, certes,
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    mais aussi des personnes d'une génération plus âgée,
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    une génération qui est peut-être
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    suspicieuse de l'homosexualité,
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    mais qui est nostalgique de sa propre musique et du passé qu'elle représente.
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    Un père qui avait initialement rechigné à ce que sa fille
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    s'affiche dans une telle chorale,
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    écrit maintenant des chansons pour elles.
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    Au Moyen-Age, les troubadours
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    voyageaient au travers du pays
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    chantant leurs histoires et partageant leurs versets.
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    Lesbor voyage comme ça à travers les Balkans,
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    chantant, liant des personnes divisées
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    par leur religion, leur nationalité et leur langue,
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    Bosniaques, Croates et Serbes
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    trouvent un espace partagé privilégié de fierté dans leur histoire,
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    et Lesbor leur rappelle que
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    les chansons qu'un groupe revendique souvent comme les siennes
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    appartiennent en réalité à tous.
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    (Chantant)
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    Hier, Mallika Sarabhai nous a montré
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    que la musique peut créer un monde
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    plus accepteur de différences
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    que celui qui nous a été donné.
  • 11:17 - 11:19
    Le monde donné à Layma Bowie
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    était un monde en guerre.
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    Le Libéria était déchiré par des guerres civiles depuis des décennies.
  • 11:25 - 11:28
    Layma n'était pas une activiste, c'était une maman de trois enfants.
  • 11:28 - 11:30
    Mais elle était malade d'angoisse.
  • 11:30 - 11:32
    Elle s'inquiétait que son fils soit enlevé
  • 11:32 - 11:34
    et emmené pour devenir un enfant soldat.
  • 11:34 - 11:36
    Elle s'inquiétait que ses filles soient violées.
  • 11:36 - 11:39
    Elle s'inquiétait pour leurs vies.
  • 11:39 - 11:41
    Une nuit, elle a fait un rêve.
  • 11:41 - 11:43
    Elle a rêvé qu'elle et des milliers d'autres femmes
  • 11:43 - 11:45
    arrêtaient l'effusion de sang.
  • 11:45 - 11:48
    Le lendemain à l'église, elle a demandé aux autres comment elles se sentaient.
  • 11:48 - 11:50
    Elles étaient toutes fatiguées de se battre.
  • 11:50 - 11:53
    Nous avons besoin de paix et aussi que nos leaders sachent
  • 11:53 - 11:56
    que nous ne nous reposerons pas jusqu'à ce qu'il y ait la paix.
  • 11:56 - 11:59
    Parmi les amis de Layma, se trouvait une policière musulmane.
  • 11:59 - 12:02
    Elle promit de soulever le problème dans sa communauté.
  • 12:02 - 12:04
    Au sermon du vendredi suivant,
  • 12:04 - 12:06
    les femmes qui étaient assises dans la petite salle de la mosquée
  • 12:06 - 12:09
    commencèrent à partager leur désarroi sur la situation.
  • 12:09 - 12:12
    "Quelle importance cela a-t-il?" dirent-elles, "Une balle ne fait pas la distinction
  • 12:12 - 12:14
    entre un musulman et un chrétien."
  • 12:14 - 12:16
    Ce petit groupe de femmes
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    décida de provoquer l'arrêt de la guerre.
  • 12:18 - 12:21
    Et elles choisirent d'utiliser leurs traditions pour exprimer leurs vues.
  • 12:21 - 12:23
    Les femmes du Libéria portent généralement
  • 12:23 - 12:25
    beaucoup de bijoux et des vêtements colorés.
  • 12:25 - 12:27
    Mais non, pour leur protestation, elles s'habillèrent
  • 12:27 - 12:29
    tout de blanc, sans maquillage.
  • 12:29 - 12:31
    Comme le dit Layma, " Nous portions le blanc
  • 12:31 - 12:33
    pour indiquer que nous étions en faveur de la paix."
  • 12:33 - 12:35
    Elles se tenaient debout le long de la route sur
  • 12:35 - 12:37
    laquelle le convoi motorisé de Charles Taylor passait chaque jour.
  • 12:37 - 12:39
    Elles y furent pendant des semaines,
  • 12:39 - 12:42
    tout d'abord juste 10, puis 20, puis 50 puis des centaines de femmes
  • 12:42 - 12:45
    habillées de blanc, chantant, dansant,
  • 12:45 - 12:48
    disant qu'elles voulaient la paix.
  • 12:48 - 12:50
    Pour finir, les forces opposantes du Libéria
  • 12:50 - 12:53
    furent forcées d'avoir des discussions de paix au Ghana.
  • 12:54 - 12:57
    Les discussions de paix durèrent et durèrent.
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    Layma et ses soeurs en eurent assez.
  • 12:59 - 13:01
    Avec le reste de leurs moyens financiers, elles emmenèrent
  • 13:01 - 13:03
    un petit groupe de femmes au lieu de discussion de la paix,
  • 13:03 - 13:05
    et elles encerclèrent l'immeuble.
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    Et dans un clip de CNN, maintenant célèbre,
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    vous pouvez les voir assises à même le sol, les bras liés.
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    Nous connaissons cela ici en Inde. Cela s'appelle un [Hindi].
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    Et la pression monta.
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    La police fut appelée pour faire déplacer les femmes.
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    Alors que l'officier en charge s'approche avec un bâton,
  • 13:22 - 13:24
    Layma se lève délibérément,
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    lève ses bras au-dessus de sa tête,
  • 13:26 - 13:28
    et commence, très lentement,
  • 13:28 - 13:31
    à dénouer le tissu qui couvre sa tête.
  • 13:31 - 13:34
    On peut voir le visage du policier.
  • 13:34 - 13:37
    Il paraît gêné. Il recule.
  • 13:37 - 13:39
    Et le moment d'après,
  • 13:39 - 13:41
    la police a disparu.
  • 13:41 - 13:43
    Layma m'a dit plus tard,
  • 13:43 - 13:46
    "C'est un tabou, tu sais, en Afrique de l'Ouest.
  • 13:46 - 13:49
    Si une femme plus âgée se déshabille devant un homme
  • 13:49 - 13:51
    parce qu'elle le veut,
  • 13:51 - 13:53
    la famille de l'homme est maudite."
  • 13:53 - 13:55
    (Rires)
  • 13:55 - 13:57
    (Applaudissements)
  • 13:57 - 14:00
    Elle a dit, "Je ne sais pas s'il l'a fait parce qu'il y croyait,
  • 14:00 - 14:02
    mais il savait que nous ne partirions pas.
  • 14:02 - 14:05
    Nous ne partirions pas jusqu'à ce que le traité de paix soit signé."
  • 14:05 - 14:07
    Et l'accord de paix fut signé.
  • 14:07 - 14:09
    Et les femmes du Libéria
  • 14:09 - 14:12
    se mobilisèrent ensuite pour soutenir Ellen Johnson Sirleaf,
  • 14:12 - 14:14
    une femme qui brisa elle-même d'autres tabous
  • 14:14 - 14:16
    en devenant la première femme élue à la tête
  • 14:16 - 14:19
    d'un état africain depuis des années.
  • 14:20 - 14:23
    Quand elle a fait son premier discours présidentiel
  • 14:23 - 14:25
    elle a remercié ces femmes courageuses du Libéria
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    qui lui permirent de gagner contre une star de football
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    c'est "soccer" pour vous les Américains --
  • 14:30 - 14:32
    pas moins.
  • 14:32 - 14:34
    Les femmes commes Sakena et Leah
  • 14:34 - 14:36
    et Layma
  • 14:36 - 14:39
    m'ont rendu plus humble et m'ont changé
  • 14:39 - 14:42
    et m'ont aussi permis de réaliser que je ne devrais pas être aussi rapide
  • 14:42 - 14:45
    à faire une supposition ou une autre.
  • 14:46 - 14:48
    Elles m'ont aussi sauvée de ma colère juste
  • 14:48 - 14:51
    en m'offrant un aperçu d'une troisième approche.
  • 14:52 - 14:54
    Une activiste des Philippines m'a dit une fois,
  • 14:54 - 14:56
    "Comment cuis-tu un gâteau de riz?
  • 14:56 - 14:59
    Avec de la chaleur provenant du dessous et de la chaleur provenant du dessus."
  • 14:59 - 15:01
    Les manifestations, les marches,
  • 15:01 - 15:03
    la position intransigeante que
  • 15:03 - 15:06
    les droits de la femme sont des droits de l'Homme, point final.
  • 15:07 - 15:09
    C'est la chaleur du dessous.
  • 15:09 - 15:11
    Ce sont les Malcolm X, les suffragettes,
  • 15:11 - 15:13
    et les gay prides.
  • 15:13 - 15:15
    Mais nous avons aussi besoin de la chaleur du dessus.
  • 15:15 - 15:17
    Et dans la majorité des coins du monde,
  • 15:17 - 15:19
    ce dessus est encore
  • 15:19 - 15:21
    contrôlé par des hommes.
  • 15:21 - 15:24
    Donc pour paraphraser Marx: Les femmes peuvent changer les choses,
  • 15:24 - 15:27
    mais en aucune circonstance de leur propre choix.
  • 15:27 - 15:29
    Elles doivent négocier.
  • 15:29 - 15:32
    Elles doivent corrompre la tradition qui autrefois les obligeait à se taire
  • 15:32 - 15:35
    afin de donner voix à leurs aspirations.
  • 15:35 - 15:38
    Et elles ont besoin d'alliés de leurs communautés,
  • 15:38 - 15:40
    alliés comme l'imam,
  • 15:40 - 15:42
    alliés comme le père qui maintenant écrit des chansons
  • 15:42 - 15:45
    pour un groupe de lesbiennes en Croatie,
  • 15:45 - 15:48
    alliés comme ce policier qui honora un tabou et fit marche arrière,
  • 15:48 - 15:50
    alliés comme mon père,
  • 15:50 - 15:53
    qui n'a pas pu aider sa soeur, mais qui a aidé ses trois filles
  • 15:53 - 15:55
    à poursuivre leurs rêves.
  • 15:55 - 15:57
    Peut-être est-ce parce que le féminisme,
  • 15:57 - 15:59
    contrairement à presque tout autre mouvement social,
  • 15:59 - 16:02
    n'est pas contre un oppresseur distinct.
  • 16:02 - 16:04
    Ce n'est pas la classe dirigeante
  • 16:04 - 16:07
    ou les occupants ou les colonisateurs,
  • 16:07 - 16:10
    c'est à un ensemble bien ancré de croyances et de suppositions
  • 16:10 - 16:13
    que nous les femmes, bien trop souvent,
  • 16:13 - 16:15
    devons faire face.
  • 16:15 - 16:18
    Et peut-être est-ce ce cadeau ultime du féminisme
  • 16:18 - 16:21
    que l'aspect personnel est en fait politique.
  • 16:21 - 16:23
    De telle façon que les propos d’ Eleanor Roosevelt au sujet des droits de l'Homme,
  • 16:23 - 16:26
    sont aussi vrais au sujet de l'égalité des sexes,
  • 16:26 - 16:29
    à savoir que cela démarre dans les petits endroits, près de la maison.
  • 16:29 - 16:31
    Dans les rues, certes,
  • 16:31 - 16:34
    mais aussi dans les négociations à la table de la cuisine
  • 16:34 - 16:36
    et dans le lit conjugal
  • 16:36 - 16:38
    et dans les relations entre amants et parents
  • 16:38 - 16:40
    et soeurs et amis
  • 16:42 - 16:44
    et ensuite, et ensuite
  • 16:44 - 16:46
    vous réalisez qu'en intégrant
  • 16:46 - 16:48
    des aspects de leur tradition et de leur communauté
  • 16:48 - 16:50
    dans leurs batailles,
  • 16:50 - 16:53
    des femmes comme Sakena et Leah et Layma
  • 16:53 - 16:55
    mais aussi Sonia Gandhi ici en Inde
  • 16:55 - 16:58
    et Michelle Bachelet au Chili
  • 16:58 - 17:01
    et Shirin Ebadi en Iran
  • 17:01 - 17:03
    sont en train de faire quelque chose d'autre.
  • 17:03 - 17:05
    Elles remettent en cause la notion même
  • 17:05 - 17:08
    des modèles de développement occidentaux.
  • 17:08 - 17:11
    Elle disent qu'elles n'ont pas à être comme vous
  • 17:11 - 17:13
    pour créer du changement.
  • 17:13 - 17:16
    Nous pouvons porter un sari ou un Hijab
  • 17:16 - 17:18
    ou des pantalons ou un boubou,
  • 17:18 - 17:21
    et nous pouvons être des leaders politiques, des présidentes,
  • 17:21 - 17:23
    et des avocats des droits de l'Homme.
  • 17:23 - 17:26
    Nous pouvons utiliser notre tradition pour mener le changement.
  • 17:26 - 17:29
    Nous pouvons démilitariser les sociétés
  • 17:29 - 17:31
    et verser nos ressources à la place
  • 17:31 - 17:34
    dans des réservoirs de sécurité sincère.
  • 17:35 - 17:38
    C'est dans ces petites histoires,
  • 17:38 - 17:40
    ces histoires individuelles
  • 17:40 - 17:42
    que je vois une épopée radicale être écrite
  • 17:42 - 17:44
    par des femmes dans le monde entier.
  • 17:44 - 17:46
    C'est dans ces frusques
  • 17:46 - 17:48
    tissés dans un tissu résilient
  • 17:48 - 17:51
    qui maintiendront les communautés
  • 17:51 - 17:53
    que je trouve l'espoir.
  • 17:53 - 17:55
    Et si je chante à coeur joie
  • 17:55 - 17:58
    c'est parce que, dans ces petits fragments,
  • 17:58 - 18:00
    de temps en temps, vous pouvez apercevoir
  • 18:00 - 18:03
    un monde complètement nouveau.
  • 18:03 - 18:06
    Et ce monde est clairement en chemin.
  • 18:06 - 18:08
    Merci.
  • 18:08 - 18:16
    (Applaudissements)
Title:
Kavita Ramdas: Ces femmes radicales qui embrassent la tradition
Speaker:
Kavita Ramdas
Description:

A quoi ressemble une femme autonome? Peut-elle porter une burqa, un hijab, un sari? Kavita Ramdas parle de trois femmes remarquables qui célèbrent leur héritage culturel - tout en travaillant à en réformer ses traditions oppressives.

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English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
18:19
Florence Divet added a translation

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