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Janna Levin: Les sons de l’univers.

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    Je vous demande a tous de réfléchir une seconde
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    simplement au fait
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    que, de loin,
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    la plupart de ce que nous savons sur l’univers
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    nous vient de la lumière.
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    Nous pouvons nous trouver sur terre et regarder le ciel nocturne
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    et voir les étoiles simplement avec nos yeux.
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    Le Soleil brûle notre vision périphérique,
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    nous voyons la lumière réfléchie par la lune,
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    et dans le temps depuis que Galilée a pointé un télescope rudimentaire
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    vers les corps célestes,
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    l’univers connu nous est apparu à travers la lumière,
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    tout le long des ères de l’histoire cosmique.
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    Et avec tous nos télescopes modernes,
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    nous sommes en mesure de rassembler
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    cet étonnant film silencieux de l’univers --
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    cette série d’instantanés
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    qui remonte au Big Bang.
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    Et pourtant, l’univers n’est pas un film silencieux,
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    parce que l’univers n’est pas silencieux.
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    Je voudrais vous convaincre
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    que l’univers a une bande originale,
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    et que cette bande originale est jouée par l’espace lui-même.
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    Parce que l’espace peut vibrer comme une batterie.
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    Il peut jouer une espèce d’enregistrement
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    à travers l’univers
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    de certains des plus dramatiques événements qui se passent.
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    Nous aimerions pouvoir ajouter
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    à une espèce de composition visuelle glorieuse
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    que nous avons de l’univers
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    une composition sonore.
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    Et n’ayant jamais entendu les sons de l’espace,
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    nous devrions vraiment, dans les prochaines années,
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    commencer à augmenter le volume sur ce qui se passe là-dehors.
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    Dans cette ambition
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    de capturer les chansons de l’univers,
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    nous concentrons l’attention
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    sur les trous noirs et la promesse qu’ils nous font,
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    parce que les trous noirs détonnent dans l’espace-temps
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    comme des maillets sur un tambour
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    et interprètent une chanson très caractéristique.
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    J’aimerais jouer pour vous certaines de nos prédictions
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    sur ce à quoi cette chanson peut ressembler.
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    Les trous noirs sont sombres sur un fond de ciel noir.
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    Nous ne pouvons pas les voir directement.
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    Ils ne nous arrivent pas avec la lumière, du moins pas directement.
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    Nous pouvons les voir indirectement,
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    parce que les trous noirs font des ravages dans leur environnement.
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    Ils détruisent les étoiles tout autour.
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    Ils font des remous tout autour.
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    Mais ils ne nous arriveront pas directement par la lumière.
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    Un jour on pourrait voir une ombre
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    un trou noir peut se monter sur un fond très lumineux,
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    mais nous n’en n’avons pas pour le moment.
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    Et en plus les trous noirs peuvent être entendus
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    même si on ne les voit pas,
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    et ce parce qu'ils explosent dans l’espace-temps comme un tambour.
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    Nous devons l’idée que l’espace peut jouer comme une batterie
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    à Albert Einstein, à qui nous devons tant de choses.
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    Einstein s’est aperçu que si l’espace était vide,
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    si l’univers était vide,
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    il serait comme cette image,
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    excepté peut-être pour la grille dessinée dessus.
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    Mais si nous tombions librement dans l’espace,
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    même sans cette grille,
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    nous pourrions nous peindre,
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    parce nous remarquerions que nous avons voyagé sur des lignes droites,
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    des parcours en ligne droite
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    à travers l’univers.
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    Einstein s’est également aperçu --
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    et voici le fond du sujet –
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    que si vous mettez de l’énergie ou de la masse dans l’univers,
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    vous courbez l’espace.
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    Et un objet qui tombe librement
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    peut passer devant, disons, le soleil
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    et serait détourné
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    le long des courbes naturelles de l’espace.
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    C’est la grande théorie générale sur la relativité d’Einstein.
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    Même la lumière serait détournée le long de ces parcours.
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    Et vous pouvez tellement les plier
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    qu’ils sont capturés dans l’orbite du soleil,
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    comme la terre, ou la lune autour de la terre.
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    Voici les courbes naturelles de l’espace.
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    Ce qu’Einstein n’a pas remarqué
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    c'est que, si vous preniez le soleil
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    en le comprimant jusqu’à six kilomètres --
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    si vous preniez une masse un million de fois plus grande que la terre
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    et vous la comprimiez jusqu'à six kilomètres,
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    vous feriez un trou noir,
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    un objet tellement dense
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    que si la lumière se rapprochait, elle ne s’échapperait plus --
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    une ombre sombre contre l’univers.
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    Ce n’est pas Einstein qui s’en est aperçu,
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    c’est Karl Schwarzchild,
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    qui était un allemand juif pendant la première guerre mondiale --
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    il a rejoint l’armée allemande en tant que scientifique,
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    en travaillant sur le front Russe.
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    J’aime imaginer Schwarzchild pendant la guerre dans les tranchées
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    pendant qu’il calcule la trajectoire des balles de canon,
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    et en même temps,
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    il calcule les équations d’Einstein --
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    ce que l'on fait normalement dans les tranchées.
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    Il était en train de lire la théorie sur la relativité
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    récemment publiée par Einstein,
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    et il était ému par cette théorie.
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    Et rapidement il a supposé
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    une solution mathématique exacte
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    qui décrit une chose vraiment extraordinaire:
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    des courbes tellement fortes
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    que l’espace y tomberait dessus,
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    l’espace même courberait comme une cascade
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    en tombant dans les gorges d’un trou.
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    Et même la lumière ne pourrait pas échapper à ce courant.
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    La lumière serait entrainée dans le trou
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    comme n’importe quelle autre chose,
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    et tout ce qui resterait serait une ombre.
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    Il a donc écrit à Einstein,
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    et il a dit, « Comme vous voyez,
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    la guerre a été assez bonne avec moi,
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    malgré les fusillades.
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    J'ai pu m'en échapper
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    et parcourir vos idées."
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    Et Einstein a été réellement impressionné par l’exactitude de la solution,
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    et j’imagine aussi le dévouement du scientifique.
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    Voici le dur travail d’un scientifique dans de rudes conditions.
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    Il a donc amené l’idée de Schwarzchild
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    à l’Académie Prussienne des Sciences la semaine suivante.
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    Mais Einstein a toujours pensé que les trous noirs étaient une bizarrerie mathématique.
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    Il ne croyait pas qu’ils existaient en nature.
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    Il pensait que la nature nous protègerait contre leur formation.
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    Il a fallu des décennies
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    avant que le terme trou noir soit créé
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    et les gens ne s’aperçoivent
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    que les trous noirs sont de réels objets astrophysiques --
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    en fait se sont des états de mort
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    de grosses étoiles
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    qui collapsent de manière catastrophique
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    à la fin de leurs vies.
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    Notre soleil ne collapsera pas en un trou noir.
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    Il n’est pas assez gros.
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    Mais si nous faisions une petite expérience de la pensée –
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    ce qu'Einstein adorait faire --
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    nous pourrions imaginer
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    de réduire le soleil à six kilomètres,
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    et de mettre une petite terre dans son orbite,
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    à peu près 30 km
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    hors du trou noir du soleil.
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    Et elle serait auto-illuminée,
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    parce que le soleil serait parti, nous n’avons pas d’autre source de lumière --
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    auto-illuminons donc notre petite terre.
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    Et vous vous apercevriez que vous pouvez mettre la terre sur une orbite
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    même de 30 km
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    hors du trou noir écrasé.
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    Ce trou noir écrasé
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    pourrait à peu près rentrer dans Manhattan.
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    Il pourrait se déverser dans l’Hudson
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    avant de détruire la terre.
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    Mais fondamentalement c’est ce dont nous sommes en train de discuter.
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    Nous parlons d’un objet que nous pourrions réduire
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    à la moitié de la surface de Manhattan.
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    Nous déplaçons donc cette terre très près --
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    30 km de distance --
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    et nous remarquons qu’elle orbite parfaitement autour du trou noir.
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    Il y a une sorte de mythe
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    que les trous noirs dévorent tout dans l’univers,
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    mais il faut se rapprocher beaucoup pour tomber dedans.
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    Mais ce qui est impressionnant, c’est que, de notre point de vue,
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    nous pouvons toujours voir la terre.
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    Elle ne peut pas se cacher derrière le trou noir.
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    La lumière de la terre, une partie tombe dedans,
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    mais une partie est réfléchie et nous revient.
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    Vous ne pouvez donc rien cacher derrière un trou noir.
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    Si vous étiez dans Battlestar Galactica
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    en train de lutter contre les Cylons,
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    ne vous cachez pas derrière un trou noir.
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    Ils peuvent vous voir.
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    Notre soleil ne collapsera pas dans un trou noir;
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    il n’a pas assez de masse,
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    mais il y a des dizaines de milliers de trous noirs dans notre galaxie.
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    Et si l’un d’eux devait éclipser la voie lactée,
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    voilà à quoi ça ressemblerait.
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    Nous verrions une ombre de ce trou noir
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    contre des centaines de milliards d’étoiles
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    dans la galaxie de la voie lactée et ses chemins poussiéreux lumineux.
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    Et si nous devions tomber dans ce trou noir,
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    nous verrions toute cette lumière réfléchie,
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    et nous pourrions même commencer à croiser cette ombre
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    et ne pas remarquer réellement que quelque chose de dramatique s'est passé.
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    Ce ne serait pas bien d’essayer d’allumer nos fusées pour nous en sortir
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    parce qu’on ne pourrait pas,
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    pas plus que ne peut en échapper la lumière.
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    Mais même si le trou noir est sombre de l’extérieur,
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    il n’est pas sombre à l’intérieur,
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    parce que toute la lumière de la galaxie peut tomber derrière nous.
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    Et même si, à cause d’un effet relativiste qu'on appelle la dilation du temps,
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    nous aurions l’impression que nos montres ralentissent
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    par rapport au temps de la galaxie,
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    il nous semblerait que l’évolution de la galaxie
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    ait été accéléré et nous avait tiré dessus,
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    juste avant de nous écraser contre le trou noir.
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    Ce serait comme une expérience de mort imminente
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    quand vous voyez la lumière à la fin du tunnel,
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    mais c’est une expérience de mort totale.
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    (Rires)
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    Et il n’y a aucun moyen de parler à quiconque
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    de la lumière à la fin du tunnel.
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    Nous n’avons jamais vu une ombre comme celle d’un trou noir,
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    mais les trous noirs peuvent être entendus,
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    même s’ils ne peuvent être vus.
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    Imaginez de prendre une situation astrophysique réaliste --
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    imaginez deux trous noirs qui ont vécu une longue vie ensemble.
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    Ils ont peut être débuté en tant qu’étoiles
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    et collapsé en deux trous noirs --
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    chacun 10 fois la masse du soleil.
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    Nous allons donc les comprimer jusqu’à 60 km.
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    Ils peuvent tourner
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    des centaines de fois par seconde.
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    À la fin de leurs vies,
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    ils se côtoient tous les deux très près de la vitesse de la lumière.
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    Ils traversent donc des centaines de kilomètres
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    en une fraction de seconde.
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    Et pendant ce temps-là, non seulement ils courbent l’espace,
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    mais ils laissent dans leurs sillages
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    un retentissement de l’espace,
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    une onde dans l’espace-temps.
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    L’espace se comprime et s’étire
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    pendant qu’il ressort de ces trous noirs
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    en éclatant bruyamment dans l’univers.
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    Et ils voyagent là-bas dans le cosmos
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    à la vitesse de la lumière.
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    Cette simulation à l’ordinateur
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    nous vient d’un groupe de relativité à la NASA Goddard.
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    Il a fallu presque 30 ans pour n’importe qui dans le monde pour résoudre ce problème.
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    Ceci est un de ces groupes.
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    Il montre deux trous noirs chacun dans l’orbite de l’autre,
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    encore une fois, avec ces courbes colorées très utiles.
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    Et si vous regardez – c’est un peu vague --
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    mais si vous regardez les ondes rouges qui émanent,
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    ce sont des ondes gravitationnelles.
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    Elle sont littéralement les sons de l’espace,
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    et elles voyageront à partir de ces trous noirs à la vitesse de la lumière
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    pendant qu’elles produisent des sons et elles se fondent
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    en un seul tranquille trou noir qui tourne
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    à la fin du jour.
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    Si vous étiez assez près
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    vous entendriez résonner
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    l’étirement e la compression de l’espace.
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    Vous entendriez littéralement le son.
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    Naturellement, votre tête serait écrasée et étirée définitivement,
  • 10:08 - 10:11
    vous pourriez donc avoir des problèmes à comprendre ce qui se passe.
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    Mais j’aimerais jouer pour vous
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    le son que nous imaginons.
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    Ceci est de mon groupe --
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    un model programmé légèrement moins élégant.
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    Imaginez un petit trou noir
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    qui tombe dans trou noir très grand.
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    Le son que vous entendez
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    est celui du petit trou noir qui explose dans l’espace
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    chaque fois qu’il se rapproche.
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    S’il s’éloigne, c’est un peu trop tranquille.
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    Mais il arrive comme un maillet,
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    et il fait craquer littéralement l’espace,
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    en vibrant comme un tambour.
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    Et nous pouvons prévoir le son qu’il fera.
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    Nous savons que, pendant qu’il tombe dedans,
  • 10:45 - 10:47
    il accélère e il fait de plus en plus de bruit.
  • 10:47 - 10:49
    Et finalement,
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    nous entendrons le petit qui tombe dans le grand.
  • 10:52 - 11:09
    (Battement)
  • 11:09 - 11:11
    Ensuite c’est fini.
  • 11:11 - 11:13
    Je ne l’ai jamais entendu si haut – en fait c’est beaucoup plus dramatique.
  • 11:13 - 11:15
    A la maison il a un son anticlimactique.
  • 11:15 - 11:17
    C’est une espèce de ding, ding, ding.
  • 11:17 - 11:21
    Voici un autre son de mon groupe.
  • 11:21 - 11:23
    Non, je ne vous montrerai pas d’images,
  • 11:23 - 11:25
    parce que les trous noirs ne laissent derrière eux
  • 11:25 - 11:27
    aucune trace d’encre,
  • 11:27 - 11:29
    et l’espace n’est pas peint,
  • 11:29 - 11:31
    et ne vous montre pas les courbes.
  • 11:31 - 11:33
    Mais si vous flottiez dans l’espace en vacance
  • 11:33 - 11:35
    vous entendriez ceci,
  • 11:35 - 11:37
    ça donne envie de se tirer.
  • 11:37 - 11:39
    (Rires)
  • 11:39 - 11:41
    Il faudrait vous éloigner du son.
  • 11:41 - 11:43
    Les deux trous noirs se déplacent.
  • 11:43 - 11:46
    Les deux trous noirs se rapprochent.
  • 11:46 - 11:49
    Dans ce cas-là, ils sont en train de vibrer suffisamment.
  • 11:49 - 11:51
    Et ils vont fusionner.
  • 11:51 - 11:59
    (Battement)
  • 11:59 - 12:01
    C’est fini.
  • 12:01 - 12:04
    Ce pépiement est très caractéristique des trous noirs qui fusionnent --
  • 12:04 - 12:07
    Que sa pépie à la fin.
  • 12:07 - 12:09
    Ceci est notre prévision
  • 12:09 - 12:11
    de ce que l’on verra.
  • 12:11 - 12:13
    Heureusement nous sommes à distance de sécurité à Long Beach, Californie.
  • 12:13 - 12:15
    Et sûrement, quelque part dans l’univers
  • 12:15 - 12:17
    deux trous noirs ont fusionné.
  • 12:17 - 12:19
    Et certainement, l’espace autour de nous
  • 12:19 - 12:21
    sonne
  • 12:21 - 12:24
    après avoir voyagé probablement des millions d'années lumière, ou un million d'années,
  • 12:24 - 12:27
    à la vitesse de lumière pour arriver à nous.
  • 12:27 - 12:30
    Mais le son est trop faible pour que n’importe qui puisse l’entendre.
  • 12:30 - 12:33
    Voilà des expérimentations qui ont été faites sur terre --
  • 12:33 - 12:35
    l'une s’appelle LIGO --
  • 12:35 - 12:37
    elle détectera les déviations
  • 12:37 - 12:40
    dans l’écrasement et l’étirement de l’espace
  • 12:40 - 12:43
    à une fraction près d’un noyau atomique
  • 12:43 - 12:45
    sur quatre kilomètres.
  • 12:45 - 12:47
    C’est une expérimentation remarquablement ambitieuse,
  • 12:47 - 12:49
    et elle aura une sensibilité très avancée
  • 12:49 - 12:52
    dans les prochaines années.
  • 12:52 - 12:54
    Il y a également une mission proposée pour l’espace,
  • 12:54 - 12:56
    qui sera lancée, avec un peu de chance, dans les dix prochaines années,
  • 12:56 - 12:58
    qui s’appelle LISA :
  • 12:58 - 13:01
    LISA sera en mesure de voir les trous noirs énormes --
  • 13:01 - 13:04
    des trous noirs des millions ou des milliards de fois
  • 13:04 - 13:06
    la masse du soleil.
  • 13:06 - 13:09
    Sur cette image Hubble nous voyons deux galaxies.
  • 13:09 - 13:12
    Elles paraissent presque figées dans une étreinte.
  • 13:12 - 13:14
    Et chacune nourrit peut-être
  • 13:14 - 13:17
    un énorme trou noir en elle-même.
  • 13:17 - 13:19
    Mais elles ne sont pas figées,
  • 13:19 - 13:21
    elles sont en train de fusionner.
  • 13:21 - 13:23
    Ces deux trous noirs sont entrés en collision,
  • 13:23 - 13:26
    et ils fusionneront sur une échelle de temps de plus d’un milliard d’années.
  • 13:26 - 13:28
    Ça va au-delà de la perception humaine
  • 13:28 - 13:31
    de comprendre une chanson de cette durée.
  • 13:31 - 13:33
    Mais LISA pourrait voir les phases finales
  • 13:33 - 13:35
    de deux trous noirs énormes
  • 13:35 - 13:37
    plus tôt dans l’histoire de l’univers,
  • 13:37 - 13:40
    les 15 dernières minutes avant qu’ils ne fusionnent.
  • 13:40 - 13:42
    Mais ce n’est pas seulement les trous noirs,
  • 13:42 - 13:45
    mais n’importe quelle grosse perturbation dans l’univers --
  • 13:45 - 13:47
    et la plus grosse c’est le Big Bang.
  • 13:47 - 13:50
    Quand cette expression a été créée, elle était moqueuse --
  • 13:50 - 13:52
    comme dans, “Oh, qui peut croire à un Big Bang?”
  • 13:52 - 13:54
    Mais maintenant elle pourrait être techniquement plus précise,
  • 13:54 - 13:56
    parce que le Big Bang pourrait détonner;
  • 13:56 - 13:58
    il pourrait faire un bruit.
  • 13:58 - 14:01
    Cette animation de mes amis des Proton Studios
  • 14:01 - 14:03
    montre une vision du Big Bang de l’extérieur.
  • 14:03 - 14:06
    Nous ne voulons jamais faire cela. Nous voulons être à l’intérieur de l’univers,
  • 14:06 - 14:09
    parce qu'être en dehors de l’univers, ça n’existe pas.
  • 14:09 - 14:11
    Imaginez donc d’être à l’intérieur du Big Bang.
  • 14:11 - 14:13
    Il est partout, tout autour de vous,
  • 14:13 - 14:15
    et l’espace vacille chaotiquement.
  • 14:15 - 14:17
    14 milliards d’années passent
  • 14:17 - 14:20
    et cette chanson se joue toujours autours de vous.
  • 14:20 - 14:22
    Les galaxies se forment,
  • 14:22 - 14:24
    et des générations d’étoiles se forment dans ces galaxies.
  • 14:24 - 14:26
    Et autours d’une étoile,
  • 14:26 - 14:28
    au moins une étoile,
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    il y a une planète habitable.
  • 14:30 - 14:33
    Et nous voila désespérément en train de construire ces expérimentations,
  • 14:33 - 14:35
    de faire tous ces calculs, d'écrire ces codes.
  • 14:35 - 14:38
    Imaginez il y a un milliard d’années,
  • 14:38 - 14:40
    deux trous noirs en collision.
  • 14:40 - 14:42
    Cette chanson résonne dans l’espace
  • 14:42 - 14:44
    pendant tout ce temps.
  • 14:44 - 14:46
    Nous n’étions même pas là.
  • 14:46 - 14:48
    Elle se rapproche de plus en plus --
  • 14:48 - 14:50
    il y a 40.000 ans, nous sommes encore en train de peindre dans les grottes.
  • 14:50 - 14:52
    On est pressé, construisez vos instruments!
  • 14:52 - 14:55
    Ça se rapproche de plus en plus, et en 20…
  • 14:55 - 14:57
    n’importe quelle année
  • 14:57 - 14:59
    quand nos détecteurs ont finalement une sensibilité avancée --
  • 14:59 - 15:01
    nous les construirons, nous allumerons les machines
  • 15:01 - 15:04
    et, bang, nous la capturerons – la première chanson de l’espace.
  • 15:04 - 15:06
    C’est le Big Bang que nous allons capturer,
  • 15:06 - 15:08
    ça résonnerait à peu près comme ça.
  • 15:08 - 15:11
    (Statique) C’est un bruit terrible.
  • 15:11 - 15:13
    C’est littéralement la définition du bruit.
  • 15:13 - 15:15
    C’est un bruit blanc, c’est une sonnerie chaotique.
  • 15:15 - 15:18
    Mais c’est partout autours de nous, vraisemblablement,
  • 15:18 - 15:20
    s’il n’a pas été éliminé
  • 15:20 - 15:22
    par un autre procès de l’univers.
  • 15:22 - 15:25
    Et si nous le capturons, ce serait une musique pour nos oreilles,
  • 15:25 - 15:27
    parce que ce serait un écho tranquille
  • 15:27 - 15:29
    de cet instant de notre création,
  • 15:29 - 15:31
    de notre univers observable.
  • 15:31 - 15:33
    Donc dans quelques années,
  • 15:33 - 15:36
    nous pourrons monter un peu le son de la bande originale,
  • 15:36 - 15:39
    traduire l’univers en audio.
  • 15:39 - 15:42
    Mais si nous percevons ces premiers instants,
  • 15:42 - 15:44
    ça nous amènera très près
  • 15:44 - 15:46
    de la compréhension du big bang,
  • 15:46 - 15:49
    qui nous amène tellement près
  • 15:49 - 15:52
    à poser une des plus difficiles et élusives questions de l’histoire.
  • 15:52 - 15:55
    Si nous jouons à l'envers un film de notre univers,
  • 15:55 - 15:58
    nous savons qu’il a eu un Big Bang dans notre passé,
  • 15:58 - 16:02
    et nous pourrions même entendre le son cacophonique,
  • 16:02 - 16:04
    mais notre Big Bang est-il le seul?
  • 16:04 - 16:07
    Ce que je veux dire c'est que nous devrions nous demander: c’est déjà arrivé ?
  • 16:07 - 16:09
    Est-ce que ça arrivera à nouveau?
  • 16:09 - 16:12
    Dans l'esprit du défi de TED,
  • 16:12 - 16:14
    pour réanimer la curiosité,
  • 16:14 - 16:17
    nous pouvons poser des questions, au moins pour cette dernière minute,
  • 16:17 - 16:19
    qui pourraient nous échapper pour toujours.
  • 16:19 - 16:21
    Mais il faut se demander:
  • 16:21 - 16:23
    est-il possible que notre univers
  • 16:23 - 16:26
    soit un panache d’une histoire beaucoup plus grande?
  • 16:26 - 16:30
    Est-il possible que nous soyons seulement une branche d’un multivers --
  • 16:30 - 16:34
    chaque branche avec son Big Bang dans son passé --
  • 16:34 - 16:36
    certains peut-être avec des trous noirs qui jouent de la batterie,
  • 16:36 - 16:38
    certains peut-être sans --
  • 16:38 - 16:41
    certains peut-être avec une vie sensible, certains peut-être sans --
  • 16:41 - 16:43
    pas dans notre passé, pas dans notre futur,
  • 16:43 - 16:46
    mais en quelque sorte fondamentalement liés a nous?
  • 16:46 - 16:48
    Nous devons donc nous demander, s’il y a un multivers,
  • 16:48 - 16:50
    dans une autre partie de ce multivers,
  • 16:50 - 16:52
    y a-t-il des créatures?
  • 16:52 - 16:54
    Voici mes créatures du multivers.
  • 16:54 - 16:56
    Y a-t-il d’autres créatures dans le multivers,
  • 16:56 - 16:58
    en train de nous imaginer
  • 16:58 - 17:01
    Et en train de s’imaginer leurs origines?
  • 17:01 - 17:03
    Et si c’est le cas,
  • 17:03 - 17:06
    je peux les imaginer comme nous,
  • 17:06 - 17:08
    en train de calculer, écrire du code sur des ordinateurs,
  • 17:08 - 17:10
    construire des instruments,
  • 17:10 - 17:13
    essayant de détecter les sons les plus étranges
  • 17:13 - 17:15
    sur leurs origines
  • 17:15 - 17:17
    et imaginant qui d'autre est là-dehors.
  • 17:17 - 17:20
    Merci. Merci.
  • 17:20 - 17:22
    (Applaudissements)
Title:
Janna Levin: Les sons de l’univers.
Speaker:
Janna Levin
Description:

On pense à l’espace comme un lieu silencieux. Mais la physicienne Janna Levin nous dit que l’univers a une bande originale – une composition sonore qui enregistre certains des événements les plus dramatiques de l’espace. (Trous noirs, par exemple, un bang dans l’espace temps comme un tambour.) Un tour sonore accessible à travers l'univers, qui nous ouvrira l'esprit.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
17:23
Anna Cristiana Minoli added a translation

French subtitles

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