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Les merveilles de l'art aborigène australien | Rebecca Hossack | TEDxOxford

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    Il y a plus de 30 ans, en 1987,
  • 0:07 - 0:10
    j'ai monté une petite galerie d'art
    à Londres.
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    C'était un projet modeste
    dans un petit magasin à Fitzrovia -
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    un quartier bohème et plutôt délabré
    de Londres à l'époque.
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    L'inspiration et la motivation
    à l'origine de ce projet
  • 0:23 - 0:27
    était mon désir d'exposer
    l'art aborigène à Londres.
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    Cet art était relativement méconnu
    à l'époque.
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    C'est surprenant à dire
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    et choquant,
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    car lorsque je suis née en 1955
    à Melbourne,
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    les Aborigènes n'étaient pas des citoyens
    à part entière dans leur propre pays.
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    Ils étaient des pupilles de l'État
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    et en tant que pupilles de l'État,
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    ils n'avaient pas le droit de se marier
    ni la permission de voyager.
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    Ils n'avaient pas le droit
    d'être propriétaires
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    et ils n'étaient même pas légalement
    responsables de leurs propres enfants.
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    C'est seulement lorsque j'ai eu 12 ans,
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    en 1967, qu'un référendum s'est tenu
  • 1:05 - 1:07
    et que les Australiens ont voté
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    pour que les Aborigènes soient considérés
    comme des citoyens du pays.
  • 1:11 - 1:13
    Et malgré cela,
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    les gens qui vivaient -
  • 1:15 - 1:19
    les Européens blancs
    qui habitaient dans les villes côtières
  • 1:19 - 1:22
    n'accordaient encore
    aucun intérêt au peuple Aborigène.
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    Et pour eux,
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    ils demeuraient globalement invisibles.
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    Ils n'avaient pas de voix
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    et personne ne voulait les écouter.
  • 1:30 - 1:33
    En me tenant devant ces peintures
    à Alice Springs,
  • 1:33 - 1:36
    j'étais complètement émerveillée.
  • 1:36 - 1:38
    Comment avaient-elles été créées ?
  • 1:38 - 1:41
    C'étaient des cartes postales
    d'un autre monde.
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    Bien que l'art aborigène fût tout à fait
    nouveau pour moi à l'époque -
  • 1:46 - 1:48
    et nouveau pour beaucoup d'Australiens -
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    c'était aussi ancien.
  • 1:50 - 1:51
    Très ancien.
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    En fait, c'est la plus ancienne tradition
    artistique continue au monde,
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    qui s'étend de façon ininterrompue
    sur environ 50 000 ans -
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    bien plus longtemps que Stonehenge,
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    que les pyramides de l'ancienne Égypte
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    ou que les grottes de Lascaux -
  • 2:09 - 2:13
    mais c'était en même temps
    vraiment nouveau.
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    Ces peintures, ces dessins traditionnels,
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    avaient été peints sur des corps
    lors de cérémonies,
  • 2:21 - 2:23
    en utilisant de l'ocre naturel.
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    C'étaient de très grandes, d'immenses
    mosaïques réalisées dans le sable,
  • 2:29 - 2:32
    gravées dans les arbres
    et peintes sur des rochers.
  • 2:32 - 2:36
    Mais ces œuvres étaient
    éphémères et fugitives.
  • 2:36 - 2:42
    Et lorsque j'ai réalisé ça à Alice Spring,
    un grand changement s'est produit.
  • 2:42 - 2:45
    Dans un superbe acte de générosité,
  • 2:45 - 2:51
    les Aborigènes avaient créé leur art
    sous une forme permanente et mobile -
  • 2:52 - 2:54
    sur du papier, des canevas.
  • 2:54 - 2:55
    Et bien plus,
  • 2:55 - 2:59
    ils nous avaient autorisés,
    nous, les non-initiés,
  • 2:59 - 3:00
    à les voir.
  • 3:01 - 3:04
    C'était un énorme et extraordinaire
    changement
  • 3:04 - 3:07
    qui s'était produit depuis
    que j'avais quitté le pays.
  • 3:07 - 3:13
    Cela avait commencé dans un petit lieu
    appelé Papunya en 1971.
  • 3:13 - 3:15
    Dans les années 60,
    le gouvernement australien,
  • 3:15 - 3:18
    afin d'assimiler les Aborigènes,
  • 3:18 - 3:20
    avait construit des remparts
    dans le désert
  • 3:20 - 3:22
    et ils avaient encerclé
    le peuple aborigène
  • 3:22 - 3:26
    et l'avait forcé à entrer dans ces camps
    entourés de fil barbelé.
  • 3:26 - 3:29
    Papunya avait été bâti pour 500 habitants
  • 3:29 - 3:32
    mais un millier d'Aborigènes
    avaient été placés là,
  • 3:32 - 3:34
    souvent des personnes
    de langues différentes,
  • 3:34 - 3:37
    qui étaient en guerre peut-être
    depuis des millénaires
  • 3:37 - 3:41
    et qui ne voulaient pas vivre
    dans une trop grande proximité.
  • 3:41 - 3:44
    Les gens étaient privés de leur droit
    de parcourir le pays,
  • 3:44 - 3:46
    de suivre le chant des pistes,
  • 3:46 - 3:49
    assis, désespérément sur le sable.
  • 3:49 - 3:52
    Lors de cette scène de désespoir,
  • 3:52 - 3:54
    en 1971,
  • 3:54 - 3:57
    un jeune professeur
    de Nouvelle-Galles du Sud,
  • 3:57 - 3:58
    Geoffrey Bardon,
  • 3:58 - 4:01
    prit ses fonctions à l'école de Papunya.
  • 4:02 - 4:07
    Geoffrey était fasciné
    par la campagne environnante
  • 4:07 - 4:09
    et les magnifiques formations rocheuses.
  • 4:09 - 4:10
    Et il était aussi intrigué
  • 4:10 - 4:15
    par les élèves qui dessinaient
    dans le sable pendant leur pause
  • 4:15 - 4:18
    et qui racontaient des histoires
    en utilisant leurs doigts.
  • 4:19 - 4:24
    Les anciens ont remarqué son intérêt
    et ils en étaient ravis.
  • 4:24 - 4:25
    Il faut savoir
  • 4:25 - 4:29
    qu'à cette époque, en Australie,
    c'était presque l'apartheid.
  • 4:29 - 4:32
    Les Européens travaillaient
    dans le bâtiment -
  • 4:32 - 4:36
    les professionnels de santé,
    les mécaniciens et les vendeurs -
  • 4:36 - 4:38
    n'avaient pas de relation avec eux
  • 4:38 - 4:41
    et aucune volonté de tisser des liens.
  • 4:41 - 4:45
    Alors la curiosité que Geoffrey
    portait aux anciens était spéciale.
  • 4:45 - 4:48
    Et encouragés par cela,
    ils ont commencé à lui parler.
  • 4:49 - 4:51
    Et vous les voyez -
  • 4:51 - 4:54
    vous le voyez assis là
    avec le vieux Long Tom Onion.
  • 4:55 - 4:57
    Et les hommes lui ont expliqué
  • 4:57 - 5:02
    comment cette terre avait été créée
    par leurs ancêtres.
  • 5:02 - 5:05
    Et soudain, Geoffrey se dit :
  • 5:05 - 5:06
    « C'est étonnant.
  • 5:06 - 5:12
    Pourquoi j'enseigne des choses
    sur l'Occident aux enfants
  • 5:12 - 5:15
    alors que nous ne parlons pas
    de cette culture extraordinaire
  • 5:15 - 5:18
    qui est la leur ? »
  • 5:18 - 5:21
    Et donc, après avoir consulté les anciens,
  • 5:21 - 5:25
    ils ont décidé de créer une peinture
    sur le mur de l'école de Papunya.
  • 5:25 - 5:29
    À la minute où ce projet
    de peinture murale a été lancé,
  • 5:29 - 5:32
    l'ambiance générale à l'intérieur
    de la communauté a changé.
  • 5:32 - 5:35
    Les gens n'avaient plus l'air désespéré.
  • 5:35 - 5:39
    Ils commençaient à discuter avec entrain
    de l'histoire appropriée
  • 5:39 - 5:40
    à peindre sur le mur.
  • 5:40 - 5:43
    Quelque chose qui serait visible
    par tout le monde,
  • 5:43 - 5:45
    pas seulement les initiés.
  • 5:45 - 5:49
    Ils ont décidé de peindre
    le Mur de la Fourmi de miel.
  • 5:49 - 5:55
    Et vous pouvez voir cette œuvre, peinte
    en 1971, sur le mur de l'école de Papunya.
  • 5:55 - 5:58
    Geoffrey avait initié tout cela.
  • 5:58 - 6:03
    Et la nouvelle se répandit à travers
    le désert, comme un feu de forêt.
  • 6:03 - 6:06
    La communauté suivante
    à prendre les pinceaux
  • 6:06 - 6:08
    est celle de Yuendumu.
  • 6:08 - 6:09
    Les Warlpiri,
  • 6:09 - 6:13
    contraints de vivre dans des cabines
    en fer blanc, étouffantes,
  • 6:14 - 6:16
    envoyées par le gouvernement
    afin de les civiliser.
  • 6:16 - 6:19
    Et donc leur premier acte
    de révolution culturelle
  • 6:19 - 6:23
    a été de peindre les portes
    de ces petites cabines en fer blanc,
  • 6:23 - 6:26
    même si on peut se demander
    si ces cabines étaient si civilisatrices
  • 6:26 - 6:29
    dans un pays où
    il fait souvent 40°C dehors.
  • 6:29 - 6:31
    Je n'en suis pas sûre.
  • 6:31 - 6:35
    Mais ce qui réunissait
    ces artistes dispersés,
  • 6:35 - 6:41
    c'était que l'origine de leur art
    provenait de la terre.
  • 6:41 - 6:44
    C'était quelque chose de très différent
    pour les colons blancs.
  • 6:44 - 6:48
    Le centre de l'Australie était perçu
    comme un territoire hostile,
  • 6:48 - 6:51
    vraiment très effrayant.
  • 6:51 - 6:53
    Vous pouvez voir ici
  • 6:53 - 6:57
    la vision d'un cartographe occidental
    du grand Désert de Sable :
  • 6:57 - 6:59
    « une plaine vaste, sans relief ;
  • 6:59 - 7:01
    sans limite distincte,
  • 7:01 - 7:07
    pas de montagne, de rocher,
    de rivière, de courant ni de lac. »
  • 7:07 - 7:14
    Et voici une vision aborigène
    de la même portion de territoire.
  • 7:15 - 7:18
    C'est important de comprendre
  • 7:18 - 7:22
    que la culture aborigène n'est pas
    une seule entité homogène.
  • 7:22 - 7:28
    C'est l'Australie telle qu'elle a été
    découverte par les Européens.
  • 7:28 - 7:33
    Toutes ces couleurs symbolisent
    des groupes de langues différents.
  • 7:33 - 7:35
    Bien sûr, certains ont disparu
  • 7:35 - 7:37
    mais beaucoup sont demeurés.
  • 7:37 - 7:40
    Et l'art provenant de ces différents lieux
  • 7:40 - 7:41
    est aussi distinctif
  • 7:41 - 7:44
    que ces différentes langues
    et caractéristiques physiques variées
  • 7:44 - 7:47
    des peuples qui habitent ces contrées.
  • 7:47 - 7:52
    L'une des premières expositions
    de ma petite galerie à Fitzrovia
  • 7:52 - 7:57
    était sur le grand artiste Anmatyerre
    de Papunya, Clifford Possum.
  • 7:57 - 8:03
    Je l'avais rencontré près d'un ruisseau
    lors de ma visite à Alice Springs.
  • 8:03 - 8:05
    Il était assis sous un arbre
  • 8:05 - 8:06
    et je lui ai dit :
  • 8:06 - 8:09
    « Clifford, est-ce que tu voudrais
    exposer à Londres ? »
  • 8:09 - 8:12
    Il m'a regardée pendant un long moment
  • 8:12 - 8:15
    puis il m'a dit : « Reine. »
  • 8:15 - 8:17
    Et j'ai dit : « Oui, bien sûr.
  • 8:17 - 8:20
    Bien sûr que tu pourras la rencontrer
    si tu viens à Londres. »
  • 8:20 - 8:22
    Alors il m'a regardée longuement
  • 8:22 - 8:24
    et a dit : « Ok. »
  • 8:25 - 8:26
    Je lui ai envoyé l'argent du billet
  • 8:26 - 8:27
    et un an plus tard,
  • 8:27 - 8:30
    je suis allé le chercher à Heathrow.
  • 8:30 - 8:33
    Il est arrivé avec son chapeau
    et sa veste de cow-boy.
  • 8:33 - 8:37
    Puis nous sommes montés
    dans la voiture direction la galerie,
  • 8:37 - 8:38
    puis il me dit : « Reine. »
  • 8:38 - 8:42
    Et bien sûr, j'avais oublié ma promesse.
  • 8:42 - 8:46
    J'ai pensé que ce serait excitant
    pour lui d'être à Londres
  • 8:46 - 8:49
    et que si nous passions devant
    Buckingham Palace, ce serait suffisant,
  • 8:49 - 8:50
    alors on l'a fait.
  • 8:50 - 8:52
    Et lorsqu'on s'est approché,
  • 8:52 - 8:55
    je lui ai dit :
    « Clifford, c'est là que vit la Reine. »
  • 8:55 - 8:58
    Et il me répondit : « Dedans. Dedans. »
  • 8:58 - 8:59
    (Rires)
  • 9:00 - 9:02
    Et ça m'a ouvert les yeux.
  • 9:02 - 9:06
    Comme des générations d'Européens
    avant moi,
  • 9:06 - 9:10
    j'avais promis quelque chose
  • 9:10 - 9:15
    que je n'avais pas l'intention ou
    la possibilité d'honorer pour un aborigène
  • 9:15 - 9:19
    et, vu que je lui avais promis,
    il m'avait fait confiance.
  • 9:19 - 9:22
    Et comme un ancien du peuple Anmatyerre,
  • 9:22 - 9:27
    il était venu en Grande-Bretagne
    pour voir le dirigeant du peuple anglais.
  • 9:27 - 9:28
    Et j'ai compris
  • 9:28 - 9:32
    qu'il perdrait la face
    si cela ne se produisait pas.
  • 9:32 - 9:35
    C'était la soirée d'inauguration
    de l'exposition.
  • 9:35 - 9:38
    C'était un événement remarquable.
  • 9:38 - 9:43
    Ces extraordinaires, superbes
    et mytho-poétiques toiles
  • 9:43 - 9:46
    avec ces étranges motifs abstraits
  • 9:46 - 9:49
    provenant du milieu du désert.
  • 9:49 - 9:51
    Les gens étaient enchantés et intrigués
  • 9:51 - 9:54
    et tout le monde était content sauf moi.
  • 9:54 - 9:58
    Et ma tristesse devait se lire
    sur mon visage
  • 9:58 - 10:02
    car un homme très gentil
    est venu vers moi et m'a dit :
  • 10:02 - 10:04
    « Qu'est-ce qui ne va pas ?
  • 10:04 - 10:06
    C'est une exposition incroyable.
  • 10:06 - 10:07
    Tu devrais être très heureuse. »
  • 10:07 - 10:10
    Et je lui ai expliqué ce que j'avais fait.
  • 10:10 - 10:13
    Il a compris.
  • 10:13 - 10:17
    Le lendemain matin, j'étais sur le point
    d'aller réveiller Clifford.
  • 10:17 - 10:22
    Je n'avais pas beaucoup dormi
    et je me sentais tellement triste.
  • 10:22 - 10:25
    Et juste avant de le réveiller,
    le téléphone a sonné :
  • 10:25 - 10:27
    « Bonjour Rebecca. »
  • 10:27 - 10:30
    C'était l'homme sympathique de la veille.
  • 10:30 - 10:31
    « C'est George Harwood.
  • 10:31 - 10:33
    J'ai parlé à ma cousine, la Reine,
  • 10:33 - 10:35
    et elle serait ravie
  • 10:35 - 10:36
    (Rires)
  • 10:36 - 10:40
    de vous voir ainsi que Clifford au palais
    à deux heures cet après-midi. »
  • 10:40 - 10:42
    Les peintures -
  • 10:42 - 10:45
    pour que vous compreniez
    les peintures aborigènes -
  • 10:45 - 10:47
    il est important de savoir que,
  • 10:47 - 10:51
    bien qu'elles nous paraissent abstraites,
  • 10:51 - 10:52
    elles ne le sont pas.
  • 10:52 - 10:57
    Elles sont paradoxalement riches de sens.
  • 10:57 - 11:03
    Et donc, beaucoup d'images sont créées
    avec une perspective aérienne -
  • 11:03 - 11:07
    comme si vous étiez un oiseau
    en train de voler.
  • 11:07 - 11:13
    Et si nous faisions cette conférence
    dans le désert en Australie -
  • 11:13 - 11:14
    ce qui serait vraiment amusant -
  • 11:14 - 11:17
    vous seriez tous assis sur le sable,
    les jambes croisées
  • 11:17 - 11:23
    et l'empreinte de vos fesses dessinerait
    un U vu d'en haut.
  • 11:23 - 11:25
    Alors quand vous voyez cette forme
    sur une peinture,
  • 11:25 - 11:28
    cela symbolise une présence humaine.
  • 11:28 - 11:31
    Ces peintures ne sont donc
  • 11:31 - 11:34
    pas seulement des cartes montrant
    les points d'eau et de nourriture -
  • 11:34 - 11:38
    ce qui est essentiel
    pour un peuple nomade -
  • 11:38 - 11:44
    mais ce sont aussi des récits
    sur la création de cette terre
  • 11:44 - 11:45
    et comment y vivre.
  • 11:45 - 11:50
    Et c'était le thème de l'exposition
    sur le travail de Clifford.
  • 11:52 - 11:54
    Maintenant, je...
  • 11:56 - 11:58
    À cause de ce qu'il s'est passé
    en Australie,
  • 11:59 - 12:01
    on a remarqué
  • 12:01 - 12:05
    que le peuple Aborigène s'exprimait
    avec une voix nouvelle,
  • 12:05 - 12:10
    qu'il y avait une expression de fierté
    dans leur art et leur caractère.
  • 12:10 - 12:13
    Et cela n'avait pas été reconnu
  • 12:13 - 12:18
    par les autres pays indigènes
    à travers le monde.
  • 12:18 - 12:24
    Et je me trouvais dans une position
    très privilégiée pour en être témoin.
  • 12:24 - 12:29
    Parce que j'avais exposé
    de l'art aborigène,
  • 12:29 - 12:34
    j'ai commencé à recevoir
    des demandes du monde entier
  • 12:34 - 12:36
    pour exposer des groupes indigènes.
  • 12:36 - 12:42
    Et au début des années 90, j'ai exposé
    un groupe de Kalahari Bushmen,
  • 12:42 - 12:45
    de San People, du Botswana.
  • 12:45 - 12:50
    Comme les Aborigènes, ils ont commencé
    à transposer leurs premiers chefs-d'œuvre
  • 12:51 - 12:55
    sur des supports permanents et mobiles.
  • 12:55 - 12:58
    Plus de peinture sur les roches
    ou dans les grottes
  • 12:58 - 13:01
    mais des peintures sur toile
    ou des impressions.
  • 13:01 - 13:04
    Leur exposition à Londres
    fut vraiment magnifique.
  • 13:04 - 13:07
    Ils avaient cette extraordinaire vision
    de l'espace.
  • 13:08 - 13:11
    Souvent, vous pensez regarder
    une créature spécifique
  • 13:11 - 13:15
    mais c'est ce qui était en arrière-plan
    qui était vraiment important.
  • 13:16 - 13:17
    Maintenant,
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    dans notre culture occidentale,
  • 13:24 - 13:26
    l'art a un statut particulier
  • 13:26 - 13:29
    et en effet, il a une place spéciale.
  • 13:29 - 13:34
    Mais parfois, il peut être vu
    comme une esthétique superficielle,
  • 13:36 - 13:41
    quelque chose de moins essentiel
    que d'arriver à vivre.
  • 13:41 - 13:44
    Mais dans les cultures
    des tribus indigènes,
  • 13:44 - 13:48
    l'art est véritablement
    au cœur de leurs vies.
  • 13:49 - 13:50
    Il est central
  • 13:50 - 13:57
    en politique, dans la vie personnelle,
    sociale et religieuse.
  • 13:57 - 14:00
    Il est inséparable de la société.
  • 14:00 - 14:03
    C'est la peinture
    que je voulais vous montrer.
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    Dans la société indigène,
  • 14:06 - 14:09
    l'art fait partie de la vie.
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    Et certaines de ces peintures
  • 14:14 - 14:16
    ne sont pas juste belles,
    ne sont pas que des œuvres,
  • 14:16 - 14:21
    ce sont aussi des documents juridiques.
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    Et sur cette peinture,
  • 14:22 - 14:26
    vous voyez les artistes
    de Fitzroy Crossing.
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    Quand ils sont venus me voir,
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    J'ai dit : « Que voulez-vous faire? »
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    Et ils m'ont dit :
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    « On voudrait voir
    où les ennuis ont commencé.
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    - Qu'est-ce que vous voulez dire ? »
  • 14:37 - 14:41
    - Nous aimerions voir d'où vient
    le Capitaine Crochet. »
  • 14:41 - 14:45
    Alors nous sommes allés à Whitby en train
    et ce fut une expédition extraordinaire.
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    Et lorsqu'ils ont vu la petite chaise
    en bois du Capitaine Crochet
  • 14:49 - 14:50
    dans sa modeste petite maison,
  • 14:50 - 14:54
    ils ont dit : « Maintenant on comprend.
  • 14:54 - 14:55
    Il était juste comme nous. »
  • 14:55 - 14:57
    C'était une visite incroyable.
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    Les voici,
  • 14:59 - 15:04
    assis sur une grande peinture
    dans le sable.
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    J'étais une avocate
  • 15:06 - 15:09
    et beaucoup de gens
    qui ont fait le droit comme moi
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    sont à présent juges ou avocats.
  • 15:11 - 15:13
    Et ils vont quelquefois dans le désert
  • 15:13 - 15:18
    et ils s'assoient avec leurs perruques
    et leurs toges autour de ces peintures
  • 15:18 - 15:19
    comme cela.
  • 15:19 - 15:21
    Et un par un,
  • 15:21 - 15:25
    les artistes se tiendront là,
    à côté de leurs chefs-d'œuvres
  • 15:25 - 15:26
    et ils diront :
  • 15:27 - 15:30
    « Je sais que c'est mon territoire.
  • 15:30 - 15:33
    Je peux le prouver car il appartenait
    à ma grand-mère,
  • 15:33 - 15:35
    à mon arrière-arrière-grand-mère,
  • 15:35 - 15:36
    à mon arrière-arrière-arrière-grand-mère
  • 15:36 - 15:39
    et je sais où sont les points d'eau. »
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    Vous pouvez voir qu'il y a
    beaucoup de cercles sur cette peinture
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    qui symbolisent les points d'eau.
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    À présent, rappelez-vous
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    la vision du cartographe occidental
    du Grand Désert de Sable,
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    où vit le peuple Walmajarri.
  • 15:54 - 15:55
    Il n'y avait rien.
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    Pas de point d'eau.
  • 15:56 - 15:59
    Mais le peuple sait où les trouver.
  • 15:59 - 16:00
    Vivant là depuis des millénaires,
  • 16:00 - 16:03
    ils savent les chercher et les trouver.
  • 16:03 - 16:07
    En effet, quand les Britanniques
    ont déclaré l'Australie « terra nullius »,
  • 16:07 - 16:09
    une terre inhabitée,
  • 16:09 - 16:11
    ils l'ont fait car
  • 16:11 - 16:16
    le peuple indigène n'avait pas
    d'administration
  • 16:16 - 16:17
    ou d'agriculture.
  • 16:17 - 16:20
    Mais nous savons à présent
  • 16:20 - 16:24
    qu'ils avaient un mode de vie
    remarquable et sophistiqué
  • 16:24 - 16:28
    dans cet incroyable continent unique
    qu'est l'Australie.
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    Et je pense qu'il y a tellement -
  • 16:31 - 16:33
    J'adore cette peinture
    et j'aime le peuple assis là
  • 16:33 - 16:38
    parce que vous voyez simplement
    la générosité et le désir de partager -
  • 16:38 - 16:40
    malgré les difficultés
    qu'on leur a causées -
  • 16:40 - 16:43
    leur extraordinaire culture.
  • 16:43 - 16:46
    Et je pense vraiment qu'à travers l'art,
  • 16:46 - 16:52
    la connaissance et le pouvoir
    des Aborigènes peuvent être dévoilés.
  • 16:52 - 16:54
    Mais je pense aussi
  • 16:54 - 16:58
    qu'en tant que moyens de communication,
  • 16:58 - 17:01
    de partage des connaissances
    et de la compréhension,
  • 17:01 - 17:05
    cela peut servir à nous rapprocher.
  • 17:05 - 17:06
    Merci.
  • 17:06 - 17:08
    (Applaudissements)
Title:
Les merveilles de l'art aborigène australien | Rebecca Hossack | TEDxOxford
Description:

Rebecca Hossack est la directrice des galeries d'art qui défendent les traditions artistiques non occidentales, en particulier l'art aborigène australien. Elle a précédemment été attachée culturelle australienne à Londres. Elle écrit régulièrement dans la presse nationale et donne des conférences internationales sur l'art aborigène. Son discours se concentre sur la diffusion de cette fascinante et ancienne tradition artistique à un public plus large.

Cette conférence a été donnée lors d'un événement TEDx utilisant le format de conférence TED, mais organisé indépendamment par une communauté locale. En savoir plus sur https://www.ted.com/tedx

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
17:08

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