Return to Video

Comment les expériences de l'enfance s'inscrivent dans l'ADN

  • 0:01 - 0:03
    Tout cela a commencé
  • 0:03 - 0:04
    dans un bar sombre de Madrid.
  • 0:05 - 0:09
    J'ai rencontré mon collègue
    de McGill, Michael Meaney.
  • 0:09 - 0:12
    On buvait quelques bières,
  • 0:12 - 0:14
    et comme le font les scientifiques,
  • 0:14 - 0:15
    il m'a parlé de son travail.
  • 0:16 - 0:21
    Il m'a dit qu'il était intéressé
    par la manière dont les mères rates
  • 0:21 - 0:25
    lèchent leurs petits après leur naissance.
  • 0:26 - 0:28
    Et j'étais assis là, me disant :
  • 0:28 - 0:31
    « C'est donc là que l'argent
    de mes impôts est gâché,
  • 0:31 - 0:32
    (Rires)
  • 0:32 - 0:35
    dans cette sorte de science douce. »
  • 0:36 - 0:38
    Et il a commencé à me dire
  • 0:38 - 0:42
    que les rats, comme les humains,
  • 0:42 - 0:44
    lèchent leur bébé de manières différentes.
  • 0:44 - 0:47
    Certaines mères sont très attentionnées,
  • 0:47 - 0:49
    d'autres très peu
  • 0:49 - 0:51
    et la majorité sont au milieu.
  • 0:52 - 0:54
    Mais ce qui est intéressant,
  • 0:54 - 0:59
    c'est que quand il suit ces jeunes
    lorsqu'ils deviennent adultes,
  • 0:59 - 1:03
    l'équivalent de plusieurs années humaines,
    bien longtemps après la mort de la mère,
  • 1:03 - 1:05
    ce sont des animaux
    complètement différents.
  • 1:05 - 1:09
    Les animaux qui ont été
    fortement léchés et brossés,
  • 1:09 - 1:11
    les fortement léchés et brossés,
  • 1:12 - 1:13
    ne sont pas stressés.
  • 1:14 - 1:16
    Ils ont un comportement sexuel différent.
  • 1:16 - 1:19
    Ils ont une manière de vivre différente
  • 1:19 - 1:25
    de ceux dont la mère
    n'a pas pris autant soin.
  • 1:26 - 1:29
    Et donc, je me demandais :
  • 1:29 - 1:30
    est-ce de la magie ?
  • 1:31 - 1:32
    Comment ça marche ?
  • 1:32 - 1:35
    Un généticien aimerait vous faire croire
  • 1:35 - 1:39
    que la mère avait peut-être
    un gène de « mauvaise mère »
  • 1:39 - 1:43
    qui a rendu ses petits stressés
  • 1:43 - 1:46
    et qui a été transmis
    de génération en génération,
  • 1:46 - 1:48
    ça serait déterminé par la génétique.
  • 1:48 - 1:52
    Ou est-il possible que quelque chose
    d'autre se passe ?
  • 1:52 - 1:55
    Chez les rats, on peut tester
    cette question et y répondre.
  • 1:55 - 1:59
    Ce que l'on a fait est une expérience
    d'adoptions croisées.
  • 1:59 - 2:04
    Il suffit de séparer la portée,
    les bébés de cette rate, à la naissance,
  • 2:04 - 2:06
    donnés à deux types de mères adoptives,
  • 2:06 - 2:09
    pas leur vraie mère,
    mais des mères qui s'occuperont d'eux,
  • 2:09 - 2:12
    des mères attentionnées
    et des mères qui le sont moins.
  • 2:12 - 2:15
    Et on peut faire l'inverse
    avec des petits moins soignés.
  • 2:16 - 2:18
    Et la réponse étonnante était
  • 2:18 - 2:22
    que le gène reçu de la mère
    n'était pas important.
  • 2:22 - 2:28
    Ce n'était pas la mère biologique
    qui définissait le comportement des bébés,
  • 2:28 - 2:32
    c'était la mère qui les élèvait.
  • 2:33 - 2:36
    Comment cela peut-il marcher ?
  • 2:37 - 2:39
    Je suis un épigénéticien.
  • 2:39 - 2:42
    Je m'intéresse à la manière
    dont les gènes sont marqués
  • 2:42 - 2:46
    par des agents chimiques
    pendant l'embryogenèse,
  • 2:46 - 2:49
    lorsque nous sommes
    dans le ventre de notre mère,
  • 2:49 - 2:51
    et qui décident quels gènes
    seront exprimés
  • 2:52 - 2:53
    dans quel tissu.
  • 2:53 - 2:57
    Des gènes différents sont exprimés
    dans le cerveau, le foie ou l’œil.
  • 2:58 - 3:01
    Et on a pensé : est-il possible
  • 3:01 - 3:08
    que la mère reprogramme
    les gènes de sa progéniture
  • 3:08 - 3:09
    par son comportement ?
  • 3:09 - 3:11
    On y a passé dix ans
  • 3:11 - 3:15
    et on a découvert qu'il y a une cascade
    d’événements biochimiques
  • 3:15 - 3:18
    par lesquels le léchage et le brossage
    de la mère, son attention,
  • 3:18 - 3:21
    sont traduits en signaux biochimiques
  • 3:21 - 3:24
    qui vont dans le noyau et dans l'ADN
  • 3:24 - 3:26
    et le programment différemment.
  • 3:26 - 3:31
    Donc maintenant, l'animal
    peut se préparer à la vie.
  • 3:31 - 3:34
    Est-ce que la vie sera dure ?
  • 3:34 - 3:36
    Va-t-il y avoir beaucoup de nourriture ?
  • 3:36 - 3:39
    Y aura-t-il beaucoup de chats
    et de serpents aux alentours ?
  • 3:39 - 3:40
    Ou vivra-t-on
    dans un quartier bourgeois
  • 3:40 - 3:43
    où il faut simplement
    se comporter correctement
  • 3:43 - 3:46
    et cela permettra d'obtenir
    l'acceptation sociale ?
  • 3:47 - 3:53
    Nous pouvons nous rendre compte
    combien ce procédé peut être important
  • 3:53 - 3:54
    dans notre vie.
  • 3:54 - 3:57
    Nous héritons de notre ADN
    par nos ancêtres.
  • 3:57 - 3:59
    Cet ADN est vieux.
  • 3:59 - 4:01
    Il a évolué pendant l'évolution.
  • 4:02 - 4:06
    Mais il ne nous dit pas
    si nous allons naître à Stockholm,
  • 4:06 - 4:10
    où les jours sont longs en été
    et courts en hiver,
  • 4:10 - 4:11
    ou en Équateur,
  • 4:11 - 4:15
    où il y a autant d'heures pour le jour
    et la nuit toute l'année.
  • 4:15 - 4:18
    Et ça a un impact très important
    sur notre physiologie.
  • 4:19 - 4:24
    Ce que l'on suggère est que peut-être
    que ce qu'il se passe au début de la vie,
  • 4:24 - 4:27
    ces signaux qui viennent
    de la mère disent à l'enfant
  • 4:27 - 4:30
    dans quel type de monde social il vivra.
  • 4:30 - 4:34
    Est-ce que ce sera rude
    et il vaut mieux être anxieux et stressé ?
  • 4:34 - 4:37
    Ou est-ce que ce sera un monde facile
    où il faudra être différent ?
  • 4:37 - 4:40
    Est-ce que ce sera un monde
    avec beaucoup ou peu de lumière ?
  • 4:40 - 4:44
    Est-ce que ce sera un monde
    avec beaucoup ou peu de nourriture ?
  • 4:44 - 4:46
    S'il n'y a pas de nourriture,
  • 4:46 - 4:50
    le cerveau doit développer
    une attraction compulsive à la nourriture
  • 4:50 - 4:55
    ou stocker chaque repas ingéré
    sous forme de graisse.
  • 4:57 - 4:58
    C'est bien.
  • 4:58 - 5:00
    L'évolution a choisi cela
  • 5:00 - 5:05
    pour permettre à notre vieil ADN fixe
    de fonctionner dynamiquement
  • 5:05 - 5:07
    dans de nouveaux environnements.
  • 5:07 - 5:10
    Mais parfois, cela peut mal se passer.
  • 5:11 - 5:15
    Par exemple, si on naît
    dans une famille pauvre,
  • 5:15 - 5:18
    les signaux seront :
    « Tu devrais te goinfrer,
  • 5:18 - 5:21
    manger chaque morceau
    de nourriture que tu croises. »
  • 5:21 - 5:23
    Mais, nous les humains
    et notre cerveau avons évolué,
  • 5:23 - 5:25
    avons accéléré l'évolution.
  • 5:25 - 5:29
    On peut à présent acheter
    un [hamburger] à McDonald pour 1 dollar.
  • 5:29 - 5:35
    Et donc l'entraînement
    que nous avons eu de notre mère
  • 5:35 - 5:38
    devient inadapté.
  • 5:38 - 5:43
    Cette préparation qui devait
    nous protéger de la faim et de la famine
  • 5:43 - 5:45
    va causer l'obésité,
  • 5:45 - 5:48
    les problèmes cardiovasculaires
    et des maladies métaboliques.
  • 5:49 - 5:52
    Ce concept disant que les gènes
    seraient marqués par notre expérience,
  • 5:52 - 5:54
    en particulier celle
    du début de notre vie,
  • 5:54 - 5:57
    peut nous fournir une explication unifiée
  • 5:57 - 6:00
    sur la santé et la maladie.
  • 6:01 - 6:03
    Mais est-ce vrai seulement pour les rats ?
  • 6:03 - 6:06
    Le problème, c'est qu'on ne peut pas
    tester cela chez les humains,
  • 6:06 - 6:10
    à cause de l'éthique, on ne peut rendre
    une enfance éprouvante aléatoirement.
  • 6:10 - 6:13
    Donc, si un enfant pauvre
    développe certaines propriétés,
  • 6:13 - 6:17
    on ne sait pas si c'est causé
    par la pauvreté
  • 6:17 - 6:20
    ou par le fait que les gens pauvres
    ont de mauvais gènes.
  • 6:20 - 6:23
    Les généticiens essaieront de vous dire
    que les pauvres sont pauvres
  • 6:23 - 6:25
    parce que leurs gènes
    les ont rendus pauvres.
  • 6:25 - 6:27
    Les épigénéticiens vous diront
  • 6:27 - 6:31
    que les pauvres sont dans un environnement
    mauvais ou appauvri,
  • 6:31 - 6:34
    qui crée ce phénotype, cette propriété.
  • 6:36 - 6:41
    Nous avons donc observé
    nos cousins, les singes.
  • 6:42 - 6:46
    Mon collègue Stephen Suomi
    a élevé des singes
  • 6:46 - 6:47
    de deux manières.
  • 6:47 - 6:50
    Séparant aléatoirement
    le singe de sa mère
  • 6:50 - 6:53
    et l'élevant avec une nourrice
  • 6:53 - 6:55
    dans des conditions
    de mère de substitution.
  • 6:56 - 6:58
    Ces singes n'avaient pas de mère,
    ils avaient une nourrice.
  • 6:58 - 7:03
    Et les autres singes étaient élevés
    avec leur mère naturelle.
  • 7:03 - 7:08
    Et quand ils étaient plus vieux,
    c'étaient des animaux différents.
  • 7:08 - 7:11
    Les singes qui avaient une mère
    ne s'intéressaient pas à l'alcool,
  • 7:11 - 7:13
    ils n'étaient pas violents sexuellement.
  • 7:13 - 7:16
    Les singes sans mère
    étaient agressifs, stressés
  • 7:16 - 7:18
    et alcooliques.
  • 7:18 - 7:23
    On a regardé leur ADN
    après la naissance,
  • 7:23 - 7:27
    pour voir si la mère les marquait.
  • 7:27 - 7:32
    Y a-t-il une signature de la mère
    dans l'ADN des enfants ?
  • 7:32 - 7:34
    Ce sont des singes au jour 14
  • 7:34 - 7:39
    et ce que vous voyez ici est la manière
    moderne dont on étudie l'épigénétique.
  • 7:39 - 7:43
    On représente les marqueurs chimiques,
    appelés marqueurs de méthylation,
  • 7:43 - 7:46
    sur l'ADN, à l'échelle d'un nucléotide.
  • 7:47 - 7:48
    On peut représenter le génome entier.
  • 7:48 - 7:52
    On peut comparer le singe qui
    a eu une mère et celui qui n'en a pas eu.
  • 7:52 - 7:54
    Et en voici une présentation visuelle.
  • 7:54 - 7:58
    Vous voyez les gènes
    qui ont été plus méthylés en rouge.
  • 7:58 - 8:01
    Les gènes qui ont été
    moins méthylés sont verts.
  • 8:01 - 8:04
    Vous pouvez voir que
    beaucoup de gènes changent,
  • 8:04 - 8:06
    Parce que ne pas avoir de mère
    n'est pas un simple fait,
  • 8:07 - 8:08
    ça affecte l'ensemble.
  • 8:08 - 8:12
    Ça nous envoie des signaux sur ce à quoi
    va ressembler notre monde
  • 8:12 - 8:13
    quand nous devenons adulte.
  • 8:13 - 8:16
    Et vous pouvez voir que
    les deux groupes de singes
  • 8:16 - 8:19
    sont extrêmement bien séparés.
  • 8:19 - 8:22
    A partir de quel stade
    cela va-t-il se développer ?
  • 8:22 - 8:24
    Ces singes n'ont déjà pas vu leur mère
  • 8:24 - 8:26
    donc ils ont eu une expérience sociale.
  • 8:26 - 8:30
    Peut-on sentir notre statut social
    avant même de naître ?
  • 8:31 - 8:35
    Dans cette expérience,
    on a pris des placentas de singes
  • 8:35 - 8:37
    de statuts sociaux différents.
  • 8:38 - 8:40
    Ce qui est intéressant
    avec le statut social,
  • 8:40 - 8:46
    c'est que tous les êtres vivants
    vont se structurer selon une hiérarchie.
  • 8:46 - 8:49
    Le singe numéro un est le chef.
  • 8:49 - 8:51
    Le singe numéro quatre est l'ouvrier.
  • 8:51 - 8:53
    Et lorsque l'on met quatre singes en cage,
  • 8:53 - 8:56
    il y aura toujours un chef et un ouvrier.
  • 8:57 - 9:01
    Et, de manière intéressante,
    le singe numéro un
  • 9:01 - 9:05
    a une meilleure santé
    que le singe numéro quatre.
  • 9:05 - 9:07
    Et s'ils sont mis dans une cage,
  • 9:07 - 9:11
    le singe numéro un
    ne mangera pas beaucoup
  • 9:11 - 9:13
    et le singe numéro quatre mangera plus.
  • 9:14 - 9:18
    Ce que vous voyez ici
    sur cette carte de méthylation,
  • 9:18 - 9:21
    c'est une séparation dès la naissance
  • 9:21 - 9:24
    des animaux avec un haut niveau social,
  • 9:24 - 9:27
    opposés aux animaux
    qui n'ont pas un haut statut.
  • 9:27 - 9:32
    On naît donc en sachant déjà
    l'information sociale
  • 9:32 - 9:35
    et cette information
    n'est pas mauvaise ou bonne,
  • 9:35 - 9:36
    elle nous prépare juste à la vie,
  • 9:36 - 9:40
    car on doit programmer
    notre biologie différemment
  • 9:40 - 9:43
    selon que l'on a un statut
    social élevé ou non.
  • 9:44 - 9:47
    Mais comment peut-on
    étudier ça chez les humains ?
  • 9:47 - 9:50
    On ne peut pas faire d'expériences,
    on ne peut pas leur imposer une épreuve.
  • 9:50 - 9:53
    Mais Dieu fait des expériences sur nous,
  • 9:53 - 9:55
    ça s'appelle des catastrophes naturelles.
  • 9:55 - 9:59
    Une des plus dures catastrophes naturelles
    dans l'histoire du Canada
  • 9:59 - 10:02
    a eu lieu dans ma province, le Québec.
  • 10:02 - 10:04
    C'est la tempête de neige de 1998.
  • 10:04 - 10:08
    On a perdu notre réseau électrique
    entier à cause de cette tempête
  • 10:08 - 10:11
    quand les températures allaient,
    en plein cœur de l'hiver au Québec,
  • 10:11 - 10:13
    de -20 à -30°C.
  • 10:13 - 10:16
    Et il y avait des femmes
    enceintes à cette période.
  • 10:16 - 10:22
    Et ma collègue, Suzanne King,
    a suivi les enfants de ces mères
  • 10:22 - 10:24
    pendant 15 ans.
  • 10:25 - 10:29
    Et ce qu'il s'est passé,
    c'est qu'alors que le stress augmentait --
  • 10:29 - 10:31
    et nous avions
    une mesure objective du stress :
  • 10:31 - 10:36
    le temps passé sans électricité,
    où vous aviez passé ce temps,
  • 10:36 - 10:38
    si c'était dans l'appartement
    de votre belle-mère
  • 10:38 - 10:41
    ou dans une maison bourgeoise.
  • 10:41 - 10:44
    Tout cela s'additionnait
    en une échelle de stress social
  • 10:44 - 10:45
    et on s'est posé la question :
  • 10:45 - 10:48
    à quoi ressemblaient les enfants ?
  • 10:48 - 10:51
    Il est apparu qu'avec
    l'augmentation du stress,
  • 10:51 - 10:53
    les enfants développaient plus d'autisme,
  • 10:53 - 10:55
    ils ont développé plus
    de maladies métaboliques
  • 10:55 - 10:58
    et ils ont développé plus
    de maladies auto-immunes.
  • 10:59 - 11:01
    Et on a fait une carte de la méthylation
  • 11:01 - 11:07
    et à nouveau, vous pouvez voir les gènes
    verts devenir rouges avec le stress.
  • 11:07 - 11:10
    Les gènes rouges devenir verts
    avec l'augmentation du stress,
  • 11:10 - 11:15
    un réarrangement complet
    du génome en réponse au stress.
  • 11:17 - 11:21
    Donc si nous pouvons programmer nos gènes,
  • 11:21 - 11:25
    si nous ne sommes pas de simples
    esclaves de l'historique de nos gènes,
  • 11:25 - 11:28
    mais que nous pouvons les programmer,
    pouvons-nous les déprogrammer ?
  • 11:28 - 11:33
    Car les conséquences de l'épigénétique
    peuvent être des maladies comme le cancer,
  • 11:34 - 11:35
    des maladies métaboliques
  • 11:35 - 11:38
    et des maladies mentales.
  • 11:38 - 11:41
    Parlons de l'addiction à la cocaïne.
  • 11:42 - 11:45
    L'addiction à la cocaïne
    est une situation terrible,
  • 11:45 - 11:48
    qui peut mener à la mort,
    et à la perte de vies humaines.
  • 11:50 - 11:51
    On se demande
  • 11:51 - 11:55
    si on peut reprogrammer
    le cerveau dépendant
  • 11:55 - 12:00
    pour rendre l'animal
    non dépendant à nouveau.
  • 12:00 - 12:05
    On a utilisé des modèles
    d'addiction à la cocaïne
  • 12:05 - 12:07
    qui récapitulent
    ce qu'il se passe chez les humains.
  • 12:07 - 12:09
    Chez les humains, vous êtes au lycée,
  • 12:09 - 12:12
    des amis vous proposent
    de la cocaïne,
  • 12:12 - 12:14
    vous prenez de la cocaïne,
    rien ne se passe.
  • 12:14 - 12:18
    Des mois passent, quelque chose
    vous rappelle la première fois,
  • 12:18 - 12:19
    un dealer vous donne de la cocaïne
  • 12:19 - 12:22
    et vous devenez accro
    et votre vie a changé.
  • 12:22 - 12:24
    Avec les rats, on fait la même chose.
  • 12:24 - 12:25
    Mon collègue, Gal Yadid,
  • 12:25 - 12:28
    entraîne les animaux
    à s'habituer à la cocaïne,
  • 12:28 - 12:32
    puis pendant un mois, plus de cocaïne.
  • 12:32 - 12:35
    On leur rappelle alors la première fois
    qu'ils ont vu de la cocaïne
  • 12:35 - 12:38
    par un signal, les couleurs de la cage
    quand ils ont vu de la cocaïne,
  • 12:38 - 12:40
    et ils deviennent fous.
  • 12:40 - 12:42
    Ils appuieront sur le bouton
    pour avoir de la cocaïne
  • 12:42 - 12:44
    jusqu'à en mourir.
  • 12:44 - 12:48
    On a déduit que la différence
    entre ces animaux
  • 12:49 - 12:51
    est que pendant la période
    où rien ne se passe,
  • 12:51 - 12:53
    où il n'y a pas de cocaïne,
  • 12:53 - 12:55
    leur épigénome est réarrangé.
  • 12:55 - 12:58
    Leurs gènes sont marqués différemment
  • 12:58 - 13:02
    et quand le signal a lieu,
    leur génome est prêt
  • 13:02 - 13:04
    à développer le phénotype dépendant.
  • 13:05 - 13:11
    On a donné à ces animaux des médicaments
    qui augmentent la méthylation de leur ADN,
  • 13:11 - 13:14
    c'étaient les marqueurs
    épigénétiques à observer,
  • 13:14 - 13:17
    ou diminuent les marqueurs épigénétiques.
  • 13:17 - 13:20
    Et on a trouvé qu'en augmentant
    la méthylation,
  • 13:20 - 13:22
    ces animaux deviennent encore plus fous.
  • 13:22 - 13:25
    Ils deviennent encore
    plus accros à la cocaïne.
  • 13:25 - 13:28
    Mais si on diminue
    la méthylation de l'ADN,
  • 13:28 - 13:30
    l'animal n'est plus dépendant.
  • 13:30 - 13:32
    On l'a reprogrammé.
  • 13:32 - 13:35
    Et la différence fondamentale entre
    les médicaments épigénétiques
  • 13:35 - 13:37
    et les autres,
  • 13:37 - 13:39
    c'est qu'avec les médicaments
    épigénétiques,
  • 13:39 - 13:43
    on supprime les signes de l'expérience
  • 13:43 - 13:45
    et une fois supprimés,
  • 13:45 - 13:48
    ils ne reviendront pas
    à moins d'en refaire l'expérience.
  • 13:48 - 13:50
    L'animal est à présent reprogrammé.
  • 13:50 - 13:54
    Quand on s'intéresse aux animaux
    30 ou 60 jours plus tard,
  • 13:54 - 13:57
    ce qui représente
    plusieurs années de vie humaine,
  • 13:57 - 14:02
    ils n'étaient toujours pas accros,
    grâce à un seul traitement épigénétique.
  • 14:04 - 14:08
    Qu'a-t-on appris sur l'ADN ?
  • 14:08 - 14:11
    L'ADN n'est pas seulement
    une séquence de lettres,
  • 14:11 - 14:13
    ce n'est pas qu'un script.
  • 14:13 - 14:15
    L'ADN est un film dynamique.
  • 14:16 - 14:21
    Nos expériences s'intègrent
    à ce film, qui est interactif.
  • 14:21 - 14:25
    C'est comme regarder le film
    de votre vie, par l'ADN,
  • 14:25 - 14:27
    avec une télécommande.
  • 14:27 - 14:30
    Vous pouvez enlever ou ajouter un acteur.
  • 14:31 - 14:37
    Malgré la nature déterministe
    de la génétique,
  • 14:37 - 14:40
    nous avons le contrôle
    sur l'aspect de nos gènes
  • 14:41 - 14:44
    et c'est un message très optimiste,
  • 14:44 - 14:47
    du fait de la capacité à regarder
    certaines maladies mortelles
  • 14:47 - 14:50
    comme le cancer ou les maladies mentales,
  • 14:50 - 14:53
    avec cette nouvelle approche,
  • 14:53 - 14:56
    de les regarder comme
    de mauvaises adaptations.
  • 14:56 - 14:59
    Et si on peut intervenir épigénétiquement,
  • 14:59 - 15:02
    inverser le film en retirant un acteur
  • 15:02 - 15:05
    et en mettant en place
    une nouvelle histoire.
  • 15:06 - 15:09
    Ce que je vous ai dit aujourd'hui,
  • 15:09 - 15:14
    c'est que notre ADN
    est la combinaison de deux composés,
  • 15:14 - 15:15
    de deux niveaux d'informations.
  • 15:16 - 15:20
    Un niveau d'informations est vieux,
  • 15:20 - 15:23
    il a évolué depuis des millions
    d'années d'évolution,
  • 15:23 - 15:27
    il est fixe et très dur à modifier.
  • 15:27 - 15:31
    L'autre niveau d'informations
    est le niveau épigénétique,
  • 15:31 - 15:35
    qui est ouvert et dynamique
  • 15:35 - 15:40
    et met en place une histoire
    qui est interactive,
  • 15:40 - 15:47
    qui nous permet de contrôler,
    de manière plus large, notre destin,
  • 15:48 - 15:51
    d'aider le destin de nos enfants
  • 15:51 - 15:55
    et avec un peu de chance
    de vaincre la maladie
  • 15:55 - 16:00
    et les défis de santé majeurs
  • 16:00 - 16:03
    qui ont rongé l'espèce humaine
    depuis longtemps.
  • 16:03 - 16:07
    Même si nous sommes déterminés
  • 16:07 - 16:09
    par nos gènes,
  • 16:09 - 16:12
    nous avons un degré de liberté
  • 16:12 - 16:16
    qui peut transformer notre vie
    en une vie de responsabilité.
  • 16:16 - 16:17
    Merci.
  • 16:17 - 16:22
    (Applaudissements)
Title:
Comment les expériences de l'enfance s'inscrivent dans l'ADN
Speaker:
Moshe Szyf
Description:

Moshe Szyf est un pionnier dans le domaine de l'épigénétique, l'étude de la manière dont les êtres vivants reprogramment leur génome en réponse à des facteurs sociaux comme le stress et le manque de nourriture. Ses recherches suggèrent que des signaux biochimiques passant de la mère à sa progéniture indiquent à l'enfant dans quel type de monde il vivra, en changeant l'expression de ses gènes. « L'ADN n'est pas une simple séquence de lettres, ce n'est pas un simple script, dit Szyf. L'ADN est un film dynamique dans lequel s'écrivent nos expériences. »

more » « less
Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
16:35

French subtitles

Revisions