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Comment les mégapoles changent la carte du monde

  • 0:01 - 0:06
    Je veux que vous réimaginiez comment
    la vie est organisée sur Terre.
  • 0:07 - 0:11
    Pensez à la planète comme
    à un corps humain que nous habitons.
  • 0:12 - 0:17
    Le squelette est le système de transport,
    routier et ferré,
  • 0:17 - 0:19
    les ponts et les tunnels,
    les aéroports et les ports,
  • 0:19 - 0:23
    qui permet notre mobilité
    à travers les continents.
  • 0:23 - 0:26
    Le système vasculaire
    qui alimente notre corps
  • 0:26 - 0:29
    sont les pipelines de pétrole et de gaz,
    les réseaux électriques
  • 0:29 - 0:30
    qui distribuent l'énergie.
  • 0:31 - 0:34
    Le système nerveux des communications
  • 0:34 - 0:37
    est formé de câbles Internet, satellites,
    réseaux de téléphonie mobile
  • 0:37 - 0:41
    et de centres de données, qui nous
    permettent de partager de l'information.
  • 0:41 - 0:46
    Cette matrice d'infrastructure
    dont l'extension ne s'arrête jamais
  • 0:46 - 0:51
    comporte déjà
    64 millions de kilomètres de routes,
  • 0:51 - 0:54
    quatre millions de kilomètres
    de voix ferrées,
  • 0:54 - 0:57
    deux millions de kilomètres de pipelines
  • 0:57 - 1:00
    et un million de kilomètre
    de câbles Internet.
  • 1:01 - 1:04
    Et qu'en est-il
    des frontières internationales ?
  • 1:05 - 1:09
    Nous avons moins de 500 000 kilomètres
    de frontières.
  • 1:10 - 1:12
    Construisons une meilleure carte du monde.
  • 1:13 - 1:16
    Et nous pouvons commencer par détruire
    quelques mythes.
  • 1:17 - 1:20
    Il y a un dicton familier
    de tous les étudiants en histoire :
  • 1:21 - 1:24
    « La géographie détermine le destin. »
  • 1:24 - 1:26
    Ça paraît sérieux, n'est-ce pas ?
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    C'est un adage tellement fataliste.
  • 1:28 - 1:33
    Il nous dit que les pays enclavés
    sont condamnés à être pauvres,
  • 1:33 - 1:36
    que les petits pays ne peuvent pas
    échapper à leurs voisins plus grands,
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    que les grandes distances
    sont insurmontables.
  • 1:40 - 1:43
    Mais à chaque voyage que
    j'entreprends à travers le monde,
  • 1:43 - 1:47
    je vois une force encore plus grande
    emporter la planète :
  • 1:48 - 1:49
    la connectivité.
  • 1:50 - 1:54
    La révolution de la connectivité globale,
    sous toutes ses formes --
  • 1:54 - 1:57
    transport, énergie et communications --
  • 1:57 - 2:01
    a permis un tel bond en avant
    pour la mobilité des gens,
  • 2:01 - 2:04
    des marchandises, des ressources,
    de la connaissance,
  • 2:04 - 2:08
    que nous ne pouvons plus considérer
    la géographie comme distincte de celle-ci.
  • 2:09 - 2:13
    En fait, je considère que
    ces deux forces fusionnent
  • 2:13 - 2:15
    dans ce que j'appelle
    la « connectographie ».
  • 2:16 - 2:20
    La connectographie représente
    un bond en avant
  • 2:20 - 2:24
    dans la mobilité des gens,
    des ressources et des idées,
  • 2:24 - 2:25
    mais c'est une évolution,
  • 2:26 - 2:32
    une évolution du monde basée sur
    une vue politique de la géographie,
  • 2:32 - 2:36
    ce qui correspond à la manière dont
    on divise le monde légalement,
  • 2:36 - 2:38
    à une vue fonctionnelle de la géographie,
  • 2:38 - 2:41
    ce qui correspond à la manière dont
    on utilise le monde,
  • 2:41 - 2:45
    des pays et frontières, à l'infrastructure
    et à la logistique.
  • 2:46 - 2:48
    Notre système global
    est en train d'évoluer
  • 2:49 - 2:53
    d'empires du 19ème siècle,
    intégrés verticalement,
  • 2:53 - 2:57
    puis des pays du 20ème siècle,
    horizontalement interdépendants,
  • 2:57 - 3:02
    vers une civilisation mondiale
    en réseau, au 21ème siècle.
  • 3:03 - 3:07
    La connectivité, et non souveraineté,
  • 3:07 - 3:11
    est devenue le principe d'organisation
    de l'espèce humaine.
  • 3:11 - 3:14
    (Applaudissements)
  • 3:15 - 3:19
    Nous devenons cette civilisation
    mondiale en réseau
  • 3:19 - 3:21
    car nous sommes en train de la construire.
  • 3:22 - 3:25
    L'ensemble des dépenses militaires
  • 3:25 - 3:28
    s'élèvent à un peu moins
    de 2000 milliards de dollars par an.
  • 3:28 - 3:31
    Pendant ce temps, nos dépenses
    d'infrastructure mondiale
  • 3:31 - 3:34
    devrait atteindre
    9000 milliards de dollars par an
  • 3:34 - 3:36
    d'ici la prochaine décennie.
  • 3:36 - 3:37
    Et heureusement d'ailleurs.
  • 3:37 - 3:40
    Nous avons dépendu
    d'une infrastructure
  • 3:40 - 3:43
    faite pour une population mondiale
    de trois milliards,
  • 3:44 - 3:47
    et notre population dépasse
    sept milliards pour atteindre huit
  • 3:47 - 3:49
    et sans doute neuf, et plus encore.
  • 3:49 - 3:54
    En règle générale, nous devrions dépenser
    environ 1000 milliards de dollars
  • 3:54 - 3:58
    sur les besoins simples d'infrastructure
    par milliard d'individus.
  • 3:59 - 4:02
    Sans surprise, l'Asie est en tête.
  • 4:03 - 4:06
    En 2015, la Chine a annoncé la création
  • 4:06 - 4:09
    de la Banque Asiatique d'Investissement
    pour les Infrastructures,
  • 4:10 - 4:13
    qui avec d'autres organisations
  • 4:13 - 4:16
    vise à construire un réseau
    de routes d'acier et de soie,
  • 4:17 - 4:19
    allant de Shanghai à Lisbonne.
  • 4:20 - 4:24
    Et comme toutes ces topographies
    d'ingénierie se déploient,
  • 4:24 - 4:26
    nous dépenserons probablement plus dans
  • 4:26 - 4:29
    l'infrastructure pendant
    les 40 prochaines années,
  • 4:29 - 4:33
    nous construirons plus d'infrastructures
    au cours des 40 prochaines années,
  • 4:33 - 4:35
    qu'au cours des 4 000 dernières années.
  • 4:37 - 4:39
    Arrêtons-nous et pensons
    à tout ça un instant.
  • 4:40 - 4:44
    Dépenser beaucoup plus sur la construction
    des fondations d'une société mondiale
  • 4:44 - 4:47
    plutôt que sur les outils
    pour la détruire
  • 4:47 - 4:50
    peut avoir de profondes conséquences.
  • 4:50 - 4:53
    La connectivité est la manière
    dont on optimise la distribution
  • 4:53 - 4:55
    des gens et ressources sur Terre.
  • 4:55 - 5:00
    C'est ce qui fait que l'humanité devient
    plus que la somme de ses parties.
  • 5:01 - 5:03
    Je crois que c'est cela
    qui est en train de se passer.
  • 5:05 - 5:09
    La connectivité a une tendance jumelle
    au 21ème siècle :
  • 5:09 - 5:11
    l'urbanisation planétaire.
  • 5:12 - 5:15
    Les villes sont les infrastructures
    qui nous définissent le plus.
  • 5:16 - 5:19
    D'ici 2030, plus de deux tiers
    de la population mondiale
  • 5:19 - 5:20
    vivra en ville.
  • 5:20 - 5:23
    Et ce ne sont pas
    de simples points sur une carte,
  • 5:23 - 5:27
    mais un vaste archipel s'étendant
    sur des centaines de kilomètres.
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    Nous sommes à Vancouver,
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    tout au nord du Couloir de Cascadie
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    qui s'étend au sud à travers la frontière
    américaine jusqu'à Seattle.
  • 5:35 - 5:37
    Le poumon technologique
    de la Sillicon Valley
  • 5:37 - 5:40
    commence au nord de San Francisco
    et se termine à San Jose
  • 5:40 - 5:42
    et traverse la baie d'Oakland.
  • 5:42 - 5:45
    L'extension urbaine de Los Angeles
    dépasse maintenant San Diego,
  • 5:45 - 5:47
    et traverse la frontière Mexicaine
    jusqu'à Tijuana.
  • 5:47 - 5:50
    San Diego et Tijuana partagent maintenant
    un terminal d'aéroport
  • 5:50 - 5:52
    duquel vous pouvez sortir
    dans les deux pays.
  • 5:52 - 5:56
    Un train à grande vitesse pourrait un jour
    relier la colonne vertébrale du Pacifique.
  • 5:58 - 6:02
    La mégalopole américaine du nord-est
    commence à Boston, traverse New York
  • 6:02 - 6:04
    et Philadelphie, et arrive
    à Washington.
  • 6:04 - 6:06
    Elle contient plus
    de 50 millions d'habitants
  • 6:06 - 6:09
    et prévoit aussi la mise en place
    d'un train à grande vitesse.
  • 6:09 - 6:13
    Mais c'est en Asie où l'on peut réellement
    observer les mégalopes se créer.
  • 6:13 - 6:18
    Cette bande de lumière continue
    de Tokyo, à travers Nagoya et Osaka
  • 6:18 - 6:20
    représente plus de 80 millions d'habitants
  • 6:20 - 6:22
    et la majorité de l'économie du Japon.
  • 6:22 - 6:25
    C'est la plus grande mégapole au monde.
  • 6:25 - 6:26
    A ce jour.
  • 6:27 - 6:30
    Mais en Chine, des mégalopoles
    sont en train de se constituer
  • 6:30 - 6:32
    atteignant une population
    de 100 millions d'habitants.
  • 6:32 - 6:34
    Le Bohai Rim autour de Pékin,
  • 6:34 - 6:36
    le Delta du Yangtsé
    autour de Shanghai
  • 6:36 - 6:38
    et le Delta de la rivière des Perles,
  • 6:38 - 6:41
    s'étendant du nord de Hong-Kong
    jusqu'à Canton.
  • 6:41 - 6:42
    Et au milieu,
  • 6:42 - 6:45
    le groupe de mégapoles
    de Chengdu–Chongqing,
  • 6:45 - 6:48
    donc l'emprise géographique
    est presque de même taille
  • 6:48 - 6:50
    que celle d'un pays comme l'Autriche.
  • 6:51 - 6:53
    Et chacun de ces groupes de mégapoles
  • 6:53 - 6:56
    a un PIB atteignant
    les 2000 milliards de dollars --
  • 6:56 - 6:59
    c'est presque l'équivalent
    de celui de l'Inde aujourd'hui.
  • 7:00 - 7:05
    Imaginez si nos institutions
    diplomatiques mondiales, comme le G20,
  • 7:05 - 7:09
    basaient leur adhésion
    sur des critères économiques
  • 7:09 - 7:11
    plutôt que sur
    la représentation nationale.
  • 7:11 - 7:15
    Certaines mégapoles chinoises pourraient
    être assises autour de la table,
  • 7:15 - 7:19
    alors que des pays, comme l'Argentine
    ou l'Indonésie partiraient.
  • 7:20 - 7:24
    Regardons l'Inde, dont la population
    dépassera bientôt celle de la Chine,
  • 7:24 - 7:26
    elle a aussi plusieurs
    groupes de mégapoles,
  • 7:26 - 7:29
    comme la région de Delhi
  • 7:29 - 7:30
    et Mumbai.
  • 7:30 - 7:31
    Au Moyen-Orient,
  • 7:31 - 7:34
    le Grand Téhéran contient
    un tiers de la population de l'Iran.
  • 7:34 - 7:37
    La majorité des 80 millions
    d'habitants de l’Égypte
  • 7:37 - 7:39
    vit sur un axe entre Le Caire
    et Alexandrie.
  • 7:39 - 7:43
    Et dans le golfe, un collier
    de villes-états se forme,
  • 7:43 - 7:45
    du Bahrain et du Qatar,
  • 7:45 - 7:48
    à travers les Émirats Arabes Unis
    jusqu'à Mascate à Oman.
  • 7:49 - 7:50
    Et puis il y a Lagos,
  • 7:51 - 7:55
    La plus grande ville d'Afrique
    et la plaque commerciale du Nigeria.
  • 7:55 - 7:57
    Elle a un plan pour un réseau ferré
  • 7:57 - 8:01
    ce qui en fera l'ancre d'un vaste
    couloir côtier atlantique,
  • 8:01 - 8:04
    s'étendant à travers le Bénin, le Togo
    et le Ghana,
  • 8:04 - 8:08
    jusqu'à Abidjan, la capitale
    de la Côte d'Ivoire.
  • 8:08 - 8:11
    Mais ces pays ne sont
    que des banlieues de Lagos.
  • 8:12 - 8:14
    Dans un monde de mégapoles,
  • 8:14 - 8:17
    les pays peuvent être
    des banlieues de villes.
  • 8:19 - 8:25
    D'ici 2030, nous aurons 50 groupes
    de mégalopoles dans le monde.
  • 8:25 - 8:27
    Donc quelle carte vous en dit le plus?
  • 8:27 - 8:30
    Notre carte traditionnelle
    de 200 nations distinctes,
  • 8:30 - 8:32
    accrochée sur la plupart de nos murs,
  • 8:32 - 8:35
    ou bien cette carte indiquant
    les 50 groupes de mégapoles ?
  • 8:36 - 8:39
    Et pourtant,
    même cette carte est incomplète,
  • 8:39 - 8:43
    car vous ne pouvez comprendre
    aucune de ces mégapoles
  • 8:43 - 8:46
    sans comprendre
    ses connexions avec les autres.
  • 8:47 - 8:49
    Les gens migrent vers les villes
    pour être connectés,
  • 8:49 - 8:53
    et la connectivité est la raison
    pour laquelle les villes prospèrent.
  • 8:53 - 8:57
    N'importe laquelle d'entre elles,
    Sao Paulo, Istanbul ou Moscou,
  • 8:57 - 9:01
    a un PIB approchant ou dépassant
    le tiers ou la moitié
  • 9:01 - 9:03
    du PIB de leur pays.
  • 9:04 - 9:06
    Et, non moins important,
  • 9:06 - 9:09
    vous ne pouvez calculer
    aucune de leur valeur individuelle
  • 9:09 - 9:12
    sans comprendre le rôle
    des flux des personnes,
  • 9:12 - 9:14
    de la finance, de la technologie
  • 9:14 - 9:16
    qui leur permettent de prospérer.
  • 9:17 - 9:19
    Prenez la province du Gauteng
    en Afrique du Sud,
  • 9:19 - 9:23
    qui inclut Johannesburg
    et la capitale, Pretoria.
  • 9:23 - 9:26
    Elle représente un peu plus
    du tiers du PIB d'Afrique du Sud.
  • 9:27 - 9:30
    Mais, non moins important,
    c'est aussi le siège social
  • 9:30 - 9:33
    de la quasi-totalité des multinationales
  • 9:33 - 9:36
    qui investissent directement
    en Afrique du Sud,
  • 9:36 - 9:39
    et de fait, dans le continent africain
    dans son ensemble.
  • 9:39 - 9:42
    Les villes veulent faire partie
    des chaînes de valeur mondiales.
  • 9:42 - 9:46
    Elles veulent faire partie
    de cette division mondiale du travail.
  • 9:46 - 9:48
    C'est ainsi que les villes réfléchissent.
  • 9:48 - 9:50
    Je n'ai jamais entendu un maire me dire :
  • 9:50 - 9:52
    « Je veux que ma ville soit isolée. »
  • 9:53 - 9:59
    Ils savent que leur ville appartient
    autant à la civilisation en réseau mondial
  • 9:59 - 10:01
    qu'à leur propre pays.
  • 10:03 - 10:07
    Cependant, pour beaucoup de personnes,
    l'urbanisation cause un grand désarroi.
  • 10:07 - 10:09
    Ils pensent que les villes
    ruinent la planète.
  • 10:10 - 10:11
    Mais aujourd'hui,
  • 10:11 - 10:15
    il y a plus de 200 réseaux d'apprentissage
    entre villes qui se développent.
  • 10:15 - 10:19
    C'est tout autant que le nombre
    d'organisations intergouvernementales
  • 10:19 - 10:20
    qui existent aujourd'hui.
  • 10:20 - 10:24
    Et tous ces réseaux interurbains
    se concentrent sur une seule chose,
  • 10:24 - 10:29
    la priorité numéro une de l'humanité
    en ce 21ème siècle :
  • 10:29 - 10:31
    l'urbanisation durable.
  • 10:33 - 10:34
    Est-ce que ça marche ?
  • 10:35 - 10:36
    Prenons le changement climatique.
  • 10:36 - 10:39
    Nous savons que sommet après sommet,
    à New York et à Paris,
  • 10:39 - 10:42
    les émissions de gaz à effet de serre
    ne diminuent pas.
  • 10:43 - 10:46
    Mais ce que nous voyons;
    c'est que le transfert de technologies,
  • 10:46 - 10:48
    de connaissances et de politiques
    entre les villes
  • 10:49 - 10:53
    nous ont permis de commencer à réduire
    l'intensité carbone de nos économies.
  • 10:53 - 10:55
    Les villes apprennent les unes des autres.
  • 10:55 - 10:58
    Comment construire des bâtiments
    « zéro émission »,
  • 10:58 - 11:01
    déployer des systèmes de partage
    de voitures électriques.
  • 11:01 - 11:02
    Dans les villes majeures chinoises,
  • 11:02 - 11:06
    on impose des quotas
    sur le nombre de voitures dans les rues.
  • 11:06 - 11:07
    Dans beaucoup de villes occidentales,
  • 11:07 - 11:10
    les jeunes gens ne veulent
    même plus conduire.
  • 11:10 - 11:12
    Les villes ont été une part du problème,
  • 11:12 - 11:14
    maintenant elles sont
    une part de la solution.
  • 11:15 - 11:19
    L'inégalité est l'autre grand challenge
    pour réussir l'urbanisation durable.
  • 11:20 - 11:23
    Lorsque je parcours ces mégapoles
    en long, en large et en travers —
  • 11:23 - 11:25
    ce qui prend des heures et des jours —
  • 11:26 - 11:29
    je ressens la tragédie
    de la disparité extrême
  • 11:29 - 11:31
    au sein d'une même géographie.
  • 11:32 - 11:35
    Et pourtant, notre stock mondial
    d'actifs financiers
  • 11:35 - 11:37
    n'a jamais été aussi important,
  • 11:37 - 11:40
    approchant 300 000 milliards de dollars.
  • 11:40 - 11:44
    C'est presque quatre fois
    le PIB mondial.
  • 11:45 - 11:49
    Nous avons réussi à recouvrer des dettes
    énormes depuis la crise financière,
  • 11:49 - 11:52
    mais les avons-nous investies
    dans une croissance durable ?
  • 11:53 - 11:55
    Non, pas encore.
  • 11:56 - 12:00
    Mais construire un nombre
    suffisant de logements sociaux abordables,
  • 12:00 - 12:03
    investir dans des réseaux
    de transport robustes
  • 12:03 - 12:07
    pour permettre aux gens de se connecter
    à la fois physiquement et numériquement,
  • 12:07 - 12:10
    c'est cela qui permettra
    à nos villes et sociétés fragmentées
  • 12:10 - 12:12
    de se sentir unies de nouveau.
  • 12:12 - 12:16
    (Applaudissements)
  • 12:16 - 12:19
    Et c'est pourquoi l'infrastructure
    vient juste d'être rajoutée
  • 12:19 - 12:22
    dans les Objectifs de Développement
    Durable des Nations-Unies,
  • 12:22 - 12:24
    car elle est un catalyseur
    pour tous les autres.
  • 12:24 - 12:26
    Nos leaders politiques et économiques
  • 12:26 - 12:29
    sont en train de comprendre que
    connectivité ne rime pas avec charité,
  • 12:29 - 12:31
    mais avec opportunité.
  • 12:31 - 12:34
    C'est pourquoi notre communauté
    financière a besoin de comprendre
  • 12:34 - 12:39
    que la connectivité est la classe d'actif
    la plus importante du 21ème siècle.
  • 12:40 - 12:44
    Aujourd'hui, les villes peuvent rendre
    le monde plus durable,
  • 12:45 - 12:47
    elles peuvent rendre
    le monde plus équitable,
  • 12:47 - 12:50
    je pense également que la connectivité
    entre les villes
  • 12:50 - 12:52
    peut rendre le monde plus apaisé.
  • 12:52 - 12:56
    Si on observe les régions du monde avec
    des relations transfrontalières denses,
  • 12:56 - 12:59
    nous voyons plus de commerce,
    d'investissement
  • 12:59 - 13:00
    et plus de stabilité.
  • 13:00 - 13:04
    Nous savons tous l'histoire
    de l'Europe après la 2ème Guerre Mondiale,
  • 13:04 - 13:06
    quand l'intégration industrielle
    a initié un processus
  • 13:06 - 13:09
    qui a conduit à l'Union Européenne
    apaisée d'aujourd'hui.
  • 13:09 - 13:12
    Et vous pouvez constater que la Russie,
    d'ailleurs,
  • 13:12 - 13:14
    est la moins connectée
    des grandes puissances
  • 13:14 - 13:16
    du système international.
  • 13:16 - 13:20
    Et cela contribue grandement à expliquer
    les tensions d'aujourd'hui.
  • 13:20 - 13:23
    Les pays qui ont le moins d'enjeux
    dans le système
  • 13:23 - 13:25
    ont également le moins à perdre
    à le perturber.
  • 13:27 - 13:30
    En Amérique du Nord, les lignes
    qui comptent le plus sur la carte
  • 13:30 - 13:33
    ne sont pas les frontières entre
    les États-Unis et le Canada ou le Mexique,
  • 13:33 - 13:37
    mais le dense réseau de routes,
    de chemins de fer et de pipelines,
  • 13:37 - 13:40
    et les réseaux électriques,
    et même les canaux,
  • 13:40 - 13:44
    qui dessinent une union
    Nord Américaine intégrée.
  • 13:44 - 13:48
    L'Amérique du Nord n'a pas besoin
    de plus de murs mais plus de connexions.
  • 13:48 - 13:55
    (Applaudissements)
  • 13:56 - 14:00
    Mais la vraie promesse de la connectivité
    est dans le monde postcolonial.
  • 14:00 - 14:05
    Toutes ces régions où les frontières
    ont été définies le plus arbitrairement,
  • 14:05 - 14:07
    et où des générations de leaders
  • 14:07 - 14:09
    ont eu entre eux des relations hostiles.
  • 14:09 - 14:12
    A présent un nouveau groupe de leaders
    a pris le pouvoir
  • 14:12 - 14:14
    et enterre la hache de guerre.
  • 14:14 - 14:17
    Prenez l'Asie du sud-est,
    où des réseaux ferrés à grande vitesse
  • 14:17 - 14:19
    relient Bangkok à Singapour,
  • 14:19 - 14:22
    et les couloirs commerciaux
    du Vietnam à la Birmanie.
  • 14:22 - 14:28
    Cette région de 600 millions d'habitants
    coordonne ses ressources agricoles
  • 14:28 - 14:30
    et sa production industrielle.
  • 14:30 - 14:34
    C'est en train d'évoluer vers
    ce que j'appelle la « Pax Asiana »,
  • 14:34 - 14:38
    la paix parmi les nations
    de l'Asie du Sud-Est.
  • 14:38 - 14:41
    Un phénomène similaire est en cours
    en Afrique de l'Est,
  • 14:41 - 14:43
    où une demi-douzaine de pays
  • 14:43 - 14:46
    investissent dans les réseaux ferrés
    et les couloirs multimodaux ;
  • 14:46 - 14:49
    ainsi, les pays enclavés peuvent envoyer
    leurs marchandises sur le marché.
  • 14:49 - 14:52
    Aujourd'hui, ces pays coordonnent
    leurs services
  • 14:52 - 14:54
    et leurs politiques d'investissement.
  • 14:54 - 14:58
    Eux, également, évoluent vers
    une « Pax Africana ».
  • 14:59 - 15:02
    Une région que nous connaissons bien
    pourrait engager ce type de réflexion :
  • 15:02 - 15:04
    c'est le Moyen-Orient.
  • 15:04 - 15:06
    Comme les états arabes
    s'effondrent tragiquement,
  • 15:06 - 15:09
    que reste-t-il finalement sinon
    les anciennes cités,
  • 15:09 - 15:12
    telles que Le Caire, Beyrouth et Bagdad ?
  • 15:12 - 15:17
    En fait, les près de 400 millions
    d'habitants du monde arabe
  • 15:17 - 15:19
    sont presque totalement urbanisés.
  • 15:19 - 15:21
    En tant que sociétés,
    en tant que villes,
  • 15:21 - 15:23
    elles sont soit riches soit
    pauvres en eau,
  • 15:23 - 15:26
    riches ou pauvres en énergie.
  • 15:26 - 15:29
    Et le seul moyen de corriger
    ces inégalités
  • 15:29 - 15:32
    n'est pas à travers plus de guerres
    et plus de frontières,
  • 15:32 - 15:35
    mais à travers plus de connectivité
    de pipelines et de canaux.
  • 15:36 - 15:40
    Malheureusement, ce n'est pas encore
    la carte du Moyen-Orient.
  • 15:40 - 15:42
    Mais ça devrait l'être,
  • 15:43 - 15:46
    une « Pax Arabia » connectée,
  • 15:47 - 15:48
    intégrée en interne,
  • 15:48 - 15:53
    et productivement connectée à ses
    voisins : l'Europe, l'Asie et l'Afrique.
  • 15:53 - 15:56
    La connectivité ne semble pas
    être ce que nous souhaitons maintenant
  • 15:56 - 15:58
    pour la région la plus agitée du monde.
  • 15:58 - 16:02
    Mais nous savons tous historiquement
    que plus de connectivité est le seul moyen
  • 16:02 - 16:05
    d'apporter de la stabilité
    sur le long terme.
  • 16:05 - 16:07
    Car nous savons que région après région,
  • 16:07 - 16:10
    la connectivité est la nouvelle réalité.
  • 16:10 - 16:14
    Les villes et pays apprennent à s'agréger
  • 16:14 - 16:17
    en des ensembles plus paisibles
    et prospères.
  • 16:18 - 16:21
    Mais le vrai test sera l'Asie.
  • 16:21 - 16:24
    La connectivité peut-elle surmonter
    les modèles de rivalité
  • 16:24 - 16:27
    parmi les grandes puissances
    de l'Extrême Orient ?
  • 16:27 - 16:31
    Après tout, c'est là où la 3ème
    Guerre Mondiale est supposée éclater.
  • 16:32 - 16:35
    Depuis la fin de la Guerre Froide,
    il y a 25 ans,
  • 16:35 - 16:38
    on a prédit au moins
    6 conflits majeurs dans cette région.
  • 16:38 - 16:41
    Mais aucun d'entre eux n'a eu lieu.
  • 16:41 - 16:43
    Prenez la Chine et Taiwan :
  • 16:43 - 16:46
    dans les années 90, c'était pour beaucoup
    le scénario conduisant
  • 16:46 - 16:48
    à la 3ème Guerre Mondiale.
  • 16:48 - 16:50
    Mais depuis, le commerce
  • 16:50 - 16:54
    et les volumes d'investissement à travers
    le détroit sont devenus si intenses
  • 16:54 - 16:55
    qu'en novembre dernier,
  • 16:55 - 16:58
    les leaders de chaque camp ont organisé
    un sommet historique
  • 16:58 - 17:01
    pour discuter d'une éventuelle
    réunification pacifique.
  • 17:02 - 17:05
    Et même l'élection du parti nationaliste
    à Taiwan,
  • 17:05 - 17:08
    favorable à l'indépendance,
    en début d'année
  • 17:08 - 17:11
    ne met pas en péril
    cette dynamique fondamentale.
  • 17:11 - 17:14
    La Chine et le Japon ont une
    rivalité encore plus longue,
  • 17:14 - 17:17
    et ont déployé leur forces maritimes
    et aériennes
  • 17:17 - 17:19
    pour montrer leur force lors de
    différends territoriaux.
  • 17:20 - 17:21
    Mais ces dernières années,
  • 17:21 - 17:25
    le Japon a réalisé ses plus grands
    investissements étrangers en Chine.
  • 17:25 - 17:28
    La vente de voitures japonaises
    y a atteint des chiffres record.
  • 17:28 - 17:31
    Et devinez d'où viennent le plus
    grand contingent d'étrangers
  • 17:31 - 17:34
    résidant au Japon aujourd'hui ?
  • 17:34 - 17:36
    Vous l'avez deviné : la Chine.
  • 17:37 - 17:40
    La Chine et l'Inde ont connu
    un conflit majeur
  • 17:40 - 17:42
    et ont toujours
    trois différends frontaliers,
  • 17:42 - 17:44
    mais l'Inde est aujourd'hui
    le 2ème actionnaire
  • 17:44 - 17:47
    de la Banque Asiatique d'Investissement
    pour les Infrastructures.
  • 17:47 - 17:50
    Ils construisent un couloir commercial
    s'étendant du Nord-Est indien
  • 17:50 - 17:54
    à travers la Birmanie et le Bangladesh
    jusqu'au sud de la Chine.
  • 17:54 - 17:58
    Leurs volumes commerciaux ont crû de
    20 milliards de dollars il y a dix ans
  • 17:58 - 18:00
    à 80 milliards de dollars aujourd'hui.
  • 18:00 - 18:04
    L'Inde et le Pakistan, avec l'arme
    nucléaire, ont connu trois guerres
  • 18:04 - 18:06
    et continuent de se disputer le Cachemire,
  • 18:06 - 18:09
    mais ils négocient aussi
    un accord commercial contenant
  • 18:09 - 18:11
    une clause de nation de la plus favorisée
  • 18:11 - 18:13
    et veulent construire un pipeline
  • 18:13 - 18:16
    s'étendant de l'Iran, à travers
    le Pakistan, jusqu'en Inde.
  • 18:16 - 18:17
    Et parlons de l'Iran.
  • 18:18 - 18:21
    La guerre avec l'Iran ne semblait-elle pas
    inévitable il y a deux ans ?
  • 18:22 - 18:26
    Pourquoi chaque puissance majeure s'y rue
    aujourd'hui pour y faire des affaires ?
  • 18:29 - 18:30
    Mesdames et messieurs,
  • 18:30 - 18:34
    je ne peux pas garantir que la 3ème
    Guerre Mondiale n'éclatera pas.
  • 18:35 - 18:38
    Mais nous pouvons voir clairement
    pourquoi elle n'a toujours pas éclaté.
  • 18:39 - 18:42
    Même si l'Asie est la région du monde
    où les armées croissent le plus vite,
  • 18:42 - 18:46
    ces mêmes pays investissent également
    des milliards de dollars
  • 18:46 - 18:49
    dans leurs infrastructures et
    chaînes logistiques mutuelles.
  • 18:49 - 18:53
    Ils sont plus intéressés par la géographie
    fonctionnelle des autres pays
  • 18:53 - 18:55
    que par leur géographie politique.
  • 18:55 - 19:00
    C'est pourquoi leurs leaders réfléchissent
    à deux fois, se ressaisissent,
  • 19:00 - 19:03
    et décident de se concentrer
    sur les liens économiques
  • 19:03 - 19:06
    plutôt que sur les tensions territoriales.
  • 19:06 - 19:09
    Très souvent, il nous semble
    que le monde s'effondre,
  • 19:10 - 19:12
    mais construire plus de connectivité
  • 19:12 - 19:16
    est notre manière à nous de
    recoller les morceaux,
  • 19:16 - 19:17
    bien mieux qu'auparavant.
  • 19:18 - 19:19
    En enveloppant le monde
  • 19:19 - 19:23
    dans une connectivité harmonieuse,
    physique et digitale,
  • 19:23 - 19:25
    nous évoluons vers un monde
  • 19:25 - 19:29
    dans lequel les gens peuvent s'élever
    au dessus des contraintes géographiques.
  • 19:29 - 19:32
    Nous sommes les cellules
    et les vaisseaux
  • 19:32 - 19:35
    qui vivons à travers ces réseaux
    mondiaux de connectivité.
  • 19:35 - 19:39
    Chaque jour, des centaines de millions
    de personnes se connectent sur Internet
  • 19:39 - 19:42
    et travaillent avec des gens
    qu'ils n'ont jamais rencontrés.
  • 19:42 - 19:45
    Plus d'un milliard de personnes traversent
    les frontières chaque année,
  • 19:45 - 19:49
    et ce chiffre devrait atteindre
    trois milliards d'ici dix ans.
  • 19:50 - 19:53
    Nous ne construisons pas
    simplement la connectivité,
  • 19:53 - 19:54
    nous l'incarnons.
  • 19:55 - 19:58
    Nous sommes la civilisation
    du réseau mondial,
  • 19:58 - 20:00
    et ceci est notre carte.
  • 20:01 - 20:06
    Une carte du monde dans laquelle
    la géographie ne détermine plus le destin.
  • 20:07 - 20:11
    Au contraire, le futur a une devise
    nouvelle et remplie d'espoir :
  • 20:11 - 20:13
    la connectivité détermine le destin.
  • 20:14 - 20:15
    Merci.
  • 20:15 - 20:22
    (Applaudissements)
Title:
Comment les mégapoles changent la carte du monde
Speaker:
Parag Khanna
Description:

« Je veux que vous réimaginiez comment la vie est organisée sur terre, » indique le stratège mondial Parag Khanna. Comme nos villes en expansion deviennent de plus en plus connectées à travers le transport, l'énergie et les réseaux de communication, nous évoluons de la géographie vers ce qu'il appelle la « connectogéographie ». Cette civilisation en réseau mondial porte en elle la promesse de réduire la pollution et les inégalités — et même de surmonter les rivalités géopolitiques. Dans cette présentation, Khanna nous demande d'adopter une nouvelle maxime pour le futur : « La connectivité détermine le destin. »

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
20:34

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