< Return to Video

https:/.../04_NiDieunima%C3%AEtreunehistoiredel'anarchisme-Livre3-Desfleursetdespav%C3%A9s%20(1944-1969).mp4

  • 0:00 - 0:21
    ...
  • 0:21 - 0:23
    Journée de 8 heures,
  • 0:23 - 0:24
    démocratie directe,
  • 0:24 - 0:25
    retraite à 60 ans,
  • 0:25 - 0:26
    bourse du travail,
  • 0:26 - 0:27
    syndicat,
  • 0:27 - 0:27
    droit de grève,
  • 0:27 - 0:28
    écologie,
  • 0:28 - 0:29
    droit des femmes,
  • 0:29 - 0:29
    contre à cette
  • 0:29 - 0:30
    union libre,
  • 0:30 - 0:31
    avortement,
  • 0:31 - 0:31
    congé pays,
  • 0:31 - 0:33
    sécurité sociale
  • 0:33 - 0:35
    et éducation populaire.
  • 0:35 - 0:39
    L'anarchisme qui avait fini par montrer son vrai visage au grand soleil d'Espagne
  • 0:39 - 0:42
    entre avec la fin de la 2e guerre mondiale
  • 0:42 - 0:43
    dans une longue nuit,
  • 0:43 - 0:45
    peuplée de monstres.
  • 0:45 - 0:47
    Dans le forêt de la victoire,
  • 0:47 - 0:51
    on oublie les pactes, les passivités, les collaborations plus ou moins actives
  • 0:51 - 0:54
    et on efface des anarchistes de l'histoire.
  • 0:54 - 0:56
    Dessimé, isolé ou oublié,
  • 0:56 - 0:59
    incapable de reprendre la lutte sur le front social,
  • 0:59 - 1:03
    les libertaires choisissent alors de s'engager corps et arme dans la bataille culturelle.
  • 1:03 - 1:05
    Ils s'inventent des symboles,
  • 1:05 - 1:07
    recrèrent des solidarités
  • 1:07 - 1:09
    et investissent un nouveau champ de lutte.
  • 1:09 - 1:11
    Et dans le cours de la guerre froide,
  • 1:11 - 1:13
    où les grandes puissances rivalisent de violence,
  • 1:13 - 1:16
    ils sont bientôt rejoints par une jeunesse neuve
  • 1:16 - 1:19
    qui, tout en donnant de l'anarchisme une autre image,
  • 1:19 - 1:22
    contribue à lui offrir une nouvelle visibilité.
  • 1:22 - 1:24
    Mais ces nouveaux révoltés,
  • 1:24 - 1:26
    d'hierèves de paix et pro de l'amour,
  • 1:26 - 1:29
    avec pour seuls armes, des fleurs ou bien dépavés,
  • 1:29 - 1:30
    se heurte partout au pouvoir
  • 1:30 - 1:34
    qui les réprime de la manière la plus féroce.
  • 1:34 - 1:37
    Et c'est ainsi qu'à l'est, comme à l'ouest, du nord au sud,
  • 1:37 - 1:41
    l'anarchisme va petit à petit réoccuper le devant de la scène.
  • 1:41 - 1:45
    Ils diffusent ces idées dans la coulisse du mouvement pacifiste,
  • 1:45 - 1:48
    ils inspirent des nouvelles formes de la contestation
  • 1:48 - 1:52
    et, animant fin, autour d'un joli mois de mai,
  • 1:52 - 1:55
    un mouvement insurrectionnel qui aurait pu
  • 1:55 - 1:57
    changer la phase du monde.
  • 2:05 - 2:07
    C'est derrière des fils de fer barbelés,
  • 2:07 - 2:09
    au rythme d'une musique joyeuse,
  • 2:09 - 2:11
    jouée par l'orchestre Tigran
  • 2:11 - 2:13
    pour emmener un fugitif à son exécution,
  • 2:13 - 2:15
    dans l'odeur secret du crématoire.
  • 2:15 - 2:17
    Et sous le regard insolent de maître
  • 2:17 - 2:19
    qui croient qu'ils sont des dieux,
  • 2:19 - 2:21
    que la seconde partie du XXe siècle
  • 2:21 - 2:23
    commence aussi pour les anarchistes.
  • 2:25 - 2:29
    Amathe Ausanne, ou des milliers d'anarchistes allemands,
  • 2:29 - 2:32
    autré-chien, italien, françaises et espagnols,
  • 2:32 - 2:34
    arrêtés par la Gestapo,
  • 2:34 - 2:36
    ou livrés par la police de Vichy,
  • 2:36 - 2:39
    laissent serre leurs peaux.
  • 2:39 - 2:41
    Convient l'heure de la libération,
  • 2:41 - 2:43
    bien que les antifascistes saluant l'Espagnol
  • 2:43 - 2:45
    les forces alliées,
  • 2:45 - 2:48
    les quelques libertaires qui ont survécu à la guerre,
  • 2:48 - 2:49
    ne peuvent que constater
  • 2:49 - 2:51
    que le mouvement anarchiste s'est en Europe
  • 2:51 - 2:53
    à réduire comme le peau de chagrin
  • 2:53 - 2:56
    et qu'il a perdu presque toute son influence.
  • 2:56 - 2:58
    Il se replie sur lui-même.
  • 2:58 - 2:59
    – Anarchistes, действительно,
  • 2:59 - 3:04
    se sont postes après l'échec de la révolution espagnole
  • 3:04 - 3:06
    et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale,
  • 3:06 - 3:10
    les anarchistes ne représentent plus qu'un mouvement minoritaire
  • 3:10 - 3:14
    qui ne fait que ressasser ses vieilles idées, sa mythologie.
  • 3:14 - 3:16
    En tournant en rond,
  • 3:16 - 3:21
    sans avoir pu aucune influence sur les mouvements sociaux.
  • 3:21 - 3:23
    Alors, effectivement, on peut dire
  • 3:23 - 3:25
    qu'après l'échec de la révolution espagnole
  • 3:25 - 3:27
    et la Seconde Guerre mondiale,
  • 3:27 - 3:31
    l'anarchisme entre vraiment dans une longue nuit.
  • 3:40 - 3:43
    – Après la Seconde Guerre mondiale,
  • 3:43 - 3:47
    il devient très difficile d'être anarchiste,
  • 3:47 - 3:52
    que ce soit en Europe, en Amérique du Nord ou en Asie,
  • 3:52 - 3:54
    parce que le monde est divisé en deux camps,
  • 3:54 - 3:56
    l'Est et l'Ouest.
  • 3:56 - 3:59
    – Alors, ce que font les anarchistes,
  • 3:59 - 4:02
    c'est qu'ils n'optent ni pour l'un ni pour l'autre.
  • 4:02 - 4:05
    Ils ne soutiennent aucun des deux camps pendant la guerre froide
  • 4:05 - 4:08
    et cela les exclut de la scène politique mondiale.
  • 4:08 - 4:12
    On se sent très seul quand on est anarchiste pendant cette période.
  • 4:12 - 4:14
    Au lendemain de la guerre,
  • 4:14 - 4:17
    les anarchistes ne choisissent effectivement pas leurs camps,
  • 4:17 - 4:20
    mais ils recréent un peu partout les organisations.
  • 4:20 - 4:23
    La Fédération des Socialistes Libertaires allemandes
  • 4:23 - 4:26
    et les Fédérations d'Anarchistes Françaises et Italiens
  • 4:26 - 4:29
    sont que forment des lafins des combats.
  • 4:29 - 4:32
    Au Nord, l'organisation centrale des travailleurs de Suède
  • 4:32 - 4:35
    devient le bastion libertaire le plus fort d'Europe.
  • 4:35 - 4:39
    Et au Sud, tandis que les exiles et espagnols ouvrent une CNT à Paris,
  • 4:39 - 4:42
    des groupes de résistance formés notamment par Kiko Sabate
  • 4:42 - 4:45
    qui attaquissait aux mortiers reprennent sur la péninsule
  • 4:45 - 4:48
    le combat contre la dictature franciste.
  • 4:48 - 4:51
    Même à l'Est, on voit renaître un courant libertaire
  • 4:51 - 4:54
    comme en Bulgarie, où la Fédération des anarchistes communistes
  • 4:54 - 4:58
    organise son congrès et rédige une nouvelle plateforme.
  • 4:58 - 5:01
    L'Amérique latine n'est pas en reste,
  • 5:01 - 5:05
    qui voit les anarchistes se regrouper par exemple au Chili et à Cuba
  • 5:05 - 5:08
    au sein de grandes Fédérations syndicalistes révolutionnelles.
  • 5:08 - 5:12
    Tandis que l'Afrique a perdu momentanément toutes ses structures,
  • 5:12 - 5:16
    la toute jeune Fédération anarchiste japonaise emmenait pas Ishitawa Sanchiro
  • 5:16 - 5:21
    et la Fédération des bâtisseurs d'une société libre créée en 1945
  • 5:21 - 5:25
    par les frères Lee-Hoon Kyu et Lee-Hool Kyu surnommées les Gropot King Coréen,
  • 5:25 - 5:29
    témoignent quant à elles de la survivance de l'anarchisme en Asie.
  • 5:29 - 5:33
    Mais cet enduret des organisations est grâce à l'un de ces cours améconnus
  • 5:33 - 5:36
    que l'anarchisme commence dans cette longue nuit de la pré-gère
  • 5:36 - 5:39
    à revenir un peu dans la lumière.
  • 5:39 - 5:45
    Ce qui se passe pour l'anarchisme, c'est que l'idée selon laquelle
  • 5:45 - 5:48
    la guerre serait la santé des États,
  • 5:48 - 5:53
    eh bien cela devient le cœur de la pensée libertaire,
  • 5:53 - 5:56
    à cause de la Deuxième Guerre mondiale.
  • 5:56 - 6:01
    Parce qu'il devient très clair que l'État est directement lié
  • 6:01 - 6:07
    aux fascistes, à la guerre, aux chaînes de commandement et aux dommages collatéraux.
  • 6:09 - 6:12
    Le pacifisme libertaire ou anarchisme non violent,
  • 6:12 - 6:14
    qui vient d'une longue tradition,
  • 6:14 - 6:17
    connait avec le début de la guerre froide, invéritable regain.
  • 6:17 - 6:21
    Éritier de la Borecy, Chalet, Sorot et Tolstoy,
  • 6:21 - 6:24
    ces partisans veulent eux aussi radicalement changer le monde.
  • 6:24 - 6:28
    Mais ils pensent à l'inverse les apôtres de l'insurrection armée
  • 6:28 - 6:32
    qui sont possibles et même nécessaires de le faire sans violence.
  • 6:35 - 6:38
    C'est un argument que développe de nombreux penseurs de premier plan
  • 6:38 - 6:40
    et qui se fondent sur l'attention particulière
  • 6:40 - 6:44
    que les anarchistes accordent à l'adéquation entre les moyens et les fins.
  • 6:46 - 6:49
    Les moyens que vous employez pour provoquer le changement social
  • 6:49 - 6:52
    doivent s'accorder avec l'objectif que vous voulez atteindre.
  • 6:52 - 6:57
    Si l'on se place dans ce cadre, le recours à la violence
  • 6:57 - 7:01
    entre souvent en contradiction avec vos objectifs.
  • 7:04 - 7:08
    En effet, si vous voulez construire une société basée sur la coopération,
  • 7:08 - 7:11
    sur le consensus, la démocratie directe,
  • 7:11 - 7:13
    sur la discussion,
  • 7:13 - 7:18
    alors la violence politique n'est pas le moyen à utiliser pour atteindre ce but.
  • 7:18 - 7:22
    Il y a même de fortes chances pour qu'elle nuise à votre projet.
  • 7:27 - 7:30
    Cette théorie inspire d'autant plus les révolutionnaires à l'époque
  • 7:30 - 7:32
    que pour la première fois,
  • 7:32 - 7:37
    la non-violence vient de prouver avec Gandhi dans les faits sans l'efficacité.
  • 7:38 - 7:41
    Mais alors que la guerre froide s'intensifie,
  • 7:41 - 7:44
    c'est face à l'émergence d'une nouvelle menace,
  • 7:44 - 7:46
    à la fois globale et mortelle,
  • 7:46 - 7:49
    que les pacifistes libertaires peuvent commencer à se faire connaître
  • 7:49 - 7:52
    et diffuser plus largement leurs pensées.
  • 7:56 - 7:59
    Ça change fondamentalement l'état d'esprit,
  • 7:59 - 8:01
    non seulement des anarchistes,
  • 8:01 - 8:04
    mais de toutes les personnes critiques des pouvoirs établis.
  • 8:04 - 8:07
    Parce que ça marque l'imagination.
  • 8:07 - 8:10
    L'idée de cette perpétuelle menace de mort qui plane,
  • 8:10 - 8:13
    cette bombe qui peut exploser à tout moment,
  • 8:13 - 8:16
    ça a poussé les gens vers les mouvements pacifistes.
  • 8:19 - 8:23
    La population s'est mise à demander la paix de manière passionnée.
  • 8:26 - 8:28
    Contre la prolifération atomique,
  • 8:28 - 8:33
    des mouvements anti-méditaristes et pacifistes éclosent alors dans le monde entier.
  • 8:33 - 8:36
    On se souvient par exemple en France du mouvement pour la paix
  • 8:36 - 8:39
    et de celui des citoyens du monde de Gary Davis.
  • 8:39 - 8:43
    Mais il y a aussi le band de bon mouvement qui s'étend en angle Terre à Sydney.
  • 8:43 - 8:48
    Et il y aura bientôt les gigantesques mobilisations contre la guerre au Vietnam.
  • 8:48 - 8:52
    Certains sont d'ailleurs impulsés directement par les libertés,
  • 8:52 - 8:54
    comme le Vietnam Day Committee,
  • 8:54 - 8:56
    que fondera Gary Rubin,
  • 8:56 - 8:58
    ou le mouvement pour les objecteurs de conscience,
  • 8:58 - 9:00
    animés en France par Louis de Cointre.
  • 9:00 - 9:04
    Mais il est vrai que presque tous les anarchistes sont alors pacifistes,
  • 9:04 - 9:07
    tous les pacifistes ne sont pas pour autant anarchistes.
  • 9:07 - 9:10
    On retrouve dans ces mobilisations des humanistes libéraux,
  • 9:10 - 9:13
    des chrétiens progressistes, des socialistes plus ou moins radicaux,
  • 9:13 - 9:16
    et toute une flopée de militants sans idées politiques arrêtées
  • 9:16 - 9:19
    qui souhaitent juste avoir la paix.
  • 9:19 - 9:22
    Les libertaires n'ont décidé pas moins de les rejoindre
  • 9:22 - 9:25
    et en mettant en œuvre une sorte de stratégie du coucou
  • 9:25 - 9:28
    de s'investir dans les mouvements pacifistes.
  • 9:29 - 9:30
    Ce n'est pas nouveau.
  • 9:30 - 9:34
    Les anarchistes de la fin du XIXe siècle faisaient exactement la même chose.
  • 9:34 - 9:37
    Ils ne créaient pas de grandes organisations de masse.
  • 9:37 - 9:40
    Ils n'essayaient même pas de convaincre les gens de devenir anarchistes.
  • 9:40 - 9:43
    Ce qu'ils essayaient de faire, c'était de radicaliser les gens,
  • 9:43 - 9:45
    afin qu'ils décident de prendre leurs affaires en main.
  • 9:45 - 9:48
    Ils diffusaient leurs idées et les gens s'anarchisaient.
  • 9:48 - 9:51
    Et les anarchistes de la pré-guerre font exactement la même chose.
  • 9:51 - 9:54
    Ce qu'ils essaient de faire dans ces mouvements,
  • 9:54 - 9:57
    c'est de convaincre les gens qu'on ne peut pas avoir l'État sans la bombe.
  • 9:57 - 10:01
    Si vous ne voulez pas de la bombe, vous devez vous débarrasser de l'État.
  • 10:01 - 10:03
    C'est l'argument principal qu'ils mettent en avant.
  • 10:03 - 10:06
    C'est l'argument qu'ils ont avec les gens.
  • 10:06 - 10:11
    Et ce qui est vraiment intéressant à ce sujet,
  • 10:11 - 10:16
    c'est que les vieux courants pacifistes ont commencé à dénoncer ce lien également.
  • 10:16 - 10:20
    Et grâce à ça, on a vu naître des relations très fortes
  • 10:20 - 10:24
    entre les groupes pacifistes et les groupes anarchistes.
  • 10:25 - 10:29
    Cette Royaume-Uni, ou à la différence des autres pays européens,
  • 10:29 - 10:33
    le mouvement pour la peine est pas contrôlé en soumins par Moscou,
  • 10:33 - 10:37
    que les liens entre anarchistes et pacifistes deviennent les plus solides et les plus étroits.
  • 10:37 - 10:40
    Dans la campagne pour le désarmement du clair,
  • 10:40 - 10:43
    derrière Herbert Roussell, qui en est la figure de pro,
  • 10:43 - 10:46
    on retrouve en effet toute la crème de l'anarchisme britannique
  • 10:46 - 10:50
    comme Herbert Reed et Thalmanin, Alex Comfort ou Kali Nwerd.
  • 10:50 - 10:53
    Et leur influence se fait rapidement ressentir
  • 10:53 - 10:57
    jusque dans le nom que se donne le mouvement et qui dit presque tout.
  • 10:57 - 11:03
    Le comité d'action directe n'était pas seulement un mouvement contre la guerre.
  • 11:05 - 11:10
    Il développait aussi une véritable critique sociale basée sur les travaux des anarchistes.
  • 11:12 - 11:15
    L'emploi du concept d'action directe en témoigne.
  • 11:15 - 11:19
    C'est une traduction directe de la pensée anarchiste.
  • 11:19 - 11:26
    L'idée, qui peut paraître en réalité très radicale et très conflictuelle,
  • 11:26 - 11:34
    c'est de changer les choses vous-même, plutôt que de demander à quelqu'un d'autre de le faire.
  • 11:35 - 11:37
    Mais au contact des pacifistes,
  • 11:37 - 11:40
    les anarchistes découvrent aussi de nouvelles techniques de lutte
  • 11:40 - 11:44
    qu'ils décident d'adopter comme une sorte de propagande par le fait non-violente,
  • 11:44 - 11:47
    tentant de le sanglier lustré de messages libertaires.
  • 11:47 - 11:55
    Les tactiques pacifistes, comme la désobéissance civile ou les sitines par exemple,
  • 11:55 - 11:58
    mettent en lumière la violence de l'État.
  • 11:58 - 12:03
    Car, en usant de violences contre des manifestants non-violents,
  • 12:03 - 12:07
    l'État, en quelque sorte, se condamne lui-même.
  • 12:10 - 12:14
    Convaincues que c'est un mouvement de masse qui peut leur donner l'avantage,
  • 12:14 - 12:21
    le 17 septembre 1961, un appel est lancé pour une grande manifestation à Trafalgar Square.
  • 12:22 - 12:28
    Ni sous la pression, le pouvoir britannique réactualise le Justices of the Peace Act,
  • 12:28 - 12:31
    une loi vieille de 600 ans, presque jour pour jour,
  • 12:31 - 12:35
    qui permet d'incarcerer de manière préventive les fauteurs de trouble.
  • 12:35 - 12:38
    30 de membres du comité sont d'ailleurs jetés en prison,
  • 12:38 - 12:44
    dont Alex confortent Bertrand Rossolle, à l'horragé de 89 ans.
  • 12:44 - 12:48
    Le jour dit, pourtant, près de 15 000 personnes se rassemblent
  • 12:48 - 12:52
    et font un sitin sur la grande place de l'Ontre.
  • 12:52 - 12:55
    Là, cette démonstration de forces non-violentes
  • 12:55 - 12:58
    n'impressionne que la pellicule des caméras,
  • 12:58 - 13:04
    car le gouvernement envoie la police qui tranquillement arrête des centaines de manifestants.
  • 13:04 - 13:08
    Déjà, des anarchistes s'interrogent.
  • 13:08 - 13:12
    Beaucoup d'anarchistes au sein du mouvement
  • 13:12 - 13:15
    commencent à considérer les tactiques pacifistes,
  • 13:15 - 13:20
    soit comme très naïves, soit comme fondamentalement inefficaces,
  • 13:20 - 13:23
    si l'on pense à la lutte des classes,
  • 13:23 - 13:29
    ou même pire, comme une excuse pour ne rien faire.
  • 13:29 - 13:33
    Nombres sont des révolutionnaires,
  • 13:33 - 13:35
    au Royaume-Uni comme ailleurs,
  • 13:35 - 13:37
    à abandonner avec les tactiques pacifistes.
  • 13:37 - 13:40
    Et quand, par la suite, des anarchistes accepteront le participer
  • 13:40 - 13:42
    à des manifestations pour la paix,
  • 13:42 - 13:45
    ce sera souvent pour y accroître la confactualité.
  • 13:45 - 13:49
    Mais il faut attendre les années 60 pour que, au pays des fleurs,
  • 13:49 - 13:51
    de nouveaux chevaliers blancs de la révolution
  • 13:51 - 13:54
    mettent grâce à une nouvelle forme de lutte non-violente,
  • 13:54 - 13:59
    à proprement parler, le feu au poube.
  • 14:10 - 14:13
    Les sixties, dans les pays occidentaux,
  • 14:13 - 14:15
    le monde a bien changé.
  • 14:15 - 14:18
    Les grands ensembles ont recouvert les ruines,
  • 14:18 - 14:20
    le bibiboum a rajeuni des populations,
  • 14:20 - 14:23
    le plein emploi remplit les portes monnaies
  • 14:23 - 14:27
    et le rêve américain, commencé à coloniser les imaginaires.
  • 14:27 - 14:29
    L'émergence d'une classe moyenne
  • 14:29 - 14:32
    a même fait oublier l'ancien clivage social.
  • 14:32 - 14:35
    On est entré dans la société des loisirs et de la consommation,
  • 14:35 - 14:37
    c'est le règne des supermarchés,
  • 14:37 - 14:40
    de l'automobile et de la télévision.
  • 14:40 - 14:43
    C'est l'âge d'or du tabac, du rock'n'roll et du soda.
  • 14:43 - 14:46
    C'est aussi le triomphe de l'état-providence
  • 14:46 - 14:50
    qui impose aux révolutionnaires d'approfondir leurs critiques.
  • 14:50 - 14:53
    Après la Seconde Guerre mondiale,
  • 14:53 - 14:55
    vous avez un état beaucoup plus présent
  • 14:55 - 14:57
    qui promet une éducation universelle,
  • 14:57 - 15:00
    qui assure l'aide sociale pour tous,
  • 15:00 - 15:03
    qui réglemente de plus en plus les droits des travailleurs.
  • 15:03 - 15:06
    L'état semble donc plus bienveillant
  • 15:06 - 15:09
    que les États d'il y a 100 ou 150 ans.
  • 15:09 - 15:11
    Les anarchistes sont donc, dans une certaine mesure,
  • 15:11 - 15:14
    le dos au mur, car la vie semble s'être améliorée
  • 15:14 - 15:16
    pour beaucoup de gens.
  • 15:16 - 15:18
    Mais ce que les anarchistes essaient de montrer,
  • 15:18 - 15:21
    c'est que cette bonne vie n'est pas la vie bonne.
  • 15:29 - 15:31
    Et l'argument critique des anarchistes
  • 15:31 - 15:33
    est que le capitalisme
  • 15:33 - 15:36
    et la culture de masse de la société moderne
  • 15:36 - 15:39
    vous savez, le consumérisme,
  • 15:39 - 15:42
    la publicité,
  • 15:42 - 15:45
    l'émergence de Coca-Cola,
  • 15:45 - 15:48
    tout cela incarne une forme de banalité
  • 15:48 - 15:53
    et diffuse une sorte de culture banale et stérile.
  • 15:54 - 15:57
    Ce sentiment absurde est notamment ressenti par la jeunesse
  • 15:57 - 15:59
    qui a pris peu à peu conscience de son nombre,
  • 15:59 - 16:01
    de sa force et du roule moteur
  • 16:01 - 16:04
    qu'elle pourrait jouer dans un processus révolutionnel.
  • 16:04 - 16:06
    À l'instar des États-Unis d'Amérique
  • 16:06 - 16:08
    avec le Free Speech Movement,
  • 16:08 - 16:11
    elle commence à faire entendre un peu partout sa voix.
  • 16:11 - 16:13
    En ce début d'année 1965,
  • 16:13 - 16:16
    ce phénomène va devenir aussi manifest au Pays-Bas,
  • 16:16 - 16:19
    même si l'anarchisme n'y a pas encore connu son regain
  • 16:19 - 16:22
    et que la société semble verrouillée de l'intérieur.
  • 16:24 - 16:26
    Au début des années 60,
  • 16:26 - 16:29
    les Pays-Bas étaient un pays étriqué.
  • 16:29 - 16:32
    La société était refermée sur elle-même
  • 16:32 - 16:35
    et les jeunes n'avaient pas leur mot à dire.
  • 16:37 - 16:39
    Dans les années 60,
  • 16:39 - 16:49
    je pense que l'autoritarisme ambiant
  • 16:49 - 16:53
    refraînait tellement les jeunes
  • 16:53 - 16:58
    qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de se rebeller.
  • 16:58 - 17:00
    C'est un jeune étudiant en philosophie
  • 17:00 - 17:03
    qui décide ici de sonner l'heure de la révolte.
  • 17:03 - 17:07
    Roul Vanden a milité au sein du mouvement BAM de bandes néerlandais
  • 17:07 - 17:10
    et atteint lui aussi des limites des tactiques de lutte pacifiste.
  • 17:10 - 17:13
    Mais bien qu'il occupe d'une fonction importante
  • 17:13 - 17:16
    au sein du mensuel anarchiste d'Hivreil,
  • 17:16 - 17:20
    il se sent un peu à l'étroit dans les organisations libertaires traditionnelles.
  • 17:20 - 17:26
    L'anarchisme des années 60, c'était en fait des anarchistes des années 20.
  • 17:26 - 17:28
    C'était un groupe de vieux.
  • 17:28 - 17:31
    Et lui, il était le seul jeune
  • 17:31 - 17:34
    et il avait du mal à faire avancer ces nouvelles idées.
  • 17:34 - 17:38
    Ce qui provoquait beaucoup de querelles et de disputes.
  • 17:38 - 17:41
    Il a donc quitté le mouvement anarchiste très déçu
  • 17:41 - 17:46
    pour créer son propre mouvement et son propre magazine.
  • 17:46 - 17:49
    Pour lancer son mouvement,
  • 17:49 - 17:52
    Roul Vanden décide avec quelques camarades
  • 17:52 - 17:55
    dans l'éditeur Upstalk de créer un journal.
  • 17:55 - 17:57
    Il l'intitue Provo.
  • 17:57 - 17:59
    Un nom d'autant mieux choisi
  • 17:59 - 18:02
    qu'en interpellant directement une partie de la jeunesse
  • 18:02 - 18:04
    de l'homme provotaria,
  • 18:04 - 18:07
    par opposition avec un prolitaria devenu selon lui
  • 18:07 - 18:09
    incapable de changer le monde,
  • 18:09 - 18:12
    il allumérit dénoncer tout un programme.
  • 18:12 - 18:18
    Le mot en lui-même était tiré d'une thèse de criminologie.
  • 18:18 - 18:21
    Il définissait une forme de délinquance
  • 18:21 - 18:25
    et les provos ont décidé de l'utiliser de manière créative
  • 18:25 - 18:29
    pour évoquer la façon dont on pouvait propager la résistance.
  • 18:29 - 18:32
    Et c'était au travers de la provocation.
  • 18:32 - 18:34
    Voilà l'idée.
  • 18:34 - 18:40
    Donc si vous pouviez transgresser ou briser les règles,
  • 18:40 - 18:42
    ou vous engagez dans une activité
  • 18:42 - 18:46
    qui allait choquer ou irrité, voire faire enrager le pouvoir
  • 18:46 - 18:50
    et provoquer une réaction de sa part,
  • 18:50 - 18:52
    alors vous pourriez attirer les gens
  • 18:52 - 18:56
    dans un mouvement de résistance.
  • 18:56 - 18:59
    Roulvendon est bien le premier à théoriser
  • 18:59 - 19:02
    le fameux cycle provocation-répression-mobilisation.
  • 19:02 - 19:06
    Dans un tract, il en décortique précisément la mécanique
  • 19:06 - 19:09
    et en affiche ouvertement les objectifs.
  • 19:09 - 19:13
    La provocation, dans les circonstances actuelles,
  • 19:13 - 19:15
    est devenue notre seul arme.
  • 19:15 - 19:17
    Par la provocation, nous pouvons démasquer l'autorité.
  • 19:17 - 19:21
    Uniforme, botte, képis, sabre, chien, policier, gaz, lacrymogène.
  • 19:21 - 19:25
    Il faut la forcer à utiliser contre nous tous ces moyens de répression.
  • 19:25 - 19:28
    Elle sera alors contrainte de montrer sa vraie nature.
  • 19:28 - 19:30
    Elle deviendra de plus en plus un populaire
  • 19:30 - 19:34
    et l'opinion publique basculera en faveur de l'anarchie.
  • 19:34 - 19:38
    Comme leurs textes ne sont tirés qu'à quelques centaines d'exemplaires,
  • 19:38 - 19:41
    pour mettre toutes les chances de leur côté,
  • 19:41 - 19:44
    les profs ressortent les vieux épouvantaires.
  • 19:44 - 19:47
    Ils impriment une recette pour fabriquer des bons.
  • 19:47 - 19:53
    Et cela crée immédiatement des tensions dans la ville.
  • 19:53 - 19:56
    Il y a des arrestations,
  • 19:56 - 19:59
    la presse s'emmêle,
  • 19:59 - 20:03
    et ça attire les jeunes qui sont en recherche d'action.
  • 20:03 - 20:06
    Et donc, ça mobilise
  • 20:06 - 20:11
    parce que ça fait exactement ce que ça avait pour but de faire,
  • 20:11 - 20:14
    c'est-à-dire provoquer.
  • 20:14 - 20:19
    Pour un coup d'essai, c'est bien un coup de maître.
  • 20:19 - 20:23
    En quelques mois, le groupe passe d'une vingtaine de membres à plusieurs centaines.
  • 20:23 - 20:26
    Mais s'ils arrivent à faire des répluie largement,
  • 20:26 - 20:29
    c'est aussi parce que les profs ne font pas que provoquer.
  • 20:29 - 20:33
    Ces partisans de l'action directe et de la propagande par le fait
  • 20:33 - 20:36
    font des propositions et mettent en œuvre leurs idées.
  • 20:36 - 20:39
    Afin de lutter contre la domination automobile, par exemple,
  • 20:39 - 20:43
    ils inventent le plan Véloblan et mettent des bicyclates gratuits
  • 20:43 - 20:46
    et en libre accès dans les rues d'Amsterdam.
  • 20:46 - 20:50
    Ils font les appennings manifeste contre les colonialismes anciens et nouveaux
  • 20:50 - 20:55
    et imaginent des alternatives crédibles au dérive de la société de consommation.
  • 20:55 - 21:00
    À leur mesure et avec leur faible moyen, mais toujours sans violence,
  • 21:00 - 21:03
    les provoient cette d'ongue de changer le monde en leur peignante
  • 21:03 - 21:08
    avec cette couleur blanche qui devient ainsi, au coeur des années 60 au pays bas,
  • 21:08 - 21:10
    le nouveau noir des anarchistes.
  • 21:10 - 21:13
    Mais le maire d'Amsterdam, Gays Van Hal,
  • 21:13 - 21:17
    et Yann Van der Maden, le chef de la police, considèrent toute cette agitation
  • 21:17 - 21:21
    non pas comme de la provocation, mais comme de véritables menaces.
  • 21:21 - 21:24
    Ils empêchent les appennings et font conflits ce qu'est les vélos.
  • 21:24 - 21:29
    Les provoient les inquiètes d'autant plus qu'en ce mois de mars 1966,
  • 21:29 - 21:33
    Amsterdam doit accueillir un événement de la plus haute importance.
  • 21:33 - 21:38
    Or, une fois n'est pas coutume, les provocateurs pourraient se sentir provoqué
  • 21:38 - 21:40
    et décider de passer à l'action.
  • 21:40 - 21:46
    A ce moment, on apprend dans les journaux que la princesse héritière
  • 21:46 - 21:51
    venait de se fiancer avec un allemand,
  • 21:51 - 21:55
    un allemand qui avait été membre de la jeunesse hitlérienne
  • 21:55 - 22:02
    et qui avait participé à la guerre comme soldat dans la Wehrmacht.
  • 22:02 - 22:08
    Il était donc considéré par la gauche comme un véritable nazi
  • 22:08 - 22:12
    et dans le contexte de l'Holocauste et la façon dont il s'était déroulé
  • 22:12 - 22:18
    particulièrement au pay-by à Amsterdam, c'était vraiment, vraiment problématique.
  • 22:20 - 22:24
    Afin de manifester leur opposition à cette union qui aura lieu le 10 mars
  • 22:24 - 22:29
    et sera retransmise en leur vision, les provoos souhaitent s'inviter à la noce
  • 22:29 - 22:33
    et comme Roul van Deen avait aussi théorisé qu'il n'était qu'une image
  • 22:33 - 22:36
    figurée en bonne place sur la photo de mariage.
  • 22:36 - 22:39
    Pour faire monter la pression en amont des noces,
  • 22:39 - 22:42
    il s'amuse à faire courir les plus forts de rumeurs.
  • 22:46 - 22:51
    Et cette fois encore, non pas avec de la violence, mais avec des propositions loufoques.
  • 22:54 - 22:59
    Ils avaient dit par exemple qu'ils allaient mettre du LSD dans l'eau potable d'Amsterdam
  • 22:59 - 23:03
    ou sur des morceaux de sucre pour les donner aux chevaux de la police.
  • 23:03 - 23:09
    Le LSD était la drogue en vogue à ce moment-là et on l'a d'ailleurs aussitôt interdit.
  • 23:14 - 23:17
    Tout cela a créé une sorte de panique.
  • 23:17 - 23:30
    Il y avait donc le jour du mariage une présence policière massive.
  • 23:36 - 23:43
    Au matin du 10 mars 1966, cette très forte présence policière a dû dissuader les propos d'agir.
  • 23:43 - 23:48
    Car au début tout semble bien se passer, le carrosse royal fend tranquillement la foule
  • 23:48 - 23:55
    et remonte au pas sous l'œil borne des caméras du monde entier, la place du dame vers l'investor cercle.
  • 23:55 - 24:01
    Malgré le gris du ciel et du noir et blanc, pour les millions de téléspectateurs qui regardent la cérémonie,
  • 24:01 - 24:07
    la Hollande n'a décidément pas usurpé sa réputation de pays où il ne se passe jamais rien.
  • 24:07 - 24:13
    La mariée est bien belle, le protocole fastueux est l'ordre assuré.
  • 24:13 - 24:18
    Mais tout à coup, c'est l'accueil de désordre, la confusion.
  • 24:18 - 24:25
    Comme au temps de la propagande par le fait, le terrorisme aurait-il d'un nouveau frappé sur le passage de tête couronnée?
  • 24:25 - 24:30
    Pour la première fois depuis des dizaines d'années, des bombes ont explosé.
  • 24:30 - 24:39
    Des bombes. C'était une bombe fumigène? Juste de la fumée.
  • 24:39 - 24:43
    Depuis quelques temps, les provos s'étaient préparés.
  • 24:43 - 24:49
    Pendant des nuits entières, dans un petit appartement clandestin, ils avaient minutieusement mélangé
  • 24:49 - 24:54
    les trois volumes de nitrate de potassium avec les deux volumes de sucre glace.
  • 24:54 - 25:01
    Ils fabriquaient ainsi plus de 200 bombes fumigènes qui n'ont besoin que d'une allumette ou d'un mégot pour partir en fumée.
  • 25:01 - 25:07
    Un arsenal inoffensif, certes, mais à l'effet de souffre dévastateur.
  • 25:07 - 25:15
    La stratégie était simplement de perturber l'ordre. On le fait partir en fumée.
  • 25:15 - 25:23
    On enfume tout. C'est de l'enfumage. Et on ne le voit plus. Donc on l'élimine.
  • 25:23 - 25:29
    C'est évidemment un geste théâtral.
  • 25:29 - 25:33
    Ça en a mis un coup à toute cette pompe et à tout se faste.
  • 25:33 - 25:37
    Et les autorités se sont sentis ridiculisés, ce qui les a mises en colère.
  • 25:37 - 25:45
    Et c'est ce qui explique pourquoi la répression par la suite a été si sévère.
  • 25:45 - 25:56
    Avant que le journal le télégraphe n'exige rien de moins que la solution finale de la question provo, le chef de la police demande déjà la tête des meneurs.
  • 25:56 - 26:05
    La marée chaussée reprend de la ville avec des mégaphones. Toutes manifestations est interdite. Le moindre à troupement est violemment dispersé.
  • 26:05 - 26:15
    Dans les rues d'Amsterdam, la chasse au provo est ouverte. La répression frappe.
  • 26:25 - 26:31
    Mais une chose était en train de changer. La population commençait à avoir de la sympathie pour les provos.
  • 26:31 - 26:47
    On voyait dans les médias que de plus en plus de gens défendaient leurs actions et condamnaient l'attitude des autorités.
  • 26:47 - 26:55
    L'opinion publique se retournait contre la police et l'État en faveur des provos.
  • 26:55 - 27:05
    Au milieu de l'année 1966, malgré la répression ou plutôt grâce à elle, les provos sont au fait de leur gloire.
  • 27:05 - 27:08
    Leurs noms résomnent leurs idées voyages et ils font des petits.
  • 27:08 - 27:25
    Au pays bas, bien sûr, où des groupes se constituent à Rotterdam, l'AEU, Maastricht, mais aussi dans toute l'Europe, en Belgique, en Suisse, en Allemagne de l'Ouest, en Italie, au Royaume-Uni, à Paris, où une manifestation a lieu au cri d'anarchie et liberté.
  • 27:25 - 27:35
    Et le péril blanc s'étend jusqu'aux Etats-Unis d'Amérique, où le constitutionne parc de Berkeley est renommé provo parc en hommage aux révolutionnaires Amsterdam, Ottawa.
  • 27:35 - 27:47
    Le monde entier a les yeux tournés vers la Hollande et certains imaginent déjà que la révolte jeune, ludique et limitaire des provos, pourrait se transformer en révolution.
  • 27:47 - 27:55
    Un mouvement social qui commence alors et va mener les pays bas au bord de l'insurrection semble leur donner raison.
  • 27:55 - 28:08
    Le 13 juin, à l'appel des organisations syndicales, une grande mobilisation des travailleurs a lieu. Roulvendon et ses camarades appellent le provotariat à se joindre à la manifestation.
  • 28:08 - 28:17
    La mort accidentale d'un manifestant, dont la rumeur dit qu'il a été victime de violence policière, fait soudain converger les luttes.
  • 28:17 - 28:27
    La manifestation tourne à l'émeute. Les provos et les travailleurs, rejoint par la masse des étudiants et les plousons noirs, transforment le centre-ville en champs du bataille.
  • 28:27 - 28:41
    On décèle les pavés, on retourne les voitures, malgré le soutien des proxenettes, la police et la pédée. Le journal, le télégraphe est incendier. Amsterdam s'enflamme.
  • 28:41 - 28:47
    Devant l'ampleur des troubles, le parlement est convoqué en séance extraordinaire.
  • 28:47 - 29:02
    Les autorités étaient mises sous pression. Non pas par les provos, mais par l'opinion publique. Résultat, le commissaire de police a été démis, et le maire d'Amsterdam a dû démissionner.
  • 29:02 - 29:17
    Cela aurait pu être une victoire pour les provos, mais pris dans leur logique non violente, au lieu de pousser leur avantage, ceci préfère se dissocier du mouvement en évoquant une hystérie collective avec laquelle il n'avait rien à voir.
  • 29:17 - 29:33
    Incapables de saisir ce momentum révolutionnaire, la fin de leur mouvement n'est plus qu'une longue agonie. Infiltrés, leurs plans sont éventés, et comme les nouvelles autorités savent ne plus réagir à leur provocation, leurs tactiques tournent la ville.
  • 29:33 - 29:45
    Alors, comme ceux qui vivent du spectacle péril se souffrent par le spectacle, eux qui n'avaient voulu être que des images, connaissent le destin des images, ils deviennent des carpostins.
  • 29:45 - 30:00
    Toutes ces attentions internationales, qui venaient non seulement de la presse, mais également de la jeunesse qui arrivait de partout, on proposait même des provotours. Tout cela dépasseait l'intention originelle de ces garçons.
  • 30:00 - 30:15
    Les jeunes qui se sont créés en bas de la tête, ils n'étaient pas en train de faire de l'organisation. C'était juste un club de rebelles au départ.
  • 30:15 - 30:26
    Dans un dernier sursaut, Roul van Deux et ses camarades décident de dissoudre le mouvement. Le 15 mai 1967, ils se réunissent dans le coin des orateurs du Van Lel Park et annoncent la fin du mouvement provot.
  • 30:26 - 30:31
    Roul van Deux et Roul van Duy, vous êtes venus ici pour le provo de la grave. Pourquoi?
  • 30:31 - 30:39
    Je vais aussi vous demander une question de la naissance, car je suis un peu contraint en l'image. Je me suis dit que c'était juste une liquidité.
  • 30:39 - 30:51
    Et voilà, c'était la fin. Après deux ans pendant lesquels ils ont mis les pays bas sur le dessous, les provot sont alors partis chacun de leur côté.
  • 30:51 - 30:58
    Roul van Deux ne confiera plus tard à propos de l'échec du mouvement provot, notre seul erreur est d'avoir visé trop court.
  • 30:58 - 31:06
    La geste des provots de Amsterdam est aujourd'hui relativement tombée dans l'oubli, elle aura cependant une influence décisive dans les années suivantes.
  • 31:06 - 31:12
    T'as inspiré par leurs idées, leurs stratégies, mais aussi conscient des limites de leur mouvement.
  • 31:12 - 31:21
    D'autres libertaires vont reprendre leur flambeau et faire en 1968 l'espace d'un printemps bourgeonner toutes les espérances révolutionnaires.
  • 31:21 - 31:30
    ...
  • 31:30 - 31:31
    Bonne nuit.
  • 31:31 - 31:34
    Bête de bourreux...
  • 31:34 - 31:40
    ...
  • 31:40 - 31:48
    A la veille de l'année 68, le mouvement en archiston France n'est toujours pas sorti de la nuit.
  • 31:48 - 32:00
    Il faut voir que fatalité groupes usculaires, ici comme partout ailleurs, les organisations libertaires me cessent pendant ces années de se synder, fusionner, disparaitre puis renettre.
  • 32:00 - 32:04
    ...
  • 32:04 - 32:11
    Pour rassembler tous ces groupes, coordonnez leurs activités et dissédez les liens avec d'autres cellules révolutionnaires.
  • 32:11 - 32:15
    On ne trouve pas mieux que de créer des comités à froison.
  • 32:15 - 32:17
    On s'y perd.
  • 32:17 - 32:24
    Faire que ces organisations désorganisées, ils deviennent essentiels de rétablir ensemble l'unité.
  • 32:24 - 32:29
    Le groupe des jeunes libertaires de Paris décide d'inventer un symbole.
  • 32:29 - 32:33
    Le harcaclet date d'Abril 1964.
  • 32:33 - 32:42
    Il est présenté devant le mouvement en archiste, dans un numéro du bulletin des jeunes libertaires.
  • 32:42 - 32:55
    Avec une explication de pourquoi, il serait bon que les anarchistes, quand ils font des inscriptions sur les murs, quand ils font des affiches, mette ce symbole de façon systématique.
  • 32:55 - 32:58
    Deux motivations principales nous ont guidées.
  • 32:58 - 33:04
    D'abord, faciliter et rendre plus efficace les activités pratiques d'inscription et d'affichage.
  • 33:04 - 33:09
    Ensuite, assurer une présence plus large du mouvement anarchiste aux yeux des gens.
  • 33:09 - 33:13
    Le sigle adopté nous a paru répondre le mieux à ses critères.
  • 33:13 - 33:21
    En l'association constamment au mot anarchiste, il finira par un automatisme mental bien connu, par évoquer tout seul l'idée de l'anarchisme dans l'esprit des gens.
  • 33:21 - 33:26
    C'est des techniques de marketing, finalement. C'est aussi bête que ça.
  • 33:26 - 33:34
    Si tous les groupes anarchistes, malgré leurs différences très fortes, disons, et des fois,
  • 33:34 - 33:40
    l'opposition qu'il y avait entre signer, metter, un même logo.
  • 33:40 - 33:49
    Ça aurait un effet multiplicateur de la présence des anarchistes sur les murs de Paris, ou dans la vie politique parisienne.
  • 33:49 - 33:52
    Les faits n'est pas immédiat.
  • 33:52 - 33:58
    Et alors que dans les années suivantes, des libertaires sont un peu partout à la manœuvre dans les révoltes conduites par la jeunesse.
  • 33:58 - 34:04
    Comme en Italie, où les étudiants affrontent la police lors de la grande bataille de Vallée Julia,
  • 34:04 - 34:12
    en Allemagne de l'Ouest, où les émeutes de parcs viennent répondre à la tentative d'assassinat de la figure du mouvement étudiant Rudidochka.
  • 34:12 - 34:19
    Aux États-Unis d'Amérique, où le mouvement conteste à terres s'oppose à la guerre au Vietnam et exige l'égalité des droits,
  • 34:19 - 34:24
    mais aussi dans le Bloc de l'Est, avec les manifestations contre la censure en Pologne,
  • 34:24 - 34:30
    le printemps de Prague en Tchécostovaquie, en France, on ne voit toujours rien venir.
  • 34:30 - 34:35
    Un grand journal du soir prétend même que la France s'ennuie.
  • 34:35 - 34:41
    Et pourtant, tout commence en banlieue parisienne, dans l'université de Nanterre,
  • 34:41 - 34:46
    où l'on compte alors de nombreux militants anarchistes convaincus et expérimentés.
  • 34:46 - 34:51
    ...
  • 34:51 - 34:54
    Oui, je veux pas que tu aies un groupe anarchiste.
  • 34:54 - 34:59
    Et nous publions ces prates, qui sont en fait cartelages en ennoucle, cartelages à.
  • 34:59 - 35:04
    C'est maintenant pour la meilleure façon de savoir ce que c'est, vous l'y lisez, et puis vous pouvez vous faire votre opinion.
  • 35:04 - 35:05
    C'est tout, je peux vous dire.
  • 35:05 - 35:06
    Vous êtes habité la résidence?
  • 35:06 - 35:07
    Oui, j'habite la résidence.
  • 35:07 - 35:12
    C'est pourquoi c'est... Vous avez des rapports avec certains flics, non?
  • 35:12 - 35:16
    Ces militants connaissent leur histoire libertaire.
  • 35:16 - 35:20
    Certains sont même allés au pays bas, rencontrer les provo.
  • 35:20 - 35:25
    Ils critiquent le système éducatif, qui ne fait selon eux que reproduire les structures de domination.
  • 35:25 - 35:32
    Mais ils ne veulent pas seulement porter la révolution à l'université, ils entendent plus globalement changer la vie.
  • 35:32 - 35:38
    Parmi eux, se fait très tôt remarquer un certain Daniel Konbendit, que l'on dit alors libertaire.
  • 35:38 - 35:52
    Alors là, il n'y a pas photo là-dessus. C'est un militaire anarchiste membre de la Fédération anarchiste, membre de la liaison des étudiants anarchistes, membre de Noir et Rouge, membre de tous ces mouvements, partie prenante à part entière.
  • 35:52 - 35:56
    Mais il n'est pas le seul. Et il y a ses côtés d'autres figures apparaissent.
  • 35:56 - 36:10
    Comme Olivier Castrault, qui se définit alors comme un anarchiste indépendant, Jean-Pierre Dutteuil, qui appartient lui aussi à la liaison des étudiants anarchistes, ou le discrère René Riesal, toujours avec ses lunettes noires, qui fondera le groupe des enragés.
  • 36:10 - 36:20
    Avec une centaine d'autres étudiants, ceci décide le 20 mars 1968 d'occuper un étage de la tour administrative de la faculté de l'Anterre.
  • 36:20 - 36:27
    Ils se regroupent en conseil, débattent, chantent des chansons et écrivent sur les murs les tout premiers à cerclez.
  • 36:27 - 36:37
    Expulsés de l'Anterre, les étudiants se rendent à la Sorbonne au cœur de la capitale. La police intervient, mais soixante-huit vient de commencer.
  • 36:37 - 36:43
    Car à la différence des provo, les libertaires parisiens choisissent d'assumer la confrontation.
  • 36:43 - 36:54
    Au tour de l'Hivier Castro, que l'on voit ici, le dos, ils organisent la réposte. Tête casquée, visage masqué, on ramasse de quoi passer à l'offensif.
  • 36:54 - 37:04
    Les rues de Paris sont dépavées, et pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, ennivrées par l'odeur des gaz, de jeunes révolutionnaires écrivent dans l'air une ancienne chanson de geste,
  • 37:04 - 37:07
    ou improvisent de nouveaux pas de danse.
  • 37:07 - 37:17
    Il y a cette griserie extraordinaire qui ne prend que les émotiers et qui n'a pas été émotier ne peut pas savoir de quoi il s'agit.
  • 37:17 - 37:21
    Le goût, le goût de la barricade.
  • 37:21 - 37:34
    Contrairement à ce que dit la légende, la répression est très brutale. Mais rien ne fait, le quartier d'atteinte tombe aux mains des insurgés.
  • 37:37 - 37:44
    Finalement réouvertes, la Sorbonne est proclamée comme une livre. Le drapeau noir flotte sur la cour de l'Ener.
  • 37:44 - 37:52
    On rebâtise des salles du nom des héros de l'histoire libertaire, comme l'Enfi Bono. Une assemblée générale, permanente et formée.
  • 37:52 - 38:01
    Un comité d'occupation révocable à tout instant est élu. On écrit sur les murs, on réinvente la culture, on imprime des tracts et des journaux.
  • 38:01 - 38:06
    On ouvre une cantine libre et gratuite pour tous, on crée une crèche autogérée.
  • 38:06 - 38:18
    Grâce à la redoutable section des combattants catanglais, on organise aussi l'autodéfense. A tous les étages, pendant plus d'un mois, on discute du monde, de la vie, de l'amour et de la révolution.
  • 38:25 - 38:33
    Tous les étudiants ne sont pas anarchistes, bien sûr, loin sans faux. Mais les libertaires sont là, avec les militants des autres tendances révolutionnaires.
  • 38:33 - 38:46
    Maoistes, Trotskyistes, Guevaristes, aussi et surtout avec la masse des étudiants non encartés dont les idées ne sont pas encore bien arrêtées, mais qui veulent prendre part eux aussi à l'élion révolutionnaire.
  • 38:46 - 38:56
    La grande qualité des anarchistes, 2 mai 68, a été de permettre à une ribambelle de gens que l'on appelait inorganisés.
  • 38:56 - 39:08
    Des gens qui venaient de nulle part, qui soudain émergeaient en mai 68, de leur permettre de prendre toute leur place. Et non pas de les renvoyer à l'école, au cours primaire, qu'il fallait qu'ils passent tous les échanges.
  • 39:08 - 39:22
    Et ça a été une grande force libertaire, démoncipation qui a permis à chacun de prendre sa place en quelque sorte. Tout en luttant beaucoup contre les menées staliniennes de certains groupes sculs,
  • 39:22 - 39:31
    même si ce n'était pas des staliniens, même si c'était anti-stalinien, ils avaient souvent des pratiques qui étaient peu recommandables.
  • 39:31 - 39:41
    Le mouvement fait âge d'huile. Et comme ici, avec l'université de Strasbourg, il s'étant bientôt à toutes les universités françaises. Mais pas que.
  • 39:41 - 39:57
    C'est un moment dans lequel on a eu souvent tendance à surevaluer la composante étudiante, la composante culturelle de la contestation. Mais ce qui est très intéressant, c'est aussi la composante ouvrière de 1968.
  • 39:57 - 40:03
    Et le climat d'insubordination ouvrière généralisée que mai 68 a révélé.
  • 40:03 - 40:14
    C'est en effet la spécificité du 68 français, car la répression brutale du mouvement étudiant avait provoqué une mobilisation des travailleurs.
  • 40:14 - 40:24
    Une journée de grève générale était organisée par les syndicats. Le 13 mai, une immense manifestation avait lieu drape au noir en tête.
  • 40:24 - 40:35
    Mais le lendemain, débordant les appareils, les ouvriers décidaient spontanément de poursuivre le mouvement. C'est la première grève générale sauvage de l'histoire.
  • 40:39 - 40:50
    Tous les secteurs sont touchés, non seulement les grands groupes publics, mais encore les entreprises privées, des plus grandes ou plus petites.
  • 40:50 - 41:00
    Les centrales sont arrêtées, les cheminiers ne fument plus. Dans les mines, on refute les cendres, les docks sont désertés.
  • 41:00 - 41:10
    Même les secteurs les plus inattendus entrent dans la grève. Les banques sont fermées, les grands magasins sont occupés par leurs personnels.
  • 41:10 - 41:21
    Le rame-assage des ordures est suspendu. Des banderoles décorlent entrer des hôtels de luxe. Les maraignées occupent la scène. On ne prélève plus l'impôt.
  • 41:21 - 41:27
    Les fauchoyeurs n'entèrent plus. Les eaux sont en vacances et les payages sont gratuits.
  • 41:27 - 41:37
    La radio et la télévision réclament la fin de la censure. Et les actualités publiques remplacent la morce de leur roche par des petits as cerclés.
  • 41:37 - 41:43
    Il n'y a pas jusqu'au footballeur qui demande la fin de l'allénaition et occupe leur fédération.
  • 41:43 - 41:56
    Lors des grandes grèves de 1936, on avait compté 2 millions de grévistes. En mai 1968, il y en a au début 6 millions, plus au bout de quelques jours, plus de 10 millions dans toute la France.
  • 41:56 - 42:10
    Non seulement dans toutes les grandes villes de France, mais dans les campagnes. Alors ça, il ne faut surtout pas l'oublier. Mais moi, j'ai trouvé dans les archives des tracteurs qui défoncent des sous-préfectures. On n'a jamais vu ça.
  • 42:10 - 42:23
    C'était incroyable, vraiment incroyable. On n'aurait jamais imaginé ça une semaine avant. Et cela donne toute leur justification aux idées anarchies.
  • 42:23 - 42:39
    Les gens sont capables de prendre conscience. L'anarchisme, ça se vit. Les gens sont capables s'ils sont conscients de le vivre de manière immédiate.
  • 42:39 - 42:54
    Spontanément, les gens se transforment en anarchiste ou en libertaires, comme s'ils l'avaient toujours été.
  • 42:54 - 43:11
    Le patriarcat n'est que partiellement dénoncé, ce que l'on n'appelle pas encore les minorités demeurent invisibles et la question écologique n'est pas posée. Mais on parle partout d'autogestion et de démocratie directe. Et vers la fin mai, on commence à imaginer la disparition des frontières du travail et de l'argent.
  • 43:11 - 43:25
    Il y avait des travailleurs qui occupaient leur entreprise informatique, comme il y avait de nombreux autres lieux de travail occupés. Et ils prenaient un bar de soleil sur la terrasse de l'entreprise.
  • 43:25 - 43:43
    La direction est venue pour leur demander. Que voulez-vous? Quelle est votre plateforme de revendication? On ne veut plus travailler, on ne veut plus de cette société. Oui, d'accord, on comprend.
  • 43:43 - 44:09
    Mais au niveau des horaires, du salaire, qu'est-ce que vous voulez? C'était un dialogue de sourds. C'est comme une chape de plomb qui explosait et les joies de vivre, les exubérences ont repris leurs droits. Et quand les exubérences reprennent leurs droits, comme Raoul van Hegem l'a si bien dit, bien les gens reprennent envie de vivre, le goût de vivre et le goût des audaces.
  • 44:09 - 44:20
    Mais ces audaces ne sont pas du goût de tous. Dans l'urgence, le chef de l'État convoque un conseil extraordinaire. La consigne donnée est répédée du sommet de l'État jusqu'en bas.
  • 44:20 - 44:25
    Résumé l'opinion du président de la République, c'est la réforme Oui, la Chiant, les Non.
  • 44:25 - 44:32
    C'est à Lyon, où des anarchistes convaincus, structurés et organisés sont aux avant-postes du mouvement que la réaction commence.
  • 44:32 - 44:39
    Il y a une forte présence anarchiste à Lyon, c'est vrai. D'abord, il y a une tradition anarchiste à Lyon, qui est ancienne.
  • 44:39 - 44:45
    Ça, c'est une chose. Et donc les gens s'inscrivent dans cette tradition anarchiste, les nouveaux anarchistes.
  • 44:45 - 44:53
    Les anarchistes de Lyon sont tous des anarchistes New Look, qui ont lu l'international situationniste et qui trouvent ça absolument formidable.
  • 44:53 - 45:04
    Recroupés au sein de l'Irdre de l'Ern, un groupe dissident de la Fédération anarchiste, ces libertaires New Look sont nombreuses aussi dans le mouvement du 20 de mars Lyonnais.
  • 45:04 - 45:12
    Ils ont occupé leur faculté et essayé de faire la jonction avec les ouvriers des grands bastions que sont Berlier et la Relia C'estat.
  • 45:12 - 45:17
    Mais à la différence de Paris, le mouvement est depuis le début resté assez sage.
  • 45:17 - 45:25
    Or, le 24 mai, emmené par les anarchistes, lui défiler ce heurte à un impressionnant dispositif policier.
  • 45:25 - 45:36
    Il se passe à Lyon une seule nuit de barricade, mais c'est une nuit de barricade qui est devenue en quelque sorte emblématique de mai 68 pour toute la France.
  • 45:36 - 45:41
    Car il se trouve qu'au cours de cette nuit des barricades, un commissaire de police est décédé.
  • 45:41 - 45:52
    Refluents de la place des terrors sur la presquille où ils ont mis en déroute les gardes mobiles, les manifestants avaient décidé de marcher sur la préfecture de police qui se trouve sur l'autre rive du roue.
  • 45:52 - 45:55
    Mais à l'entrée du Pont-la-Faiguette, un barrage les attend.
  • 45:55 - 46:04
    Pour forcer le passage, dans la confusion, des révolutionnaires réquisitionnent un camion de chantier et le lancent sur les forces de l'or.
  • 46:04 - 46:19
    Il est lancé à cinq à l'heure avec un caillou sur l'accélérateur. En première, il avance tout doucement, tout doucement, tout doucement et la police a 100 fois le temps de s'écarter pour laisser passer le camion.
  • 46:19 - 46:32
    La police n'a pas besoin de s'écarter puisque le camion dévilantement échoque contre l'indérès verber du pont. Mais à ce moment précis, le commissaire Lacroix, un commissaire de police, est pris d'un malade.
  • 46:32 - 46:44
    Il est mort parce qu'il était présent sur les faits la nuit des barricades. Il est mort de peur, il a fait une crise cardiaque au moment de l'arrivée de ce camion.
  • 46:44 - 46:56
    Mais il n'a pas été touché par ce camion. Il a été assuminé en ambulance, ça j'ai trouvé l'archive, en ambulance à l'hôpital Grange-Blanche, et il a été soigné à cet hôpital.
  • 46:56 - 47:09
    Il était vivant, il a parlé avec les médecins et les infirmiers. Et puis au cours du traitement, une heure ou deux après, il est décédé au cours du traitement.
  • 47:09 - 47:13
    Voilà. Donc il n'est pas décédé, écrasé par le camion.
  • 47:13 - 47:16
    Et bien messieurs, jusqu'à ces jours-ci.
  • 47:16 - 47:25
    Et pourtant, le lendemain matin, au 1er jour du jour, le préfet de police de Lyon prend la parole en direct à la télévision et donne une autre version d'échelle.
  • 47:25 - 47:37
    Et c'est ainsi que le commissaire prenait la croix, perte de trois enfants, fut écrasé entre le parapet du pont et ce camion.
  • 47:37 - 47:52
    Le but était de criminaliser tout 68 et effectivement du fait qu'un commissaire de police a décédé, la réaction s'est emparée de cet événement pour en faire le cri de ralliement de la vengeance.
  • 47:52 - 47:55
    Strategie du choc et fabrique du consentement.
  • 47:55 - 48:01
    Au cours des funérailles nationales du commissaire, on répète à l'envie de la version policière.
  • 48:01 - 48:06
    Le commissaire La Croix, tentant de l'arrêter, fut écrasé entre le camion et la rembarde du pont.
  • 48:06 - 48:16
    Avec d'autres, cet événement souvent déligé de l'histoire de mai contribue à faire qu'en quelques jours seulement, l'opinion publique se retourne et la situation se renverse.
  • 48:16 - 48:28
    Le pouvoir reprend l'avantage. Les manifestations sont interdites, les ligueuses occupées sont évacuées et certaines figures du mouvement sont incarcérées, ou comme Daniel Kohn-Bendit expulsé.
  • 48:28 - 48:32
    Mai 68, a vécu.
  • 48:32 - 48:40
    Mais si la révolution libertaire est manquée, grâce à la lutte, les travailleurs obtiennent tout de même de meilleures conditions de travail et de vie.
  • 48:40 - 48:46
    Les lycées et les universités se démocratisent et la censure dans les médias recule momentanément.
  • 48:46 - 48:55
    Et dans les années qui suivent, le rapport de force né du mouvement permet de conquérir certains de ses droits que les anarchistes rectamènt depuis des décennies,
  • 48:55 - 49:05
    comme celui à l'avortement, confirmant en cela, s'il en était besoin, le vieil adage libertaire, selon lequel aucune tentative révolutionnaire n'est jamais velle.
  • 49:05 - 49:17
    La guerre d'Espagne, Mai 68, sont effectivement des échecs. Mais les gens s'en souviennent comme d'un moment où il a été possible de renverser le régime.
  • 49:17 - 49:28
    Et cette impression perdue. La remise en question des hiérarchies a été très profonde.
  • 49:28 - 49:39
    Et jusqu'à aujourd'hui, rien n'a pu les passer.
  • 49:39 - 49:43
    Stoppé en France, le mouvement insurrectionnel se poursuit dans le monde.
  • 49:43 - 49:53
    D'une heure au sud, d'une rival autre des océans, quel que soit les systèmes et les régimes, à la suite de mettre la fièvre et matière sans part de toutes les grandes capitales,
  • 49:53 - 50:07
    avec comme consigne, faire comme en France. A Bruxelles, Londres, Zurich, Stockholm, Montevideo, Tokyo, les étudiants occupent leurs universités, créent des communes et appellent les travailleurs à les rejoindre.
  • 50:07 - 50:17
    Même dans les pays les plus inattendus, la jeunesse s'insurge. Sous la botte tranquille, c'est en Espagne, derrière le mur, comme en Yugoslavia ou en RFA, et dans les pays du sud.
  • 50:17 - 50:24
    Aïs, tamboulés en Kara, on reprend la rue. A Dakar, Eberhout, travailleurs intellectuels, Emmanuel font eux aussi la jonction.
  • 50:24 - 50:31
    Et au Pakistan, la grève générale fait tomber le gouvernement. Mais alors que les libertaires auraient pu profiter de cette gloire retrouvée,
  • 50:31 - 50:40
    quand ils organisent en septembre 1968, la Kara, en Italie, un nouveau congrès international, leur vulgueux démon reprennent le dessus.
  • 50:40 - 50:48
    La génération s'oppose et les courants se déchirent. Et c'est ainsi que, au moment où les organisations anarchistes auraient pu jouer un rôle
  • 50:48 - 50:53
    dans ce mouvement révolutionnaire international, elles le laissent passer le train de l'histoire.
  • 50:53 - 51:00
    La réaction qui partout t'opère, étouffe dans les urnes, au noix, dans le sang, les rêves de changement de la jeunesse.
  • 51:00 - 51:10
    À Chicago, la marche des étudiants contre la guerre est écrasée. Au Japon, on l'expure, je la forterai, des étudiants révolutionnaires de l'université Todai.
  • 51:10 - 51:20
    Et le 2 octobre 1968, sur la place des trois cultures au Mexique, le gouvernement fait tirer sur les étudiants qui s'étaient pacifiquement rassemblés.
  • 51:20 - 51:23
    Il y a plus de 300 morts.
  • 51:23 - 51:35
    Cet événement, qui restera dans les mémoires comme le massacre de Clathal-Lolco et vient mettre un terme au rêve d'un possible changement pacifique, rappelle à de nombreux révolutionnaires, les mots de Bakounine.
  • 51:35 - 51:41
    Les révolutions ne sont pas un jeu d'enfant, ni un débat académique, ni une joute littéraire où l'on ne verse que de l'encre.
  • 51:41 - 51:45
    La révolution, c'est la guerre. Et qui dit guerre dit destruction des hommes et des choses?
  • 51:45 - 51:50
    Il est sans doute fâcheux pour l'humanité qu'elle n'est pas encore inventée un moyen plus pacifique de progrès.
  • 51:50 - 51:56
    Mais jusqu'à présent, tout pas nouveau dans l'histoire n'a été réellement accompli qu'après avoir reçu le baptême du sang.
  • 52:20 - 52:24
    Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
  • 52:50 - 52:56
    Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
Title:
https:/.../04_NiDieunima%C3%AEtreunehistoiredel'anarchisme-Livre3-Desfleursetdespav%C3%A9s%20(1944-1969).mp4
Video Language:
French
Duration:
0:06

French subtitles

Incomplete

Revisions