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Quand il y a 2 poids, 2 mesures, tout
est une question de balance...
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Bonjour.
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Teusch, hasch, Ganja, beuh,
weed, kiff, skunk, sinsé...
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Derrière ce champ lexical fleuri, se cache
une plante ancestrale : le chanvre.
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Et une consommation, elle,
bien moderne : celle du cannabis.
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La drogue la plus populaire dans le monde.
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Rien qu'en Europe, en 2011,
sur 1 million de saisies de stupéfiants,
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80% étaient des produits dérivés
du cannabis : herbe, résine ou plants.
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Et oui, parce que détenir de tels
produits est parfaitement illégal.
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La législation française est
d'ailleurs l'une des plus répressive.
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Quelle que soit
la quantité et l'infraction :
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production, détention, vente,
achat ou simple usage,
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le risque est toujours le même :
la prison. De 1 à 20 ans.
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Pourtant, en France, à 16 ans,
40% des ados ont déjà testé le cannabis.
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Gros score.
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La France est le n° 2 européen,
juste derrière la République Tchèque.
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Bien loin devant Pays-Bas,
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LE pays des coffee-shop, où les ados
ne sont que 26% à tenter l'expérience.
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Criminaliser ne serait donc pas
pédagogique ? Voilà qui est étonnant.
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Mais d'où vient cette idée
d'interdire le cannabis ?
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Glissons vers les États-Unis.
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Dans les années 1930, la morphine
et l'aspirine voient le jour et
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les labos pharmaceutiques ont évidemment
besoin d'un marché pour les écouler.
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Le cannabis -
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anti-douleur aujourd'hui reconnu pour
des maladies comme
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la sclérose en plaque ou certains cancers
était alors un dangereux concurrent.
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Au même moment,
dans la presse américaine,
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certains prétendent que
cette drogue était la cause
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des viols de femmes blanches
par les fumeurs noirs.
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Un argument d'époque qui fut une aubaine
pour les industriels du médicament.
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Même le Congrès américain
n'hésitera pas à l'utiliser.
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Résultat : le cannabis et
ses dérivés sont interdit dès 1937.
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Et comme les États-Unis sont toujours
en avance sur le reste du monde,
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cette prohibition s'est doucement
répandue à travers le globe.
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En France, au-delà des résines, têtes,
feuilles et autres produits récréatifs,
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les médicaments contenants
des extraits de cannabis
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sont également formellement proscrits
par la loi sur les drogues de 1970.
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La belle hypocrisie.
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Avec quoi fabrique-t-on la morphine ?
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L'opium, une drogue bien connue.
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2 substances psychotropes ont
un usage thérapeutique avéré
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et une seule a les faveurs du marché.
2 poids, 2 mesures.
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Au passage, la France est l'un des leader
mondiaux dans la production de morphine.
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Coïncidence, peut-être.
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Cela dit, les choses changent.
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Depuis janvier 2014, le Sativex,
un médicament à base de cannabis,
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est autorisé en France.
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Mais il ne sera pas commercialisé
avant... 2015
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et selon des règles
de prescriptions bien strictes.
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Pendant ce temps, le marché illégal
change, lui aussi.
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L'herbe européenne gagne du terrain
sur la résine marocaine.
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Les saisies ont presque doublé
en France entre 2008 et 2012.
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Tout un système se développe :
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des champs contrôlés par la mafia
en Italie aux " cannabis factories "
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tenus par des gangs au Royaume-Uni,
Belgique et Pays-Bas.
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Un monde joyeux fait de corruption,
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de blanchiment d'argent
et de morts violentes.
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En France, 500 millions d'euros
annuels sont consacrés
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à la répression avec
une efficacité relative.
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Mais chez les plus vulnérables les effets
secondaires sont eux bien réels.
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Près de 20% des moins de 17 ans
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sont au bord de la dépendance
ou ont déjà basculé.
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L'enjeu de santé publique risque alors
de prendre le dessus sur la criminalité.
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Et, dans ce contexte, la prohibition
totale pose bien plus de problèmes
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qu'elle ne semble apporter de solutions.
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À chacun ses écrans de fumées ....