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Les Studios de
KAMATA-SHOCHIKU présentent
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Histoire d'herbes flottantes
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Un film d'OZU Yasujiro
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Œuvre originale : James MAKI
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Scénario : IKEDA Tadao
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Réalisation :
OZU Yasujiro
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Caméra : MOBARA Hideo
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Décors : HAMADA Tatsuo
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Assistants-réalisateurs :
HARA Kenichi, NEGISHI Hamao
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Assistants à la caméra :
HARADA Takaharu, IRIE Masao
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Assistants-décorateurs :
OISHI Yakichi, TSUNODA Tamizo
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Costumes : SAITO Taizo
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Coiffures : HAGA Harue
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Calligraphie des cartons :
FUJIOKA Yoshisaburo
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Avec
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Kihachi, le chef de la troupe :
SAKAMOTO Takeshi
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Otsune, son ancienne maîtresse :
IIDA Choko
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Shinkichi, son fils : MITSUI Hideo
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O-Taka, sa maîtresse :
YAGUMO Rieko
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O-Toki, la jeune actrice :
TSUBOUCHI Yoshiko
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Tomibo, l'enfant-acteur :
TOKKAN Kozo
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Son père : TANI Reiko
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Kichi, un acteur :
NISHIMURA Seiji
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Maako, un acteur :
YAMADA Nagamasa
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On va avoir encore un spectacle ?
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Oui, du théâtre.
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Avec la troupe
d'ICHIKAWA Kihachi.
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Ça fait longtemps
qu'on ne vous a vu, patron !
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Nous sommes ici à nouveau
pour un bon bout de temps.
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Il a drôlement grandi, le gamin !
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Ça fait 4 ans qu'on n'est pas venus.
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Il a 9 ans, maintenant.
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Dire qu'elle avait
une face de pleine lune
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quand elle était petite !
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Les plus célèbres drames épiques
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Troupe d'ICHIKAWA Kihachi
Le 7 juillet au théâtre des orangers
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On se fait beau
pour la représentation de ce soir ?
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Quand il était jeune,
Kihachi était bel homme.
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Nous allions l'applaudir
tous les soirs.
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Tu n'aurais pas une grande sœur ?
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ICHIKAWA Kihachi
et les membres de sa troupe
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À force de t'empiffrer,
tu vas encore faire pipi au lit.
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Si tu recommences, O-Toki
devra encore t'appliquer du moxa.
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Le patron, il a fait pipi au lit,
cette nuit ?
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Ne t'inquiète pas ! Applique-lui
de plus gros bâtonnets de moxa.
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Du calme ! Ce n'est pas toi
qui subis la brûlure !
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Patron, pensez à Goemon,
bouilli dans sa marmite.
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Ne me confonds pas
avec ce brigand !
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Tu as pourtant un énorme succès
quand tu joues ce rôle !
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Arrête de dire des bêtises
et sors-moi un kimono !
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Je dois effectuer une visite
de courtoisie à un protecteur local.
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Restaurant Tori-ya
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Ça fait longtemps...
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En effet, je me disais que tu allais
revenir bientôt et je t'attendais.
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Je fais chauffer le saké.
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Dis-moi,
comment vont tes douleurs ?
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Depuis que j'applique
tes plantes magiques,
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ça va beaucoup mieux.
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Ces derniers temps,
je souffre des épaules.
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On me traite aux moxas.
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Tu as quand même l'air
d'être en forme,
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c'est très bien.
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Comment va Shinkichi ?
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Il a eu son diplôme du lycée agricole
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et continue pour un an.
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Préceptes moraux à l'usage
des jeunes : Honnêteté, rapidité...
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Ton oncle du théâtre
est venu nous voir.
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Comme il a grandi !
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C'est qu'il est bon pour
la conscription, l'an prochain.
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Premier, à coup sûr !
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Il doit manger comme un ogre.
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Pas étonnant qu'on soit vieux,
nous deux !
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Dis donc, tu as dû trimer dur
pour en faire ce qu'il est !
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Je l'ai fait avec plaisir
puisque c'était pour lui.
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Il croit toujours
que son père est mort, non ?
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Oui, pour lui, son père, employé
municipal, est mort depuis longtemps.
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Mais toi,
tu ne te sens pas trop seul ?
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Si on commence à se prendre en pitié,
c'est sans fin !
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Il vaut mieux que tu continues
à lui dire que son père est mort.
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Que ferait-il
d'un père bon à rien comme moi ?
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Il est taillé pour réussir dans la vie.
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Il y a plein de chevesnes
dans la rivière.
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Tu ne veux pas venir pêcher,
mon oncle ?
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Certains chevesnes sont moins vifs
que les autres. Tu as tes chances.
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Combien de temps vas-tu rester,
cette fois ?
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Tant que le public viendra,
même un an s'il le veut.
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J'aimerais bien aller
dans les coulisses, ce soir.
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Pas question que tu viennes voir
notre spectacle !
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Tu es un étudiant
et tu dois étudier comme un étudiant.
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Si c'étaient les grandes vacances,
je partirais bien avec toi.
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Il contenait beaucoup d'argent ?
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Ça m'étonnerait !
Il est si léger qu'il flotte !
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Et s'il était rempli de billets
de banque ?
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Je ne t'ai jamais vu
avec des billets !
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Si on répétait un peu,
avant que le patron ne rentre ?
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Que l'acteur soit bon ou mauvais,
faire le cheval, c'est ingrat.
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Récits épiques de l'Ère Keian (1648)
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Celle qui est assise au 2e rang,
elle est plutôt pas mal, non ?
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Scène du Bord des Douves
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Bravo !
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Où est le chien ?
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Il pleut pour de bon, maintenant !
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La pluie, c'est une plaie
quand on est en tournée.
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Je suis désolé
pour tout le dérangement.
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Cette pluie est interminable.
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Ce n'est rien à côté
de celle de Takasaki.
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Ce matin, la radio a dit que
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ça allait durer encore 4 ou 5 jours.
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J'aimerais bien manger
de bons beignets.
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Pour moi, ce sera
une anguille grillée et du saké.
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Auriez - vous une cigarette ?
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P'pa, tu m'as piqué mon argent ?
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Le chat avait son nez
dans l'autre sens, tout à l'heure.
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Quand même, le patron
est trop insouciant, non ?
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Alors qu'on est en pleine crise,
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il part en goguette tous les soirs.
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Ça, c'est inévitable
quand il est dans ce bled.
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Tu viens de prononcer
des paroles étranges.
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Il me semble
que tu en sais plus que ça.
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Je te promets de ne jamais dire
à quiconque que tu as parlé.
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Vive l'échec et mat,
à bas la séparation...
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Frappe le roi, pas le père...
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Tu as perdu, mon oncle.
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Le vassal de Yorimitsu connut
à nouveau la corde de la défaite...
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Tu es devenu rudement fort !
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Quand tu joueras le Pauvre Hère,
je te prêterai ma casquette.
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Un carafon de saké chaud !
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Trop aimable de prendre soin
du patron chaque soir !
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On te demande.
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Que viens-tu faire ici ?
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Tout simplement
présenter mes respects !
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Ton protecteur local,
c'est cette patronne de restaurant ?
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Dans ce cas, je dois, moi aussi,
lui présenter mes remerciements.
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O-Toki, rentre à la maison !
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Vous devez être fière de votre fils,
Madame !
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Quel âge as-tu ?
-
Et ton père, que fait-il ?
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Pas la peine de t'agiter comme ça !
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J'ai quelque chose à dire
à cette dame et à son fils.
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Tu n'as pas à te mêler
de mes affaires.
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Qu'y a-t-il de mal
à ce que j'aille voir mon fils ?
-
De quel droit
me parles-tu sur ce ton ?
-
Aurais-tu oublié
la crise de Takasaki ?
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Si tu as pu t'en sortir cette fois-là,
c'est grâce à qui ?
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Qui est allé voir tous les rupins
de la ville pour avoir leur aide ?
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Ne prends pas tes grands airs
avec moi !
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À compter d'aujourd'hui,
tu n'es plus rien pour moi !
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Si tu retournes là-bas,
ton compte est bon !
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Mon fils n'est pas
de la même espèce que toi.
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Tu penses encore
à votre querelle d'amoureux ?
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Ça ne te ressemble pas.
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Les colères du patron, tu dois
les connaître par cœur, pourtant !
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Bien entendu !
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J'avais déjà oublié !
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Tant mieux !
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Je m'inquiétais
de te voir si préoccupée.
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Je voudrais te demander un service.
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Tu ne pourrais pas faire du charme
au jeune homme du restaurant ?
-
Merci bien, je n'ai aucun goût
pour les blancs-becs.
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Tu pourrais le faire pour moi.
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Essaie donc.
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Pourquoi ?
-
Fais comme tu voudras.
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Tu crois que je pourrai ?
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Pour tes beaux yeux,
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n'importe quel homme
est prêt à se damner.
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Village de Nozaki.
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Nous nous sommes rencontrés hier.
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J'ai quelque chose à vous dire.
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Ce soir, après la représentation,
-
je vous attendrai ici.
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Je ne sais pas si je pourrai venir.
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Maman, je vais prendre l'air
quelques instants.
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J'espère que vous n'êtes pas fâché
par ma demande.
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Mais j'avais envie de vous voir.
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Vous n'aimez pas parler
avec les femmes ?
-
Comment c'était ?
-
J'aimerais voir venir
une coque de noix.
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Si elle avait un gamin, je l'élèverais
pour le vendre aux saltimbanques.
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O-Toki n'est pas là ?
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Ces derniers temps,
elle disparaît souvent.
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Où peut-elle donc passer son temps ?
-
Il nous faudra bientôt
nous dire adieu.
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Où serons-nous, l'an prochain,
à cette époque ?
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Je m'en veux de rêver
à de telles bêtises.
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Nous devrions tout raconter
à ma mère.
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Je suis sûr
qu'elle peut nous comprendre.
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Je ne suis pas si bien que tu crois.
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Je ne suis pas digne
d'un homme comme toi.
-
Quand je t'ai approché,
c'était une manœuvre.
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Au début c'était ça, mais...
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Peu importe
comment ça a commencé.
-
Il ne faut jamais s'attacher
aux gens du voyage.
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Ces derniers temps,
il est sorti chaque soir.
-
On va bientôt partir.
-
J'aimerais bien le voir
le plus possible.
-
Tu devrais prendre garde.
-
Je parle de ta bonne amie.
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Ah, celle-là... je ne sais comment
m'excuser auprès de toi.
-
Tu plaisantes. Ne va pas penser
que je suis jalouse à mon âge !
-
Mais ce serait terrible
si elle disait la vérité à Shinkichi.
-
Où étais-tu donc
jusqu'à cette heure ?
-
Ce garçon, qu'est-il pour toi ?
-
Tu l'as fait pour de l'argent ?
-
Vous croyez ça, Patron ?
-
Notez bien que vous n'auriez pas
tout à fait tort.
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C'est vrai qu'au début,
O-Taka m'a offert de l'argent.
-
Que voulait-elle ?
-
Elle m'a demandé de le séduire.
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Mais maintenant, l'argent
ne compte plus. Je suis folle de lui.
-
Appelle-moi O-Taka !
-
Je te parlerai plus tard.
-
Tu voulais me voir ? À quel sujet ?
-
Que comptes-tu faire à mon fils ?
-
Comment pouvais-je savoir
qu'il était ton fils ?
-
C'est ton portrait tout craché,
amoureux d'une actrice ambulante.
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Tu souffres ?
-
J'espère que tu souffres énormément.
-
La roue tourne. Chacun a son tour
de malheur. Souviens-t'en !
-
Faisons la paix !
-
Ne sommes-nous pas
a égalité maintenant ?
-
Mets-toi un peu à ma place !
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Où est O-Toki ?
-
Elle vient de sortir à l'instant.
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Shinkichi est là ?
-
Ce n'est pas toi
qui l'as fait demander ?
-
Il vient de sortir
avec une jeune fille de ta troupe.
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Il se passe quelque chose d'affreux.
-
Shinkichi est en train
de ruiner son avenir.
-
Je peux vous payer ça pour le tout.
-
Entendu. Je pourrai leur payer
leurs billets de train.
-
Ça fait un bail
qu'on est ensemble, Patron.
-
Kichi, où vas-tu aller ?
-
Chez ma sœur, à Ueda.
Son mari est marchand de riz.
-
Je vais retourner chez
mon patron-boucher comme coursier.
-
Si vous pouvez vous ranger,
rangez-vous !
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Moi, j'en ai ras-le-bol de ce métier.
-
C'est votre dernière soirée
avec O-Taka.
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Séparez-vous avec le sourire !
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Avant de se quitter,
faisons la fête une dernière fois !
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O-Taka, chante-nous quelque chose.
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Ça y est, j'ai fini
par dissoudre ma troupe.
-
Toujours aucune nouvelle
de Shinkichi ?
-
Tel père, tel fils ! Même s'il est
instruit, c'est un cavaleur.
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Cette fois-ci, je suis bien fini.
-
Je chauffe du saké ?
-
Je n'en ai aucune envie.
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Alors, tu n'as plus besoin
de reprendre la route ?
-
Tu pourrais rester ici
autant que tu le voudrais.
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Shinkichi est assez grand maintenant
pour comprendre la situation.
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Il finira bien par revenir un jour.
-
On pourrait vivre en famille
tous les trois.
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Même le bouddha aux yeux ouverts
se fatigue de ne pas fermer l'œil.
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Buvons un peu.
-
Je te suis infiniment reconnaissant.
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À quelle heure es-tu rentré ?
-
Où étais-tu passée ?
-
Tu n'as pas honte
de te présenter ici, comme ça ?
-
Excusez-moi, Patron !
-
Mon oncle, elle s'est excusée.
Arrête de la frapper !
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Tu ne vaux pas mieux !
-
Tu aurais pu penser au souci
que ta mère se faisait !
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Arrête ! Que fais-tu ?
-
Qui crois-tu qu'il soit ?
-
Sais-tu que tu viens de frapper
ton propre père ?
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Tu parles d'un père !
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Mon père qui était employé municipal
n'est-il pas mort ?
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S'il était vivant,
-
nous aurait-il abandonnés
pendant 20 longues années ?
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Maman et moi,
on a été bien seuls tout ce temps,
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n'est-ce pas Maman ?
-
Un père ne saurait être
aussi inconstant.
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Mais s'il a renoncé au nom de Papa
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pour assurer le bonheur de son fils ?
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Il ne voulait pas faire de toi
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le fils d'un comédien ambulant.
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Il voulait que tu étudies
et que tu aies un bon métier.
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C'est pourquoi il a menti
et continué sa vie de voyage.
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Tout en étant pauvre,
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il m'a toujours envoyé l'argent
pour tes études.
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N'as-tu pas honte d'avoir levé
la main sur un père si attentionné ?
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Je suis désolée.
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Je ne savais rien de tout ceci.
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Avec son instruction,
c'est normal qu'il parle comme ça.
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Je l'ai délaissé et je voudrais
maintenant être son père.
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C'est trop demander.
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Je vais reprendre la route.
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Je suis sûre qu'en son for intérieur,
Shinkichi t'a déjà admis.
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Je ne veux pas qu'il soit gêné
par ma présence.
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Je préfère lui laisser l'image
de l'oncle insouciant.
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Je vais recommencer à zéro
et dès que ça marchera, je reviendrai.
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Je serai un grand acteur afin que
Shinkichi n'ait pas honte de son père.
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Si j'y arrive,
tu m'offriras un rideau de scène.
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Je vous en prie,
emmenez-moi avec vous.
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Vous avez été bon pour moi.
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Je ne veux pas vous quitter
en ingrate.
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Pour vous, je travaillerai dur
afin d'entamer une nouvelle vie.
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Tu as entendu ce qu'elle
vient de dire ? C'est gentil, non ?
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Désolé d'en rajouter,
mais veux-tu bien la garder avec toi ?
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Pour une fille élevée sur les routes,
elle est plutôt agréable et travailleuse.
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Excuse-moi de t'avoir frappée
tout à l'heure.
-
Aide mon fils à devenir
un grand homme.
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Où est mon oncle ?
-
Où est mon oncle ?
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Tu parles de ton père ?
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Il a repris la route tout à l'heure.
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N'essaie pas de l'arrêter !
-
Son seul désir est
que tu deviennes un grand homme.
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Depuis ta naissance,
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il avait cette seule idée en tête
quand il quittait le village.
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Où t'en vas-tu ?
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À Kamisuwa.
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Et toi, où vas-tu ?
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Nulle part en particulier.
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Ça te dirait de remonter une troupe
avec moi, ensemble ?
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Mais je ne sais pas si ça va marcher.
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Un aller Kamisuwa.
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FIN
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Un film d'OZU Yasujiro