Recherche sur le tabou : comprendre le suicide | Victoria O'Keefe | TEDxOStateU

Victoria O'Keefe, une étudiante en doctorat à l'université d'Oklahoma, étudie le taux de suicide d'Amérindiens et d'autochtones d'Alaska. Ce sujet est relativement inexploré, et Victoria est déterminée à sensibiliser la société à ce sujet.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx

Chaque année aux États-Unis,

environ 36 000 Américains se suicident.

Pour vous donner une meilleure idée
de ce que cela représente,

imaginez le campus de l'OSU
entièrement décimé par le suicide.

Tel est le nombre de vies perdues
chaque année à cause du suicide.

Vous ignorez sans doute le fait

que les Amérindiens
et les Autochtones d'Alaska

ont un taux de suicide plus élevé
que d'autres groupes aux États-Unis.

Et c'est grâce à la recherche,

en identifiant spécifiquement les risques
et les facteurs de protection,

que nous pouvons mieux comprendre
pourquoi cette disparité persiste.

Pour vous donner quelques statistiques

au sujet du suicide chez les Amérindiens
et les Autochtones d'Alaska,

le taux de suicide des Amérindiens
et des Autochtones d'Alaska

est 82 % plus élevé que les autres races
ou groupes ethniques aux États-Unis.

Chez les Autochtones,
les hommes âgés de 15 à 24 ans

ont un taux de suicide deux fois plus haut

que celui des hommes du même âge
et d'ethnicité différente.

Et pour les femmes âgées de 15 à 24 ans,

ce taux de suicide est
près de trois fois plus élevé

que celui de femmes du même âge
et d'ethnicité différente.

Vous pouvez donc voir
l'ampleur de ce problème.

En plus de ces statistiques nationales,

voici une histoire personnelle.

En été 2009,

je faisais partie d'un programme de l'OSU
appelé « Amérindiens en psychologie ».

Je salue le Dr Chaney dans l'auditoire.

Il est le directeur
de cet incroyable programme.

Dans le cadre de ce programme,

je travaillais pour un établissement
de santé comportementale pour une tribu,

Et un jour, alors que je lisais des
articles dans la salle d'attente,

un client autochtone arriva
et me demanda : « Salut, que lis-tu ? »

Et je lui réponds :
« Je lis sur le suicide des Autochtones. »

Il me raconta alors

la perte d'un membre de sa famille
à cause du suicide.

Il continua :
« Il n'y a pas une personne ici

qui n'a pas un membre de sa famille
ou un ami qui s’est suicidé. »

Cette affirmation me marqua.

Je n'ai jamais oublié ces paroles.

Je suis donc ici aujourd'hui
pour vous dire

que perdre un membre de sa famille
ou un ami par suicide

ne devrait pas être habituel
pour les Autochtones et leurs communautés.

C'est pourquoi je m'engage
à mieux comprendre

le suicide autochtone par la recherche.

Il y a certaines résistances et méfiances
des chercheurs

de la part des communautés indigènes,

et mon espoir en tant que femme indigène
et chercheuse

est que je pourrai contribuer
à empêcher que cette tragédie

continue d'affecter nos communautés.

Il y a très peu de recherches
sur le suicide autochtone,

cela signifie que nous ne comprenons pas

pourquoi cette disparité
continue de se produire.

D'anciennes recherches ont identifié
quelques facteurs de risque,

incluant le traumatisme historique.

Alors, voici la perte intergénérationnelle

d'Amérindiens et d'Autochtones d'Alaska,
ainsi que leurs terres et cultures,

due à la colonisation
qui a commencé en 1492

et qui continue d'affecter
les familles indigènes

et leurs communautés.

Un autre facteur de risque
identifié par ces recherches

sont les troubles d'ordre psychologique,

incluant la dépression
et ceux liés à la drogue.

Il y a eu aussi
certains facteurs de résilience,

incluant une bonne humeur,
de la spiritualité et un soutien social.

Par le biais de mes recherches,

j'espère pouvoir commencer
à combler les lacunes

et essayer d'identifier plus de risques
et de facteurs protégeant du suicide,

surtout pour les Autochtones.

Dans une de mes études,

je voulais voir si une théorie connue,

la théorie interpersonnelle du suicide,

pouvait contribuer à expliquer
le risque de suicide des Autochtones.

Selon cette théorie,

les individus qui se suicident

ont des niveaux plus hauts
d'appartenance contrariée,

le sentiment de ne pas appartenir
à sa famille, ses amis, sa communauté.

De plus, on sent que l’on n'est pas aimé.

Dans le même temps,

ces individus se perçoivent
davantage comme des fardeaux.

C'est le sentiment
qu'on ne sert à rien,

que l’on n'est un incapable

et que l’on est un boulet
pour ses amis,

sa famille, sa communauté,
ou même sa société.

Dans mon étude, j'avais réuni
172 Amérindiens et Autochtones d'Alaska,

représentant 28 tribus différentes,
qui participaient à mon étude.

Et j'ai trouvé
que les hauts niveaux simultanés

d'appartenance contrariée et de fardeau

sont reliés à des plus hauts niveaux
de pensées suicidaires,

donnant une base
à cette théorie de suicide bien connue

pour aider à expliquer
le risque de suicide amérindien.

Une autre étude que j'ai menée

se concentrait sur la résilience
et les facteurs protégeant du suicide.

Je voulais voir
si l'espoir et l'optimisme,

deux variables dans le domaine
de psychologie positive,

pouvaient aider à protéger
des pensées suicidaires.

Dans cette étude,

j'avais 168 participants Amérindiens
et autochtones d'Alaska

de 27 tribus différentes.

Et j'ai trouvé que des niveaux plus hauts
d'espoir et d'optimisme

sont reliés à des niveaux plus bas
de pensées suicidaires,

appuyant l'affirmation
que ces deux variables,

espoir et optimisme,

peuvent protéger les Autochtones
des pensées suicidaires.

Je vais continuer mes recherches

en identifiant plus de risques
et de facteurs protecteurs

du suicide autochtone.

J'espère que ces recherches
seront utilisées

pour aider à façonner des
programmes de prévention et de traitement

culturellement appropriés,
pour les communautés autochtones.

A travers ça,

j'espère voir une baisse

du taux de suicide des Amérindiens
et des Autochtones d'Alaska,

et vraiment arrêter que cette tragédie

continue à être une expérience partagée

par les Autochtones.

Merci.

(Applaudissements)