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    Vous pouvez …
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    Vous pouvez me dire ...
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    Vous pouvez argumenter ...
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    Ou mieux: vous pouvez me promettre ...
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    Oui, vous pouvez me promettre
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    que vous, si vous étiez moi,
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    auriez fait autrement?
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    Hmm ...
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    Vous pouvez ...
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    Il y a des choses que vous ne connaissez pas,
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    des choses compliquées.
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    Je vous demande de ne pas préjuger,
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    de ne tirer pas de conclusions hâtives.
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    On aime bien tirer des conclusions.
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    Maintenant vous avez le luxe
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    d’avoir juste assez d’informations.
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    Pas trop. Pas trop peu.
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    Noir. Blanc.
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    Et vous avez moi, qui hésite, qui doute.
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    Quelqu’un qui dit ça, mais qui fait autrement.
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    Qui fait toujours les mêmes erreurs.
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    Ma tête est plein de bruit.
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    Trop de détails.
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    Trop de ‘oui, mais’.
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    Ça ne suffit pas pour trouver la verité.
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    Tu ne peux pas la saisir.
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    C’est ce qu'on veut tous: saisir la vérité.
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    Quand j’avais l’âge de ma fille
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    J'ai occupé 'la montagne d’argent’
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    dans ma ville natale, Alebban, au Maroc.
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    Il y avait de l’argent dans cette montagne,
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    qu'une grande entreprise voulait trouver
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    pour devenir riche.
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    Extrêmement riche.
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    Mais il est impossible
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    d’arracher de l’argent à la planète.
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    L’avarice empoissonne, détruit, pollue.
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    On a formé une chaîne humaine.
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    Une centaine de gens, de combattants,
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    agissaient les mains dans les mains.
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    Un seul corps.
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    Un seul corps, une seule lutte.
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    Ne me lâchez pas!
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    Ne bougez plus!
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    Ce que les gens vivent …
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    On est écrasé, mais de l'extérieur
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    on ne peut pas le voir.
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    Elle a disparu il y a une semaine.
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    Aujourd’hui c’est le 13 octobre.
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    Je sais …
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    Je me lève. Je mange.
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    Je sors les poubelles.
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    Je regarde à gauche, à droite.
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    J’ouvre la boîte aux lettres.

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    Je la ferme.
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    Dyhia.
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    Peut-être elle est assise dans le fauteuil, ma fille?
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    Je confonds les jours.
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    Est-ce qu’elle s’est coupé les cheveux ou pas?
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    Trop de bruit. Trop.
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    Je ne sais plus.
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    Elle tient tout ce qu’elle sait,
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    tout ce qu’elle sait faire,
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    de moi.
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    Je lui ai tout appris.
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    Un seul corps.
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    Une seule lutte.
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    La dernière chose qu’elle m’a dit
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    c’ést qu’elle m’aime?
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    Non. Elle n’a pas dit cela.
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    J’en suis sure, je crois.
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    C’est la dernière chose que je lui ai dit,
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    que je l’aime.
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    Mais qu’est-ce que ça signifie,
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    dire à quelqu’un que tu l’aimes?
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    C’est …
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    Je veux la rendre si petite
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    que je peux la remettre d’où elle vient,
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    dans mon ventre,
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    où elle sera en sécurité.
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    Evidemment elle m’aime.
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    Mais elle ne réussit jamais à le dire.
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    Parfois elle m'envoie des smileys,
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    même de petits coeurs.
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    Sur la montagne d’argent,
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    dans ma ville natale,
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    on a dû continuer la lutte
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    contre les bulldozers et les pelleteuses,
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    contre les multinationals,
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    contre le capital, l’élite.
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    Et puis, sans l’avoir prévu,
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    elle a grandi dans mon ventre,
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    comme un petit ver de terre.
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    Elle a pertubé tous mes plans spectaculaires.
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    Adieu à la revolution.
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    J'ai panique.
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    Je n’étais qu’une enfante et j'ai eu un bébé.
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    Je suis partie.
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    J’ai quitté ma patrie.
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    J’ai quitté la montagne.
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    Ce n’était pas un endroit pour un enfant.
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    Les gaz toxiques, les razzias de l’armée …
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    Pas de vie. Pas d’avenir.
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    Je suis arrivée à Schaarbeek,
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    pleine d'espoir.
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    Je suis mère.
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    Je suis femme.
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    Je vis dans un appartement.
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    Je travaille dans une sandwicherie.
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    J’essaie de nouer les deux bouts
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    pour ma fille Dihya.
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    Nous sommes amazighes,
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    des gens libres.
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    Ils nous appellent ‘les Berbères’.
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    Je ne suis pas ‘berbère’.
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    Je ne suis pas ‘barbare’.
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    Je suis amazighe.
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    Ça veut dire que je suis une femme libre.
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    Les Amazighes au Maroc
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    ressemblent aux Flamands en Belgique
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    il y a cent ans.
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    Vous avez appris cela à l’école?
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    Vous apprenez sans aucun doute
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    que tous les peuples opprimés se ressemblent,
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    et que tout les peuples qui oppriment d'autres
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    le font d’une façon très inventive.
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    Ou quelque chose comme ça.
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    Mais donc,
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    Les Amazighes sont les Flamands
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    de l'Afrique du Nord.
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    C'est-à-dire les Flamands du passé
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    d’il y a des centaines d’années,
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    quand ils ne pouvaient faire rien ici,
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    quand ‘Flamand’ était une insulte.
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    Il y a longtemps,
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    quand ils ne pouvaient pas parler leur langue.
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    Pas dans l’armée, pas à l’université,
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    pas au tribunal.
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    Imagine-toi,
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    oui, toi.
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    Tu es flamand.
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    Le flamand, c’est la langue de tes parents
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    la langue dans laquelle tu rêves
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    tu jures, tu pleures.
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    Et tu es accusé de quelque chose.
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    Et là, sur la scène
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    il y a le juge et le procureur.
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    Mais ce juge et ce procureur
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    en ont rien à foutre.
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    Il ne parlent pas le flamand.
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    Et ils vous posent une question très simple
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    "Tu étais où à telle heure?"
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    "Tu t’appelles comment?"
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    Mais tu ne réponds pas
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    car tu ne parles pas leur langue.
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    Tu ne bouges pas.
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    Tu ne sais pas quoi dire.
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    Ce juge et ce procureur trouvent
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    que le flamand sonne comme
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    les craquements des criquets.
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    ll y en a quelques qui disent la même chose
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    sur le thmazight,
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    que ce n’est pas une langue,
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    mais les craquements des criquets.
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    Alors.
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    Ce qui me frappe vraiment,
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    c’est que l’histoire se répète.
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    On se fait toujours la même chose,
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    tour à tour,
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    comme si on joue à un jeu.
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    Parfois je suis le coupable.
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    Parfois je suis la victime.
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    Les Flamands d’aujourd’hui
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    sont les Français d’autrefois.
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    Je m’éloigne de mon sujet.
  • 7:57 - 7:58
    Je m’éloigne de mon sujet.
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    Ma fille est nommée d’apres
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    une femme amazighe, Dihya.
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    À 698 elle était sur une colline,
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    Quelque part à l’Afrique du Nord.
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    Elle a uni de différentes armées
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    et a appelé à la guerre
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    contre les vainquers de l’Ouest.
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    Contre une armée
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    mille fois plus forte que la sienne.
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    Tout le monde ressentait que ce combat
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    serait la chronique d’une défaite annoncée.
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    Le pop-corn était déjà prêt.
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    Les femmes ont un avantage stratégique
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    quand elles appellent à la guerre.
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    Il est ici,
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    dans la tête de l'homme.
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    Là se trouve leur arme la plus forte.
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    La surprise.
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    Personne ne l’attend.
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    Toujours quand il ya a des femmes
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    portant des boucles d’oreille en forme de soleil
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    montent des toits de voiture
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    pour faire tomber les patriarches de ses trônes
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    on les regardent avec la bouche ouverte.
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    D’Oklahoma à Hong Kong,
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    de Tunis à Bruxelles,
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    comme c’est un miracle!
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    La verité, c’est que nous, les femmes,
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    sommes toujours en première ligne.
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    Chaque jour nous tirons les marrons du feu.
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    C’est mieux de nous brûler les mains
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    que de perdre tout.
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    Nous, les femmes, ont beaucoup de patience.
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    Trop de patience.
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    C’est notre point faible.
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    Ma fille, elle a moins de patience.
  • 9:35 - 9:37
    Elle ne se retire pas.
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    Et c’est bon, je crois.
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    Nous étions deux fois au Maroc.
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    La première fois à Marrakech.
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    “Visa, passeport.”
  • 10:00 - 10:01
    Le douanier nous regarde,
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    de la tête aux pieds.
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    Il regarde pardessus nos épaules.
  • 10:03 - 10:05
    “Et le père?” il demande.
  • 10:05 - 10:08
    Notre père est dans le ciel, je réponds.
  • 10:10 - 10:11
    “Vous dites?”
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    Nous sommes seules.
  • 10:14 - 10:15
    “C’est mieux pour les femmes
  • 10:15 - 10:17
    de ne pas voyager seules."
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    Alors finis, je pense,
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    mais Dihya se tient devant lui,
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    devant ce gros douanier.
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    Il la dépasse de plusieurs têtes.
  • 10:25 - 10:26
    “Nous allons faire le tour du monde,
  • 10:26 - 10:27
    ma mère et moi,
  • 10:27 - 10:29
    lorsque tu resteras ici pour l’éternité.”
  • 10:30 - 10:34
    Dihya, tu ne peux pas dire n’importe quoi ici.
  • 10:34 - 10:36
    Tu as de la chance qu’il n’est pas en colère.
  • 10:36 - 10:38
    Sinon on serait sur le vol de retour.
  • 10:38 - 10:41
    Et puis elle disait quelque chose
  • 10:41 - 10:43
    qu’elle avait appris par coeur.
  • 10:44 - 10:45
    “Sur cette planète,
  • 10:45 - 10:48
    on a le droit d’être une personne,
  • 10:48 - 10:50
    d’être respecté en tant que personne,
  • 10:50 - 10:52
    d’avoir des droits de l’homme.
  • 10:52 - 10:56
    Et on réalisera ces ambitions à tout prix,
  • 10:59 - 11:02
    by any means necessary."
  • 11:02 - 11:04
    Un extrait de 'Malcolm X'
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    que je lui avais appris.
  • 11:06 - 11:08
    Elle tient tout ce qu’elle sait de moi.
  • 11:11 - 11:13
    By any means necessary.
  • 11:16 - 11:17
    By any means ...
  • 11:23 - 11:25
    J’ai trop de souvenirs.
  • 11:27 - 11:29
    Trop. J’ai trop de souvenirs.
  • 11:30 - 11:32
    Une usine de souvenirs.
  • 11:34 - 11:36
    Son père m’a dit
  • 11:37 - 11:40
    que je n’aurais pas dû tomber enceinte,
  • 11:40 - 11:42
    que j’aurais dû faire attention à mon corps.
  • 11:42 - 11:43
    Qui répond comme ça?
  • 11:43 - 11:46
    Je lui ai dit que je ne voulais plus le voir.
  • 11:46 - 11:47
    Nous, les femmes,
  • 11:47 - 11:48
    nous avons peur de notre puissance.
  • 11:49 - 11:49
    Quand nous la déchaîne
  • 11:49 - 11:50
    il n’y a pas de retour en arrière.
  • 11:56 - 11:58
    Il n’y a pas si longtemps,
  • 11:58 - 11:59
    ma fille m’a dit
  • 11:59 - 12:02
    que j’avais éteint le feu en moi,
  • 12:04 - 12:07
    que je ne défends pas ce qu’en je crois.
  • 12:09 - 12:10
    Qu’est-ce qu’elle sait en fait?
  • 12:12 - 12:18
    Hier j’étais au milieu de la rue.
  • 12:18 - 12:22
    J’ai pensé: peut-être elle est revenue.
  • 12:24 - 12:25
    J’ai repris mon rythme.
  • 12:25 - 12:26
    À bout de souffle,
  • 12:26 - 12:27
    avec des mains tremblantes,
  • 12:27 - 12:29
    j’ai cherché la clé de ma maison.
  • 12:29 - 12:33
    Dieu, cher Dieu,
  • 12:34 - 12:36
    qu’elle soit à la maison.
  • 13:12 - 13:16
    La reine amazighe, Dihya,
  • 13:17 - 13:20
    avait des cheveux longs et ondulés,
  • 13:21 - 13:24
    un soleil tatoué entre ses sourcils,
  • 13:24 - 13:27
    des anneaux autour de ses bras et jambes.
  • 13:27 - 13:29
    Son ennemi, Hassen Ben Numan,
  • 13:29 - 13:32
    la voit galoper avec ses cheveux longs.
  • 13:32 - 13:34
    Il l’appelait 'Kahina'.
  • 13:35 - 13:35
    Sorcière.
  • 13:36 - 13:38
    Une femme qui trouve son propre chemin
  • 13:38 - 13:40
    est aux yeux de quelques hommes
  • 13:40 - 13:41
    une sorcière.
  • 13:43 - 13:45
    “Je laisse pousser mes cheveux, yemma.
  • 13:47 - 13:49
    Raconte-moi la conte de fées de Dihya.”
  • 13:50 - 13:51
    La reine était une vraie personne,
  • 13:51 - 13:53
    comme toi et moi.
  • 13:54 - 13:58
    Viens ici.
  • 14:01 - 14:04
    L’histoire de Dihya n’est que l’histoire qui se répète.
  • 14:07 - 14:09
    L’histoire des hommes avares
  • 14:09 - 14:11
    qui aiment trop ce qui brille dans le monde,
  • 14:11 - 14:14
    l’or, l’argent et le pétrole.
  • 14:14 - 14:16
    C’est l’histoire des hommes qui inventent
  • 14:17 - 14:18
    toujours la même histoire,
  • 14:18 - 14:19
    pour pouvoir ramasser,
  • 14:19 - 14:21
    pour pouvoir voler.
  • 14:21 - 14:22
    La gloire de Dieu!
  • 14:22 - 14:24
    Et ils détruisent les temples de Palmyra.
  • 14:25 - 14:27
    La civilisation!
  • 14:27 - 14:29
    Et ils coupent les mains au Congo.
  • 14:29 - 14:30
    Les Lumières!
  • 14:31 - 14:32
    Et ils divisent les gens en races.
  • 14:32 - 14:33
    La libération!
  • 14:33 - 14:35
    Et ils larguent une tonne d’explosifs sur Bagdad.
  • 14:35 - 14:37
    Ils font tout pour conserver
  • 14:37 - 14:38
    leur trône sur terre,
  • 14:38 - 14:40
    pour rester les rois du monde.
  • 14:40 - 14:41
    Les croisades
  • 14:41 - 14:42
    après les guerres de religion
  • 14:42 - 14:44
    après les guerres de libération
  • 14:44 - 14:45
    après les guerres de civilization.
  • 14:45 - 14:46
    La guerre es la guerre, ma fille.
  • 14:49 - 14:53
    Ils se battent toujours pour les mêmes motifs.
  • 14:53 - 14:54
    Pour posséder une parcelle de terre,
  • 14:54 - 14:55
    de la boue, du pétrole.
  • 14:56 - 14:57
    Jamais pour …
  • 15:12 - 15:13
    L’histoire de Dihya
  • 15:14 - 15:15
    c’est l’histoire d’une femme
  • 15:15 - 15:17
    qui trace une ligne dans le sable.
  • 15:17 - 15:20
    Jusqu’ici. Vous ne venez pas plus proche.
  • 15:26 - 15:29
    “Il faut que les femmes aient moins de patience, yemma.”
  • 15:30 - 15:34
    “Elle s’appelle comment?
  • 15:35 - 15:36
    Comment ce nom s’épelle?”
  • 15:37 - 15:38
    D I H Y A
  • 15:41 - 15:43
    L’homme au guichet à Schaarbeek
  • 15:44 - 15:45
    regarde son écran.
  • 15:46 - 15:49
    “Non madame, ce n'est pas possible.
  • 15:49 - 15:51
    Il n’est pas sur la liste.”
  • 15:52 - 15:54
    Quelle liste?
  • 15:55 - 15:55
    “Cette liste-ci.
  • 15:55 - 15:57
    C’est une liste de tous les prénoms marocains
  • 15:57 - 15:59
    que tu pourrais donner à ta fille.
  • 15:59 - 16:01
    Avec les compliments du roi du Maroc.
  • 16:01 - 16:03
    Voici les noms avec un B:
  • 16:03 - 16:06
    Dahlia, Doha, Dunia,
  • 16:06 - 16:08
    mais pas Dihya.
  • 16:09 - 16:10
    Allez-y, Madame, faites votre choix
  • 16:10 - 16:11
    Un nom n’est jamais qu’un nom."
  • 16:12 - 16:14
    Pour qui se prend-il?
  • 16:16 - 16:19
    Un nom est beaucoup plus qu’un nom.
  • 16:19 - 16:22
    Un nom est une maille de la chaîne,
  • 16:22 - 16:24
    que nos ancêstres ont créé avec beaucoup de soin.
  • 16:25 - 16:27
    Au cours de siècles ils rassemblaient
  • 16:27 - 16:30
    des lettres qu’ils combinaient de façon réfléchie,
  • 16:30 - 16:34
    pour souffler de la sagesse et de la significance dedans.
  • 16:35 - 16:37
    Et quand ma fille était née,
  • 16:37 - 16:39
    ils lui ont donné son nom:
  • 16:39 - 16:42
    un gracieux don de l’amour et de la patience.
  • 16:42 - 16:45
    Un nom est beaucoup plus qu’un nom.
  • 16:46 - 16:49
    C’est la première chose
  • 16:49 - 16:50
    disant que tu es là.
  • 16:50 - 16:51
    Toi.
  • 16:53 - 16:54
    Ton nom, c’est ton logement.
  • 16:57 - 16:58
    Ne le laisse pas te faire croire
  • 16:58 - 16:59
    que tu n’a pas droit à ton nom.
  • 17:01 - 17:02
    Même si sur ton passeport
  • 17:02 - 17:06
    il y a un nom de la liste du roi du Maroc,
  • 17:06 - 17:09
    tu t’appelles Dihya.
  • 17:09 - 17:10
    Et je me suis assurée que tout le monde
  • 17:10 - 17:13
    t’appelait Dihya.
  • 17:13 - 17:17
    Je sais qu'on ne vit pas en 698.
  • 17:17 - 17:20
    Pas de Hassan qui vient de Libye
  • 17:20 - 17:24
    pour conquérir l’Algérie et le Maroc.
  • 17:24 - 17:30
    Mais qu’est-ce que Google fait maintenant?
  • 17:30 - 17:36
    Primark et Amazon? Monsanto?
  • 17:36 - 17:38
    Regarde, ma fille.
  • 17:38 - 17:44
    Regarde sa statue,
  • 17:44 - 17:45
    qui est dans la ville Khenchela
  • 17:45 - 17:46
    en Algérie.
  • 17:47 - 17:49
    “Nous allons à Kenchala ensemble, yemma?”
  • 17:49 - 17:50
    Oui.
  • 17:53 - 17:55
    "Et nous prenons une photo devant la statue."
  • 18:12 - 18:13
    Il y avait pleins de motifs
  • 18:13 - 18:14
    pour faire ce que j’ai fait,
  • 18:17 - 18:19
    de bons ou de mauvais motifs.
  • 18:19 - 18:21
    Je ne sais pas.
  • 18:21 - 18:23
    Mais c'étaient des motifs humains.
  • 18:30 - 18:32
    Comment savoir si quelque chose
  • 18:32 - 18:34
    est bien ou mal?
  • 18:58 - 18:59
    “Macaque!
  • 19:01 - 19:02
    ils l’ont appelé.
  • 19:03 - 19:05
    Il a été suspendu parce qu’il les a frappés.
  • 19:05 - 19:07
    Je n’accepterai pas ça, yemma."
  • 19:08 - 19:10
    Elle organise une manifestation
  • 19:10 - 19:12
    devant la barrière de l’école.
  • 19:12 - 19:13
    Il y a des élèves.
  • 19:13 - 19:15
    Pas beaucoup, mail il y en a quelques.
  • 19:16 - 19:18
    “Chamelier!”
  • 19:18 - 19:19
    Une deuxième manifestation.
  • 19:20 - 19:22
    Plus d’élèves, même d’autres écoles.
  • 19:22 - 19:24
    Elle parle,
  • 19:25 - 19:26
    elle hésite,
  • 19:26 - 19:27
    elle parle sans cohésion,
  • 19:27 - 19:29
    mais elle parle.
  • 19:29 - 19:32
    Tout est possible.
  • 19:32 - 19:33
    Tout est possible.
  • 19:33 - 19:35
    Tu peux changer le monde.
  • 19:35 - 19:37
    Et tu peux compter sur moi.
  • 19:37 - 19:39
    Je voudrais la rendre si petite que …
  • 19:44 - 19:47
    "Regarde ce site web."
  • 19:50 - 19:55
    Un site web d’une organisation de South Dakota
  • 19:55 - 19:56
    qui prend des mesures contre
  • 19:56 - 19:57
    une grande entreprise
  • 19:57 - 19:59
    qui veut construire un oléoduc
  • 19:59 - 20:02
    à travers le pays des Amérindiens.
  • 20:04 - 20:05
    Elle leur envoie un message.
  • 20:07 - 20:08
    “I want to …
  • 20:09 - 20:10
    ‘unir’, yemma?”
  • 20:11 - 20:13
    To mobilise?
  • 20:13 - 20:17
    “I want to mobilise people here to …”
  • 20:18 - 20:19
    To raise awareness?
  • 20:20 - 20:21
    “Non, yemma.”
  • 20:22 - 20:25
    How can we, people here,
  • 20:25 - 20:26
    help you in your struggle?
  • 20:27 - 20:30
    Is it possible to do this together?
  • 20:36 - 20:37
    “Comment savoir si quelque chose
  • 20:37 - 20:39
    est bien ou mal, yemma?”
  • 20:42 - 20:45
    On croit qu’on sait ce qui est bon,
  • 20:45 - 20:47
    ce qui est juste,
  • 20:47 - 20:48
    qu’on le sent.
  • 20:48 - 20:49
    Mais chacun d’entre nous
  • 20:49 - 20:50
    sait quelque chose d’autre,
  • 20:50 - 20:51
    sent quelque chose d’autre,
  • 20:51 - 20:51
    pense quelque chose d’autre,
  • 20:51 - 20:52
    mène une autre vie,
  • 20:52 - 20:53
    porte d’autres lunettes,
  • 20:53 - 20:54
    regarde le monde
  • 20:54 - 20:55
    à partir d’un autre point de vue.
  • 20:56 - 20:57
    Toi, oui toi.
  • 20:59 - 21:00
    Tu trouves que c’est une bonne chose,
  • 21:01 - 21:02
    lorsque ton voisin trouve
  • 21:02 - 21:05
    que c’est une mauvaise chose.
  • 21:09 - 21:11
    “Les gens sur cette montagne, maman,
  • 21:11 - 21:12
    ils demandent des choses impossibles?
  • 21:12 - 21:15
    Des pommes sans venin injecté?
  • 21:16 - 21:17
    Des épinards sans venin injecté?
  • 21:17 - 21:19
    Des poivrons sans venin injecté?”
  • 21:23 - 21:25
    Elle prend contact avec les activistes
  • 21:25 - 21:27
    de la montagne de l’argent au Maroc.
  • 21:27 - 21:28
    Elle ne les a pas oubliés.
  • 21:30 - 21:31
    C’est la deuxième fois
  • 21:31 - 21:32
    que nous sommes allés au Maroc.
  • 21:33 - 21:34
    La dernière fois.
  • 21:37 - 21:38
    Nous sommes là, sur cette montagne,
  • 21:39 - 21:44
    En nous regardons la ville dans la vallée.
  • 21:47 - 21:48
    Tout semble bien
  • 21:48 - 21:50
    comme si rien ne s'est passé,
  • 21:50 - 21:51
    comme si je n’étais jamais partie.
  • 21:54 - 21:56
    Je suis née là.
  • 21:57 - 21:58
    La première chose qu’elle me demande,
  • 21:58 - 22:00
    c’est si les gens ne sont pas
  • 22:00 - 22:01
    en colère contre moi
  • 22:01 - 22:02
    parce que je suis partié.
  • 22:02 - 22:08
    J'ai déjà dit qu’elle sait frapper
  • 22:08 - 22:10
    juste là où il fait mal?
  • 22:12 - 22:16
    Elle ne voit pas ce que j’ai sacrifié pour elle?
  • 22:18 - 22:18
    La montagne d’argent
  • 22:19 - 22:20
    n’est pas un endroit pour un enfant.
  • 22:20 - 22:21
    Le mercure dans l’eau,
  • 22:21 - 22:23
    les razzias de l’armée ...
  • 22:23 - 22:24
    C’est bizarre, non?
  • 22:24 - 22:26
    Que tout ce qu’on fait,
  • 22:27 - 22:29
    chaque décision qu’on prend,
  • 22:29 - 22:30
    parce qu’on aime quelqu’un,
  • 22:31 - 22:32
    est difficile à comprendre
  • 22:32 - 22:33
    pour la personne
  • 22:33 - 22:34
    pour qui on le fait.
  • 22:34 - 22:35
    C’est lui ou elle qui ne comprend pas,
  • 22:35 - 22:36
    qui ne veut pas comprendre
  • 22:36 - 22:39
    que ce qu’on fait est un acte d’amour.
  • 22:39 - 22:42
    D’amour, ou quelque chose comme ça.
  • 22:43 - 22:48
    Un seul corps, une seule lutte.
  • 22:48 - 22:49
    Je la vois encore
  • 22:51 - 22:54
    sur la montagne d’argent.
  • 22:54 - 22:57
    Elle écoute les histoires
  • 23:01 - 23:02
    sur l’eau polluée
  • 23:03 - 23:05
    sur les bébés avec des lésions cérébrales,
  • 23:06 - 23:09
    sur les gens qui perdent leurs cheveux, leurs ongles.
  • 23:09 - 23:11
    Les histoires sur la ville qui est devenue vide.
  • 23:12 - 23:14
    Il y en a quelques qui croisent la Méditerranée.
  • 23:15 - 23:18
    “Yemma, j’ai entendu que la distance
  • 23:18 - 23:19
    entre le Maroc et l’Espagne
  • 23:19 - 23:21
    n’est plus que 14 kilomètres.
  • 23:22 - 23:25
    Yemma, regarde la carte.
  • 23:25 - 23:30
    Ksar es Segir et Tarifa: comme s’ils s’embrassent.
  • 23:30 - 23:32
    Yemma, 14 kilomètres, yemma.
  • 23:33 - 23:33
    Je parcours chaque jour
  • 23:34 - 23:35
    plus que 14 kilomètres à bicyclette.
  • 23:35 - 23:36
    Ça peut se faire.
  • 23:36 - 23:37
    Mais il y a un mer entre les deux villes.
  • 23:37 - 23:39
    Un moteur hors-bord est plus sûr.
  • 23:39 - 23:40
    Mais un zodiac est plus vite, maman.
  • 23:41 - 23:41
    Ou on doit nager.
  • 23:41 - 23:42
    Yemma.”
  • 23:43 - 23:44
    Six jeunes hommes,
  • 23:45 - 23:46
    ils ont 16 ans,
  • 23:47 - 23:48
    sont sur une plage en Espagne.
  • 23:48 - 23:50
    Ils sont encore habillés.
  • 23:50 - 23:51
    Ils ont des algues dans les cheveux.
  • 23:52 - 23:53
    Ils sont juste là.
  • 23:53 - 23:55
    Ils ne disent rient.
  • 23:55 - 23:57
    Ils sont morts.
  • 23:57 - 23:58
    À dix pas d’eux,
  • 23:59 - 24:00
    on voit les restants du zodiac.
  • 24:05 - 24:07
    Je n’aurais pas dû lui montrer cette photo.
  • 24:12 - 24:15
    Elle se blottit contre moi.
  • 24:15 - 24:19
    Elle frémit comme une roseau.
  • 24:25 - 24:26
    Six jeunes hommes
  • 24:27 - 24:28
    sont sur une plage en Espagne.
  • 24:29 - 24:31
    Ils sont encore habillés.
  • 24:43 - 24:47
    Un soir bleu, sur le toit-terrasse,
  • 24:47 - 24:52
    nous regardons la montagne d’argent
  • 24:52 - 24:56
    nous écoutons les craquements des criquets.
  • 24:56 - 24:58
    “Mon père, il vient également d’ici?”
  • 25:00 - 25:03
    Viens ici, Dihya, ma fille, assieds-toi.
  • 25:03 - 25:05
    “Comment il s’appelle?
  • 25:07 - 25:08
    Qu’est-ce qu’il fait?
  • 25:08 - 25:09
    Où habite-t-il?
  • 25:09 - 25:11
    Il pense à moi?”
  • 25:15 - 25:18
    Quand la reine Dihya avais conquis,
  • 25:19 - 25:23
    elle a attrapé un jeune soldat.
  • 25:24 - 25:25
    Elle est tombée amoureuse de lui,
  • 25:26 - 25:30
    mais il a partagé ses plans avec son ennemi, Hassan.
  • 25:30 - 25:31
    Il l’a trahie.
  • 25:32 - 25:33
    “Je sais tout de cette reine,
  • 25:33 - 25:35
    mais je ne sais rien de mon propre père!”
  • 25:36 - 25:38
    Il n’y a rien à savoir, Dihya.
  • 25:38 - 25:40
    Il n’y a rien à savoir.
  • 25:41 - 25:43
    C’est mon père, c’est pas un mythe.
  • 25:43 - 25:44
    "Je suis qui, alors, maman?
  • 25:44 - 25:46
    Un personnage de conte de fées?"
  • 25:48 - 25:51
    Un seul corps. Une seulle lutte.
  • 25:56 - 26:00
    Son visage est devenu sévère.
  • 26:00 - 26:02
    Ses lèvres sont devenues fines et pâles.
  • 26:05 - 26:06
    Nous sommes retournées à la maison.
  • 26:24 - 26:25
    J’allume la radio.
  • 26:26 - 26:28
    J’écoute les messages
  • 26:28 - 26:29
    sur la formation du gouvernement,
  • 26:30 - 26:31
    sur le cours du pétrole,
  • 26:32 - 26:33
    la grève des trains,
  • 26:33 - 26:34
    Paris.
  • 26:36 - 26:38
    Je monte le volume.
  • 26:38 - 26:41
    Il y a du bruit partout.
  • 26:41 - 26:45
    Dihya, tu es où?
  • 27:08 - 27:11
    Elle me regarde.
  • 27:11 - 27:12
    "Je veux me raser les cheveux."
  • 27:15 - 27:19
    Les cheveux longs rendent tes traits plus doux.
  • 27:20 - 27:23
    Mes traits ne peuvent pas sembler doux.
  • 27:27 - 27:28
    Viens ici.
  • 27:29 - 27:32
    Vienc ici, Dihya.
  • 27:37 - 27:39
    La reine Dihya savait
  • 27:39 - 27:42
    qu’elle ne pouvait pas vaincre deux fois,
  • 27:42 - 27:44
    donc elle a brûlé tout:
  • 27:45 - 27:46
    les champs de maïs,
  • 27:46 - 27:47
    les oliviers,
  • 27:47 - 27:48
    les plantations d’amandiers,
  • 27:49 - 27:50
    même les maisons.
  • 27:51 - 27:53
    Il lui semblait mieux de brûler tout
  • 27:53 - 27:56
    que de laisser Hassan conquérir son pays.
  • 27:57 - 28:00
    Les citoyens de la ville ont damné Dihya.
  • 28:01 - 28:03
    Un instant, elle était leur héroïne,
  • 28:04 - 28:05
    et celui d’après, elle était une femme radicale
  • 28:05 - 28:08
    qui avait brûlé tout.
  • 28:09 - 28:13
    “Mais tout l’admire quand même, yemma?”
  • 28:13 - 28:18
    Oui, oui, mais …
  • 28:23 - 28:25
    "Quand j’ai vu la photo de ces six jeunes hommes ...
  • 28:25 - 28:26
    Ils auraient pu être mes frères!
  • 28:26 - 28:28
    Si seulement je pourrais transférer la douleur
  • 28:28 - 28:30
    que j’ai senti à ce moment-là
  • 28:30 - 28:32
    sur les autres …"
  • 28:32 - 28:36
    Qu’est-ce que tu as senti, alors, Dihya?
  • 28:46 - 28:49
    Elle ne voulait plus aller à l’école.
  • 28:51 - 28:53
    “On ne peut pas changer ce monde pourri
  • 28:53 - 28:55
    en quelques heures.”
  • 28:58 - 28:59
    Tu veux prendre mon chemin?
  • 29:00 - 29:02
    Je ne savais pas que tu avais un chemin, maman.
  • 29:02 - 29:03
    Ça alors, Dihya!
  • 29:05 - 29:06
    Je fais n’importe quoi.
  • 29:06 - 29:08
    Tout aurait été different
  • 29:08 - 29:09
    si j’avais eu un diplôme.
  • 29:10 - 29:12
    “Comme tout aurait été plus facile sans moi.
  • 29:13 - 29:15
    Tu le regrette, maman?
  • 29:15 - 29:17
    Que je suis là?”
  • 29:19 - 29:21
    Non, mais j’ai marre de combattre
  • 29:22 - 29:24
    chaque jour pour ne pas me noyer.
  • 29:25 - 29:26
    "Combattre, c’est la vie, maman.
  • 29:27 - 29:28
    Si on arrête de combattre,
  • 29:28 - 29:29
    on est déjà mort.
  • 29:29 - 29:31
    L’école est une partie du problème.
  • 29:31 - 29:33
    Nos enseignants pénètrent dans nos têtes,
  • 29:33 - 29:35
    où ils implantent des idées bizarres.
  • 29:35 - 29:37
    Et puis, ils sont partis!
  • 29:37 - 29:40
    On apprend comment maintenir le système,
  • 29:40 - 29:43
    mais pas comment le changer."
  • 29:44 - 29:46
    Tu vas à l’école, maintenant!
  • 29:47 - 29:49
    Tandis que tu vis sous mon toit,
  • 29:49 - 29:52
    tu ne dépasses pas les traits.
  • 29:52 - 29:54
    L’école, c’est un trait rouge.
  • 29:57 - 29:59
    Mais elle n’est pas allée.
  • 30:01 - 30:03
    Moi, par contre, je suis allée,
  • 30:06 - 30:07
    pour inventer une excuse,
  • 30:07 - 30:09
    de sorte qu'on na la suspende pas.
  • 30:11 - 30:13
    Je détestais la confrontation,
  • 30:13 - 30:15
    avec cet accompagnant éducatif.
  • 30:16 - 30:18
    Elle m’a regardée ...
  • 30:18 - 30:19
    Une mère qui n’a aucun
  • 30:19 - 30:21
    pouvoir de contrôle sur sa fille.
  • 30:34 - 30:39
    Mais il faut qu’on joue le jeu.
  • 30:40 - 30:43
    Un petit peu, n’est-ce pas?
  • 30:44 - 30:47
    Où est le problème?
  • 30:49 - 30:51
    Il n’y en a pas un, n’est-ce pas?
  • 30:52 - 30:54
    Les gens comme nous
  • 30:55 - 30:57
    qui ont des prénoms particuliers,
  • 30:57 - 30:59
    des teints particuliers ...
  • 30:59 - 31:00
    Le niveau de formation le plus bas.
  • 31:01 - 31:05
    Le chômage le plus élevé.
  • 31:05 - 31:06
    Les maisons parmi les pires au monde.
  • 31:06 - 31:07
    La santé la plus faible.
  • 31:08 - 31:09
    Je ne veux pas qu'elle soit partie
  • 31:09 - 31:11
    de ces statistiques.
  • 31:13 - 31:15
    Elle est retournée à l’école.
  • 31:16 - 31:17
    Mais je l’ai vue rarement.
  • 31:20 - 31:23
    Elle avait changé le mot de passe de son ordinateur!
  • 31:58 - 32:00
    Elle était tout le temps derrière son écran.
  • 32:02 - 32:05
    Elle a envoyé des mails
  • 32:06 - 32:08
    aux gens de la montagne d'argent.
  • 32:08 - 32:10
    Elle les a connectés
  • 32:10 - 32:12
    aux combattants d’une forêt en Arménie.
  • 32:13 - 32:17
    Et aux Amérindiens de Dakota.
  • 32:18 - 32:20
    Ella a pris contact avec des ONG
  • 32:20 - 32:22
    en Italie et en Espagne.
  • 32:24 - 32:27
    Elle a chatté avec de jeunes hommes
  • 32:27 - 32:29
    de Mauritanie, du Maroc, du Soudan.
  • 32:30 - 32:31
    De jeunes hommes
  • 32:31 - 32:33
    qui avaient survécu la traversée
  • 32:33 - 32:36
    afin d’être sous-payés pour leur travail
  • 32:36 - 32:37
    aux plantations d’Almeria.
  • 32:40 - 32:42
    Ce sont des prisons plastiques, maman.
  • 32:43 - 32:45
    Avec l’adoption de l’Europe, maman!
  • 32:45 - 32:48
    Nous n’achetons plus de tomates
  • 32:48 - 32:51
    et de concombres d’Almeria.
  • 32:53 - 32:58
    Un genre de compassion qu’on ne peut pas éteindre
  • 32:58 - 33:00
    aussi facile que la télé.
  • 33:04 - 33:05
    Il ne suffit pas de répéter
  • 33:05 - 33:07
    des slogans dans les rues, maman!
  • 33:08 - 33:11
    Les activistes de Dakota
  • 33:11 - 33:15
    ont intenté un procès contre l’état.
  • 33:16 - 33:18
    Nous aussi, on doit monter la pression.
  • 33:18 - 33:22
    On doit écrire, chanter, manifester,
  • 33:22 - 33:24
    nous enchaîner.
  • 33:25 - 33:28
    Quelques activists d’Arménie ont été emprisonnés.
  • 33:29 - 33:32
    Tu connais des juristes, maman?
  • 33:32 - 33:35
    Et j’ai pris contact avec les avocats
  • 33:35 - 33:37
    qui avaient aidé les gens sur la montagne d’argent
  • 33:38 - 33:40
    et qui connaissaient d’autres juristes
  • 33:40 - 33:42
    qui pouvaient la soutenir.
  • 33:42 - 33:44
    J’étais tellement fière.
  • 33:44 - 33:46
    J’était fière.
  • 33:47 - 33:49
    “Mom, say hi to Cherri”
  • 33:49 - 33:51
    Cherri des Etats-Unis.
  • 33:51 - 33:53
    Je la vois chaque jour sur CNN.
  • 33:54 - 33:56
    Elle est une activiste de Standing Rock Sioux.
  • 33:57 - 33:59
    "L’oléoduc est là, maman.
  • 33:59 - 34:01
    Mais Cherri n’abandonne pas.
  • 34:01 - 34:03
    “We are fighting the same struggle, sista!”
  • 34:08 - 34:11
    Un ami à elle lui a écrit:
  • 34:12 - 34:15
    “Arrête de lutter pour la montagne d'argent.
  • 34:16 - 34:17
    On a besoin de cet argent
  • 34:17 - 34:18
    pour produire des panneaux solaires.
  • 34:19 - 34:20
    Le climat est plus important.
  • 34:20 - 34:22
    C’est un problème mondiale.
  • 34:22 - 34:24
    Ta montagne d’argent est au Maroc.
  • 34:24 - 34:26
    Les familles qui vivent la …
  • 34:26 - 34:27
    C’est du 'collateral damage'.”
  • 34:28 - 34:30
    Sa reaction: "C'est tellement difficile?
  • 34:30 - 34:31
    Connecting the dots?
  • 34:31 - 34:34
    Ce n’est pas une science de haut niveau."
  • 34:34 - 34:36
    Ma fille, il y a tant de luttes.
  • 34:38 - 34:39
    Le climat,
  • 34:40 - 34:41
    L’inégalité,
  • 34:41 - 34:42
    L’injustice,
  • 34:42 - 34:43
    La violence contre les femmes,
  • 34:44 - 34:45
    La souffrance des animaux,
  • 34:45 - 34:49
    La pauvreté,
  • 34:49 - 34:50
    La division des gens,
  • 34:51 - 34:54
    Il y a tant de 'good and just causes'.
  • 34:54 - 34:55
    Ils sont sur la table
  • 34:56 - 34:58
    comme un buffet sans fin.
  • 34:58 - 35:00
    Mais ton assiette est trop petite.
  • 35:00 - 35:02
    Tu ne peux pas prendre tout.
  • 35:02 - 35:06
    Mais elle l’a fait quand même.
  • 35:06 - 35:09
    “Did you receive the logos from Thailand?
  • 35:09 - 35:12
    Wear them in Madrid, next Friday.
  • 35:13 - 35:15
    We are fighting the same struggle, sista!”
  • 35:16 - 35:18
    Tu connectais tout.
  • 35:19 - 35:20
    Il semblait logique.
  • 35:20 - 35:21
    Il était logisch.
  • 35:21 - 35:22
    Il est encore logique.
  • 35:23 - 35:25
    Pas d’activisme climatique
  • 35:25 - 35:27
    sans la lutte contre le racisme.
  • 35:27 - 35:30
    Pas de féminisme
  • 35:31 - 35:36
    sans la lutte contre la pauvreté.
  • 35:36 - 35:38
    Pas de combat pour les homosexuels
  • 35:38 - 35:43
    sans la lutte contre l’interdiction du port du voile.
  • 35:43 - 35:45
    Il semblait logique.
  • 35:59 - 36:00
    Un soir, quatre gros policiers
  • 36:00 - 36:02
    nous ont rendu une visite.
  • 36:03 - 36:07
    Un mandat de perquisition et d’arrêt.
  • 36:09 - 36:12
    Ils ont mis tout en pièces.
  • 36:12 - 36:14
    Ils ont pris son ordinateur, son GSM …
  • 36:18 - 36:20
    Dihya, il faut que je save …
  • 36:20 - 36:22
    Arrête de me mentir.
  • 36:23 - 36:25
    “Look who’s talking.”
  • 36:25 - 36:26
    Comment?
  • 36:29 - 36:31
    “C’est toi qui m’as mentie.”
  • 36:32 - 36:34
    Je t’ai mentie sur quoi, alors?
  • 36:34 - 36:35
    "Sur tout, maman.
  • 36:36 - 36:38
    Sur ta vigeur.
  • 36:38 - 36:42
    Sur les possibilités de changer le monde
  • 36:42 - 36:45
    Tu as choisi mon prénom, ma lutte.
  • 36:46 - 36:48
    Tu as décidé que je n’ai pas de papa."
  • 36:55 - 36:56
    C’était calme dans la maison.
  • 36:57 - 36:59
    Elle était encore là,
  • 37:00 - 37:01
    mais sur pattes.
  • 37:02 - 37:04
    De temps en temps je l’ai entendu chuchoter.
  • 37:05 - 37:13
    Des appels, des chats, des appels, des chats.
  • 37:15 - 37:16
    Je fais les courses.
  • 37:18 - 37:18
    Je rentre chez moi.
  • 37:19 - 37:21
    Je trouve un brouillon devant la porte
  • 37:21 - 37:22
    Sans nom.
  • 37:23 - 37:25
    “Avancez, les terroristes!”
  • 37:27 - 37:29
    Ils nous appellent ‘terroristes’.
  • 37:31 - 37:32
    Quelqu’un ici, dans ce complexe …
  • 37:33 - 37:35
    Qui? Nos voisins?
  • 37:36 - 37:40
    Quelqu’un nous appelle ‘terroristes’.
  • 37:40 - 37:42
    Ici, dans notre appartement.
  • 37:42 - 37:44
    C’est normal que je ne me sens pas
  • 37:44 - 37:46
    en sécurité dans mon propre appartement?
  • 37:47 - 37:51
    Je veux lui donner mon coeur.
  • 37:53 - 37:55
    Je veux la rendre si petite que
  • 37:55 - 37:56
    je peux la remettre ici.
  • 37:59 - 38:01
    Ma fille, je m’inquiète.
  • 38:02 - 38:04
    Toi et moi, nous devons être prudentes.
  • 38:06 - 38:07
    C’est notre vie, ici.
  • 38:08 - 38:10
    Où les policiers peuvent entrer n’importe quand,
  • 38:11 - 38:12
    où les fous peuvent te faire quelque chose.
  • 38:14 - 38:15
    “Tu as vraiment peur, maman.”
  • 38:15 - 38:17
    C’est notre vie, ici.
  • 38:18 - 38:21
    Si j’avais peur, tu t’appelerais Doha.
  • 38:21 - 38:23
    “Je m’appelle Doha.”
  • 38:23 - 38:25
    Même sur ton diplôme de l’école primaire
  • 38:25 - 38:26
    on lit ‘Dihya’.
  • 38:27 - 38:30
    “Après 'Doha'. On a écrit 'Dihya' entre parenthèses.”
  • 38:30 - 38:32
    Parfois on doit se contenter
  • 38:32 - 38:34
    avec les choses qu’on peut réaliser
  • 38:34 - 38:35
    entre parenthèses.
  • 38:37 - 38:38
    "Il y a des gens qui meurent.
  • 38:39 - 38:40
    Ce n’est pas quelque chose entre parenthèses."
  • 38:42 - 38:48
    Un genre de compassion qu'on ne peut pas éteindre
  • 38:48 - 38:50
    comme la télé.
  • 39:13 - 39:16
    Elle a disparu.
  • 39:18 - 39:19
    Je suis devenue folle.
  • 39:20 - 39:21
    J’ai patrouillé tous les endroits
  • 39:21 - 39:22
    où elle aimait aller.
  • 39:22 - 39:24
    Et puis j’étais au milieu de la rue.
  • 39:24 - 39:26
    J’ai pensé: peut-être elle est revenue.
  • 39:26 - 39:27
    J’ai repris mon rythme.
  • 39:28 - 39:29
    À bout de souffle,
  • 39:29 - 39:30
    avec des mains tremblantes,
  • 39:30 - 39:31
    j’ai cherché la clé de ma maison.
  • 39:34 - 39:35
    Il y a une semaine,
  • 39:36 - 39:37
    je suis rentrée chez moi.
  • 39:39 - 39:41
    Le table est mis.
  • 39:42 - 39:46
    Dihya est là. Elle rit.
  • 39:49 - 39:52
    “Désolé, yemma, tout ira bien.”
  • 39:54 - 39:55
    Son GSM sonne.
  • 40:04 - 40:06
    Je deviendrai une femme au foyer heureuse.
  • 40:07 - 40:08
    Je m’assurerai qu’elle deviendra
  • 40:08 - 40:11
    une bonne fille, silencieuse et docile.
  • 40:11 - 40:13
    Et quand la porte se refermera sur nous,
  • 40:14 - 40:16
    il n’y aura plus d’extérieur.
  • 40:17 - 40:20
    Seulement nous deux, elle et moi.
  • 40:25 - 40:28
    C'est quoi la dernière chose qu’elle m’a dit?
  • 40:29 - 40:30
    Est-ce qu’elle s’est rasé les cheveux?
  • 40:33 - 40:35
    La dernière chose que je lui ai dit
  • 40:39 - 40:43
    c’était que je l’aime.
  • 40:43 - 40:46
    Mais qu’est-ce que ça signifie,
  • 40:46 - 40:49
    dire à quelqu’un que tu l’aimes?
  • 40:49 - 40:52
    C’est comme …
  • 40:52 - 40:53
    C’est …
Title:
www.youtube.com/.../watch?v=J4AHyRZcFeM
Video Language:
Dutch
Duration:
42:48

French subtitles

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