Le sexe ponctuel est-il mauvais pour vous ? | Dr Zhana Vrangalova | TEDxCollegeofWilliam&Mary

Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.

Dr Vrangalova parle de problèmes variés - sociaux, sanitaires, éthiques - concernant le sexe ponctuel. Elle livre quelques découvertes sur le sujet, issues de la recherche.

Zhana Vrangalova est une chercheuse dans le domaine du sexe qui étudie le lien entre les expressions variées de la sexualité et la santé psychologique, ainsi que le bien-être. Elle est titulaire d'un doctorat en psychologie de développement de l'université Cornell, et est actuellement instructrice assistante à l'université de New-York.

Notre monde aujourd'hui est bien plus
tolérant sexuellement parlant

qu'il l'était il y a 50 ans.

De nos jours, pour la plupart, avoir des
rapports avant le mariage est acceptable,

tout comme le sexe oral.

Cette ère post « 50 nuances de Grey »,
accepte même le sexe olé olé.

Mais en tant que société et individus,
nous nous posons encore une question :

est-il acceptable et sain
de faire l'amour de façon ponctuelle,

en dehors des limites d'une relation
longue et romantique ?

Nous en sommes entourés,

pourtant il est dit que c'est mauvais et
qu'on ne devrait pas le faire.

A l'âge de 25 ans, 70% d'entre nous
ont déjà connu cela au moins une fois,

et pourtant la plupart se disent
qu'ils ne devraient pas le faire.

Mais il y a quelque chose
que je ne comprends pas

dans notre relation de haine
et d'amour envers le sexe ponctuel.

Nous semblons tous convenir qu'avoir
une relation avec un partenaire romantique

est merveilleusement bénéfique :

de vies plus longues et plus saines,

à des meilleures relations
et à un bonheur plus important.

Comment se fait-il
que cette même activité sexuelle

ait un effet totalement contraire

si le partenaire est un étranger
ou un ami ?

Le sexe est-il bon pour nous

seulement grâce à l'amour et l'engagement
que nous ressentons pour nos partenaires ?

Sans cet amour et cet engagement,

se transforme-t-il automatiquement
en une force destructrice ?

N'y a-t-il pas quelque chose d'agréable
dans le sexe tout simplement ?

En débutant ma thèse en
psychologie du développement,

j'ai décidé d'élucider cela ;

le sexe ponctuel est-il objectivement
mauvais pour nous ?

Ou est-ce juste une panique morale
très exagérée concernant le sexe

dont les États-Unis ne manquent pas ?

Ces dix dernières années, nous avons
beaucoup appris

sur le sexe ponctuel
grâce aux sciences sociales

- via mes recherches
et celles d'autres spécialistes -

mais 90% de cette connaissance repose sur
des étudiants de premier cycle américains.

Croyez-moi, vous n'êtes pas les seuls
à avoir ce genre de relations sexuelles.

(Rires)

Donc, pour améliorer notre connaissance
et compréhension de ce phénomène,

j'ai lancé ce site web, appelé
« Un projet : le sexe ponctuel ».

C'est un espace en ligne pour des gens
de tout milieu démographique

pour partager leurs histoires de sexe.

J'avais espoir de donner une chance
aux gens de raconter leurs histoires,

de donner un sens à leurs expériences
à travers ce système de narration,

mais aussi de créer une image
plus diversifiée et riche

de ce à quoi le sexe ponctuel
ressemble réellement ;

ce qu'il signifie pour les gens, ce qu'il
fait ressentir, et ses conséquences.

Durant les dix premiers mois de lancement
du site web,

il a été visité
plus de six millions de fois.

Plus de 1200 histoires ont été partagées
par des gens du monde entier,

et on écrit à son sujet
sur six continents.

Que nous apprennent toutes ces histoires
sur le bien-être et le sexe ponctuel ?

Voici certaines choses dont vous pourriez
ne pas avoir été au courant.

Premièrement, le sexe ponctuel
a beaucoup de bénéfices potentiels.

Le plus évident est le plaisir sexuel.

Orgasmes, l'extase hédoniste,
si vous voulez.

Ou d'autres, comme apprendre
de nouvelles choses en matière de sexe,

se faire de nouveaux amis,

(Rires)

elle est bonne celle-là.

Un sentiment accru de confiance en soi,

de réussite, d'attrait sexuel,

d'émancipation, de liberté.

Et puis, il y a une collection
d'histoires drôles et de souvenirs

à raconter à vos amis, à la maison
de retraite, bien des années plus tard,

ou à partager sur mon site.

Ce genre de sexe permet même
de faire l'expérience de cette connexion

profonde, émotionnelle, spirituelle et
intellectuelle avec un autre être humain

qui se développe parfois sans que des
sentiments romantiques soient impliqués.

Le sexe ponctuel a pourtant une autre
puissante influence sur nous.

Ainsi que Esther Perel l'affirme
de manière si éloquente,

les humains ont ce besoin fondamental
de partir à l'aventure,

de nouveauté, de mystère, de risque,
de danger,

de l'inconnu, de l'inattendu.

Certains plus que d'autres,
mais c'est dans notre ADN.

Le sexe ponctuel comble ce besoin
sans effort

par sa nature même,

et il est beaucoup plus difficile,
sinon impossible, de combler ce besoin

sur le long terme
dans des longues relations.

Cela entraîne bien sûr des risques :

relations sexuelles décevantes,
cœurs brisés,

amitiés brisées, regret, coercition,

confusion, maladresse,

IST et grossesses non désirées,

stigmatisation sociale,
partenaires irrespectueux.

Les gens ont peur que ces inconvénients
l'emportent sur les bénéfices.

C'est tout simplement faux.

Toutes les études révèlent ce schéma

montrant comment les gens se sentent
après ce genre de relations.

Pour les hommes comme pour les femmes,
les réactions positives post sexe ponctuel

- heureux, ravis, excités -

sont bien plus importantes
que les réactions négatives;

usés, sensation de vide, déçus.

D'autres études montrent que
le sexe ponctuel a peu ou pas d'impact

sur le bien-être psychologique
à long terme,

sur des choses comme l'estime de soi,
satisfaction de vie, dépression, anxiété.

Bien sûr, cela ne signifie pas que toutes
ces relations suivent ce schéma,

ou qu'il représente toutes les personnes
ayant ce genre de relations,

et que le bien-être de quelqu'un
n'est jamais affecté.

Non, ce sont juste des statistiques.

Quand vous regardez de plus près ces gens
et leurs expériences

qui constituent ces statistiques,

vous vous apercevez que certaines de ces
relations peuvent en effet

nuire ou être bénéfique au bien-être.

Certaines personnes en sont plus sensibles
que d'autres.

Le sexe ponctuel est bon
pour vous, ou non,

selon qui vous êtes et
comment vous vous y prenez.

Cette relation peut dépendre de beaucoup
de facteurs,

et je ne pourrai pas tous les citer
dans un discours de 18 minutes.

Mais l'« authenticité »
en est un important.

Faire seulement le genre de choses
qui vous correspondent totalement ;

qui correspondent à vos croyances,
valeurs, désirs et besoins.

Le sexe ponctuel n'est pas
pour tout le monde.

Il n'existe rien de sexuel qui le soit.

En raison de nos différences de nature,
d'éducation et de conditions de vie,

certains ont beaucoup plus besoin
de fantaisie dans leurs rapports sexuels,

et sont plus à l'aise à faire l'amour
à des gens qu'ils ne connaissent pas bien.

Trouvez donc votre place dans tout cela.

Faire l'amour à quelqu'un
que vous connaissez peu

vous semble-t-il agréable, excitant,

une expérience importante à vivre ?

Vous paraît-elle moralement acceptable ?

Feriez-vous l'amour à cette personne

même si vous ne la reverrez
plus jamais par la suite ?

Si la réponse à ces questions est « non »,
vous ne devriez pas le faire.

Il y a à présent un sujet de discorde

quand on parle du plaisir en relations
sexuelles ponctuelles hétérosexuelles :

la différence d'orgasme entre les hommes
et les femmes.

Dans une étude interrogeant
plus de 20 000 étudiants de premier cycle,

80% d'hommes ont eu un orgasme pendant
leur plus récente relation sexuelle.

(Rires)

Cela ne s'appliquait qu'à 40% des femmes.

Il y aussi une différence d'orgasme
dans les relations romantiques,

mais elle double
dans les relations ponctuelles.

Cela ne signifie pas que les femmes
n'apprécient pas pour autant.

Dans cette même étude, 90% des femmes
disent qu'elles ont beaucoup apprécié,

au moins quelque peu.

La plupart ont beaucoup apprécié,
plus de 70% environ.

Mais nous pouvons tous faire mieux.

(Rires)

Cette différence doit prendre fin.

Les femmes doivent apprendre à être plus
égoïstes, à prioriser leur plaisir sexuel.

Les hommes doivent apprendre à donner plus
et essayer de satisfaire leur partenaire,

même pendant la plus brève
aventure d'un soir.

Le sexe ponctuel ne doit pas être dénué
de toute intimité ou de passion.

Ce n'est pas comme faire une machine
ou aller chercher le courrier.

Essayez de donner et de recevoir le plus
de plaisir sexuel à chaque relation.

C'est tout ce qui importe.

Un facteur important qui empêche les gens
d'avoir des relations ponctuelles

est la stigmatisation sociale
liée à ce sujet.

Cette redoutable réputation

limite malheureusement plus les femmes
que les hommes dans leur comportement.

Voici un point intéressant.

En effet, les gens disent

qu'ils ne veulent pas d'amis
ou de conjoint(e)s aux mœurs légères.

Mais des étudiants plus libérés
des deux sexes déclarent

avoir plus d'amis et se sentir moins seuls

que leurs camarades moins libérés.

Donc, si le sexe ponctuel
va faire partie de votre vie,

oui, il y aura des gens pour vous juger.

Mais vous pouvez vous entourer de gens
qui ne le feront pas.

Une réalité malheureuse de ce genre
de relations, surtout à l'université,

est qu'elles sont souvent déclenchées
par l'alcool.

Quand les chercheurs demandent
à des étudiantes

de recenser leurs aventures sexuelles
de l'année universitaire,

voici ce qu'ils découvrent :

moins le partenaire était connu,
plus l'alcool rentrait en jeu.

On ne peut pas s'en apercevoir au final,

mais quand la personne était inconnue,
90% des relations reposaient sur l'alcool.

63% impliquait une forte consommation
d'alcool, quatre verres ou plus.

On peut constater cela et dire :
« Oui, et alors ? »

Non, pas de « et alors ? »

C'est vraiment malheureux.

Un jugement altéré
à cause de l'alcool et de la drogue

est la raison principale
de relations non désirées,

celles que l'on regrette le jour d'après.

Quelques verres pour se mettre d'humeur
ou se donner du courage est une chose,

mais se défoncer ?

Cela fait faire des choses
que l'on ne veut pas faire

avec des gens avec lesquels
on ne le voulait pas.

Cela diminue votre capacité physiologique
à apprécier le sexe ou à faire l'amour,

refrène votre capacité physiologique à
fixer des limites et exprimer vos désirs,

vous rend moins déterminé à avoir recours
à des préservatifs,

plus agressif sexuellement parlant ou plus
vulnérable à des agressions sexuelles,

et rend également vos souvenirs confus.

Ne voulez-vous pas vous en souvenir ?

Si vous avez besoin d'être ivre pour cela,
vous ne devriez pas du tout le faire.

Le désir sexuel et l'amour romantique

sont deux systèmes psychologiques et
physiologiques distincts

ayant évolué avec deux buts
évolutionnistes différents :

faire des bébés ou rester ensemble assez
longtemps pour que ces bébés survivent.

Mais ces deux systèmes
ne sont pas indépendants.

Le sexe peut déclencher un flot de
processus neurochimiques dans le cerveau

menant à l'amour.

Les neurotransmetteurs libérés
pendant une relation sexuelle

- ocytocine, vasopressine, dopamine -

vous lient à votre partenaire même si
vous ne le souhaitiez pas.

Plus vous faites l'amour
avec cette personne,

plus ce lien se développe.

Quand ce lien se brise, comme souvent
dans les relations ponctuelles,

cela fait mal.

Certains ont plus de chance ;

leurs cerveaux sont formés d'une façon
qu'ils ne s'attachent pas très facilement.

Mais il est possible de combattre cette
passion de courte durée avec raison.

Quelqu'un vous faisant atteindre l'orgasme
et vous traitant bien ensuite

ne ferait pas forcément
un partenaire bon et durable.

Passez en revue votre liste de relations

et trouvez tous les signes avant-coureurs
d'incompatibilité.

Puis, résistez à l'envie de leur envoyer
des messages 20 fois par jour,

(Rires)

ou de commencer à baptiser vos enfants
et organiser votre vie ensemble

dès qu'ils quittent la maison.

Restez occupés.

Changez de partenaires souvent, peut-être.

Ça marche pour vous tous.

(Rires)

Au final, le sexe ponctuel n'est pas
seulement pour les célibataires.

Souvenez-vous de la nouveauté et de
l'aventure dont j'ai parlé au début ?

Beaucoup de gens dans des relations
longues ont un grand besoin de nouveauté,

parfois beaucoup plus
que des célibataires.

Certains tentent d'éliminer ces besoins
et espèrent les voir disparaître ;

d'autres trompent et espèrent que
leurs partenaires ne le découvriront pas.

Mais un nombre croissant de gens, environ
4-5% selon notre meilleure estimation,

commencent à intégrer le sexe ponctuel

dans leurs relations longues, aimantes
et dévouées,

ouvertement et honnêtement,

de façon consensuelle et non-monogame.

Si cela peut vous intéresser,

il existe un mouvement en développement
de non-monogamie éthique et responsable

que vous pourriez avoir envie
de découvrir,

en commençant par ce livre génial appelé
« The Ethical Slut » (la Salope éthique).

En définitive,

il n'y a rien de mal ou de malsain en soi

à vouloir ou avoir souvent
des relations ponctuelles.

Le sexe ponctuel peut être une source
de souffrance mentale et physique.

Mais il peut aussi être
une expérience formidable

qui enrichit votre vie
et vous apporte un grand bonheur.

Contrairement aux relations romantiques,

le sexe ponctuel
implique une prise de risques.

Parfois vous êtes récompensés,
parfois non.

Il vous est impossible
de contrôler tous les facteurs en jeu,

mais vous pouvez faire beaucoup

afin d'optimiser vos chances
d'être récompensé.

Soyez maître de votre expérience.

Communiquez clairement vos goûts,
aversions, limites et attentes.

Dites « oui » de façon enthousiaste
aux choses que vous désirez,

et un « non » ferme aux choses
que vous ne désirez pas.

Cette sorte d'assurance au niveau sexuel
est importante

quel que soit votre partenaire.

Mais c'est d'une importance capitale
avec des partenaires ponctuels,

car ils ne sont pas voyants,

ils ne vous connaissent sûrement pas bien,
ou pas du tout,

et parfois ils ne se soucient pas de
votre sécurité ou de votre plaisir.

Vous devez donc aider vos partenaires à
vous traiter de la façon souhaitée.

Peu importe ce que vous faites, utilisez
des préservatifs, et ne vous bourrez pas.

Les erreurs arrivent, bien sûr.

Tirez-en des leçons
et passez à autre chose.

Rappelez-vous ce vieil adage : « C'est en
forgeant qu'on devient forgeron. »

Les études montrent que plus
vous vieillissez et plus vous le faites,

plus vous devenez habile à gérer
les défis qu'implique le sexe ponctuel.

Donc, la situation s'améliore.

Pas seulement pour les enfants gays.

Merci.

(Applaudissements)