Dépasser les foutaises et être heureux | Brad Banton | TEDxCluj

Le docteur Brad Blanton est un psychothérapeute, entraîneur et auteur américain. Il a signé le bestseller : « L'honnêteté radicale », un livre et une théorie qui remet en question une croyance fondamentale et pratiquement jamais mise en doute de notre société. Le verbe honnête, brutalement honnête, Blanton nous convainc que la sincérité, et non pas la politesse ou le politiquement correct, est l'essence des relations humaines et d'une vie remplie. Être radicalement honnête en toute occasion est parfois difficile à accepter. C'est peut-être une idée que peu de personnes sont prêtes à encaisser mais c'est certainement une idée qui vaut la peine d'être réfléchie.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx

Être honnête.

Quel serait l'impact si, entre amis,

vous changiez votre degré d'honnêteté ?

Et si vous étiez honnête tout le temps,
avec toutes vos connaissances ?

Les gens que vous connaissez
et pour lesquels vous ne craignez pas

de parler avec tact et diplomatie,
de dire ce que vous pensez

comme un gosse.

Quelle en serait l'influence
sur vos relations ?

Qu'est-ce qui changerait

si vous étiez radicalement honnête ?

Connaissez-vous l'histoire
de cette candidate à un recrutement

et son futur chef potentiel
lui a posé la question de savoir

ce qu'elle considérait être
son pire défaut.

Elle a répondu : « L'honnêteté. »

Le type a dit qu'il ne pensait pas
que l'honnêteté était un défaut.

Et elle répliqua :
« Je me fiche de ce que vous pensez ! »

(Rires)

J'adore cette blague.

Si vous étiez le chef, l'engageriez-vous ?

Moi, oui.

Je souhaite m'entourer de personnes
sur qui compter, pas de béni oui oui.

Des personnes sur qui compter
pour gérer les choses et être honnêtes.

Il y a un souci quand on est honnête
et qu'on dit ce qu'on pense.

Le souci,
c'est que nous avons trois esprits.

Nous en avons au moins trois

et on nous apprend toute notre vie
que notre esprit a beaucoup de valeur

et que penser est la chose
la plus importante.

Je ne pense pas que ce soit correct.

Notre premier esprit
est appelé l'esprit réactif.

Fondamentalement,
nous sommes un enregistreur

et nous enregistrons
des stimulations multisensorielles

de ce qui nous arrive depuis que
nous sommes dans le ventre de notre mère.

Nous n'avions pas la vision à ce moment

mais nous avons ces enregistrements
multisensoriels

de moments successifs du présent.

Ils sont classés
avec plus ou moins d'ordre.

Certains enregistrements ne sont pas
complets, d'autres sont oubliés

mais ils restent gravés en nous,
nous portons ces enregistrements

de nos expériences passées.

Cela ne se limite pas à la vue et au son.

Nous mémorisons aussi le goût, le toucher,
les sensations ou les odeurs.

Voilà le premier esprit,
qui est dit réactif

car chaque fois qu'il enregistre
une chose,

il inclut un peu de traumatisme
ou un choc, ce genre de choses.

De temps à autre,
ces choses remontent à la surface

plus tard dans nos vies.

Voilà pour l'esprit réactif.

Le deuxième esprit est appelé
l'esprit du construit personnel.

Il est fondé sur la réplication
des expériences.

Nous vivons une chose à nouveau
et à nouveau encore.

Imaginez un bébé qui a des périodes
de soin et sans soin,

de soin et sans soin.

Après un certain temps et de nombreuses
répétitions de cette séquence,

un construit va prendre forme
dans l'esprit du bébé :

période de soin et période sans soin.

Alors, il va pleurer quand il aura envie
de soin et il en recevra.

Suite à cela, il va créer
un nouveau construit :

soins, volonté de recevoir des soins,
pleurer, recevoir des soins.

Ça marche bien jusqu'au moment
où il pleure pour avoir des soins

mais en vain et ça le met en colère.

Nous avons toutes ces choses en nous,

des attentes associées à des construits
que nous avons créés dans notre esprit.

C'est ce qu'on appelle
l'esprit du construit personnel.

Ensuite, il y a l'esprit réflexif,

l'esprit de planification,
l'esprit linéaire,

celui que nous pensons être notre esprit.

Il s'agit principalement
de compétences verbales

et concerne la définition des choses,
les points d'argumentations ou les idées ;

l'esprit tel que nous l'envisageons.

La difficulté est que ces trois esprits
s'allument et s'éteignent aléatoirement

et qu'ils ne sont pas très précis.

Si ma mémoire est bonne, dans un chapitre
d'un de mes bouquins intitulé -

c'est une reprise d'une publicité
pour le United Negro College Fund

qui dit : « Quel gâchis
que de gaspiller un esprit » -

et mon bouquin dit exactement cela.

Ces esprits sont des instruments
très peu fiables.

Un des éléments
qui les rendent peu fiables,

c'est notamment leur propension à
se mêler, à semer la confusion entre eux.

Par exemple, notre esprit réflexif aime
prendre la responsabilité des choses

qui nous traversent l'esprit.

Nous pensons qu'il est habitué
à rationaliser les pulsions

qui émergent de l'esprit réactif.

Que faire alors ?

Quand un touriste a demandé
à une New-yorkaise

comment arriver à Carnegie Hall,

celle-ci lui a répondu :
« La pratique, rien que la pratique. »

(Rires)

La clé est dans la pratique
et c'est ce que nous devons faire :

reconnaître la différence
entre remarquer les choses et penser.

Reconnaître la différence
entre remarquer les choses et penser

et ce, dans un nouveau contexte
qui est celui où on a appris

que la pensée est la chose
la plus importante dans notre vie -

c'est faux -

remarquer les choses
est plus important que penser.

La pensée est un chaos peu fiable.

Nous avons trois esprits
et tous les trois sont mal fichus.

Ils interfèrent les uns avec les autres.

L'esprit réactif essaie toujours
d'inventer des trucs.

Le construit personnel
vient avec des idées

non seulement inexactes dès le départ,
désormais à moitié oubliées

et qui interfèrent avec l'esprit linéaire.

Nous essayons tous de nous attribuer
le mérite des idées qui nous surviennent

alors qu'en fait,
on ne les a pas imaginées,

elles sont sorties de notre esprit.

Bref, fondamentalement,
l'esprit n'est pas très fiable.

Pour cultiver une certaine lucidité,
nous avons besoin l'un de l'autre

car mon esprit défaillant a besoin d'un
rapport issu de votre esprit défaillant

pour nous permettre d'en discuter.

Ça signifie que
si nous ne sommes pas honnêtes,

nous allons être encore plus à la masse
que nous ne le sommes déjà.

On cherche donc une forme de lucidité,

une chose appelée intelligence
collective attentionnée,

j’y reviendrai plus tard.

Quelles pratiques mettre en place ?

Distinguer la différence
entre remarquer et penser.

Accrochez-vous : sur le long continuum
de la conscience,

tout ce qui est accessible à la conscience
peut être classé en trois catégories.

Vous êtes sans doute conscient de ce qu'il
se passe en dehors de vous actuellement.

Vous pourriez être conscient de vous,
de moi, précisément maintenant.

C’est un des aspects
du continuum de la conscience.

Le deuxième aspect est celui
d’une conscience

de ce qu'il se passe dans les limites
de votre propre peau, dans votre corps,

les sensations de chaud et froid,
de fourmillement ou tensions, la chaleur,

et où vous ressentez ces sensations :
vous avez conscience de tout ça.

Le troisième aspect est une conscience

de ce qu'il passe dans votre esprit
maintenant.

Vous êtes conscients de tout cela
dans le présent.

C’est tout ce qui existe et j’appelle ça :
dedans, dehors, sens dessus-dessous.

Cela vient d’un de mes livres
pour enfants préférés.

On peut donc remarquer
ce qu'il se passe dans notre corps,

ce qu'il se passe en dehors de notre corps

et on peut remarquer ce qui traverse
notre esprit maintenant.

Le seul problème survient
quand on dit à nos voix intérieures :

« OK, vas-y, je vous écoute. »

Et là, brusquement, votre esprit hésite
entre merder ou devenir aveugle.

Il ne réagit pas

car il est dopé par la résistance.

Vouloir empêcher son esprit de penser est
le meilleur moyen pour qu’il s’obstine.

Donc, remarquer signifie remarquer
ce qu’il se passe en nous-même.

C’est remarquer
ce qu'il se passe dans notre corps

et c’est remarquer ce qui traverse
notre esprit.

L’honnêteté radicale relate
ce que vous remarquez, point.

Vous relatez ce que vous remarquez

sans aucune des manières usuelles
de mentir,

que ce soit la politesse ou le tact.

Être diplomate agit exactement -

Le monde est un foutoir total
mais ne parle que de diplomatie.

Habituellement, on parle de guerre
ou de diplomatie.

Ce n’est pas vrai.

C’est la diplomatie
qui est à l’origine des guerres.

Ce qu’on recherche vraiment,
c’est la valeur de l'attention.

Si vous souhaitez relater à autrui

ce que vous remarquez dans vos esprits,

vous devrez lui relater tout ce qui
se trouve dans les trois esprits.

Et ils vont se contredire :

votre esprit réactif va imaginer une chose

que vous allez verbaliser

et ensuite, votre esprit linéaire
va venir avec autre chose,

que vous allez aussi verbaliser
mais qui sera en contradiction.

Et là, votre construit personnel
va dire encore autre chose.

Les gens vont se demander
si vous êtes fou.

« Toutes ces choses traversent-elles
vraiment votre esprit ? »

Oui, et oui.

Donc, nous, les fous,
devons trouver un moyen

de mieux deviner ce qu’il se passe.

Mais quand on ment,

personne n’a l’occasion d’intervenir
en votre faveur

et vous n’avez pas l’occasion non plus
d’intervenir pour quelqu’un.

Quelle est la valeur de l’honnêteté
dans ces conditions ?

Vous savez, la vie est un problème. Point.

Si vous avez trois esprits,
vous avez un problème.

Si vous mentez, vous avez un problème.

Si vous dites la vérité,
vous avez un problème.

Que vous mentiez ou disiez la vérité,
vous êtes dans la mouise.

Toute la question est de savoir
quel est le meilleur genre de problèmes.

Les bons problèmes sont ceux causés

parce qu’on dit la vérité.

Même si cela contrarie,
blesse ou froisse quelqu’un.

Je vous invite à froisser les autres,

je vous invite aussi à blesser
les sentiments des autres

et je vous invite à rester auprès d’eux
jusqu’à ce qu’ils tournent la page.

Ça prend 90 secondes, pas beaucoup plus.

(Rires)

(Applaudissements)

Merci.

Vous devez aussi remarquer les choses
dans un ordre précis.

Idéalement, vous remarquerez d’abord
ce qu'il se passe à l’extérieur de vous.

Vos yeux, vos oreilles,
votre sens de l’équilibre,

votre rapport avec la gravité,

vous permettent de remarquer
ce qu'il se passe dans le monde.

Relatez ensuite cela à la personne
qui est avec vous.

Ensuite, remarquez ce qu'il se passe
à l’intérieur de votre corps.

Je remarque que mon estomac est tendu,

un peu de tension à l’épaule droite, ici,

et quelques gigotements par-là,
et vous relatez cela.

Une fois que vous avez verbalisé
ces deux ressentis,

vous pouvez relater
ce qui traverse votre esprit.

La meilleure façon de toucher du doigt
ce qui traverse votre esprit,

c’est de choisir le bon point de départ
et ce n'est pas votre esprit.

Ce n’est pas souhaitable de commencer
un nouveau projet en pensant.

Au contraire, il faut être ancré
dans sa propre expérience,

c’est-à-dire le continuum
de la conscience.

J'organise des ateliers depuis 20 ans
trois à cinq fois par an.

Ils durent 8 jours.

16 personnes y participent.

Et pendant 12, parfois même 14 heures
par jour, on essaie d'obtenir

les mêmes résultats qu'une année
de psychothérapie

mais condensés en une semaine.

Au bout de 10 ans,
on a fait une découverte incroyable.

On a découvert une incantation qui
nous emmène sur la voie de l'éveil.

On atteint l'éveil en trois minutes.

Normalement, je facture cela très cher

mais ce soir, pour vous,
ce sera exceptionnellement gratuit.

Voici l'incantation

qui va vous mener à l'éveil
en trois minutes :

(Sanglotant) Hmmmmm, mm, mm, mmm

Hmmmmm, mm, mm, mmm...

Hmmmmm, mm, mm, mmm...

Et si vous bavez un peu,
deux minutes suffiront.

Donc, vous bavez...

(Rires)

Vous étiez plus con qu'un balai,
plus con qu'un paquet de balais.

Hmmmmm, mm, mm, mmm...

C'est ainsi qu'on trouve
la voie de l'éveil.

On ne trouve pas l'éveil en étant malin.

L'intelligence est
le plus grand obstacle à l'éveil.

La pensée est inutile.

Quand on est terrassé par son idiotie,
ce qu'on appelle être abasourdi,

(Rit)

quand on est abasourdi,

on trouve la voie pour discerner

la manière dont on cesse
de remarquer en général,

avec son esprit.

La raison pour faire ça est la suivante :

quand on vit une expérience,
elle vient et s'en va.

Quand on résiste au vécu d'une expérience,
elle persiste.

La forme principale de résistance
de notre expérience est la pensée.

Quand on pense, pour réfléchir
à une manière de louvoyer,

il faut faire avant tout une chose :

arrêter de penser et ressentir les choses.

Quand on s'ouvre
à la conscience de son corps

et à la conscience de l'autre
en face de vous,

votre conscience
de ce qui traverse votre esprit

et que vous relatez tout cela,

non pas en tant qu'avocat de la défense

prouvant que vous avez raison
et qu'ils ont tort,

mais juste une narration pour partager
et vérifier le ressenti de l'autre,

vous relatez la vérité
sur votre propre ressenti.

C'est une information cruciale
nécessaire aux deux

pour tenter de rendre
le monde un peu meilleur.

Je suis convaincu que
votre bonheur personnel est lié à ça,

il en dépend même.

Je pense que la survie
de l'humanité en dépend.

Je vous invite dont à devenir radicalement
honnête dès la fin de mon discours.

Merci.

(Applaudissements)