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La biofabrication, la prochaine révolution industrielle

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    J'ai commencé
    en tant que créatrice de mode,
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    œuvrant étroitement avec des fabricants
    et des fournisseurs de tissus.
  • 0:10 - 0:15
    Mais aujourd'hui, je ne peux plus voir mes
    nouveaux collaborateurs, ni leur parler,
  • 0:15 - 0:18
    car ils habitent dans le sol
    sous nos pieds,
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    dans les rayons de nos supermarchés,
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    et dans la bière que je boirai après
    vous avoir parlé.
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    Je parle des microbes
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    et du design à partir du vivant.
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    Il y a 15 ans,
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    j'ai complètement changé
    mes matières premières
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    et ma façon de travailler
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    après une collaboration décisive
    avec un biologiste.
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    Notre projet m'a donné une perspective
    différente sur la vie,
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    ouvrant la porte sur un tout nouveau monde
    empli de possibilités
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    en matière de design et de fabrication.
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    J'ai découvert une idée
    de fabrication radicale :
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    la biofabrication.
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    Littéralement, fabriquer
    grâce à la biologie.
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    Qu'est-ce que cela signifie ?
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    Eh bien, au lieu de se servir de plantes,
    d'animaux ou de pétrole
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    pour fabriquer des produits,
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    on fait pousser les matériaux directement
    à partir d'organismes vivants.
  • 1:21 - 1:25
    Dans « la quatrième Révolution
    industrielle », comme beaucoup l'appelle,
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    nous voyons les nouvelles usines
    comme des cellules vivantes.
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    Bactéries, algues, champignons, levures :
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    nos outils de design les plus
    modernes incluent ces biotechnologies.
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    Mon propre voyage dans la biofabrication
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    a commencé avec un projet
    appelé « Biocouture ».
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    La provocation était qu'au lieu de
    cultiver une plante, comme le coton,
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    dans un champ pendant plusieurs mois,
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    on pourrait utiliser des microbes pour
    cultiver une cellulose similaire en labo
  • 1:58 - 2:00
    en seulement quelques jours.
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    Avec une certaine espèce de bactérie
    dans un liquide riche en nutriments,
  • 2:05 - 2:08
    on a fait fermenter des fils de cellulose
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    qui se sont automatiquement
    organisés en tissu.
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    J'ai fait sécher ce tissu,
  • 2:15 - 2:21
    l'ai coupé et cousu pour faire tout un tas
    de vêtements, de chaussures et de sacs.
  • 2:21 - 2:24
    En d'autres mots, dans un laboratoire,
    on a fait pousser des matériaux
  • 2:24 - 2:27
    qu'on a transformés en différents produits
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    en l'espace de quelques jours.
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    Ceci contraste avec les méthodes actuelles
    de fabrication des tissus
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    où l'on fait pousser une plante,
  • 2:36 - 2:39
    pour seulement en récolter le coton,
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    qu'on transforme en fil,
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    qu'on tisse pour former un tissu
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    qu'on fait ensuite peut-être voyager
    au travers des océans
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    avant d'être coupé et cousu
    pour créer un vêtement.
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    Tout cela peut prendre des mois.
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    Donc ces prototypes ouvrent un potentiel
  • 2:55 - 2:59
    d'optimisation des ressources
    non négligeable.
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    En diminuant l'eau, l'énergie
    et la chimie nécessaires
  • 3:03 - 3:05
    pour produire le matériau,
  • 3:05 - 3:08
    et en ne générant aucun déchet,
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    on produit le tissu
    dans sa forme finale -
  • 3:12 - 3:17
    une sorte de « manufacture
    additive biologique ».
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    Grâce à la biofabrication,
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    j'avais remplacé de nombreuses étapes
    intensives en travail humain,
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    par une seule étape biologique.
  • 3:27 - 3:30
    Et en commençant à travailler
    avec cet organisme vivant,
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    ma pensée créatrice s'est modifiée.
  • 3:33 - 3:37
    C'était de la biologie, sans aucune
    intervention de ma part,
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    si ce n'est la mise en œuvre des
    conditions nécessaires à la croissance,
  • 3:42 - 3:46
    produisant efficacement
    un matériau utile et durable.
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    Alors je ne peux faire autrement que de
    penser à tous les matériaux en ces termes.
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    En fait, il existe une communauté mondiale
    d'innovateurs, de plus en plus importante,
  • 3:59 - 4:03
    qui repense les matériaux
    avec l'aide de la biologie.
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    Beaucoup d'entreprises cultivent désormais
    des matériaux à partir de champignons,
  • 4:08 - 4:10
    pas des vrais champignons -
  • 4:10 - 4:15
    mais plutôt du mycélium,
    la racine des champignons,
  • 4:15 - 4:19
    pour relier des sous-produits agricoles.
  • 4:19 - 4:23
    C'est un processus décrit
    comme une « colle de la Nature ».
  • 4:24 - 4:27
    La façon habituelle de procéder,
    c'est de prendre un moule en 3D,
  • 4:27 - 4:33
    de le remplir d'une matière jetable
    comme des tiges de maïs ou du chanvre,
  • 4:33 - 4:34
    d'ajouter de l'eau,
  • 4:34 - 4:39
    d'attendre quelques jours que
    le mycélium pousse à travers,
  • 4:39 - 4:40
    de retirer le moule
  • 4:40 - 4:43
    et d'obtenir la forme en 3D qui a poussé.
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    De manière incroyable, on peut faire
    pousser tous types de structures
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    grâce à des organismes vivants,
  • 4:51 - 4:55
    depuis une mousse qui remplace
    le plastique dans des chaussures,
  • 4:55 - 4:58
    jusqu'à des matières
    qui remplacent le cuir.
  • 4:58 - 5:02
    Mobilier, revêtements de sol - tout
    est en cours de prototypage.
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    Les champignons sont capables
    de générer des matériaux ignifuges,
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    sans produits chimiques.
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    Ils sont naturellement hydrophobiques,
  • 5:12 - 5:14
    c'est-à-dire qu'ils n'absorbent pas l'eau.
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    Ils ont une température de fusion
    plus élevée que les plastiques.
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    Le polystyrène peut mettre
    des millénaires à se dégrader.
  • 5:24 - 5:26
    Des emballages en champignons
  • 5:26 - 5:30
    peuvent être naturellement
    compostés dans votre jardin
  • 5:30 - 5:32
    et se recycler en un mois.
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    Des organismes vivants
    transforment les déchets
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    en des matériaux financièrement
    compétitifs à performance équivalente,
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    qui peuvent déjà remplacer les plastiques
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    et d'autres matériaux émettant du CO2.
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    Dès qu'on commence à produire des
    matériaux à partir d'organismes vivants,
  • 5:51 - 5:56
    cela rend les anciennes méthodes
    de fabrication totalement obsolètes.
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    Prenez la simple maison en parpaings.
  • 6:01 - 6:04
    L'industrie du ciment génère environ 8%
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    des émissions mondiales de CO2.
  • 6:06 - 6:09
    C'est plus que tous les avions
    et les navires annuellement.
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    La fabrication du ciment
    nécessite des matériaux
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    qu'il faut chauffer dans un four,
  • 6:15 - 6:19
    à plus de 1 000°C.
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    Comparez cela à bioMASON.
  • 6:23 - 6:25
    Ils utilisent un microbe
    présent dans la terre
  • 6:25 - 6:28
    pour transformer des agrégats divers,
  • 6:28 - 6:30
    comme le sable ou la pierre concassée,
  • 6:30 - 6:35
    en un parpaing en biociment.
  • 6:35 - 6:39
    Cela se passe à température ambiante
  • 6:39 - 6:41
    en quelques jours.
  • 6:41 - 6:44
    Imaginez : de l'hydroponie
    pour fabriquer des briques.
  • 6:44 - 6:49
    Un système d'irrigation
    apporte de l'eau riche en nutriments
  • 6:49 - 6:51
    à des palettes de parpaings
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    où l'on a injecté des bactéries.
  • 6:54 - 6:56
    La bactérie produit des cristaux
  • 6:56 - 6:59
    qui se forment
    autour de chaque grain de sable,
  • 6:59 - 7:03
    unissant toutes ces particules isolées
  • 7:03 - 7:04
    en une brique solide.
  • 7:06 - 7:09
    On peut maintenant fabriquer
    des matériaux de construction
  • 7:09 - 7:12
    de la même manière élégante
    que celle de la Nature,
  • 7:12 - 7:14
    comme un récif corallien.
  • 7:15 - 7:20
    Et ces briques biofabriquées sont
    environ trois fois plus solides
  • 7:20 - 7:23
    qu'un parpaing.
  • 7:24 - 7:28
    Et par un contraste saisissant avec
    la fabrication traditionnelle du ciment,
  • 7:28 - 7:31
    ces parpaings stockent plus de CO2
    qu'ils n'en produisent.
  • 7:31 - 7:36
    Si nous pouvions remplacer
    les 1,2 billions de parpaings
  • 7:36 - 7:38
    fabriqués chaque année
  • 7:38 - 7:40
    par des briques biofabriquées,
  • 7:40 - 7:43
    nous pourrions réduire
    les émissions de CO2
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    de 800 millions de tonnes chaque année.
  • 7:48 - 7:55
    (Applaudissements)
  • 7:56 - 8:00
    Au-delà de produire des matériaux
    avec des organismes vivants,
  • 8:00 - 8:02
    nous commençons même
    à concevoir des produits
  • 8:02 - 8:04
    qui encouragent leur développement.
  • 8:04 - 8:07
    Et cela vient de la compréhension
  • 8:07 - 8:12
    que cette petite chose que nous essayons
    de marginaliser - la vie -
  • 8:12 - 8:16
    pourrait en fait être
    notre plus grand partenaire.
  • 8:17 - 8:21
    A ces fins, nous avons exploré
    toutes les façons
  • 8:21 - 8:25
    de faire croître des microbes sains
    dans nos propres écosystèmes.
  • 8:25 - 8:30
    Un bel exemple en est les architectes
  • 8:30 - 8:33
    qui imaginent un revêtement d'immeuble
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    qui se comporterait comme l'écorce.
  • 8:37 - 8:40
    Mais pas comme une couche écolo
    pour faire joli.
  • 8:40 - 8:43
    Ils conçoivent des écorces architecturales
  • 8:43 - 8:47
    comme hôtes d'écosystèmes en évolution.
  • 8:48 - 8:54
    La structure de la surface
    est conçue pour accueillir la vie.
  • 8:54 - 9:00
    Si on appliquait l'énergie qu'on applique
    aujourd'hui à détruire les formes de vie
  • 9:00 - 9:03
    à cultiver la vie,
  • 9:03 - 9:06
    on renverserait l'image négative
    de la jungle urbaine
  • 9:06 - 9:12
    en une image qui symboliserait
    un écosystème vivant et prospère.
  • 9:13 - 9:19
    En encourageant activement les
    interactions avec des microbes sains,
  • 9:19 - 9:22
    on peut améliorer un contrôle
    passif des températures,
  • 9:22 - 9:24
    la gestion des eaux de pluie,
  • 9:24 - 9:26
    et même réduire les émissions de CO2
  • 9:26 - 9:30
    en diminuant l'énergie nécessaire
    au chauffage ou à la climatisation.
  • 9:31 - 9:35
    On commence à peine
    à comprendre le potentiel
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    des technologies basées sur la nature.
  • 9:38 - 9:43
    Je suis enthousiaste à l'idée
    de concevoir et de biofabriquer
  • 9:43 - 9:45
    un nouveau monde des matériaux,
  • 9:49 - 9:53
    un qui s'éloigne de l'exploitation
  • 9:53 - 9:56
    de ressources non renouvelables
  • 9:56 - 10:00
    pour collaborer avec la vraie vie,
    celle qui se renouvelle.
  • 10:01 - 10:03
    Au lieu de concevoir hors de la vie,
  • 10:03 - 10:06
    concevoir avec elle et pour elle.
  • 10:07 - 10:11
    Les emballages, la mode, la chaussure,
    le mobilier, la construction -
  • 10:11 - 10:16
    des produits biofabriqués peuvent pousser
    à côté des lieux où on en a besoin,
  • 10:16 - 10:20
    avec des ressources locales,
    moins de terres, moins d'énergie,
  • 10:20 - 10:24
    et même en réutilisant
    des déchets industriels.
  • 10:25 - 10:29
    Autrefois, les outils des biotechnologies
  • 10:29 - 10:31
    étaient le domaine réservé des puissantes
  • 10:31 - 10:36
    et multinationales sociétés
    de la chimie et de la biotech.
  • 10:36 - 10:40
    Au siècle dernier,
    on s'attendait à ce que l'innovation
  • 10:40 - 10:45
    vienne des entreprises comme
    DuPont, Dow ou BASF.
  • 10:45 - 10:51
    Mais la révolution des matériaux
    du 21e siècle est menée par des start-ups,
  • 10:51 - 10:54
    de petites équipes aux capitaux limités.
  • 10:55 - 10:59
    Et d'ailleurs, aucun de leurs fondateurs
    n'est diplômé en sciences.
  • 10:59 - 11:03
    On y trouve des artistes,
    des architectes et des designers.
  • 11:05 - 11:08
    Plus d'un milliard de dollars
    a déjà été investi
  • 11:08 - 11:12
    dans des start-ups de produits
    de consommation biofabriqués.
  • 11:13 - 11:18
    Je pense qu'il n'y a pas d'alternative
    à la biofabrication.
  • 11:19 - 11:22
    Que ce soit votre veste,
    la chaise sur laquelle vous être assis,
  • 11:22 - 11:24
    votre maison,
  • 11:24 - 11:29
    les matériaux qui vous entourent ne
    devraient pas mettre en danger votre santé
  • 11:29 - 11:31
    ou celle de la planète.
  • 11:32 - 11:36
    Si les matériaux ne peuvent pas
    être recyclés, ou compostés chez soi,
  • 11:36 - 11:38
    on devrait les refuser.
  • 11:38 - 11:43
    Je consacre mes efforts
    à faire de cette vision une réalité
  • 11:43 - 11:46
    en montrant tout le travail formidable
  • 11:46 - 11:48
    qui est fait aujourd'hui,
  • 11:48 - 11:51
    et en facilitant les interactions
  • 11:51 - 11:55
    entre les designers, les scientifiques,
    les investisseurs et les marques.
  • 11:56 - 11:59
    Parce qu'on a besoin
    d'une révolution des matériaux,
  • 11:59 - 12:00
    et on en a besoin maintenant.
  • 12:01 - 12:02
    Merci.
  • 12:02 - 12:07
    (Applaudissements)
Title:
La biofabrication, la prochaine révolution industrielle
Speaker:
Suzanne Lee
Description:

Et si nous pouvions « faire pousser » des vêtements à partir de microbes, des meubles à partir d'organismes vivants et envelopper des bâtiments comme les arbres avec leur écorce ? La TED Fellow Suzanne Lee partage des développements passionnants dans le domaine de la biofabrication et montre comment cela pourrait nous aider à remplacer les principales sources de déchets, comme le plastique et le ciment, par des alternatives durables et respectueuses de l'environnement.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
12:20

French subtitles

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