Justice : Quelle est la bonne action ? Episode 01 "La FACE MORALE DU MEURTRE"
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0:04 - 0:08Le financement de ce programme a été assuré par : [musique ringarde]
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0:08 - 0:15Le financement complémentaire par : [musique ringarde]
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0:34 - 0:38Ce cours sur la justice commence par une histoire :
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0:38 - 0:40supposez que vous être le conducteur d'un tramway
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0:40 - 0:45et que ce tramway est lancé sur les rails à 100km/h.
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0:45 - 0:49Au bout des rails vous apercevez cinq ouvriers travaillant sur les voies
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0:49 - 0:52Vous avez déjà essayé de vous arrêter mais c'est impossible
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0:52 - 0:54vos freins ne fonctionnent pas
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0:54 - 0:57vous vous sentez désespéré parce que vous savez
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0:57 - 1:00que si vous entrez en collision avec ces cinq personnes
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1:00 - 1:01ils mourront tous.
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1:01 - 1:05Supposons que vous soyez absolument certain de tout cela
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1:05 - 1:07si bien que vous vous sentez sans ressource
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1:07 - 1:09jusqu'à l'instant où vous remarquez qu'existe
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1:09 - 1:11une voie de garage
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1:11 - 1:13sur le côté droit
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1:13 - 1:16et qu'au bout de cette voie
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1:16 - 1:17il n'y a qu'un seul travailleur
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1:17 - 1:19à l'oeuvre
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1:19 - 1:21Votre volant fonctionne
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1:21 - 1:23vous pouvez donc
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1:23 - 1:26faire tourner le tram si vous le voulez
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1:26 - 1:29sur cette voie de garage
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1:29 - 1:30et tuer un homme
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1:30 - 1:33tout en en épargnant cinq.
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1:33 - 1:36D'où notre première question :
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1:36 - 1:39quelle elle la bonne chose à faire ?
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1:39 - 1:40Que feriez-vous ?
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1:40 - 1:43Faisons un sondage.
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1:43 - 1:45Combien d'entre vous
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1:45 - 1:52feraient tourner le tram vers la voie de garage ?
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1:52 - 1:54Combien ne le feraient pas ?
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1:54 - 1:58Combien continueraient tout droit ?
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1:58 - 2:04Que ceux qui continueraient tout droit lèvent la main
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2:04 - 2:08Une poignée de gens seulement : la grande majorité tournerait
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2:08 - 2:10Commençons faire une petite audition
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2:10 - 2:14Nous devons commencer à cerner pourquoi vous pensez
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2:14 - 2:20que c'est la bonne action à accomplir.
Commençons par la majorité : ceux qui tourneraient -
2:20 - 2:22vers la voie de garage.
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2:22 - 2:24Pourquoi feriez-vous cela,
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2:24 - 2:26quelles seraient vos raisons ?
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2:26 - 2:30Qui est prêt à se prêter volontaire pour donner une raison ?
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2:30 - 2:32Allez-y, levez-vous.
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2:32 - 2:39Parce qu'il ne peut être bon de tuer cinq personnes alors que vous pourriez n'en tuer qu'une.
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2:40 - 2:42Il ne serait pas juste de tuer cinq personnes
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2:42 - 2:47si vous pouviez n'en tuer qu'une.
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2:47 - 2:49C'est une bonne raison [rires]
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2:49 - 2:53C'est une bonne raison
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2:53 - 2:54Que pourrait-on dire d'autre ?
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2:54 - 2:57Tout le monde est-il en accord
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2:57 - 3:01avec ce raisonnement ? Allez-y !
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3:01 - 3:04Eh bien, j'étais en train de songer au fait que c'est le même raisonnement
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3:04 - 3:05qui avait animé les passagers d'un des vols du 11 septembre
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3:05 - 3:08qui ont dirigé héroïquement leur avion
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3:08 - 3:10dans un champ de Pennsylvanie
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3:10 - 3:12parce qu'ils ont préféré se tuer eux-mêmes
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3:12 - 3:14plutôt que de tuer davantage de personnes
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3:14 - 3:16qui vivaient dans de grands bâtiments.
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3:16 - 3:19Donc, le principe fut le même le 11 septembre.
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3:19 - 3:22Il s'agit de circonstances dramatiques
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3:22 - 3:25mais le principe selon lequel il vaut mieux tuer une personne pour que cinq puissent vivre, ...
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3:25 - 3:31... est-ce bien la raison pour laquelle la majorité d'entre vous avez choisi de tourner ? Oui ?
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3:31 - 3:33Ecoutons maintenant
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3:33 - 3:34ceux
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3:34 - 3:36qui font partie de la minorité
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3:36 - 3:41ceux qui n'auraient pas choisi de tourner.
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3:41 - 3:46Eh bien, je pense que c'est ce type de mentalité qui sert à justifier les génocides et les régimes totalitaires :
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3:45 - 3:50pour sauver une race, vous éradiquez l'autre.
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3:50 - 3:53Donc que feriez-vous en ce cas ?
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3:53 - 3:55Pour éviter
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3:55 - 3:58les horreurs d'un génocide
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3:58 - 4:04iriez-vous écraser et tuer cinq personnes ? [rires]
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4:04 - 4:08Oui, sans doute.
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4:08 - 4:10OK, qui d'autre ?
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4:10 - 4:14C'est une réponse courageuse, merci.
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4:14 - 4:16Considérons maintenant un autre cas
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4:17 - 4:20de tramway
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4:20 - 4:22et voyons
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4:22 - 4:24si
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4:24 - 4:27ceux de la majorité
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4:27 - 4:31seraient prêts à rester fidèles à ce principe
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4:31 - 4:34qu'il est préférable qu'une personne meure pour que cinq puissent continuer à vivre.
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4:34 - 4:39Cette fois, vous n'êtes plus le conducteur du tram, mais un témoin
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4:39 - 4:43situé sur un pont surplombant la voie ferrée.
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4:43 - 4:46Un tramway descend la voie
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4:46 - 4:50et au bout on retrouve les cinq travailleurs
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4:50 - 4:52les freins ne fonctionnent pas
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4:52 - 4:56il est sur le point de percuter les cinq personnes à toute vitesse, et de les tuer
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4:56 - 4:57et maintenant
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4:57 - 4:59vous n'êtes pas le conducteur
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4:59 - 5:01vous vous sentez désemparé
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5:01 - 5:03jusqu'à ce que vous remarquiez...
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5:03 - 5:07... juste à côté de vous ...
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5:07 - 5:09... en train de se pencher ...
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5:09 - 5:10... au-dessus du pont ...
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5:10 - 5:17... un homme très gras. [rires]
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5:17 - 5:20Il vous suffirait
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5:20 - 5:23de lui donner une pichenette
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5:23 - 5:25et il tomberait du pont
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5:25 - 5:28sur la voie
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5:28 - 5:30parfaitement sur le chemin
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5:30 - 5:32du tram
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5:32 - 5:33mourrait
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5:33 - 5:39mais sauverait cinq personnes.
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5:39 - 5:41Alors, dans cette situation, combien pousseraient
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5:41 - 5:48le gros homme par-dessus le pont ? Levez la main. [rires]
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5:48 - 5:51Combien ne le feraient pas ?
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5:51 - 5:54Une majorité ne le ferait pas.
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5:54 - 5:56Voici maintenant une question évidente.
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5:56 - 5:57Qu'est-il advenu
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5:57 - 6:00de ce principe
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6:00 - 6:05selon lequel il était juste de sauver cinq vies au prix du sacrifice d'un seul ? Qu'est-il advenu de ce principe...
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6:05 - 6:07... que presque tout le monde a approuvé ...
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6:07 - 6:09... dans le premier cas ?
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6:09 - 6:13J'ai besoin d'entendre quelqu'un qui faisait partie de la majorité
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6:13 - 6:14dans les deux cas:
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6:14 - 6:18comment expliquez-vous cette différence entre les deux cas ?
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6:18 - 6:22Le second implique le choix actif de
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6:22 - 6:23pousser une personne
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6:23 - 6:24d'où on peut déduire
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6:24 - 6:25je pense
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6:25 - 6:30que cette personne n'aurait jamais été impliquée dans cette situation autrement
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6:30 - 6:31et donc
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6:31 - 6:34choisir en son nom, je suppose
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6:34 - 6:37en
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6:37 - 6:40l'impliquant dans quelque chose auquel il aurait pu échapper autrement est
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6:40 - 6:42va plus loin à mon avis
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6:42 - 6:44que ce la situation exposée dans le premier cas où
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6:44 - 6:46les trois parties, le conducteur et
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6:46 - 6:48les deux groupes de travailleurs étaient
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6:48 - 6:51je suppose déjà dans la situation.
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6:51 - 6:55Mais l'homme qui était en train de travailler, celui qui se trouvait dans la voie de garage...
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6:55 - 7:02... lui non plus n'a pas choisi de sacrifier sa vie, pas plus que notre gros homme, n'est-ce pas ?
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7:02 - 7:05C'est vrai, mais il était sur les voies.
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7:05 - 7:10L'autre homme était sur le pont.
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7:10 - 7:14Poursuivons, vous pouvez réintervenir si vous le souhaitez.
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7:14 - 7:15Très bien, il s'agit d'une question difficile...
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7:15 - 7:19... mais vous vous en êtes bien sorti.
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7:20 - 7:21Qui d'autre...
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7:21 - 7:23... pour tenter ...
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7:23 - 7:26... de trouver une manière de concilier
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7:26 - 7:30la réactions des deux majorités pour ces deux cas ? Oui ?
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7:30 - 7:32Eh bien, je suppose
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7:32 - 7:33que dans le premier cas
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7:33 - 7:35où vous avez un travailleur et les cinq autres
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7:35 - 7:37c'est une choix entre deux éventualités, et vous avez à
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7:37 - 7:41prendre une décision alors que des gens sont sur le point de mourir à cause du tramway,
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7:41 - 7:45pas nécessairement à cause de vos actes directs. Le tramway est un objet qui est lancé sur une piste
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7:45 - 7:48alors que quand vous devez faire face à la seconde alternative
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7:48 - 7:53entre pousser l'homme gras ou non, il s'agit véritablement d'un acte de meurtre de votre part
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7:53 - 7:54vous maîtrisez ce choix
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7:54 - 7:57alors que vous n'avez aucun contrôle sur le tramway.
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7:57 - 8:00Je pense donc qu'il s'agit d'une situation légèrement différente.
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8:00 - 8:04Très bien, qui pourrait répondre à cela ? C'était une bonne réponse.
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8:04 - 8:06Qui veut répondre ?
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8:06 - 8:09Peut-on trouver une issue à ce problème ?
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8:09 - 8:12Je ne pense pas que ce soit une très bonne raison
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8:12 - 8:17parce que dans les deux cas -en tournant ou en tuant directement quelqu'un- vous choisissez qui va mourir,
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8:17 - 8:18c'est un acte de pensée conscient
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8:18 - 8:20qu'il s'agisse de faire un virage
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8:20 - 8:21ou de choisir de pousser le gros homme
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8:21 - 8:24dans les deux cas c'est
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8:24 - 8:28une action consciente et déterminée : vous faites un choix dans les deux cas.
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8:28 - 8:30Voulez-vous répondre ?
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8:30 - 8:34En fait, je ne suis pas tout à fait sûr que cela soit vrai : il y a tout de même une forme de différence
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8:34 - 8:38entre pousser quelqu'un sur une voie et le tuer,
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8:38 - 8:43-ce qui veut dire que vous l’assassinez. Vous le poussez de votre propres mains.
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8:43 - 8:44Cela est différent
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8:44 - 8:47de piloter un mécanisme qui va causer la mort
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8:47 - 8:49dans un autre... même si comme vous le voyez...
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8:49 - 8:53... mon argument ne sonne pas très juste quand je suis là en train de le dire devant vous [rires]
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8:53 - 8:55Pas du tout, c'est une bonne réponse. Quel est votre nom ?
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8:55 - 8:56Andrew.
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8:56 - 9:00Andrew. Permettez-moi de vous poser une question, Andrew.
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9:00 - 9:02Supposez
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9:02 - 9:04que lorsque je me tiens sur le pont
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9:04 - 9:05près du gros homme
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9:05 - 9:08je n'aurais pas besoin de le pousser, mais qu'il soit
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9:08 - 9:15au-dessus d'une trappe dont je pourrais commander l'ouverture avec un volant comme ça...
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9:17 - 9:19...est ce que vous le tourneriez ?
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9:19 - 9:21Pour une certaine raison, cette action me semblerait
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9:21 - 9:24encore plus mauvaise.
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9:24 - 9:30Je veux dire que peut-être que si vous aviez actionné ce volant accidentellement, ou quelque chose comme cela,
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9:30 - 9:31ou...
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9:31 - 9:33mettons par exemple que le tramway
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9:33 - 9:38pousse lui-même un interrupteur qui ouvre la trappe
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9:38 - 9:39alors je pourrais être d'accord.
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9:40 - 9:42Ca me va, mais il semble tout de même
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9:42 - 9:46que vous trouvez injuste d'une certaine façon, ce que vous ne trouviez pas injuste dans le premier cas : tourner le volant.
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9:46 - 9:50Pour le dire autrement, vous êtes impliqué directement dans la première situation
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9:50 - 9:52alors que dans la seconde vous êtes aussi un spectateur?
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9:52 - 9:57Vous pouvez donc choisir de vous impliquer ou pas en poussant le gros homme.
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9:57 - 10:00Mettons de côté ce cas un instant.
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10:00 - 10:01C'est intéressant,
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10:01 - 10:06mais imaginons un cas différent. Cette fois, vous êtes un médecin dans une salle d'urgences...
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10:06 - 10:12... et six patients viennent vous voir...
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10:12 - 10:18... il y a eu un terrible accident de tram ...
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10:18 - 10:24... au cours duquel cinq ont des blessures d'intensité modérée et un très graves : vous pouvez consacrer votre journée
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10:24 - 10:28à traiter celui qui est gravement blessé
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10:28 - 10:32mais alors les cinq autre mourraient, ou vous pouvez veiller sur les cinq, les remettre d’aplomb, mais
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10:32 - 10:35pendant tout ce temps celui qui est gravement blessé
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10:35 - 10:36mourrait.
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10:36 - 10:38Combien sauveraient
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10:38 - 10:40les cinq
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10:40 - 10:41maintenant en tant que médecin ?
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10:41 - 10:44Combien sauveraient l'homme seul ?
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10:44 - 10:46Peu de gens,
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10:46 - 10:49je ne vois qu'une poignée de gens.
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10:49 - 10:51Pour la même raison, je suppose :
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10:51 - 10:56une vie contre cinq.
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10:56 - 10:57Considérons maintenant
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10:57 - 10:59un autre cas médical
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10:59 - 11:02cette fois vous êtes un chirurgien chargé d'une greffe
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11:02 - 11:06et vous avez cinq patients nécessitant désespérément la greffe
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11:06 - 11:10d'un organe pour survivre
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11:10 - 11:12l'un a besoin d'un coeur, l'autre d'un poumon,
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11:12 - 11:14l'autre d'un rein,
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11:14 - 11:15l'autre d'un foie,
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11:15 - 11:17et le cinquième
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11:17 - 11:20d'un pancréas.
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11:20 - 11:23Et vous n'avez aucun donneur d'organe à disposition
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11:23 - 11:25vous êtes sur le point
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11:25 - 11:28de les voir tous mourir
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11:28 - 11:29et alors
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11:29 - 11:31vous entendez
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11:31 - 11:32que dans la pièce à côté
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11:32 - 11:36il y a un homme sain qui vient pour un examen général de santé
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11:39 - 11:44et il est en train...
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11:44 - 11:47-vous aimez ça !-
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11:47 - 11:51... il est en train de faire une sieste.
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11:53 - 11:57Vous pourriez donc intervenir très tranquillement...
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11:57 - 12:01lui piquer cinq organes, ce qui entraînerait sa mort, ...
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12:01 - 12:03... mais vous pourriez en sauver cinq.
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12:03 - 12:10Combien le feraient ? Personne ?
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12:10 - 12:17Combien ? Levez la main si vous le feriez.
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12:18 - 12:22Personne au balcon ?
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12:22 - 12:24Vous le feriez ? Attention, ne vous penchez pas trop.
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12:26 - 12:29Combien refuseraient de le faire ?
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12:29 - 12:30Très bien.
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12:30 - 12:34Prenez la parole au niveau du balcon, que diriez-vous, vous
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12:34 - 12:36qui vous empareriez des organes, pourquoi ?
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12:36 - 12:39En fait, je voudrais envisager une éventualité
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12:39 - 12:40un peu différente, qui consiste à ne prendre qu'à l'un
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12:40 - 12:44des cinq qui a besoin d'un organe, et qui meurt en premier,
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12:44 - 12:50puis d'utiliser ses 4 organes sains pour sauver les autres quatre personnes.
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12:50 - 12:55C'est une très bonne idée.
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12:55 - 12:58Une excellente idée même,
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12:58 - 13:00si l'on excepte le fait
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13:00 - 13:06que vous venez de démolir le point philosophique.
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13:06 - 13:07Prenons un peu de distance
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13:07 - 13:10avec ces histoires et ces discussions
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13:10 - 13:13pour remarquer une série de choses
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13:13 - 13:18sur la manière dont les arguments ont commencé à être exposé.
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13:18 - 13:19Certains
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13:19 - 13:20principes moraux
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13:20 - 13:23ont déjà commencé à émerger
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13:23 - 13:26des discussions que nous venons d'avoir
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13:26 - 13:28et essayons d'examiner
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13:28 - 13:30à quoi ces principes moraux
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13:30 - 13:31ressemblent.
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13:31 - 13:36Le 1er principe moral qui a émergé de la discussion dit
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13:36 - 13:39que la bonne action, l'action morale
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13:39 - 13:43dépend des conséquences qui vont résulter
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13:43 - 13:45d'une action
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13:45 - 13:47au bout du compte
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13:47 - 13:49mieux vaut que cinq personnes vivent
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13:49 - 13:52même si une doit mourir.
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13:52 - 13:54Il s'agit d'un exemple
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13:54 - 13:56de raisonnement moral
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13:56 - 13:59"conséquentialiste".
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13:59 - 14:04Un raisonnement conséquentialiste situe la moralité d'une action dans ses conséquences,
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14:04 - 14:07dans l'état du monde qui va résulter
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14:07 - 14:09de ce que vous accomplissez.
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14:09 - 14:13Mais, un peu plus tard, nous avons envisagé d'autres cas
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14:13 - 14:15et les gens n'étaient alors plus tellement sûrs
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14:15 - 14:17de la validité
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14:17 - 14:21du raisonnement moral conséquentialiste.
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14:21 - 14:22Quand les gens ont hésité
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14:22 - 14:24à pousser le gros homme
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14:24 - 14:26par-dessus le pont
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14:26 - 14:29ou à chiper les organes d'un innocent
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14:29 - 14:30patient
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14:30 - 14:32Certains d'entre vous ont désigné
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14:32 - 14:34des raisons
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14:34 - 14:35qui concernent
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14:35 - 14:37la qualité intrinsèque
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14:37 - 14:39d'un acte
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14:39 - 14:41en lui-même
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14:41 - 14:43indépendamment des conséquences.
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14:43 - 14:45Des gens étaient réticents
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14:45 - 14:48d'autres pensaient que c'était simplement une mauvaise chose
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14:48 - 14:49une chose catégoriquement mauvaise
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14:49 - 14:50de tuer
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14:50 - 14:51une personne
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14:51 - 14:54une personne innocente
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14:54 - 14:55même pour la cause
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14:55 - 14:56du sauvetage
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14:56 - 14:58de cinq vies. Tout au moins, ces personnes ont pensé cela
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14:58 - 15:01dans la seconde version
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15:01 - 15:05de chaque histoire que nous avons réexaminée.
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15:05 - 15:07Par conséquent, cela réfère
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15:07 - 15:10à une seconde
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15:10 - 15:11manière
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15:11 - 15:13catégorique
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15:13 - 15:15de penser
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15:15 - 15:16le raisonnement moral.
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15:16 - 15:22Le raisonnement moral catégorique identifie la moralité à des exigences morales absolues
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15:22 - 15:24concernant certains devoirs et droits catégoriques
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15:24 - 15:27sans prendre en compte les conséquences.
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15:27 - 15:29Ce que nous allons examiner dans
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15:29 - 15:33les jours et semaines qui viennent, c'est le contraste entre
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15:33 - 15:37les principes moraux conséquentialistes et catégoriques.
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15:37 - 15:38Le plus influent
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15:38 - 15:40des exemples de
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15:40 - 15:46raisonnement moral conséquentialiste est l'utilitarisme, une doctrine inventée par
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15:46 - 15:51Jérémie Benthan, philosophe politique anglais du XVIIIème siècle.
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15:51 - 15:54Le plus important
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15:54 - 15:57des philosophes du raisonnement moral catégorique
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15:57 - 15:58est un philosophe allemand du XVIIIème :
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15:58 - 16:03Emmanuel Kant
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16:03 - 16:04Nous allons donc examiner
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16:04 - 16:07ces deux modes différents de raisonnement moral
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16:07 - 16:08les évaluer
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16:08 - 16:11mais aussi en considérer d'autres.
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16:11 - 16:16Si vous jeter un oeil sur le programme d'études, vous constaterez que nous allons lire un certain nombre de livres grands et fameux...
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16:16 - 16:18... par Aristote
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16:18 - 16:20... John Locke
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16:20 - 16:22Emmanuel Kant, John Stuart Mill
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16:22 - 16:24et d'autres.
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16:24 - 16:28Vous remarquerez d'après ce prgramme que nous ne nous contenterons pas de lire ces livres
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16:28 - 16:30mais aussi
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16:30 - 16:32de nous préoccuper
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16:32 - 16:37de controverses politiques et juridiques actuelles qui soulèvent des questions philosophiques.
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16:37 - 16:40Nous débattrons d'égalité et d'inégalité,
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16:40 - 16:41de discrimination positive,
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16:41 - 16:44de la liberté d'opinion opposée au discours de haine,
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16:44 - 16:47du mariage entre personnes de même sexe, de conscription militaire,
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16:47 - 16:51tout un champ de questions pratiques, qui ne sont pas
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16:51 - 16:55simplement destinées à égayer ces livres anciens et abstraits
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16:55 - 17:01mais pour rendre clair et distinct ce qui est en jeu dans nos vies quotidiennes,
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17:01 - 17:04vie politique inclue,
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17:04 - 17:06pour la philosophie.
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17:06 - 17:08Nous allons donc lire ces livres
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17:08 - 17:10et nous allons débattre
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17:10 - 17:15de ces problèmes et voir comment ils se nourrissent et s'éclairent mutuellement.
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17:15 - 17:18Tout cela pourrait sembler assez séduisant
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17:18 - 17:19mais c'est le moment
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17:19 - 17:23pour moi de formuler un avertissement
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17:23 - 17:25et cet avertissement est le suivant :
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17:25 - 17:28lire ces livres
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17:28 - 17:32ainsi
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17:32 - 17:34est une épreuve en matière de connaissance de soi
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17:34 - 17:39les lire de cette façon implique des risques,
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17:39 - 17:42qui sont aussi bien personnels que politiques,
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17:42 - 17:48des risques que connaît tout étudiant de philosophie politique.
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17:48 - 17:51Ces risques proviennent du fait
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17:51 - 17:53que la philosophie
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17:53 - 17:54nous élève
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17:54 - 17:56et nous bouscule
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17:56 - 18:01en nous confrontons à ce que nous connaissons déjà.
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18:01 - 18:03Là est le paradoxe :
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18:03 - 18:10la difficulté de ce cours consiste dans le fait qu'il nous enseigne ce que nous savons déjà.
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18:10 - 18:12Il fonctionne en extrayant
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18:12 - 18:16ce que nous savons de situations familières non mises en question
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18:16 - 18:20et les rend étranges.
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18:20 - 18:22C'est de cette manière que nos cas fonctionnaient
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18:22 - 18:23en travaillant
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18:23 - 18:29avec les hypothèses avec lesquelles nous avons commencé, et leur mélange d'enjouement et de sobriété.
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18:29 - 18:34C'est également la manière dont les livres philosophiques fonctionnent.
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18:34 - 18:36La philosophie nous éloigne
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18:36 - 18:38du familier
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18:38 - 18:40non pas en nous procurant de nouvelles informations
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18:40 - 18:42mais en nous invitant
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18:42 - 18:44et nous stimulant
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18:44 - 18:47à voir de façons nouvelles.
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18:47 - 18:50Mais, et là réside le risque,
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18:50 - 18:51une fois
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18:51 - 18:54que le familier se brouille
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18:54 - 18:58il ne redevient plus jamais le même.
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18:58 - 19:00La connaissance de soi
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19:00 - 19:03est comme l'innocence perdue
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19:03 - 19:05aussi déstabilisante
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19:05 - 19:06puissiez vous la trouver
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19:06 - 19:07on ne peut jamais
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19:07 - 19:10défaire la pensée
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19:10 - 19:13ou la rendre inconnue.
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19:13 - 19:17Ce qui rend cette entreprise difficile
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19:17 - 19:20mais également captivante
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19:20 - 19:21c'est que
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19:21 - 19:25la philosophie morale et politique est une histoire.
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19:25 - 19:29Vous ne savez pas comment elle finit, mais ce que vous savez
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19:29 - 19:31c'est que cette histoire
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19:31 - 19:34c'est la vôtre.
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19:34 - 19:37Voilà pour les risques personnels.
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19:37 - 19:40Voyons maintenant les risques politiques.
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19:40 - 19:43L'une des manière d'introduire un cours tel que celui-ci
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19:43 - 19:45serait de vous promettre
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19:45 - 19:46qu'en lisant ces livres
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19:46 - 19:48et en débattant de ces problèmes
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19:48 - 19:52vous allez devenir des citoyens meilleurs et plus responsables.
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19:52 - 19:56Vous allez examiner les présupposés qui sous-tendent la politique publique, vous allez affiner
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19:56 - 19:57votre jugement politique
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19:57 - 20:03vous allez devenir un acteur plus efficient dans le domaine des affaires publiques
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20:03 - 20:07mais ce serait là une promesse partielle et trompeuse.
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20:07 - 20:11La philosophie politique, pour l'essentiel, n'a jamais fonctionné ainsi.
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20:11 - 20:15Vous devez accepter l'éventualité selon laquelle
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20:15 - 20:19la philosophie politique va faire de vous de plus mauvais
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20:19 - 20:22plutôt que de meilleurs citoyens,
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20:22 - 20:24ou, au moins, d'abord un moins bon citoyen,
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20:24 - 20:26avant de vous rendre
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20:26 - 20:28meilleurs.
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20:28 - 20:30La raison en est que la philosophie
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20:30 - 20:33est une activité de distanciation
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20:33 - 20:35parfois débilitante.
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20:35 - 20:37...
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20:37 - 20:38Vous pourrez le constater
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20:38 - 20:40en revenant à Socrate
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20:40 - 20:42et son dialogue, le Gorgias,
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20:42 - 20:45où l'un des amis de Socrate,
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20:45 - 20:46Calliclès
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20:46 - 20:47essaye de le détourner
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20:47 - 20:50de l'activité de la philosophie.
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20:50 - 20:54Calliclès dit à Socrate que la philosophie est un charmant jeu
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20:54 - 20:58à condition de ne s'y vouer qu'avec modération et au bon moment de la vie
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20:58 - 21:04mais que si l'on s'en préoccupe au-delà, c'est la ruine absolue.
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21:04 - 21:07Suis mon conseil, dit Calliclès
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21:07 - 21:08renonce à l'argumentation
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21:08 - 21:12découvre les réalisations d'une vie active,
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21:12 - 21:17prend pour modèle les gens qui consacrent leur existence, non pas à ces arguties insignifiantes
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21:17 - 21:20mais ceux qui ont de bons moyens d'existence et une réputation
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21:20 - 21:22et bien d'autres qualités.
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21:22 - 21:27Ce que Calliclès dit véritablement à Socrate c'est :
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21:27 - 21:29délaisse la philosophie
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21:29 - 21:31reviens à la réalité
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21:31 - 21:35va faire une école de gestion !
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21:35 - 21:38Et Calliclès a raison sur un point
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21:38 - 21:40Il a raison
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21:40 - 21:42car la philosophie nous met à distance
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21:42 - 21:45des conventions, des présupposés établis
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21:45 - 21:47et des croyances installées,
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21:47 - 21:49tels sont les risques,
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21:49 - 21:50personnels et politiques
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21:50 - 21:54et face à ces risques, il existe un moyen typique de se dérober
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21:54 - 21:57le nom pour cette dérobade, c'est le scepticisme. C'est une idée
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21:57 - 21:59qui consiste à dire à peu près ceci :
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21:59 - 22:04"nous n'avons pas résolu, une fois pour toutes,..."
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22:04 - 22:10"... aucun des cas ou principes sur lesquels nous avons débattu depuis le début ..."
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22:10 - 22:11"... et si Aristote ..."
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22:11 - 22:17"... Locke, Kant ou Mill n'ont pas trouvé la solution à ces questions après toutes ces années ..."
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22:17 - 22:20" ... qui sommes-nous pour avoir la prétention de penser ..."
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22:20 - 22:24" nous qui sommes ici dans l'amphithéâtre Sander pour un semestre"
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22:24 - 22:26"que nous pourrions les résoudre"
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22:26 - 22:29"Peut-être s'agit-il d'un sujet"
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22:29 - 22:34"sur lequel chaque personne peut avoir ses propres principes personnels et sur lequel rien ne peut être dit de plus"
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22:34 - 22:34"Cela ne sert à rien"
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22:34 - 22:37"de raisonner !"
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22:37 - 22:38Voilà la dérobade
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22:38 - 22:39C'est l'échappatoire du scepticisme,
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22:39 - 22:41à laquelle j'aimerais opposer
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22:41 - 22:43la réponse suivante :
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22:43 - 22:44il est vrai
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22:44 - 22:48que ces questions sont débattues depuis très longtemps
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22:48 - 22:49mais le fait même
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22:49 - 22:53qu'elles ne cessent de durer et de se reposer
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22:53 - 22:55pourrait signifier
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22:55 - 22:57que bien qu'elles soient insolubles en un sens
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22:57 - 23:00elles sont inévitables en un autre sens
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23:00 - 23:02et la raison pour laquelle elles sont inévitables
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23:02 - 23:06est que nous vivons quotidiennement selon une forme de réponse
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23:06 - 23:10à ces questions.
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23:10 - 23:16Le scepticisme, qui consiste à se résigner et à renoncer à toute réflexion en matière morale,
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23:16 - 23:18n'est pas la solution
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23:18 - 23:20Emmanuel Kant
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23:20 - 23:24a très bien décrit le problème du scepticisme quand il écrivit
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23:24 - 23:26qu'il s'agit d'un lieu de repos pour la raison humaine :
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23:26 - 23:29un lieu où il peut réfléchir sur ses errements dogmatiques
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23:29 - 23:33mais où on ne peut installer une résidence permanente.
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23:33 - 23:36Selon Kant, le fait d’acquiescer au scepticisme...
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23:36 - 23:43... ne pourra jamais suffire à satisfaire notre raison insatiable.
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23:43 - 23:47Au travers de ces histoires et de ces arguments, j'ai cherché à donner
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23:47 - 23:50une certaine idée des risques et tentations,
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23:50 - 23:56des périls et des possibilités. Je concluerais simplement en disant
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23:56 - 23:58que le but de ce cours
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23:58 - 24:00est de réveiller
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24:00 - 24:02ce caractère insatiable de la raison
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24:02 - 24:04et de voir où cela peut nous mener.
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24:04 - 24:11Merci beaucoup.
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24:15 - 24:17- Dans une situation désespérée ...
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24:17 - 24:21... vous devez faire ce que vous avez à faire pour survivre.
- Vous avez à faire ce que vous avez à faire, n'est-ce pas ? -
24:21 - 24:23Ce que vous
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24:23 - 24:24devez faire, d'abord,
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24:24 - 24:26si vous avez passé dix-neuf jours sans aucune nourriture
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24:26 - 24:33quelqu'un doit se sacrifier pour que les autres puissent survivre. Parfait, c'est très bien. Quel est votre nom ? Marcus.
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24:34 - 24:40Marcus. Que voulez-vous dire à Marcus ?
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24:40 - 24:45Dans la dernière séance
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24:45 - 24:47nous avons démarré
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24:47 - 24:49avec certaines histoires
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24:49 - 24:51des dilemmes moraux
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24:51 - 24:53sur des tramways
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24:53 - 24:55des docteurs
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24:55 - 24:56et des patients sains
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24:56 - 24:58susceptibles
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24:58 - 25:01de devenir victimes de transplantations d'organes.
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25:01 - 25:04Nous avons remarqué deux choses
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25:04 - 25:07à propos des arguments que nous avons échangés
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25:07 - 25:11La première concernait la manière dont nous débattions
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25:11 - 25:14Après des jugements sur des cas particuliers
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25:14 - 25:18nous avons essayé d'articuler les raisons et principes
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25:18 - 25:23qui sous-tendaient nos jugements
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25:23 - 25:25et nous les avons ensuite confrontés à un nouveau cas
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25:25 - 25:31qui nous a obligés à réexaminer ces principes
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25:31 - 25:34à les réviser à leur lumière mutuelles
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25:34 - 25:39et nous avons remarqué une certaine résistance inhérente à nos efforts pour mettre en cohérence
-
25:39 - 25:42nos jugements sur des cas particuliers
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25:42 - 25:44et les principes que nous serions prêts à approuver.
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25:44 - 25:46Après réflexion
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25:46 - 25:51nous avons relevé un point concernant l'essence des arguments
-
25:51 - 25:55qui ont émergé de la discussion.
-
25:55 - 26:01Nous avons remarqué que parfois nous étions tentés de situer la moralité d'un acte à ses conséquences
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26:01 - 26:07dans les résultats, l'état du monde qui en sort.
-
26:07 - 26:09C'est ce qu'on appelle le raisonnement
-
26:09 - 26:12moral conséquentialiste.
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26:12 - 26:13Mais nous avons aussi remarqué que
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26:13 - 26:16dans certains cas
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26:16 - 26:19nous n'étions pas simplement déterminés
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26:19 - 26:22par les résultats.
-
26:22 - 26:23Parfois
-
26:23 - 26:25un grand nombre d'entre nous pensons
-
26:25 - 26:32que ce ne sont pas simplement les conséquences, mais aussi la qualité ou le caractère intrinsèque d'une action
-
26:32 - 26:35qui comptent moralement.
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26:35 - 26:41Certains ont soutenu que certaines choses sont simplement catégoriquement mauvaises
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26:41 - 26:43même si elles débouchent
-
26:43 - 26:44sur un bon résultat.
-
26:44 - 26:45Même
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26:45 - 26:47si elles conduisent à sauver cinq personnes
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26:47 - 26:50au prix d'une seule.
-
26:50 - 26:53Nous avons donc opposé les principes moraux
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26:53 - 26:55conséquentialiste
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26:55 - 26:58avec les catégoriques.
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26:58 - 27:00Aujourd'hui
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27:00 - 27:01et au cours des quelques prochaines journées
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27:01 - 27:07nous allons commencer à examiner
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27:07 - 27:09l'une des versions les plus influentes
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27:09 - 27:11de la théorie morale du conséquentialisme.
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27:11 - 27:16Il s'agit de la philosophie utilitariste.
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27:16 - 27:17Jérémie Bentham
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27:17 - 27:19le philosophe politique anglais
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27:19 - 27:22du XVIIIème siècle
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27:22 - 27:23a donné
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27:23 - 27:27la première expression systématique clair
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27:27 - 27:29à la théorie morale
-
27:29 - 27:32utilisariste.
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27:32 - 27:36Et l'idée de Bentham
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27:36 - 27:38son idée essentielle
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27:38 - 27:43est très simple.
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27:43 - 27:45avec moralement beaucoup
-
27:45 - 27:46d'attrait intuitif.
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27:46 - 27:48...
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27:48 - 27:50L'idée clé de Benthma est
-
27:50 - 27:52la suivante :
-
27:52 - 27:54la bonne action
-
27:54 - 27:58l'action juste
-
27:58 - 27:59consiste
-
27:59 - 28:01à maximiser
-
28:01 - 28:02l'utilité.
-
28:02 - 28:06Qu'entend-il par "utilité" ?
-
28:06 - 28:11Il entend l'équilibre
-
28:11 - 28:14du plaisir sur la douleur
-
28:14 - 28:17du bonheur sur la souffrance.
-
28:17 - 28:18Voici comment nous sommes arrivés
-
28:18 - 28:19au principe
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28:19 - 28:22de maximisation de l'utilité.
-
28:22 - 28:24Il commence par observer
-
28:24 - 28:26que nous tous
-
28:26 - 28:28les êtres humains
-
28:28 - 28:31sommes gouvernés par deux maîtres souverains
-
28:31 - 28:35le plaisir et la peine
-
28:35 - 28:37Nous, êtres humains,
-
28:37 - 28:42aimons le plaisir et réprouvons la peine
-
28:42 - 28:46et donc nous devrions fonder la moralité
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28:46 - 28:49qu'il s'agisse de penser ce que nous devons faire dans nos propres vies
-
28:49 - 28:50ou en tant
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28:50 - 28:53comme législateurs ou citoyens
-
28:53 - 28:57quand nous réfléchissons aux lois qui devraient exister,
-
28:57 - 29:02la bonne chose à faire individuellement ou collectivement
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29:02 - 29:06est d'agir en sorte de maximimiser
-
29:06 - 29:08le niveau général
-
29:08 - 29:12de bonheur.
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29:12 - 29:15L'utilitarisme de Bentham est souvent résumé par le slogan
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29:15 - 29:19le plus grand bien pour le plus grand nombre.
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29:19 - 29:20Munis de ce principe basique
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29:20 - 29:23de l'utilité
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29:23 - 29:26commençons pas le mettre à l'épreuve et l'examiner
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29:26 - 29:28en nous intéressant à un autre cas
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29:28 - 29:31une autre histoire, mais cette fois
-
29:31 - 29:33pas une histoire hypothétique
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29:33 - 29:34une histoire tirée de l'histoire réelle.
-
29:34 - 29:35Il s'agit du cas
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29:35 - 29:38de la Reine contre Dudley et Stephens.
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29:38 - 29:42Il s'agit d'un cas de jurisprudence anglais du XVIIIème siècle
-
29:42 - 29:44qui est très célèbre
-
29:44 - 29:48et largement débattu dans les écoles de droit.
-
29:48 - 29:50Voici ce qui s'est passé dans ce cas
-
29:50 - 29:52Je vais d'abord résumer l'affaire
-
29:52 - 29:55et ensuite j'aimerais entendre la façon
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29:55 - 29:58dont vous rendriez votre jugement
-
29:58 - 30:04en imaginant que vous soyez jurés.
-
30:04 - 30:06Un compte-rendu d'un journal de l'époque
-
30:06 - 30:09décrit le contexte:
-
30:09 - 30:11la triste histoire d'un désastre en mer
-
30:11 - 30:13qui n'a jamais été racontée
-
30:13 - 30:15que par les survivants du voilier
-
30:15 - 30:16Mignonette.
-
30:16 - 30:19Le bateau a coulé dans l'Atlantique sud
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30:19 - 30:22à plus de 2000km du cap.
-
30:22 - 30:24Il y avait 4 personnes dans l'équipage
-
30:24 - 30:26Dudley le capitaine
-
30:26 - 30:28Stephen, le premier adjoint
-
30:28 - 30:30Brooks le marin
-
30:30 - 30:31Tous hommes
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30:31 - 30:32d'excellent caractère
-
30:32 - 30:34selon ce que le rapport du journal
-
30:34 - 30:36nous raconte.
-
30:36 - 30:39La quatrième membre, l'homme de cabine,
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30:39 - 30:40Richard Parker
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30:40 - 30:43avait 17 ans.
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30:43 - 30:45C'était un orphelin
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30:45 - 30:47il n'avait aucune famille
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30:47 - 30:51et c'était son premier long voyage en mer.
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30:51 - 30:54Selon le compte-rendu, il s'oppose
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30:54 - 30:57aux conseils de ses amis.
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30:57 - 31:00Il part avec les espoirs d'une jeune ambition
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31:00 - 31:03estimant que le voyage ferait de lui un homme.
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31:03 - 31:05Malheureusement, cela n'allait pas être le cas,
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31:05 - 31:08les faits de l'affaire ne faisaient pas l'objet d'un débat
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31:08 - 31:09une vague a balayé le bateau
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31:09 - 31:12et la Mignonette a coulé.
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31:12 - 31:15Les quatre membre de l'équipage s'échappent sur un canot de sauvetage
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31:15 - 31:16la seule
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31:16 - 31:18nourriture dont ils disposent
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31:18 - 31:20consistait en deux
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31:20 - 31:21conserves
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31:21 - 31:22de navets
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31:22 - 31:24sans eau propre
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31:24 - 31:27Pendant les trois premiers jours, ils ne mangent rien.
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31:27 - 31:30Au quatrième jour, ils ouvrent l'une des boîtes de navets
-
31:30 - 31:32et la mangent.
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31:32 - 31:34Le jour suivant, ils attrapent une tortue
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31:34 - 31:37ensemble avec l'autre boîte de navets.
-
31:37 - 31:39La tortue
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31:39 - 31:40leur permet de subsister
-
31:40 - 31:43pendant les quelques jours suivants, mais ensuite pendant huit jours
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31:43 - 31:44ils n'ont plus rien
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31:44 - 31:47ni nourriture, ni eau.
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31:47 - 31:50Mettez-vous dans une situation telle que celle-ci :
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31:50 - 31:53qu'auriez-vous fait ?
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31:53 - 31:55Voici ce qu'ils firent.
-
31:55 - 32:01Entre temps, Parker, le mousse de cabine est étendu au fond du canot de sauvetage dans un coin
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32:01 - 32:03parce qu'il a bu de l'eau de mer
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32:03 - 32:05contre le conseil de ses compagnons
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32:05 - 32:07Il est tombé malade
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32:07 - 32:11et semble être en train de mourir
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32:11 - 32:15si bien qu'au dix-neuvième jour, le capitaine Dudley propose
-
32:15 - 32:17qu'ils devraient tous
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32:17 - 32:19tirer au sort
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32:19 - 32:20pour voir qui
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32:20 - 32:21devrait mourir
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32:21 - 32:24pour sauver les autres.
-
32:24 - 32:25Brooks
-
32:25 - 32:27refuse.
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32:27 - 32:29Il n'aime pas cette idée de loterie.
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32:29 - 32:31Nous ignorons si
-
32:31 - 32:36c'était parce qu'il ne voulait pas courir le risque ou parce qu'il adhérait à des principes moraux catégoriques
-
32:36 - 32:37...
-
32:37 - 32:39mais en tout cas
-
32:39 - 32:42aucun tirage au sort n'eut lieu.
-
32:42 - 32:43Le jour suivant
-
32:43 - 32:45toujours aucun bateau en vue
-
32:45 - 32:48alors Dudley demanda à Brooks de détourner le regard
-
32:48 - 32:51et il fit signe à Stephens
-
32:51 - 32:54que le mousse Parker devait être tué.
-
32:54 - 32:56Dudley récite une prière
-
32:56 - 32:58dit au jeune homme que son temps est venu
-
32:58 - 33:01et le tue avec un canif
-
33:01 - 33:04d'un coup dans la veine jugulaire.
-
33:04 - 33:10Brooks finit par renoncer à son objection de conscience concernant le partage de l'horrible butin.
-
33:10 - 33:11Pendant quatre jours
-
33:11 - 33:15trois d'entre eux se nourissent du corps et du sang du mousse.
-
33:15 - 33:17Il s'agit d'une histoire vraie.
-
33:17 - 33:19Ils sont alors sauvés.
-
33:19 - 33:23Dudley décrit leur sauvetage
-
33:23 - 33:25dans son journal
-
33:25 - 33:28avec un euphémisme stupéfiant, je cite :
-
33:28 - 33:30"Au 20 ème jour,
-
33:30 - 33:35alors que nous petit-déjeunions [rires]
-
33:35 - 33:39un bateau apparaît enfin."
-
33:39 - 33:44Les trois survivants sont récupérés par un bateau allemand. Ils sont rapatriés à Falmouth en Angleterre
-
33:44 - 33:47où ils sont arrêtés et jugés
-
33:47 - 33:48Brooks
-
33:48 - 33:50devient témoin pour l'Etat
-
33:50 - 33:54Dudley et Stephen sont jugés. Ils ne remettent pas en cause les faits
-
33:54 - 33:55ils avancent
-
33:55 - 33:58qu'ils ont agi par nécessité.
-
33:58 - 33:59Telle était leur défense :
-
33:59 - 34:01ils avancent en effet
-
34:01 - 34:03qu'il vaut mieux qu'un seul meure
-
34:03 - 34:06pour que trois puissent survivre.
-
34:06 - 34:09Le procureur
-
34:09 - 34:11ne suit pas cette argumentation :
-
34:11 - 34:13il dit qu'un meurtre est un meurtre
-
34:13 - 34:16et donc le cas est jugé.
Imaginez que vous êtes les jurés -
34:16 - 34:19et simplement aux fins de simplifier la discussion
-
34:19 - 34:22faites abstraction de la question de droit
-
34:22 - 34:23et supposons qu'en tant
-
34:23 - 34:26que jury
-
34:26 - 34:28vous êtes chargés de décider
-
34:28 - 34:31si ce qu'ils ont accompli était moralement
-
34:31 - 34:34acceptable ou non.
-
34:34 - 34:37Combien d'entre vous
-
34:37 - 34:40voreraient
-
34:40 - 34:47non coupable, estimant que ce qu'il ont fait était moralement acceptable ?
-
34:50 - 34:52Et combien d'entre vous voteraient coupable
-
34:52 - 34:55en disant qu'ils ont mal agi moralement ?
-
34:55 - 34:58Un majorité assez importante.
-
34:58 - 35:04Maintenant examinons ce que sont les raisons des uns et des autres, en commençant par ceux qui sont dans la minorité.
-
35:04 - 35:08Ecoutons d'abord
-
35:08 - 35:10les défenseurs de Dudley et Stephens.
-
35:10 - 35:14Pourquoi les exonéreriez ?
-
35:14 - 35:18Quelles sont vos raisons ?
-
35:18 - 35:21Je pense que l'acte est moralement condamnable
-
35:21 - 35:24mais je pense qu'il existe une différence entre ce qui est moralement réprehensible
-
35:24 - 35:27et ce qui vous rend légalement responsable.
-
35:27 - 35:31En d'autres termes, comme le juge le disait, ce qui est toujours moral n'est pas nécessairement
-
35:31 - 35:35contraire à la loi et même si je ne pense pas que la nécessité
-
35:35 - 35:36puisse justifier
-
35:36 - 35:39le vol, le meurtre ou tout autre acte illégal
-
35:39 - 35:44à un certain point, le degré de nécessité qui est le vôtre
-
35:44 - 35:46vous exonère de tout sentiment de culpabilité. Ok.
-
35:46 - 35:51Y a-t-il d'autres défenseurs, d'autres voix pour la défense ?
-
35:51 - 35:53Des justifications morales de
-
35:53 - 35:57ce qu'ils ont fait ?
-
35:57 - 35:58Oui, merci
-
35:58 - 35:59...
-
35:59 - 36:00J'ai simplement le sentiment
-
36:00 - 36:03qu'en une situation aussi désespérée vous devez faire ce que vous avez à faire pour survivre.
-
36:03 - 36:05Vous avez à faire à ce que vous avez à faire
-
36:05 - 36:07ouais, c'est ça tu dois faire ce que tu dois faire
-
36:07 - 36:08Si vous avez vécu
-
36:08 - 36:10dix-neuf jours sans nourriture
-
36:10 - 36:15vous savez que quelqu'un doit simplement être sacrifié, doit faire des sacrifices pour que les gens puissent survivre
-
36:15 - 36:16et en plus de cela
-
36:16 - 36:21disons que s'ils survivent et deviennent alors des membres qui contribuent à la société, qui rentrent dans leur patrie et qui établissent disons
-
36:21 - 36:26un million d'organisations charitables et ceci ou cela, eh bien je pense qu'au bout du compte tout le monde en profite.
-
36:26 - 36:29Au fond, je ne sais pas ce qu'ils ont fait par la suite, au fond ils pourraient
-
36:29 - 36:30avoir continué en tuant plus de gens
-
36:30 - 36:33mais peu importe.
-
36:33 - 36:36Comment ? Et si ils rentrent chez eux et s'avèrent être des assassins ?
-
36:36 - 36:39Et s'ils rentrent chez eux et s'avèrent être des assassins ?
-
36:39 - 36:43Vous chercheriez sans doute à savoir qui ils ont assassionés.
-
36:43 - 36:46C'est vrai aussi, c'est acceptable.
-
36:46 - 36:50Je chercherais à savoir qui ils ont assassinés.
-
36:50 - 36:51OK, c'est intéressant. Quel est votre nom ? Marcus.
-
36:51 - 36:52Nous venons d'entendre la défense
-
36:52 - 36:54deux voix pour la défense
-
36:54 - 36:56Maintenant il faut que nous entendions
-
36:56 - 36:57l'accusation
-
36:57 - 36:59La plupart des gens pensent
-
36:59 - 37:05que ce qu'ils ont fait était une mauvaise action, pourquoi ?
-
37:05 - 37:10Au départ mon premier mouvement était de penser, oh après tout, il n'ont pas pu manger pendant un très long moment
-
37:10 - 37:11peut-être
-
37:11 - 37:12alors
-
37:12 - 37:15que leurs facultés mentales étaient altérées
-
37:15 - 37:16ce qui pourrait être utilisé par la défense
-
37:16 - 37:21C'est un argument plausible : "oh
-
37:21 - 37:24puisqu'ils n'avaient plus tout leur jugement, ils ont pris
-
37:24 - 37:29des décisions qu'ils n'auraient jamais prises autrement".
Mais si cet argument est séduisant -
37:29 - 37:34cela suggère que les gens qui trouvent cet argument convaincant
-
37:34 - 37:36[estiment que ce n'est pas normalement l'acte d'un homme éclairé]
-
37:36 - 37:40Mais estimez-vous qu'ils agissent immoralement ? J'aimerais savoir ce que vous pensez. Vous êtes du côté de la défense.
-
37:40 - 37:41- ah non, désolé, vous avez voté pour qu'ils soient reconnus coupables.
- ouioui, je ne pense pas qu'ils ont agi d'une façon appropriée -
37:46 - 37:49sur le plan moral.
- Et pourquoi pas. Souvenez-vous de Marcus -
37:49 - 37:51il vient de les défendre,
-
37:51 - 37:53il disait
-
37:53 - 37:54vous avez entendu ce qu'il disait,
-
37:54 - 37:55Oui, en effet
-
37:55 - 37:57Oui
-
37:57 - 38:00que vous aviez à faire ce que vous aviez à faire dans une situation comme celle-là
-
38:00 - 38:05Qu'avez-vous à répondre à Marcus ?
-
38:05 - 38:06Qu'ils n'avaient pas à faire cela,
-
38:06 - 38:13qu'il n'existe aucune situation qui autorise des êtres humains
-
38:14 - 38:18à forcer le destin ou à mettre la vie des gens entre leurs mains :
-
38:18 - 38:19nous n'avons pas ce type de pouvoir.
-
38:19 - 38:21Bien, ok.
-
38:21 - 38:24Merci, et quel est votre nom ?
-
38:24 - 38:25Britt? ok.
-
38:25 - 38:26Qui d'autre ?
-
38:26 - 38:28Qu'avez-vous à dire ? Levez-vous.
-
38:28 - 38:35Je me demandais si Dudley et Stephens avaient cherché le consentement de Richard Parker, dans le fait de mourir.
-
38:35 - 38:38Si cela était le cas
-
38:38 - 38:41cela les exonérerait-il
-
38:41 - 38:45d'un acte de meurtre, et si oui cela l'acte serait-il pour autant moralement justifiable ?
-
38:45 - 38:52C'est intéressant. Très bien. "Le consentement". Attendez un moment. Quel est votre nom ? Kathleen.
-
38:52 - 38:56Kathleen. Supposons que ce soit le cas, à quoi ce scénario ressemblerait-il ?
-
38:56 - 38:57L'histoire se déroulerait ainsi :
-
38:57 - 39:00Dudley est présent, avec son canif à la main,
-
39:00 - 39:03mais au lieu d'une prière
-
39:03 - 39:05ou avant la prière
-
39:05 - 39:08il dit à Parker
-
39:08 - 39:12est-ce que cela t’ennuierait s'il te plaît
-
39:12 - 39:14nous sommes désespérément affamés
-
39:14 - 39:18-et Marcus en est très touché-
-
39:18 - 39:20nous sommes désespérément affamés
-
39:20 - 39:22de toutes façons tu n'en as plus pour longtemps
-
39:22 - 39:23tu as l'opportunité de devenir un martyre
-
39:23 - 39:26Aimerais-tu devenir un martyre ?
-
39:26 - 39:29Qu'en penses-tu Parker ?
-
39:29 - 39:33Et alors, et alors...
-
39:33 - 39:38qu'en pensez-vous ? Cela serait-il justifiable ?
-
39:38 - 39:38Supposez que Parker
-
39:38 - 39:40dans sa semi-stupeur
-
39:40 - 39:42dise "très bien"
-
39:42 - 39:48Je ne pense pas que cela soit moralement légitime, mais je me pose la question.
- Même avec le consentement cela ne serait pas acceptable ? - Non. -
39:48 - 39:51Vous pensez donc que même avec le consentement
-
39:51 - 39:52cela ne serait pas défendable moralement .
-
39:52 - 39:55D'autres personnes sont-elles prêtes ici
-
39:55 - 39:56à reprendre l'idée de consentement
-
39:56 - 39:57de Kathleen
-
39:57 - 40:02mais qui pensent que cela rendrait l'acte moral ? Levez la main si vous pensez
-
40:02 - 40:06que ce serait le cas.
-
40:06 - 40:08C'est très intéressant.
-
40:08 - 40:09Pourquoi le consentement
-
40:09 - 40:16entraînerait-il une différence sur le plan moral ?
-
40:16 - 40:19En fait, je pense que ce n'est seulement qu'à la condition que cela soit son idée originale
-
40:19 - 40:21que ce soit lui qui ait commencé à avoir cette idée
-
40:21 - 40:24cela serait la seule situation dans laquelle je pense que le consentement serait véritable
-
40:24 - 40:26parce qu'ainsi personne ne pourrait dire qu'il
-
40:28 - 40:31a subi une pression, parce que le ratio était de trois
-
40:31 - 40:33contre un
-
40:33 - 40:34et je pense que
-
40:34 - 40:38s'il avait pris la décision d'offrir sa vie alors il aurait pris la responsabilité
-
40:38 - 40:43de se sacrifier par lui-même, ce que certains auraient trouvé admirable et d'autres
-
40:43 - 40:45condamnable.
-
40:45 - 40:49Autrement dit, c'est seulement s'il avait introduit l'idée
-
40:49 - 40:53que nous pourrions avoir confiance dans ce type de consentement.
-
40:53 - 40:55Moralement, cela serait alors acceptable.
-
40:55 - 40:57Autrement,
-
40:57 - 41:00cela serait une forme de consentement contraint par la violence
-
41:00 - 41:01des circonstances.
-
41:01 - 41:05C'est ce que vous pensez.
-
41:05 - 41:07Est-ce que quelqu'un pense
-
41:07 - 41:11que même le consentement de Parker
-
41:11 - 41:13ne justifierait
-
41:13 - 41:15pas son exécution ?
-
41:15 - 41:18Qui pense cela ?
-
41:18 - 41:20Oui, dites-nous pourquoi, levez-vous
-
41:20 - 41:21Je pense que Parker
-
41:21 - 41:22est tué
-
41:22 - 41:27avec l'espoir que les autres membres de l'équipages soient sauvés.
-
41:27 - 41:29Il n'y a donc pas de raison bien certaine pour les tuer
-
41:29 - 41:31puisqu'ils ne savent pas avec certitude
-
41:31 - 41:36si l'on viendra les sauver : il est donc possible qu'on le tue en vain.
-
41:36 - 41:38Va-t-on continuer un membre de l'équipe après l'autre jusqu'au sauvetage jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un...
-
41:38 - 41:40... au motif que quelqu'un mourra de toutes façons ?
-
41:40 - 41:44C'est bien ce qui semble être la logique de la situation :
-
41:44 - 41:46ils continueraient probablement
-
41:46 - 41:50à choisir le plus faible, l'un après l'autre,
-
41:50 - 41:52jusqu'à ce qu'ils soient
-
41:52 - 41:58sauvés, et dans notre cas alors que trois étaient encore vivants.
-
41:58 - 41:59Maintenant si
-
41:59 - 42:01si Parker avait bien donné son consentement
-
42:01 - 42:04tout serait-il bien selon vous ou pas ?
-
42:04 - 42:06Non, cela ne serait pas bien.
-
42:06 - 42:08Expliquez-nous alors pourquoi.
-
42:08 - 42:10Premièrement, le cannibalisme est selon moi
-
42:10 - 42:13moralement mauvais
-
42:13 - 42:15On ne doit donc pas manger un être humain de toutes façons.
-
42:15 - 42:17Donc
-
42:17 - 42:19si le cannibalisme est moralement répréhensible en-dehors de ce cas
-
42:19 - 42:22il l'est aussi dans le cas
-
42:22 - 42:25d'une personne qui attendrait la mort d'une personne
-
42:25 - 42:27il serait alors toujours condamnable
-
42:27 - 42:28Oui, à mes yeux
-
42:28 - 42:30j'ai le sentiment
-
42:30 - 42:31que tout dépend
-
42:31 - 42:35de la morale personnelle de chacun... on ne peut pas simplement... enfin ce n'est que mon opinion...
-
42:35 - 42:39bien sûr d'autres personnes vont me contredire...
-
42:39 - 42:41Ej bien, nous allons voir, écoutons en quoi ils sont en désaccord.
-
42:41 - 42:43Et alors nous verrons
-
42:43 - 42:44s'ils ont des raisons
-
42:44 - 42:46qui peuvent vous persuader ou non.
-
42:46 - 42:48Essayons ça.
-
42:48 - 42:50Voyons
-
42:50 - 42:53maintenant s'il y a quelqu'un
-
42:53 - 42:58qui peut expliquer, pour ceux qui sont tentés par le consentement,
-
42:58 - 43:00qui pourrait expliquer
-
43:00 - 43:02pourquoi le consentement produit
-
43:02 - 43:03une telle différence morale ?
-
43:03 - 43:06Que pensez-vous de l'idée du tirage au sort ?
-
43:06 - 43:09Est-ce que cela s'assimile à du consentement ? Souvenez-vous au départ
-
43:09 - 43:11Dudley a proposé une loterie
-
43:11 - 43:14supposez qu'ils se soient mis d'accord
-
43:14 - 43:16pour ce tirage au sort
-
43:16 - 43:17alors
-
43:17 - 43:21combien auraient estimé
-
43:21 - 43:24que ce serait bien. Supposons qu'il y ait ce tirage au sort,
-
43:24 - 43:25que le mousse ait perdu
-
43:25 - 43:32et que le reste de l'histoire en découle. Combien d'entre vous y verraient quelque chose de moralement acceptable ?
-
43:33 - 43:37Donc les chiffres montent quand on ajoute un tirage au sort ! Ecoutons l'un de ceux
-
43:37 - 43:42pour qui la loterie produit une différence morale
-
43:42 - 43:43Pourquoi donc ?
-
43:43 - 43:45Je pense que l'élément
-
43:45 - 43:46essentiel,
-
43:46 - 43:48qui constitue un crime est
-
43:48 - 43:54l'idée qu'ils ont décidé à un certain moment que leurs vies étaient plus importantes que la sienne, et cela
-
43:54 - 43:57je pense que c'est le fondement d'à peu près tout crime
-
43:57 - 43:58n'est-ce pas ? C'est un peu comme dire
-
43:58 - 44:02mes besoins, mes désirs sont plus importants que les tiens, les miens priment
-
44:02 - 44:05alors que s'ils avaient organisé un tirage au sort où chacun aurait consenti
-
44:05 - 44:06que l'un d'autre eux devrait mourir
-
44:06 - 44:09alors c'est d'une certaine façon comme s'ils se sacrifiaient tous eux-mêmes,
-
44:09 - 44:11pour sauver les autres.
-
44:11 - 44:13Alors tout serait pour le mieux ?
-
44:13 - 44:16Cela paraît un peu grotesque mais, ...
-
44:16 - 44:19... est-ce moralement acceptable ?
- Oui. -
44:19 - 44:23Quel votre nom ? Matt.
-
44:23 - 44:26Donc Matt
-
44:26 - 44:27ce qui vous contrarie, ce n'est pas
-
44:27 - 44:31le cannibalisme mais l'absence d'un processus régulier.
-
44:31 - 44:35Je suppose qu'on peut dire cela.
-
44:35 - 44:38Et est-ce qu'une personne qui serait d'accord avec Matt
-
44:38 - 44:40pourrait en dire un peu plus
-
44:40 - 44:41sur la raison pour laquelle
-
44:41 - 44:44un tirage au sort
-
44:44 - 44:47rendrait selon vous
-
44:47 - 44:51de la moralité à l'action ?
-
44:51 - 44:56Selon la manière dont j'ai compris la situation le problème provenait du fait que le mousse n'a jamais été
-
44:56 - 44:56consulté
-
44:56 - 45:00sur le fait que quelque chose lui arriverait ou non, et même dans
-
45:00 - 45:01le tirage au sort initial
-
45:01 - 45:04s'il en ferait partie au non. On a juste décidé pour lui
-
45:04 - 45:08qu'il allait être celui qui allait mourir.
- Oui c'est bien ce qui s'est passé dans le cas réel... -
45:08 - 45:12... mais s'il y avait eu ce tirage au sort et que tous se seraient mis d'accord sur la procédure ...
-
45:12 - 45:14pensez-vous que cela aurait été acceptable ?
-
45:14 - 45:16Oui, parce que tout le monde aurait conscient qu'il y aurait un mort
-
45:16 - 45:17alors
-
45:17 - 45:19que l'on sait que le mousse de cabine ne savait même pas
-
45:19 - 45:21qu'une discussion avait seulement lieu
-
45:21 - 45:22il n'y avait
-
45:22 - 45:24d'avertissement préalable
-
45:24 - 45:29qu'il lui aurait permis de savoir "hé, je pourrais être celui qui va mourir". Of, mais supposons maintenant que tout le monde approuve
-
45:29 - 45:35le principe de la loterie, qu'elle ait lieu, que le mousse perde et qu'il change alors d'avis.
-
45:35 - 45:41Il avait déjà pris une décision : il s'agit d'un accord verbal, sur lequel vous ne pouvez revenir. La décision fut prise.
-
45:41 - 45:45Vous savez que vous allez mourir pour permettre aux autres de vivre.
-
45:45 - 45:46Vous savez
-
45:46 - 45:48que si un autre que vous allait mourir
-
45:48 - 45:52vous l'auriez mangé, donc...
-
45:52 - 45:57Mais alors, il pourrait dire je le savais, mais j'ai perdu.
-
45:57 - 46:02Je pense que tout le problème moral tient au fait que le mousse n'a pas été consulté
-
46:02 - 46:04et le plus terrible
-
46:04 - 46:09est qu'il n'avait aucune idée de ce qui se tramait. S'il avait su
-
46:09 - 46:11cela aurait
-
46:11 - 46:13été un peu plus compréhensible.
-
46:13 - 46:15Parfait, j'aimerais maintenant entendre...
-
46:15 - 46:17Il y a donc ceux qui pensent
-
46:17 - 46:19que l'action est acceptable moralement
-
46:19 - 46:24mais seulement à peu près 20%
-
46:24 - 46:27conduits par Marcus
-
46:27 - 46:28il y a ensuite ceux qui disent
-
46:28 - 46:30que le véritable problème
-
46:30 - 46:33tient à l'absence de consentement
-
46:33 - 46:37qu'il s'agisse de l'absence de consentement au tirage au sort ou à une procédure réglée
-
46:37 - 46:39ou
-
46:39 - 46:40et c'est l'idée de Kathlenn
-
46:40 - 46:41l'absence de consentement
-
46:41 - 46:43au moment
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46:43 - 46:45de la mort.
-
46:45 - 46:48Si nous ajoutons ce consentement
-
46:48 - 46:49alors
-
46:49 - 46:52plus de gens sont prêts à envisager
-
46:52 - 46:55que le sacrifice est moralement justifié.
-
46:55 - 46:57Pour terminer, j'aimerais entendre
-
46:57 - 46:59ceux de vous qui pensent
-
46:59 - 47:00que même avec le consentement
-
47:00 - 47:02même avec une loterie
-
47:02 - 47:03et même avec
-
47:03 - 47:05un murmure
-
47:05 - 47:07de consentement final de Parker
-
47:07 - 47:08au derniers
-
47:08 - 47:09instants
-
47:09 - 47:11cela serait toujours
-
47:11 - 47:13mauvais sur le plan moral
-
47:13 - 47:14et pourquoi cela serait mauvais.
-
47:14 - 47:17Voilà ce que j'aimerais entendre.
-
47:17 - 47:19Eh bien pendant toute cette discussion
-
47:19 - 47:23je ne cesse de me rapprocher vers le raisonnement moral catégorique.
-
47:23 - 47:26Je pense qu'il
-
47:26 - 47:30y aurait une éventualité dans laquelle je pourrais approuver l'idée qu'une loterie ait lieu si le perdant
-
47:30 - 47:31se donnait lui-même
-
47:31 - 47:33la mort
-
47:33 - 47:34...
-
47:34 - 47:37Il n'y aurait donc de meurtre mais je persiste à penser
-
47:37 - 47:42que même dans ce cas, tout serait contraint et je ne pense pas non plus qu'un seul remord
-
47:42 - 47:43soit exprimé dans le journal de Dudley.
-
47:43 - 47:45"Nous )petit-déjeunons" :
-
47:45 - 47:48on dirait qu'il de ce gens d'état d'esprit
-
47:48 - 47:51qui nie la valeur de la vie d'un autre.
-
47:51 - 47:54Tout cela fait que
-
47:54 - 47:58je me sens le devoir d'adopter l'attitude catégorique. On a envie de lui le jeter son journal à la figure..
-
47:58 - 48:02... lorsqu'il manque de remords ou du moindre sentiment d'avoir commis quelque chose de mal.
- Très bien. -
48:02 - 48:07Parfait, y a-t-il d'autres
-
48:07 - 48:09défenseurs qui
-
48:09 - 48:13estiment que l'acte est catégoriquement mauvais, avec ou sans consentement. Oui, levez-vous. Pourquoi ?
-
48:13 - 48:17Je pense que notre société est indubitablement structurée selon l'idée qu'un meurtre est un meurtre
-
48:17 - 48:22un meurtre est un meurtre et ceci dans tous les cas où notre société l'envisage
-
48:22 - 48:25et je ne pense que cela change en fonction de la situation. OK, mais laissez-moi vous poser une question.
-
48:25 - 48:27Trois vies étaient en jeu
-
48:27 - 48:30contre une seule.
-
48:30 - 48:33Cette vie, c'est celle du mousse qui était sans famille
-
48:33 - 48:35sans personnes à charge
-
48:35 - 48:39alors que les autres avaient des familles et beaucoup de personnes à charge qui attendaient leur retour en Angleterre
-
48:39 - 48:41Epouses et enfants.
-
48:41 - 48:43Repensez à Bentham.
-
48:43 - 48:45Bentham soutient que nous devons prendre en considération
-
48:45 - 48:48le bien-être, l'utilité, le bonheur
-
48:48 - 48:51de tous. Il faut donc tout aditionner
-
48:51 - 48:55il ne s'agit pas que des chiffres "trois contre un",
-
48:55 - 48:59c'est aussi tous ces gens restés au pays.
-
48:59 - 49:01En fait, le journal londonien de l'époque, The Times,
-
49:01 - 49:04et l'opinion publique avaient de la sympathie pour eux
-
49:04 - 49:05Dudley et Stephens
-
49:05 - 49:08et le journal écrivait que s'il n'avaient pas
-
49:08 - 49:08été motivés
-
49:08 - 49:10par l'affection
-
49:10 - 49:13et le souci des personnes aimée ou à charge restées au pays, ils n'auraient sûrement pas
-
49:13 - 49:16fait cela.
- Oui, mais en quoi est-ce différent des gens -
49:16 - 49:17qui sont au coin de la rue
-
49:17 - 49:21et ont ce même désir de nourrir leur famille ? A mes yeux, cela n'est pas différent. Je pense que dans tous les cas,
-
49:21 - 49:25si je vous assassine pour améliorer mon état, il s'agit bien d'un meurtre et je pense que nous devons considérer toute
-
49:25 - 49:28cette situation à la même lumière. Au lieu de criminaliser
-
49:28 - 49:30certaines activités
-
49:30 - 49:34et considérer que certaines semblent plus violentes ou sauvages
-
49:34 - 49:37alors que dans ce même cas c'est exactement la même action et mentalité
-
49:37 - 49:40qui conduisent au meurtre, à savoir la nécessité de nourrir leurs familles.
-
49:40 - 49:43Supposez qu'ils n'étaient pas trois, mais trente
-
49:43 - 49:45ou 300,
-
49:45 - 49:47une vie pour en sauver trois-cents
-
49:47 - 49:48ou avec un peu plus de temps
-
49:48 - 49:50trois mille
-
49:50 - 49:51ou supposez que les enjeux soient encore plus grands.
-
49:51 - 49:53Supposez que les enjeux soient encore plus grands.
-
49:53 - 49:55Je pense que c'est toujours la même affaire.
-
49:55 - 49:58Estimez-vous que Bentham avait tort de dire que la bonne action
-
49:58 - 49:59consiste à aditionner
-
49:59 - 50:02le bonheur collectif. Pensez-vous qu'il s'est trompé sur ce sujet ?
-
50:02 - 50:07Je ne pense pas mais un meurtre est un meurtre dans tous les cas. - Eh bien alors Bentham doit avoir tort
-
50:07 - 50:10si vous avez raison, alors il a tort. Très bien, alors il a tort.
-
50:10 - 50:13Bien, merci, bravo.
-
50:13 - 50:14Bien, prenons un peu de recul
-
50:14 - 50:16par rapport à toute cette discussion
-
50:16 - 50:20et prêtons attention
-
50:20 - 50:23au nombre d'objections qui ont été exprimées sur leurs actes.
-
50:23 - 50:26Nous avons entendu des arguments pour les défendre.
-
50:26 - 50:29Elles étaient liées à la
-
50:29 - 50:29nécessité
-
50:29 - 50:33aux circonstances extrêmes et,
-
50:33 - 50:33au moins implicitement,
-
50:33 - 50:36à l'idée que les nombres importent
-
50:36 - 50:38et pas simplement les nombres
-
50:38 - 50:40mais les conséquences au sens large
-
50:40 - 50:43leurs familles, les personnes à charge restées au pays.
-
50:43 - 50:45Parker était orphelin
-
50:45 - 50:48il n'aurait manqué à personne
-
50:48 - 50:50donc si vous
-
50:50 - 50:51aditionnez
-
50:51 - 50:53et essayiez de calculer
-
50:53 - 50:54le solde
-
50:54 - 50:57entre le bien-être et la souffrance
-
50:57 - 50:59vous pourriez avoir un argument
-
50:59 - 51:03pour dire qu'ils ont fait une bonne action.
-
51:03 - 51:09Nous avons alors entendu au moins trois types d'objections différentes
-
51:09 - 51:12une objection disait
-
51:12 - 51:14que leurs actes étaient catégoriquement mauvais
-
51:14 - 51:16juste ici au fond
-
51:16 - 51:17catégoriquement immorale.
-
51:17 - 51:20Un meurtre est un meurtre, qui est toujours mal
-
51:20 - 51:21même si
-
51:21 - 51:23cela accroît le bien-être général
-
51:23 - 51:26de la société.
-
51:26 - 51:28C'était l'objection catégorique.
-
51:28 - 51:31Mais il nous reste encore à examiner
-
51:31 - 51:33pourquoi le meurtre
-
51:33 - 51:35est catégoriquement mauvais.
-
51:35 - 51:39Est-ce parce
-
51:39 - 51:42que même les mousses de cabine ont certains droits fondamentaux ?
-
51:42 - 51:44Et si telle est la raison
-
51:44 - 51:48d'où proviennent ces droits, si ce n'est de l'idée
-
51:48 - 51:53du bien-être général, de l'utilité ou du bonheur. Question n°1.
-
51:53 - 51:56D'autres ont avancé
-
51:56 - 51:58qu'un tirage au sort aurait tout changé
-
51:58 - 52:00une juste procédure
-
52:00 - 52:06comme le disait Matt.
-
52:06 - 52:09Vous avez été un certain nombre à avoir été convaincus.
-
52:09 - 52:12Il ne s'agissait pas tout à fait d'une objection catégorique
-
52:12 - 52:14elle avancait
-
52:14 - 52:17que chacun avait à être considéré de façon égale
-
52:17 - 52:18même si, au bout du compte,
-
52:18 - 52:21l'un d'entre eux aurait à être sacrifié
-
52:21 - 52:23au nom du bien-être général.
-
52:23 - 52:26Cela nous conduit à examiner une autre question
-
52:26 - 52:30En quoi un accord à une certaine procédure
-
52:30 - 52:32même une procédure "juste"
-
52:32 - 52:35justifierait son résultat quel qu'il soit
-
52:35 - 52:38à partir du fonctionnement de cette procédure ?
-
52:38 - 52:40Question n°2
-
52:40 - 52:42Et question n°3.
-
52:42 - 52:45L'idée fondamentale du consentement.
-
52:45 - 52:49Kathleen nous y a conduit.
-
52:49 - 52:53Si le mousse avait consenti par lui-même
-
52:53 - 52:54et non sous la contrainte
-
52:54 - 52:57comme cela a été précisé
-
52:57 - 53:02alors il aurait acceptable de prendre sa vie pour sauver les autres.
-
53:02 - 53:05Une proportion encore plus large d'entre vous a adhéré à cette idée
-
53:05 - 53:07mais soulève
-
53:07 - 53:09une 3ème question philosophique
-
53:09 - 53:11Quelle est l'action morale
-
53:11 - 53:13du consentement ?
-
53:13 - 53:14...
-
53:14 - 53:17Pourquoi l'acte du consentement
-
53:17 - 53:19produirait-il une telle différence morale
-
53:19 - 53:24au point qu'un acte supposé mauvais sans consentement -prendre une vie-
-
53:24 - 53:25deviendrait
-
53:25 - 53:26moralement acceptable
-
53:26 - 53:30avec lui?
-
53:30 - 53:32Pour examiner ces trois questions
-
53:32 - 53:34nous devrons lire quelques philosophes
-
53:34 - 53:36et lorsque nous commencerons la prochaine fois
-
53:36 - 53:37nous allons lire
-
53:37 - 53:38Bentham
-
53:38 - 53:44et John Stuart Mill, deux philosophes utilitaristes.
-
53:44 - 53:47Ne passez pas à côté de la possibilité d'interagir en ligne avec d'autres spectateurs de "Justice"
-
53:44 - 53:47Rejoignez la conversation
-
53:50 - 53:57passez un quizz, visionnez les cours que vous avez manqué et bien plus encore. Visitez www.justiceharvard.org. "C'est la bonne chose à faire".
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54:36 - 54:40Financement du programme assuré par :
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54:40 - 54:42Financement complémentaire assuré par :
Traduction originale www.canal-educatif.fr
- Title:
- Justice : Quelle est la bonne action ? Episode 01 "La FACE MORALE DU MEURTRE"
- Description:
-
Partie 1 : La face morale d'un meurtre
Si vous deviez choisir entre (1) tuer une personne pour en sauver cinq autres et (2) ne reine faire, même si vous saviez que ces cinq personnes mourraient juste sous vos yeux
—que feriez-vous ? Quelle serait la bonne action ? Tel est le scénario hypothétique que le professeur Michael Sandel met en place au début de son cours sur le raisonnement moral. Après qu'une majorité d'étudiants vote pour tuer une personne afin d'en sauver cinq, Sandel présente trois dilemmes similaires -chacun conçus avec soin pour rendre la décision plus difficile. Tandis que les étudiants se lèvent pour justifier leurs choix mutuellement contradictoires, il devient clair que les présupposés qui sous-tendent nos raisonnement moraux sont souvent contradictoires, et que la question de ce qui est bon ou mauvais ne peut être résolue de façon binaire..Partie 2 : Une défense du cannibalisme
Sandel introduit les principes du philosophe utilitariste Jérémie Bentham au travers d'un célèbre procès du XIXème siècle impliquant 4 naufragés. Après dix-neuf jours perdus au milieu de l'océan, le capitaine décide de tuer le plus faible, le jeune mousse, pour que les autres puissent se nourrir de son sang et de son corps et survivre. Ce cas entraîne un débat concernant la validité morale de l'utilitarisme —et sa doctrine selon laquelle la bonne action est celle qui, d'une manière ou d'une autre, produit "le plus grand bien, pour le plus grand nombre."
- Video Language:
- English
- Team:
PACE
- Duration:
- 54:56