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Femmes et autisme : vers une meilleure compréhension | Sarai Pahla | TEDxMünster

  • 0:19 - 0:20
    Salut.
  • 0:21 - 0:24
    Je vais commencer
    ma conférence aujourd'hui
  • 0:24 - 0:30
    en vous disant que ma plus grande peur est
    de ne jamais être aimée pour qui je suis
  • 0:30 - 0:32
    dans une relation amoureuse.
  • 0:33 - 0:35
    Là, certains d'entre vous se disent déjà :
  • 0:36 - 0:37
    « Évidemment.
  • 0:37 - 0:39
    Vous êtes vraiment obèse. »
  • 0:39 - 0:42
    Certains peuvent voir
    que je ne porte pas de maquillage.
  • 0:43 - 0:48
    Certains peuvent voir
    que j'ai un sens du style particulier.
  • 0:48 - 0:53
    N'importe qui connaissant un peu
    les cheveux africains se demande :
  • 0:53 - 0:56
    « Pourquoi ne pas les avoir couverts
    avec un tissu, ou liés des tresses,
  • 0:56 - 0:58
    ou lissés ? »
  • 0:58 - 1:02
    avec le même ingrédient qu'on utilise
    pour déboucher la douche.
  • 1:03 - 1:08
    Et je suis ici pour vous dire que
    ce n'est pas un problème d'apparence.
  • 1:08 - 1:10
    J'ai donc fait une recherche sur Google,
  • 1:10 - 1:13
    et j'ai découvert que,
    quand on me regarde,
  • 1:14 - 1:18
    on s'attend à ce que je sois douée pour
    les relations parce que je suis une femme.
  • 1:19 - 1:20
    Pire encore,
  • 1:20 - 1:25
    on pense que je dois « encourager »
    et avoir des instincts maternels.
  • 1:26 - 1:32
    Je suis là pour dire que je suis nulle
    pour les relations amoureuses
  • 1:32 - 1:33
    et pour les gérer.
  • 1:33 - 1:39
    Je trouve l'interaction avec les gens dans
    la vie réelle inefficace et épuisante.
  • 1:41 - 1:44
    Je suis aussi complètement sauvage :
  • 1:44 - 1:50
    il me faut un mois pour faire les corvées
    qui prennent une semaine aux autres.
  • 1:51 - 1:53
    Pendant mes études de médecine,
  • 1:53 - 1:56
    j'ai appris que chacun n'avait
    qu'une seule mère biologique,
  • 1:56 - 2:00
    et que, quand elle arrête de cuisiner,
    de nettoyer, de faire votre lessive,
  • 2:00 - 2:02
    et de râler pour que
    vous preniez soin de vous,
  • 2:02 - 2:03
    c'est fini.
  • 2:03 - 2:06
    Ça ne devient pas mon travail
    en tant que femme.
  • 2:06 - 2:10
    Et de toute façon,
    je n'aime pas le faire pour moi.
  • 2:10 - 2:13
    Donc pourquoi devrais-je le faire
    pour quelqu'un d'autre
  • 2:13 - 2:15
    alors que je pourrais jouer
    au dernier Call of Duty ?
  • 2:15 - 2:17
    (Rires)
  • 2:20 - 2:23
    Je trouve aussi un peu ridicule
    l'idée de vivre avec quelqu'un,
  • 2:23 - 2:27
    parce que, si Superman avait
    une forteresse de solitude,
  • 2:27 - 2:30
    tout le monde peut certainement
    comprendre que j'en ai besoin,
  • 2:30 - 2:31
    n'est-ce pas ?
  • 2:33 - 2:37
    J'ai ce qu'on appelait autrefois
    le syndrome d'Asperger,
  • 2:37 - 2:41
    qui est juste une forme
    d'autisme de haut niveau.
  • 2:41 - 2:46
    Vous pouvez vous renseigner
    sur les détails après cette conférence,
  • 2:46 - 2:47
    mais je pense que le principal,
  • 2:47 - 2:53
    c'est que je suis douée pour apprendre
    des informations présentées logiquement,
  • 2:53 - 2:55
    comme la physiologie humaine,
  • 2:55 - 2:59
    mais je suis nulle pour créer des systèmes
    dans le monde réel,
  • 2:59 - 3:02
    comme ranger correctement
    des objets dans une armoire,
  • 3:02 - 3:04
    parce qu'il n'y a aucune formule pour ça
  • 3:04 - 3:07
    et que j'ai besoin d'une formule.
  • 3:07 - 3:08
    Vous voyez ?
  • 3:09 - 3:11
    Pour moi, ce n'est pas si grave,
  • 3:11 - 3:13
    mais en tant que femme autiste,
  • 3:14 - 3:16
    le problème que j'ai
    avec le reste du monde
  • 3:16 - 3:21
    c'est que quand les gens parlent
    de quelqu'un de ringard, d'intelligent,
  • 3:21 - 3:23
    mal à l'aise socialement,
  • 3:23 - 3:24
    isolé,
  • 3:24 - 3:26
    et obsédé par les jeux vidéo,
  • 3:27 - 3:29
    mais qui ne peut pas
    s'occuper de lui-même,
  • 3:29 - 3:32
    ils parlent toujours d'un homme.
  • 3:34 - 3:38
    Donc même si j'en parle honnêtement,
    les gens ne comprennent pas.
  • 3:39 - 3:43
    Je me suis donc dit que la meilleure façon
    de parler d'une femme autiste,
  • 3:43 - 3:46
    c'est de parler
    de rencontres amoureuses, non ?
  • 3:46 - 3:49
    Revenons au début, d'accord ?
  • 3:49 - 3:53
    Revenons à ma plus grande peur,
    et à son origine.
  • 3:53 - 3:55
    J'avais environ 12 ans
  • 3:55 - 4:00
    quand j'ai remarqué que les gens formaient
    des sortes de liens primitifs entre eux.
  • 4:01 - 4:04
    D'une manière ou d'une autre, grâce à
    une série magique d’événements,
  • 4:04 - 4:07
    un garçon et une fille
    arrivaient à l'école,
  • 4:07 - 4:10
    annonçaient qu'ils étaient maintenant
    « petit ami » et « petite amie ».
  • 4:11 - 4:14
    Ils échangeaient des lettres,
  • 4:14 - 4:17
    étaient vus ensemble entre les cours,
  • 4:17 - 4:21
    et ça avait l'air d'être
    un super arrangement
  • 4:21 - 4:25
    parce qu'ils étaient dans cette,
    vous savez, « relation amoureuse »,
  • 4:25 - 4:27
    ils étaient heureux,
  • 4:27 - 4:31
    mais ensuite ils vivaient
    ce qu'on appelle une rupture,
  • 4:31 - 4:35
    ils étaient donc tristes,
    et même cruels entre eux.
  • 4:35 - 4:37
    Je me suis donc dit : « Oh ouais.
  • 4:37 - 4:40
    Je veux vraiment tester ce truc
    de petit ami et petite amie. »
  • 4:40 - 4:41
    Vous voyez ?
  • 4:41 - 4:45
    J'ai donc pris le temps de cataloguer
    tous les garçons de ma classe,
  • 4:45 - 4:50
    et j'ai cherché ceux qui ressemblaient
    au chanteur d'Extreme,
  • 4:50 - 4:52
    le groupe qui chantait
    « More Than Words »,
  • 4:52 - 4:53
    si quelqu'un connaît,
  • 4:53 - 4:56
    parce qu'à l'époque,
    ça semblait être un bon critère.
  • 4:57 - 5:01
    J'ai sélectionné les sujets tests
    qui remplissaient le critère d'éligibilité
  • 5:01 - 5:06
    et je les ai ensuite observés
    dans des cadres formels et informels,
  • 5:06 - 5:09
    et j'ai noté mes observations.
  • 5:09 - 5:13
    Au bout de quelques semaines,
    je les ai relues,
  • 5:13 - 5:15
    j'ai rédigé un rapport
  • 5:16 - 5:19
    que j'ai remis au garçon
    avec la conclusion évidente
  • 5:19 - 5:23
    que, d'après mes excellentes observations,
  • 5:23 - 5:27
    nous formerions une super
    « association petit ami et petite amie ».
  • 5:27 - 5:29
    (Rires)
  • 5:29 - 5:30
    Vous voyez ?
  • 5:30 - 5:32
    (Applaudissements)
  • 5:35 - 5:37
    Et, vraiment,
  • 5:37 - 5:43
    je ne comprenais pas pourquoi cette
    approche rationnelle ratait à chaque fois.
  • 5:43 - 5:44
    (Rires)
  • 5:44 - 5:46
    Ok, ok, pour être honnête,
  • 5:46 - 5:47
    pour être honnête,
  • 5:47 - 5:49
    il y avait d'autres problèmes.
  • 5:50 - 5:53
    J'étais une fille noire,
    avec l'anglais pour langue maternelle
  • 5:53 - 5:55
    grandissant en Afrique du sud,
  • 5:55 - 5:57
    du milieu à la fin des années 90.
  • 5:58 - 6:02
    Les Sud-Africains noirs me donnaient donc
    des surnoms horribles,
  • 6:02 - 6:03
    comme « noix de coco »,
  • 6:03 - 6:07
    ce qui veut dire que vous êtes noir
    à l'extérieur et blanc à l'intérieur,
  • 6:07 - 6:08
    me trouvaient « trop masculine »,
  • 6:08 - 6:12
    ou disaient
    que j'étais « trop intelligente ».
  • 6:12 - 6:14
    Mais, de l'autre côté,
    il y avait les blancs
  • 6:14 - 6:19
    qui trouvaient que me fréquenter était
    immoral, dégoûtant ou embarrassant.
  • 6:20 - 6:23
    Et puis, il y avait
    tous les gens au milieu qui disaient :
  • 6:24 - 6:27
    « Laissez-nous en dehors de ça,
    on ne veut pas être impliqués. »
  • 6:28 - 6:30
    Et même après être arrivée en Allemagne,
  • 6:30 - 6:35
    où j'ai rencontré des gens
    très éduqués et très libéraux,
  • 6:36 - 6:37
    ça s'est arrangé,
  • 6:37 - 6:41
    mais les difficultés liées à l'autisme
    sont toujours là.
  • 6:43 - 6:45
    Enfin bref, pendant près de 20 ans,
  • 6:45 - 6:47
    j'ai essayé plein de choses différentes
  • 6:47 - 6:51
    pour essayer d'obtenir
    ce « statut de petit ami et petite amie ».
  • 6:52 - 6:55
    L'une des plus ambitieuses
    a été d'apprendre à coder,
  • 6:55 - 6:59
    parce que je pensais réellement
  • 6:59 - 7:02
    que le mec qui me plaisait
    allait entrer dans le labo d'informatique
  • 7:02 - 7:05
    et qu'il allait dire : « Oh mon dieu ! »
  • 7:05 - 7:07
    (Rires)
  • 7:07 - 7:11
    « Quelle syntaxe sexy ! »
  • 7:11 - 7:12
    (Rires)
  • 7:12 - 7:14
    (Applaudissements)
  • 7:19 - 7:22
    Il allait évidemment
    me prendre dans ses bras et me dire :
  • 7:22 - 7:25
    « Je n'ai jamais rencontré
    quelqu'un comme toi ! »
  • 7:25 - 7:28
    Je me serais sentie fébrile, la
    lumière aurait brillé depuis le paradis,
  • 7:28 - 7:30
    des anges auraient commencé à chanter,
  • 7:31 - 7:35
    et, bien sûr,
    nous aurions vécu heureux pour toujours.
  • 7:36 - 7:37
    N'est-ce pas ?
  • 7:37 - 7:40
    Avec le temps,
    je suis devenue plus pragmatique.
  • 7:41 - 7:42
    (Rires)
  • 7:43 - 7:48
    J'ai aussi lu des livres de développement
    personnel sur les rencontres amoureuses
  • 7:48 - 7:49
    pendant quatre ans,
  • 7:49 - 7:51
    car les rencontres étaient
    désormais un diplôme
  • 7:51 - 7:54
    que j'essayais d'obtenir.
  • 7:56 - 7:58
    Et, en fait, ça a été utile
  • 7:58 - 8:03
    parce que j'ai appris
    qu'en tant que femme autiste,
  • 8:03 - 8:06
    le contact visuel
    est insupportable pour moi,
  • 8:06 - 8:08
    mais que c'est avec ce contact visuel
  • 8:08 - 8:11
    que tout le processus
    petit ami et petite amie commence
  • 8:11 - 8:12
    à la base.
  • 8:14 - 8:19
    Malheureusement, échouer encore et encore
    était très dur pour moi.
  • 8:19 - 8:21
    Je finissais donc par me dire :
  • 8:21 - 8:23
    (Pleurant) « Oh, il ne m'aime pas !
  • 8:26 - 8:28
    Ce n'est pas juste ! »
  • 8:28 - 8:31
    Et je mangeais
    pour soulager ma frustration.
  • 8:31 - 8:32
    À un certain stade,
  • 8:32 - 8:37
    ma nourriture de réconfort était une tarte
    aux pommes entière, avec de la crème.
  • 8:44 - 8:49
    Et maintenant que j'essaye de vivre
    en assumant le diagnostic,
  • 8:49 - 8:51
    je comprends le problème.
  • 8:52 - 8:57
    Si je veux développer
    une intimité émotionnelle avec quelqu'un
  • 8:57 - 8:59
    et qu'il me connaisse telle que je suis,
  • 8:59 - 9:01
    je dois être honnête,
  • 9:01 - 9:04
    ce qui signifie dire des choses comme :
  • 9:04 - 9:09
    « En fait, je n'aime pas
    les stimulations physiques »,
  • 9:09 - 9:14
    ou, par exemple, « je ne peux pas aller au
    restaurant à cause du bruit des couverts,
  • 9:16 - 9:19
    qui me donne l'impression
    que mes tympans saignent ».
  • 9:20 - 9:22
    Quand je dis ça aux gens,
  • 9:23 - 9:25
    vous savez,
    être honnête fait penser aux gens :
  • 9:25 - 9:27
    « Très bien,
  • 9:27 - 9:30
    clairement tu ne veux pas
    d'une relation sérieuse »,
  • 9:31 - 9:34
    et c'est triste
    parce qu'en tant que femme autiste,
  • 9:34 - 9:38
    au lieu d'apprendre que les rencontres
    amoureuses sont amusantes, excitantes,
  • 9:38 - 9:40
    et mènent à des unions durables,
  • 9:40 - 9:44
    j'ai appris que les rencontres amoureuses
    mènent au rejet,
  • 9:44 - 9:46
    à la coercition,
  • 9:46 - 9:47
    aux disputes,
  • 9:47 - 9:49
    aux abus,
  • 9:49 - 9:50
    à la tristesse,
  • 9:51 - 9:52
    et, au final,
  • 9:52 - 9:56
    tout le monde m'a fait sentir
    que je n'étais pas digne d'amour,
  • 9:56 - 9:58
    seulement car j'étais « trop différente ».
  • 9:59 - 10:00
    Et, d'un autre côté,
  • 10:00 - 10:03
    je n'arrivais pas à trouver
    d'argument rationnel
  • 10:03 - 10:09
    pour expliquer ce besoin
    de se lier intimement avec quelqu'un
  • 10:09 - 10:15
    parce que nous cherchons tous l'amour,
  • 10:15 - 10:17
    qu'on soit autiste ou pas.
  • 10:19 - 10:21
    Je suis donc très contente
  • 10:21 - 10:25
    de pouvoir vous parler à tous aujourd'hui
  • 10:25 - 10:28
    parce que ça a été comme une thérapie.
  • 10:28 - 10:29
    (Rires)
  • 10:31 - 10:35
    Même les médecins et psychologues
    me coupent
  • 10:35 - 10:38
    quand j'essaye d'en parler et disent :
  • 10:38 - 10:41
    « Ne vous en faites pas,
    vous finirez par y arriver. »
  • 10:41 - 10:44
    Mais, je veux dire,
    j'ai 35 ans maintenant.
  • 10:44 - 10:47
    Quand, exactement ?
  • 10:47 - 10:51
    Parlons donc un peu de certains efforts
    que les gens peuvent faire,
  • 10:52 - 10:56
    parce que je sais que je ne suis pas
    la seule femme à rencontrer ces problèmes.
  • 10:56 - 10:59
    Mais le problème, c'est
    qu'elles ne veulent pas en parler
  • 10:59 - 11:03
    parce qu'il est embarrassant
    d'être aussi nulle
  • 11:03 - 11:07
    pour quelque chose que tout le monde
    trouve complètement naturel.
  • 11:07 - 11:08
    Vous comprenez ?
  • 11:09 - 11:11
    La première chose que je veux dire,
  • 11:11 - 11:16
    c'est que si vous voulez
    fréquenter une personne autiste,
  • 11:16 - 11:19
    renseignez-vous d'abord sur le sujet.
  • 11:19 - 11:22
    Ça évite tellement de tracas.
  • 11:22 - 11:25
    Vous réagirez avec de la compréhension
    et de la sympathie
  • 11:25 - 11:28
    au lieu d'avec du rejet et de la moquerie.
  • 11:29 - 11:30
    Deuxièmement,
  • 11:30 - 11:34
    j'aimerais trouver quelqu'un avec qui
    aller à un rendez-vous silencieux.
  • 11:34 - 11:35
    Ce qui signifie
  • 11:36 - 11:39
    qu'on communique
    en utilisant des portables,
  • 11:39 - 11:41
    mais qu'on est assis côte à côte,
  • 11:41 - 11:43
    pour avoir une connexion
    dans la vie réelle.
  • 11:44 - 11:46
    Et si vous vous demandez pourquoi,
  • 11:46 - 11:48
    si vous vous demandez pourquoi,
  • 11:48 - 11:50
    c'est parce que pour une personne autiste,
  • 11:50 - 11:56
    gérer une conversation est l'une
    des choses les plus compliquées au monde.
  • 11:56 - 11:58
    Parce que, quand j'ai une conversation,
  • 11:58 - 12:02
    je regarde votre langage corporel,
    que je ne comprends pas de toute façon.
  • 12:02 - 12:05
    Je veux dire,
    les expressions faciales sont déroutantes.
  • 12:05 - 12:07
    J'essaye d'écouter ce que vous dites,
  • 12:07 - 12:11
    mais j'essaye aussi de bloquer
    tous les sons, le bruit, les couverts,
  • 12:11 - 12:12
    au même moment.
  • 12:12 - 12:15
    J'essaye de lire sur vos lèvres
    car je veux être sûre
  • 12:15 - 12:18
    que si je n'entends pas quelque chose,
  • 12:18 - 12:20
    de pouvoir le comprendre sur vos lèvres.
  • 12:21 - 12:23
    Et je dois aussi m'inquiéter de moi-même.
  • 12:23 - 12:26
    Je dois m'assurer
    que mon visage dit bien :
  • 12:26 - 12:28
    « Oh, je m'amuse bien ».
  • 12:28 - 12:30
    (Rires)
  • 12:30 - 12:32
    Je dois réviser ce que je dis
  • 12:32 - 12:36
    pour être sûre
    de ne pas vous offenser accidentellement.
  • 12:36 - 12:41
    Je dois surveiller mon langage corporel,
    et gérer mon inconfort
  • 12:41 - 12:47
    parce que chaque stimulation sensorielle,
    comme porter des vêtements chics,
  • 12:47 - 12:49
    est insupportable pour moi,
  • 12:49 - 12:50
    c'est horrible.
  • 12:50 - 12:54
    Donc je préférerais, vraiment,
    être dans ma chambre,
  • 12:55 - 12:57
    pieds nus, devant mon ordinateur,
  • 12:57 - 13:01
    mais je fais l'effort de sortir,
    et d’interagir en personne avec les gens.
  • 13:01 - 13:05
    Donc ce serait agréable si les gens
    pouvaient aussi faire un effort.
  • 13:06 - 13:10
    Ensuite j'aimerais vous dire,
    s'il vous plait, de verbaliser.
  • 13:12 - 13:16
    Je sais que vous savez tous ce qu'un clin
    d’œil ou un mouvement de tête signifient,
  • 13:16 - 13:17
    mais nous, on le remarque à peine,
  • 13:17 - 13:20
    si même on comprend ce que vous faites.
  • 13:22 - 13:24
    Dans l'idéal, vous devriez dire :
  • 13:24 - 13:26
    « Je passe un très bon moment avec toi,
  • 13:26 - 13:28
    et je voudrais mettre mon bras
    autour de toi »,
  • 13:28 - 13:31
    pour qu'on puisse intégrer
    l'information logiquement
  • 13:31 - 13:34
    et se préparer
    à la stimulation qui arrive,
  • 13:34 - 13:38
    au lieu de dire : « Beurk !
    Contact ! Dégoûtant, dégoûtant ! »
  • 13:42 - 13:47
    Et je pense que le dernier point est
    qu'il faut vous rappeler
  • 13:47 - 13:51
    qu'une femme autiste
    a probablement été traumatisée
  • 13:51 - 13:52
    par les rencontres amoureuses.
  • 13:53 - 13:54
    Moi,
  • 13:54 - 13:57
    je ne savais même pas
    ce que c'était qu'être draguée
  • 13:57 - 14:00
    avant le milieu de la vingtaine.
  • 14:00 - 14:03
    Si quelqu'un m'approchait au supermarché
  • 14:03 - 14:06
    ou dans un lieu public
  • 14:06 - 14:08
    et ne voulait pas me laisser,
  • 14:08 - 14:10
    je criais et m'énervais
  • 14:10 - 14:13
    parce que je pensais
    qu'il essayait de me kidnapper.
  • 14:13 - 14:14
    Vous comprenez ?
  • 14:14 - 14:16
    Et, d'un autre côté,
  • 14:16 - 14:20
    maintenant que je suis plus âgée
    et que j'ai plus d'expérience,
  • 14:20 - 14:22
    j'angoisse quand
    quelqu'un s'intéresse à moi
  • 14:22 - 14:26
    parce qu'il s'attend à ce que j'ai eu
    beaucoup d'expériences amoureuses
  • 14:26 - 14:28
    ce qui n'est pas le cas.
  • 14:28 - 14:31
    Voilà un bon exemple,
  • 14:31 - 14:36
    récemment, je fréquentais quelqu'un
    qui a évoqué le fait de vivre ensemble
  • 14:37 - 14:39
    après seulement
    quelques semaines de relation.
  • 14:39 - 14:42
    La plupart des femmes diraient :
    « Oui ! J'ai réussi ! »
  • 14:42 - 14:43
    Vous voyez ?
  • 14:43 - 14:46
    Et moi, au contraire : (Pleurant) « Oh...
  • 14:47 - 14:50
    Il ne m'aime pas ! »
  • 14:50 - 14:51
    Vous voyez ?
  • 14:51 - 14:53
    C'est quelque chose
    que vous devez accepter,
  • 14:53 - 14:57
    ces étapes dans une relation
    vont prendre plus de temps,
  • 14:57 - 15:00
    et tout le monde doit s'y faire.
  • 15:01 - 15:05
    Après vous avoir dit tout ça
    sur les femmes autistes,
  • 15:06 - 15:07
    pourquoi sortir avec elles quand même ?
  • 15:07 - 15:11
    On a l'air compliquées et difficiles,
    n'est-ce pas ?
  • 15:11 - 15:13
    Eh bien, l'une des choses positives,
  • 15:13 - 15:17
    c'est que je considère les gens que j'aime
  • 15:17 - 15:21
    avec une admiration
    et un émerveillement presque enfantins.
  • 15:21 - 15:24
    Au lieu de cocher des cases
    sur une liste, par exemple :
  • 15:24 - 15:26
    « Est-ce qu'il a un bon revenu ? »
  • 15:26 - 15:27
    vous voyez.
  • 15:27 - 15:31
    J'essaye d'utiliser
    mes capacités et ma bizarrerie
  • 15:31 - 15:33
    pour lui rendre la vie meilleure
  • 15:33 - 15:38
    parce que je veux compenser le fait
    de ne pas être une petite amie typique.
  • 15:39 - 15:42
    Je suis loyale, passionnée et intense.
  • 15:42 - 15:44
    Je suis une femme autiste,
  • 15:44 - 15:47
    et je récompense la compréhension,
  • 15:47 - 15:49
    la communication directe,
  • 15:49 - 15:51
    et la tolérance
  • 15:51 - 15:53
    avec un amour inconditionnel.
  • 15:53 - 15:54
    Merci.
  • 15:54 - 15:56
    (Applaudissements)
Title:
Femmes et autisme : vers une meilleure compréhension | Sarai Pahla | TEDxMünster
Description:

Même s'il est vrai que l'autisme touche majoritairement les hommes, les femmes en souffrent aussi. Mais leurs histoires uniques sont souvent tues. Sarai Pahla est une jeune femme originaire du Zimbabwe, ayant grandi en Afrique du sud, et qui vit depuis quelques années en Allemagne. Elle souffre du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme de haut niveau. Dans son intervention, elle décrit les difficultés qu'elle a dû surmonter au cours de sa vie, et elle délivre un manuel d'instruction à l'attention de ceux qui osent s'engager dans une relation amoureuse avec une femme autiste.

Quand les gens prennent le temps de comprendre ce que l'autisme signifie vraiment, les deux partis en bénéficient. Au TEDxMünster, Sarai Pahla raconte son expérience avec l'autisme. Elle a grandi en Afrique du sud, mais n'a reçu son diagnostic que bien plus tard. Pahla a malgré tout été chanceuse, car ses parents lui ont donné beaucoup de liberté, malgré ses singularités. Elle vit maintenant à Düsseldorf et travaille en tant que traductrice médicale indépendante.

Cette conférence a été donnée à un événement TEDx utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment par une communauté locale. Plus d'information sur https://www.ted.com/tedx

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
16:03

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