Noire à Bend : Faire partie d'une minorité extrême en province | Anyssa Bohanan | TEDxBend
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0:15 - 0:16Salut.
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0:16 - 0:18(Public) Salut.
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0:18 - 0:21Salut Oprah, si tu nous regardes,
ma seule chance de t'interpeller. -
0:21 - 0:22Mais revenons à vous.
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0:22 - 0:26Je sais qu'il y a des parents
dans le public, n'est-ce pas ? -
0:26 - 0:28Parmi ceux qui ont des enfants,
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0:28 - 0:31combien ont eu « la discussion » avec eux.
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0:32 - 0:34D'accord ? D'accord ?
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0:34 - 0:37C'est bizarre, n'est-ce pas ?
Et c'est inconfortable. -
0:37 - 0:38Je peux vous garantir,
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0:38 - 0:41pour avoir eu cette discussion
quand j'étais enfant, -
0:41 - 0:45que c'est aussi inconfortable pour nous,
si pas davantage que pour vous. -
0:45 - 0:48J'ai eu cette discussion
quand j'ai eu huit ou neuf ans. -
0:48 - 0:50Ce fut bizarre, ça, c'est certain.
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0:50 - 0:52Mais quand j'avais neuf ou dix ans,
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0:52 - 0:54me voici,
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0:54 - 0:57j'ai eu une autre conversation
avec mes parents, complètement différente. -
0:57 - 1:02Je ne sais pas trop comment mes parents
ont décidé que c'était la journée idéale, -
1:02 - 1:04mais un dimanche après-midi,
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1:04 - 1:06mon père a dit :
« Je dois te montrer quelque chose. -
1:06 - 1:09On en discutera après. »
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1:09 - 1:13Alors, il a mis en route un documentaire
de la chaîne History -
1:13 - 1:15et il a ajouté :
« Je ne veux pas te blesser, -
1:15 - 1:17et je crains que cela puisse t'effrayer,
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1:17 - 1:20mais c'est important
que tu écoutes cela. » -
1:20 - 1:22Il a donc allumé
ce documentaire historique -
1:22 - 1:28et une des premières images que j'ai vues
est un groupe de membres du KKK excités -
1:28 - 1:32et peu après, des hommes noirs
pendus à un arbre. -
1:33 - 1:34En fait,
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1:35 - 1:39il ne m'a pas laissé regarder tout
car j'étais une petite fille sensible. -
1:39 - 1:41Mais la conversation que
j'ai eue avec mon père -
1:41 - 1:44fait partie de celles que
de nombreux enfants noirs d'Amérique -
1:44 - 1:46doivent avoir au moins
une fois dans leur vie, -
1:46 - 1:51sur la discrimination et le racisme qu'ils
vont sans aucun doute rencontrer un jour -
1:51 - 1:52à cause de leur couleur.
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1:53 - 1:56Mon père m'a dit
qu'il ne voulait pas m'effrayer -
1:56 - 1:59mais qu'il voulait que
je sache, qu'un jour, -
1:59 - 2:03quelqu'un pourrait vouloir me blesser
ou me tuer à cause de qui j'étais. -
2:04 - 2:07Je me souviens être allée
dans ma chambre après ça, -
2:07 - 2:08et couchée sur mon lit,
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2:08 - 2:10d'avoir fixé le plafond
d'un regard vague en disant : -
2:10 - 2:12« Pourquoi nous haïssent-ils ? »
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2:13 - 2:20Imaginez cette petite fille se demander
pourquoi les gens ne l'aiment pas -
2:20 - 2:22à cause de qui elle est.
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2:23 - 2:25En dépit de la dureté
de cette conversation, -
2:25 - 2:27quand je suis allée à l'école le lundi,
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2:27 - 2:29j'étais résiliente,
comme les enfants le sont. -
2:29 - 2:31J'ai évoqué le sujet avec mes amis
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2:31 - 2:35et j'ai remarqué leur inconfort.
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2:35 - 2:37Ce n'est que plus tard que j'ai compris
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2:37 - 2:39que certains de mes amis
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2:39 - 2:43n'avaient pas de telles conversations
avec leurs parents -
2:43 - 2:46sur comment faire face à quelqu'un
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2:46 - 2:49qui pourrait un jour penser
qu'ils leur sont inférieurs -
2:49 - 2:52ou qui pourrait vouloir les blesser
à cause de qui ils étaient. -
2:53 - 2:56Après quelques autres essais
avec un résultat similaire, -
2:56 - 2:59j'ai compris qu'il y avait
des groupes de personnes -
2:59 - 3:02avec qui je ne pourrais pas
parler de race. -
3:02 - 3:03Dans les groupes
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3:03 - 3:08où les différences entre nous
étaient si éclatantes, -
3:08 - 3:09j'évitais le sujet
-
3:09 - 3:12car mon but n'était pas
de mettre les autres mal à l'aise. -
3:12 - 3:15Avançons de quelques années
et quittons l'école primaire. -
3:15 - 3:16Après l'université,
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3:16 - 3:19j'ai décidé d'utiliser mon diplôme
en journaliste -
3:19 - 3:20et d'enseigner l'anglais en Corée du Sud.
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3:22 - 3:24Ce fut une expérience incroyable,
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3:24 - 3:28notamment grâce aux personnes
fantastiques que j'ai rencontrées, -
3:28 - 3:30venues de partout dans le monde.
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3:30 - 3:32Mais quand on part
de l'autre côté du monde, -
3:32 - 3:34il y a quelques petits défis.
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3:34 - 3:37Sans doute vous en doutez-vous.
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3:37 - 3:40Avez-vous déjà été le seul dans une pièce,
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3:40 - 3:44le seul de votre race, de votre genre
ou orientation sexuelle ? -
3:45 - 3:47Quelle sensation cela fait-il ?
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3:48 - 3:51Certains pensent que, ouais,
ça va, ils se sentent bien. -
3:51 - 3:54D'autres se sentent
profondément vulnérables. -
3:55 - 4:00Imaginez cette sensation de gêne combinée
aux paroles d'alors de votre père -
4:00 - 4:05sur ces gens qui pourraient
ne pas vous aimer à cause de qui vous êtes -
4:05 - 4:07et multipliez cette sensation par mille
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4:07 - 4:11parce que vous êtes vraiment la seule
personne comme vous dans un pays entier. -
4:11 - 4:12(Rires)
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4:15 - 4:16Oh, mon dieu !
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4:17 - 4:20Je me suis bien amusée, vraiment.
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4:20 - 4:24Mais je me sentais scrutée,
sous le microscope, continuellement. -
4:24 - 4:27J'ai vécu des expériences intéressantes.
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4:27 - 4:30Un jour par exemple, je montais
les escalators dans un centre commercial -
4:30 - 4:34et un homme s'est penché
depuis l'autre côté pour m'observer. -
4:34 - 4:36J'ai cru qu'il allait me rouler un patin.
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4:36 - 4:38J'ai pensé que, oui,
j'avais trouvé un mari ! -
4:38 - 4:43Certains de mes étudiants
m'appelaient « la prof africaine », -
4:43 - 4:45ou « la prof jamaïcaine ».
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4:45 - 4:47C'était facile de les corriger.
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4:47 - 4:49C'est simplement qu'ils ne savaient pas.
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4:50 - 4:52Un jour, j'ai pris un taxi,
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4:52 - 4:56et le chauffeur fut sidéré de me voir
agir comme n'importe qui dans un taxi -
4:56 - 5:02et après une conversation agitée
et rapide en coréen, -
5:02 - 5:06il m'a demandé ma main.
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5:06 - 5:09J'ai pensé :
« Mariage ? C'est quoi ce binz ? » -
5:09 - 5:14Mais en fait, il voulait juste la frotter
pour effacer la couleur brune. -
5:14 - 5:15(Rires)
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5:15 - 5:19Je vous assure que c'est véridique !
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5:19 - 5:21Cet incident est plutôt amusant.
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5:21 - 5:27Et ces anecdotes étaient fondées
sur une méconnaissance. -
5:27 - 5:32Ce n'était pas blessant à dessein.
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5:32 - 5:33Ça allait donc.
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5:33 - 5:39Mais d'autres incidents sont survenus
avec l'objectif de me blesser. -
5:39 - 5:43Je suis allée, par exemple, à Ulsan,
voir un couple d'amis un week-end. -
5:43 - 5:47Ulsan est une jolie ville balnéaire
au sud de la Corée du Sud -
5:47 - 5:50et les étrangers et les touristes
y sont bien plus fréquents. -
5:50 - 5:54Je me réjouissais donc d'un week-end
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5:54 - 5:56durant lequel peu de personnes
allaient me fixer du regard. -
5:57 - 6:00On sort avec mes amis et on passe
des moments super ensemble. -
6:00 - 6:02On finit la journée
dans un de nos bars préférés. -
6:02 - 6:06Brusquement, au milieu de la conversation,
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6:06 - 6:10mon amie se tétanise,
comme si elle venait de voir un fantôme, -
6:10 - 6:13comme si quelqu'un venait
de sortir de sa tombe. -
6:13 - 6:18Elle se retourne vers les hommes coréens
assis à côté d'elle -
6:18 - 6:20et commence à leur crier dessus.
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6:21 - 6:23« Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? »
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6:24 - 6:26Mon amie et moi sommes
évidemment inquiètes. -
6:26 - 6:28Sans doute lui ont-ils tenu
des propos injurieux. -
6:28 - 6:30Je me sens prête au combat.
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6:30 - 6:33Je suis peut-être petite
mais je suis forte et prête ! -
6:33 - 6:34(Rires)
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6:34 - 6:35Mais
-
6:36 - 6:40elle se tourne vers moi et dit,
les larmes aux yeux : -
6:40 - 6:43« Ils viennent de dire que
tu es nègre et stupide. » -
6:44 - 6:45Beurk.
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6:46 - 6:49Mon autre amie a réagi instinctivement.
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6:49 - 6:53Elle leur crie dessus
et les barmen s'en mêlent. -
6:53 - 6:56Les types essaient désespérément
d'éclaircir les choses -
6:56 - 6:59mais c'est parce qu'ils ont été pris
en flagrant délit. -
6:59 - 7:02Ma première amie est partie
dans les toilettes, en larmes, -
7:02 - 7:03à cause de la colère.
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7:03 - 7:04Vous savez quoi ?
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7:05 - 7:08Quand dans tout ce chaos,
j'ai enfin compris quel était le problème, -
7:09 - 7:12je suis devenue très calme
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7:12 - 7:16car c'est exactement ce que j'avais
craint depuis l'âge de 10 ans, -
7:16 - 7:18quand j'avais regardé un documentaire
-
7:18 - 7:23sur le fait qu'on pourrait proférer
ce que cet homme venait de me dire, -
7:24 - 7:25et j'avais survécu !
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7:26 - 7:29J'avais toujours pensé
qu'un tel acte de racisme manifeste -
7:29 - 7:32serait comme un couteau au cœur.
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7:33 - 7:36Mais ça ressemblait à une petite entaille.
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7:36 - 7:38Ça pique un peu,
-
7:38 - 7:39une petite cicatrice,
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7:39 - 7:43une piqûre de rappel que ce ne sera pas
le pire à entendre dans ma vie, -
7:43 - 7:45mais que j'y survivrais.
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7:46 - 7:49La totalité de ma vie en Corée du Sud
n'est pas aussi dramatique. -
7:49 - 7:52J'ai choisi pour vous les moments
les plus saillants. -
7:52 - 7:54Ce fut sincèrement
une de mes meilleures expériences. -
7:54 - 7:59Cela m'a rendue plus forte et résiliente
et ça m'a donné confiance en moi. -
8:00 - 8:01Cette confiance
-
8:01 - 8:05est sans doute la raison grâce à laquelle,
trois mois après mon retour à la maison, -
8:05 - 8:07j'ai obtenu ce travail à Bend
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8:07 - 8:10et j'ai saisi la chance sans hésiter.
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8:10 - 8:13Mon travail idéal ressemblait
à ça : raconter des histoires, -
8:13 - 8:15sans se limiter à des reportages d'infos.
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8:15 - 8:18Quand j'ai parlé au téléphone
avec celui qui est devenu mon chef, -
8:18 - 8:22il m'a avertie que la diversité
n'était pas répandue à Bend. -
8:22 - 8:23(Rires)
-
8:23 - 8:25Et par « pas très répandue, »
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8:25 - 8:29il voulait dire qu'il y avait
beaucoup de Blancs. -
8:29 - 8:30(Rires)
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8:30 - 8:31Où est le problème ?
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8:31 - 8:35J'ai répondu que je venais de quitter
un pays totalement différent -
8:35 - 8:38et que changer d'État
ne pouvait pas être un aussi grand défi. -
8:39 - 8:43La différence, mesdames et messieurs,
est qu'en vivant en Corée du Sud, -
8:43 - 8:45j'avais autour de moi des personnes
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8:45 - 8:48qui ressentaient ce sentiment
de non-appartenance, -
8:48 - 8:50ce sentiment d'être un étranger.
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8:50 - 8:55Mais ici, à Bend, ce n'est pas le cas.
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8:55 - 8:59Je vivais tout cela à visage découvert.
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9:00 - 9:03Les journalistes, vous le savez,
ne peuvent pas avoir d'opinion publique. -
9:03 - 9:06Nous sommes les piliers neutres
de nos communautés. -
9:06 - 9:08Selon les sujets,
j'ai du mal à gérer ça. -
9:08 - 9:10Mais globalement,
je comprends cette exigence -
9:10 - 9:13car c'est ce que
j'ai toujours voulu faire, -
9:13 - 9:14et cela fait partie du boulot.
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9:15 - 9:20Mais être la seule personne qui me
ressemble à la télé a ses propres défis. -
9:21 - 9:26Je me classe souvent
dans deux catégories : -
9:26 - 9:30Anyssa la journaliste
et Anyssa la fille noire. -
9:31 - 9:35Ces deux catégories se sont télescopées
pour la première fois l'été dernier. -
9:35 - 9:40La semaine où Philando Castile
et Alton Stirling, deux hommes noirs, -
9:40 - 9:42ont été tués par balle dans deux États.
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9:42 - 9:46La semaine où cinq policiers
ont été tués par balle à Dallas, -
9:46 - 9:48en réaction à ces deux fusillades.
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9:48 - 9:50Pas la meilleure semaine
pour être Américain -
9:50 - 9:54et encore moins pour paraître aux infos.
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9:55 - 9:56Mais quand je me suis réveillée,
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9:56 - 9:58deux jours après la mort
de Alton Stirling, -
9:58 - 10:01pour regarder la vidéo plutôt explicite
-
10:01 - 10:04de l'agonie de Philando Castile
dans sa voiture, -
10:04 - 10:08je me suis sentie complètement vidée
comme jamais auparavant. -
10:08 - 10:14J’ai regardé la vidéo quelques minutes,
je me suis préparée à aller travailler, -
10:15 - 10:17je suis montée dans la voiture,
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10:17 - 10:18prête à partir.
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10:18 - 10:22Il ne m’a pas fallu trois mètres
-
10:22 - 10:25avant de fondre en larmes.
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10:25 - 10:29Cela reste encore difficile de parler
de cet événement sans pleurer -
10:29 - 10:32car il s’agit de personnes
que j’aurais pu connaître. -
10:32 - 10:38Ils auraient pu être mes amis,
de la famille ou des anciens collègues. -
10:38 - 10:42Une fois arrivée au bureau,
personne ne parlait de ça. -
10:43 - 10:46Jamais, je ne me suis sentie aussi seule.
-
10:47 - 10:51J’ai eu la sensation que ce qui était
survenu à ces hommes ne comptait pas. -
10:51 - 10:53J’ai eu la sensation de ne pas compter
-
10:53 - 10:55et personne ne l’a remarqué.
-
10:56 - 10:58Donc, après la réunion du matin,
-
10:58 - 11:02j’ai demandé à notre éditeur pourquoi
nous ne couvrions pas les fusillades -
11:02 - 11:05et il m’a répondu que nous devions
aller sur le terrain pour ça. -
11:05 - 11:06Il n’avait pas tort.
-
11:06 - 11:09Alors, il a proposé de faire
des interviews dans la rue. -
11:09 - 11:14Ça ne m’inspirait pas vraiment
mais je me suis décidée à le faire. -
11:14 - 11:16Je suis allée en ville avec mon cadreur
-
11:16 - 11:19mais peu de personnes acceptaient
de nous répondre. -
11:19 - 11:21Vous voyez, les moments
désagréables n’ont rien à faire -
11:21 - 11:24dans une journée ensoleillée
et estivale de Bend. -
11:24 - 11:28On a néanmoins obtenu
quelques opinions, certes réservées, -
11:28 - 11:30et j’étais relativement satisfaite de moi
-
11:30 - 11:33car je ne pensais pas que
nous pourrions obtenir mieux. -
11:33 - 11:36Nous étions donc en train de parler
de replier bagage et rentrer au bureau -
11:36 - 11:39quand un homme s’est approché
de nous en vélo : -
11:39 - 11:44blanc, la quarantaine,
très « typiquement Bend ». -
11:44 - 11:46Il nous a demandé ce que nous faisions.
-
11:46 - 11:48Alors on le lui a dit :
-
11:48 - 11:51on demandait l’avis des gens
sur les fusillades. -
11:51 - 11:55Il a répondu qu’il avait un avis
mais qu’il ne voulait pas être filmé. -
11:55 - 11:58On a insisté pour savoir
s’il était certain. -
11:58 - 12:01Car en fait, il ne partait pas.
-
12:01 - 12:03Il souhaitait vraiment
nous faire part de son opinion. -
12:03 - 12:06Et avant de parvenir à le convaincre
-
12:06 - 12:09de parler devant la caméra,
-
12:09 - 12:15il s’est lancé dans une diatribe
contre les musulmans et les immigrants, -
12:15 - 12:17et il en a rajouté une couche avec :
-
12:17 - 12:20« Je n’aime pas dire ça devant vous
car vous êtes noire... » -
12:20 - 12:22Faisons une pause
pour une petite précision : -
12:22 - 12:24aucune bonne phrase, en aucun cas,
-
12:24 - 12:27(Rires)
-
12:27 - 12:30commence par :
« Je n’aime pas être raciste mais... » -
12:30 - 12:32(Rires)
-
12:32 - 12:35Et donc, il nous dit :
-
12:35 - 12:37« Je n’aime pas dire ça
car vous êtes noire, -
12:37 - 12:40mais votre morphologie
vous rend plus forts, plus rapides, -
12:40 - 12:42et la police n’a pas toujours
d’autre choix que de tirer -
12:42 - 12:44car ils ont peur. »
-
12:44 - 12:45(Public) : Haaaaa...
-
12:45 - 12:48« Et statistiquement,
les noirs sont plus violents. -
12:48 - 12:50Vous le constaterez dans les données ! »
-
12:51 - 12:54Ça m’a complètement pétrifiée.
-
12:54 - 12:56Je ne pouvais pas croire
qu’il venait de me dire ça. -
12:56 - 13:02Il venait de me proférer ça, un jour
ensoleillé, au centre-ville de Bend, -
13:02 - 13:06imperturbable, comme s’il me disait
que le ciel est bleu. -
13:07 - 13:10Quelle blessure !
-
13:14 - 13:16Donc,
-
13:16 - 13:18maintenant que vous avez entendu ça,
-
13:19 - 13:25il y a quelques semaines, on a diffusé
un reportage sur cette histoire -
13:25 - 13:28et les critiques et commentaires
nous ont stupéfiés. -
13:29 - 13:32Beaucoup de gens étaient choqués
-
13:32 - 13:36que j’ai pu laisser penser que
toute la population de Bend est raciste, -
13:36 - 13:38et ils avaient l'intention
de ne plus regarder nos émissions. -
13:38 - 13:42D’autres suggéraient que si
j’étais à la recherche de diversité, -
13:42 - 13:43je ferais bien de déménager.
-
13:45 - 13:50Et puis il y a évidemment mon commentaire
déplorable sur « cinq Noirs à Bend ». -
13:50 - 13:52Si je pouvais supprimer une chose,
-
13:52 - 13:53ce serait ça.
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13:53 - 13:56J’avais récemment affirmé que
nous n’étions que cinq à vivre à Bend. -
13:56 - 13:59Et il y a des gens qui ont compté !
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13:59 - 14:01« Je connais au moins 12 Noirs à Bend. »
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14:01 - 14:02(Rires)
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14:02 - 14:04« 13 même ! »
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14:04 - 14:05(Rires)
-
14:08 - 14:12Je leur ai répondu que
là n’était pas mon propos, -
14:13 - 14:16tout en recadrant mon message.
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14:17 - 14:20Car en fait, peu importe
que vous connaissiez 12, -
14:20 - 14:24ou 13 ou 25 personnes de couleur à Bend.
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14:24 - 14:28Le seul fait de pouvoir les compter dans
une ville de quelques milliers de citoyens -
14:28 - 14:29devrait vous faire réfléchir.
-
14:29 - 14:31Je ne faisais ni un recensement,
-
14:31 - 14:34ni aucune accusation de racisme.
-
14:34 - 14:36Mon message reste identique :
-
14:36 - 14:40nous devons trouver un moyen de parler
de racisme en restant à l’aise. -
14:40 - 14:45Évoquer ça a suscité
un mode d’attaque, défensif. -
14:47 - 14:51Les gens veulent souvent ignorer
pudiquement le fait que je sois noire. -
14:51 - 14:55La phrase que j’aime le moins :
« Je suis aveugle aux couleurs. » -
14:56 - 14:59Je comprends ce que vous voulez dire,
que vous nous considérez comme égaux. -
14:59 - 15:03Mais pourquoi ne pouvez-vous pas
me considérer comme votre égale et noire ? -
15:03 - 15:06Jamais je ne dirais que
je ne vous vois pas comme étant blanc. -
15:06 - 15:09(Rires)
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15:12 - 15:15(Applaudissements)
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15:19 - 15:22Vous devriez accepter que je suis noire
car cela me convient bien. -
15:22 - 15:26Je souhaite vous faire savoir que
je suis professionnelle -
15:26 - 15:28et que je suis noire.
-
15:28 - 15:30Je tiens aussi à ce que vous sachiez
-
15:30 - 15:33que même si nous sommes
plus nombreux que cinq, -
15:33 - 15:38parfois, je me sens seule
dans un océan de milliers, -
15:38 - 15:41et que ce sentiment est parfois un défi,
qu’il est épuisant -
15:41 - 15:45particulièrement dans les mauvais jours.
-
15:46 - 15:48Je souhaite que vous sachiez
que vivre à Bend -
15:48 - 15:52est aussi fantastique que
vivre en Corée du Sud. -
15:52 - 15:56Mais c’est aussi effrayant
de marcher dans la rue -
15:56 - 15:59et de me demander si celui que je croise
-
15:59 - 16:04pense exactement comme cet homme en vélo.
-
16:05 - 16:08Je ne souhaite pas généraliser
et simplifier à l’excès : -
16:08 - 16:12« Tous les Noirs se sentent des victimes »
ou « Tous les Blancs sont racistes ». -
16:12 - 16:17Mais dans une communauté comme Bend,
où la majorité est blanche, -
16:17 - 16:20je souhaiterais découvrir comment
nous pouvons apprendre ensemble. -
16:20 - 16:23Comment pouvons-nous espérer créer
une communauté meilleure -
16:23 - 16:26si nous ne cherchons pas à voir
nos différences respectives -
16:26 - 16:27mais uniquement nos similitudes ?
-
16:27 - 16:32En acceptant nos différences respectives,
en nous acceptant plus « entier », -
16:32 - 16:36imaginez combien nous pourrons
rendre Bend, et le monde, meilleur ! -
16:36 - 16:37Merci.
-
16:37 - 16:40(Applaudissements) (Encouragements)
- Title:
- Noire à Bend : Faire partie d'une minorité extrême en province | Anyssa Bohanan | TEDxBend
- Description:
-
Savez-vous ce que c'est d'être la seule personne qui vous ressemble dans un lieu ? Anyssa Bohanan a vécu cette expérience à un niveau extrême en étant une des premières afro-américaines à vivre en Corée du Sud et ensuite en faisant partie d'une toute petite communauté afro-américaine vivant dans le centre de l'Oregon. Sa vie en tant que membre d'une minorité extrême à l'étranger et dans son pays d'origine est peuplée d'expériences aux goûts variés : d'amusantes à transformatives. Elle espère, en partageant avec nous son expérience, pouvoir faire la différence pour une personne au minimum qui ressent ce qu'elle ressent.
Anyssa Bohanan est journaliste pour un quotidien local. Elle s'est auto-proclamée « la prochaine Oprah ». Elle a fait des interviews de ses oursons depuis qu'elle a appris à marcher et pense que sa capacité à parler avec n'importe qui, n'importe où vient de son éducation d'enfant de militaire. Deux ans d'enseignement de l'anglais en Corée du Sud ont appris à Anyssa l'importance de fuir sa zone de confort. Qu'il s'agisse de voyager dans les rues d'un pays inconnu ou du cheminement de la découverte de soi dans un territoire peu familier, chez elle, dans son propre pays, elle apprend qu'être différent n'est pas nécessairement une mauvaise chose, où que nous vivions.
Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx
- Video Language:
- English
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 17:06
eric vautier approved French subtitles for Black in Bend: being an extreme minority in suburbia | Anyssa Bohanan | TEDxBend | ||
eric vautier edited French subtitles for Black in Bend: being an extreme minority in suburbia | Anyssa Bohanan | TEDxBend | ||
Anne-Sophie accepted French subtitles for Black in Bend: being an extreme minority in suburbia | Anyssa Bohanan | TEDxBend | ||
Anne-Sophie edited French subtitles for Black in Bend: being an extreme minority in suburbia | Anyssa Bohanan | TEDxBend | ||
Anne-Sophie edited French subtitles for Black in Bend: being an extreme minority in suburbia | Anyssa Bohanan | TEDxBend | ||
Claire Ghyselen edited French subtitles for Black in Bend: being an extreme minority in suburbia | Anyssa Bohanan | TEDxBend | ||
Claire Ghyselen edited French subtitles for Black in Bend: being an extreme minority in suburbia | Anyssa Bohanan | TEDxBend | ||
Claire Ghyselen edited French subtitles for Black in Bend: being an extreme minority in suburbia | Anyssa Bohanan | TEDxBend |