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Noire à Bend : Faire partie d'une minorité extrême en province | Anyssa Bohanan | TEDxBend

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    Salut.
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    (Public) Salut.
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    Salut Oprah, si tu nous regardes,
    ma seule chance de t'interpeller.
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    Mais revenons à vous.
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    Je sais qu'il y a des parents
    dans le public, n'est-ce pas ?
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    Parmi ceux qui ont des enfants,
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    combien ont eu « la discussion » avec eux.
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    D'accord ? D'accord ?
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    C'est bizarre, n'est-ce pas ?
    Et c'est inconfortable.
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    Je peux vous garantir,
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    pour avoir eu cette discussion
    quand j'étais enfant,
  • 0:41 - 0:45
    que c'est aussi inconfortable pour nous,
    si pas davantage que pour vous.
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    J'ai eu cette discussion
    quand j'ai eu huit ou neuf ans.
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    Ce fut bizarre, ça, c'est certain.
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    Mais quand j'avais neuf ou dix ans,
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    me voici,
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    j'ai eu une autre conversation
    avec mes parents, complètement différente.
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    Je ne sais pas trop comment mes parents
    ont décidé que c'était la journée idéale,
  • 1:02 - 1:04
    mais un dimanche après-midi,
  • 1:04 - 1:06
    mon père a dit :
    « Je dois te montrer quelque chose.
  • 1:06 - 1:09
    On en discutera après. »
  • 1:09 - 1:13
    Alors, il a mis en route un documentaire
    de la chaîne History
  • 1:13 - 1:15
    et il a ajouté :
    « Je ne veux pas te blesser,
  • 1:15 - 1:17
    et je crains que cela puisse t'effrayer,
  • 1:17 - 1:20
    mais c'est important
    que tu écoutes cela. »
  • 1:20 - 1:22
    Il a donc allumé
    ce documentaire historique
  • 1:22 - 1:28
    et une des premières images que j'ai vues
    est un groupe de membres du KKK excités
  • 1:28 - 1:32
    et peu après, des hommes noirs
    pendus à un arbre.
  • 1:33 - 1:34
    En fait,
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    il ne m'a pas laissé regarder tout
    car j'étais une petite fille sensible.
  • 1:39 - 1:41
    Mais la conversation que
    j'ai eue avec mon père
  • 1:41 - 1:44
    fait partie de celles que
    de nombreux enfants noirs d'Amérique
  • 1:44 - 1:46
    doivent avoir au moins
    une fois dans leur vie,
  • 1:46 - 1:51
    sur la discrimination et le racisme qu'ils
    vont sans aucun doute rencontrer un jour
  • 1:51 - 1:52
    à cause de leur couleur.
  • 1:53 - 1:56
    Mon père m'a dit
    qu'il ne voulait pas m'effrayer
  • 1:56 - 1:59
    mais qu'il voulait que
    je sache, qu'un jour,
  • 1:59 - 2:03
    quelqu'un pourrait vouloir me blesser
    ou me tuer à cause de qui j'étais.
  • 2:04 - 2:07
    Je me souviens être allée
    dans ma chambre après ça,
  • 2:07 - 2:08
    et couchée sur mon lit,
  • 2:08 - 2:10
    d'avoir fixé le plafond
    d'un regard vague en disant :
  • 2:10 - 2:12
    « Pourquoi nous haïssent-ils ? »
  • 2:13 - 2:20
    Imaginez cette petite fille se demander
    pourquoi les gens ne l'aiment pas
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    à cause de qui elle est.
  • 2:23 - 2:25
    En dépit de la dureté
    de cette conversation,
  • 2:25 - 2:27
    quand je suis allée à l'école le lundi,
  • 2:27 - 2:29
    j'étais résiliente,
    comme les enfants le sont.
  • 2:29 - 2:31
    J'ai évoqué le sujet avec mes amis
  • 2:31 - 2:35
    et j'ai remarqué leur inconfort.
  • 2:35 - 2:37
    Ce n'est que plus tard que j'ai compris
  • 2:37 - 2:39
    que certains de mes amis
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    n'avaient pas de telles conversations
    avec leurs parents
  • 2:43 - 2:46
    sur comment faire face à quelqu'un
  • 2:46 - 2:49
    qui pourrait un jour penser
    qu'ils leur sont inférieurs
  • 2:49 - 2:52
    ou qui pourrait vouloir les blesser
    à cause de qui ils étaient.
  • 2:53 - 2:56
    Après quelques autres essais
    avec un résultat similaire,
  • 2:56 - 2:59
    j'ai compris qu'il y avait
    des groupes de personnes
  • 2:59 - 3:02
    avec qui je ne pourrais pas
    parler de race.
  • 3:02 - 3:03
    Dans les groupes
  • 3:03 - 3:08
    où les différences entre nous
    étaient si éclatantes,
  • 3:08 - 3:09
    j'évitais le sujet
  • 3:09 - 3:12
    car mon but n'était pas
    de mettre les autres mal à l'aise.
  • 3:12 - 3:15
    Avançons de quelques années
    et quittons l'école primaire.
  • 3:15 - 3:16
    Après l'université,
  • 3:16 - 3:19
    j'ai décidé d'utiliser mon diplôme
    en journaliste
  • 3:19 - 3:20
    et d'enseigner l'anglais en Corée du Sud.
  • 3:22 - 3:24
    Ce fut une expérience incroyable,
  • 3:24 - 3:28
    notamment grâce aux personnes
    fantastiques que j'ai rencontrées,
  • 3:28 - 3:30
    venues de partout dans le monde.
  • 3:30 - 3:32
    Mais quand on part
    de l'autre côté du monde,
  • 3:32 - 3:34
    il y a quelques petits défis.
  • 3:34 - 3:37
    Sans doute vous en doutez-vous.
  • 3:37 - 3:40
    Avez-vous déjà été le seul dans une pièce,
  • 3:40 - 3:44
    le seul de votre race, de votre genre
    ou orientation sexuelle ?
  • 3:45 - 3:47
    Quelle sensation cela fait-il ?
  • 3:48 - 3:51
    Certains pensent que, ouais,
    ça va, ils se sentent bien.
  • 3:51 - 3:54
    D'autres se sentent
    profondément vulnérables.
  • 3:55 - 4:00
    Imaginez cette sensation de gêne combinée
    aux paroles d'alors de votre père
  • 4:00 - 4:05
    sur ces gens qui pourraient
    ne pas vous aimer à cause de qui vous êtes
  • 4:05 - 4:07
    et multipliez cette sensation par mille
  • 4:07 - 4:11
    parce que vous êtes vraiment la seule
    personne comme vous dans un pays entier.
  • 4:11 - 4:12
    (Rires)
  • 4:15 - 4:16
    Oh, mon dieu !
  • 4:17 - 4:20
    Je me suis bien amusée, vraiment.
  • 4:20 - 4:24
    Mais je me sentais scrutée,
    sous le microscope, continuellement.
  • 4:24 - 4:27
    J'ai vécu des expériences intéressantes.
  • 4:27 - 4:30
    Un jour par exemple, je montais
    les escalators dans un centre commercial
  • 4:30 - 4:34
    et un homme s'est penché
    depuis l'autre côté pour m'observer.
  • 4:34 - 4:36
    J'ai cru qu'il allait me rouler un patin.
  • 4:36 - 4:38
    J'ai pensé que, oui,
    j'avais trouvé un mari !
  • 4:38 - 4:43
    Certains de mes étudiants
    m'appelaient « la prof africaine »,
  • 4:43 - 4:45
    ou « la prof jamaïcaine ».
  • 4:45 - 4:47
    C'était facile de les corriger.
  • 4:47 - 4:49
    C'est simplement qu'ils ne savaient pas.
  • 4:50 - 4:52
    Un jour, j'ai pris un taxi,
  • 4:52 - 4:56
    et le chauffeur fut sidéré de me voir
    agir comme n'importe qui dans un taxi
  • 4:56 - 5:02
    et après une conversation agitée
    et rapide en coréen,
  • 5:02 - 5:06
    il m'a demandé ma main.
  • 5:06 - 5:09
    J'ai pensé :
    « Mariage ? C'est quoi ce binz ? »
  • 5:09 - 5:14
    Mais en fait, il voulait juste la frotter
    pour effacer la couleur brune.
  • 5:14 - 5:15
    (Rires)
  • 5:15 - 5:19
    Je vous assure que c'est véridique !
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    Cet incident est plutôt amusant.
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    Et ces anecdotes étaient fondées
    sur une méconnaissance.
  • 5:27 - 5:32
    Ce n'était pas blessant à dessein.
  • 5:32 - 5:33
    Ça allait donc.
  • 5:33 - 5:39
    Mais d'autres incidents sont survenus
    avec l'objectif de me blesser.
  • 5:39 - 5:43
    Je suis allée, par exemple, à Ulsan,
    voir un couple d'amis un week-end.
  • 5:43 - 5:47
    Ulsan est une jolie ville balnéaire
    au sud de la Corée du Sud
  • 5:47 - 5:50
    et les étrangers et les touristes
    y sont bien plus fréquents.
  • 5:50 - 5:54
    Je me réjouissais donc d'un week-end
  • 5:54 - 5:56
    durant lequel peu de personnes
    allaient me fixer du regard.
  • 5:57 - 6:00
    On sort avec mes amis et on passe
    des moments super ensemble.
  • 6:00 - 6:02
    On finit la journée
    dans un de nos bars préférés.
  • 6:02 - 6:06
    Brusquement, au milieu de la conversation,
  • 6:06 - 6:10
    mon amie se tétanise,
    comme si elle venait de voir un fantôme,
  • 6:10 - 6:13
    comme si quelqu'un venait
    de sortir de sa tombe.
  • 6:13 - 6:18
    Elle se retourne vers les hommes coréens
    assis à côté d'elle
  • 6:18 - 6:20
    et commence à leur crier dessus.
  • 6:21 - 6:23
    « Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? »
  • 6:24 - 6:26
    Mon amie et moi sommes
    évidemment inquiètes.
  • 6:26 - 6:28
    Sans doute lui ont-ils tenu
    des propos injurieux.
  • 6:28 - 6:30
    Je me sens prête au combat.
  • 6:30 - 6:33
    Je suis peut-être petite
    mais je suis forte et prête !
  • 6:33 - 6:34
    (Rires)
  • 6:34 - 6:35
    Mais
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    elle se tourne vers moi et dit,
    les larmes aux yeux :
  • 6:40 - 6:43
    « Ils viennent de dire que
    tu es nègre et stupide. »
  • 6:44 - 6:45
    Beurk.
  • 6:46 - 6:49
    Mon autre amie a réagi instinctivement.
  • 6:49 - 6:53
    Elle leur crie dessus
    et les barmen s'en mêlent.
  • 6:53 - 6:56
    Les types essaient désespérément
    d'éclaircir les choses
  • 6:56 - 6:59
    mais c'est parce qu'ils ont été pris
    en flagrant délit.
  • 6:59 - 7:02
    Ma première amie est partie
    dans les toilettes, en larmes,
  • 7:02 - 7:03
    à cause de la colère.
  • 7:03 - 7:04
    Vous savez quoi ?
  • 7:05 - 7:08
    Quand dans tout ce chaos,
    j'ai enfin compris quel était le problème,
  • 7:09 - 7:12
    je suis devenue très calme
  • 7:12 - 7:16
    car c'est exactement ce que j'avais
    craint depuis l'âge de 10 ans,
  • 7:16 - 7:18
    quand j'avais regardé un documentaire
  • 7:18 - 7:23
    sur le fait qu'on pourrait proférer
    ce que cet homme venait de me dire,
  • 7:24 - 7:25
    et j'avais survécu !
  • 7:26 - 7:29
    J'avais toujours pensé
    qu'un tel acte de racisme manifeste
  • 7:29 - 7:32
    serait comme un couteau au cœur.
  • 7:33 - 7:36
    Mais ça ressemblait à une petite entaille.
  • 7:36 - 7:38
    Ça pique un peu,
  • 7:38 - 7:39
    une petite cicatrice,
  • 7:39 - 7:43
    une piqûre de rappel que ce ne sera pas
    le pire à entendre dans ma vie,
  • 7:43 - 7:45
    mais que j'y survivrais.
  • 7:46 - 7:49
    La totalité de ma vie en Corée du Sud
    n'est pas aussi dramatique.
  • 7:49 - 7:52
    J'ai choisi pour vous les moments
    les plus saillants.
  • 7:52 - 7:54
    Ce fut sincèrement
    une de mes meilleures expériences.
  • 7:54 - 7:59
    Cela m'a rendue plus forte et résiliente
    et ça m'a donné confiance en moi.
  • 8:00 - 8:01
    Cette confiance
  • 8:01 - 8:05
    est sans doute la raison grâce à laquelle,
    trois mois après mon retour à la maison,
  • 8:05 - 8:07
    j'ai obtenu ce travail à Bend
  • 8:07 - 8:10
    et j'ai saisi la chance sans hésiter.
  • 8:10 - 8:13
    Mon travail idéal ressemblait
    à ça : raconter des histoires,
  • 8:13 - 8:15
    sans se limiter à des reportages d'infos.
  • 8:15 - 8:18
    Quand j'ai parlé au téléphone
    avec celui qui est devenu mon chef,
  • 8:18 - 8:22
    il m'a avertie que la diversité
    n'était pas répandue à Bend.
  • 8:22 - 8:23
    (Rires)
  • 8:23 - 8:25
    Et par « pas très répandue, »
  • 8:25 - 8:29
    il voulait dire qu'il y avait
    beaucoup de Blancs.
  • 8:29 - 8:30
    (Rires)
  • 8:30 - 8:31
    Où est le problème ?
  • 8:31 - 8:35
    J'ai répondu que je venais de quitter
    un pays totalement différent
  • 8:35 - 8:38
    et que changer d'État
    ne pouvait pas être un aussi grand défi.
  • 8:39 - 8:43
    La différence, mesdames et messieurs,
    est qu'en vivant en Corée du Sud,
  • 8:43 - 8:45
    j'avais autour de moi des personnes
  • 8:45 - 8:48
    qui ressentaient ce sentiment
    de non-appartenance,
  • 8:48 - 8:50
    ce sentiment d'être un étranger.
  • 8:50 - 8:55
    Mais ici, à Bend, ce n'est pas le cas.
  • 8:55 - 8:59
    Je vivais tout cela à visage découvert.
  • 9:00 - 9:03
    Les journalistes, vous le savez,
    ne peuvent pas avoir d'opinion publique.
  • 9:03 - 9:06
    Nous sommes les piliers neutres
    de nos communautés.
  • 9:06 - 9:08
    Selon les sujets,
    j'ai du mal à gérer ça.
  • 9:08 - 9:10
    Mais globalement,
    je comprends cette exigence
  • 9:10 - 9:13
    car c'est ce que
    j'ai toujours voulu faire,
  • 9:13 - 9:14
    et cela fait partie du boulot.
  • 9:15 - 9:20
    Mais être la seule personne qui me
    ressemble à la télé a ses propres défis.
  • 9:21 - 9:26
    Je me classe souvent
    dans deux catégories :
  • 9:26 - 9:30
    Anyssa la journaliste
    et Anyssa la fille noire.
  • 9:31 - 9:35
    Ces deux catégories se sont télescopées
    pour la première fois l'été dernier.
  • 9:35 - 9:40
    La semaine où Philando Castile
    et Alton Stirling, deux hommes noirs,
  • 9:40 - 9:42
    ont été tués par balle dans deux États.
  • 9:42 - 9:46
    La semaine où cinq policiers
    ont été tués par balle à Dallas,
  • 9:46 - 9:48
    en réaction à ces deux fusillades.
  • 9:48 - 9:50
    Pas la meilleure semaine
    pour être Américain
  • 9:50 - 9:54
    et encore moins pour paraître aux infos.
  • 9:55 - 9:56
    Mais quand je me suis réveillée,
  • 9:56 - 9:58
    deux jours après la mort
    de Alton Stirling,
  • 9:58 - 10:01
    pour regarder la vidéo plutôt explicite
  • 10:01 - 10:04
    de l'agonie de Philando Castile
    dans sa voiture,
  • 10:04 - 10:08
    je me suis sentie complètement vidée
    comme jamais auparavant.
  • 10:08 - 10:14
    J’ai regardé la vidéo quelques minutes,
    je me suis préparée à aller travailler,
  • 10:15 - 10:17
    je suis montée dans la voiture,
  • 10:17 - 10:18
    prête à partir.
  • 10:18 - 10:22
    Il ne m’a pas fallu trois mètres
  • 10:22 - 10:25
    avant de fondre en larmes.
  • 10:25 - 10:29
    Cela reste encore difficile de parler
    de cet événement sans pleurer
  • 10:29 - 10:32
    car il s’agit de personnes
    que j’aurais pu connaître.
  • 10:32 - 10:38
    Ils auraient pu être mes amis,
    de la famille ou des anciens collègues.
  • 10:38 - 10:42
    Une fois arrivée au bureau,
    personne ne parlait de ça.
  • 10:43 - 10:46
    Jamais, je ne me suis sentie aussi seule.
  • 10:47 - 10:51
    J’ai eu la sensation que ce qui était
    survenu à ces hommes ne comptait pas.
  • 10:51 - 10:53
    J’ai eu la sensation de ne pas compter
  • 10:53 - 10:55
    et personne ne l’a remarqué.
  • 10:56 - 10:58
    Donc, après la réunion du matin,
  • 10:58 - 11:02
    j’ai demandé à notre éditeur pourquoi
    nous ne couvrions pas les fusillades
  • 11:02 - 11:05
    et il m’a répondu que nous devions
    aller sur le terrain pour ça.
  • 11:05 - 11:06
    Il n’avait pas tort.
  • 11:06 - 11:09
    Alors, il a proposé de faire
    des interviews dans la rue.
  • 11:09 - 11:14
    Ça ne m’inspirait pas vraiment
    mais je me suis décidée à le faire.
  • 11:14 - 11:16
    Je suis allée en ville avec mon cadreur
  • 11:16 - 11:19
    mais peu de personnes acceptaient
    de nous répondre.
  • 11:19 - 11:21
    Vous voyez, les moments
    désagréables n’ont rien à faire
  • 11:21 - 11:24
    dans une journée ensoleillée
    et estivale de Bend.
  • 11:24 - 11:28
    On a néanmoins obtenu
    quelques opinions, certes réservées,
  • 11:28 - 11:30
    et j’étais relativement satisfaite de moi
  • 11:30 - 11:33
    car je ne pensais pas que
    nous pourrions obtenir mieux.
  • 11:33 - 11:36
    Nous étions donc en train de parler
    de replier bagage et rentrer au bureau
  • 11:36 - 11:39
    quand un homme s’est approché
    de nous en vélo :
  • 11:39 - 11:44
    blanc, la quarantaine,
    très « typiquement Bend ».
  • 11:44 - 11:46
    Il nous a demandé ce que nous faisions.
  • 11:46 - 11:48
    Alors on le lui a dit :
  • 11:48 - 11:51
    on demandait l’avis des gens
    sur les fusillades.
  • 11:51 - 11:55
    Il a répondu qu’il avait un avis
    mais qu’il ne voulait pas être filmé.
  • 11:55 - 11:58
    On a insisté pour savoir
    s’il était certain.
  • 11:58 - 12:01
    Car en fait, il ne partait pas.
  • 12:01 - 12:03
    Il souhaitait vraiment
    nous faire part de son opinion.
  • 12:03 - 12:06
    Et avant de parvenir à le convaincre
  • 12:06 - 12:09
    de parler devant la caméra,
  • 12:09 - 12:15
    il s’est lancé dans une diatribe
    contre les musulmans et les immigrants,
  • 12:15 - 12:17
    et il en a rajouté une couche avec :
  • 12:17 - 12:20
    « Je n’aime pas dire ça devant vous
    car vous êtes noire... »
  • 12:20 - 12:22
    Faisons une pause
    pour une petite précision :
  • 12:22 - 12:24
    aucune bonne phrase, en aucun cas,
  • 12:24 - 12:27
    (Rires)
  • 12:27 - 12:30
    commence par :
    « Je n’aime pas être raciste mais... »
  • 12:30 - 12:32
    (Rires)
  • 12:32 - 12:35
    Et donc, il nous dit :
  • 12:35 - 12:37
    « Je n’aime pas dire ça
    car vous êtes noire,
  • 12:37 - 12:40
    mais votre morphologie
    vous rend plus forts, plus rapides,
  • 12:40 - 12:42
    et la police n’a pas toujours
    d’autre choix que de tirer
  • 12:42 - 12:44
    car ils ont peur. »
  • 12:44 - 12:45
    (Public) : Haaaaa...
  • 12:45 - 12:48
    « Et statistiquement,
    les noirs sont plus violents.
  • 12:48 - 12:50
    Vous le constaterez dans les données ! »
  • 12:51 - 12:54
    Ça m’a complètement pétrifiée.
  • 12:54 - 12:56
    Je ne pouvais pas croire
    qu’il venait de me dire ça.
  • 12:56 - 13:02
    Il venait de me proférer ça, un jour
    ensoleillé, au centre-ville de Bend,
  • 13:02 - 13:06
    imperturbable, comme s’il me disait
    que le ciel est bleu.
  • 13:07 - 13:10
    Quelle blessure !
  • 13:14 - 13:16
    Donc,
  • 13:16 - 13:18
    maintenant que vous avez entendu ça,
  • 13:19 - 13:25
    il y a quelques semaines, on a diffusé
    un reportage sur cette histoire
  • 13:25 - 13:28
    et les critiques et commentaires
    nous ont stupéfiés.
  • 13:29 - 13:32
    Beaucoup de gens étaient choqués
  • 13:32 - 13:36
    que j’ai pu laisser penser que
    toute la population de Bend est raciste,
  • 13:36 - 13:38
    et ils avaient l'intention
    de ne plus regarder nos émissions.
  • 13:38 - 13:42
    D’autres suggéraient que si
    j’étais à la recherche de diversité,
  • 13:42 - 13:43
    je ferais bien de déménager.
  • 13:45 - 13:50
    Et puis il y a évidemment mon commentaire
    déplorable sur « cinq Noirs à Bend ».
  • 13:50 - 13:52
    Si je pouvais supprimer une chose,
  • 13:52 - 13:53
    ce serait ça.
  • 13:53 - 13:56
    J’avais récemment affirmé que
    nous n’étions que cinq à vivre à Bend.
  • 13:56 - 13:59
    Et il y a des gens qui ont compté !
  • 13:59 - 14:01
    « Je connais au moins 12 Noirs à Bend. »
  • 14:01 - 14:02
    (Rires)
  • 14:02 - 14:04
    « 13 même ! »
  • 14:04 - 14:05
    (Rires)
  • 14:08 - 14:12
    Je leur ai répondu que
    là n’était pas mon propos,
  • 14:13 - 14:16
    tout en recadrant mon message.
  • 14:17 - 14:20
    Car en fait, peu importe
    que vous connaissiez 12,
  • 14:20 - 14:24
    ou 13 ou 25 personnes de couleur à Bend.
  • 14:24 - 14:28
    Le seul fait de pouvoir les compter dans
    une ville de quelques milliers de citoyens
  • 14:28 - 14:29
    devrait vous faire réfléchir.
  • 14:29 - 14:31
    Je ne faisais ni un recensement,
  • 14:31 - 14:34
    ni aucune accusation de racisme.
  • 14:34 - 14:36
    Mon message reste identique :
  • 14:36 - 14:40
    nous devons trouver un moyen de parler
    de racisme en restant à l’aise.
  • 14:40 - 14:45
    Évoquer ça a suscité
    un mode d’attaque, défensif.
  • 14:47 - 14:51
    Les gens veulent souvent ignorer
    pudiquement le fait que je sois noire.
  • 14:51 - 14:55
    La phrase que j’aime le moins :
    « Je suis aveugle aux couleurs. »
  • 14:56 - 14:59
    Je comprends ce que vous voulez dire,
    que vous nous considérez comme égaux.
  • 14:59 - 15:03
    Mais pourquoi ne pouvez-vous pas
    me considérer comme votre égale et noire ?
  • 15:03 - 15:06
    Jamais je ne dirais que
    je ne vous vois pas comme étant blanc.
  • 15:06 - 15:09
    (Rires)
  • 15:12 - 15:15
    (Applaudissements)
  • 15:19 - 15:22
    Vous devriez accepter que je suis noire
    car cela me convient bien.
  • 15:22 - 15:26
    Je souhaite vous faire savoir que
    je suis professionnelle
  • 15:26 - 15:28
    et que je suis noire.
  • 15:28 - 15:30
    Je tiens aussi à ce que vous sachiez
  • 15:30 - 15:33
    que même si nous sommes
    plus nombreux que cinq,
  • 15:33 - 15:38
    parfois, je me sens seule
    dans un océan de milliers,
  • 15:38 - 15:41
    et que ce sentiment est parfois un défi,
    qu’il est épuisant
  • 15:41 - 15:45
    particulièrement dans les mauvais jours.
  • 15:46 - 15:48
    Je souhaite que vous sachiez
    que vivre à Bend
  • 15:48 - 15:52
    est aussi fantastique que
    vivre en Corée du Sud.
  • 15:52 - 15:56
    Mais c’est aussi effrayant
    de marcher dans la rue
  • 15:56 - 15:59
    et de me demander si celui que je croise
  • 15:59 - 16:04
    pense exactement comme cet homme en vélo.
  • 16:05 - 16:08
    Je ne souhaite pas généraliser
    et simplifier à l’excès :
  • 16:08 - 16:12
    « Tous les Noirs se sentent des victimes »
    ou « Tous les Blancs sont racistes ».
  • 16:12 - 16:17
    Mais dans une communauté comme Bend,
    où la majorité est blanche,
  • 16:17 - 16:20
    je souhaiterais découvrir comment
    nous pouvons apprendre ensemble.
  • 16:20 - 16:23
    Comment pouvons-nous espérer créer
    une communauté meilleure
  • 16:23 - 16:26
    si nous ne cherchons pas à voir
    nos différences respectives
  • 16:26 - 16:27
    mais uniquement nos similitudes ?
  • 16:27 - 16:32
    En acceptant nos différences respectives,
    en nous acceptant plus « entier »,
  • 16:32 - 16:36
    imaginez combien nous pourrons
    rendre Bend, et le monde, meilleur !
  • 16:36 - 16:37
    Merci.
  • 16:37 - 16:40
    (Applaudissements) (Encouragements)
Title:
Noire à Bend : Faire partie d'une minorité extrême en province | Anyssa Bohanan | TEDxBend
Description:

Savez-vous ce que c'est d'être la seule personne qui vous ressemble dans un lieu ? Anyssa Bohanan a vécu cette expérience à un niveau extrême en étant une des premières afro-américaines à vivre en Corée du Sud et ensuite en faisant partie d'une toute petite communauté afro-américaine vivant dans le centre de l'Oregon. Sa vie en tant que membre d'une minorité extrême à l'étranger et dans son pays d'origine est peuplée d'expériences aux goûts variés : d'amusantes à transformatives. Elle espère, en partageant avec nous son expérience, pouvoir faire la différence pour une personne au minimum qui ressent ce qu'elle ressent.

Anyssa Bohanan est journaliste pour un quotidien local. Elle s'est auto-proclamée « la prochaine Oprah ». Elle a fait des interviews de ses oursons depuis qu'elle a appris à marcher et pense que sa capacité à parler avec n'importe qui, n'importe où vient de son éducation d'enfant de militaire. Deux ans d'enseignement de l'anglais en Corée du Sud ont appris à Anyssa l'importance de fuir sa zone de confort. Qu'il s'agisse de voyager dans les rues d'un pays inconnu ou du cheminement de la découverte de soi dans un territoire peu familier, chez elle, dans son propre pays, elle apprend qu'être différent n'est pas nécessairement une mauvaise chose, où que nous vivions.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
17:06

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