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Pourquoi nous devrions donner à chacun un "revenu de base" I Rutger Bregman I TEDxMaastricht

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    Rutger Bregman
    Le Revenu de Base pour tous.
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    Mesdames, Messieurs.
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    Aujourd'hui j'aimerais partager
    une grande idée avec vous.
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    En fait je pense que cela pourrait être
  • 0:24 - 0:28
    l'une des plus grandes idées du
    21ème siècle.
  • 0:28 - 0:30
    C'est une idée qui pourrait unir
    les hommes politiques
  • 0:30 - 0:32
    de gauche et de droite
  • 0:32 - 0:36
    pour réparer notre système
    de sécurité sociale défaillant.
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    Une idée qui pourrait redonner leur
    dignité à des millions de personnes
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    et accomplir ce qui aurait dû
    l'être il y a bien longtemps
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    spécialement dans nos pays riches et aisés :
  • 0:45 - 0:47
    éradiquer la pauvreté.
  • 0:47 - 0:49
    Mais tout d'abord,
  • 0:49 - 0:53
    je dois être honnête avec vous :
  • 0:53 - 0:56
    ce n'est pas mon idée.
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    En fait c'est l'idée de cet homme,
  • 0:59 - 1:02
    Thomas Paine,
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    qui malheureusement ne peut pas
    être avec nous aujourd'hui
  • 1:04 - 1:07
    (Rires)
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    parce qu'il a disparu il y a de cela 200 ans.
  • 1:11 - 1:14
    Mais c'était aussi l'idée de ces gens :
  • 1:14 - 1:19
    quelques-uns des plus grands
    penseurs de l'histoire.
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    Je vous sens pensifs :
  • 1:21 - 1:24
    quelle sorte d'idée peut unir
    des hommes aussi différents
  • 1:24 - 1:26
    que l'avocat des droits civils,
  • 1:26 - 1:29
    Martin Luther King d'un côté,
  • 1:29 - 1:31
    et l'économiste libéral Milton Friedman,
  • 1:31 - 1:32
    de l'autre ?
  • 1:32 - 1:34
    Quelle sorte d'idée peut unir
    des penseurs aussi variés
  • 1:34 - 1:37
    que Thomas Paine, qui pensait
    que le gouvernement
  • 1:37 - 1:39
    est la solution à la plupart de nos problèmes,
  • 1:39 - 1:41
    et de l'autre, Friedrich von Hayek,
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    économiste autrichien qui disait que
  • 1:44 - 1:48
    le gouvernement était en fait
    le problème la plupart du temps.
  • 1:48 - 1:51
    Quelle est cette idée, qui va à l'encontre
    de l'esprit de notre temps
  • 1:51 - 1:53
    à travers les vieilles divisions politiques
  • 1:53 - 1:56
    entre la gauche et la droite ?
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    Quelle est cette idée, cette idée utopique
  • 1:58 - 2:01
    dont beaucoup de penseurs
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    ont rêvé pendant des siècles,
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    mais toujours pas mise en place,
  • 2:06 - 2:09
    jusqu'à maintenant ?
  • 2:09 - 2:14
    Certains l'appellent le Dividende Citoyen ;
  • 2:14 - 2:18
    d'autres l'appellent Revenu de base.
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    Moi, j'appelle ça :
  • 2:20 - 2:24
    « l'argent gratuit pour tout le monde. »
  • 2:24 - 2:29
    Ça sonne pas mal, non ?
  • 2:29 - 2:30
    Je sais que cela évoque
  • 2:30 - 2:32
    comme un rêve utopique,
  • 2:32 - 2:34
    quelque chose qui n'arrivera jamais,
  • 2:34 - 2:36
    et surtout pas au cours de notre existence.
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    J'aimerais d'abord vous rappeler
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    que les utopies ont tendance à se réaliser.
  • 2:41 - 2:44
    Réfléchissez à la fin de l'esclavage,
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    l'égalité des droits pour l'homme
    et la femme, la démocratie,
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    étaient regardées comme des idées
    inapplicables en leur temps.
  • 2:50 - 2:55
    Dans l'histoire il y a quelque chose
    qui s'appelle le progrès.
  • 2:55 - 2:59
    Donc commençons avec cette
    question simple et basique :
  • 2:59 - 3:01
    Qu'est-ce que le revenu de base?
  • 3:01 - 3:05
    C'est une allocation mensuelle,
  • 3:05 - 3:07
    assez pour assurer vos besoins basiques :
  • 3:07 - 3:10
    nourriture, habitation, éducation.
  • 3:10 - 3:12
    Voilà.
  • 3:12 - 3:13
    Vous pourriez vous demander:
  • 3:13 - 3:15
    Mais n'est-ce pas ce que l’on a déjà ?
  • 3:15 - 3:17
    N'y a t-il pas déjà une sécurité sociale ?
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    N'avons nous pas l'Etat providence ?
  • 3:20 - 3:23
    Oui, mais le revenu de base est quelque
    chose d'entièrement différent.
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    En premier lieu, il est universel,
  • 3:27 - 3:29
    tout le monde en bénéficierait.
  • 3:29 - 3:32
    Que vous soyez millionnaire ou mendiant,
  • 3:32 - 3:35
    que vous soyez un homme, une femme,
    travaillant ou pas,
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    le revenu de base est un droit,
  • 3:36 - 3:39
    un droit en tant que citoyen de votre pays.
  • 3:39 - 3:42
    De plus, il est inconditionnel,
  • 3:42 - 3:43
    donc vous le recevez quoi qu'il arrive.
  • 3:43 - 3:46
    Personne ne vous dit quoi faire avec ;
  • 3:46 - 3:50
    on ne vous oblige à rien pour l'obtenir.
  • 3:50 - 3:52
    Le revenu de base n'est pas une faveur,
  • 3:52 - 3:55
    c'est un droit, au même titre que
  • 3:55 - 3:59
    la liberté d'expression en est un.
  • 3:59 - 4:01
    Mais plus précisément,
  • 4:01 - 4:05
    au cours des dernières décennies,
    dans les derniers 30 ou 40 ans,
  • 4:05 - 4:07
    c'est devenu plus qu'une simple idée.
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    « L'argent gratuit pour tous »
  • 4:08 - 4:10
    est plus qu'une idée,
  • 4:10 - 4:13
    c'est une solution qui a démontré son efficacité.
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    Comme vous pouvez le voir sur cette carte,
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    il y a eu des essais
  • 4:17 - 4:19
    -- cette carte date de 2012, en passant --
  • 4:19 - 4:21
    il y a eu des essais tout autour du monde
  • 4:21 - 4:23
    particulièrement au sud,
  • 4:23 - 4:27
    du Mexique au Brésil, de l'Afrique
    du Sud à l'Inde,
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    où chercheurs et gouvernements
    ont expérimenté
  • 4:31 - 4:33
    le fait de donner de l'argent
    sans contrepartie.
  • 4:33 - 4:37
    Cette carte montre tous les « programmes
    de transfert monétaire »
  • 4:37 - 4:41
    comme ils les appellent, qui touchent
    au moins 5 000 individus.
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    Il y a eu aussi des expérimentations
    à grande échelle
  • 4:45 - 4:47
    dans les années 70 et 80 au
    Canada et aux Etats-Unis.
  • 4:47 - 4:49
    Elles sont presque oubliées
    maintenant,
  • 4:49 - 4:51
    mais furent de grands succès.
  • 4:51 - 4:55
    Ce que les chercheurs ont montré,
    encore et encore,
  • 4:55 - 4:58
    en comparant un groupe témoin de
    personnes pauvres recevant cet argent,
  • 4:58 - 5:02
    et un autre groupe témoin similaire,
    pour en voir les effets --
  • 5:02 - 5:06
    encore et encore, il a été montré
    que « l'argent gratuit » --
  • 5:06 - 5:10
    baissait les inégalités, baissait la pauvreté,
    évidemment ;
  • 5:10 - 5:16
    mais aussi diminuait la mortalité infantile,
  • 5:16 - 5:21
    entraînait un accès aux soins moins coûteux,
    un taux de criminalité plus bas,
  • 5:21 - 5:23
    de meilleurs résultats scolaires,
  • 5:23 - 5:25
    moins de fraudes, une meilleure
    croissance économique,
  • 5:25 - 5:27
    un plus grand taux d'émancipation,
  • 5:27 - 5:31
    toutes sortes de changements
    sociaux positifs.
  • 5:31 - 5:34
    Encore et encore, les chercheurs ont montré
  • 5:34 - 5:36
    que « l'argent gratuit » pouvait être
    la meilleure solution,
  • 5:36 - 5:40
    la moins coûteuse et la plus civilisée
  • 5:40 - 5:43
    pour combattre la pauvreté.
  • 5:43 - 5:46
    Tout de suite, je ne vais pas
    pouvoir vous exposer
  • 5:46 - 5:48
    toutes les expériences qui ont
    été menées,
  • 5:48 - 5:50
    donc je vais juste vous exposer
    l'une d'entre elles,
  • 5:50 - 5:55
    conduite il y a quelques années
    dans la ville de Londres.
  • 5:55 - 5:58
    C'est une expérience qui concerne
    des hommes sans-abri.
  • 5:58 - 6:02
    Pour être exact, 13 sans-abri
  • 6:02 - 6:05
    qui vivaient dans les rues de Londres.
  • 6:05 - 6:08
    Ils étaient des « vétérans » de la rue :
  • 6:08 - 6:11
    certains d'entre eux ayant vécu sur
    les dalles du « Square Mile »,
  • 6:11 - 6:13
    le quartier d'affaires de Londres,
  • 6:13 - 6:15
    pendant plus de 40 ans.
  • 6:15 - 6:17
    Il faut préciser que
  • 6:17 - 6:20
    leur présence n'était pas sans dépenses --
  • 6:20 - 6:23
    pensez aux coûts liés au soins,
  • 6:23 - 6:25
    coûts légaux, coûts de maintien
    de l'ordre --
  • 6:25 - 6:27
    Ils étaient payés par le contribuable
    britannique
  • 6:27 - 6:31
    des centaines de milliers de livres par an.
  • 6:31 - 6:34
    Donc, tout avait déjà été essayé
  • 6:34 - 6:36
    et il était temps d'essayer
    quelque chose de nouveau.
  • 6:36 - 6:40
    Au printemps 2009, une association
    locale s'y attela :
  • 6:40 - 6:45
    Hm, pourquoi ne pas essayer avec
    « l'argent gratuit » ?
  • 6:45 - 6:49
    Chaque sans-abri reçut £3,000
  • 6:49 - 6:50
    en liquide.
  • 6:50 - 6:53
    Sans contrepartie.
  • 6:53 - 6:55
    Ils étaient complètement
    libres de décider
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    ce qu'ils choisissaient de faire
    avec cet argent.
  • 6:58 - 7:02
    La seule question qu'ils avaient
    à se poser était :
  • 7:02 - 7:05
    Qu'est ce qui est bon pour vous ?
  • 7:05 - 7:09
    Les services de conseil étaient
    purement optionnels.
  • 7:09 - 7:11
    Bien sur, nombre d'assistants
    sociaux étaient dubitatifs,
  • 7:11 - 7:13
    ils n'avaient pas de grandes attentes :
  • 7:13 - 7:15
    ils pensaient que bon...
  • 7:15 - 7:17
    Ces hommes vont probablement
    dépenser l'argent
  • 7:17 - 7:21
    dans l'alcool, les drogues, le jeu
    et ce genre de choses.
  • 7:21 - 7:23
    Puis quelque chose d’étonnant arriva.
  • 7:23 - 7:25
    Ce qui se passa en premier lieu fut
  • 7:25 - 7:28
    que les hommes furent en fait très frugaux
  • 7:28 - 7:29
    avec l'argent qu'ils avaient reçu.
  • 7:29 - 7:31
    A la fin de la première année
  • 7:31 - 7:34
    seulement £800 avaient été dépensés en moyenne.
  • 7:34 - 7:36
    En quoi avaient ils été dépensés ?
  • 7:36 - 7:39
    Un téléphone, un passeport
    ou un dictionnaire,
  • 7:39 - 7:41
    chacun avait eu son idée
  • 7:41 - 7:43
    de ce qui était le mieux pour lui.
  • 7:43 - 7:47
    Qui plus est, un an plus tard,
    l'improbable était arrivé ;
  • 7:47 - 7:50
    7 des 13 hommes avaient un toit sur leur tête.
  • 7:50 - 7:52
    Deux de plus attendaient une
    réponse d'hébergement.
  • 7:52 - 7:56
    Quelques uns prenaient
    des cours de jardinage ;
  • 7:56 - 7:58
    d'autres avaient appris à cuisiner,
    par exemple.
  • 7:58 - 8:01
    Maintenant, ils rendaient
    visite à leurs enfants.
  • 8:01 - 8:04
    Tous ces hommes avaient maintenant
    des plans pour le futur.
  • 8:04 - 8:09
    Comme si cette somme leur avait
    redonné le pouvoir.
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    Je ne sais pas s’ il y a un politicien
    dans cette salle,
  • 8:13 - 8:15
    mais un politicien dirait sûrement :
  • 8:15 - 8:18
    Tout celà est une très belle histoire,
  • 8:18 - 8:19
    mais combien cela a-t-il coûté ?
  • 8:19 - 8:21
    Combien a coûté cette expérience ?
  • 8:21 - 8:25
    La réponse est £50 000,
  • 8:25 - 8:28
    salaire des travailleurs sociaux compris.
  • 8:28 - 8:33
    Donc, en plus de donner à 7 personnes
  • 8:33 - 8:36
    une seconde chance de vivre, le projet
    avait coûté
  • 8:36 - 8:38
    au moins 7 fois moins cher.
  • 8:38 - 8:41
    Et c'est un calcul très conservateur.
  • 8:41 - 8:46
    Même le magazine des pro-marché,
    très libéral,
  • 8:46 - 8:48
    « The Economist », concluait sur ce point :
  • 8:48 - 8:50
    « La façon la plus efficiente d'aider
    les sans-abri
  • 8:50 - 8:52
    serait simplement de leur donner l'argent. »
  • 8:52 - 8:54
    (Rires)
  • 8:54 - 8:57
    Des expériences comme celle-ci,
    faites partout dans le monde,
  • 8:57 - 9:01
    nous montrent ce qu'est vraiment
    la pauvreté.
  • 9:01 - 9:05
    La pauvreté n'est pas un manque
    de capacités ;
  • 9:05 - 9:08
    La pauvreté est un manque d'argent !
  • 9:08 - 9:10
    Rien de plus, rien de moins.
  • 9:10 - 9:13
    Donc, il est efficace de simplement
  • 9:13 - 9:20
    donner de l'argent aux pauvres si
    vous voulez résoudre ce problème.
  • 9:20 - 9:21
    Mesdames et messieurs,
  • 9:21 - 9:24
    nous vivons dans une période
  • 9:24 - 9:28
    dans laquelle les sociétés et les économies
    changent plus vite que jamais.
  • 9:28 - 9:30
    c'est l'âge de l'automatisation ;
  • 9:30 - 9:34
    Les robots nous remplacent au travail.
  • 9:34 - 9:37
    Cela va amener, évidement, la prospérité,
  • 9:37 - 9:40
    mais cela signifie également qu'il
    va falloir un ajustement.
  • 9:40 - 9:42
    S’il n'y a pas cet ajustement,
  • 9:42 - 9:45
    si nous continuons d'appliquer les solutions
    du 20ème siècle
  • 9:45 - 9:48
    aux défis du 21ème siècle,
  • 9:48 - 9:51
    la classe moyenne va s'effondrer,
    les inégalités vont décoller.
  • 9:51 - 9:54
    C'est un futur de dystopie.
  • 9:54 - 9:57
    Ces temps-ci, les gouvernements
    sont obsédés
  • 9:57 - 9:59
    par le retour des gens au travail,
  • 9:59 - 10:02
    quand bien même il n'y a plus
    de travail disponible.
  • 10:02 - 10:06
    Comme le célèbre inventeur
    Buckminster Fuller dit un jour :
  • 10:06 - 10:08
    « Nous avons des inspecteurs d'inspecteurs,
  • 10:08 - 10:11
    et des gens produisant des outils pour
    inspecter les inspecteurs d'inspecteurs. »
  • 10:11 - 10:14
    La véritable occupation que devraient
    avoir les gens est de retourner apprendre
  • 10:14 - 10:16
    et de réfléchir à ce qu'ils veulent
    vraiment faire de leur vie,
  • 10:16 - 10:18
    avant que quelqu'un ne leur dise
  • 10:18 - 10:20
    qu'ils devraient gagner leur vie.
  • 10:20 - 10:24
    Je pense que le revenu de base est
    une meilleure alternative
  • 10:24 - 10:27
    à l'état actuel de notre système social.
  • 10:27 - 10:31
    Mais il faut admettre qu'à travers l'histoire,
  • 10:31 - 10:34
    Il y a toujours eu trois arguments
    contre ce système,
  • 10:34 - 10:37
    trois objections formidables.
  • 10:37 - 10:39
    La première se présente comme il suit :
  • 10:39 - 10:42
    Bien, c'est une idée intéressante, mais --
  • 10:42 - 10:46
    J'ai fait quelques calculs et c'est
    trop cher.
  • 10:46 - 10:50
    Désolé, on ne peut pas payer,
    ça ne marchera pas
  • 10:50 - 10:51
    C'était peut-être vrai
  • 10:51 - 10:54
    du temps de Thomas Paine, il y a 200 ans,
  • 10:54 - 10:56
    quand presque tout le monde,
    presque partout,
  • 10:56 - 10:59
    était malade, pauvre, affamé et moche.
  • 10:59 - 11:00
    (Rires)
  • 11:00 - 11:03
    Mais ce n'est plus le cas.
  • 11:03 - 11:07
    En tant que société, nous n'avons jamais
    été aussi riches !
  • 11:07 - 11:09
    J'aimerais que l'on voit le revenu de base
  • 11:09 - 11:11
    comme un dividende du progrès.
  • 11:11 - 11:13
    Ceux qui nous ont précédé
    ont travaillé dur
  • 11:13 - 11:15
    pour que nous arrivions à
    ce niveau de prospérité,
  • 11:15 - 11:17
    pour pouvoir assurer à chacun
  • 11:17 - 11:20
    une part de ce qu'ils ont accompli.
  • 11:20 - 11:23
    Rappellez-vous,
  • 11:23 - 11:28
    éradiquer la pauvreté est en
    fait un investissement.
  • 11:28 - 11:30
    Un économiste a calculé
  • 11:30 - 11:33
    qu'il coûterait environ $175 milliards
  • 11:33 - 11:37
    d'éradiquer la pauvreté aux Etats-Unis.
  • 11:37 - 11:39
    C'est quand même une somme, non ?
  • 11:39 - 11:43
    $175 milliards chaque année --
  • 11:43 - 11:47
    C'est seulement un quart de
    leur budget militaire.
  • 11:47 - 11:50
    Tout à fait possible,
    entièrement faisable.
  • 11:50 - 11:53
    Après peut-être dix ou vingt ans,
  • 11:53 - 11:56
    on se rendra compte que
    l'investissement a payé.
  • 11:56 - 11:59
    Car le gouvernement économisera
    des milliards en coûts de santé,
  • 11:59 - 12:01
    il y aura moins de crimes
  • 12:01 - 12:05
    et il y aura bien plus
    de citoyens productifs
  • 12:05 - 12:07
    qui seront capables
    de concrétiser leurs rêves.
  • 12:07 - 12:10
    Passons à la seconde objection,
  • 12:10 - 12:12
    celle-ci est peut-être meilleure.
  • 12:12 - 12:13
    La seconde objection est :
  • 12:13 - 12:16
    Hmm, c'est une idée intéressante,
  • 12:16 - 12:17
    on peut même peut-être la financer,
  • 12:17 - 12:19
    mais hmm --
  • 12:19 - 12:21
    lorsqu'on donne de l'argent aux gens,
  • 12:21 - 12:23
    ils arrêtent de travailler !
  • 12:23 - 12:27
    Vous savez, la nature humaine,
    les gens sont faignants,
  • 12:27 - 12:29
    on ne peut rien faire contre ça.
  • 12:29 - 12:31
    La chose intéressante, c'est que
  • 12:31 - 12:33
    si je demandais à chacun
    d'entre vous, dans cette salle :
  • 12:33 - 12:36
    arrêteriez-vous de travailler,
    si je vous donnais
  • 12:36 - 12:39
    allez, environ 1000€ chaque mois ?
  • 12:39 - 12:42
    Près de 99% d'entre vous diraient :
  • 12:42 - 12:48
    Bien sûr que non. J'ai des rêves,
    j'ai des projets !
  • 12:48 - 12:51
    Je ne vais pas rester sur le canapé
    à ne rien faire, ça non.
  • 12:51 - 12:53
    Mais si je demandais à chacun d'entre vous
  • 12:53 - 12:56
    ce que feraient les autres
  • 12:56 - 12:58
    s'ils recevaient 1000€ chaque mois ?
  • 12:58 - 13:00
    Je pense que 99%
    d'entre vous diraient :
  • 13:00 - 13:02
    oui, les autres,
  • 13:02 - 13:04
    Ils arrêteraient probablement
    de bosser !
  • 13:04 - 13:06
    (Rires)
  • 13:06 - 13:09
    Vous savez, c'est la nature humaine,
    ils sont fainéants --
  • 13:09 - 13:12
    Si c'est ce que vous pensez,
    j'ai de quoi vous surprendre.
  • 13:12 - 13:15
    Les expériences qui ont été menées
    partout dans le monde,
  • 13:15 - 13:18
    et le bon sens aussi, nous montrent que
  • 13:18 - 13:21
    la plupart des gens veulent
    contribuer à la société.
  • 13:21 - 13:25
    La plupart des gens veulent faire
    quelque chose de leur vie !
  • 13:25 - 13:27
    En fait ces expériences démontrent
  • 13:27 - 13:29
    que les gens, spécialement les pauvres,
  • 13:29 - 13:33
    travaillent plus, lorsqu'on leur
    donne accès à cette allocation.
  • 13:33 - 13:35
    Car elle leur donne l'opportunité
  • 13:35 - 13:40
    d'investir dans leur vie, ou leurs
    affaires, par exemple.
  • 13:40 - 13:42
    La troisième objection, Mesdames
    et Messieurs,
  • 13:42 - 13:47
    est peut-être la plus difficile
    à dépasser.
  • 13:47 - 13:48
    J'entends des gens dire :
  • 13:48 - 13:50
    « Bien, c'est une grande idée.
  • 13:50 - 13:54
    On pourra probablement payer pour
    et je n'arrêterai pas de travailler,
  • 13:54 - 13:56
    peut-être que les autres non plus --
  • 13:56 - 14:00
    -- mais bon -- on en est trop loin !
  • 14:00 - 14:05
    Vous savez, les politiques de nous jours,
    ils ne s'occupent que d'eux-mêmes.
  • 14:05 - 14:08
    Ça n'arrivera jamais, ils ne voient
    qu'à court terme,
  • 14:08 - 14:10
    et c'est un changement bien trop profond.
  • 14:10 - 14:13
    Je ne pense pas que ça arrivera. »
  • 14:13 - 14:20
    Si c'est ce que vous pensez, laissez-moi
    vous présenter cet homme.
  • 14:20 - 14:22
    Vous le reconnaissez, hein ?
  • 14:22 - 14:23
    C'est Richard Nixon.
  • 14:23 - 14:26
    Le président conservateur,
  • 14:26 - 14:28
    le président corrompu, impliqué
    dans le Watergate.
  • 14:28 - 14:32
    Oui ! Et bien cet homme a presque instauré
  • 14:32 - 14:35
    un début de revenu de base dans
    les années 1970.
  • 14:35 - 14:36
    aux États-Unis.
  • 14:36 - 14:39
    C'est presque arrivé !
  • 14:39 - 14:43
    Sa proposition est passée par la
    Chambre des Représentants.
  • 14:43 - 14:45
    Quand c'est arrivé au Sénat, ce fut
    accueilli avec des doutes,
  • 14:45 - 14:47
    car les Sénateurs les plus progressistes
    ont dit :
  • 14:47 - 14:51
    « Oh, c'est une bonne idée, mais nous voulons
    un revenu de base plus large,
  • 14:51 - 14:53
    donc nous allons rejeter cette proposition, et -- »
  • 14:53 - 14:56
    bien, on en a jamais entendu parler depuis.
  • 14:56 - 15:00
    C'est presque un épisode oublié
    de l'histoire des États-Unis.
  • 15:00 - 15:03
    Mais ça nous montre que c'est
    bien sûr possible.
  • 15:03 - 15:05
    Rappellez-vous encore une fois :
  • 15:05 - 15:10
    les Utopies ont tendance à
    devenir réelles.
  • 15:10 - 15:11
    La fin de l'esclavage,
  • 15:11 - 15:14
    l'égalité des droits entre hommes
    et femmes, la démocratie,
  • 15:14 - 15:18
    Tout ça était vu comme idéaux
    et utopies inatteignables.
  • 15:18 - 15:21
    Mais dans l'histoire, il y a ce qu'on
    appelle le progrès,
  • 15:21 - 15:25
    Aussi lent et erratique qu'il puisse être.
  • 15:25 - 15:29
    Tout ce dont on a besoin, c'est d'un peu
    de patience parfois.
  • 15:29 - 15:35
    Tout ce dont on a besoin, c'est de bien plus
    d'ambition collective.
  • 15:35 - 15:39
    J'entends bien qu'un court TED talk ne soit
    probablement pas assez pour vous convaincre
  • 15:39 - 15:41
    que « l'argent gratuit pour tout
    le monde » soit
  • 15:41 - 15:44
    la plus grande idée du 21ème siècle.
  • 15:44 - 15:46
    Je vous encourage donc à vous
    renseigner sur le sujet,
  • 15:46 - 15:48
    de chercher les preuves par vous-mêmes,
  • 15:48 - 15:53
    et de penser : il est peut-être temps
    de mettre à jour ma vision du monde ?
  • 15:53 - 15:58
    Je disais, nos idées sont souvent à la
    traîne face au rythme
  • 15:58 - 16:01
    avec lequel nos sociétés et
    économies changent.
  • 16:01 - 16:05
    Le revenu de base ne sera peut-être
    pas instauré dans les 3 ou 4 ans à venir,
  • 16:05 - 16:10
    mais il pourrait l'être dans les 30 ou
    40 prochaines années.
  • 16:10 - 16:12
    Les idées peuvent, et font effectivement
    changer le monde.
  • 16:12 - 16:15
    De fait, l'histoire est réglée de cette manière.
  • 16:15 - 16:19
    Comme le célèbre poète irlandais
    Oscar Wilde le disait :
  • 16:19 - 16:24
    « Il n'est rien au monde d'aussi puissant
    qu'une idée dont l'heure est venue. »
  • 16:24 - 16:27
    Et je pense que dans ce siècle,
    le temps est venu
  • 16:27 - 16:29
    pour « l'argent gratuit pour tous ».
  • 16:29 - 16:31
    Merci beaucoup.
  • 16:31 - 16:35
    (Applaudissements)
Title:
Pourquoi nous devrions donner à chacun un "revenu de base" I Rutger Bregman I TEDxMaastricht
Description:

En septembre 2013, Bregman rejoint la plateforme journaliste en ligne « De Correspondent ». Son article sur le revenu de base a été nominé pour le Prix Européen de la Presse. En septembre 2014 paraît son nouveau livre « Gratis gel voor iedereen » (« Argent gratuit pour tout le monde »).

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
16:47

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