L'aphasie : le trouble du langage qui vous fait perdre vos mots - Susan Wortman-Jutt

Pour visionner la leçon intégrale : http://ed.ted.com/lessons/aphasia-the-disorder-that-makes-you-lose-your-words-susan-wortman-jutt

Le langage joue dans nos vies un rôle essentiel que nous prenons souvent pour acquis. Mais si le délicat réseau de systèmes langagiers dans votre cerveau venait à être perturbé par un AVC, une maladie ou un traumatisme, vous pourriez vous retrouver incapable de trouver vos mots.

Susan Wortman-Jutt nous décrit un trouble nommé aphasie, qui peut altérer tous les aspects de la communication.

Leçon de Susan Wortman-Jutt, animation par TED-Ed.

Le langage a dans nos vies
un rôle essentiel,

que nous prenons souvent pour acquis.

Il nous permet de communiquer
nos pensées et nos émotions,

de nous perdre dans un roman,

d'envoyer des SMS,

et de saluer nos amis.

Il est dur d'imaginer ne plus être capable
de traduire nos pensées en mots.

Mais si le délicat réseau de systèmes
langagiers dans votre cerveau

venait à être perturbé par un AVC,
une maladie ou un traumatisme,

vous pourriez vous retrouver réellement
incapable de trouver vos mots.

Ce trouble, appellé l'aphasie,

peut altérer tous les aspects
de la communication.

Les personnes aphasiques restent
aussi intelligentes qu'auparavant.

Elles savent ce qu'elles veulent dire,

mais ne parviennent pas toujours
à s'exprimer correctement.

Elles peuvent utiliser sans le vouloir
des substitutions, appelées paraphasies,

et confondre des mots proches,
comme dire « chat » pour « souris »,

ou des mots à la sonorité similaire,
comme « maison » pour « maçon ».

Parfois, il devient même impossible
de comprendre leurs mots.

Il y a plusieurs types d'aphasie
appartenant à deux catégories :

l'aphasie fluide, ou réceptive ;

l'aphasie non-fluide ou de conduction.

Ceux atteints d'aphasie fluide peuvent
présenter une inflexion vocale normale

mais leurs mots manquent de sens.

Ils ont des difficultés à comprendre
le discours des autres

et ne sont fréquemment pas conscients
de leurs propres erreurs.

Les personnes atteintes
d'aphasie non-fluide

présentent une bonne compréhension

mais marquent de longues hésitations
entre les mots,

et font des erreurs de grammaire.

Nous avons tous parfois
un mot sur le bout de la langue

quand il ne nous vient pas à l'esprit.

Mais l'aphasie crée des difficultés

pour nommer des objets
simples du quotidien.

Le simple fait de lire et d'écrire
peut même devenir difficile et frustrant.

Comment cette perte de langage
advient-elle ?

Le cerveau humain a deux hémisphères.

Chez la plupart des gens, l'hémisphère
gauche régit le langage.

Nous savons cela depuis qu'en 1861,

le médecin Paul Broca étudia un patient

qui avait perdu la capacité d'utiliser
tous les mots sauf un seul : « Tan ».

Lors d'une autopsie du cerveau
de ce patient,

Broca découvrit une lésion importante
dans l'hémisphère gauche

désormais connue sous le nom
de « l'aire de Broca ».

Aujourd'hui, les scientifiques pensent que
l'aire de Broca sert à nommer les objets

et à coordonner les muscles
impliqués dans la parole.

Derrière l'aire de Broca se trouve l'aire
de Wernicke, près du cortex auditif.

C'est là que le cerveau attache
du sens aux sons articulés.

Les dommages dans l'aire de Wernicke
entravent la capacité cérébrale

à comprendre le langage.

L'aphasie est causée par des lésions

affectant l'une ou l'autre
de ces aires liées au langage.

Heureusement, d'autres aires
cérébrales sont impliquées

dans la gestion du langage,

et peuvent assister la communication.

Même les aires cérébrales qui contrôlent
le mouvement sont liées au langage.

Des études par IRM fonctionnelle ont
montré que lorsque nous entendons

des mots d'action comme « courir »
ou « danser »,

les zones du cerveau liées
au mouvement s'allument

comme si le corps était effectivement
en train de courir ou de danser.

Notre hémisphère droit contribue
également au langage,

réhaussant le rythme et l'intonation
de notre discours.

Ces zones non-langagières assistent
parfois les gens souffrant d'aphasie

lorsque la communication est difficile.

Quelle est la prévalence de l'aphasie ?

Environ 1 million de gens en souffrent
rien qu'aux États-Unis,

avec une estimation de 80 000 nouveaux
cas chaque année.

Environ un tiers des personnes ayant vécu
un AVC souffrent d'aphasie

la rendant plus courante
que la maladie de Parkinson,

ou la sclérose en plaques,

et pourtant moins connue.

Il existe une forme rare d'aphasie,
l'aphasie primaire progressive (APP)

qui n'est causée ni par un AVC
ni par des lésions cérébrales,

mais qui est en fait une forme de démence

dont le premier symptôme est
la perte du langage.

Le but du traitement est
de préserver la fonction langagière

le plus longtemps possible

avant que d'autres symptômes de la démence
ne finissent par survenir.

Cependant, lorsque l'aphasie résulte
d'un AVC ou d'un traumatisme cérébral,

le langage peut être amélioré
grâce à la rééducation orthophonique.

La capacité de notre cerveau
à s'auto-réparer, la plasticité cérébrale,

permet aux zones situées
autour d'une lésion cérébrale

de reprendre certaines fonctions

lors du processus de rétablissement.

Des scientifiques ont mené des expériences
se servant de nouvelles technologies,

supposées encourager la plasticité
cérébrale chez les aphasiques.

Malgré ça, de nombreuses personnes
atteintes d'aphasie restent isolées,

de peur que les autres
ne les comprennent pas,

ou ne leur laissent pas
de temps pour parler.

En leur donnant le temps et la souplesse

nécessaires pour communiquer
comme ils le peuvent,

vous pouvez les aider à rouvrir
la porte du langage

et dépasser les limites de l'aphasie.