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La vulnérabilité, mon héroïne | Vanessa MILLET | TEDxAnnecy

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    Quand j’étais enfant,
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    j’aidais toujours les autres
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    et surtout ceux qui
    ne savaient pas se défendre.
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    et il faut dire je ne me laissais pas
    faire non plus.
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    Je me souviens d’une anecdote.
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    Un jour, je rentre de la maternelle
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    et je demande à ma tante
    qui me gardait de boire du lait.
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    Jusque-là, tout va bien,
    c’est normal, j’adore le lait.
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    « Dis Tatie, donne-moi du lait,
    allez, Tatie, s'il te plaît. »
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    Sauf que je lui demande un deuxième verre,
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    puis un autre et un autre encore.
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    Alors quand même,
    un peu étonnée, elle me dit :
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    « Dis-moi, Vanessa, mais pourquoi
    tu bois du lait comme ça ?
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    Tu adores ça, mais tu n'en bois pas
    autant d'habitude.
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    Allez, dis-moi, il y a un truc.
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    Ben, en fait, Tatie,
    c’est pour prendre des forces,
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    parce qu'il y a une fille à l’école
    qui m’a attaquée.
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    Elle m’a donné un coup de pied,
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    alors moi, tu sais quoi ?
    Je vais lui en donner deux !
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    Ah bon ? Mais pourquoi deux ?
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    C’est simple, Tatie,
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    un pour celui qu’elle m’a donné
    et un d’avance ! Et toc ! »
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    D’aussi loin que je puisse me souvenir,
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    j’ai toujours eu une âme d’héroïne.
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    J’avais cette valeur amour très forte
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    qui me poussait à aider
    et protéger tout le monde.
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    Je ne supportais pas de voir souffrir
    des personnes que j’aimais.
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    Je préférais prendre
    cette souffrance pour moi.
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    À la maison,
    comme dans toutes les familles,
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    ce n’était pas toujours facile.
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    Alors, comme j’étais
    une petite fille curieuse
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    et que j’avais beaucoup d’imagination,
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    je créais des histoires extraordinaires
    avec mes peluches et mes bonhommes.
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    Du coup, ça nous faisait tous rire
    et le climat s’apaisait.
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    Et puis un jour, je me retrouve seule
    avec un ami de la famille
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    qui aime bien me prendre sur ses genoux.
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    En plus tout le monde l’adore.
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    Et là,
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    (Expiration forte)
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    peu de temps après,
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    je me suis mise à avoir très mal
    à l’oreille d’un seul coup,
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    à souffrir le martyr.
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    (Soupir)
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    Il s’est passé quelque chose
    à ce moment-là de très dur,
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    de très difficile à digérer pour moi,
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    et mon corps a réagi
    de façon très violente.
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    À partir de là, je ne sais pas pourquoi,
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    mais j’ai eu du mal
    à entendre et à pleurer.
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    J’ai même failli devenir sourde.
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    En fait, je me suis fait violer.
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    Et je me suis coupée de mes émotions.
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    Je garde tout en moi,
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    je suis une héroïne, moi !
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    Alors j’ai mis mon masque de sauveuse pour
    me protéger et sauver toute ma famille.
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    Après, j’ai fait du karaté -
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    on n'allait pas acheter
    des bouteilles de lait tout le temps.
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    Je peux me défendre toute seule,
    je suis une héroïne, moi !
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    Je ne pleure pas,
    je défends mes copains à l’école.
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    Ensuite, je me suis retrouvée ado.
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    J’avais mon corps qui se transformait.
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    Je devenais une belle jeune fille,
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    j’étais jolie,
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    tellement jolie que mon frère m'a adorée,
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    à un point... Vous ne pouvez pas imaginer.
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    Il faut dire qu’on lui a décelé
    une schizophrénie.
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    Il avait beaucoup d’admiration pour moi.
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    Il est tombé amoureux de sa sœur.
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    Il s’est passé ce qu’il s’est passé
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    et je ne sais pas pourquoi
    je me suis laissé faire.
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    Il était malade
    et je veux protéger ma famille.
  • 4:00 - 4:03
    C’est ce que j’aime le plus faire
    au monde depuis que je suis enfant :
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    protéger mon clan, ma famille,
    mes copains à l’école.
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    Je n’avais plus mes peluches
    et mes bonhommes,
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    alors, je suis devenue écrivain, pour moi.
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    Je me suis mise à écrire des histoires
    d’héroïnes ou je sauvais le monde.
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    C’était mon univers,
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    mon monde,
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    mon autre réalité.
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    Puis un jour, il y a un gars
    qui m’offre des fleurs dans le métro.
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    Oh, c’est fou !
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    Je n’ai jamais eu cette attention-là,
    je suis hyper touchée.
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    Si vous saviez, un vrai prince charmant.
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    On a ri, on a discuté
    et puis on se dit qu’on va se revoir,
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    on ne va pas se quitter comme ça.
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    J’invite une amie à venir avec moi,
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    il aura un ami lui aussi.
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    On va boire un verre, on mange ensemble,
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    on s’amuse bien, c’est vraiment chouette.
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    La vie est belle, vraiment.
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    J’ai 18 ans, vous avez vu
    comme je suis superbe ?
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    On décide d’aller chez lui
    tous les quatre.
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    Sauf que là, les évènements
    prennent une autre tournure.
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    Ces salopards ont mis de la drogue
    dans nos verres.
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    Nos corps se sont figés,
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    on ne peut plus bouger.
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    À ce moment-là,
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    je comprends qu’il va se passer
    quelque chose d’horrible.
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    Alors, je remets une nouvelle fois
    mon costume d’héroïne,
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    et je vais négocier avec ces violeurs
    pour qu’il n’arrive rien à mon amie.
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    Pour la protéger elle,
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    qu’ils ne s’en prennent qu’à moi.
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    Sauf que là, pour la première fois,
    quelqu’un a été témoin.
  • 5:48 - 5:52
    Elle a tout entendu,
    elle a entendu que je me faisais violer.
  • 5:52 - 5:57
    Et là, mon costume d’héroïne
    en a pris un sacré coup.
  • 5:57 - 6:00
    C’est le cas de le dire,
    car elle m’a ouvert les yeux.
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    « Tu te rends compte
    de ce qu'il s’est passé, Vanessa ?
  • 6:03 - 6:05
    Ce n’est pas normal !
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    Tu t’es sacrifiée pour me sauver.
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    Tu t’es fait violer, c’est grave !
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    T'es une victime !
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    Non ! Je ne suis pas une victime...
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    je suis une héroïne. »
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    Ah non,
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    je ne suis pas une héroïne en fait.
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    Ah non, ce n’est pas possible.
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    Ma vie n'est pas du tout
    celle que je croyais.
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    Imaginez un peu :
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    toutes mes émotions
    me sont remontées à la figure.
  • 6:40 - 6:42
    Un véritable électrochoc.
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    Et j’ai revu tout le film de ma vie
    défiler devant mes yeux.
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    Un cauchemar, une abomination,
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    une souffrance effroyable,
    mais tellement forte,
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    une douleur à en crever.
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    J’ai envie de me faire mal !
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    Je ne peux pas accepter
    d’être une victime pendant 12 ans -
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    c’est long 12 ans.
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    Je ne l’ai pas vu,
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    j’ai tout fait pour ne pas le voir,
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    ne pas l’entendre.
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    J’étais dans le déni complet.
  • 7:14 - 7:15
    Complet.
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    Alors évidemment, je dégringole,
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    je vais rencontrer un autre
    univers pour m’évader.
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    Rencontrer mon autre
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    héroïne.
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    (Respiration profonde)
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    Maintenant, je vais vous raconter
    tout le processus.
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    Il m’en fallu du temps avant d’accepter.
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    Ça a été un mal nécessaire.
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    J’ai même failli me tuer.
  • 7:45 - 7:48
    Mais c’est après ma tentative de suicide
    que j’ai réellement pris conscience,
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    et ça a été le début de ma renaissance.
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    Car à partir de là, je me suis fait aider,
  • 7:55 - 7:58
    j’ai lâché prise
    et j'ai accepté d’être une victime,
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    et de faire tomber mon masque de sauveuse.
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    Car oui, j’étais bien une victime
    avec un masque de sauveuse.
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    Pour d’autres personnes,
    ce sera le masque du perfectionnisme,
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    de l’obsession du sport,
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    du contrôlant, voire du narcissisme.
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    J’ai tué l’ancienne Vanessa,
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    j’ai accepté de mourir,
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    de faire mourir mon persona
    qui faisait semblant que tout allait bien.
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    Après, j’ai reçu beaucoup d’amour,
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    même de personnes que je n’imaginais pas.
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    Je ne croyais pas être aimée.
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    Mais comment aurais-pu je l’être en fait,
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    puisque je n’étais pas moi ?
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    En fait, j’étais beaucoup plus aimée
    que ce que je pensais.
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    J’ai accepté d’être vulnérable
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    et plus tard,
    j’en ai fait une véritable force.
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    Je pouvais enfin être moi.
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    Et je suis devenue authentique.
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    Mais ce n’est pas venu
    tout de suite bien sûr,
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    parce qu'entre mes 20 et 25 ans,
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    j’ai été en errance totale.
  • 9:01 - 9:05
    Car oui, j’ai pris conscience
    que je veux changer
  • 9:05 - 9:08
    mais ça ne s’est pas fait pas comme ça
    du jour au lendemain.
  • 9:08 - 9:10
    Ça a été un véritable chemin.
  • 9:11 - 9:13
    En plus, je ne savais pas du tout
    par où commencer.
  • 9:13 - 9:15
    J'étais complètement perdue.
  • 9:15 - 9:17
    J’ai donc cherché à me faire aider.
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    Chacun à sa manière va vivre le processus.
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    Alors c’est vrai,
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    je vous ai raconté mon histoire,
  • 9:28 - 9:32
    et, je suis un cas un peu extrême
    parce que j’ai vécu des viols multiples,
  • 9:33 - 9:35
    mais vous savez, pour d’autres personnes,
  • 9:35 - 9:38
    ce sera du harcèlement moral,
  • 9:39 - 9:41
    une agression, un burn out,
  • 9:42 - 9:44
    ou toute autre forme
    de violences physiques.
  • 9:45 - 9:50
    D'ailleurs, à ce stade, j'aimerais
    préciser quelque chose de très important :
  • 9:51 - 9:53
    je ne m'adresse pas qu'aux femmes,
  • 9:54 - 9:57
    les hommes aussi subissent des violences.
  • 10:01 - 10:05
    En plus, quel que soit le degré
    de souffrance que l’on puisse vivre,
  • 10:06 - 10:08
    nous ne pouvons jamais la minimiser,
    la souffrance,
  • 10:09 - 10:11
    ni même la comparer.
  • 10:11 - 10:13
    Elle est tellement propre
    à chacun de nous.
  • 10:14 - 10:19
    Par contre, le processus, lui,
    se construit exactement de la même façon.
  • 10:19 - 10:23
    Entre le moment où l’on réalise
    et le passage à l’action,
  • 10:23 - 10:26
    il peut se passer du temps
    pour s’en sortir - et c’est normal.
  • 10:27 - 10:30
    Mais dès lors que
    j'ai été dans cette démarche,
  • 10:30 - 10:33
    j’ai continué à chercher
    et à expérimenter.
  • 10:34 - 10:36
    Et je suis tombée sur un psy coach -
  • 10:37 - 10:38
    plus coach que psy d’ailleurs -
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    qui a été mon mentor.
  • 10:40 - 10:44
    Il m’a fait comprendre toutes les étapes
    par lesquelles j’étais passée.
  • 10:45 - 10:46
    Il m’a permis de réaliser
  • 10:46 - 10:50
    que j’avais mis en place des mécanismes
    de défense très puissants,
  • 10:50 - 10:52
    ainsi que tout un processus
    de transformation
  • 10:52 - 10:56
    que je voudrais
    illustrer grâce à la courbe du deuil,
  • 10:56 - 10:59
    que l’on doit à la psychiatre
    Elisabeth Kübler-Ross,
  • 10:59 - 11:01
    que l'on appelle aussi
    la courbe du changement.
  • 11:01 - 11:06
    J'imagine qu'un certain nombre
    d'entre vous la connaissent déjà.
  • 11:06 - 11:11
    Mais vous savez, les mécanismes de défense
    que j’ai mis en place à l'époque
  • 11:11 - 11:12
    m’ont été très utiles,
  • 11:13 - 11:15
    mais c’est un vrai leurre, bien sûr.
  • 11:15 - 11:17
    Et je vous explique pourquoi.
  • 11:18 - 11:19
    Le choc.
  • 11:20 - 11:25
    Le premier viol que j’ai subi
    et qui m’a enfermée dans le déni.
  • 11:26 - 11:29
    Le déni. Ah le déni...
  • 11:32 - 11:37
    Le déni : je suis restée bloquée
    dans cette phase pendant 12 ans.
  • 11:37 - 11:39
    Mais si à six ans,
  • 11:39 - 11:41
    j’avais vraiment réalisé
    ce qu'il m'arrivait,
  • 11:41 - 11:44
    je crois que j’aurais été
    complètement détruite.
  • 11:44 - 11:47
    Je me suis donc coupée
    du monde réel pour me protéger.
  • 11:47 - 11:48
    En même temps -
  • 11:49 - 11:51
    et même si c'est terrible à dire -
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    c’est aussi cette phase de déni,
    où l’on refuse de voir la réalité en face,
  • 11:56 - 11:59
    qui fait l’on reproduit sans arrêt
    les mêmes schémas mentaux
  • 11:59 - 12:01
    tant que l’on n’en a pas pris conscience.
  • 12:01 - 12:04
    C’est ainsi que je suis passée de :
  • 12:04 - 12:06
    choc-déni, déni-choc,
  • 12:07 - 12:09
    et ce, donc, pendant 12 ans.
  • 12:12 - 12:14
    Pour compléter un peu plus
    mon propos sur cette phase,
  • 12:14 - 12:17
    j'aimerais vous parler
    du triangle dramatique :
  • 12:17 - 12:20
    Victime – Sauveur – Bourreau.
  • 12:20 - 12:23
    Si certains d’entre vous ne connaissent
    pas les concepts que j'évoque,
  • 12:23 - 12:26
    ou tout simplement si vous êtes curieux,
  • 12:26 - 12:28
    je vous invite à aller visiter
    un très bon ami à moi :
  • 12:28 - 12:31
    je l'adore, c’est « Google »,
    il a réponse à tout.
  • 12:32 - 12:34
    Enfin presque, n'exagérons pas.
  • 12:36 - 12:38
    Pour en revenir au triangle dramatique,
  • 12:38 - 12:41
    je me suis enfermée
    dans ce rôle de sauveuse,
  • 12:41 - 12:43
    toujours pour ne pas voir
    la réalité en face.
  • 12:43 - 12:47
    J’ai donc attiré des victimes
    et des bourreaux.
  • 12:48 - 12:51
    Moi, je ne voulais surtout pas
    être une victime.
  • 12:51 - 12:54
    Alors je m'étais inventé une vie
    qui n'était pas la mienne,
  • 12:54 - 12:56
    pour me protéger et protéger les autres.
  • 12:57 - 13:00
    En fait, à ce moment-là,
    je suis dissociée,
  • 13:00 - 13:04
    je ne prends pas soin de mes besoins
    pour ne pas avoir à affronter la douleur.
  • 13:05 - 13:10
    Aussi quand toutes mes émotions remontent
    et me sautent à la figure,
  • 13:10 - 13:12
    c’est un véritable cataclysme.
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    Autant je suis restée enfermée
    dans le déni pendant 12 ans,
  • 13:15 - 13:20
    autant de 18 à 20 ans, boum !
    tout s’accélère.
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    La colère.
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    C’est insupportable !
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    J’ai une rage en moi
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    et je veux me détruire.
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    Puis vient la peur.
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    En fait, je commence à comprendre
    que je suis une victime.
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    J’ai mal, je souffre,
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    Mais à ce moment-là, j’ai terriblement
    peur de revivre ça à nouveau.
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    Négociation.
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    Je ne sais plus du tout qui je suis.
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    Une partie de moi a toujours
    envie d'être cette héroïne,
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    mais je n’y crois plus vraiment.
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    Je n'ai jamais été réellement moi.
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    J'ai toujours fait semblant.
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    Ma vie n’a plus aucun sens.
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    La souffrance est trop forte,
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    je suis anéantie.
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    Je m'étais complétement oubliée
    pendant toutes ces années.
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    Je n’avais pas réalisé
    à quel point on m’avait fait mal.
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    Et le pire… le pire dans tout ça,
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    c'est que je n'avais plus la force.
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    Là, on arrive vraiment dans la phase
    « fond du trou », comme on dit, mais...
  • 14:41 - 14:43
    Le lâcher prise.
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    Je n’en peux plus.
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    Je vais même jusqu’au suicide.
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    Je fais tomber mon masque,
    je tue mon ancien moi,
  • 14:57 - 15:00
    et de là, ma vraie personnalité jaillit.
  • 15:02 - 15:06
    Ensuite, on arrive dans toute la phase
    descendante, avec l'acceptation.
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    L'acceptation, c'est quand même
    une phase ambiguë, où -
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    En tout cas, une phase de transition
    avec quand même une période d'instabilité.
  • 15:14 - 15:17
    Parce que, oui, bien sûr,
    j'ai réalisé que je veux changer,
  • 15:18 - 15:21
    J’accepte d’être une victime
    et de vivre ma souffrance.
  • 15:21 - 15:23
    Mais le processus prend du temps,
  • 15:23 - 15:27
    aussi j’expérimente différents chemins
    pour me faire accompagner
  • 15:27 - 15:29
    et je rencontre mon mentor.
  • 15:29 - 15:33
    Et là, c’est une véritable
    renaissance pour moi -
  • 15:33 - 15:37
    ou peut-être même devrais-je
    dire une naissance !
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    A partir de mes 25 ans, tout change.
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    Le Pardon !
  • 15:47 - 15:51
    Je peux enfin être moi et vivre ma vie.
  • 15:52 - 15:53
    Je me pardonne
  • 15:54 - 15:56
    et je pardonne aux autres.
  • 15:56 - 16:02
    Et waouh ! ça fait tellement
    du bien d’être en paix.
  • 16:07 - 16:08
    Quête de sens.
  • 16:09 - 16:12
    Au fur et à mesure
    des séances avec mon mentor,
  • 16:12 - 16:13
    j’ai un véritable déclic.
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    Je réécris ma vie
    en écoutant mes émotions,
  • 16:17 - 16:19
    toutes mes émotions.
  • 16:19 - 16:23
    Cela devient comme une évidence
    pour moi de devenir coach,
  • 16:23 - 16:24
    d’accompagner.
  • 16:25 - 16:27
    J’ai toujours été faite pour ça !
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    Alors, je passe à l'action,
    je fais le grand saut !
  • 16:31 - 16:35
    Je me forme à différentes techniques
    de coaching et de thérapies brèves,
  • 16:36 - 16:40
    et aujourd’hui, ça fait plus de dix ans
    que je suis coach,
  • 16:40 - 16:42
    que j'accompagne,
  • 16:42 - 16:45
    mais je ne retombe plus dans le triangle
    dramatique - ça, c'est fini !
  • 16:45 - 16:48
    Je ne sauve plus : je donne des clés.
  • 16:49 - 16:52
    Je suis moi, authentique,
  • 16:52 - 16:55
    cette femme qui aime l’humain
    plus que tout.
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    Je pourrais même vous dire qu’aujourd’hui,
    je suis mon propre leader,
  • 17:02 - 17:04
    et que ma vulnérabilité,
  • 17:04 - 17:06
    c’est ma plus grande force !
  • 17:08 - 17:11
    Pour découvrir son vrai soi et se révéler,
  • 17:11 - 17:13
    il faut oser être dans la vulnérabilité,
  • 17:14 - 17:17
    c’est-à-dire se regarder honnêtement
    dans une glace.
  • 17:17 - 17:20
    Et oui, je sais, je peux vous le dire :
  • 17:21 - 17:23
    ce n’est pas facile.
  • 17:24 - 17:28
    C’est pour cela qu’il est important
    d’accepter de demander de l’aide,
  • 17:28 - 17:30
    de faire le travail sur soi,
  • 17:32 - 17:34
    d’enlever le masque
  • 17:35 - 17:37
    et de parcourir le chemin avec courage.
  • 17:38 - 17:41
    Moi, j’ai osé enlever le mien.
  • 17:43 - 17:45
    Et vous, oserez-vous enlever le vôtre ?
  • 17:46 - 17:47
    Merci !
  • 17:47 - 17:51
    (Applaudissements)
Title:
La vulnérabilité, mon héroïne | Vanessa MILLET | TEDxAnnecy
Description:

Mon récit pourra vous servir quel que soit le traumatisme, petit ou grand, ancien ou récent, dont vous devez vous relever. Comment j'ai fait de la vulnérabilité ma plus grande force à partir du jour où j'ai abandonné mon masque de sauveuse qui m'enfermait dans le déni et accepté d'être une victime. Comment nous attirons les mêmes schémas à nous tant que nous n'en prenons pas conscience et ne lâchons pas nos masques sociétaux qui nous empêchent d’être pleinement nous et de nous réaliser. Pour découvrir son vrai soi et se révéler, il faut oser être dans la vulnérabilité c'est à dire se regarder honnêtement dans une glace, même si ce n'est pas facile. Lâcher prise sur le fait de vouloir être fort ou être victime, enlever le masque, demander de l’aide, faire le travail sur soi et parcourir le chemin avec courage ! Tel est l’apanage des grands leaders.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
18:18

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