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Je me sers de ma poésie pour faire face à la violence envers les femmes | Elizabeth Acevedo | TEDxMidAtlanticSalon

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    Certains jeunes hommes sont dotés
    d'une psyché désordonnée,
  • 0:14 - 0:16
    les poussant à détruire
    nos vertèbres et nos articulations
  • 0:16 - 0:20
    avec leurs points enflés
    et des Nike convoitées.
  • 0:20 - 0:23
    J'ai atteint l'âge que tu as été,
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    je sais ce que ça fait d'être terrorisée
    à la fois l'amour et d'être quittée.
  • 0:27 - 0:30
    Si ses phalanges n'ont jamais embrassé
    de fractures sur mes os ou ma chair,
  • 0:30 - 0:34
    j'ai été consommée
    et j'ai trouvé des excuses,
  • 0:34 - 0:38
    je me suis jetée sur ses mots
    bien qu'enceints de fil barbelé
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    puis j'ai pleuré les bleus
    que cela m'a procuré.
  • 0:41 - 0:45
    J'ignore combien de fois
    nous nous sommes téléscopés dans le hall.
  • 0:45 - 0:48
    Pressais-tu des prières
    comme du scotch sur tes fêlures ?
  • 0:48 - 0:52
    Je n'avais remarqué que ton sourire,
    je remarque aujourd'hui ton fantôme,
  • 0:52 - 0:55
    et trop de filles, cela aurait pu
    être une d'entre nous,
  • 0:55 - 0:58
    qui aiment assez
    pour redevenir la côte d'Adam.
  • 0:58 - 1:01
    T'a-t-il jamais demandé
    si tu mourrais pour lui ?
  • 1:01 - 1:03
    As-tu répondu à ton insu,
  • 1:03 - 1:06
    attirant ta destinée
    avec des promesses fiévreuses ?
  • 1:06 - 1:07
    Je veux tes réponses.
  • 1:07 - 1:10
    Je veux savoir comment sculpter
    ton nom dans le vent,
  • 1:10 - 1:11
    qui lui, ne mourra jamais.
  • 1:11 - 1:15
    Je veux que tu me dises
    que c'est le dernier poème que j'écrirai
  • 1:15 - 1:18
    au sujet d'une fille qui dansait
    avec la nuit au creux de la paume.
  • 1:19 - 1:22
    J'ai écrit ce poème il y a 10 ans,
  • 1:22 - 1:24
    après avoir appris
    qu'une camarade de lycée
  • 1:24 - 1:26
    avait été brutalement tuée
    par son copain.
  • 1:27 - 1:28
    La dernière question,
  • 1:29 - 1:32
    « est-ce le dernier poème que j'écrirai
    sur une fille comme toi »,
  • 1:32 - 1:34
    hante mon travail.
  • 1:34 - 1:35
    Les 10 dernières années,
  • 1:35 - 1:38
    j'ai écrit constamment
    sur la violence envers les femmes :
  • 1:38 - 1:41
    la violence physique,
    la violence sexuelle,
  • 1:41 - 1:42
    la violence psychologique -
  • 1:42 - 1:44
    mon travail ne peut pas y réchapper.
  • 1:44 - 1:50
    Je crois que c'est en partie car je sais
    que la poésie peut immortaliser un sujet.
  • 1:50 - 1:53
    Si souvent, quand de la violence
    envers les femmes advient,
  • 1:53 - 1:57
    c'est un hashtag qui ne dure pas
    ou un court paraphe,
  • 1:57 - 1:59
    puis les noms
    et les histoires sont oubliés.
  • 2:00 - 2:07
    Ce travail artistique a pour but d'élever
    ces histoires, d'élever ces œuvres.
  • 2:07 - 2:09
    D'un autre côté,
  • 2:09 - 2:11
    j'espère vraiment
  • 2:11 - 2:13
    ne plus jamais avoir
    à interpréter ces poèmes.
  • 2:14 - 2:18
    Une part de moi essaye vraiment
    de travailler vers l'obsolescence.
  • 2:18 - 2:21
    Je ne veux pas avoir l'impression
    que ce poème est utile.
  • 2:21 - 2:23
    Je veux qu'il devienne désuet.
  • 2:23 - 2:26
    Je veux que soit révolue
    l'ère où nous estimons
  • 2:26 - 2:29
    que la poésie est le seul moyen
    de parler de ce genre de violence.
  • 2:30 - 2:34
    Mon conjoint et moi parlons
    d'avoir des enfants, super n'est-ce pas ?
  • 2:34 - 2:38
    Car on se dit : « Je suis en couple,
    nous allons avoir des enfants. »
  • 2:38 - 2:39
    (Rires)
  • 2:39 - 2:41
    Mais d'un autre côté,
  • 2:41 - 2:45
    mon travail a commencé à envisager
    ce à quoi cela ressemblerait.
  • 2:45 - 2:48
    Et je me retrouve maintenant
    à écrire tous ces poèmes
  • 2:48 - 2:52
    comme conseils pour mon futur moi
    quand je serai mère.
  • 2:52 - 2:54
    Je me retrouve à écrire des manuels
  • 2:54 - 2:59
    sur comment je vais devoir élever
    une fille qui sera confrontée à ce monde.
  • 3:00 - 3:01
    C'est effrayant.
  • 3:02 - 3:05
    Il est effrayant d'envisager
    comment vous élèverez un enfant,
  • 3:05 - 3:07
    en particulier une fille,
  • 3:08 - 3:13
    dans un monde qui les voit souvent
    comme une chose facilement ignorée,
  • 3:13 - 3:17
    facilement abandonnée
    ou n'en valant pas le coup.
  • 3:20 - 3:23
    Je n'apprendrai pas à ma fille
    à être gentille,
  • 3:24 - 3:27
    à offrir son rire, à sourire poliment
  • 3:27 - 3:29
    pendant que des hommes complotent
  • 3:29 - 3:33
    pour faire de son corps
    une arme de guerre.
  • 3:33 - 3:37
    S'ils essayent, elle saura
    comment se comporter.
  • 3:37 - 3:42
    Ne me dites pas qu'il est mal de vouloir
    élever une enfant loin de cette peur.
  • 3:42 - 3:44
    Je sais que pour tout doigt
    que nous relâchons,
  • 3:44 - 3:47
    une autre phalange malhonnête repousse.
  • 3:47 - 3:51
    Une autre phalange cherche
    à lézarder la peau de ma fille.
  • 3:51 - 3:53
    Je ne fais pas confiance à ce monde
  • 3:53 - 3:56
    pour apprendre à ses fils
    comment traiter ma fille.
  • 3:56 - 4:00
    Alors je lui apprendrai à être
    une épée, une lance, un bouclier.
  • 4:00 - 4:03
    A transformer ses mains jointes
    en hachette vive.
  • 4:03 - 4:05
    A garder des rasoirs entre ses dents.
  • 4:05 - 4:08
    A couper les avances désobligeantes
    avec un regard aiguisé.
  • 4:08 - 4:12
    A ne pas craquer en tenant cela
    avec du cuir ou de la dentelle.
  • 4:12 - 4:12
    A être ciselée,
  • 4:12 - 4:15
    prête à des rébellions contre sa chair.
  • 4:15 - 4:18
    Ma fille sera sculptée
    dans de la pierre, affûtée,
  • 4:18 - 4:22
    un éclat, une lance -
    son corps entier prêt à se lancer
  • 4:22 - 4:28
    et à transpercer la main du premier homme
    qui essayera de couvrir sa bouche.
  • 4:30 - 4:33
    Je pense que la poésie, c'est génial
  • 4:33 - 4:36
    car c'est si facilement
    porté au sein du corps.
  • 4:37 - 4:39
    Nous savons aborder la question du rythme.
  • 4:39 - 4:41
    La plupart d'entre nous le savent.
  • 4:41 - 4:42
    (Rires)
  • 4:43 - 4:45
    Nous savons que faire d'une chanson.
  • 4:45 - 4:47
    Nous savons que faire d'histoires.
  • 4:47 - 4:50
    La poésie nous permet
    de porter tous ces noms.
  • 4:50 - 4:52
    Elle nous permet de vivre
  • 4:52 - 4:55
    en sachant que nous avons
    toutes ces femmes avec nous.
  • 4:55 - 4:56
    Surtout pour les femmes,
  • 4:56 - 4:59
    car c'est le défi que je veux
    vous donner dans un instant.
  • 4:59 - 5:04
    Pour moi, la poésie,
    c'est un type d'artefact.
  • 5:04 - 5:06
    Elle dit distinctement :
  • 5:06 - 5:09
    « Voici la vie et les moments
    que quelqu'un a consignés
  • 5:09 - 5:12
    selon ce que cette personne
    pensait être important. »
  • 5:12 - 5:16
    Et j'espère vraiment
    que ces poèmes que j'écris
  • 5:16 - 5:20
    seront un jours des artefacts
    au fond d'une boîte poussiéreuse,
  • 5:20 - 5:22
    au fond d'un musée,
  • 5:22 - 5:24
    n'étant plus considérés
    comme étant nécessaires.
  • 5:25 - 5:29
    Mais je sais que ce moment
    n'est pas le moment actuel.
  • 5:29 - 5:32
    Nous n'en sommes pas à ce moment.
  • 5:32 - 5:36
    J'ai donc un défi
    pour tout le monde dans cette pièce.
  • 5:37 - 5:43
    Je veux que vous trouviez une poète
    et que vous mémorisiez un de ses poèmes.
  • 5:43 - 5:47
    Et les jours où des choses vous accablent,
  • 5:47 - 5:51
    quand l'égalité pour les femmes
    semble inatteignable,
  • 5:51 - 5:54
    quand l'un de vos collègues masculins
    dit quelque chose
  • 5:54 - 5:58
    qu'il ne reconnaît même pas
    comme étant une micro-agression,
  • 5:58 - 6:00
    quand quelqu'un vous demande encore :
  • 6:00 - 6:02
    « Quand vas-tu te marier
    et avoir des enfants ? »
  • 6:02 - 6:04
    Et que vous pensez : « Mec,
    je ne veux pas de cela. »
  • 6:04 - 6:06
    (Rires)
  • 6:08 - 6:12
    Les jours où vous entendez
    encore une histoire
  • 6:12 - 6:15
    au sujet d'une fille qui a disparu,
  • 6:15 - 6:18
    d'une femme qui a été brutalisée,
  • 6:18 - 6:21
    quand vous avez l'impression
    de ne pas pouvoir fuir cette réalité,
  • 6:21 - 6:24
    récitez-vous ce poème.
  • 6:24 - 6:26
    Car au final,
  • 6:26 - 6:30
    toute poésie, même quand on est confronté
    à ces sujets difficiles,
  • 6:30 - 6:32
    nos poèmes, ils sont porteurs d'espoir.
  • 6:32 - 6:35
    Il n'est question
    que d'espoir, n'est-ce pas ?
  • 6:35 - 6:39
    L'espoir d'être entendu,
    l'espoir que nos blessures guérissent
  • 6:39 - 6:42
    et l'espoir que ces poèmes
    soient obsolètes,
  • 6:43 - 6:45
    que nous n'ayons pas besoin d'eux.
  • 6:45 - 6:47
    J'aimerais finir sur un poème
    qui n'est pas mien,
  • 6:47 - 6:50
    mais il est d'une de mes poètes préférées
  • 6:50 - 6:53
    et c'est l'un des premiers poèmes
    de quelqu'un d'autre que j'ai mémorisés.
  • 6:53 - 6:57
    C'est ce que je récite
    durant mes journées les plus intenses,
  • 6:57 - 7:00
    que je m'offre et que j'offre
    à une autre femme
  • 7:00 - 7:03
    quand je sais qu'elle éprouve
    des difficultés.
  • 7:03 - 7:06
    J'espère qu'il vous inspirera
    à trouver une poète à mémoriser.
  • 7:06 - 7:08
    Voilà votre défi.
  • 7:08 - 7:10
    Pensez à une poète,
    trouvez un poème, mémorisez-le.
  • 7:10 - 7:13
    Cela n'est pas trop dur
    de mémoriser 12 lignes.
  • 7:13 - 7:15
    Et vous l'aurez
    pour le reste de votre vie.
  • 7:15 - 7:17
    Ceci est un poème de Lucille Clifton.
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    Célébrez donc avec moi
  • 7:22 - 7:25
    ce que à quoi j'ai donné
    la forme d'une vie.
  • 7:25 - 7:32
    Je n'avais pas de devise, née à Babylone,
    à la fois non blanche et femme.
  • 7:32 - 7:35
    Tout ce que je cherchais à être
    à l'exception de moi-même.
  • 7:35 - 7:41
    J'ai tout inventé, ici sur ce pont,
    entre les étoiles brillantes et l'argile.
  • 7:41 - 7:44
    Une de mes mains tenant fermement l'autre.
  • 7:44 - 7:48
    Célébrez donc avec moi que chaque jour
  • 7:48 - 7:52
    quelqu'un a essayé de me tuer et a échoué.
  • 7:53 - 7:54
    Merci.
  • 7:54 - 7:56
    (Applaudissements)
Title:
Je me sers de ma poésie pour faire face à la violence envers les femmes | Elizabeth Acevedo | TEDxMidAtlanticSalon
Description:

Elizabeth Acevedo sur la scène de TEDxMidAtlanticSalon nous montre comment elle maîtrise et apprend de la poésie pour faire face à la violence envers les femmes.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
07:59

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