Jordan Casteel Stays in the Moment | Art21 "New York Close Up"

["New York Close Up"]

--Merci d'être là !

--Vous m'avez suivi pendant mon voyage

--ça me touche beaucoup.

--Toute ma vie...

["Jordan Casteel -- Artist"]

[WOMAN]
--Félicitations !

[CASTEEL]
--Merci.

Je suis une personne plutôt introvertie

Je change--

quand l'adrénaline fait son effet

et je deviens
vraiment très extrovertie.

J'essaie souvent
de trouver mon âme sœur,

et en général, c'est plutôt quelqu'un
qui se tient à l'écart.

Il y a un certain niveau de conscience

qui demande de prendre
assez de recul

pour réellement ressentir

ce qu'est être avec une personne
à un certain moment.

["Jordan Casteel Stays in the Moment"]

J'ai toujours eu tendance
à voir les personnes

qui passent facilement inaperçues.

[LOUIE]
C'est comme si c'était hier.

C'était une nuit paisible et animée.

Comme si c'était peint--

Il y avait une atmosphère rose,
une sensation d'été...

Sur la 125ème rue,
on est tombé sur Jordan.

Je suis tellement fier
d'être là aujourd'hui,

de faire partie de ce projet,
et d'en être le visage.

Je l'adore.

[QUENTIN]
J'ai l'impression d'être célèbre. [RIRES]

Je suis trop gêné ! [RIRES]

Je suis vraiment gêné.

[ZEN]
Je promenais les chiens.

On s'est rencontré, je me suis assis,
et j'ai posé pour la photo.

[HOMME]
C'était ici à New York ?

[ZEN]
Oui, à Harlem.

[125ème rue, Harlem]

[LOUIE]
Ça va bien ?

Je peux vous présenter
notre boutique Megastar Brand ?

On a plein de choses.

Des sweat à capuche.

Des T-shirts à manches longues.

Tout pour le Black Power.

On a toute sorte de...

Comment ça va miss ?

Je peux te présenter
la boutique Megastar Brand ?

[FEMME]
Une autre fois.

[LOUIE]
Pas de soucis, à bientôt.

[CASTEEL]
Je me baladais,
faisais des photos de nuit.

Louie et A-Thug remballaient.

Pendant que je prenais des photos,

à un moment donné, Louie m'a dit :
"Eh, qu'est-ce que tu fais ?"

"Tu es une artiste ?
Une photographe ?"

"Qu'est-ce que tu fais à Harlem ?"

Et je lui ai dit :
"Oh, en fait, je suis peintre."

"Je réalise un projet,"
etc.

Et ils m'ont répondu : "Ah, cool !"

"On aimerait y participer !"

Ils ont tout de suite eu
une énergie géniale.

--Ca a fini en séance photo.
Mais c'est pas grave.

[RIRES]
--Tu as ton appareil, profite-en !

Le moment précis
où je photographie quelqu'un,

tout se passe très vite.

J'arrive et je repars.

Mais je passe aussi des moments seule,

quand je suis au studio,

et que je revis ce qu'une personne
a dégagé, en une fraction de seconde.

J'y reste des heures, assise,
seule avec moi-même--

pour avoir la place de bien me plonger
dans mes pensées les plus intimes,

et pour intégrer le monde qui m'entoure.

C'est aussi ce que je fais quand je peins.

Je passe beaucoup de temps à observer,

et à décider à l'avance des couleurs,

pour ensuite les mélanger avec soin,

pour qu'à ce moment donné,

je sois capable d'être assez confiante.

C'est comme ça que j'essaie
de me connecter avec ce qui nous entoure,

quand on se trouve face à quelqu'un,
tu vois ?

Tu travailles à partir de la vie.

Mon appareil, c'est vraiment
un lien invisible

entre moi et la personne
assise en face de moi.

Ça me permet de ralentir,
avant d’aller vite.

Ce moment avec A-Thug et Louie,

je ne sais pas si j'avais remarqué
la chemise "mélanine" sur la table.

Je suis persuadée que non,
comme je prends des photos.

Mais avec le recul,

en prenant le temps d'observer
l'environnement qu'ils avaient créé,

je me suis dit : "Ouah !"

"Il y a vraiment des choses dingues
qui se passent ici."

Avec son T-shirt
"T.H.U.G., the hate you gave us,"

Je ne l'ai remarqué que lorsque
j'ai commencé à peindre.

Pour moi, c'est un message très fort

à porter sur sa poitrine,
comme un bouclier

que des communautés de couleurs
doivent souvent créer

pour se protéger et s'honorer.

[LOUIE]
C'est tellement gratifiant de sortir

et de voir quelqu'un
porter un de mes T-shirts

ou une de mes casquettes.

Ça, c'est un petit ours que j'ai dessiné,

que j'ai rendu vivant
avec des petits motifs graphiques.

Donc je dois créer.

Faire de l'art quelque chose
que l'on peut porter sur soi.

Young Style Designs.

Ça, c'est de l'art qu'on porte.

Jordan, son travail est exposé.

Toi, tu dois te produire
dans un établissement.

Moi, je me démarque dans la rue,

je présente tout directement sur le sol.

Elle est un petit souvenir dans ma vie,
une petite étape plutôt cool.

Elle a débarqué et fait un truc sympa.

[CASTEEL]
J'ai en quelque sorte trouvé un moyen

de m'approprier une opportunité rare
sur le marché de l'art.

Ça a prouvé
de plusieurs façons,

que les opportunités pour moi sont rares,

en tant que jeune femme afro-américaine,

dans un monde principalement dirigé
par des hommes blancs.

L'histoire de ce pays est compliquée.

L'histoire qui relate la façon dont l'art
est passé d'institution en institution,

et est devenu important
est compliquée.

Avec l'accès vient la responsabilité.

Avec la visibilité, c'est la même chose.

[ZEN]
Il y a très peu d'endroits où

les hommes noirs sont représentés

hors de la criminalité
et du divertissement.

Dans ce métier, on voit sans doute
ces sujets tous les jours,

sans forcément y faire attention.

Le fait d'être, ça a de la valeur.