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Ce qui compte vraiment au bout de la vie

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    Nous avons tous besoin
    d'une raison de nous réveiller.
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    Pour moi, il a juste fallu 11 000 volts.
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    Vous êtes trop polis pour demander,
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    alors je vais vous raconter :
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    une nuit, pendant ma 2e année de fac,
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    après les vacances de Thanksgiving,
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    on faisait les fous avec quelques amis,
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    on a décidé de monter sur un train.
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    Il était là, à l'arrêt, avec les
    câbles électriques au-dessus.
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    A l'époque, on pensait que
    c'était une super idée.
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    On avait fait plus stupide en tout cas.
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    J'ai grimpé sur une échelle à l'arrière,
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    et quand je me suis mis debout,
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    le courant électrique
    est passé dans mon bras,
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    et ressorti par mon pied, et voilà.
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    Vous vous rendez compte,
    ma montre marche encore !
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    C'est ça, la qualité suisse !
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    (Rires)
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    Aujourd'hui, mon père
    la porte par solidarité.
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    Cette nuit a été le début officiel
    de ma relation avec la mort — ma mort.
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    Ça a aussi été le début de
    mon long parcours de patient.
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    C'est un bon mot.
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    Il signifie celui qui souffre.
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    En quelque sorte, nous
    sommes tous des patients.
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    Le système de santé américain
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    est loin d'être parfait
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    même si par d'autres côtés,
    il est formidable.
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    Aujourd'hui je suis médecin
    en soins palliatifs.
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    J'ai donc été des deux côtés des soins.
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    Et croyez-moi, presque tous ceux
    qui choisissent le secteur médical
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    ont de bonnes intentions, vraiment.
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    Mais on est aussi les agents involontaires
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    d'un système qui, trop souvent,
    ne fait pas l'affaire.
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    Pourquoi ?
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    La réponse est en fait assez simple,
  • 1:57 - 1:59
    et explique beaucoup :
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    parce que le système de santé est conçu
    par rapport à la maladie, pas aux gens.
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    En somme, il est donc mal conçu.
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    Et jamais les effets d'une mauvaise
    conception ne sont plus tristes,
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    jamais le besoin de faire mieux
    ne se fait plus pressant
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    qu'en fin de vie,
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    où tout est si condensé, concentré.
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    Il n'y a pas de deuxième chance.
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    Mon but aujourd'hui est d'aller voir
    au-delà des disciplines
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    et d'inviter le Design Thinking
    à apporter sa contribution.
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    C'est-à-dire incorporer
    l'intention et la créativité
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    à l'expérience de la mort.
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    Nous avons là une occasion immense,
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    face à l'une des questions universelles,
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    en tant qu'individus
    et en tant que société civile :
  • 3:01 - 3:05
    celle de repenser et reconcevoir
    la manière dont nous mourons.
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    Alors commençons par la fin.
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    Pour beaucoup, ce qui fait le plus peur
    dans la mort, ce n'est pas d'être mort,
  • 3:16 - 3:18
    c'est de mourir, de souffrir.
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    La différence est capitale.
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    Pour comprendre ça,
    il peut être utile
  • 3:23 - 3:27
    de démêler la souffrance qui
    en tant que telle est nécessaire,
  • 3:27 - 3:30
    de la souffrance que nous pouvons changer.
  • 3:30 - 3:36
    La première fait naturellement
    partie de la vie, elle va avec,
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    et nous devons lui faire de la place,
    nous adapter et grandir avec.
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    Il peut être bénéfique de comprendre
    les forces plus grandes que nous.
  • 3:49 - 3:52
    Elles apportent une proportionnalité,
  • 3:52 - 3:55
    une sorte de restructuration cosmique.
  • 3:57 - 3:59
    Quand j'ai perdu mes membres,
  • 3:59 - 4:04
    cette perte, par exemple,
    est devenue un fait, fixe,
  • 4:04 - 4:07
    quelque chose qui faisait
    forcément partie de ma vie.
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    J'ai appris que je ne pouvais pas plus
    renier ça que me renier moi-même.
  • 4:15 - 4:18
    Ça a pris du temps, mais
    au bout du compte, j'ai appris.
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    Autre chose sur la souffrance nécessaire :
  • 4:21 - 4:25
    la chose même
  • 4:25 - 4:30
    qui unit celui qui donne les soins
    et celui qui les reçoit —
  • 4:30 - 4:31
    les êtres humains.
  • 4:33 - 4:37
    On commence enfin à comprendre
    que c'est là que se produit la guérison.
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    Oui, la compassion — littéralement,
    comme on l'a vu hier —
  • 4:41 - 4:43
    souffrir ensemble.
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    Par contre, du côté du système,
  • 4:48 - 4:52
    tellement de souffrance
    est inutile, inventée.
  • 4:52 - 4:55
    Elle ne sert à rien.
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    La bonne nouvelle est que,
    puisque cette souffrance est inventée,
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    on peut la changer.
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    Nous pouvons modifier
    la manière dont nous mourons.
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    Sensibiliser le système
    à cette distinction fondamentale
  • 5:11 - 5:14
    entre la souffrance nécessaire
    et celle qui ne l'est pas
  • 5:14 - 5:18
    est le premier de nos trois signaux
    dans cette reconception.
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    Après tout, notre rôle
    en tant que personnel de soin,
  • 5:23 - 5:28
    est de soulager la souffrance,
    pas d'en rajouter une couche.
  • 5:30 - 5:32
    Fidèle aux principes
    des soins palliatifs,
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    je suis un peu comme un porte-parole
  • 5:36 - 5:38
    autant qu'un médecin prescripteur.
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    En passant : les soins palliatifs, domaine
    très important mais mal compris,
  • 5:45 - 5:48
    ne se limitent pas
    aux soins de fin de vie.
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    Ils ne sont pas cantonnés à l'hôpital.
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    Il s'agit simplement de confort
    et de bien-être, à toutes les étapes.
  • 5:55 - 5:58
    Sachez donc qu'il ne faut pas être mourant
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    pour bénéficier de soins palliatifs.
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    Maintenant, je vais vous présenter Frank.
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    Il est un bon exemple.
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    Ça fait des années que je vois Frank.
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    Il a un cancer de la prostate avancé
    et vit depuis longtemps avec le VIH.
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    Nous travaillons sur
    ses douleurs osseuses et sa fatigue.
  • 6:17 - 6:21
    Mais le plus souvent,
    nous parlons de sa vie,
  • 6:21 - 6:22
    ou plutôt, de nos vies.
  • 6:23 - 6:25
    Il gère son chagrin comme ça.
  • 6:25 - 6:29
    Il gère ces pertes comme ça,
    au fur et à mesure qu'elles déboulent,
  • 6:29 - 6:32
    et comme ça, il peut vivre
    le moment suivant.
  • 6:34 - 6:38
    La perte est une chose,
    le regret en est une autre.
  • 6:39 - 6:41
    Frank a toujours été un aventurier
  • 6:41 - 6:44
    — il ressemble à un personnage
    de Norman Rockwell —
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    et le regret,
    c'est pas son truc.
  • 6:47 - 6:49
    Alors ce n'était pas une surprise
    quand un jour il a dit
  • 6:49 - 6:52
    qu'il voulait faire du rafting
    sur le Colorado.
  • 6:53 - 6:55
    Est-ce que c'était une bonne idée ?
  • 6:55 - 6:59
    Vu les risques pour sa sécurité
    et sa santé, peut-être que non.
  • 6:59 - 7:03
    Mais il l'a fait,
    tant qu'il pouvait le faire.
  • 7:04 - 7:08
    Ce fut un voyage formidable :
  • 7:09 - 7:14
    l'eau glacée, la chaleur étouffante,
    les scorpions, les serpents,
  • 7:14 - 7:20
    les parois brûlantes du Grand Canyon
    renvoyant l'écho des hurlements des loups,
  • 7:20 - 7:23
    toute la majesté d'un monde
    que nous ne maîtrisons pas.
  • 7:24 - 7:26
    La décision de Frank,
    bien qu'un peu dramatique,
  • 7:26 - 7:29
    pourrait être celle que nous prendrions,
  • 7:29 - 7:35
    si nous avions les moyens de savoir ce qui
    est mieux pour nous au fil du temps.
  • 7:37 - 7:41
    Tellement ici relève
    d'un changement de perspective.
  • 7:42 - 7:45
    Après mon accident, à mon retour à la fac,
  • 7:45 - 7:48
    j'ai changé mon cursus pour
    étudier l'histoire de l'art.
  • 7:48 - 7:52
    Je pensais qu'apprendre l'art visuel
    m'apprendrait à voir —
  • 7:54 - 7:57
    une leçon importante pour un garçon
    qui ne pouvait apporter de changement
  • 7:57 - 7:59
    à tellement de choses qu'il voyait.
  • 8:01 - 8:04
    La perspective, cette alchimie avec
    laquelle nous, humains, jouons.
  • 8:04 - 8:07
    Transformer l'angoisse en fleur.
  • 8:10 - 8:14
    Retour au présent : je travaille
    maintenant à San Francisco,
  • 8:14 - 8:16
    un endroit formidable appelé
    le Zen Hospice Project,
  • 8:16 - 8:20
    où nous avons un petit rituel
    qui aide à changer de perspective.
  • 8:20 - 8:23
    Quand un résident meurt,
  • 8:23 - 8:28
    la morgue vient et, quand nous sortons
    le corps par le jardin,
  • 8:28 - 8:30
    nous faisons une pause
    avant d'arriver à la grille.
  • 8:30 - 8:32
    Tous ceux qui le désirent
  • 8:32 - 8:35
    — résidents, famille,
    infirmières, bénévoles,
  • 8:35 - 8:37
    les chauffeurs du corbillard aussi —
  • 8:37 - 8:42
    partagent une histoire, ou une chanson,
    ou un moment de silence,
  • 8:42 - 8:45
    alors que nous déposons
    des pétales de fleurs sur le corps.
  • 8:45 - 8:48
    Ça prend quelques minutes.
  • 8:48 - 8:53
    C'est une image simple et délicate
    pour accueillir le deuil,
  • 8:53 - 8:55
    plutôt que le dégoût.
  • 8:56 - 9:01
    Comparez ça à ce qui se passe
    traditionnellement dans un hôpital,
  • 9:01 - 9:06
    une pièce tout illuminée avec des tubes
    et des machines qui bipent,
  • 9:06 - 9:10
    des lumières qui clignotent encore
    même quand le patient s'est éteint.
  • 9:11 - 9:14
    L'équipe de ménage apparaît,
    le corps disparaît,
  • 9:14 - 9:19
    et c'est comme si cette personne
    n'avait jamais existé.
  • 9:21 - 9:24
    Ça part d'une bonne intention,
    que tout soit stérile,
  • 9:24 - 9:27
    mais les hôpitaux ont tendance
    à agresser nos sens,
  • 9:27 - 9:33
    le plus que l'on puisse y espérer,
    est d'y perdre toute sensibilité -
  • 9:33 - 9:37
    l'anesthésie, littéralement,
    le contraire de l'esthétique.
  • 9:38 - 9:43
    J'admire les hôpitaux pour ce qu'ils font,
    c'est grâce à eux que je vis.
  • 9:44 - 9:46
    Mais on leur en demande trop.
  • 9:47 - 9:51
    Ils sont bien pour les traumatismes
    et les maladies curables.
  • 9:51 - 9:55
    Pas pour y vivre et mourir,
    ils ne sont pas faits pour ça.
  • 9:58 - 10:00
    Attention : je ne renonce pas à l'idée
  • 10:00 - 10:04
    que nos institutions
    pourraient être plus humaines.
  • 10:04 - 10:06
    On peut trouver de la beauté partout.
  • 10:08 - 10:12
    J'ai passé quelques mois dans
    un centre de traitement des brûlés
  • 10:12 - 10:14
    au St. Barnabas Hospital,
    à Livingston dans le New Jersey,
  • 10:14 - 10:18
    où j'ai reçu des soins extraordinaires,
  • 10:18 - 10:21
    dont des soins palliatifs pour ma douleur.
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    Une nuit, il s'est mis à neiger dehors.
  • 10:25 - 10:29
    Les infirmières se plaignaient
    qu'elles devraient prendre la route.
  • 10:30 - 10:32
    Ma chambre n'avait pas de fenêtre,
  • 10:32 - 10:36
    mais c'était super d'imaginer
    la neige tomber, toute collante.
  • 10:37 - 10:41
    Le lendemain, une de mes infirmières
    a rapporté une boule de neige en douce.
  • 10:41 - 10:43
    Elle l'a apportée dans le centre.
  • 10:45 - 10:50
    Je ne vous dis pas le sentiment d'extase
    de la sentir dans ma main,
  • 10:50 - 10:53
    le froid qui coulait sur mes brûlures,
  • 10:53 - 10:56
    le miracle que tout ça représentait,
  • 10:56 - 10:59
    la fascination de regarder
    la neige fondre et se liquéfier.
  • 11:03 - 11:05
    A ce moment,
  • 11:05 - 11:10
    faire partie de cette planète,
    cet univers, était plus important pour moi
  • 11:10 - 11:12
    que le fait que je sois mort ou vivant.
  • 11:12 - 11:15
    Cette boule de neige contenait
    toute l'inspiration qu'il fallait
  • 11:15 - 11:19
    pour essayer de vivre, et pour
    accepter que je pourrais ne pas vivre.
  • 11:19 - 11:22
    Dans un hôpital, c'est un moment précieux.
  • 11:24 - 11:28
    Au fil des années, j'ai rencontré
    beaucoup de gens dans mon travail
  • 11:28 - 11:30
    qui étaient prêts à partir, à mourir.
  • 11:31 - 11:36
    Pas parce qu'ils avaient trouvé
    une paix finale, une transcendance,
  • 11:36 - 11:40
    mais parce qu'ils étaient tellement
    dégoûtés de leur vie,
  • 11:43 - 11:47
    en un mot, une vie isolée, ou moche.
  • 11:51 - 11:57
    On bat les records du nombre de gens qui
    ont des maladies chroniques ou terminales,
  • 11:58 - 11:59
    et de plus en plus vieux.
  • 12:00 - 12:05
    Et on est loin d'être prêts
    à faire face à ce tsunami gris.
  • 12:07 - 12:11
    Il nous faut une infrastructure
    suffisamment dynamique
  • 12:11 - 12:15
    pour ces glissements sismiques
    dans la population.
  • 12:16 - 12:19
    Il faut créer quelque chose de nouveau,
    quelque chose de vital.
  • 12:19 - 12:21
    Nous le pouvons parce que nous le devons.
  • 12:21 - 12:23
    Les autres voies sont inacceptables.
  • 12:24 - 12:26
    On connaît les ingrédients clés :
  • 12:26 - 12:29
    la politique, l'éducation, la formation,
  • 12:29 - 12:31
    des systèmes, des locaux.
  • 12:33 - 12:36
    Ce ne sont pas les idées
    de designers qui manquent.
  • 12:37 - 12:39
    Par exemple, la recherche a montré
  • 12:39 - 12:43
    que le plus important pour ceux
    qui côtoient la mort est :
  • 12:43 - 12:50
    le confort ; ne pas être un fardeau
    pour ceux qu'ils aiment ;
  • 12:50 - 12:55
    la paix existentielle ; un sens
    de l'émerveillement et de la spiritualité.
  • 12:57 - 13:01
    En presque 30 ans au Zen Hospice,
  • 13:01 - 13:04
    nous avons découvert tellement plus
    de détails sur nos résidents.
  • 13:06 - 13:08
    Les petites choses ne sont pas si petites.
  • 13:09 - 13:11
    Prenez Janette.
  • 13:11 - 13:14
    Avec sa maladie de Charcot,
    elle a de plus en plus de mal à respirer.
  • 13:14 - 13:15
    Vous savez quoi ?
  • 13:16 - 13:19
    Elle veut se remettre à fumer.
  • 13:20 - 13:22
    Des cigarettes françaises,
    s'il vous plaît.
  • 13:25 - 13:27
    Ce n'est pas de l'auto-destruction,
  • 13:27 - 13:31
    c'est pour sentir ses poumons se remplir
    tant qu'elle les a encore.
  • 13:33 - 13:34
    Les priorités changent.
  • 13:36 - 13:38
    Ou Kate : elle a juste besoin de savoir
  • 13:38 - 13:42
    que son chien Austin est allongé
    au pied de son lit,
  • 13:42 - 13:46
    le museau froid sur sa peau sèche,
  • 13:46 - 13:49
    plutôt que la chimiothérapie
    qui court dans ses veines —
  • 13:49 - 13:50
    elle est passée par là.
  • 13:51 - 13:56
    Une satisfaction sensuelle, esthétique,
    où en un moment,
  • 13:56 - 13:59
    on est récompensé simplement d'exister.
  • 14:03 - 14:08
    Il est surtout question d'utiliser
    nos sens pour apprécier le temps,
  • 14:08 - 14:13
    d'utiliser le corps — ce qui précisément
    est ce qui vit et ce qui meurt.
  • 14:14 - 14:16
    La pièce la plus poignante
  • 14:16 - 14:18
    au Zen Hospice est
    probablement la cuisine,
  • 14:18 - 14:20
    ce qui est bizarre quand on pense
  • 14:20 - 14:24
    que tellement de résidents
    ne mangent presque rien.
  • 14:24 - 14:30
    Mais on offre des moyens de subsistance
    à plusieurs niveaux :
  • 14:30 - 14:33
    les odeurs, un niveau symbolique.
  • 14:34 - 14:39
    Sans blague, avec tout ce qui se passe
    de difficile sous notre toit,
  • 14:39 - 14:43
    l'une des meilleures interventions
    que l'on connaisse,
  • 14:43 - 14:47
    c'est de faire des gâteaux.
  • 14:58 - 15:00
    Tant que nous avons nos sens,
  • 15:00 - 15:02
    ne serait-ce qu'un seul,
  • 15:02 - 15:05
    nous avons au moins
    la possibilité d'accéder
  • 15:05 - 15:08
    à ce qui nous fait
    sentir humain, connecté.
  • 15:11 - 15:14
    Imaginez les conséquences de cette idée
  • 15:14 - 15:17
    pour les millions de gens
    qui vivent et meurent de démence.
  • 15:18 - 15:22
    Des plaisirs sensoriels primitifs
    qui parlent à notre place,
  • 15:22 - 15:25
    des impulsions qui nous font
    rester présents.
  • 15:25 - 15:28
    Pas besoin de passé ni de futur.
  • 15:30 - 15:36
    Notre premier signal était de
    dégager la souffrance inutile du système.
  • 15:39 - 15:41
    S'occuper de notre dignité
    en passant par les sens,
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    par le corps, le domaine de l'esthétique,
  • 15:45 - 15:47
    c'est notre deuxième signal.
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    Ce qui nous amène au troisième
    et dernier point aujourd'hui :
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    il nous faut élever notre ligne de mire,
    la caler sur notre bien-être,
  • 15:59 - 16:02
    afin que la vie, la santé, les soins
  • 16:02 - 16:05
    puissent consister à rendre
    la vie plus merveilleuse,
  • 16:05 - 16:07
    plutôt que moins horrible.
  • 16:08 - 16:09
    La bienfaisance.
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    Ici, on arrive pile à la distinction
  • 16:13 - 16:18
    entre un modèle de soin centré
    sur la maladie ou sur l'humain,
  • 16:18 - 16:22
    et c'est ici que le soin devient
    créateur, générateur,
  • 16:22 - 16:24
    voire amusant.
  • 16:25 - 16:27
    « S'amuser » peut être un mot bizarre ici.
  • 16:28 - 16:31
    C'est aussi l'un de nos moyens
    d'adaptation les plus importants.
  • 16:31 - 16:35
    Imaginez tous les efforts obligatoires
    à faire pour être humain.
  • 16:35 - 16:38
    Le besoin de nourriture
    a engendré la cuisine.
  • 16:38 - 16:40
    Le besoin d'un toit
    a engendré l'architecture.
  • 16:40 - 16:43
    Le besoin de se couvrir, la mode.
  • 16:43 - 16:45
    Et le besoin de s'assujettir à la montre
  • 16:45 - 16:49
    nous a fait inventer la musique.
  • 16:52 - 16:55
    Alors puisque mourir fait nécessairement
    partie de la vie,
  • 16:55 - 16:58
    que pouvons-nous créer
    à partir de ce fait ?
  • 17:00 - 17:03
    Avec « s'amuser », je ne dis pas
    qu'il faut prendre la mort à la légère
  • 17:03 - 17:06
    ou qu'il faille mourir
    d'une certaine façon.
  • 17:06 - 17:09
    Il existe des montagnes de chagrin
    qui ne bougeront pas,
  • 17:09 - 17:12
    d'une façon ou d'une autre,
    nous nous y agenouillerons.
  • 17:13 - 17:16
    Je demande plutôt
    que l'on fasse de la place
  • 17:17 - 17:22
    physique, psychique, pour permettre
    à la vie de partir en s'amusant,
  • 17:22 - 17:26
    de sorte que, plutôt que de se cacher,
  • 17:26 - 17:30
    la vieillesse et la mort peuvent
    aller en crescendo jusqu'à la fin.
  • 17:33 - 17:37
    La mort n'est pas une équation à résoudre,
  • 17:38 - 17:41
    je sais que certains
    d'entre vous s'y essaient.
  • 17:41 - 17:44
    (Rires)
  • 17:45 - 17:47
    En attendant,
  • 17:47 - 17:49
    (Rires)
  • 17:49 - 17:51
    on peut la reconcevoir.
  • 17:52 - 17:53
    Des parties de moi sont mortes,
  • 17:53 - 17:56
    en quelque sorte, on peut tous dire ça.
  • 17:57 - 17:59
    J'ai dû reconcevoir ma vie à partir de là,
  • 17:59 - 18:03
    et je peux vous dire que
    c'est une libération
  • 18:03 - 18:06
    quand on se rend compte que l'on peut
    trouver de la beauté et du sens
  • 18:06 - 18:08
    dans la vie qui vous reste,
  • 18:08 - 18:11
    comme la boule de neige qui dure
    le temps d'un moment parfait,
  • 18:11 - 18:13
    tout en fondant.
  • 18:15 - 18:21
    En aimant ces moments passionnément,
  • 18:21 - 18:23
    peut-être que nous pourrons vivre bien,
  • 18:23 - 18:25
    pas malgré la mort,
  • 18:25 - 18:27
    mais à cause d'elle.
  • 18:31 - 18:33
    Que la mort soit ce qui nous emporte,
  • 18:33 - 18:36
    pas le manque d'imagination.
  • 18:37 - 18:38
    Merci.
  • 18:38 - 18:46
    (Applaudissements)
Title:
Ce qui compte vraiment au bout de la vie
Speaker:
BJ Miller
Description:

A la fin de nos vies, que souhaitons-nous le plus ? Pour beaucoup, c'est juste un peu de confort, de respect, d'amour. BJ Miller est un médecin en soins palliatifs qui a beaucoup réfléchi à la manière de créer une fin de vie digne et pleine de grâce pour ces patients. Prenez le temps de savourer cette émouvante discussion, qui pose d'importantes questions sur la manière dont nous pensons à la mort et dont nous honorons la vie.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
19:07
  • Suggestion de titre : "l'important en fin de vie"
    This is a talk I would like to help translating into French.
    Thank you

  • Bonjour Sylvie,
    Excuse-moi, j'ai mis du temps à voir ton message. La vidéo est maintenant marquée "completed", si tu veux la réviser, elle est à toi :)
    Je n'ai pas changé le titre. Dans "L'important en fin de vie", il manque le "really" du titre original. De plus, je voulais que le titre comporte un verbe, pour rendre la phrase plus active, moins neutre. Et enfin, je pensais que "au bout de la vie" est plus poétique et moins... médical (?) que "en fin de vie".
    Il y a souvent bien plus d'une seule façon de traduire, ce n'est pas toujours facile de choisir celle qui convient le mieux !

French subtitles

Revisions