Robin Williams - En Mouvement

Robin Williams était un génie, mais il était aussi un artisan dévoué qui explorait comment un acteur pouvait s'exprimer à travers le mouvement. Honorons ce petit aspect de son travail.

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Musiques :
Martha & the Vandellas - Nowhere to Run
Ray Conniff - Smoke Gets in Your Eyes
Frank Sinatra - How About You?

- Merci Gérald, et voici un titre pour les copains à l'écoute :

"Nowhere to Run" par
Martha et les Vandellas.

C'est ça, la vie est belle.

Salut, mon nom est Tony et
voici "Every Frame a Painting".

Aujourd'hui, je vais honorer
l'incomparable Robin Williams.

Il y a eu beaucoup d'hommages émouvants au cours du dernier mois,

et je ne compte pas redire ce qui a déjà été dit,

mais plutôt me concentrer sur autre chose :
comment il bougeait dans une scène.

- Vous faites une célébration éclectique d'une
danse. Vous faites Fosse, Fosse, Fosse.

Vous faites, Martha Graham,
Martha Graham, Martha Graham !

Le placement est la chorégraphie
des acteurs et de la caméra.

Pour le dire simplement, les acteurs se déplacent.
La manière dont ils se déplacent nous raconte quelque chose

sur les personnages, la scène et l'histoire.

- mais vous gardez tout à l'intérieur.

Un bon placement est une bonne narration.
Si vous voulez voir ça par vous-même,

choisissez une scène et regardez
la façon dont évoluent les acteurs.

- Et maintenant, nous allons tous nous asseoir
et nous allons finir la partie.

Trois minutes plus tard,
voici comment il la fait s'asseoir.

- Vous n'avez pas envie d'un thé ?
Je vais faire du thé.

Vous pouvez regarder ce film sans le son
et quand même comprendre

la plupart de l'histoire. C'est un placement d'acteurs.
Tout ce que vous devez savoir sur

les personnages, leurs relations
et comment tout cela évolue

vous est présenté par le biais des mouvements physique.
Le placement est une collaboration

entre l'acteur et le metteur en scène.
Même si c'est le réalisateur qui valide, les acteurs sont

en fin de compte ceux qui
doivent exécuter les mouvements.

Et voilà pourquoi le travail de Robin Williams
est si dynamique

- Vous vous déplacez avec elle !

- C'est à vous de mener !

Peu d'acteurs sont capables de s'exprimer
aussi bien via le mouvement.

Que le mouvement soi grand

ou petit.

Même quand il faisait le même mouvement
dans deux scènes différentes

vous pouviez voir les subtiles variations qu'il
apportait au parcours du personnage.

Parfois, il bougeait et la caméra restait fixe.

D'autres fois...
- Tu n'es qu'un gosse.

il restait immobile et c'est la caméra qui bougeait.
Ce plan dure 2 minutes et 45 secondes

et c'est la première fois que ces deux personnages se rapprochent,

ce que nous montre Gus Van Sant en faisant en sorte
que la caméra les rassemble, littéralement.

- Tu ignores ce que c'est que de perdre quelqu'un.

- Parce qu'on ne connaît ça quand qu'on sait aimer
plus qu'on ne s'aime soi-même.

Et dans d'autres films, il bougeait avec la caméra,
créant une danse élaborée.

- Il arrête pas de marmonner.
- Qu'est-ce qu'il marmonne ?

- Il marmonne des choses, la vérité.

Ou une autre, moins élaborée.

Regarder son travail, c'est voir les gestes subtils
qu'un acteur peut faire avec ses mains.

sa bouche

sa jambe droite

et son facepalm.

Le travail de Robin Williams est une encyclopédie

des manières qu'à un acteur pour s'exprimer
par le mouvement et il avait

la chance de travailler avec des cinéastes qui
utilisaient ses talents à leur maximum.

- Je veux que vous trouviez votre propre cadence,
votre façon de marcher personnelle,

chacun pour soi, chacun où il veut,

que ce soit fier ou que ce soit grotesque.
Ce qui vous chante.

Je ne peux pas vous expliquer comment il faisait
pour donner vie à autant de personnage si différents,

parce que je ne sais pas.

Mais je peux vous parler de quelques trucs que
faisaient les réalisateurs pour sublimer ses performances.

En voici cinq.

# 1: Ils l'ont directement laissé jouer.
Le cinéma est bizarre parce que

c'est des heures de préparation
pour pouvoir tourner un seul angle.

Et parfois, les acteurs n'ont que quelques secondes
pour vraiment pouvoir jouer.

- Oh mon Dieu, les enfants.

La plupart de ces réalisateurs ont pour habitude de tourner
leurs scènes avec une ou deux installations,

ce qui aide les acteurs à garder leur rythme.

Certains préfèrent des mouvements complexes et élaborés de caméra.
D'autres préfèrent que ce soit très simple.

Mais quoi qu'il en soit, ils partagent tous la même envie
de laisser leurs acteurs jouer

de manière ininterrompue, autant que possible.

- C'est moi, Alan, maman, papa !
Je suis là ! Je suis revenu !

# 2: Ils lui ont donné
quelque chose de physique à faire.

Ouvrir la fenêtre. Ramassez la pomme.
Reettre les boîtes à la bonne place.

- J'ai dit, eh bien, vous savez
ce que je dois gérer ici ?

Ces gestes étaient parfois
répétés plus tard dans le film,

nous donnant une belle vision de avant/après du personnage.

- Eleanor ?
- Oui ?

D'autres fois, il s'agissait de passages uniques.

En tant que monteur, je peux vous assurer que
quand je regarde 12 prises d'une scène,

ces petits gestes font toute la différence.

# 3: Ils ont utilisé le placement et les mouvements pour raconter
l'histoire visuellement. Les êtres humains sont prévus

pour être attentifs aux petits
changements dans le langage du corps.

Nous en apprenons souvent plus sur une personne
grâce à ses mouvements et son ton,

que grâce aux mots qu'elle employe.

- Toi laisser la fille.

Ce qui est génial avec une bonne langage du corps,

c'est qu'il est universel
et n'a pas besoin d'être traduit ou expliqué.

- Ce qui m'intéresse, c'est la fille, pas toi et tes leçons de moral, d'accord ?
- Je sais, elle est ma sœur !

Même si vous ne parlez pas anglais,
vous comprenez exactement ce qui se passe ici.

- Je n'aime pas toi.

- Pourquoi ? Je suis un sacré personnage,
tu peux demander à n'importe qui.

# 4: Ils l'ont laissé écouter.
- Ça a commencé avec Peter Weir

quand il a dit, il y a beaucoup de puissance
dans le simple fait d'écouter.

Un bon pourcentage de ce que vous pensez être
une performance d'acteur dans un film est en fait de l'écoute.

Parfois, c'est ce qui arrive
sur le moment. D'autres fois,

nous, les monteurs, nous trouvons ces moments
et nous les plaçons dans le montage.

Comme on dit : jouer, c'est réagir.

Et enfin : Ils n'ont pas laissé la perfection
se mettre en travers de l'inspiration.

Il y a parfois un réel désir de filmer
exactement comme vous l'imaginiez dans votre tête

ou sur le script, mais travailler avec Robin
Williams, c'est être prêt à découvrir

de brusques éclats d'inspiration.

- Elle pétait en dormant.
Un nuit, elle a pété si fort que le chien s'est réveillé.

Alors restez ouverts. Cet homme a improvisé
beaucoup de ses moments les plus emblématiques.

Peut-être qu'il tenait un truc.

- Il y a de grandes scènes que les gens ont bien sûr répété et répété

et répété et répété,
mais parfois les trucs qui vous frappe vraiment,

ce sont des choses qui sont arrivées comme ça, sur le moment,

et c'est ça le cinéma
capturer un instant.

Adieu, Robin Williams.

- C'est le cauchemar d'un monteur vous savez,
les monteurs le voient et ils font "AGH!"

parce que dès qu'il apparaît, vous coupez sur lui tout le temps,
vous ne pouvez pas couper sur une demi-phrase

- C'est difficile d'avoir un plan à deux maintenant, non ?

- Bordel, je ne peux pas la tenir ! Bordel Jim,
la caméra est trop large ! Bones, du large!

- Je reviendrai.
- Nous t'aimons.