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Hiwa K: Le Projet de la cloche "The Bell Project" | Art21 "Extended Play"

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    [Hiwa K: "The Bell Project"]
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    [SON DE CLOCHE]
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    Je n'aime pas les objets d'art coûteux.
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    Au lieu de dépenser 8000 €,
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    on subvient aux besoins de
    plusieurs familles d'Irak, d'Afrique
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    ou bien d'autres pays.
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    Je ne pouvais pas en toute conscience
    dépenser autant sur ce Bell Project.
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    [voix vidéo kurde]
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    - Tout ça vient des USA
    des pièces de cabines, de jeeps etc
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    - des pièces des voitures.
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    - des tuyaux des cabines.
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    - Ça, d'un véhicule militaire blindé.
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    - Ceux-là aussi.
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    - Ce tas c'est aussi de
    l'armée américaine.
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    - Les armes de la plupart des pays
    se retrouvent ici.
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    - Elles reviennent toutes à moi.
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    Je travaillais avec quelqu'un.
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    Il s'appelle Nazhad,
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    un entrepreneur d'Irak
    dans la refonte des armes.
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    Il a des contrats avec l'armée américaine.
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    Il collectionne toutes sortes d'armes.
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    Il les fond et en fait des briques.
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    Il les classe,
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    les catégorise,
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    selon d'où elles viennent,
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    quand elles sont vendues en Irak,
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    par pays.
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    [EN KURDE]
    En outre, il y a plus de 40 pays
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    si je me souviens bien :
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    U.S.A,
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    Italie,
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    Allemagne,
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    Japon,
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    China ;
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    des pays en développement aussi.
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    Et la Turquie.
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    Je ne me rappelle pas de tous.
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    La plupart vendaient leurs armes
    en Irak et en Iran en même temps.
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    Ces armes sont faites par l'Occident.
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    et envoyées dans nos pays.
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    Nazhad les refond dans des
    possibilités de transformation.
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    [ITALIEN]
    Ce matériau provient de Nazhad.
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    Maintenant, nous allons l'analyser
    en laboratoire
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    pour déterminer le % d'impureté, et
    vérifier s'il est radioactif
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    car il vient d'un pays en guerre,
    on ne sait jamais.
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    Tout est là, 300 kg, exactement
    ce qu'il faut pour faire la cloche.
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    En Europe, ils refondaient les cloches
    pour en faire des armes.
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    Des milliers de cloches étaient
    refondues pour des armes.
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    C'est alors que je pensais à la
    circulation de la matière
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    et comment on pourrait inverser ce procédé
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    et faire à l'opposé
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    pour en faire à nouveau une cloche.
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    Cette cloche est simple.
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    C'est un art très accessible.
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    C'est ce qui me plaît.
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    Si j'aime ce projet,
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    si je l'accepte,
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    c'est pour cette seule raison.
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    En tant qu'artistes, on se
    confronte toujours,
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    ou on est confronté à un langage difficile
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    pas accessible aux gens ordinaire.
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    tel est le problème avec
    l'art.
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    J'en parle aux gens :
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    « Désolé, on n'aime pas les musées ».
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    Je ne visite pas les expos non plus,
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    car ce type d'art, c'est trop pour moi.
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    Trop difficile pour moi.
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    Ma relation avec le savoir est légère
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    et non en profondeur.
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    Car je ne veux pas alourdir
    mon œuvre avec la philosophie.
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    Je vais au pays tous les
    1 ou 2 ans,
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    je montre brièvement mes
    nouvelles œuvres à ma famille.
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    Quand ma mère comprend,
    je suis heureux.
  • 4:03 - 4:05
    Je reconnais les gens qui comprennent.
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    C'est pour ça, j'aime
    la simplicité.
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    J'en ai besoin.
Title:
Hiwa K: Le Projet de la cloche "The Bell Project" | Art21 "Extended Play"
Description:

Épisode #269 : L’artiste kurde-irakien Hiwa K discute de son désir de faire des œuvres d’art compréhensibles pour un large public. Décrivant son installation vidéo et sculpture, "The Bell Project" (2007-2015), l’artiste explique comment il a passé des années à suivre et à filmer un propriétaire de ferraille kurde nommé Nazhad, qui a recueilli les déchets militaires américains et européens qui ont été vendus et utilisés en Irak pendant la guerre Iran-Irak et la guerre du Golfe. Fondues en briques de métal brut, ces armes de guerre ont pris une nouvelle vie et sont devenues, comme le dit l’artiste, "des possibilités de transformation".

Inspiré par le fait que les cloches d’église étaient souvent fondues pour fabriquer des canons en temps de guerre en Europe préindustrielle, Hiwa K explique comment il s’est intéressé à échanger ce processus en faisant une cloche à partir d’armes fondues. L’artiste fit envoyer en Italie les briques de métal de Nazhad, où une fonderie jeta le matériau dans une grande cloche ornée d’images assyriennes. La cloche, installée au Moma PS1 dans le Queens, à New York aux côtés des vidéos de l’artiste de la casse de Nazhad et de la fonderie italienne, devient une représentation simple mais puissante de la circulation des matériaux et comment les pays sont liés par la guerre. Exprimant sa propre difficulté avec l’art souvent exposé dans les musées et son intention de rendre son travail intelligible à tous les visiteurs les téléspectateurs, Hiwa K déclare, "J’ai une histoire avec la connaissance, je n’ai pas de relation avec la connaissance. Je ne veux pas surdoser mon travail avec de la philosophie.

Hiwa K est né à Sulaymaniyah au Kurdistan, en Irak, en 1975. Ses sculptures, ses vidéos et ses performances tissent sournoisement des anecdotes d’amis et de membres de sa famille avec sa biographie. En tant que Kurde irakien et immigrant en Allemagne, Hiwa K puise dans ses souvenirs personnels pour raconter des histoires de nos crises mondiales en cours : guerre, migration, et les effets du néolibéralisme et du colonialisme. S’aidant de la vidéo documentaire, l’artiste s’insère dans ses œuvres, qui impliquent souvent des dimensions participatives (telles que des cours de cuisine de groupe, des performances musicales et des manifestations politiques) et des collaborations avec un large public de joueurs, des philosophes irakiens aux fondeurs vénitiens. En grande partie autodidacte, son approche multidisciplinaire s’appuie sur son éducation entre pairs en Irak ainsi que sur sa formation musicale sous la coupe du maître de flamenco, Paco Peña.

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Video Language:
English
Team:
Art21
Project:
"Extended Play" series
Duration:
04:23

French subtitles

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