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Comment faire advenir l'utopie ? | Sandrine Roudaut | TEDxVaugirardRoad

  • 0:05 - 0:06
    Parfois,
  • 0:06 - 0:08
    souvent,
  • 0:08 - 0:10
    j'ai mal au monde.
  • 0:10 - 0:12
    Surtout depuis que je suis maman.
  • 0:12 - 0:13
    J'ai deux filles,
  • 0:13 - 0:16
    et quand je vois leur environnement
    se dégrader,
  • 0:16 - 0:18
    j'ai mal au monde.
  • 0:18 - 0:21
    Mal pour les réfugiés climatiques,
  • 0:21 - 0:25
    mal de savoir que nos sols
    deviennent stériles,
  • 0:25 - 0:27
    que les abeilles disparaissent
  • 0:27 - 0:30
    et avec elles probablement les trois quarts
    de nos légumes et nos fruits.
  • 0:30 - 0:36
    Mal de lire qu'en Chine certains enfants
    ne savent pas que le ciel est bleu.
  • 0:36 - 0:37
    Il est gris.
  • 0:37 - 0:39
    Gris des pollutions de nos usines,
  • 0:39 - 0:42
    de nos smartphones,
    de nos tee-shirts.
  • 0:42 - 0:45
    Mais comment accepter,
    que pour un tee-shirt
  • 0:45 - 0:49
    il y ait de la souffrance humaine,
    des cours d'eau pollués.
  • 0:49 - 0:50
    Tout ça,
  • 0:50 - 0:52
    ça me bouleverse.
  • 0:52 - 0:54
    Je supporte pas
  • 0:54 - 0:58
    de me dire que le monde
    auquel je contribue, c'est ça.
  • 0:58 - 1:00
    Alors,
  • 1:00 - 1:02
    je me suis trouvé une mission
    dans la vie :
  • 1:02 - 1:04
    sauver le monde.
  • 1:04 - 1:06
    Rien que ça.
  • 1:06 - 1:09
    Au quotidien j'essaie d'agir,
    et depuis près de 15 ans
  • 1:09 - 1:11
    je conseille des entreprises.
  • 1:11 - 1:15
    Un coup je m'enthousiasme
    pour les belles initiatives,
  • 1:15 - 1:17
    je les propage,
  • 1:17 - 1:22
    un coup je m'énerve, quand je lis
    par exemple : Paris sous pic de pollution
  • 1:22 - 1:26
    c'est comme une pièce de 20 mètres carrés
    fermée avec 8 fumeurs à l'intérieur.
  • 1:26 - 1:28
    Il y a des hauts et des bas.
  • 1:28 - 1:31
    Et puis un jour,
    c'était il y a 2-3 ans,
  • 1:31 - 1:33
    ma fille me dit au petit-déjeuner :
  • 1:33 - 1:37
    « Tu sais, maman, j'ai un copain,
    il vient pas à l'école en ce moment,
  • 1:37 - 1:40
    il peut pas sortir parce que
    dehors il respire pas. »
  • 1:40 - 1:41
    Nous n'habitions pas Paris,
  • 1:41 - 1:44
    c'était partout.
  • 1:44 - 1:45
    J'ai eu envie de pleurer,
  • 1:45 - 1:47
    j'avais honte,
  • 1:47 - 1:48
    j'échouais,
  • 1:48 - 1:50
    ça continuait.
  • 1:50 - 1:52
    Ça continuait et pendant ce temps-là,
  • 1:52 - 1:58
    on se félicitait de tout un tas de trucs
    « green », socialement responsables.
  • 1:58 - 2:01
    On nous rabattait les oreilles
    avec la transition énergétique,
  • 2:01 - 2:02
    la croissance verte,
  • 2:02 - 2:06
    l'agriculture écologiquement intensive,
  • 2:06 - 2:09
    et même la troisième
    révolution industrielle.
  • 2:09 - 2:11
    Mais moi, j'y croyais plus
  • 2:11 - 2:12
    aux solutions miracle.
  • 2:12 - 2:14
    Alors ce matin-là,
  • 2:14 - 2:15
    j'ai regardé mes filles,
  • 2:15 - 2:18
    et je me suis dit : « Ça suffit. »
  • 2:18 - 2:20
    Pendant près d'un an et demi,
  • 2:20 - 2:21
    j'ai fait des recherches.
  • 2:21 - 2:26
    Je voulais savoir si c'était possible
    de sortir de ce système mortifère,
  • 2:26 - 2:29
    en me disant que si je me rendais compte
    que c'était perdu d'avance,
  • 2:29 - 2:31
    j'abandonnerais.
  • 2:31 - 2:34
    J'ai creusé partout :
  • 2:34 - 2:37
    psychologie, comportement,
    sciences sociales,
  • 2:37 - 2:42
    philosophie, nouvelles économies,
    écologie, design, communication.
  • 2:42 - 2:45
    Et au final j'ai trouvé
    des raisons d'espérer.
  • 2:45 - 2:49
    Le sujet n'est pas simple,
    mais des leviers, il en existe plein.
  • 2:49 - 2:52
    Alors j'en ai fait un livre.
  • 2:52 - 2:55
    J'ai découvert au passage
    que toutes ces histoires de transition
  • 2:55 - 2:56
    et de croissance verte,
  • 2:56 - 2:58
    ça peut pas suffire,
  • 2:58 - 3:01
    et pire, parfois ça va
    dans le mauvais sens.
  • 3:01 - 3:04
    J'ai découvert que le seul salut
  • 3:04 - 3:07
    c'est l'utopie.
  • 3:07 - 3:10
    L'utopie, c'est pas un truc chimérique
    pour oublier la réalité.
  • 3:10 - 3:13
    Je ne me suis pas réfugiée
    dans un monde hors-sol
  • 3:13 - 3:16
    avec mes amis les Bisounours.
    Non.
  • 3:16 - 3:20
    D'ailleurs étymologiquement,
    l'utopie signifie « qui n'a pas de lieu ».
  • 3:20 - 3:23
    Ça ne veut pas dire
    qu'il ne peut pas en avoir.
  • 3:23 - 3:25
    L'utopie ce n'est pas l'irréalisable,
  • 3:25 - 3:28
    c'est juste l'irréalisé.
  • 3:28 - 3:31
    Et c'est quoi mon utopie ?
  • 3:31 - 3:34
    Je veux un nouveau modèle de société.
  • 3:34 - 3:38
    Une société où mon mode de vie
    ne nuit à personne,
  • 3:38 - 3:41
    ni à ceux qui sont à l'autre bout
    de la planète, ni à mes voisins,
  • 3:41 - 3:43
    ni à ceux qui viendront après.
  • 3:43 - 3:48
    Une utopie c'est radical,
    volontaire, optimiste.
  • 3:48 - 3:53
    Mais bon, le monde dans lequel tu vis
    ma cocotte, c'est pas un monde facile
  • 3:53 - 3:54
    pour les utopistes.
  • 3:54 - 3:59
    On y croise des cyniques,
    des conservateurs, des matérialistes,
  • 3:59 - 4:02
    ceux-là te traitent d'irréaliste,
    évidemment,
  • 4:02 - 4:06
    et puis il y a ce sentiment profond
    d'impuissance.
  • 4:06 - 4:09
    Souvent j'entends :
    « Mais avec ces politiques qui bougent pas
  • 4:09 - 4:11
    et puis toutes ces multinationales
    qui font pression,
  • 4:11 - 4:13
    on peut rien faire ! »
  • 4:13 - 4:16
    « Et puis les gens, ils changeront jamais,
    t'as regardé leurs caddies ? »
  • 4:16 - 4:20
    « Non et puis, quand même,
    avoue Sandrine,
  • 4:20 - 4:24
    tout ça c'est un problème de riche,
    un truc de bobo. »
  • 4:24 - 4:26
    Alors évidemment, des gens comme ça,
  • 4:26 - 4:28
    j'en croise plein.
  • 4:28 - 4:31
    Alors comment on fait,
    pour continuer à y croire,
  • 4:31 - 4:32
    et surtout,
  • 4:32 - 4:34
    comment on se débrouille
  • 4:34 - 4:37
    pour la faire advenir cette utopie ?
  • 4:37 - 4:39
    Eh bien, il n'y a pas de recette.
  • 4:39 - 4:40
    Et pour cause,
  • 4:40 - 4:43
    personne dans l'histoire de l'humanité
    n'a emprunté le chemin
  • 4:43 - 4:45
    qu'on s'apprête à prendre.
  • 4:45 - 4:48
    Alors forcément, on expérimente.
  • 4:48 - 4:51
    Les premiers panneaux solaires,
    ils sont pas parfaits, on le sait,
  • 4:51 - 4:54
    mais ça va pas nous empêcher
    de continuer à chercher.
  • 4:54 - 4:55
    Rien n'est parfait,
  • 4:55 - 4:57
    surtout pas au début.
  • 4:57 - 4:59
    L'utopie c'est pas
    « cui-cui les petits oiseaux ».
  • 4:59 - 5:03
    On se confronte au réel,
    on est pragmatique, et on persévère.
  • 5:03 - 5:07
    On tâtonne, parfois on se plante,
    on improvise.
  • 5:07 - 5:12
    L'utopiste n'a pas de préjugés
    sur les moyens d'avancer, pas de dogmes.
  • 5:12 - 5:17
    Par contre, sur l'objectif,
    il ne lâche rien.
  • 5:17 - 5:20
    L'utopiste n'a pas de certitudes,
  • 5:20 - 5:26
    mais il a des convictions,
    de la détermination, et de l'ambition.
  • 5:26 - 5:29
    Prenons Interface,
    une entreprise de moquette
  • 5:29 - 5:30
    donc beaucoup de matières premières,
  • 5:30 - 5:34
    des déchets en quantité,
    de la colle toxique, bref.
  • 5:34 - 5:38
    En 94, Ray Anderson, le patron d'Interface
    prend une décision incroyable.
  • 5:38 - 5:39
    Il dit :
  • 5:39 - 5:43
    « En 2020, notre entreprise ne devra plus
    avoir aucun impact négatif
  • 5:43 - 5:45
    sur l'environnement.
  • 5:45 - 5:47
    Aucun. D'aucune sorte. »
  • 5:47 - 5:51
    Il aurait dit :
    « Transition, on réduit de 25% »,
  • 5:51 - 5:54
    c'était bien déjà,
    et ça paraissait jouable.
  • 5:54 - 5:57
    Non, il a dit « zéro impact ».
  • 5:57 - 5:59
    En fait,
  • 5:59 - 6:00
    une bonne utopie,
  • 6:00 - 6:05
    effectivement à première vue,
    c'est irréalisable.
  • 6:05 - 6:07
    Irréalisable dans le système actuel,
  • 6:07 - 6:11
    irréalisable avec notre mode
    de pensée habituel.
  • 6:11 - 6:12
    Pour tenter le zéro,
  • 6:12 - 6:14
    il n'y a pas le choix,
  • 6:14 - 6:16
    vous devez sortir du cadre,
  • 6:16 - 6:17
    casser les règles du jeu,
  • 6:17 - 6:20
    il faut innover radicalement.
  • 6:20 - 6:22
    Et c'est que qu'a fait Interface :
  • 6:22 - 6:25
    récupérer des pare-brise cassés
    pour faire la moquette,
  • 6:25 - 6:28
    inventer un nouveau système de pose
    sans colle,
  • 6:28 - 6:31
    inspiré des Geckos,
    ces petits lézards qui adhérent au mur.
  • 6:31 - 6:35
    Ils ont explosé toutes les frontières
    de leur métier,
  • 6:35 - 6:36
    et aujourd'hui,
  • 6:36 - 6:43
    à cinq ans de l'échéance, ils ont
    déjà éradiqué 97% de leurs impacts.
  • 6:43 - 6:45
    Derrière ces résultats,
  • 6:45 - 6:48
    il y a un homme qui n'a rien lâché
    sur son utopie.
  • 6:48 - 6:52
    Ray Anderson s'est dit : « Un jour
  • 6:52 - 6:53
    les gens comme moi,
  • 6:53 - 6:55
    on les jettera en prison,
  • 6:55 - 6:57
    je ne veux plus nuire. »
  • 6:57 - 6:59
    En fait, Ray Anderson est un résistant.
  • 6:59 - 7:02
    Derrière toute utopie, il y a cette
    énergie particulière,
  • 7:02 - 7:04
    celle de la résistance.
  • 7:04 - 7:07
    La résistance a un modèle établi, partagé,
  • 7:07 - 7:10
    mais intolérable.
  • 7:10 - 7:12
    Je vais prendre un deuxième exemple :
  • 7:12 - 7:16
    Algopack, c'est une petite entreprise
    bretonne qui a inventé un plastique
  • 7:16 - 7:17
    à base d'algues.
  • 7:17 - 7:20
    Donc plus besoin de pétrole,
    les mêmes propriétés,
  • 7:20 - 7:23
    en bonus pendant sa culture,
    l'algue séquestre le carbone,
  • 7:23 - 7:25
    dépollue les océans.
  • 7:25 - 7:26
    C'est énorme.
  • 7:26 - 7:30
    L'industrie plastique peut-être positive.
  • 7:30 - 7:34
    Franchement, d'autres auraient pu
    y penser.
  • 7:34 - 7:38
    Ce qui différencie son inventeur
    Rémy Lucas, c'est son indignation.
  • 7:38 - 7:42
    Il ne supporte pas que les océans
    « crèvent » comme il dit,
  • 7:42 - 7:44
    que ce soit des poubelles de déchets.
  • 7:44 - 7:48
    C'est ça le moteur de son invention.
  • 7:48 - 7:52
    Ne doutons jamais de la légitimité
    de s'indigner.
  • 7:52 - 7:57
    Alors on préfère le politiquement correct,
    la norme, pas sortir du rang,
  • 7:57 - 7:58
    pas faire de vagues.
  • 7:58 - 8:01
    Alors on nous fait croire
    que ça ne se fait pas,
  • 8:01 - 8:05
    on nous regarde comme des empêcheurs de
    tourner en rond, des rabat-joie,
  • 8:05 - 8:09
    des anti-progrès, traîtres à la cause.
  • 8:09 - 8:10
    Mais bien sûr que ça se fait !
  • 8:10 - 8:14
    La vigilance, l'autodéfense
    intellectuelle,
  • 8:14 - 8:17
    la désobéissance civile si nécessaire,
  • 8:17 - 8:21
    les hackers, ces pirates
    pour la bonne cause,
  • 8:21 - 8:24
    Et, quand on y réfléchit bien,
  • 8:24 - 8:28
    l'histoire de l'humanité,
    notre histoire, s'est écrite
  • 8:28 - 8:31
    avec des empêcheurs de tourner en rond
    qui ont remis en cause
  • 8:31 - 8:35
    des modèles établis.
  • 8:35 - 8:40
    Le droit d'être traités avec dignité,
    et non pas fouettés en esclaves,
  • 8:40 - 8:43
    pouvoir s'asseoir où on veut
    dans un bus ou sur un banc
  • 8:43 - 8:45
    quelque soit sa couleur de peau,
  • 8:45 - 8:48
    avoir le droit de vote
    quand on est une femme,
  • 8:48 - 8:51
    avoir son propre compte en banque,
  • 8:51 - 8:53
    les congés payés.
  • 8:53 - 8:56
    Bon sang, ça nous paraît normal !
  • 8:56 - 9:02
    Et pourtant, sans utopistes,
    rien de tout cela.
  • 9:02 - 9:03
    Avec le recul on se dit
  • 9:03 - 9:07
    que c'était des fous, des héros,
    ceux qui défendaient ces utopies.
  • 9:07 - 9:09
    Vous me direz :
    « On est pas tous des Luther King,
  • 9:09 - 9:10
    des Jean Moulin,
  • 9:10 - 9:11
    des Simone Veil. »
  • 9:11 - 9:15
    Mais ils n'ont pas réalisé
    leur utopie seuls.
  • 9:15 - 9:18
    Ils leur a fallu le soutien
    de héros ordinaires,
  • 9:18 - 9:21
    des gens comme vous et moi,
  • 9:21 - 9:25
    qui défendaient une évidence.
  • 9:25 - 9:29
    Des évidences qui méritent d'être
    défendues, des choses essentielles,
  • 9:29 - 9:32
    aujourd'hui il y en a plein.
  • 9:32 - 9:35
    L'accès à l'eau potable pour tous,
  • 9:35 - 9:36
    un air respirable,
  • 9:36 - 9:40
    le droit de planter la graine qu'on veut
    et de la replanter sans payer de brevets,
  • 9:40 - 9:43
    les forêts, les dauphins,
    la mixité, la diversité.
  • 9:43 - 9:45
    On peut choisir sa cause,
  • 9:45 - 9:48
    on peut aussi choisir
    son mode de résistance.
  • 9:48 - 9:52
    Pendant la guerre parmi les résistants,
    il y avait ceux qui se battaient,
  • 9:52 - 9:54
    il y avait aussi ceux qui
    renseignaient les alliés,
  • 9:54 - 9:57
    d'autres qui cachaient des gens.
  • 9:57 - 10:00
    Aujourd'hui y a les manifs, les pétitions,
    les lanceurs d'alerte,
  • 10:00 - 10:03
    le militantisme poétique,
  • 10:03 - 10:06
    les selfies pour sensibiliser
    à une mode éthique,
  • 10:06 - 10:10
    les ateliers de réparation
    pour sauver les appareils en panne,
  • 10:10 - 10:15
    autant de moyens différents
    de résister, de hacker le vieux modèle,
  • 10:15 - 10:18
    et de contribuer à l'utopie contemporaine.
  • 10:18 - 10:20
    Chacun peut en prendre un bout,
  • 10:20 - 10:22
    celui qui le touche.
  • 10:22 - 10:23
    Un jour,
  • 10:23 - 10:26
    tu trouves le petit bout à défendre,
  • 10:26 - 10:32
    qui te fait vibrer, qui te donne l'envie,
    la détermination.
  • 10:41 - 10:42
    Finalement,
  • 10:42 - 10:47
    à chacun sa cause, chacun son désir,
    chacun sa petite résistance ordinaire.
  • 10:47 - 10:48
    Au final,
  • 10:48 - 10:52
    l'utopie elle se réalise
    en ordre dispersé.
  • 10:52 - 10:54
    Alors vous me direz :
  • 10:54 - 10:59
    « Est-ce que tout ça, ça sert à quelque
    chose avec la puissance des lobbys ? »
  • 10:59 - 11:03
    Eh bien prenons un bon exemple de leur
    pouvoir et voyons si ça nous bloque.
  • 11:03 - 11:05
    Tiens, les pesticides.
  • 11:05 - 11:07
    On sait que c'est toxique,
  • 11:07 - 11:10
    l'INSERM a établi un lien très clair
    avec plusieurs maladies,
  • 11:10 - 11:13
    il y en a dans la terre, l'air, l'eau,
  • 11:13 - 11:15
    on en mange,
    les agriculteurs en souffrent,
  • 11:15 - 11:19
    et pourtant, en mars de cette année
    une majorité de nos députés
  • 11:19 - 11:21
    a voté « oui » aux pesticides,
  • 11:21 - 11:24
    « oui » à la prolongation
    de leur utilisation.
  • 11:24 - 11:27
    On en a repris pour dix ans
    d'empoisonnement légal,
  • 11:27 - 11:29
    et j'avoue que ça m'a énervé.
  • 11:29 - 11:35
    Et puis je me suis dit, on peut agir
    contre cette loi, sans être hors-la-loi.
  • 11:35 - 11:37
    Pulvériser du savon noir
    contre les pucerons,
  • 11:37 - 11:38
    manger bio,
  • 11:38 - 11:42
    et puis plein de magasins ont déjà retiré
    ces produits de leurs rayons.
  • 11:42 - 11:45
    Même s'ils ont le droit de le vendre,
    leur poison,
  • 11:45 - 11:48
    A un moment, il y aura plus grand monde
    pour leur acheter,
  • 11:48 - 11:51
    donc, plus d'intérêt économique.
  • 11:51 - 11:54
    En fait notre influence est immense.
  • 11:54 - 11:57
    Quand on se déplace en covoiturage,
    transports en commun, à pieds,
  • 11:57 - 11:58
    ou à vélo,
  • 11:58 - 12:02
    on évite minimum trois quarts de CO2
    de particules fines.
  • 12:02 - 12:08
    Ceux qui arrêtent de manger de la viande,
    ils résistent à 60 % de la déforestation.
  • 12:08 - 12:11
    Si vous décidez d'acheter quatre fois
    moins de produits neufs,
  • 12:11 - 12:14
    avec un peu de créativité,
    l'occasion, le partage,
  • 12:14 - 12:18
    c'est 400% de matières premières
    en réserve.
  • 12:18 - 12:23
    Honnêtement, tous ces choix ça change rien
    au confort, ni même au plaisir.
  • 12:23 - 12:27
    Ah si. Ils changent de nature :
  • 12:27 - 12:29
    détourner, reprendre la main,
  • 12:29 - 12:33
    réfléchir à ce qui nous fait vraiment
    du bien pour prioriser,
  • 12:33 - 12:35
    s'y mettre à plusieurs,
  • 12:35 - 12:37
    c'est même assez jouissif.
  • 12:37 - 12:40
    Ok, on est pas tous des êtres parfaits
    et totalement cohérents, mais,
  • 12:40 - 12:42
    on peut tous faire 2-3 trucs.
  • 12:42 - 12:45
    Et c'est ça qui peut tout changer.
  • 12:45 - 12:49
    Peu importe
    certaines décisions politiques.
  • 12:49 - 12:53
    Les suffragettes,
    les premiers abolitionnistes,
  • 12:53 - 12:56
    eux aussi, ils avaient affaire à des
    conservateurs.
  • 12:56 - 12:58
    Ils n'ont pas attendu que ça vienne
    d'en haut.
  • 12:58 - 13:00
    Ça ne vient jamais du haut.
  • 13:00 - 13:03
    Et d'ailleurs, si c'était venu du haut,
  • 13:03 - 13:05
    du temps de la ségrégation,
    le gouvernement de l'époque
  • 13:05 - 13:08
    nous aurait probablement pondu
    un truc du genre :
  • 13:08 - 13:11
    « ségrégation responsable »,
  • 13:11 - 13:14
    ou « transition ségrégationniste ».
  • 13:14 - 13:18
    « Alors, blancs et noirs, vous pouvez
    vous asseoir ensemble dans les bus,
  • 13:18 - 13:20
    mais seulement le mardi et le jeudi. »
  • 13:20 - 13:23
    Ouais, c'est pas très glorieux.
  • 13:23 - 13:27
    Alors que l'abolition de la
    discrimination raciale,
  • 13:27 - 13:29
    c'était un progrès dans l'histoire de
    l'humanité,
  • 13:29 - 13:31
    ça donnait envie de se le tenter.
  • 13:31 - 13:33
    Je dis pas que c'est mal la transition,
  • 13:33 - 13:37
    je dis que le moins pire
    c'est culpabilisant, c'est pas sexy,
  • 13:37 - 13:40
    et c'est totalement insuffisant.
  • 13:40 - 13:45
    Vous pensez vraiment
    qu'une ségrégation « soft », « à moitié »,
  • 13:45 - 13:47
    ça nous aurait amenés à l'égalité
    au final ?
  • 13:47 - 13:50
    Dans « ségrégation responsable »
    il y a « ségrégation ».
  • 13:50 - 13:52
    Dans « croissance verte »
    il y a « croissance ».
  • 13:52 - 13:55
    On n'est même pas capable de lâcher le
    vocabulaire,
  • 13:55 - 13:57
    comment voulez-vous
    qu'on lâche le modèle ?
  • 13:57 - 14:00
    Non, juste on l'adapte,
  • 14:00 - 14:02
    l'oeil dans le rétroviseur,
  • 14:02 - 14:05
    on entretient nos vieilles croyances,
  • 14:05 - 14:11
    parce qu'il y a bien longtemps que
    l'emploi ne croit plus, mais on y croit.
  • 14:11 - 14:15
    Alors que l'utopie, c'est page blanche.
  • 14:15 - 14:17
    On regarde de l'autre côté,
  • 14:17 - 14:21
    on invente sans états d'âme,
  • 14:21 - 14:23
    même si c'est pas gagné.
  • 14:23 - 14:24
    C'est un pari neuf,
  • 14:24 - 14:26
    sans concession.
  • 14:26 - 14:29
    On ne négocie pas avec ses valeurs.
  • 14:29 - 14:32
    Si on doit renoncer à quelque chose,
  • 14:32 - 14:33
    c'est au modèle,
  • 14:33 - 14:36
    pas aux valeurs.
  • 14:36 - 14:39
    Jean-Paul Sartre disait :
  • 14:39 - 14:42
    « On n'a jamais été aussi libre que sous
    l'occupation. »
  • 14:42 - 14:45
    J'ai mis du temps à comprendre
    cette phrase.
  • 14:45 - 14:47
    Les périodes difficiles,
  • 14:47 - 14:51
    c'est des occasions pour exercer
    véritablement notre liberté personnelle.
  • 14:51 - 14:53
    On a des vrais choix à faire,
  • 14:53 - 14:57
    des choix engageants, inspirants.
  • 14:57 - 14:58
    Pendant la guerre,
  • 14:58 - 15:00
    la résistance au final
  • 15:00 - 15:04
    c'est juste 2 à 3% de la population,
  • 15:04 - 15:05
    qui fait le choix de l'utopie.
  • 15:05 - 15:08
    Une poignée d'individus s'est engagée,
  • 15:08 - 15:10
    en ordre dispersé,
  • 15:10 - 15:14
    c'est devenu un mouvement,
  • 15:14 - 15:16
    et ça a changé l'histoire.
  • 15:16 - 15:18
    C'est pareil aujourd'hui.
  • 15:18 - 15:22
    Je crois pas qu'on va se réveiller
    demain matin avec une révolution utopiste
  • 15:22 - 15:23
    bien organisée,
  • 15:23 - 15:26
    mais elle est en route,
  • 15:26 - 15:29
    et finalement c'est une chance d'être
    adulte aujourd'hui.
  • 15:29 - 15:31
    C'est vrai, c'est pas facile
    tous les jours,
  • 15:31 - 15:34
    mais on a cette opportunité historique
  • 15:34 - 15:36
    de devenir des résistants,
  • 15:36 - 15:38
    de défendre l'essentiel,
  • 15:38 - 15:42
    de construire ce qu'il y aura de beau
    demain.
  • 15:42 - 15:44
    On peut grandir,
  • 15:44 - 15:47
    grandir en humanité.
  • 15:47 - 15:50
    Pendant ce temps nos enfants
    nous regardent,
  • 15:50 - 15:57
    ils apprennent que jamais
    on ne se résigne,
  • 15:57 - 16:02
    qu'ils doivent exiger une vie magnifique,
    pas moins,
  • 16:02 - 16:05
    qu'on ne négocie pas avec son humanité,
  • 16:05 - 16:08
    qu'on ne lâche pas sur l'utopie.
  • 16:08 - 16:14
    Car n'oublions pas que si nos évidences
    sont les utopies d'hier,
  • 16:14 - 16:19
    les évidences de nos enfants et de leurs
    enfants, ne peuvent être que nos utopies.
  • 16:20 - 16:21
    Merci.
  • 16:21 - 16:26
    (Applaudissements)
Title:
Comment faire advenir l'utopie ? | Sandrine Roudaut | TEDxVaugirardRoad
Description:

L'utopie c'est bien joli comme idée, mais à quoi ça peut servir dans le monde réel ? Est-ce que c'est même possible ?

Après plusieurs années en agences de publicité à Paris auprès de grandes marques, Sandrine Roudaut décide en 2001 de se consacrer à la conjugaison du soutenable et du désirable. Elle crée alors le cabinet Alternité à Nantes pour conseiller les entreprises, puis la maison d’édition La Mer Salée. Elle est aussi l’auteure de "Utopie mode d’emploi" et depuis toujours elle cherche à comprendre les freins psychologiques et culturels à l’émergence d’un monde meilleur.

This talk was given at a TEDx event using the TED conference format but independently organized by a local community.
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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
16:30

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