Comment faire advenir l'utopie ? | Sandrine Roudaut | TEDxVaugirardRoad
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0:05 - 0:06Parfois,
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0:06 - 0:08souvent,
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0:08 - 0:10j'ai mal au monde.
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0:10 - 0:12Surtout depuis que je suis maman.
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0:12 - 0:13J'ai deux filles,
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0:13 - 0:16et quand je vois leur environnement
se dégrader, -
0:16 - 0:18j'ai mal au monde.
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0:18 - 0:21Mal pour les réfugiés climatiques,
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0:21 - 0:25mal de savoir que nos sols
deviennent stériles, -
0:25 - 0:27que les abeilles disparaissent
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0:27 - 0:30et avec elles probablement les trois quarts
de nos légumes et nos fruits. -
0:30 - 0:36Mal de lire qu'en Chine certains enfants
ne savent pas que le ciel est bleu. -
0:36 - 0:37Il est gris.
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0:37 - 0:39Gris des pollutions de nos usines,
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0:39 - 0:42de nos smartphones,
de nos tee-shirts. -
0:42 - 0:45Mais comment accepter,
que pour un tee-shirt -
0:45 - 0:49il y ait de la souffrance humaine,
des cours d'eau pollués. -
0:49 - 0:50Tout ça,
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0:50 - 0:52ça me bouleverse.
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0:52 - 0:54Je supporte pas
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0:54 - 0:58de me dire que le monde
auquel je contribue, c'est ça. -
0:58 - 1:00Alors,
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1:00 - 1:02je me suis trouvé une mission
dans la vie : -
1:02 - 1:04sauver le monde.
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1:04 - 1:06Rien que ça.
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1:06 - 1:09Au quotidien j'essaie d'agir,
et depuis près de 15 ans -
1:09 - 1:11je conseille des entreprises.
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1:11 - 1:15Un coup je m'enthousiasme
pour les belles initiatives, -
1:15 - 1:17je les propage,
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1:17 - 1:22un coup je m'énerve, quand je lis
par exemple : Paris sous pic de pollution -
1:22 - 1:26c'est comme une pièce de 20 mètres carrés
fermée avec 8 fumeurs à l'intérieur. -
1:26 - 1:28Il y a des hauts et des bas.
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1:28 - 1:31Et puis un jour,
c'était il y a 2-3 ans, -
1:31 - 1:33ma fille me dit au petit-déjeuner :
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1:33 - 1:37« Tu sais, maman, j'ai un copain,
il vient pas à l'école en ce moment, -
1:37 - 1:40il peut pas sortir parce que
dehors il respire pas. » -
1:40 - 1:41Nous n'habitions pas Paris,
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1:41 - 1:44c'était partout.
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1:44 - 1:45J'ai eu envie de pleurer,
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1:45 - 1:47j'avais honte,
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1:47 - 1:48j'échouais,
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1:48 - 1:50ça continuait.
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1:50 - 1:52Ça continuait et pendant ce temps-là,
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1:52 - 1:58on se félicitait de tout un tas de trucs
« green », socialement responsables. -
1:58 - 2:01On nous rabattait les oreilles
avec la transition énergétique, -
2:01 - 2:02la croissance verte,
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2:02 - 2:06l'agriculture écologiquement intensive,
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2:06 - 2:09et même la troisième
révolution industrielle. -
2:09 - 2:11Mais moi, j'y croyais plus
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2:11 - 2:12aux solutions miracle.
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2:12 - 2:14Alors ce matin-là,
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2:14 - 2:15j'ai regardé mes filles,
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2:15 - 2:18et je me suis dit : « Ça suffit. »
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2:18 - 2:20Pendant près d'un an et demi,
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2:20 - 2:21j'ai fait des recherches.
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2:21 - 2:26Je voulais savoir si c'était possible
de sortir de ce système mortifère, -
2:26 - 2:29en me disant que si je me rendais compte
que c'était perdu d'avance, -
2:29 - 2:31j'abandonnerais.
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2:31 - 2:34J'ai creusé partout :
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2:34 - 2:37psychologie, comportement,
sciences sociales, -
2:37 - 2:42philosophie, nouvelles économies,
écologie, design, communication. -
2:42 - 2:45Et au final j'ai trouvé
des raisons d'espérer. -
2:45 - 2:49Le sujet n'est pas simple,
mais des leviers, il en existe plein. -
2:49 - 2:52Alors j'en ai fait un livre.
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2:52 - 2:55J'ai découvert au passage
que toutes ces histoires de transition -
2:55 - 2:56et de croissance verte,
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2:56 - 2:58ça peut pas suffire,
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2:58 - 3:01et pire, parfois ça va
dans le mauvais sens. -
3:01 - 3:04J'ai découvert que le seul salut
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3:04 - 3:07c'est l'utopie.
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3:07 - 3:10L'utopie, c'est pas un truc chimérique
pour oublier la réalité. -
3:10 - 3:13Je ne me suis pas réfugiée
dans un monde hors-sol -
3:13 - 3:16avec mes amis les Bisounours.
Non. -
3:16 - 3:20D'ailleurs étymologiquement,
l'utopie signifie « qui n'a pas de lieu ». -
3:20 - 3:23Ça ne veut pas dire
qu'il ne peut pas en avoir. -
3:23 - 3:25L'utopie ce n'est pas l'irréalisable,
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3:25 - 3:28c'est juste l'irréalisé.
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3:28 - 3:31Et c'est quoi mon utopie ?
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3:31 - 3:34Je veux un nouveau modèle de société.
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3:34 - 3:38Une société où mon mode de vie
ne nuit à personne, -
3:38 - 3:41ni à ceux qui sont à l'autre bout
de la planète, ni à mes voisins, -
3:41 - 3:43ni à ceux qui viendront après.
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3:43 - 3:48Une utopie c'est radical,
volontaire, optimiste. -
3:48 - 3:53Mais bon, le monde dans lequel tu vis
ma cocotte, c'est pas un monde facile -
3:53 - 3:54pour les utopistes.
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3:54 - 3:59On y croise des cyniques,
des conservateurs, des matérialistes, -
3:59 - 4:02ceux-là te traitent d'irréaliste,
évidemment, -
4:02 - 4:06et puis il y a ce sentiment profond
d'impuissance. -
4:06 - 4:09Souvent j'entends :
« Mais avec ces politiques qui bougent pas -
4:09 - 4:11et puis toutes ces multinationales
qui font pression, -
4:11 - 4:13on peut rien faire ! »
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4:13 - 4:16« Et puis les gens, ils changeront jamais,
t'as regardé leurs caddies ? » -
4:16 - 4:20« Non et puis, quand même,
avoue Sandrine, -
4:20 - 4:24tout ça c'est un problème de riche,
un truc de bobo. » -
4:24 - 4:26Alors évidemment, des gens comme ça,
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4:26 - 4:28j'en croise plein.
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4:28 - 4:31Alors comment on fait,
pour continuer à y croire, -
4:31 - 4:32et surtout,
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4:32 - 4:34comment on se débrouille
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4:34 - 4:37pour la faire advenir cette utopie ?
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4:37 - 4:39Eh bien, il n'y a pas de recette.
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4:39 - 4:40Et pour cause,
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4:40 - 4:43personne dans l'histoire de l'humanité
n'a emprunté le chemin -
4:43 - 4:45qu'on s'apprête à prendre.
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4:45 - 4:48Alors forcément, on expérimente.
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4:48 - 4:51Les premiers panneaux solaires,
ils sont pas parfaits, on le sait, -
4:51 - 4:54mais ça va pas nous empêcher
de continuer à chercher. -
4:54 - 4:55Rien n'est parfait,
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4:55 - 4:57surtout pas au début.
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4:57 - 4:59L'utopie c'est pas
« cui-cui les petits oiseaux ». -
4:59 - 5:03On se confronte au réel,
on est pragmatique, et on persévère. -
5:03 - 5:07On tâtonne, parfois on se plante,
on improvise. -
5:07 - 5:12L'utopiste n'a pas de préjugés
sur les moyens d'avancer, pas de dogmes. -
5:12 - 5:17Par contre, sur l'objectif,
il ne lâche rien. -
5:17 - 5:20L'utopiste n'a pas de certitudes,
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5:20 - 5:26mais il a des convictions,
de la détermination, et de l'ambition. -
5:26 - 5:29Prenons Interface,
une entreprise de moquette -
5:29 - 5:30donc beaucoup de matières premières,
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5:30 - 5:34des déchets en quantité,
de la colle toxique, bref. -
5:34 - 5:38En 94, Ray Anderson, le patron d'Interface
prend une décision incroyable. -
5:38 - 5:39Il dit :
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5:39 - 5:43« En 2020, notre entreprise ne devra plus
avoir aucun impact négatif -
5:43 - 5:45sur l'environnement.
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5:45 - 5:47Aucun. D'aucune sorte. »
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5:47 - 5:51Il aurait dit :
« Transition, on réduit de 25% », -
5:51 - 5:54c'était bien déjà,
et ça paraissait jouable. -
5:54 - 5:57Non, il a dit « zéro impact ».
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5:57 - 5:59En fait,
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5:59 - 6:00une bonne utopie,
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6:00 - 6:05effectivement à première vue,
c'est irréalisable. -
6:05 - 6:07Irréalisable dans le système actuel,
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6:07 - 6:11irréalisable avec notre mode
de pensée habituel. -
6:11 - 6:12Pour tenter le zéro,
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6:12 - 6:14il n'y a pas le choix,
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6:14 - 6:16vous devez sortir du cadre,
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6:16 - 6:17casser les règles du jeu,
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6:17 - 6:20il faut innover radicalement.
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6:20 - 6:22Et c'est que qu'a fait Interface :
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6:22 - 6:25récupérer des pare-brise cassés
pour faire la moquette, -
6:25 - 6:28inventer un nouveau système de pose
sans colle, -
6:28 - 6:31inspiré des Geckos,
ces petits lézards qui adhérent au mur. -
6:31 - 6:35Ils ont explosé toutes les frontières
de leur métier, -
6:35 - 6:36et aujourd'hui,
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6:36 - 6:43à cinq ans de l'échéance, ils ont
déjà éradiqué 97% de leurs impacts. -
6:43 - 6:45Derrière ces résultats,
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6:45 - 6:48il y a un homme qui n'a rien lâché
sur son utopie. -
6:48 - 6:52Ray Anderson s'est dit : « Un jour
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6:52 - 6:53les gens comme moi,
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6:53 - 6:55on les jettera en prison,
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6:55 - 6:57je ne veux plus nuire. »
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6:57 - 6:59En fait, Ray Anderson est un résistant.
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6:59 - 7:02Derrière toute utopie, il y a cette
énergie particulière, -
7:02 - 7:04celle de la résistance.
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7:04 - 7:07La résistance a un modèle établi, partagé,
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7:07 - 7:10mais intolérable.
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7:10 - 7:12Je vais prendre un deuxième exemple :
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7:12 - 7:16Algopack, c'est une petite entreprise
bretonne qui a inventé un plastique -
7:16 - 7:17à base d'algues.
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7:17 - 7:20Donc plus besoin de pétrole,
les mêmes propriétés, -
7:20 - 7:23en bonus pendant sa culture,
l'algue séquestre le carbone, -
7:23 - 7:25dépollue les océans.
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7:25 - 7:26C'est énorme.
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7:26 - 7:30L'industrie plastique peut-être positive.
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7:30 - 7:34Franchement, d'autres auraient pu
y penser. -
7:34 - 7:38Ce qui différencie son inventeur
Rémy Lucas, c'est son indignation. -
7:38 - 7:42Il ne supporte pas que les océans
« crèvent » comme il dit, -
7:42 - 7:44que ce soit des poubelles de déchets.
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7:44 - 7:48C'est ça le moteur de son invention.
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7:48 - 7:52Ne doutons jamais de la légitimité
de s'indigner. -
7:52 - 7:57Alors on préfère le politiquement correct,
la norme, pas sortir du rang, -
7:57 - 7:58pas faire de vagues.
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7:58 - 8:01Alors on nous fait croire
que ça ne se fait pas, -
8:01 - 8:05on nous regarde comme des empêcheurs de
tourner en rond, des rabat-joie, -
8:05 - 8:09des anti-progrès, traîtres à la cause.
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8:09 - 8:10Mais bien sûr que ça se fait !
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8:10 - 8:14La vigilance, l'autodéfense
intellectuelle, -
8:14 - 8:17la désobéissance civile si nécessaire,
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8:17 - 8:21les hackers, ces pirates
pour la bonne cause, -
8:21 - 8:24Et, quand on y réfléchit bien,
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8:24 - 8:28l'histoire de l'humanité,
notre histoire, s'est écrite -
8:28 - 8:31avec des empêcheurs de tourner en rond
qui ont remis en cause -
8:31 - 8:35des modèles établis.
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8:35 - 8:40Le droit d'être traités avec dignité,
et non pas fouettés en esclaves, -
8:40 - 8:43pouvoir s'asseoir où on veut
dans un bus ou sur un banc -
8:43 - 8:45quelque soit sa couleur de peau,
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8:45 - 8:48avoir le droit de vote
quand on est une femme, -
8:48 - 8:51avoir son propre compte en banque,
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8:51 - 8:53les congés payés.
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8:53 - 8:56Bon sang, ça nous paraît normal !
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8:56 - 9:02Et pourtant, sans utopistes,
rien de tout cela. -
9:02 - 9:03Avec le recul on se dit
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9:03 - 9:07que c'était des fous, des héros,
ceux qui défendaient ces utopies. -
9:07 - 9:09Vous me direz :
« On est pas tous des Luther King, -
9:09 - 9:10des Jean Moulin,
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9:10 - 9:11des Simone Veil. »
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9:11 - 9:15Mais ils n'ont pas réalisé
leur utopie seuls. -
9:15 - 9:18Ils leur a fallu le soutien
de héros ordinaires, -
9:18 - 9:21des gens comme vous et moi,
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9:21 - 9:25qui défendaient une évidence.
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9:25 - 9:29Des évidences qui méritent d'être
défendues, des choses essentielles, -
9:29 - 9:32aujourd'hui il y en a plein.
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9:32 - 9:35L'accès à l'eau potable pour tous,
-
9:35 - 9:36un air respirable,
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9:36 - 9:40le droit de planter la graine qu'on veut
et de la replanter sans payer de brevets, -
9:40 - 9:43les forêts, les dauphins,
la mixité, la diversité. -
9:43 - 9:45On peut choisir sa cause,
-
9:45 - 9:48on peut aussi choisir
son mode de résistance. -
9:48 - 9:52Pendant la guerre parmi les résistants,
il y avait ceux qui se battaient, -
9:52 - 9:54il y avait aussi ceux qui
renseignaient les alliés, -
9:54 - 9:57d'autres qui cachaient des gens.
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9:57 - 10:00Aujourd'hui y a les manifs, les pétitions,
les lanceurs d'alerte, -
10:00 - 10:03le militantisme poétique,
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10:03 - 10:06les selfies pour sensibiliser
à une mode éthique, -
10:06 - 10:10les ateliers de réparation
pour sauver les appareils en panne, -
10:10 - 10:15autant de moyens différents
de résister, de hacker le vieux modèle, -
10:15 - 10:18et de contribuer à l'utopie contemporaine.
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10:18 - 10:20Chacun peut en prendre un bout,
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10:20 - 10:22celui qui le touche.
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10:22 - 10:23Un jour,
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10:23 - 10:26tu trouves le petit bout à défendre,
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10:26 - 10:32qui te fait vibrer, qui te donne l'envie,
la détermination. -
10:41 - 10:42Finalement,
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10:42 - 10:47à chacun sa cause, chacun son désir,
chacun sa petite résistance ordinaire. -
10:47 - 10:48Au final,
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10:48 - 10:52l'utopie elle se réalise
en ordre dispersé. -
10:52 - 10:54Alors vous me direz :
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10:54 - 10:59« Est-ce que tout ça, ça sert à quelque
chose avec la puissance des lobbys ? » -
10:59 - 11:03Eh bien prenons un bon exemple de leur
pouvoir et voyons si ça nous bloque. -
11:03 - 11:05Tiens, les pesticides.
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11:05 - 11:07On sait que c'est toxique,
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11:07 - 11:10l'INSERM a établi un lien très clair
avec plusieurs maladies, -
11:10 - 11:13il y en a dans la terre, l'air, l'eau,
-
11:13 - 11:15on en mange,
les agriculteurs en souffrent, -
11:15 - 11:19et pourtant, en mars de cette année
une majorité de nos députés -
11:19 - 11:21a voté « oui » aux pesticides,
-
11:21 - 11:24« oui » à la prolongation
de leur utilisation. -
11:24 - 11:27On en a repris pour dix ans
d'empoisonnement légal, -
11:27 - 11:29et j'avoue que ça m'a énervé.
-
11:29 - 11:35Et puis je me suis dit, on peut agir
contre cette loi, sans être hors-la-loi. -
11:35 - 11:37Pulvériser du savon noir
contre les pucerons, -
11:37 - 11:38manger bio,
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11:38 - 11:42et puis plein de magasins ont déjà retiré
ces produits de leurs rayons. -
11:42 - 11:45Même s'ils ont le droit de le vendre,
leur poison, -
11:45 - 11:48A un moment, il y aura plus grand monde
pour leur acheter, -
11:48 - 11:51donc, plus d'intérêt économique.
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11:51 - 11:54En fait notre influence est immense.
-
11:54 - 11:57Quand on se déplace en covoiturage,
transports en commun, à pieds, -
11:57 - 11:58ou à vélo,
-
11:58 - 12:02on évite minimum trois quarts de CO2
de particules fines. -
12:02 - 12:08Ceux qui arrêtent de manger de la viande,
ils résistent à 60 % de la déforestation. -
12:08 - 12:11Si vous décidez d'acheter quatre fois
moins de produits neufs, -
12:11 - 12:14avec un peu de créativité,
l'occasion, le partage, -
12:14 - 12:18c'est 400% de matières premières
en réserve. -
12:18 - 12:23Honnêtement, tous ces choix ça change rien
au confort, ni même au plaisir. -
12:23 - 12:27Ah si. Ils changent de nature :
-
12:27 - 12:29détourner, reprendre la main,
-
12:29 - 12:33réfléchir à ce qui nous fait vraiment
du bien pour prioriser, -
12:33 - 12:35s'y mettre à plusieurs,
-
12:35 - 12:37c'est même assez jouissif.
-
12:37 - 12:40Ok, on est pas tous des êtres parfaits
et totalement cohérents, mais, -
12:40 - 12:42on peut tous faire 2-3 trucs.
-
12:42 - 12:45Et c'est ça qui peut tout changer.
-
12:45 - 12:49Peu importe
certaines décisions politiques. -
12:49 - 12:53Les suffragettes,
les premiers abolitionnistes, -
12:53 - 12:56eux aussi, ils avaient affaire à des
conservateurs. -
12:56 - 12:58Ils n'ont pas attendu que ça vienne
d'en haut. -
12:58 - 13:00Ça ne vient jamais du haut.
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13:00 - 13:03Et d'ailleurs, si c'était venu du haut,
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13:03 - 13:05du temps de la ségrégation,
le gouvernement de l'époque -
13:05 - 13:08nous aurait probablement pondu
un truc du genre : -
13:08 - 13:11« ségrégation responsable »,
-
13:11 - 13:14ou « transition ségrégationniste ».
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13:14 - 13:18« Alors, blancs et noirs, vous pouvez
vous asseoir ensemble dans les bus, -
13:18 - 13:20mais seulement le mardi et le jeudi. »
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13:20 - 13:23Ouais, c'est pas très glorieux.
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13:23 - 13:27Alors que l'abolition de la
discrimination raciale, -
13:27 - 13:29c'était un progrès dans l'histoire de
l'humanité, -
13:29 - 13:31ça donnait envie de se le tenter.
-
13:31 - 13:33Je dis pas que c'est mal la transition,
-
13:33 - 13:37je dis que le moins pire
c'est culpabilisant, c'est pas sexy, -
13:37 - 13:40et c'est totalement insuffisant.
-
13:40 - 13:45Vous pensez vraiment
qu'une ségrégation « soft », « à moitié », -
13:45 - 13:47ça nous aurait amenés à l'égalité
au final ? -
13:47 - 13:50Dans « ségrégation responsable »
il y a « ségrégation ». -
13:50 - 13:52Dans « croissance verte »
il y a « croissance ». -
13:52 - 13:55On n'est même pas capable de lâcher le
vocabulaire, -
13:55 - 13:57comment voulez-vous
qu'on lâche le modèle ? -
13:57 - 14:00Non, juste on l'adapte,
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14:00 - 14:02l'oeil dans le rétroviseur,
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14:02 - 14:05on entretient nos vieilles croyances,
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14:05 - 14:11parce qu'il y a bien longtemps que
l'emploi ne croit plus, mais on y croit. -
14:11 - 14:15Alors que l'utopie, c'est page blanche.
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14:15 - 14:17On regarde de l'autre côté,
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14:17 - 14:21on invente sans états d'âme,
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14:21 - 14:23même si c'est pas gagné.
-
14:23 - 14:24C'est un pari neuf,
-
14:24 - 14:26sans concession.
-
14:26 - 14:29On ne négocie pas avec ses valeurs.
-
14:29 - 14:32Si on doit renoncer à quelque chose,
-
14:32 - 14:33c'est au modèle,
-
14:33 - 14:36pas aux valeurs.
-
14:36 - 14:39Jean-Paul Sartre disait :
-
14:39 - 14:42« On n'a jamais été aussi libre que sous
l'occupation. » -
14:42 - 14:45J'ai mis du temps à comprendre
cette phrase. -
14:45 - 14:47Les périodes difficiles,
-
14:47 - 14:51c'est des occasions pour exercer
véritablement notre liberté personnelle. -
14:51 - 14:53On a des vrais choix à faire,
-
14:53 - 14:57des choix engageants, inspirants.
-
14:57 - 14:58Pendant la guerre,
-
14:58 - 15:00la résistance au final
-
15:00 - 15:04c'est juste 2 à 3% de la population,
-
15:04 - 15:05qui fait le choix de l'utopie.
-
15:05 - 15:08Une poignée d'individus s'est engagée,
-
15:08 - 15:10en ordre dispersé,
-
15:10 - 15:14c'est devenu un mouvement,
-
15:14 - 15:16et ça a changé l'histoire.
-
15:16 - 15:18C'est pareil aujourd'hui.
-
15:18 - 15:22Je crois pas qu'on va se réveiller
demain matin avec une révolution utopiste -
15:22 - 15:23bien organisée,
-
15:23 - 15:26mais elle est en route,
-
15:26 - 15:29et finalement c'est une chance d'être
adulte aujourd'hui. -
15:29 - 15:31C'est vrai, c'est pas facile
tous les jours, -
15:31 - 15:34mais on a cette opportunité historique
-
15:34 - 15:36de devenir des résistants,
-
15:36 - 15:38de défendre l'essentiel,
-
15:38 - 15:42de construire ce qu'il y aura de beau
demain. -
15:42 - 15:44On peut grandir,
-
15:44 - 15:47grandir en humanité.
-
15:47 - 15:50Pendant ce temps nos enfants
nous regardent, -
15:50 - 15:57ils apprennent que jamais
on ne se résigne, -
15:57 - 16:02qu'ils doivent exiger une vie magnifique,
pas moins, -
16:02 - 16:05qu'on ne négocie pas avec son humanité,
-
16:05 - 16:08qu'on ne lâche pas sur l'utopie.
-
16:08 - 16:14Car n'oublions pas que si nos évidences
sont les utopies d'hier, -
16:14 - 16:19les évidences de nos enfants et de leurs
enfants, ne peuvent être que nos utopies. -
16:20 - 16:21Merci.
-
16:21 - 16:26(Applaudissements)
- Title:
- Comment faire advenir l'utopie ? | Sandrine Roudaut | TEDxVaugirardRoad
- Description:
-
L'utopie c'est bien joli comme idée, mais à quoi ça peut servir dans le monde réel ? Est-ce que c'est même possible ?
Après plusieurs années en agences de publicité à Paris auprès de grandes marques, Sandrine Roudaut décide en 2001 de se consacrer à la conjugaison du soutenable et du désirable. Elle crée alors le cabinet Alternité à Nantes pour conseiller les entreprises, puis la maison d’édition La Mer Salée. Elle est aussi l’auteure de "Utopie mode d’emploi" et depuis toujours elle cherche à comprendre les freins psychologiques et culturels à l’émergence d’un monde meilleur.
This talk was given at a TEDx event using the TED conference format but independently organized by a local community.
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- French
- Team:
closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 16:30
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