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Gérer la magie des microbes : Jessica Green à TEDxPortland 2012

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    [Territoire inexploré]
  • 0:30 - 0:33
    Voici des images de micro organismes.
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    La petite forme de vie que nous ne
    pouvons pas voir à l’œil nu,
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    les virus, les bactéries et les archées.
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    Sur Terre, ces organismes sont
    les plus abondants et les plus variés
  • 0:45 - 0:48
    et ils se trouvent dans chaque
    coin et recoin de nos corps,
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    de nos bâtiments et de nos villes.
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    La plupart, quand
    ils pensent à des microbes,
  • 0:54 - 0:56
    pense probablement
    aux méchants microbes :
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    les staphylocoques dorés,
    le VIH ou l'anthrax.
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    Mais la majorité des microbes
    nous sont bénéfiques.
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    Comme tout écosystème, nos corps
    ont besoin de nos microbes pour survivre.
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    Nos microbes nous protègent des
    germes et des agents infectieux.
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    Ils nous permettent de prendre
    les nutriments de notre nourriture
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    et ils fortifient
    notre système immunitaire.
  • 1:26 - 1:31
    Et des recherches récentes laissent
    penser qu'ils influencent notre humeur,
  • 1:31 - 1:34
    notre niveau de stress,
    d'anxiété et de dépression.
  • 1:34 - 1:38
    Donc, si vous vous sentez
    fantastiquement bien aujourd'hui,
  • 1:38 - 1:41
    comme moi, remerciez vos microbes.
  • 1:42 - 1:46
    Et remerciez votre mère aussi
    parce que nous recevons...
  • 1:46 - 1:50
    la majorité de nos microbes viennent
    de notre mère à la naissance.
  • 1:50 - 1:53
    Nous recevons aussi des microbes
    de la nourriture que nous mangeons
  • 1:53 - 1:56
    et des gens que nous
    côtoyons, nos amis,
  • 1:56 - 1:59
    des gens dans le métro
    si on leur touche la main
  • 1:59 - 2:03
    dans les escalators.
  • 2:03 - 2:08
    Nos microbes viennent également
    de notre habitat, les bâtiments.
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    Nous passons tous au moins
    90 % de notre temps à l'intérieur
  • 2:12 - 2:16
    et à l'intérieur, fréquemment,
    continuellement, nous entrons en contact
  • 2:16 - 2:22
    avec des microbes. Nous les respirons,
    nous les touchons sur les surfaces.
  • 2:22 - 2:24
    Une chose qui m'a toujours intéressée
  • 2:24 - 2:28
    étant donné l'importance des
    microbes pour notre bien-être,
  • 2:28 - 2:31
    c'est la façon dont
    nous gérons les microbes
  • 2:31 - 2:35
    dans les bâtiments où
    nous passons tant de temps.
  • 2:36 - 2:42
    Et pour expliquer ce que j'ai découvert,
    je vais faire une analogie avec un jardin.
  • 2:42 - 2:48
    Un jardin de microbes
    qui se trouve... à l'intérieur !
  • 2:49 - 2:53
    Donc, les techniques pour jardiner
    des microbes à l'intérieur
  • 2:53 - 2:57
    suivent, grosso modo,
    quatre règles de base.
  • 2:57 - 3:02
    La première règle, c'est de garder
  • 3:02 - 3:04
    tous les microbes
    à l'extérieur de votre bâtiment.
  • 3:04 - 3:07
    Il faut mettre son bâtiment
    en quarantaine.
  • 3:07 - 3:12
    Et nous possédons aujourd'hui des
    bâtiments modernes, hermétiquement fermés.
  • 3:12 - 3:16
    Je vous donne un exemple de
    comment les bâtiments ont changé.
  • 3:16 - 3:19
    De nos jours, les fenêtres
    ne s'ouvrent plus,
  • 3:19 - 3:22
    elles sont remplacées par des systèmes
    élaborés d'air conditionné
  • 3:22 - 3:26
    et de filtrage, conçus
    pour empêcher l'entrée
  • 3:26 - 3:29
    de microbes indigènes
    qui vivent à l'extérieur,
  • 3:29 - 3:31
    qui poussent en général sur les plantes
  • 3:31 - 3:34
    et vivent dans la terre
    ou dans nos canalisations
  • 3:34 - 3:38
    et nous ne voulons pas d'eux
    à l'intérieur de nos bâtiments.
  • 3:38 - 3:43
    La deuxième règle, c'est que nous avons
    des portes à nos bâtiments
  • 3:43 - 3:46
    pour permettre aux gens d'entrer
  • 3:46 - 3:51
    et des plantes dans nos jardins,
    ce que j'appelle des microbes invasifs.
  • 3:51 - 3:59
    Ce sont les microbes qui vivent sur notre
    corps, sur notre peau, dans notre bouche.
  • 3:59 - 4:02
    Chaque être humain qui entre
    dans un bâtiment,
  • 4:02 - 4:07
    amène, en une heure,
    37 millions de bactéries dans l'air.
  • 4:07 - 4:12
    Ça fait autant de bactéries que de gens
  • 4:12 - 4:15
    vivant aujourd'hui en Californie.
  • 4:15 - 4:21
    Et nous répandons dans l'air
    les microbes de notre corps
  • 4:21 - 4:24
    et nous soulevons les microbes
    déposés sur des surfaces,
  • 4:24 - 4:29
    ceux qui ont été déposés par
    d'autres personnes dans le bâtiment.
  • 4:29 - 4:32
    Notre troisième règle,
    c'est de garder
  • 4:32 - 4:36
    un environnement immuable
    dans notre jardin.
  • 4:36 - 4:42
    La température et l'humidité relative
    doivent très peu varier,
  • 4:42 - 4:48
    nous ne permettons pas les changements
    quotidiens ou saisonniers à l'intérieur
  • 4:48 - 4:52
    et nous maintenons
    une température confortable
  • 4:52 - 4:55
    parce que nous voulons traîner
    en sous-vêtements à l'intérieur,
  • 4:55 - 4:58
    même s'il neige à l'extérieur.
  • 4:58 - 5:01
    Pensez-y du point de vue d'un microbe !
  • 5:01 - 5:04
    En fait, nous créons un environnement
  • 5:04 - 5:08
    qui sélectionne ce que j'appelle
    un microbe de type urbain
  • 5:08 - 5:14
    qui s'épanouit dans
    cet environnement homogène.
  • 5:14 - 5:17
    La quatrième règle que
    nous suivons à l'intérieur,
  • 5:17 - 5:22
    c'est que nous voulons sans cesse
    tuer tout ce qui est dans le jardin.
  • 5:22 - 5:25
    A l'intérieur,
    nous le faisons en utilisant sans relâche
  • 5:25 - 5:28
    des produits de nettoyage antimicrobiens
  • 5:28 - 5:31
    et en stérilisant les surfaces.
  • 5:31 - 5:35
    Quand on y pense, il s'agit vraiment
    d'un « génocide microbien »
  • 5:35 - 5:40
    parce que nous tuons les bons microbes
    en même temps que les mauvais.
  • 5:40 - 5:43
    Donc, si nous avions
    un potager à l'extérieur,
  • 5:43 - 5:45
    nous ne tuerions jamais
    toutes les plantes
  • 5:45 - 5:48
    pour se débarrasser
    d'une mauvais herbe.
  • 5:48 - 5:51
    Pourtant, c'est ce que
    nous faisons à l'intérieur
  • 5:51 - 5:56
    et quand on élimine un groupe
    d'organismes d'un écosystème,
  • 5:56 - 6:01
    on fait de la place pour les mauvais
    organismes qui prospèrent vite
  • 6:01 - 6:03
    et colonisent ces espaces
  • 6:03 - 6:07
    parce qu'il n'y a plus rien
    pour les concurrencer.
  • 6:07 - 6:14
    Quelles sont les conséquences de
    cette gestion des microbes à l'intérieur ?
  • 6:14 - 6:17
    Nous ne savons pas encore,
    nous commençons à peine à apprendre,
  • 6:17 - 6:22
    mais je peux faire des hypothèses
    et vous donner mon avis.
  • 6:22 - 6:26
    Les humains sont là depuis
    des centaines de milliers d'années
  • 6:26 - 6:31
    mais cette ère de bâtiments modernes
    fermés hermétiquement,
  • 6:31 - 6:38
    d'une grande constance environnementale
    et nettoyés de manière régulière,
  • 6:38 - 6:41
    ça n'existe que depuis
    à peu près 60 ans.
  • 6:41 - 6:43
    Et je crois que ce que
    nous favorisons à l'intérieur,
  • 6:43 - 6:49
    c'est une monoculture microbienne.
  • 6:49 - 6:55
    Et si on pense à notre corps,
    nous n'avons probablement pas évolué
  • 6:55 - 7:00
    pour bien fonctionner dans
    ce type d'environnement microbien.
  • 7:00 - 7:04
    Et il y a beaucoup de signes,
    dans des publications récentes,
  • 7:04 - 7:08
    qui suggèrent que beaucoup de
    nos nouvelles habitudes de vie
  • 7:08 - 7:12
    sont en relation directe avec la montée
    de la résistance aux antibiotiques,
  • 7:12 - 7:15
    l'augmentation des maladies auto-immunes
  • 7:15 - 7:18
    auxquelles nous sommes confrontés
    dans le monde développé,
  • 7:18 - 7:21
    comme l'asthme et les allergies.
  • 7:21 - 7:25
    Récemment, j'ai travaillé avec
    des biologistes et des architectes,
  • 7:25 - 7:30
    dont Brandon Bohanan et Charlie Brown,
    à l'Université de l'Oregon,
  • 7:30 - 7:34
    pour comprendre comment
    la conception d'un bâtiment influe sur
  • 7:34 - 7:38
    les divers microbes vivant à l'intérieur.
    Et récemment nous avons mené une étude
  • 7:38 - 7:42
    dans le Lillis Business Complex
    de l'Université de l’Oregon.
  • 7:42 - 7:46
    Voilà à quoi ressemble
    le Lillis si on est humain.
  • 7:46 - 7:49
    Et voici ce à quoi
    il ressemble probablement
  • 7:49 - 7:51
    vu par un microbe
    se déplaçant dans l'atmosphère.
  • 7:51 - 7:55
    C'est une image infrarouge
    qui montre les différences
  • 7:55 - 7:58
    de température dans le bâtiment
    et nous savons que les microbes sont
  • 7:58 - 8:01
    très sensibles à la chaleur.
  • 8:01 - 8:05
    Et voici ce à quoi le Lillis ressemble
    du point de vue d'un architecte.
  • 8:05 - 8:06
    Ce que nous avons
    fait à ce bâtiment...
  • 8:06 - 8:10
    Le Lillis nous intéressait parce que
    c'est un bâtiment certifié LEED
  • 8:10 - 8:14
    et nous voulions savoir si la conception
    d'un bâtiment HQE
  • 8:14 - 8:17
    influençait les microbes
    d'une manière positive ou négative.
  • 8:17 - 8:21
    Donc, au premier étage de ce bâtiment,
  • 8:21 - 8:24
    nous avons utilisé le bâtiment
    comme il avait été conçu.
  • 8:24 - 8:26
    C'est-à-dire que
  • 8:26 - 8:31
    nous avons laissé l'air extérieur
    entrer par des persiennes.
  • 8:31 - 8:35
    Mais au deuxième étage, nous avons
    modifié son fonctionnement
  • 8:35 - 8:39
    et nous avons fait passer l'air par
    un système de ventilation mécanique
  • 8:39 - 8:41
    avant qu'il arrive dans la classe,
  • 8:41 - 8:44
    ou les classes que nous avons étudiées.
  • 8:44 - 8:48
    Et voici les résultats.
    Ils sont encore chauds,
  • 8:48 - 8:50
    des données que nous n'avons
    encore jamais communiquées.
  • 8:50 - 8:53
    Nous les avons reçues la semaine dernière.
  • 8:53 - 8:57
    Vous voyez là le premier et le second
    étage du Lillis Business Complex
  • 8:57 - 9:01
    et vous voyez qu'il y a une échelle
    sur ce diagramme
  • 9:01 - 9:05
    où le rose marque
    les échantillons d'air
  • 9:05 - 9:09
    dont l'ADN microbien est
    très proche de
  • 9:09 - 9:12
    celui qu'on trouve
    chez les humains.
  • 9:12 - 9:18
    Et le bleu indique les échantillons d'air
    dont l'ADN microbien est très proche
  • 9:18 - 9:22
    de celui que vous trouveriez dehors,
    par exemple dans la terre.
  • 9:22 - 9:25
    Et ce qu'on voit, c'est qu'au
    premier étage, qui fonctionne
  • 9:25 - 9:31
    selon les standards LEED où l'air
    vient directement de l'extérieur,
  • 9:31 - 9:33
    on a un air très proche
    de l'air extérieur
  • 9:33 - 9:37
    alors qu'au deuxième étage,
    l'air semblait très humain.
  • 9:37 - 9:40
    Donc, ces résultats
    scientifiques sont intuitifs
  • 9:40 - 9:44
    mais ils démontrent clairement
    que nous contrôlons en partie
  • 9:44 - 9:49
    les types de microbes que
    nous favorisons à l'intérieur.
  • 9:53 - 9:55
    Qu'est-ce que ça signifie ?
  • 9:55 - 10:03
    Nous avons aujourd'hui des architectes
    paysagistes qui dessinent les extérieurs
  • 10:03 - 10:07
    et des jardiniers dont
    le travail est de maintenir
  • 10:07 - 10:12
    ces extérieurs sur le long terme.
  • 10:12 - 10:17
    Et le territoire inexploré, ici,
    consiste à penser aux microbes
  • 10:17 - 10:21
    d'une nouvelle façon
    et à comprendre comment
  • 10:21 - 10:24
    favoriser les types de bons microbes
    que nous voulons à l'intérieur,
  • 10:24 - 10:30
    afin de former de nouveaux architectes,
    des architectes paysagistes d'intérieur
  • 10:30 - 10:34
    qui pourront concevoir
    des jardins intérieurs sains
  • 10:34 - 10:38
    et nous aurons besoin aussi
    d'un nouveau type de personnes
  • 10:38 - 10:43
    pour entretenir ces intérieurs, j'y pense
    comme à des « jardiniers d'intérieur »
  • 10:43 - 10:49
    qui maintiendront les bâtiments
    sains et les gens en bonne santé.
  • 10:49 - 10:51
    Merci beaucoup.
  • 10:51 - 10:54
    (Applaudissements)
Title:
Gérer la magie des microbes : Jessica Green à TEDxPortland 2012
Description:

Jessica Green est professeure à l'Université d'Oregon à l'Institut de Santa-Fe. Sa passion est de faire visualiser par tout un chacun le monde invisible des micro-organismes et de favoriser un monde de bâtiments qui limiteront les maladies infectieuses et maximiseront l'énergie.

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English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
10:59

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