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Terra LLiure, punt final

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    Nous étions des soldats pour la libération nationale des Pays Catalans, point.
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    Terra Lliure a marqué une étape, a éveillé les consciences de beaucoup de gens...
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    C'était un sujet qui préoccupait les gens...
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    Il ne devait pas y avoir de lutte armée. Ils ont donc fait leur possible pour empêcher cela.
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    Terra Lliure est l'organisation qui a ouvert la voie à l'indépendantisme actuel.
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    L'indépendantisme n'existerait pas si Terra Lliure n'avait pas existé.
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    Ce matin, deux jeunes ont fait plusieurs graffitis
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    aux sièges de Barcelone de la chaîne COPE et du journal "El País".
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    La Garde urbaine les a arrêtés. Il s'agit de deux mineurs de 16 et 17 ans...
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    qui ont écrit sur la façade de la COPE, dans la rue Diputació de Barcelone...
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    "Terra Lliure reviendra"
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    ainsi que "fascistes" et "nazis".
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    Les jeunes, qui ont été...
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    Ce graffiti a été fait à la fin de l'année 2005.
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    Dix ans après la dissolution définitive de l'organisation armée.
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    Quel sens a Terra Lliure pour ces deux jeunes et pourquoi
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    revendiquent-ils son nom aujourd'hui encore ?
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    Terra Lliure est née en 1979 et a été officiellement dissoute en 1995.
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    Au cours de ces 16 années, l'organisation a commis plus de 200 actions armées.
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    Des actions qui ont fait des dizaines de blessés
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    et un mort.
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    Les nombreuses opérations de police réalisées contre l'organisation
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    se sont soldées par plus de 300 arrestations
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    et un activiste a été tué par la police.
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    Trois autres activistes ont été tués par leurs propres engins explosifs.
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    Tout s'est terminé par l’auto-dissolution en 1995.
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    Le gouvernement espagnol l'a confirmé un an plus tard, le 8 mars 1996.
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    Ce jour-là, le dernier conseil des ministres présidé par Felipe González
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    a gracié tous les indépendantistes
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    emprisonnés ou condamnés pour avoir fait partie de Tierra Lliure.
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    C'était le point final à seize années d'un indépendantisme armé
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    qui est aujourd'hui encore revendiqué comme un symbole par certains secteurs.
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    Mais qu'était réellement Terra Lliure ?
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    Le contexte de base est la transition politique
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    qui a lieu après la mort de Franco.
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    Le dictateur est mort en disant qu'il laissait tout "ficelé et bien ficelé".
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    Il s'agissait de barrer le chemin à cette transition,
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    d'essayer de lui mettre des bâtons dans les roues
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    et, d'autre part, de bâtir une alternative réellement indépendantiste
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    avec des gens qui s'opposent à cela.
    En gros, c'est comme ça que ça a commencé.
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    Parallèlement, des gens ont créé
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    une structure, petite au début,
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    de combat plus direct. Et c'est de là qu'est née Terra Lliure.
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    C'est à la fin du franquisme que commence à apparaître l'idée
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    qu'une organisation armée est nécessaire ici.
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    Je crois que la décision a proprement parler vient
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    de quelque chose que nous avons appelé, un peu de façon humoristique,
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    "Les révolutions de Fontpedrosa",
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    parce qu'elle a été prise ici, à Fontpedrosa.
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    Et cela a donné lieu à un petit livre
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    intitulé "Qu'est-ce que le PSAN provisoire".
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    C'était après la scission du PSAN.
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    C'est donc là qu'elle se définit d'une certaine façon
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    en disant qu'une lutte nationale a toujours une composante armée.
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    Le PSAN-P était le Parti socialiste de Libération nationale
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    branche provisoire.
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    L'une des deux branches issues de la division du PSAN en 1976.
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    À la fin des années 70 il sortirait du PSAN-P
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    la formation politique : Independentistes dels Països Catalans, IPC,
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    ainsi que les fondateurs de l'organisation armée Terra Lliure.
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    C'était les années de la réforme politique.
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    Il faut être présent dans les grandes décisions.
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    Si tu votes aujourd'hui, tu pourras décider demain.
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    C'est le moment où le référendum sur la réforme politique a été approuvé,
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    où ont eu lieu les premières élections,
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    et le nouveau régime a voté une loi d'amnistie
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    qui ne s'appliquait pas aux indépendantistes catalans.
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    Elle ne s'appliquait pas aux indépendantistes, ce qui signifie que l'indépendatisme
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    sera un des éléments qui subira le plus la répression à cette époque.
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    Nous sommes les perdants de la transition.
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    Oui, nous sommes les perdants de la transition parce que nous, nous voulions
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    qu'il y ait une rupture avec le franquisme.
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    Et ceux qui ont gagné, ce sont ceux qui voulaient qu'il y ait une continuité
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    de l'appareil d'État, une continuité d'absolument tout.
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    La volonté d'action qui était importante en Catalogne,
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    pas seulement chez les forces politiques catalanes,
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    ne passait pas par la violence.
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    Elle ne passait pas par la violence.
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    C'est pourquoi je ne suis pas d'accord avec cet argument selon lequel ils ont été
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    disons cohérents. Tous les partisans de la violence
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    ont été isolés, très minoritaires.
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    ¡Viva Cataluña! ¡Viva!
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    La naissance de Terra Lliure a lieu
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    au moment où s'achève la Transition,
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    et il y a des groupes qui restent hors de cette Transition.
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    À ce moment-là, il y a une situation curieuse où
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    tout le mouvement anti-système de l'extrême gauche disparaît
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    la mobilisation disparaît, le désenchantement arrive,
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    et le seul mouvement extrême ou d'agitation radicale en Catalogne
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    qui se maintient mais qui, en plus, se développe est l'indépendantisme radical.
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    Terra Lliure est le résultat d'une tradition ancienne
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    au sein de notre lutte politique
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    qui est qu'à partir d'une idée nationale,
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    les gens la poussent jusqu'à ses dernières conséquences.
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    D'une certaine façon, Terra Lliure nous rappelle constamment que
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    le peuple de Catalogne a le droit de se prononcer,
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    non seulement parce qu'il n'a pas renoncé à l'autodétermination,
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    mais essentiellement parce que les problèmes qui découlent du statut d'autonomie
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    nous les voyons au quotidien.
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    Il est vrai qu'une partie des indépendantistes, surtout
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    la faction la plus radicale, n'apprécie pas la Transition.
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    Ils rêvaient d'une transition différente, c'est pourquoi ils dérivent vers...
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    Du fait que l'État les maintienne isolés,
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    ils dérivent vers des positions plus radicales.
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    Avec une certaine fascination pour le Pays Basque.
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    Le choix du PSAN-P en faveur de la lutte armée était clair,
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    mais pour passer de la théorie à la pratique, il fallait trouver
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    des indépendantistes prêts à militer dans une organisation armée.
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    Quand nous avons commencé, nous venions d'un petit groupe que nous avions créé
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    disons de "kale borroka". Et le PSAN provisoire
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    souhaitait faire quelque chose de plus sérieux avec la Charte de Brest.
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    Nous avons essayé d'entamer des négociations avec l'ETA militaire,
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    nous l'avions bien planifié avec la Charte de Brest.
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    La Charte de Brest est une déclaration commune de plusieurs organisations
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    indépendantistes de toute l'Europe, qui a permis de renforcer
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    les contacts entre le PSAN-P et l'ETA.
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    Des contacts qui serviraient à structurer la future Terra Lliure.
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    Les premières discussions que nous avons eues avec l'ETA militaire pour qu'ils nous donnent
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    des notions ont eu lieu avec "Argala".
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    Nous l'avons rencontré deux fois à Lourdes.
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    La troisième rencontre n'a pas été possible parce qu'il avait été tué.
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    Mais c'était fait...
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    C'était fait.
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    Puis nous sommes partis à Noël 1978,
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    tout était prêt pour aller en Euskadi.
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    Nous sommes allés en Euskadi où nous attendaient Yoyes et Txomin,
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    ce sont eux qui nous ont accueillis.
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    Txomin a prononcé ces paroles sacrées que je n'oublierai jamais de ma vie.
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    Il a tout de suite dit : "Bonjour"
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    puis : "Un commando armé a une espérance de vie de trois mois".
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    "Avec de la chance. D'ici trois mois, un ou deux de vous seront morts,
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    un en exil et l'autre en tôle.
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    Vous êtes prêts à continuer ?"
    Ça, ça a été la douche froide
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    à laquelle nous avons eu droit d'entrée.
    À cette époque,
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    nous avions 18, 19, 20 ans, nous étions ambitieux.
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    Au cours de ces premiers contacts, les membres de la future Terra Lliure
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    ont reçu les premiers cours de formation militaire,
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    ainsi que les premières armes et les premiers explosifs.
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    Ces cours et ces échanges d'armes
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    ont eu lieu au Pays Basque français,
    appelé Iparralde.
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    C'est plus une relation politique
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    qu'une relation strictement militaire, même s'il y a eu
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    des échanges de matériel.
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    Nous leur donnions des détonateurs et eux nous donnaient des armes,
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    c'est en tout cas ce que j'ai vécu.
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    On parle de l'analyse de la situation politique
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    et du fait que plus il y a de points de conflit
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    plus le post-franquisme espagnoliste
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    va s'affaiblir.
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    Tous les fondateurs de Terra Lliure sont d'accord pour affirmer
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    qu'à part ces rencontres dans les années 70, il n'y a jamais eu d'autre collaboration avec l'ETA.
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    Une fois les cours de formation militaire terminés
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    au Pays Basque français, au début de 1979,
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    le premier commando de ce qui deviendrait
    Terra Lliure entrait en action.
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    Mais ses premières actions se terminèrent tragiquement.
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    À ses débuts, Terra Lliure a enrôlé énormément de jeunes.
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    Bien sûr, une organisation jeune qui vient de naître et qui, à la première occasion,
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    perd ses principaux leaders... Martí Marcó, mitraillé par la police,
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    Fèlix Goñi, tué par l'explosion de sa bombe.
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    Ceux qui restaient, en prison...
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    Ça a été un coup très dur.
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    Et ça a profondément marqué les consciences.
    Nous avons dit : "On ne joue pas."
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    Le 26 janvier 1979, alors que le commando s'apprêtait à commettre un braquage,
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    Martí Marcó était abattu par la police.
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    Cette mort obligea l'embryon de Terra Lliure à suspendre tous ses plans.
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    De plus, le fait que Marcó soit un militant
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    des Jeunesses d'Esquerra Republicana, déconcerta
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    la police comme les partis politiques.
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    Le premier mort de Terra Lliure était justement un militant des JERC,
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    et pourtant Esquerra Republicana n'a pas voulu le revendiquer
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    comme un combattant.
    Ils ont essayé d'attribuer sa mort
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    à des manœuvres étranges, un enlèvement par l'extrême droite, rien à voir.
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    Quatre mois plus tard, le 2 juin 1979,
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    le groupe reprenait ses activités et Fèlix Goñi perdait la vie
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    dans l'explosion de l'engin explosif qu'il s'apprêtait à poser.
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    Nous étions des soldats pour la libération nationale des Pays Catalans, point.
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    Et nous obéissions aux ordres, c'est tout.
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    Nous ne nous disions pas : "Merde, tu vas blesser quelqu'un". Nous étions des soldats.
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    Nous recevions des ordres et nous obéissions
    ou nous pouvions les discuter.
  • 15:19 - 15:21
    C'était comme une armée plus démocratique dans laquelle on discute les ordres.
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    "Écoute, on ne peut pas faire ça".
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    Mais cette idée de... non, nous ne l'avions pas.
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    S'il faut faire ça on le fait, c'est tout.
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    Je crois que les militants de Terra Lliure
  • 15:36 - 15:40
    avaient un raisonnement politique excessivement primaire.
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    Il y avait beaucoup de volonté
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    mais pratiquement aucune élaboration politique.
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    Deux jours après la mort de Fèlix Goñi, la police
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    arrêtait les autres membres de ce premier commando,
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    qui était totalement démantelé.
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    Mais ni les deux morts, ni les opérations de police
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    qui suivirent ne freinèrent le processus de gestation de l'organisation armée.
  • 16:03 - 16:06
    Je suis entré dans l'organisation armée
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    alors que je n'avais pas encore, pour dire les choses comme ça, précisément de nom.
  • 16:12 - 16:16
    Et à la fin de 1979, début 1980,
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    motivé par des sensations qui m'avaient conduit à m'engager politiquement
  • 16:21 - 16:25
    dans les années 70.
  • 16:25 - 16:28
    Cette entrée de nouveaux militants coïncida avec l'apparition
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    d'une nouvelle organisation politique de soutien :
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    les Comités de Solidarité avec les Patriotes catalans.
  • 16:34 - 16:36
    "Liberté, patriotes catalans !"
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    "Liberté, patriotes catalans !
    Liberté, patriotes catalans !"
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    Il faut voir les Comités comme une relation essentiellement politique
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    mais aussi humaine entre
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    les personnes poursuivies, les détenus, les familles,
  • 16:57 - 17:01
    les avocats, qui sont une pièce maîtresse dans ce type de processus,
  • 17:01 - 17:05
    et le mouvement.
    Dans ce cas, le mouvement politique.
  • 17:05 - 17:09
    Si tu parviens à ce que des familles, des personnes poursuivies, des avocats
  • 17:09 - 17:14
    et un mouvement politique avancent ensemble, comme ce fut notre cas
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    (évidemment, nous avions un environnement qui nous était très favorable)
  • 17:20 - 17:23
    ça représente un saut qualitatif important.
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    Et c'est ce qui est arrivé à cette époque.
  • 17:34 - 17:37
    "Les forces d'occupation dehors !"
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    "Les forces d'occupation dehors !"
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    Au moment où naît le Comité de Solidarité avec les Patriotes catalans,
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    Terra Lliure se renforce.
  • 17:47 - 17:50
    Et tandis que les Comités de Solidarité avec les Patriotes catalans
  • 17:50 - 17:53
    travaillent à l'unification de l'environnement politique de la naissante Terra Lliure,
  • 17:53 - 17:57
    les fondateurs du groupe armé accéléraient les contacts avec Època,
  • 17:58 - 18:00
    une organisation armée, alors inactive,
  • 18:00 - 18:04
    mais qui avait commis des dizaines d'attentats dans les années 70.
  • 18:05 - 18:08
    Època signifiait Exèrcit Popular Català.
    (Armée populaire catalane)
  • 18:08 - 18:11
    Un groupe qui n'avait jamais revendiqué ses actions
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    même si la police lui attribuait entre autres la mort
  • 18:14 - 18:18
    du chef d'entreprise José María Bultó, en mai 1977,
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    et celle de l'ancien maire franquiste de Barcelone,
  • 18:21 - 18:25
    Joaquín Viola, en janvier 1978.
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    Les opérations de police qui firent suite à ces deux assassinats
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    permirent de démanteler une bonne partie de l'organisation.
  • 18:36 - 18:40
    Dans les années 80, Època connaît des difficultés humaines.
  • 18:40 - 18:44
    Il y a alors des gens qui partagent nos idées
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    et nous partageons les leurs.
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    Et nous décidons qu'il est mieux pour tous de faire une seule organisation,
  • 18:51 - 18:56
    de mettre en commun notre expérience, nos outils, notre logistique, nos infrastructures,
  • 18:56 - 18:58
    tout ensemble, et à Època
  • 18:58 - 19:02
    nous décidons de continuer avec une autre organisation
  • 19:02 - 19:04
    qui prendra ensuite le nom de Terra Lliure.
  • 19:04 - 19:09
    C'est la confluence de deux lignes au sein de l'indépendantisme
  • 19:09 - 19:12
    qui semblaient ne jamais pouvoir s'unir et qui
  • 19:12 - 19:14
    le font, disons par le biais de l'action.
  • 19:15 - 19:16
    C'est un peu la ligne du Front Nacional,
  • 19:16 - 19:21
    puisqu'une bonne partie des gens d'Època, et surtout ceux qui rejoignent
  • 19:21 - 19:24
    Terra Lliure, viennent du Font Nacional.
  • 19:24 - 19:28
    Et de gens qui viennent du dynamisme plus de gauche,
  • 19:28 - 19:32
    ou du socialisme, plus comme ceux qui venaient du PSAN provisoire.
  • 19:34 - 19:36
    Ce que les gens d'Època qui ont atterri à Terra Lliure
  • 19:36 - 19:39
    ont essayé de faire, de mon point de vue,
  • 19:39 - 19:42
    c'est de faire un travail plus sérieux formellement,
  • 19:42 - 19:46
    ce qui n'était pas le style de Terra Lliure à ses débuts.
  • 19:46 - 19:52
    Je pense qu'à Època, il y a eu un mouvement de
    60 à 100 personnes.
  • 19:52 - 19:56
    Il était peut-être considéré comme le groupe armé de l'État espagnol
  • 19:56 - 20:00
    le mieux armé, avec la meilleure logistique.
  • 20:00 - 20:03
    Peut-être même plus que les Basques à cette époque.
  • 20:04 - 20:08
    L'expérience militaire d'Època était très supérieure à celle de Terra Lliure.
  • 20:08 - 20:11
    Cela s'explique par les origines d'Època.
  • 20:11 - 20:14
    Une organisation clandestine qui, sans aucun mouvement politique
  • 20:14 - 20:18
    qui la soutienne, s'était articulée autour de
    Jaume Martínez Vendrell,
  • 20:19 - 20:23
    dirigeant du Front Nacional de Catalunya et
    ancien militaire.
  • 20:23 - 20:26
    Jaume Martínez Vendrell avait fait partie de gens qui avaient affronté
  • 20:26 - 20:28
    l'État les armes à la main,
  • 20:28 - 20:30
    qui avaient résisté, qui avaient participé
  • 20:31 - 20:33
    à la lutte contre le franquisme avec les forces alliées
  • 20:33 - 20:36
    pour récupérer les libertés nationales de la Catalogne.
  • 20:36 - 20:42
    Il y avait beaucoup de gens du Front qui n'étaient pas partisans de la lutte armée.
  • 20:42 - 20:47
    Martínez Vendrell était un homme qui était apprécié
  • 20:48 - 20:49
    pour ses caractéristiques personnelles.
  • 20:50 - 20:54
    Même par ceux qui étaient totalement contre ses idées.
  • 20:55 - 20:57
    C'était un homme apprécié.
  • 21:10 - 21:13
    La police repéra les contacts entre Època
  • 21:13 - 21:15
    le noyau fondateur de Terra Lliure.
  • 21:15 - 21:19
    Et, entre la fin de 1979 et le début de 1980,
  • 21:20 - 21:25
    elle arrêta trente indépendantistes accusés d'appartenance à bande armée.
  • 21:25 - 21:28
    Mais, malgré ces arrestations, l'organisation consolida
  • 21:29 - 21:32
    sa structure et, à la fin de 1980,
  • 21:32 - 21:35
    prit officiellement le nom de Terra Lliure.
  • 21:35 - 21:39
    Le nom de Terra Lliure est proposé
    à un moment donné
  • 21:40 - 21:45
    pour donner une identité à cette organisation qui se construisait.
  • 21:46 - 21:51
    "Visca la terra, lliure!"
    (Vive la terre, libre)
  • 21:51 - 21:56
    "Visca la terra, lliure!"
    "Vive, vive, vive Terra Lliure !"
  • 21:56 - 22:01
    Elle utilise le mot "terre" comme patrie,
    comme un endroit où
  • 22:02 - 22:04
    les gens agissent.
  • 22:04 - 22:07
    C'est un mot du XVII°,
  • 22:08 - 22:10
    du XVI° siècle, je veux dire que dans ce cas
  • 22:10 - 22:12
    c'est un lien historique.
  • 22:13 - 22:17
    Et l'idée de liberté, qui est une idée
  • 22:17 - 22:19
    très globale.
  • 22:20 - 22:25
    Terra Lliure commença à revendiquer ses actions à la fin de 1980.
  • 22:26 - 22:29
    Mais ce ne fut que le 21 mai 1981,
  • 22:29 - 22:34
    avec sa neuvième action, que l'organisation armée bouleversa tout l'échiquier politique.
  • 22:34 - 22:38
    Ce jour-là, Terra Lliure enleva
    Federico Giménez Losantos,
  • 22:39 - 22:43
    un des principaux initiateurs du Manifeste des 2300,
  • 22:43 - 22:47
    un document qui dénonçait une prétendue persécution du castillan en Catalogne.
  • 22:48 - 22:51
    Après des semaines de préparation et de surveillance, un commando
  • 22:51 - 22:56
    de Terra Lliure composé de six militants reçut l'ordre de passer à l'action.
  • 22:56 - 22:58
    Ils commencèrent à le suivre à Santa Coloma de Gramanet,
  • 22:59 - 23:01
    où Losantos enseignait dans un collège,
  • 23:01 - 23:03
    jusqu'à Barcelone.
  • 23:03 - 23:06
    À un stop de la place Molina, deux activistes entrèrent
  • 23:06 - 23:10
    dans la Simca 1000 de Losantos, le braquèrent avec leurs pistolets
  • 23:10 - 23:13
    et prirent l'avenue Diagonal pour conduire sa voiture jusqu'à ce qui était alors
  • 23:13 - 23:16
    un terrain vague à l'entrée d'Esplugues de Llobregat.
  • 23:16 - 23:20
    Là, ils l'attachèrent à un arbre, lui tirèrent une balle dans la jambe droite
  • 23:20 - 23:23
    et le menacèrent de mort s'il ne quittait pas le pays.
  • 23:25 - 23:28
    Le contexte est le manifeste contre le catalan,
  • 23:28 - 23:30
    les espagnolistes se sentent forts,
  • 23:30 - 23:33
    Pour arrêter ces gens il fallait leur dire :
    "Vous n'avez pas tous les droits."
  • 23:34 - 23:37
    À un moment donné, il faut arrêter les choses.
  • 23:37 - 23:42
    Et par conséquent, disons qu'un certain niveau de violence
  • 23:42 - 23:43
    envers ces gens est nécessaire.
  • 23:43 - 23:47
    Parce qu'ils ne comprennent que ce langage.
  • 23:55 - 23:58
    Des gens comme Giménez Losantos ou d'autres personnes ingrates
  • 23:58 - 24:01
    envers les Països Catalans, ce qu'il faut faire c'est les attraper
  • 24:01 - 24:02
    et les sortir du pays.
  • 24:02 - 24:06
    Cette action a fait l'objet d'une condamnation unanime
  • 24:06 - 24:10
    en plus de dire : "Cela ne mène nulle part.
  • 24:11 - 24:15
    Et, en plus, ça ne peut que nous porter préjudice."
  • 24:20 - 24:23
    Je crois que l'action contre Losantos a été absolument négative,
  • 24:23 - 24:26
    nous en avons la preuve chaque jour à la radio.
  • 24:53 - 24:55
    Il est plus qu'évident que quand tu génères
  • 24:58 - 25:03
    de la colère, des haines, il est ensuite très difficile d'arranger cela.
  • 25:04 - 25:07
    Peu après l'attentat, Losantos écrivit une lettre au précédent Président
  • 25:08 - 25:10
    de la Generalitat, Josep Tarradellas,
  • 25:10 - 25:13
    pour lui faire part de son départ du pays
    et de son renoncement
  • 25:13 - 25:17
    diriger une candidature espagnoliste au
    Parlement de Catalogne.
  • 25:42 - 25:45
    Un mois seulement après cette action
    le mouvement catalaniste
  • 25:45 - 25:47
    Crida a la Solidaritat remplit le Camp Nou
  • 25:47 - 25:49
    avec sa première grande manifestation publique,
  • 25:49 - 25:52
    le concert géant "Som una Nació"
    (Nous sommes une nation)
  • 25:52 - 25:53
    initié par Lluís Llach.
  • 25:53 - 25:57
    Terra Lliure en profita pour se présenter publiquement
  • 25:57 - 26:00
    pour la première fois en lançant des milliers de tracts dans le public.
  • 26:00 - 26:04
    "Avec cette fête, au milieu des chants et des danses,
  • 26:04 - 26:06
    nous voulons réaffirmer aux quatre vents
  • 26:06 - 26:09
    que nous sommes une nation."
  • 26:15 - 26:18
    L'appel qui a été fait dans la stade du Barça
  • 26:18 - 26:22
    se résume en quatre points faciles à comprendre
  • 26:23 - 26:26
    et à reproduire, pour que les gens se les passent, etc.
  • 26:26 - 26:30
    C'était ce que voulait cette organisation.
    Et c'est ce qui a été fait.
  • 26:38 - 26:41
    L'enlèvement de Losantos mobilisa la police.
  • 26:41 - 26:45
    Le 3 décembre 1981, elle arrêtait 23 indépendantistes
  • 26:45 - 26:48
    accusés de faire partie de Terra Lliure.
  • 26:48 - 26:52
    C'était la première grande opération de police dirigée exclusivement contre
  • 26:52 - 26:54
    cette nouvelle organisation
  • 26:54 - 26:56
    qui devint alors un des objectifs prioritaires
  • 26:57 - 27:00
    des forces de l'ordre de l'État en Catalogne.
  • 27:01 - 27:03
    C'était un sujet de préoccupation.
  • 27:04 - 27:07
    Mais surtout pour ceux qui avaient des responsabilités
  • 27:08 - 27:11
    liées au gouvernement central, ici en Catalogne.
  • 27:12 - 27:15
    Les nombreuses opérations de police du début des années 80
  • 27:15 - 27:19
    permirent de démanteler une partie de l'infrastructure de Terra Lliure
  • 27:19 - 27:22
    et provoquèrent les premières tensions internes lorsqu'il fallut redéfinir
  • 27:22 - 27:25
    la stratégie de l'organisation.
  • 27:25 - 27:28
    Dans ce contexte, la première assemblée de Terra Lliure se conclut par
  • 27:28 - 27:33
    l'expulsion du secteur dirigé par Josep Serra Calasanz, alias "Cala"
  • 27:33 - 27:36
    qui n'était pas d'accord avec la nouvelle direction de l'organisation.
  • 27:37 - 27:39
    Ils l'ont expulsé de Terra Lliure
  • 27:39 - 27:43
    parce qu'il y a, je crois, deux positions.
  • 27:44 - 27:48
    Il y a une position qui définit la lutte armée comme moyen.
  • 27:48 - 27:52
    Et il y a une autre position où la lutte armée finit par
  • 27:52 - 27:53
    devenir l'objectif en soi.
  • 27:53 - 27:57
    Il y a eu des pertes. J'ai dit : "Eh, du calme !"
  • 27:57 - 28:00
    Il faut prendre contact avec le monde politique et leur dire :
  • 28:01 - 28:02
    "Bon, voilà la situation.
  • 28:03 - 28:07
    Vous devez agir pour que la situation puisse s'améliorer."
  • 28:07 - 28:13
    Et d'autres qui ont dit : "Non, ça c'est une vision défaitiste de la situation.
  • 28:13 - 28:16
    En réalité, ce que tu veux c'est te retirer, etc.,
  • 28:16 - 28:19
    et t'en sortir sans dommages."
  • 28:19 - 28:23
    La nouvelle direction de Terra Lliure décida de ne plus commettre d'enlèvements
  • 28:23 - 28:27
    comme celui de Losantos et de se concentrer sur des attaques de commissariats,
  • 28:27 - 28:31
    de casernes de la garde civile et d'organismes liés
  • 28:31 - 28:34
    à l'État, du Trésor public au ministère de l'Emploi,
  • 28:34 - 28:37
    en passant par les relais de la télévision espagnole.
  • 28:39 - 28:42
    "Nous revendiquons ces actions comme faisant partie de la lutte du peuple
  • 28:42 - 28:44
    travailleur catalan pour défendre sa terre.
  • 28:44 - 28:47
    Les endroits où les bombes ont été posées sont :
  • 28:47 - 28:52
    les bureaux de l'INEM, les équipements de la télévision espagnole,
  • 28:52 - 28:54
    devant le bureau du centre des impôts,
  • 28:54 - 28:56
    le centre de la compagnie électrique Fecsa,
  • 28:57 - 28:58
    la succursale de la banque Hispano Americano,
  • 28:58 - 29:00
    le centre des impôts à Valence, le consulat des États-Unis,
  • 29:00 - 29:01
    devant le commissariat de...
  • 29:02 - 29:05
    au commissariat de la police nationale...
  • 29:05 - 29:06
    du monolithe dédié à Juan Carlos Ier...
  • 29:06 - 29:09
    le siège de la compagnie d'assurances "La estrella"...
  • 29:09 - 29:11
    une vieille caserne de la garde civile...
  • 29:11 - 29:13
    une succursale de Banesto...
    près du concessionnaire Citroën...
  • 29:13 - 29:14
    près d'une résidence militaire..."
  • 29:14 - 29:19
    D'abord tu crées une série de flashs, d'images.
  • 29:19 - 29:23
    L'image que tu soutiens le mouvement antinucléaire,
  • 29:23 - 29:27
    une autre que tu es contre les agences pour l'emploi par solidarité
  • 29:27 - 29:29
    avec les gens au chômage, etc.
  • 29:29 - 29:33
    Et tu touches différents secteurs sociaux.
    À partir de là
  • 29:33 - 29:35
    ce qu'il faut c'est donner de la cohérence et du corps à tout ça.
  • 29:35 - 29:39
    Ce n'est pas par hasard, ce n'est pas parce que tu ne sais pas quoi faire les week-ends.
  • 29:39 - 29:44
    Il y a vraiment un combat qui t'oppose à l'État
  • 29:44 - 29:47
    et qui se manifeste par toutes ces actions.
  • 30:02 - 30:06
    En 1984, bien que plus de 70 personnes aient été arrêtées
  • 30:06 - 30:08
    pour appartenance à Terra Lliure,
  • 30:08 - 30:11
    l'organisation parvint à reformer les commandos
  • 30:11 - 30:15
    et réalisa un saut quantitatif avec 40 actions en une seule année.
  • 30:16 - 30:20
    Ce fut alors que, pour la première, il fut décidé
  • 30:20 - 30:22
    de réaliser également un saut qualitatif.
  • 30:22 - 30:27
    Le débat portait sur le fait de passer de cette phase
  • 30:27 - 30:30
    de propagande armée à la phase de lutte armée.
  • 30:30 - 30:33
    Ce sont donc des idées de risques plus importants.
  • 30:33 - 30:37
    Ces plans furent exposés au cours de la deuxième assemblée de Terra Lliure
  • 30:37 - 30:40
    en janvier 1984.
  • 30:40 - 30:44
    Cette assemblée permit d'approuver la déclaration de principes
  • 30:44 - 30:47
    de l'organisation tout en créant "Alerta",
  • 30:48 - 30:50
    le bulletin interne de Terra Lliure.
  • 30:51 - 30:56
    C'est dans ce contexte qu'en juillet 1984 naissait le Mouvement de Défense de la Terre (MDT)
  • 30:57 - 31:02
    l'organisation politique qui regroupait le PSAN et l'IPC.
  • 31:04 - 31:09
    C'est le groupe qui unifie pendant deux ans, presque pour la première fois,
  • 31:09 - 31:12
    ce secteur de l'indépendantisme radical
    d'extrême gauche
  • 31:12 - 31:15
    qui, curieusement, était le seul indépendantisme à cette époque.
  • 31:15 - 31:21
    Il n'y avait pas de lien organique entre le MDT et Terra Lliure,
  • 31:21 - 31:23
    et l'un n'était pas le bras armé de l'autre,
  • 31:24 - 31:26
    ni le contraire, mais il y avait des objectifs communs
  • 31:26 - 31:29
    et la conscience de faire partie d'un même mouvement.
  • 31:30 - 31:33
    Et ça a été facile parce que Terra Lliure a justement
  • 31:34 - 31:37
    été conçue comme une organisation, un instrument destiné à développer
  • 31:37 - 31:39
    un mouvement politique. Et le fait que le MDT apparaisse
  • 31:39 - 31:44
    a été positif pour Terra Lliure.
  • 31:44 - 31:49
    Ça a été assumé comme le résultat obtenu par le succès d'une incidence
  • 31:49 - 31:51
    durant quelques années.
  • 31:51 - 31:56
    En 1984, l'indépendantisme radical se développa politiquement
  • 31:56 - 31:59
    et il se développa par sa présence, dans la rue.
  • 32:02 - 32:07
    "Fascistes, c'est vous les terroristes !"
  • 32:19 - 32:22
    Mais le saut qualitatif prévu par la direction de
    Terra Lliure
  • 32:22 - 32:26
    ne put être mis en pratique car, en janvier 1985,
  • 32:26 - 32:30
    la police arrêtait les principaux dirigeants de l'organisation.
  • 32:30 - 32:33
    "Ces arrestations ont eu lieu suite à une opération
  • 32:33 - 32:35
    de la police de Barcelone et de la police française
  • 32:35 - 32:39
    qui a commencé le 19 avec l'arrestation à Puigcerdà de Carles Sastre,
  • 32:39 - 32:42
    Montserrat Tarragó et Jaume Fernández Calvet."
  • 32:42 - 32:45
    Dans notre cas, toute arrestation nous portait un coup parce que
  • 32:46 - 32:51
    depuis que j'avais fui en 1981 alors qu'on essayait de m'arrêter
  • 32:51 - 32:56
    jusqu'à ce moment, nous avions fonctionné sur la base que toute la coordination
  • 32:56 - 33:01
    se faisait à travers nous, les militants de l'extérieur,
  • 33:02 - 33:04
    et ça a fonctionné ainsi jusqu'à ce moment.
  • 33:04 - 33:08
    Ceux qui faisaient cette coordination tombaient tous ensemble.
  • 33:08 - 33:12
    Dans la pratique, l'organisation se retrouvait totalement démantelée.
  • 33:12 - 33:18
    À partir de 1985 l'organisation connaît de plus en plus de difficultés.
  • 33:18 - 33:21
    Plus de difficultés au niveau organisationnel mais d'un autre côté
  • 33:21 - 33:24
    ça coïncide aussi avec un mouvement politique important
  • 33:24 - 33:26
    pour l'indépendantisme des Països Catalans.
  • 33:26 - 33:29
    Au moment où Terra Lliure commence à connaître des difficultés,
  • 33:29 - 33:33
    le mouvement politique se développe et il se produit un certain décalage
  • 33:33 - 33:34
    dans ce que seraient les courbes.
  • 33:40 - 33:46
    Il y a eu des pertes ou des arrestations d'indépendantistes
  • 33:46 - 33:48
    liés à l'organisation.
  • 33:48 - 33:49
    C'est-à-dire que les gens étaient descendus dans la rue.
  • 33:50 - 33:54
    À partir de 1985, il y a un saut qualitatif de la mobilisation dans la rue.
  • 33:54 - 33:57
    La radicalisation, on pourrait même dire l'esthétique,
  • 33:57 - 33:59
    le laisse pas indifférent en général.
  • 33:59 - 34:03
    Elle fait qu'un petit secteur social s'identifie à elle.
  • 34:03 - 34:07
    Ce qui est intéressant surtout, c'est la diffusion du drapeau étoilé, des graffitis...
  • 34:07 - 34:12
    Il apparaissait spontanément dans les lycées de toute la Catalogne
  • 34:12 - 34:15
    et de tous les Països Catalans des graffitis avec le nom de Terra Lliure.
  • 34:18 - 34:21
    Ce développement de l'indépendantisme combatif
  • 34:21 - 34:24
    fit que Terra Lliure cessa d'être un problème strictement policier
  • 34:24 - 34:28
    et devint aussi une préoccupation politique.
  • 34:28 - 34:33
    Le fait qu'il se développe politiquement comme cela s'était passé au Pays Basque
  • 34:33 - 34:37
    était moins préoccupant. Mais c'était quelque chose qu'il fallait observer,
  • 34:38 - 34:41
    obtenir des informations, savoir comment il évoluait.
  • 34:41 - 34:43
    C'était un sujet qui ne laissait pas indifférent le gouvernement
  • 34:43 - 34:46
    de la Generalitat. Je me souviens de conversations
  • 34:46 - 34:48
    avec les différents conseillers
  • 34:48 - 34:51
    et avec le président de la Generalitat lui-même,
    Jordi Pujol.
  • 34:51 - 34:54
    J'ai toujours manifesté mon accusation et mon rejet
  • 34:55 - 34:56
    de Terra Lliure.
  • 34:56 - 35:00
    Terra Lliure aurait pu créer un problème à un moment donné,
  • 35:00 - 35:04
    un problème dans le sens où elle aurait pu être utilisée contre nous.
  • 35:04 - 35:07
    Pas un problème dans le sens où elle aurait fini
  • 35:07 - 35:08
    par avoir suffisamment de poids
  • 35:09 - 35:12
    pour parvenir à créer
  • 35:13 - 35:17
    une situation de violence ou d'affrontement,
  • 35:17 - 35:20
    de confrontation, de fracture du pays.
  • 35:20 - 35:22
    Dans ce sens, non.
  • 35:30 - 35:33
    Au milieu des années 80, les manifestations indépendantistes
  • 35:33 - 35:35
    rassemblent de plus en plus de gens.
  • 35:35 - 35:38
    Elles se terminent souvent en affrontements
    avec la police.
  • 35:38 - 35:42
    Paradoxalement, ces démonstrations de force du MDT
  • 35:42 - 35:46
    avaient lieu juste au moment où Terra Lliure était structurellement plus faible.
  • 35:49 - 35:52
    Joaquim Sánchez Núñez, 21 ans, est mort dans l'explosion
  • 35:52 - 35:54
    d'une bombe dans la cabine téléphonique qui se trouve devant le n° 2
  • 35:54 - 35:56
    de la rue Aldana à Barcelone.
  • 35:56 - 35:59
    Joaquim Sánchez Núñez se trouvait dans la cabine et, selon la police,
  • 35:59 - 36:01
    c'est probablement lui qui avait placé l'engin explosif
  • 36:01 - 36:03
    car un pistolet a été retrouvé à proximité.
  • 36:04 - 36:07
    Quim Sánchez était le troisième activiste qui mourait en manipulant la bombe
  • 36:07 - 36:08
    qu'il voulait placer.
  • 36:08 - 36:13
    Un accident qui se produisait la même année que la mort du militant de Valence
  • 36:13 - 36:17
    Toni Villaescusa, après qu'un engin explosif lui explosa dans les mains.
  • 36:19 - 36:23
    Malgré les morts et les arrestations, l'organisation continua ses activités
  • 36:23 - 36:27
    et revendiqua une vingtaine d'actions en 1985,
  • 36:27 - 36:31
    principalement contre des agences pour l'emploi, des centres des impôts, des bureaux de Fecsa
  • 36:31 - 36:35
    ainsi que contre des commissariats et des casernes de la garde civile.
  • 36:53 - 36:58
    Entre 1985 et 1986, en plus de l'opération contre la direction
  • 36:58 - 37:02
    de Terra Lliure, la police arrêta 15 autres indépendantistes
  • 37:03 - 37:05
    accusés d'appartenir à l'organisation.
  • 37:05 - 37:09
    Au cours de ces années, le MDT et Crida a la Solidaritat
  • 37:10 - 37:13
    subissaient pour la première fois des attentats contre leurs sièges.
  • 37:15 - 37:17
    À 9 h 15 ce matin une bombe placée sur la porte
  • 37:17 - 37:22
    du siège du MDT dans la rue Fontanella à Barcelone a explosé.
  • 37:23 - 37:27
    La majorité de ces actions furent revendiquées par le groupe
  • 37:27 - 37:30
    d'extrême droite Milicia Catalana.
  • 37:31 - 37:35
    J'ai toujours perçu la répression comme
  • 37:35 - 37:37
    quelque chose de politique.
  • 37:37 - 37:41
    C'est-à-dire que le cadre légal essaie de dire que ce qu'il poursuit
  • 37:41 - 37:43
    est une activité illicite,
  • 37:43 - 37:45
    que c'est la lutte armée. Mais ce n'était pas
  • 37:45 - 37:50
    contre la lutte armée que s'exerçait le plus de pression.
  • 37:50 - 37:51
    Il le faisait aussi, mais je veux dire
  • 37:51 - 37:55
    qu'il cherchait plus intensément l'entourage politique
  • 37:55 - 37:58
    de l'indépendantisme.
  • 38:28 - 38:32
    Bonsoir. Une quinzaine de personnes sont mortes cette après-midi dans l'attentat
  • 38:32 - 38:35
    commis vers 16 h 10 dans l'hypermarché Hipercor
  • 38:35 - 38:37
    de l'avenue Meridiana de Barcelone.
  • 38:37 - 38:41
    28 autres personnes ont été admises dans différents hôpitaux,
  • 38:41 - 38:43
    dont 19 dans un état très grave.
  • 38:43 - 38:45
    Une personne a appelé le journal "Avui" au nom de l'ETA
  • 38:46 - 38:47
    pour prévenir qu'une bombe avait été placée à Hipercor
  • 38:48 - 38:51
    une quarantaine de minutes avant l'explosion.
  • 38:53 - 38:58
    L'attentat d'Hipercor a profondément bouleversé le mouvement.
  • 38:58 - 39:01
    Il a rendu la compréhension de ces formes de lutte beaucoup plus difficile
  • 39:02 - 39:04
    et a représenté un obstacle important.
  • 39:09 - 39:11
    L'ETA ne devait pas agir dans les Països Catalans.
  • 39:11 - 39:14
    Et il aurait dû être clair pour eux que ce n'est pas l'Espagne.
  • 39:14 - 39:18
    Et que s'ils voulaient agir ils auraient dû le faire contre les intérêts des Espagnols,
  • 39:18 - 39:20
    pas dans notre pays.
  • 40:18 - 40:21
    Deux mois plus tard seulement, dans la nuit du 11 septembre,
  • 40:22 - 40:25
    Terra Lliure faisait sa première et unique victime mortelle
  • 40:25 - 40:27
    au tribunal de Borges Blanques.
  • 40:27 - 40:31
    Emilia Aldomà, 62 ans, est morte alors qu'elle dormait lorsque le mur
  • 40:31 - 40:35
    qui séparait sa chambre du tribunal de Borges Blanques lui est tombé dessus.
  • 40:35 - 40:42
    Deux personnes sont entrées, ont placé une bombe sur le bureau du juge,
  • 40:42 - 40:44
    pour que ce soit plus symbolique,
  • 40:45 - 40:46
    et sont parties.
  • 40:46 - 40:51
    Malheureusement,
  • 40:51 - 40:55
    l'explosion a provoqué
  • 40:55 - 41:01
    l'effondrement d'un mur du tribunal qui était mitoyen
  • 41:01 - 41:04
    d'un logement
  • 41:04 - 41:09
    où dormait une dame. Le mur lui est tombé dessus et l'a tuée.
  • 41:11 - 41:14
    Il faut rejeter le terrorisme importé, qui vient d'ailleurs,
  • 41:14 - 41:17
    et celui qui peut naître entre nous.
  • 41:17 - 41:22
    Celui qui cherche à tuer des gens et celui qui, bien qu'il ne le veuille pas, tue aussi.
  • 41:22 - 41:25
    Comme c'est arrivé dans ce cas, qui a aussi tué.
  • 41:26 - 41:31
    Dans ce contexte, la "Diada" de 1987 fut très dense.
  • 41:31 - 41:35
    En quelques mois il y avait eu l'attentat d'Hipercor, celui de Borges Blanques
  • 41:35 - 41:39
    et dans le milieu politique, la division du Mouvement de Défense de la Terre.
  • 41:39 - 41:44
    C'est un ensemble de facteurs qui a fait que l'immaturité du MDT
  • 41:44 - 41:48
    ne parviendrait pas à surmonter concrètement les contradictions de cette époque.
  • 41:48 - 41:51
    Et il y avait des contradictions importantes, on débattait du fait
  • 41:52 - 41:55
    d'avancer vers une unité populaire, une ligne appelée Unité populaire,
  • 41:55 - 41:57
    ou vers une ligne de Front patriotique.
  • 41:57 - 42:00
    Trois ans après sa création, le MDT se divisait
  • 42:00 - 42:03
    suite à l'affrontement entre le secteur qui venait du PSAN
  • 42:03 - 42:06
    et celui qui venait de l'IPC.
  • 42:10 - 42:14
    Le MDT voulait jouer le rôle que joue Batasuna en Euskadi
  • 42:14 - 42:19
    mais à cause de la scission,
  • 42:19 - 42:22
    et à cause aussi de la fragmentation
  • 42:22 - 42:24
    et de son manque de structure,
  • 42:24 - 42:28
    il s'est divisé en deux et n'est pas parvenu
  • 42:28 - 42:32
    à se consolider politiquement.
  • 42:42 - 42:46
    Dans ce contexte de crise ouverte,
    en septembre 1988
  • 42:46 - 42:49
    la police arrêtait Núria Cadenes et trois autres activistes.
  • 42:57 - 43:00
    Dans mon cas ils ont toujours su que
    je n'étais pas lié
  • 43:00 - 43:02
    à des expériences concrètes de lutte armée.
  • 43:02 - 43:07
    Et c'était ça qu'ils demandaient, ils voulaient mieux connaître
  • 43:07 - 43:10
    me fonctionnement interne des organisations.
  • 43:11 - 43:14
    Dans certains cas, ils n'avaient pas une connaissance très précise,
  • 43:14 - 43:17
    la connaissance qu'ils avaient était très livresque.
  • 43:18 - 43:21
    Je voulais rappeler alors que je sors
  • 43:21 - 43:24
    qu'il reste encore beaucoup de camarades en prison
  • 43:25 - 43:28
    et que c'est une lutte qui durera longtemps et que les gens qui y participent,
  • 43:28 - 43:32
    au niveau politique, le font pour libérer leur nation,
  • 43:32 - 43:35
    et il faut prendre en compte que c'est une lutte politique.
  • 43:39 - 43:43
    Au total, la police arrêta 11 membres présumés de Terra Lliure.
  • 43:43 - 43:47
    10 autres personnes furent arrêtées au début de 1980
  • 43:48 - 43:52
    parmi lesquelles se trouvait Pere Bascompte de la Catalogne Nord
  • 43:52 - 43:56
    ainsi que Carles Benítez, à qui la police attribuait la direction de l'organisation
  • 43:56 - 44:00
    même après son arrestation et son incarcération.
  • 44:01 - 44:05
    Diriger l'organisation depuis la prison ? C'est un peu machiavélique, non ?
  • 44:05 - 44:12
    Personne ne peut croire qu'en étant en prison,
  • 44:12 - 44:17
    et surtout vu comme on est contrôlé dans l'État espagnol,
  • 44:17 - 44:19
    on puisse diriger une organisation.
  • 44:33 - 44:35
    "L'engin, de faible puissance..."
    "Seul le détonateur a explosé..."
  • 44:36 - 44:38
    "Peu de dégâts matériels..."
    "L'explosif est resté intact..."
  • 44:38 - 44:40
    "Les dégâts ne sont pas graves..."
  • 44:40 - 44:42
    "Mais il a explosé..."
  • 44:42 - 44:43
    "Les dégâts matériels ne sont pas très importants..."
  • 44:43 - 44:46
    "La bombe de faible puissance..."
    "Un engin de faible puissance..."
  • 44:46 - 44:48
    "Trois engins de faible puissance..."
    "La bombe de faible puissance..."
  • 44:49 - 44:52
    Nous allons faire exploser un engin explosif, à vous.
  • 44:52 - 44:56
    Après les arrestations de la fin 1988
  • 44:56 - 44:59
    la capacité opérationnelle de l'organisation chuta considérablement
  • 44:59 - 45:05
    et de 80 actions revendiquées entre 1987 et 1988
  • 45:05 - 45:09
    on passa à seulement à en 1989.
  • 45:09 - 45:11
    La police affirmait que les dernières actions
  • 45:11 - 45:14
    avaient à nouveau permis de démanteler l'organisation.
  • 45:14 - 45:16
    Mais Terra Lliure essayait de se restructurer
  • 45:17 - 45:19
    avec l'incorporation de nouveaux activistes.
  • 45:20 - 45:23
    Je suis entré en mai 1988
  • 45:24 - 45:29
    à Terra Lliure.
  • 45:30 - 45:33
    Jusqu'à présent, j'avais milité dans des mouvements indépendantistes,
  • 45:33 - 45:36
    le mouvement indépendantiste de Bages, le MDT.
  • 45:38 - 45:41
    Je suis entré en 1989-1990
  • 45:42 - 45:45
    à cause de la répression de l'État.
  • 45:45 - 45:48
    Des militants indépendantistes avaient été arrêtés
  • 45:48 - 45:52
    comme Beni, Sebastià Datzira
  • 45:52 - 45:54
    et Marcel·lí Canet.
  • 45:54 - 46:00
    À ce moment j'ai compris que je devais quitter le Mouvement
  • 46:00 - 46:03
    de Défense de la Terre et rejoindre Terra Lliure.
  • 46:05 - 46:09
    Une Terra Lliure qui, comme le reconnaissent ses militants de l'époque,
  • 46:09 - 46:11
    commençait à avoir de graves problèmes structurels.
  • 46:12 - 46:16
    Depuis 1979, la police avait arrêté près de 140 personnes
  • 46:16 - 46:19
    accusés de faire partie de l'organisation.
  • 46:19 - 46:22
    Jusqu'à présent, Terra Lliure s'était constamment reconstituée.
  • 46:22 - 46:26
    Mais à la fin des années 80, avec un entourage politique divisé et opposé,
  • 46:26 - 46:28
    la situation avait changé.
  • 46:29 - 46:31
    Il y a des gens qui entrent en étant déjà suffisamment formés,
  • 46:31 - 46:38
    qui entrent en ayant un certain âge, mais il y a des gens qui entrent très jeunes
  • 46:38 - 46:39
    et avec peu de formation politique.
  • 46:39 - 46:42
    Il y a des gens qui agissent avec plus de légèreté.
  • 46:42 - 46:45
    Et il y a même des gens qui font ça par jeu,
  • 46:45 - 46:48
    ce qui rompt avec ce que devrait être une organisation.
  • 46:49 - 46:51
    18 personnes souffrant de diverses blessures : c'est le bilan
  • 46:51 - 46:54
    des deux explosions qui se sont produites
    ce matin à Barcelone
  • 46:54 - 46:58
    devant la succursale de la Banque centrale, au numéro 393 de la rue de Sants.
  • 46:58 - 47:00
    C'est le premier attentat de Terra Lliure dans lequel
  • 47:00 - 47:03
    cette organisation utilise un deuxième engin avec des clous
  • 47:03 - 47:04
    pour qu'il explose à quelques mètres du premier
  • 47:04 - 47:06
    dans le but de blesser des gens.
  • 47:19 - 47:22
    La division du MDT fut définitive quand,
  • 47:22 - 47:26
    en 1989, la branche venant du PSAN
  • 47:26 - 47:29
    créa une nouvelle organisation : Catalunya Lliure.
  • 47:30 - 47:33
    À partir de ce moment, les formations politiques
  • 47:33 - 47:37
    s'autoproclamant le bras politique de Terra Lliure étaient deux.
  • 47:38 - 47:41
    Catalunya Lliure a raison d'exister pour les raisons que j'ai expliquées avant.
  • 47:42 - 47:44
    C'est la seule organisation politique d'envergure nationale catalane.
  • 47:44 - 47:47
    Et la seule qui est indépendantiste statutairement.
  • 47:47 - 47:50
    Au début on a essayé
  • 47:50 - 47:53
    de faire abstraction de ces divisions politiques
  • 47:53 - 47:54
    et de rester unis.
  • 47:54 - 47:58
    Même s'il y avait dans l'organisation des gens qui
  • 47:58 - 48:02
    venaient d'un secteur et des gens qui venaient de l'autre.
  • 48:02 - 48:05
    Les deux secteurs politiques finirent par diviser l'organisation
  • 48:05 - 48:08
    quand les dirigeants de Terra Lliure proches du PSAN
  • 48:08 - 48:10
    convoquèrent la quatrième assemblée
  • 48:10 - 48:14
    tandis que les dirigeants proches de l'IPC ratifiaient les accords pris
  • 48:14 - 48:16
    lors de la troisième assemblée.
  • 48:17 - 48:21
    Cet affrontement politique provoqua la rupture de l'organisation
  • 48:21 - 48:24
    qui se divisa en Terra Lliure Troisième Assemblée
  • 48:24 - 48:28
    et Terra Lliure Quatrième Assemblée.
  • 48:29 - 48:32
    À ce moment l'organisation de Terra Lliure
  • 48:32 - 48:36
    est réduite en miettes, il y a des gens qui veulent
  • 48:36 - 48:38
    avoir une influence directe,
  • 48:38 - 48:40
    et une influence directe dans la manière d'agir.
  • 48:40 - 48:43
    Ils n'y parviennent pas à travers l'organisation existante,
  • 48:43 - 48:45
    ils créent donc
  • 48:45 - 48:47
    une organisation parallèle.
  • 48:48 - 48:54
    Paradoxalement, ce fut entre 1988 et 1989, en pleine division interne,
  • 48:54 - 48:58
    que Terra Lliure essaya de renforcer médiatiquement son rôle
  • 48:58 - 49:01
    de référent de l'indépendantisme.
  • 49:01 - 49:04
    Elle le fit au moyen de différentes interviews écrite
  • 49:05 - 49:08
    et surtout par le biais d'une seule interview télévisée
  • 49:08 - 49:14
    accordée à Euskal Telebista en mai 1989.
  • 49:14 - 49:19
    Notre stratégie actuelle est de développer un mouvement politique unitaire
  • 49:20 - 49:22
    autour de notre organisation
  • 49:22 - 49:25
    qui, avec ses actions symboliques, est en train de devenir
  • 49:25 - 49:30
    la seule référence de la légitimité catalane face à l'occupation espagnole.
  • 49:30 - 49:34
    Dans le futur, au fur et à mesure que ce regroupement
  • 49:34 - 49:35
    de forces indépendantistes se fera,
  • 49:35 - 49:40
    l'action de Terra Lliure sera une action militaire de plus en plus offensive.
  • 49:40 - 49:45
    Toute cette image, la cagoule noire, le visage caché,
  • 49:45 - 49:48
    qu'est-ce que ça génère chez ceux qui le voient ?
    Chez un petit secteur,
  • 49:48 - 49:50
    idéologiquement très proche, essentiellement jeune,
  • 49:50 - 49:55
    d'un romantisme combatif, cela génère une identification, un signe de cohésion.
  • 49:55 - 49:58
    Mais ça provoque le rejet chez une grande majorité de personnes.
  • 49:58 - 50:01
    Les actions de Terra Lliure sont uniquement et exclusivement adaptées
  • 50:02 - 50:05
    à la réalité de notre peuple et leur unique fonction
  • 50:05 - 50:08
    est de faire avancer notre propre mouvement de libération nationale.
  • 50:15 - 50:19
    Malgré ces apparitions médiatiques, Terra Lliure ne pouvait occulter
  • 50:19 - 50:24
    la division interne qui devenait fortement évidente dans tout son entourage politique.
  • 50:25 - 50:27
    Depuis la branche de Terra Lliure fidèle au PSAN
  • 50:27 - 50:31
    qui naquit de la quatrième assemblée de l'organisation, on commençait
  • 50:31 - 50:34
    à parler d'échec stratégique juste au moment où une nouvelle option indépendantiste
  • 50:34 - 50:39
    commençait à prendre de la force.
  • 50:39 - 50:42
    L'ancien dirigeant de l'organisation Crida a la Solidaritat, Àngel Colom,
  • 50:42 - 50:45
    est depuis ce matin le nouveau secrétaire général
  • 50:45 - 50:46
    d'Esquerra Republicana de Catalunya.
  • 50:47 - 50:50
    L'ancien dirigeant qui veut faire de l'ERC un parti
  • 50:50 - 50:53
    clairement indépendantiste, écologiste et antimilitariste,
  • 50:53 - 50:56
    l'emporte de 34 voix.
  • 50:56 - 51:00
    Colom, qui vit aujourd'hui à Casablanca, rappelle ce moment comme
  • 51:00 - 51:04
    un des plus importants de l'histoire récente de la Catalogne.
  • 51:04 - 51:07
    Pour la direction d'ERC, il était très clair
  • 51:07 - 51:11
    à cette époque
  • 51:11 - 51:16
    qu'on allait vers un processus de rupture, démocratiquement,
  • 51:16 - 51:19
    avec l'Espagne et par conséquent vers l'indépendance.
  • 51:19 - 51:23
    Nous sommes dans les années 90-91
  • 51:23 - 51:27
    et plusieurs pays européens deviennent indépendants.
  • 51:27 - 51:33
    La rupture avec le Royaume d'Espagne, nous ne voulons rien savoir des Espagnols.
  • 51:34 - 51:38
    Ce virage indépendantiste d'ERC accéléra les débats internes
  • 51:39 - 51:43
    de Terra Lliure Quatrième Assemblée, celle qui était fidèle à Catalunya Lliure.
  • 51:43 - 51:49
    À cette époque le débat tournait autour de
  • 51:50 - 51:55
    l'obsolescence d'une voie armée dans le mouvement indépendantiste,
  • 51:55 - 51:59
    à son manque de sens, et à
  • 52:00 - 52:05
    la réalité irréfutable de processus de libération nationale
  • 52:05 - 52:10
    en Europe, qui avançaient et réussissaient même dans certains cas,
  • 52:11 - 52:14
    démocratiquement et pacifiquement, et à partir du débat politique.
  • 52:22 - 52:27
    Nous savions que c'était dans cette direction qu'il fallait aller,
  • 52:27 - 52:31
    qu'il y aurait des gens qui rejoindraient ERC, qu'il y avait des gens qui en avaient assez
  • 52:31 - 52:33
    et qui quitteraient l'organisation.
  • 52:33 - 52:38
    Et ce fut justement ce qui se passa en 1991 quand la Quatrième Assemblée
  • 52:38 - 52:42
    de Terra Lliure ouvrit les contacts avec Esquerra Republicana.
  • 52:42 - 52:46
    Jaume Renyer est venu et m'a dit :
    "Écoute, je sais
  • 52:46 - 52:53
    que Terra Lliure réfléchit sérieusement,
  • 52:54 - 52:55
    que c'est sérieux,
  • 52:55 - 52:59
    et qu'ils se posent la question de passer à l'action politique
  • 52:59 - 53:02
    et par conséquent d'abandonner la lutte armée
  • 53:02 - 53:05
    qu'ils ont menée jusqu'à présent.
    Est-ce que tu veux que nous leur parlions ?"
  • 53:05 - 53:09
    J'ai répondu : "Oui, parlons-leur."
    Nous avons passé la frontière
  • 53:09 - 53:14
    et nous avons discuté avec les personnes qui nous ont été présentées
  • 53:14 - 53:19
    comme des responsables de Terra Lliure.
  • 53:19 - 53:22
    C'est une première réunion de prise de contact.
  • 53:23 - 53:26
    Une première réunion où ils veulent avoir la garantie
  • 53:26 - 53:30
    qu'ERC a définitivement et sérieusement opté
  • 53:30 - 53:33
    pour un processus dirigé vers l'obtention de la souveraineté
  • 53:33 - 53:36
    et de l'indépendance du pays. Ils demandent à Esquerra Republicana
  • 53:37 - 53:44
    d'être le pont vers Madrid pour ouvrir le dialogue politique et juridique
  • 53:44 - 53:46
    afin de résoudre la situation.
  • 53:46 - 53:50
    Chercher une solution spécifique, ensemble,
  • 53:51 - 53:53
    une issue légale spécifique.
  • 53:53 - 53:57
    Et une issue, une situation globale, pour fermer
  • 53:57 - 54:00
    le dossier, mettre fin aux procédures.
  • 54:03 - 54:06
    Ce n'était pas un processus de négociation,
    parce qu'il n'y avait rien à négocier.
  • 54:06 - 54:10
    Il s'agissait d'une décision unilatérale de dissolution, qui comprenait
  • 54:10 - 54:13
    la fin d'une étape politique de la Catalogne et qui demandait la grâce
  • 54:14 - 54:17
    pour tous ceux qui étaient encore
  • 54:17 - 54:19
    en prison ou en exil.
  • 54:19 - 54:21
    Le questionneur devait être l'État
  • 54:21 - 54:22
    et le représentant de l'État en Catalogne
  • 54:22 - 54:24
    était le délégué du gouvernement, Martí i Jusmet.
  • 54:24 - 54:28
    Il n'y a pas eu une table formelle de négociations, avec des contreparties,
  • 54:28 - 54:30
    ni des documents ni quoi que ce soit. Il y a eu des contacts successifs
  • 54:30 - 54:34
    et des approches successives du cadre auquel nous voulions arriver.
  • 54:35 - 54:39
    Les premières discussions furent menées par Pere Bascompte.
  • 54:39 - 54:43
    Bascompte était un des dirigeants historiques de Terra Lliure
  • 54:43 - 54:46
    même si à cette époque il représentait seulement la branche de l'organisation
  • 54:46 - 54:50
    née de la Quatrième Assemblée, celle qui était la plus proche du PSAN.
  • 54:51 - 54:55
    L'autre branche de Terra Lliure, celle qui était fidèle à la Troisième Assemblée et proche
  • 54:55 - 54:59
    du MDT et à l'IPC, refusa le processes de dissolution.
  • 54:59 - 55:03
    Nous avons insisté sur le témoignage, parce que
  • 55:04 - 55:07
    nous voyions que l'opération de Colom
  • 55:07 - 55:10
    était très obscure et qu'en plus
  • 55:10 - 55:13
    son objectif était de dynamiter la gauche indépendantiste.
  • 55:13 - 55:15
    La vérité c'est que d'une certaine façon elle y est parvenue.
  • 55:16 - 55:21
    Il y a eu des secousses, il y a même eu des gens, surtout ceux de la Catalogne Nord,
  • 55:21 - 55:27
    qui ont décidé de rejoindre Esquerra ou de préciser
  • 55:27 - 55:32
    que Terra Lliure était terminée, tandis que nous, nous étions encore dans une situation
  • 55:32 - 55:35
    de militantisme actif dans l'organisation.
  • 55:35 - 55:38
    Pere Bascompte, Josep Aixalà et les militants indépendantistes
  • 55:39 - 55:41
    Jaume Renyer, Xavier Vendrell, Jordi Vera et David Ricart
  • 55:41 - 55:45
    ont annoncé leur intention de demander leur entrée à l'ERC.
  • 55:45 - 55:49
    L'organisation armée se positionne pour l'option démocratique
  • 55:49 - 55:51
    pour l'indépendance.
  • 55:51 - 55:53
    Ce processus de Terra Lliure
  • 55:53 - 55:57
    s'est fait uniquement et strictement dans un intérêt politique :
  • 55:57 - 56:00
    obtenir une République catalane indépendante en Europe
  • 56:00 - 56:02
    et que la génération actuelle puisse la voir.
  • 56:03 - 56:05
    Je crois qu'il y a un sentiment aigre-doux,
  • 56:05 - 56:06
    tu as laissé des camarades en route.
  • 56:06 - 56:09
    Mais en même temps, il y a a la satisfaction d'être convaincu d'aider,
  • 56:09 - 56:12
    d'apporter ton grain de sable à un processus historique,
  • 56:12 - 56:14
    très important.
  • 56:15 - 56:17
    Au total, une centaine de militants indépendantistes
  • 56:17 - 56:19
    de Terra Lliure et de Catalunya Lliure
  • 56:19 - 56:23
    annoncèrent publiquement qu'ils rejoignaient Esquerra Republicana.
  • 56:24 - 56:27
    La moitié de Terra Lliure entrait dans la légalité.
  • 56:27 - 56:31
    L'autre moitié, en revanche, restait active.
  • 56:38 - 56:42
    Deux mois après la conférence de presse de Perpignan, durant la Diada
  • 56:42 - 56:44
    du 11 septembre, la branche active de Terra Lliure
  • 56:45 - 56:46
    lut le communiqué suivant :
  • 56:47 - 56:51
    Terra Lliure ne baissera pas la garde tant que des patriotes catalans
  • 56:51 - 56:52
    resteront en prison.
  • 56:52 - 56:55
    Il y avait d'autres gens dans l'organisation,
  • 56:56 - 56:58
    et je dirais que la majorité de ceux que je connaissais
  • 56:58 - 57:01
    n'étaient pas pour l’auto-dissolution.
  • 57:01 - 57:05
    Au contraire, ils voulaient continuer pour au moins laisser
  • 57:05 - 57:06
    un nouveau témoignage.
  • 57:06 - 57:09
    La branche de Terra Lliure fidèle à la Troisième Assemblée
  • 57:09 - 57:13
    repris ses activités avec six actions à la fin 1991
  • 57:13 - 57:16
    et six autres début 1992.
  • 57:17 - 57:21
    Un engin explosif fut placé dans une agence pour l'emploi
  • 57:21 - 57:23
    du quartier de Horta à Barcelone.
  • 57:23 - 57:25
    15 personnes ont été blessées.
  • 57:25 - 57:30
    Des employés et des gens au chômage
  • 57:30 - 57:34
    qui étaient là, comme moi, ça a été très dur.
  • 57:34 - 57:36
    J'avais l'impression que ma tête allait éclater.
  • 57:36 - 57:40
    Et j'ai eu l'impression que quelque chose me propulsait en l'air
  • 57:40 - 57:41
    et me jetait par terre.
  • 57:42 - 57:47
    Cette action de Terra Lliure eut lieu le 25 mai 1992,
  • 57:47 - 57:50
    quelques jours après le début des Jeux Olympiques de Barcelone.
  • 57:51 - 57:54
    Et l'un des objectifs principaux du gouvernement espagnol
  • 57:54 - 57:57
    était d'éviter que Terra Lliure n'agisse pendant les Jeux.
  • 58:01 - 58:02
    À Banyoles, une centaine d'indépendantistes
  • 58:02 - 58:05
    se sont rassemblés devant la caserne de la garde civile.
  • 58:05 - 58:08
    Ils ont lancé des œufs et des pierres, ce à quoi la garde civile
  • 58:08 - 58:09
    a répondu par différentes charges.
  • 58:09 - 58:11
    D'après les curieux qui ont observé la scène,
  • 58:12 - 58:15
    les policiers ont agi avec une violence excessive.
  • 58:21 - 58:25
    La tension autour des préparatifs olympiques atteignit un tel point
  • 58:25 - 58:29
    que la flamme olympique fut escortée par des chars de la garde civile
  • 58:29 - 58:33
    à Banyoles, Vic et Montserrat.
  • 58:40 - 58:44
    Le roi a été sifflé.
  • 59:00 - 59:05
    Il y a eu diverses mobilisations très importantes dans les Països Catalans.
  • 59:05 - 59:11
    Et je crois que ça a été l'excuse pour faire éclater tout le mouvement,
  • 59:11 - 59:13
    pas uniquement Terra Lliure,
  • 59:13 - 59:15
    mais aussi le MDT
  • 59:15 - 59:19
    et tout ce qui sentait l'indépendantisme, disons.
  • 59:22 - 59:27
    En pleine tension pré-olympique, le 29 juin 1992,
  • 59:27 - 59:31
    Terra Lliure posa deux bombes à Girona et une à Barcelone.
  • 59:32 - 59:36
    Quelques heures plus tard, la garde civile lançait une opération
  • 59:36 - 59:39
    qui durerait 15 jours et qui se terminerait par l'arrestation de plus de
  • 59:39 - 59:44
    50 indépendantistes, accusés d'appartenance à Terra Lliure.
  • 59:45 - 59:48
    C'était la plus importante opération de police
  • 59:48 - 59:50
    réalisée dans l'État espagnol à l'époque.
  • 59:50 - 59:54
    Une opération ordonnée et dirigée par le juge de l'Audience nationale,
  • 59:54 - 59:57
    Baltasar Garzón, à qui elle doit son nom.
  • 60:22 - 60:26
    Le juge Garzón a ouvert une instruction
  • 60:27 - 60:29
    contre des personnes qui étaient actives,
  • 60:29 - 60:31
    contre des personnes qui avaient quitté l'organisation depuis des années,
  • 60:31 - 60:36
    contre des personnes qui avaient quelque chose à voir, qui connaissaient de près ou de loin
  • 60:36 - 60:39
    un activiste de Terra Lliure.
  • 60:39 - 60:43
    En plus des activistes de Terra Lliure,
    l'"Opération Garzón" toucha
  • 60:43 - 60:49
    des militants du MDT, d'ERC, des journalistes du journal "El Punt"
  • 60:49 - 60:51
    et de la revue "El Temps", dans une dynamique
  • 60:51 - 60:54
    qui provoqua une vague de protestations au-delà
  • 60:54 - 60:57
    du milieu strictement indépendantiste.
  • 61:00 - 61:02
    Cette situation ne nous a pas plus.
  • 61:02 - 61:07
    Je me rappelle une réunion à laquelle participait le maire de Barcelone,
  • 61:07 - 61:12
    il y avait Martí i Jusmet, je ne me rappelle pas tout le monde, mais j'y étais moi aussi.
  • 61:12 - 61:14
    Il y avait des gens du gouvernement de Madrid.
  • 61:15 - 61:19
    "Comme est-ce que nous faisons pour que ça ne s'envenime pas ?"
  • 61:20 - 61:23
    De mon point de vue, à cette époque, je pensais que c'était un élément
  • 61:23 - 61:26
    qui pouvait dénaturer la fin.
  • 61:27 - 61:31
    Dénaturer la fin et nous valoir quelques conflits.
  • 61:32 - 61:36
    Le fait est que les arrestations de l'été 1992
  • 61:36 - 61:40
    mirent fin aux discussions entre l'État et les militants de Terra Lliure
  • 61:40 - 61:44
    qui avaient abandonné les armes en juillet 1994.
  • 62:01 - 62:03
    Je crois qu'on ne pourra comprendre cela
  • 62:03 - 62:07
    que le jour où on arrivera à connaître la psychologie de Garzón.
  • 62:08 - 62:11
    On ne comprend pas les raisons de cet excès.
  • 62:11 - 62:14
    Il y a eu une répression et une série d'arrestations
  • 62:14 - 62:17
    absolument démesurées.
  • 62:20 - 62:23
    L'opération rendit le climat politique encore plus compliqué en Catalogne
  • 62:23 - 62:26
    quand, les uns après les autres, la plupart des détenus auxquels
  • 62:26 - 62:29
    avait été appliquée la loi antiterroriste commencèrent à dénoncer
  • 62:30 - 62:33
    avoir été torturés dans les locaux de la garde civile.
  • 62:34 - 62:36
    Ils donnaient des coups de poing et de pied dans le ventre,
  • 62:36 - 62:39
    ils m'ont sauté dessus,
  • 62:40 - 62:44
    ils m'ont écrasé les doigts et le plus grave et le plus sérieux
  • 62:44 - 62:46
    c'est qu'ils m'ont mis un sac plastique sur la tête
  • 62:47 - 62:52
    pour que j'avoue toutes sortes de délits.
    C'était horrible.
  • 62:57 - 63:01
    Ils te mettent une sorte de plastique sur les yeux,
  • 63:01 - 63:02
    et aussi un sac plastique sur la tête,
  • 63:03 - 63:05
    et ils t'emmènent dans d'autres locaux
  • 63:05 - 63:08
    où il y a 6 ou 7 fonctionnaires ou membres de la garde civile,
  • 63:08 - 63:09
    je ne saurais pas dire,
  • 63:09 - 63:12
    qui te frappent et serrent le sac pour que tu manques d'air,
  • 63:13 - 63:14
    que tu ne puisses plus respirer,
  • 63:14 - 63:17
    pour te faire dire ce qu'ils veulent que tu dises.
  • 63:17 - 63:22
    Cette année-là, nous avons eu contre nous les meilleures équipes
  • 63:22 - 63:25
    antiterroristes de la garde civile.
  • 63:25 - 63:29
    En plus, pendant qu'ils nous torturaient et qu'ils nous maltraitaient,
  • 63:29 - 63:33
    ils nous racontaient leur participation à
  • 63:33 - 63:37
    des arrestations et des fusillades en Euskadi.
  • 63:47 - 63:54
    J'ai assisté aux déclarations de différents accusés devant le juge Garzón.
  • 63:54 - 64:00
    Ils n'ont pas besoin de me dire quoi que ce soit. J'ai vu leurs visages, leurs yeux et leur allure.
  • 64:00 - 64:04
    Ces gens avaient subi des mauvais traitements, c'était évident.
  • 64:28 - 64:32
    Malgré tout, les plaignants recueillirent toutes les preuves médicales
  • 64:32 - 64:35
    et plusieurs procédures furent ouvertes contre l'État.
  • 64:35 - 64:40
    Et après plusieurs non-lieux en première instance, le 3 novembre 2004,
  • 64:40 - 64:42
    douze ans après les arrestations,
  • 64:42 - 64:44
    la Cour européenne des Droits de l'Homme
  • 64:44 - 64:48
    condamna l'État espagnol pour ne pas avoir enquêté sur les tortures
  • 64:48 - 64:50
    dénoncées en 1992.
  • 64:51 - 64:55
    Le verdict, insolite dans l'histoire européenne récente, fut prononcé
  • 64:55 - 64:58
    à l'unanimité par le tribunal de Strasbourg.
  • 64:58 - 65:01
    C'est très important. C'était le premier verdict,
    la première fois
  • 65:02 - 65:07
    qu'on mettait en cause le fonctionnement
  • 65:07 - 65:09
    de l'Audience nationale elle-même.
  • 65:58 - 66:04
    Trois ans après les arrestations de 1992,
    le 3 avril 1995,
  • 66:04 - 66:07
    le procès commençait à l'Audience nationale.
  • 66:07 - 66:12
    Sur les 50 personnes arrêtées initialement, seules 25 restaient poursuivies
  • 66:12 - 66:15
    pour appartenance ou collaboration à Terra Lliure.
  • 66:21 - 66:27
    Finalement, le procès de 1995 se conclut par un verdit paradoxal.
  • 66:27 - 66:31
    D'un côté il condamnait 18 des 25 accusés à un total
  • 66:31 - 66:33
    de 119 de prison.
  • 66:33 - 66:36
    Et, de l'autre, il demandait au gouvernement espagnol une grâce générale
  • 66:36 - 66:39
    pour tous les condamnés.
  • 67:07 - 67:11
    Quelques mois plus tard, le 11 septembre 1995,
  • 67:11 - 67:16
    la branche de Terra Lliure qui avait refusé l'auto-dissolution de 1991
  • 67:16 - 67:19
    annonçait finalement la dissolution définitive.
  • 67:19 - 67:22
    L'organisation armée affirmait littéralement
  • 67:22 - 67:26
    que les raisons de cette dissolution étaient l'épuisement de la propagande armée
  • 67:26 - 67:29
    et des moyens humains.
  • 67:30 - 67:37
    Je crois que la décision de Terra Lliure d'abandonner la lutte armée
  • 67:37 - 67:43
    est due au fait que la répression a créé un état de peur
  • 67:45 - 67:49
    dans tout le mouvement. Il n'y a plus eu d'actions.
  • 67:50 - 67:55
    Ce qui a fait envisager à nouveau que c'était peut-être le moment d'arrêter
  • 67:55 - 68:03
    et de continuer la lutte indépendantiste par des moyens exclusivement politiques et pacifiques.
  • 68:04 - 68:08
    Un an et demi plus tard, le 8 mars 1996,
  • 68:08 - 68:10
    le gouvernement espagnol appliquait la grâce demandée par le tribunal
  • 68:10 - 68:14
    lors du procès de 1995.
  • 68:31 - 68:33
    Avec cette grâce, l'État considérait que c'était la fin
  • 68:33 - 68:36
    des 16 années d'indépendantisme armé
  • 68:36 - 68:39
    qui avaient commencé en 1979.
  • 68:39 - 68:44
    C'était le point final de Terra Lliure.
Title:
Terra LLiure, punt final
Description:

Documentaire sur l'histoire du groupe armé catalan Terra Lliure.

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Video Language:
Catalan
Duration:
01:10:02

French subtitles

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