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La conquête de nouveaux mots | John Koenig | TEDxBerkeley

  • 0:07 - 0:08
    John Koenig
  • 0:08 - 0:11
    Créateur du
    Dictionnaires des peines obscures
  • 0:11 - 0:12
    La conquête de nouveaux mots
  • 0:20 - 0:22
    Merci d'être restés
  • 0:22 - 0:25
    et d'avoir un grand X rouge
    incrusté dans vos yeux
  • 0:25 - 0:27
    pour les trois prochains jours.
  • 0:27 - 0:27
    (Rires)
  • 0:27 - 0:31
    Aujourd'hui, je veux parler
    du sens des mots,
  • 0:31 - 0:33
    comment nous les définissons
  • 0:33 - 0:35
    et comment ils, presque pour se venger,
  • 0:35 - 0:36
    nous définissent.
  • 0:38 - 0:41
    La langue anglaise
    est une superbe éponge.
  • 0:41 - 0:43
    J'adore la langue anglaise.
    Je suis heureux de la parler.
  • 0:43 - 0:47
    Je pense que nous avons tous
    la chance de la parler.
  • 0:48 - 0:50
    Mais malgré tout cela, il y a des trous.
  • 0:51 - 0:53
    En grec, il y a un mot « lachesism »,
  • 0:53 - 0:57
    qui est la soif de désastre.
  • 0:57 - 1:01
    Quand vous voyez un orage à l'horizon
  • 1:01 - 1:03
    et que vous prenez le parti de l'orage.
  • 1:05 - 1:07
    En mandarin, il y a un mot « yù yī » --
  • 1:07 - 1:09
    je ne le prononce pas correctement --
  • 1:09 - 1:12
    qui signifie l'aspiration à ressentir
    quelque chose d'intense à nouveau,
  • 1:12 - 1:14
    comme lorsque vous étiez enfant.
  • 1:16 - 1:19
    En polonais, ils ont le mot « jouska »
  • 1:19 - 1:23
    qui est le genre
    de conversation hypothétique
  • 1:23 - 1:25
    que vous jouez dans votre tête.
  • 1:27 - 1:30
    Pour finir, en allemand,
    bien sûr en allemand,
  • 1:30 - 1:33
    ils ont le mot « Zielschmerz »
  • 1:33 - 1:36
    qui est la peur d'obtenir
    ce que vous voulez.
  • 1:36 - 1:41
    (Rires)
  • 1:41 - 1:43
    Finir par accomplir un rêve de toujours.
  • 1:44 - 1:48
    Je suis moi-même allemand,
    je sais exactement ce que l'on ressent.
  • 1:48 - 1:50
    Je ne suis pas sûr
    que j'utiliserais un de ces mots
  • 1:50 - 1:52
    durant ma journée,
  • 1:52 - 1:54
    mais je suis heureux qu'ils existent.
  • 1:54 - 1:58
    La seule raison pour laquelle ils existent
    est car je les ai inventés.
  • 1:58 - 2:02
    Je suis l'auteur du
    « Dictionnaire des Peines Obscures »
  • 2:02 - 2:04
    que j'écris depuis 7 ans.
  • 2:07 - 2:09
    La mission du projet
  • 2:09 - 2:14
    est de trouver des trous
    dans le langage des émotions
  • 2:14 - 2:15
    et d'essayer de les combler
  • 2:15 - 2:19
    afin d'avoir une façon de parler
    de toutes ces peccadilles humaines
  • 2:19 - 2:21
    et de ces excentricités
    de la condition humaine
  • 2:21 - 2:25
    que nous ressentons tous
    mais dont nous ne pensons pas à parler
  • 2:25 - 2:28
    car nous n'avons pas
    de mots pour le faire.
  • 2:29 - 2:33
    Cela a commencé en regardant le générique
    de fin de « Saturday Night Live »
  • 2:33 - 2:37
    et j'étais confronté à la mélancolie
    la plus belle et la plus obsédante.
  • 2:37 - 2:39
    Si vous avez l'opportunité
    de veiller tard un soir,
  • 2:40 - 2:43
    je vous inciterais à regarder
    ce générique de fin.
  • 2:44 - 2:49
    J'ai donc essayé
    de définir cette émotion.
  • 2:49 - 2:52
    Au milieu de ce projet,
  • 2:52 - 2:53
    j'ai défini le mot « perveille »,
  • 2:53 - 2:57
    l'idée que nous nous voyons tous
    comme le personnage principal
  • 2:57 - 2:59
    et les autres comme
    des personnages secondaires.
  • 2:59 - 3:02
    En réalité, nous sommes tous
    le personnage principal
  • 3:02 - 3:05
    et vous êtes secondaire
    dans l'histoire de quelqu'un d'autre.
  • 3:06 - 3:09
    Dès que j'ai publié cela,
  • 3:09 - 3:11
    j'ai reçu beaucoup de réponses disant :
  • 3:11 - 3:16
    « Merci d'avoir formulé
    une chose que j'ai toujours ressentie
  • 3:16 - 3:19
    mais pour laquelle
    il n'y avait pas de mot. »
  • 3:19 - 3:21
    Je les ai fait se sentir moins seuls.
  • 3:21 - 3:23
    C'est le pouvoir des mots,
  • 3:24 - 3:27
    nous faire nous sentir moins seuls.
  • 3:28 - 3:29
    C'était peu de temps après cela
  • 3:29 - 3:31
    que j'ai remarqué que « perveille »
  • 3:31 - 3:35
    était utilisé sérieusement
    dans des conversations en ligne
  • 3:35 - 3:38
    et, peu après l'avoir remarqué,
  • 3:38 - 3:42
    je l'ai entendu dans une conversation
    juste à côté de moi.
  • 3:42 - 3:44
    Rien n'est plus étrange
    que d'inventer un mot
  • 3:44 - 3:49
    puis de le voir prendre vie.
  • 3:49 - 3:51
    Je n'ai pas encore de mot
    pour cela, mais ça viendra.
  • 3:51 - 3:52
    (Rires)
  • 3:52 - 3:53
    J'y travaille.
  • 3:54 - 3:57
    J'ai commencé à réfléchir
    à ce qui rend les mots réels,
  • 3:58 - 4:00
    car nombre de gens me demandent,
  • 4:00 - 4:02
    c'est la question la plus fréquente :
  • 4:02 - 4:05
    « Ces mots sont-ils inventés ?
    Je ne comprends pas. »
  • 4:05 - 4:07
    Je ne sais pas quoi leur dire
  • 4:07 - 4:09
    car une fois que perveille est parti,
  • 4:09 - 4:12
    qui suis-je pour dire
    quels mots sont réels ou non ?
  • 4:13 - 4:17
    J'avais l'impression d'être Steve Jobs
    décrivant son épiphanie
  • 4:17 - 4:20
    en réalisant que la plupart d'entre nous,
    durant la journée,
  • 4:20 - 4:23
    essayons simplement d'éviter
    de se prendre trop de murs
  • 4:23 - 4:27
    et de faire avancer les choses.
  • 4:27 - 4:29
    Quand vous réalisez que les gens --
  • 4:31 - 4:35
    que ce monde a été bâti par des gens
    pas plus intelligents que vous,
  • 4:35 - 4:37
    vous pouvez tendre la main,
    toucher ces murs
  • 4:37 - 4:39
    voire même les traverser
  • 4:39 - 4:41
    et réaliser que vous avez
    le pouvoir de les changer.
  • 4:43 - 4:44
    C'est phénoménal.
  • 4:46 - 4:51
    Cela a changé ma vision des mots
  • 4:51 - 4:53
    et de ce qui les rend réels.
  • 4:53 - 4:56
    Quand les gens me demandent :
    « Ces mots sont-ils réels ? »,
  • 4:56 - 4:59
    j'ai essayé un éventail de réponses.
  • 4:59 - 5:01
    Certaines sont sensées, d'autres non.
  • 5:01 - 5:02
    J'ai essayé :
  • 5:02 - 5:06
    « Un mot est réel
    si vous voulez qu'il le soit. »
  • 5:06 - 5:10
    Tout comme ce chemin est réel
    car les gens voulaient qu'il le soit.
  • 5:10 - 5:12
    (Rires)
  • 5:12 - 5:14
    Cela se produit
    sur les campus universitaires :
  • 5:14 - 5:15
    un « chemin désiré ».
  • 5:15 - 5:17
    (Rires)
  • 5:17 - 5:20
    Les langues sont une reflet du désir,
  • 5:20 - 5:22
    une chose qu'elles veulent présente.
  • 5:22 - 5:24
    C'est en dehors des sentiers battus,
  • 5:24 - 5:26
    mais nous finirons par y parvenir.
  • 5:26 - 5:28
    Ce n'est pas
    une réponse satisfaisante,
  • 5:28 - 5:31
    je l'ai donc laissé tomber.
  • 5:32 - 5:34
    Puis j'ai décidé
    que ce que les gens demandaient
  • 5:34 - 5:37
    en questionnant si un mot était réel,
    ils demandaient vraiment :
  • 5:37 - 5:42
    « A combien de cerveaux
    cela me donnera-t-il accès ? »
  • 5:43 - 5:45
    C'est important
    dans notre vision d'un langage.
  • 5:45 - 5:48
    Un mot,
    c'est principalement une clé
  • 5:48 - 5:51
    qui nous fait entrer
    dans la tête de certaines personnes.
  • 5:51 - 5:54
    S'il nous fait entrer dans un cerveau,
  • 5:54 - 5:56
    il n'en vaut pas la peine,
  • 5:56 - 5:57
    il ne mérite pas d'être su ;
  • 5:57 - 5:59
    deux cerveaux, eh bien,
    tout dépend de qui ;
  • 5:59 - 6:02
    un million de cerveaux,
    là, c'est intéressant.
  • 6:02 - 6:09
    Un mot réel vous donne accès
    à autant de cerveaux que possible.
  • 6:09 - 6:12
    Pour cela, il mérite d'être connu.
  • 6:12 - 6:16
    D'ailleurs, en utilisant cette mesure,
    le mot le plus réel de tous :
  • 6:16 - 6:18
    [OK]
  • 6:18 - 6:19
    Le voilà.
  • 6:19 - 6:21
    Le mot le plus réel.
  • 6:21 - 6:23
    C'est la chose la plus proche
    d'un passe-partout.
  • 6:23 - 6:26
    C'est le mot le plus communément
    compris dans le monde,
  • 6:26 - 6:27
    peu importe où vous êtes.
  • 6:27 - 6:31
    Personne ne semble
    savoir ce que signifient ces lettres.
  • 6:31 - 6:33
    (Rires)
  • 6:33 - 6:35
    Ce qui est plutôt bizarre, n'est-ce pas ?
  • 6:35 - 6:39
    Ça peut-être « all correct »,
    ou « tout est correct », mal orthographié.
  • 6:39 - 6:40
    Ou bien « Old Kinderhook ».
  • 6:40 - 6:44
    Personne ne semble savoir
    mais le fait que cela importe peu
  • 6:44 - 6:47
    est significatif de notre façon
    d'ajouter du sens aux mots.
  • 6:47 - 6:50
    Le sens n'est pas dans les mots eux-mêmes.
  • 6:51 - 6:54
    C'est nous qui y mettons du sens.
  • 6:55 - 6:58
    Je pense que, quand nous cherchons
    du sens dans nos vies
  • 6:59 - 7:01
    et cherchons le sens de la vie,
  • 7:01 - 7:04
    je pense que les mots sont liés à cela.
  • 7:05 - 7:08
    Je pense que si nous cherchons
    le sens de quelque chose,
  • 7:08 - 7:10
    le dictionnaire est
    un bon point de départ.
  • 7:13 - 7:18
    j'ai vu une interview avec Reza Aslan,
    spécialiste de la religion.
  • 7:18 - 7:21
    Il décrivait une confusion
  • 7:21 - 7:23
    que beaucoup font sur la religion.
  • 7:24 - 7:26
    Il disait qu'une religion
  • 7:27 - 7:31
    est un ensemble
    de symboles et de métaphores
  • 7:31 - 7:33
    dans lesquels les gens s'investissent
  • 7:33 - 7:36
    pour essayer d'exprimer l'inexprimable.
  • 7:36 - 7:39
    La religion n'est qu'un langage.
  • 7:39 - 7:40
    C'est tout ce que c'est.
  • 7:40 - 7:43
    C'est un contenant pour tout sens
    que nous y mettons.
  • 7:44 - 7:46
    Cela m'a fait penser...
  • 7:47 - 7:49
    et si le langage
    était un genre de religion ?
  • 7:51 - 7:54
    Ça signifierait que ceci
    est notre livre sacré.
  • 7:56 - 7:58
    Si vous pensez
    à l'histoire de la création,
  • 7:58 - 8:01
    c'est plus une histoire de définition.
  • 8:02 - 8:06
    Au début, il y avait du chaos
    au dessus des eaux de la Terre
  • 8:06 - 8:08
    puis Dieu a séparé la terre de la mer,
  • 8:08 - 8:11
    les poissons des oiseaux,
    l'homme de la femme,
  • 8:11 - 8:13
    l'éternel de l'éphémère.
  • 8:13 - 8:15
    Tout est dans ces pages.
  • 8:15 - 8:17
    C'est une définition.
  • 8:17 - 8:21
    Si nous cherchons du sens dans le monde,
  • 8:22 - 8:24
    c'est notre foi, c'est notre livre sacré.
  • 8:25 - 8:27
    En réalité,
  • 8:27 - 8:29
    l'objectif de ce livre sacré
  • 8:29 - 8:31
    et, à mon avis, de tout livre sacré,
  • 8:31 - 8:34
    est d'apporter une forme d'ordre
  • 8:34 - 8:36
    dans un univers très chaotique.
  • 8:37 - 8:39
    Notre vision des choses est si limitée
  • 8:39 - 8:45
    et l'univers est si complexe
  • 8:45 - 8:48
    que nous devons inventer
    des motifs et des abréviations,
  • 8:48 - 8:50
    nous essayons de trouver
    comment les interpréter
  • 8:50 - 8:52
    afin de continuer notre journée.
  • 8:55 - 8:57
    C'est pourquoi nous avons besoin des mots,
  • 8:57 - 8:59
    pour donner du sens à notre vie.
  • 8:59 - 9:00
    Mais au-delà de ça,
  • 9:00 - 9:04
    nous avons besoin des mots
    pour nous contenir et nous définir.
  • 9:04 - 9:07
    Ça représente une grande part
    dans notre utilisation des mots,
  • 9:07 - 9:13
    nous implorons tous d'être définis.
  • 9:13 - 9:16
    Aujourd'hui en particulier,
    avec la technologie et la mondialisation,
  • 9:16 - 9:18
    on peut se perdre dans le brouillard.
  • 9:18 - 9:21
    Chacun d'entre nous est indéfini
  • 9:21 - 9:23
    et le monde devient
    de plus en plus indéfini.
  • 9:24 - 9:28
    Nombre des structures
    vers lesquelles nous nous tournons
  • 9:28 - 9:30
    pour essayer de nous contenir
  • 9:30 - 9:31
    ressemblent à ceci.
  • 9:34 - 9:36
    Dans les deux sens :
    « dièse » et « hashtag ».
  • 9:36 - 9:38
    (Rires)
  • 9:38 - 9:40
    Ça cherche à nous mettre en boîte,
  • 9:40 - 9:45
    à chercher certaines entrées,
    certaines catégories
  • 9:45 - 9:47
    et dire : « Oui, c'est moi. »
  • 9:47 - 9:49
    Nous regardons les autres
  • 9:49 - 9:51
    et disons : « Tu es comme moi...
  • 9:51 - 9:54
    Nous sommes donc un "nous". »
  • 9:55 - 9:57
    Cela nous donne du sens.
  • 9:57 - 9:59
    C'est une façon d'emprunter du sens.
  • 9:59 - 10:05
    Le problème est que cela
    dépend beaucoup des institutions,
  • 10:06 - 10:08
    nous sommes si nombreux,
  • 10:08 - 10:11
    la vie est si compliquée et chaotique
  • 10:11 - 10:14
    que nous devons nous cloisonner.
  • 10:14 - 10:17
    Nous devenons fondamentalistes
    dans notre foi.
  • 10:17 - 10:18
    Littéralistes.
  • 10:19 - 10:22
    Nous sentons tous ces catégories
    qui commencent à s'effondrer.
  • 10:22 - 10:25
    Avez-vous remarqué
    combien de conversations
  • 10:25 - 10:28
    sont sur la définition des mots ?
  • 10:28 - 10:32
    J'ignore combien de fois
    j'ai vu une discussion du Huffington Post
  • 10:32 - 10:34
    commençant par :
    « Êtes-vous féministe ? »,
  • 10:35 - 10:37
    « Que signifie féministe ? »,
  • 10:37 - 10:40
    « Qui, durant ce débat,
    est réellement progressiste? »,
  • 10:40 - 10:43
    « Que signifie socialiste ? »,
    « Qui est fasciste ? »,
  • 10:45 - 10:46
    « Qui est une femme ? »,
  • 10:47 - 10:48
    Caitlyn Jenner.
  • 10:48 - 10:50
    « Qui est noir ? » Rachel Dolezal.
  • 10:51 - 10:54
    C'est le genre de conversations
    que nous avons tout le temps
  • 10:54 - 10:56
    mais il ne s'agit pas vraiment de sens.
  • 10:56 - 10:58
    Il s'agit de notre façon
    de conditionner le monde.
  • 10:59 - 11:01
    Je pense que le résultat final
  • 11:01 - 11:05
    est que nous avons
    quelque chose comme cela,
  • 11:05 - 11:07
    où nous autorisons
    les mots à nous définir.
  • 11:08 - 11:11
    Nous oublions que
    tous les mots sont inventés.
  • 11:11 - 11:15
    Ce ne sont que des modèles de la façon
    dont le monde pourrait ou devrait être.
  • 11:15 - 11:19
    Nous nous retirons tous
    dans nos communautés d'inquiétude,
  • 11:19 - 11:21
    parlant notre propre langage
  • 11:22 - 11:26
    alors que le monde, c'est plus que cela.
  • 11:27 - 11:29
    Je pense que nous avons tous l'impression
  • 11:29 - 11:33
    que les catégories utilisées
    pour donner du sens à notre vie
  • 11:33 - 11:36
    ne nous vont pas forcément si bien.
  • 11:37 - 11:40
    Nous devons alors expliquer aux gens
  • 11:40 - 11:42
    que : « Oui, je me suis inscrit pour ça,
  • 11:42 - 11:44
    mais cela ne me définit pas. »
  • 11:45 - 11:47
    Nous devons le faire à répétition,
  • 11:47 - 11:52
    négocier notre adaptation
    dans ces catégories.
  • 11:54 - 11:57
    Je pense que beaucoup
    se sentent mis en boîte
  • 11:57 - 11:59
    par l'utilisation de ces mots.
  • 11:59 - 12:01
    Nous oublions que les mots sont inventés.
  • 12:01 - 12:04
    Pas que les miens,
    tous les mots sont inventés
  • 12:04 - 12:06
    mais ils n'ont pas tous un sens.
  • 12:07 - 12:10
    Je pense que ce que j'aimerais --
  • 12:12 - 12:15
    L'image que j'ai
    d'où nous sommes aujourd'hui,
  • 12:15 - 12:17
    Je pense à Anne Frank.
  • 12:18 - 12:22
    Car elle était dans son petit
    appartement d'Amsterdam
  • 12:22 - 12:24
    à une époque où tous les gens autour
  • 12:24 - 12:26
    essayaient d'organiser l'humanité
  • 12:26 - 12:28
    d'une façon qui soit sensée,
  • 12:28 - 12:30
    par des lignes claires,
    une efficacité brutale ;
  • 12:30 - 12:33
    elle était à l'intérieur,
    organisant sa propre humanité.
  • 12:34 - 12:37
    Je crois qu'il y a quelque chose
    de très beau.
  • 12:37 - 12:40
    car il s'agissait beaucoup
    de sa propre confusion
  • 12:40 - 12:42
    et de sa vulnérabilité.
  • 12:42 - 12:46
    C'est pour cela qu'il nous faut
    un nouveau langage
  • 12:46 - 12:48
    qui ressemble plus à ça.
  • 12:48 - 12:51
    Nous pourrions tous être n'importe qui.
  • 12:51 - 12:54
    A un moment donné,
    nous ne sommes pas qu'une personne,
  • 12:54 - 12:55
    nous sommes plusieurs personnes.
  • 12:56 - 13:01
    Nous devons plus nous aligner
    avec la vraie nature du monde,
  • 13:01 - 13:05
    ne pas trop nous impliquer
    dans les modèles imposés au monde.
  • 13:07 - 13:11
    Les GPS ont tendance à vous avertir,
  • 13:11 - 13:15
    vous rappeler que la carte que vous voyez
    n'est pas le monde réel,
  • 13:15 - 13:16
    n'allez pas dans un lac.
  • 13:17 - 13:18
    (Rires)
  • 13:19 - 13:21
    Nous avons besoin du même rappel,
  • 13:21 - 13:23
    que la carte n'est pas le monde réel
  • 13:23 - 13:25
    et que si nous rencontrons des problèmes,
  • 13:27 - 13:29
    nous pouvons définir
    les choses nous-mêmes ;
  • 13:29 - 13:34
    nous ne sommes pas forcés
    d'emprunter les sens
  • 13:34 - 13:36
    qui donnent du sens à notre vie.
  • 13:37 - 13:38
    Il est possible --
  • 13:38 - 13:41
    et je le sais car je le fais
    depuis 7 ans --
  • 13:41 - 13:43
    d'inventer de nouvelles métaphores
  • 13:43 - 13:45
    qui rendent l'invisible visible.
  • 13:46 - 13:48
    C'est vraiment beau.
  • 13:49 - 13:53
    Si nous essayions d'avoir une meilleure
    relation avec le chaos,
  • 13:54 - 13:59
    si nous arrêtions de trop simplifier
  • 13:59 - 14:03
    la tempête intérieure
    à laquelle nous faisons tous face,
  • 14:03 - 14:06
    la confusion et la vulnérabilité,
  • 14:06 - 14:09
    la réelle complexité du monde,
  • 14:09 - 14:12
    nous serions alors un peu plus
    à l'aise dans notre peau
  • 14:12 - 14:14
    et n'aurions pas à nous retirer
  • 14:14 - 14:17
    dans les catégories
    que nous laissons nous définir.
  • 14:17 - 14:19
    Nous pourrions reprendre
    le pouvoir sur les mots
  • 14:19 - 14:21
    et les définir eux.
  • 14:21 - 14:24
    Je crois que ce serait
    une relation plus saine.
  • 14:24 - 14:28
    J'ignore combien de conversations
    bénéficieraient de quelqu'un --
  • 14:28 - 14:30
    Comme le jeu du Taboo
  • 14:31 - 14:34
    où l'on vous donne le sujet
    dont vous parlez
  • 14:34 - 14:37
    et le défi est de ne pas prononcer ce mot.
  • 14:37 - 14:40
    Si nous faisions tout ça,
    ça irait mieux pour nous.
  • 14:41 - 14:44
    Ça permettrait
    une certaine fluidité lexicale
  • 14:44 - 14:46
    que nous sommes en train de perdre.
  • 14:46 - 14:50
    Nous sommes tous piégés
    dans notre lexique
  • 14:50 - 14:55
    qui n'est pas forcément en corrélation
    avec les gens qui ne nous ressemblent pas
  • 14:55 - 14:59
    et donc nous nous éloignons
    un peu plus chaque année,
  • 14:59 - 15:02
    plus nous prenons les mots au sérieux.
  • 15:04 - 15:07
    Souvenez-vous, les mots ne sont pas réels.
  • 15:08 - 15:10
    Ils n'ont pas de sens, nous si.
  • 15:10 - 15:12
    Il est important de se souvenir de ça.
  • 15:12 - 15:16
    Si nous nous accordons un peu
    de créativité et de droits d'auteur
  • 15:16 - 15:19
    dans l'invention de qui nous sommes,
  • 15:19 - 15:20
    c'est possible.
  • 15:20 - 15:25
    Il est possible de tendre
    vers des métaphores plus riches.
  • 15:25 - 15:28
    Ce monde n'a jamais été aussi compliqué
  • 15:28 - 15:31
    et nos vies n'ont jamais été
    aussi compliquées qu'actuellement.
  • 15:31 - 15:37
    Si, au lieu de chercher
    le mot standardisé le plus proche
  • 15:37 - 15:39
    ou d'implorer qu'on nous
    diagnostique quelque chose,
  • 15:39 - 15:42
    ça vaut le coup d'être présent
  • 15:42 - 15:44
    dans la tristesse, par exemple,
  • 15:44 - 15:46
    dans le chaos des émotions.
  • 15:47 - 15:48
    Je pense que ça en vaut la peine.
  • 15:48 - 15:51
    Nous avons besoin de nouvelles lentilles
  • 15:51 - 15:55
    pour nous aider à conceptualiser le chaos
    auquel nous faisons constamment face.
  • 15:55 - 15:57
    Si nous faisons ça,
  • 15:57 - 16:01
    si nous sommes tous prêts
    à définir qui nous sommes
  • 16:01 - 16:04
    avec de la créativité,
  • 16:04 - 16:06
    le monde pourrait ressembler
    un peu plus à cela.
  • 16:07 - 16:09
    Très chaotique.
  • 16:09 - 16:11
    Nous sommes des gens très chaotiques
  • 16:11 - 16:13
    et le monde est très chaotique.
  • 16:14 - 16:16
    Ce ne serait pas si mal
  • 16:16 - 16:18
    que nous sortions de ces institutions
  • 16:18 - 16:20
    qui nous affaiblissent constamment
  • 16:20 - 16:22
    et que nous rencontrions
    l'autre tel qu'il est,
  • 16:22 - 16:24
    avec toute sa vulnérabilité,
  • 16:24 - 16:27
    avec son cœur à fleur de peau.
  • 16:28 - 16:29
    Je pense,
  • 16:30 - 16:31
    aussi chaotique que ce soit,
  • 16:33 - 16:36
    que faire ça serait
    un peu plus satisfaisant.
  • 16:37 - 16:40
    J'aimerais vous laisser
    avec une citation
  • 16:41 - 16:43
    de l'un de mes philosophes préférés,
  • 16:43 - 16:46
    Bill Watterson, qui a créé
    « Calvin and Hobbes ».
  • 16:46 - 16:47
    Il a dit :
  • 16:48 - 16:52
    « Créer une vie qui reflète vos valeurs
    et satisfait votre âme
  • 16:52 - 16:53
    est un accomplissement rare.
  • 16:53 - 16:56
    Inventer le sens de sa vie
  • 16:56 - 16:57
    n'est pas simple
  • 16:58 - 16:59
    mais est toujours permis
  • 16:59 - 17:02
    et je crois que ces difficultés
    vous rendront plus heureux. »
  • 17:02 - 17:03
    Merci.
  • 17:03 - 17:09
    (Applaudissements)
Title:
La conquête de nouveaux mots | John Koenig | TEDxBerkeley
Description:

Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.

Le créateur du « Dictionnaire des peines obscures », John Koenig, s'aventure dans les coins non cartographiés de l'esprit humain. Il en revient avec des mots qui donnent forme à nos pensées les plus sombres et pourtant si familières. Dans cette présentation, il souligne notre coexistence passive avec les mots et nous met au défi d'embarquer dans une conquête pour récupérer le langage écrit et l'expérience humaine.

Audio-visuel et vidéo de l'évènement fournis par http://repertoireproductions.com.

John a passé la dernière décennie à s'établir dans tous les domaines créatifs qu'il a pu trouver : travaillant comme graphiste, éditeur de vidéo, doubleur de voix, illustrateur, photographe, réalisateur et écrivain. Il a passé les six dernières années à écrire un dictionnaire original de mots inventés, le « Dictionnaire des peines obscures », qui comble les trous dans le langage avec des milliers de nouveaux termes pour les émotions. Certains, tels que « perveille », ont immédiatement intégré le langage. Ses écrits ont été publiés dans d'innombrables tatouages, romans et noms de groupe -- mais jamais sur le papier, bien qu'il travaille actuellement à une adaptation en livre. « Koenig est un écrivain à ne pas manquer. Il est immensément créatif et il comprend le pouvoir, la force de vie et le comique de la tristesse. Le Dictionnaire est le genre de chose que vous voulez voir imprimé, plié et souvent cité. » - Business Standard

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
17:10

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