< Return to Video

Doreen Garner on Her Own Terms | Art21 "New York Close Up"

  • 0:14 - 0:16
    J'ai plus de conversations
  • 0:16 - 0:18
    avec Dieu le matin.
  • 0:18 - 0:21
    D'habitude, je fume un joint
  • 0:21 - 0:22
    et je parle devant le miroir.
  • 0:25 - 0:27
    Beaucoup de mes œuvres
    les plus choquantes
  • 0:27 - 0:29
    me viennent à ce moment-là.
  • 0:38 - 0:43
    Depuis le confinement,
    j'ai essayé plusieurs tons de couleur.
  • 0:43 - 0:46
    J'ai essayé de vraiment prendre en compte
  • 0:46 - 0:51
    comment la communauté noire perçoit
  • 0:51 - 0:53
    le corps noir dans l'espace public,
  • 0:53 - 0:58
    surtout si celui-ci evoque
    quelconque type de violence.
  • 0:58 - 1:01
    Le rendu final de mes sculptures
  • 1:01 - 1:03
    est souvent plutot assez violent
  • 1:03 - 1:06
    ou grotesque
    ou comme il vous semble bon de le décrire.
  • 1:06 - 1:10
    Je ne voulais choquer personne
  • 1:11 - 1:16
    plus qu'avant la COVID
  • 1:16 - 1:20
    quant à la représentation
    de la mort d'un noir à la télévision.
  • 1:20 - 1:23
    Donc j'ai changé le ton de couleur.
  • 1:23 - 1:26
    Je travaille plus avec des peaux blanches,
  • 1:28 - 1:30
    des peaux malades
    et des peaux écorchées.
  • 1:32 - 1:33
    (Doreen Garner) Oui.
  • 1:33 - 1:33
    (Doreen rit)
  • 1:39 - 1:43
    (musique douce)
  • 1:48 - 1:49
    En ce moment,
  • 1:49 - 1:54
    Je suis sur un projet,
  • 1:54 - 1:56
    une collection.
  • 1:56 - 1:59
    J'ai commencé à fabriquer deux drapeaux
  • 1:59 - 2:04
    avec des peaux.
  • 2:04 - 2:09
    J'ai utilisé des peaux blanches malades
    sur le devant
  • 2:09 - 2:12
    de drapeaux de pays colonisateurs,
  • 2:12 - 2:16
    et des peaux noires derrière.
  • 2:16 - 2:20
    Ces dernières sont
    ensanglantées et piétinées.
  • 2:20 - 2:22
    En ce moment,
    je bosse sur de deux drapeaux
  • 2:22 - 2:27
    le drapeau Anglais
    et le drapeau Portuguais
  • 2:29 - 2:32
    (Doreen Garner) c'est juste deux exemples
    parmi quelques pays
  • 2:32 - 2:36
    Ils étaient les chef de file
    du marché transatlantique de l'ésclavage
  • 2:36 - 2:41
    Ces deux oeuvres seront présentées
    lors d'une exposition en Autriche,
  • 2:41 - 2:46
    Je ne veux pas mettre
    un tas de corps noirs ensanglantés
  • 2:46 - 2:50
    juste comme ça, pour le fun.
  • 2:50 - 2:54
    Je veux qu'ils réflechissent
    à comment leur blancheur
  • 2:58 - 3:03
    intensifie le racisme qu'ils vivent
    à travers le monde
  • 3:03 - 3:05
    peu importe s'ils pensent
  • 3:05 - 3:06
    influer ou non.
  • 3:06 - 3:10
    Nombre d'Européens affirment que non.
    Et pourtant, c'est eux qui ont commencé.
  • 3:13 - 3:15
    Ceci est une petite vérole,
  • 3:15 - 3:19
    et ça plutôt la syphillis.
  • 3:20 - 3:25
    Travailler avec de la peau blanche,
    c'est vraiment difficile,
  • 3:25 - 3:29
    d'ajuster les nuances de couleur
  • 3:29 - 3:32
    J'ai completement transformé
    ma palette de couleurs
  • 3:32 - 3:37
    et déterminé ce qui à l'air humain.
  • 3:37 - 3:41
    J'ai été si frustrée quand j'ai tenté
    de reproduire la couleur de peau blanche.
  • 3:42 - 3:45
    J'expliquais à mon amie Néné
  • 3:45 - 3:46
    et elle a dit : "Tu sais,
  • 3:46 - 3:49
    je te comprends, car depuis trop longtemps
  • 3:49 - 3:51
    ils ne reproduisent pas
    notre vraie couleur.
  • 3:51 - 3:55
    ca me donne des frissons,
  • 3:55 - 3:57
    Je pense à toute la communauté noire
  • 3:57 - 4:02
    qui a été trahie esthétiquement
  • 4:02 - 4:06
    et ils se trompent complètement,
    c'est insultant
  • 4:06 - 4:10
    Du coup c'est vraiment fou que moi
  • 4:10 - 4:15
    je mette de l'énergie
    à retranscrire leur couleur de peau
  • 4:15 - 4:18
    quand de l'autre côté il n'y a pas eu
    le même soin
  • 4:20 - 4:21
    dans les manières de nous représenter.
  • 4:27 - 4:29
    L'oeuvre que j'ai faite pour Basel
  • 4:29 - 4:32
    se concentrait plus sur la blancheur
  • 4:32 - 4:37
    Comme je me suis concentrée là dessus,
  • 4:37 - 4:42
    les gens l'ont vue plus comme
    une oeuvre abstraite,
  • 4:42 - 4:44
    et elle ne s'est pas encore vendue,
  • 4:44 - 4:46
    je ne dit pas qu'elle ne
    se vendra pas
  • 4:46 - 4:50
    mais je réfléchis au fait que mes oeuvres
  • 4:52 - 4:56
    qui représentaient des corps noirs,
    se sont vendues plus vite
  • 4:58 - 5:01
    voilà, ça donne à réfléchir.
  • 5:02 - 5:06
    - Est-ce que tu ressens des frictions
    ou du conflit vis à vis du monde de l'art ?
  • 5:10 - 5:11
    - En fait, le truc
  • 5:11 - 5:14
    c'est que pas que j'essaye de
    critiquer le monde de l'art
  • 5:14 - 5:19
    C'est juste qu'il me rend
    très mal à l'aise des fois
  • 5:19 - 5:24
    Et ça peut se manifester par
    de l'anxiété sociale pendant une expo
  • 5:25 - 5:28
    ou restée éveillée toute la nuit,
  • 5:28 - 5:31
    en essayant de rempli un dossier
    de candidature
  • 5:31 - 5:33
    pour lequel je risque d'être refusée
  • 5:33 - 5:35
    Et qu'est-ce que ça me fait ? Tu sais,
  • 5:35 - 5:40
    c'est comme se préparer
    en permanence à être dénigrée.
  • 5:41 - 5:44
    Ça semble un peu malsain non ?
    Malsain mentalement.
  • 5:45 - 5:49
    Et je crois que c'est pour ça
    que j'aime autant tatouer
  • 5:49 - 5:52
    parce que je n'ai plus besoin
    de penser à ce genre de choses.
  • 5:56 - 5:59
    J'interagis juste avec une seule personne
  • 6:00 - 6:02
    pendant quelques heures.
  • 6:02 - 6:05
    Ça ne se base pas sur une
    question d'être accepté ou non.
  • 6:07 - 6:08
    - Tu es prête Debbie ?
  • 6:08 - 6:09
    - Oui
  • 6:09 - 6:11
    - Je vais mettre l'aiguille
  • 6:15 - 6:18
    On s'est rencontrées sur internet.
  • 6:19 - 6:22
    Debbie est une tatoueuse d'Atlanta
  • 6:22 - 6:25
    et maintenant on est des
    liées par le tatouage.
  • 6:27 - 6:29
    - Tatouer de manière traditionnelle,
  • 6:29 - 6:31
    c'est surtout un truc
    de blancs. Tu vois ?
  • 6:31 - 6:34
    Donc la plupart du temps
    quand je rencontre des gens
  • 6:34 - 6:38
    qui en sont à peu près au même
    niveau, ils sont blancs.
  • 6:38 - 6:43
    Donc rencontrer Doreen,
    ça ne m'a pas donné envie
  • 6:43 - 6:45
    de militer plus pour les noirs,
  • 6:45 - 6:50
    mais cela m'a rendu plus à l'aise
    pour faire des dessins noirs.
  • 6:59 - 7:02
    Les gens que je cotoie
    dans le monde du tatouage
  • 7:03 - 7:05
    ils me correspondent.
  • 7:05 - 7:10
    Ils sont très spéciaux.
    Ils sont tatoués...
  • 7:11 - 7:13
    (rires)
  • 7:14 - 7:15
    Trop cool.
  • 7:15 - 7:16
    C'est horrible.
  • 7:17 - 7:18
    Mon dieu.
  • 7:18 - 7:19
    (rires)
  • 7:19 - 7:22
    [Debbie Snax] Quand tu t'es trouvée,
  • 7:22 - 7:24
    tu voyais devenir tatoueuse ?
  • 7:24 - 7:29
    [Doreen Garner] Non, en fait,
    j'étais une fille sérieuse et timide.
  • 7:29 - 7:34
    Et je n'aurais jamais cru...
    Enfin, je revais
  • 7:34 - 7:36
    d'être couverte de tatouages
  • 7:36 - 7:37
    et de bijoux en or.
  • 7:37 - 7:40
    Et maintenant, c'est le cas,
    je suis comme ça.
  • 7:40 - 7:42
    [Debbie Snax] Oui. Tu as un super style.
  • 7:42 - 7:44
    - [Doreen Garner] Un super style.
    - Oui. (rires)
  • 7:49 - 7:52
    - [Doreen Garner] Au moins, mes tatouages
    sont une forme d'art plus abordable.
  • 7:53 - 7:56
    Les gens n'ont pas forcement
    les moyens d'acheter
  • 7:56 - 7:58
    un drapeau d'un mètre fait de peau
  • 7:58 - 7:59
    pour l'afficher chez eux.
  • 8:02 - 8:04
    La plupart des gens que je tatoue
  • 8:04 - 8:08
    ne savent pas du tout
    que je suis sculptrice
  • 8:08 - 8:12
    et jusqu'où va ma pratique artisitique.
  • 8:15 - 8:20
    On va prendre en photo
  • 8:20 - 8:22
    les personnes noires et tatouées,
  • 8:22 - 8:24
    parce qu'il y a peu de photos
  • 8:24 - 8:26
    de noirs avec des tatouages.
  • 8:28 - 8:31
    - (Journaliste] Doreen a tatoué ces gens ?
    - [Hors champ] Oui.
  • 8:31 - 8:34
    - [Journaliste] Dont toi ?
    - [Hors champs] Non.
  • 8:34 - 8:35
    [Journaliste] Dommage.
  • 8:39 - 8:41
    [Doreen Garner] Mes tatouages...
  • 8:41 - 8:43
    J'essaye de créer des dessins
  • 8:43 - 8:47
    que des personnes noires voudront
    avoir sur le corps, pour toujours.
  • 8:49 - 8:51
    Des choses qui les touchent,
  • 8:51 - 8:53
    qui les font se sentir beaux.
Title:
Doreen Garner on Her Own Terms | Art21 "New York Close Up"
Description:

more » « less
Video Language:
English
Team:
Art21
Project:
"New York Close Up" series
Duration:
09:00

French subtitles

Revisions Compare revisions